Localisations osseuses révélatrices de la maladie de hodgkin. À propos de 11 observations

Localisations osseuses révélatrices de la maladie de hodgkin. À propos de 11 observations

ARTICLE ORIGINAL Localisations osseuses r v latrices de la maladie de Hodgkin, A propos de 11 observations. / D. JAUBERT*, H. EGHBALI**, J.G. FUZIB...

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ARTICLE

ORIGINAL

Localisations osseuses r v latrices de la maladie de Hodgkin, A propos de 11 observations. /

D. JAUBERT*, H. EGHBALI**, J.G. FUZIBET***, A. PESCE***, P. HOVETTE****, B. DELMARRE****, D. HAUTEVILLE*, B. HOERNI** /

R ~ s u m ~ - - Les auteurs rapportent 11 observations de maladie de Hodgkin r~v~16es par des manifestations osseuses. Ce mode de r~v~lation est rare et trompeur et rend compte d'un retard diagnostique de 5, 6 mois en moyenne dans cette s~rie. Les m~thodes d'imagerie m~dicale modernes (scintigraphie osseuse, tomodensitom~trie, r~sonance magn~tique) sont d'un grand int~r~t pour permettre un diagnostic plus pr~coce, qui sera confirm~ par une biopsie ganglionnaire, du fait du m~diocre rendement des pr~lEvements osseux. Les atteintes osseuses sont Iocalis~es de maniEre tout h fair pr~pond~rante, en regard des territoires lymphatiques habituellement atteints dans la maladie de Hodgkin. Bien qu'une atteinte par voie h~matogEne ne puisse ~tre formellement exclue, le caractEre Iocalis~ des I~sions et I'absence d'autres ~l~ments ~vocateurs de dissemination h~matog~ne semblent en faveur d'une atteinte par contigu'it~ h partir des lymphatiques pathologiques au contact de I'os. L'~volution sous traitement, par chimioth~rapie et radioth~rapie, est analogue h celle des maladies de Hodgkin de m~me stade sans atteinte osseuse (9 patients sur 11 en r6mission complete avec un recul rnoyen de 5 ans). Mots-cl~s "MALADIE

DE HODGKIN - - LOCALISATIONS OSSEUSES.

Rev Med Interne 1992 ; 13:21-26.

Les manifestations osseuses r~v~latrices de la maladie de Hodgkin (MH) sont rares : leur fr~quence varie selon les s~ries entre 1,2 % [1] et 5 % [2] alors que, dans les ~tudes plus anciennes, une atteinte osseuse ~tait rapport~e, ~ un moment quelconque de I'~volution de la MH, chez 9,6 % [3] 2 1 % [4] des patients, voire plus de 50 % dans des ~tudes autopsiques.

s

* Service de M6decine II (Pr D. HAUTEVILLE) ; Hbpital d'lnstruction des Armies Sainte Anne ; 83800 TOULON Naval. ** Service de M6decine et d'H6malologie (Pr B. HOERNI) ; Fondation Bergoni6 ; 120, rue Saint Gen~s ; 33076 BORDEAUX C6dex. *** Service d'H~matologie Clinique (Pr P. DUJARDIN) ; et de M6decine Interne 2 (Pr J.P. CASSUTO) ; C.14.U. de Nice ; H6pital de Cimiez ; BP 179 ; 06003 NICE C6dex. **** Service de M6decine Interne (Dr B. DELMARRE) ; H6pital d'lnstruction des Armies Laveran ; 13998 MARSEILLE Armies.

Correspondance : Pr D. JAUBERT; Servicede M~decine II ; H.I.A. SainteAnne ; 83800 TOULON Naval.

1992 - Tome XIII Num~ro 1

L'~volution actuelle de la MH trait(~e ne permet plus que rarement I'~mergence de ces I(!sions osseuses dissdmin6es et tardives mais une atteinte osseuse reste possible au stade initial de la maladie. Le retard diagnostique souvent important est dO au caract~re apparemment isol~ des manifestations squelettiques, les ad~nopathies superficielles pouvant n'~tre cliniquement d~celables qu'apr~s quelques semaines d'~volution. A p r o p o s d'une s~rie de onze observations provenant de plusieurs services, nous r(~envisageons les caract~res s(~m~iologiques de ces manifestations osseuses r~v~latrices, les apports de I'imagerie m~dicale moderne et leurs consequences pronostiques et th(!rapeutiques.

Regu le 06-11-1990 Renvoipour correction [e 15-1-1991 Acceptationd6finitive le 21-10-1991

Localisations osseuses r~v~latrices de la maladie de Hodgkin

21

OBSERVATIONS Cette @tude concerne 11 patients, 8 hommes et 3 femmes, ~g6s de 13 } 65 ans (moyenne d'~ge : 31,4 ans). Dans 10 cas, des douleurs osseuses @taient le motif de consultation, douleur de rythme inflammatoire, intenses, de caract~re fixe, au niveau de [a r6gion atteinte ; dans 1 cas, il n'y avait pas de douleur mais I'atteinte osseuse 6tait r@v@16e par les examens compl@mentaires (d6couverte fortuite sur les clich@s de lymphographie du bilan pr6th@rapeutique). Le d61ai entre le d@but des douleurs et le diagnostic de M H @tait en moyenne de 5, 6 mois. Les douleurs 6taient rachidiennes dans 4 cas, thoraciques dans 3 cas et pelviennes dans 3 cas, compliqu@es dans 1 cas d'une fracture vert@brale et dans un autre d'une sciatique $1. La M H @tait au stade II dans 2 cas, II1 dans 6 cas et IV dans 3 cas. Deux patients avaient une sp[@nom@galie (patients 5 et 11 ) et un seul avait une biopsie ost6o-m6dullaire positive (patient 5) (Tableau I). Sept patients avaient des signes g~n6raux d'6volutivit6

(B) et tous des signes biologiques inflammatoires (b) : on notait une hyperleucocytose (> 10 000 G B / m m 3) chez 8 patients sur 11, une h y p e r 6 o s i n o p h i l i e sanguine (> 500 6 o s i n o p h i l e s / m m 3) chez 5 patients sur 11, une (~l~vation des phosphatases alcalines (> 210 UI/L) chez 6 patients sur 11 et une hypercalc@mie chez 1 patient. La mise en 6vidence des pi6ces osseuses atteintes a (~t6 possible grace aux examens c o m p l 6 m e n t a i r e s : une scintigraphie osseuse au pyrophosphate marqu@ au 99 m Tc a @t@ pratiqu@e dans 5 cas et montrait une hyperfixation dans 4 cas. Les images radiologiques ~taient lytiques (4 cas), condensantes (4 cas) ou mixtes (2 cas) et la radiographie ~tait normale dans 1 cas. La tomodensitom6trie (TDM) et I'imagerie par r@sonance magn@tique (IRM), pratiqu@es dans les observations les plus r6centes, se sont r6v@16es tr@s utiles pour la confirmation de I'atteinte osseuse (Tableau 11).

Tableau I :

Observations Patient Age/Sexe n° 1 2

48/F 41/M

Signes R6v~lateur Sciatique $1

Ad~nopathies superficielles profondes Cervicales

Algies Costales

Non

M6diastin M@diastin + Lombo-aortiques (Lympho)

Stade anatomo-clinique 111E Ab

Type histologique

Traitement

23

ABVD X 6 Radioth6rapie

IV B b

2

MOPP X3 ABV X 3 Radioth&apie

I~vo- Recul aprEs lution traitement 12 mois RC RC

16 mois

3

25/M

Douleurs Hanche Gauche

Cervicales et Inguinales

llio-pelviennes (Lympho)

II EAb

2

ABVD X 6 Radioth6rapie

RC

26 mois

4

18/M

Douleurs cervicales et sternales

Cervicales

M6diastin

II E Ab

3

MOPP X 6 Radioth6rapie

RC

7 ans

Lomboaortiques

IV B b

2

MOPP X 2 ABV X 2

RC

34/M

Algies Thoraciques

Cervicales

5

En cours 5 mois

6

26/M

Algies Fessi&es

Axillaires

Lombo-aortiques (TDM)

IVB b

3

ABVD X 6 Radioth@rapie

RC -

6 mois

Lombo-aortiques (Lympho)

II E b

4

MOPP X 6 Radioth@rapie

RC

15 ans

13/F

Rachialgies Lombaires

Inguinales

7 8

65/F

Rachialgies

Axillaires

Lombo-aortiques (Lympho)

III E Bb

23

RC

13 ans

9

28/M

Rachialgies Lombaires

Lombo-aortiques (Lympho)

11E B

23

Axillaires

RC

7 ans

10

21/M

Pas de douleur. Bilan systOmatique

11

26/M

Rachialgies Lombaires

Axillaires Lombo-aortiet Cervicales ques (Lympho)

Multiples

Spi@nom~galie

III E B

23

111E B

3

MOPP X 1 ABVD X 2 Radioth@rapie ABVD X 6 ~,adioth6rapie

MOPP-ABVD Rechute puis VLBpuis PCZ-CPA d6c~s Radioth@rapie VLB-CHLMECHL Radioth@rapie

D@c~s

I

5 ans

18 mois

MOPP : M6chlor6thamine - Vincristine - Procarbazine - Prednisone ; ABVD : Adribiastine - Bl@omycine - Vincaleucoblastine - D@ticOne ; VLB : Vincoleucoblastine ; PCZ : Procarbazine ; CHL : Chlorambucil ; MECHL : M6chior@thamine ; CPA : Cyciophosphamide

22

D. J A U B E R T et coll.

L a R e v u e de M ~ d e c i n e Interne Janvier - Fdvrier

Tableau II :

Donn~es des examens compl~mentaires Patient n °

Si~ge atteinte osseuse

Radiographie

1

Aileron sacr6 gauche

Lytique

+

+

NF

7~mec6te Lytiques droite L1 et L5

+

+

NF

2

Scintigraphie T . D . M . I . R . M .

3

Os iliaque

Normale

+

4

Sternum

Lytique

5

C6tes

Mixtes

6

Normale

NF

NF

NF

NF

+

NF

NF

Normale

+

+

Lytiques

NF

NF

NF

Aileron sacr~ Condengauche et L4 sante

7

R~chis iombaire (+ fracture)

8

D12

Condensante

NF

NF

NF

9

L5

Condensante

NF

NF

NF

10

L2 et L4

Condensantes

NF

NF

NF

11

5 ~me c6te

Lytiques

NF

NF

NF

"~

L2-L5

Les pi~ces osseuses atteintes 6taient des vertObres Iombaires (6 cas), des c6tes (3 cas), un aileron sacr(~ (2 cas), I'os iliaque, le sternum et une vert~bre dorsale (1 cas). Quatre patients avaient plus d'une Iocalisation osseuse. Le diagnostic histologique de MH a ~t(~ fait dans tousles cas par biopsie d'une adOnopathie superficielle, sauf dans un cas o~ c'est la biopsie ex&~se d'une I~sion costale qui a permis de poser le diagnostic. La r6partition des types histologiques dans la classification de Lukes-Rye ~tait sans grande particularit~ par rapport ~ I'ensemble des MH avec une majorit~ de types 2 [scl6rose nodulaire] (7 cas), deux types 3 [cellularit~ mixte] et un type 4 [d~pl~tion lymphocytaire ]. Tous les patients ont ~t~ traitOs par une association de chimioth~rapie (MOPP et/ou ABVD dans 10 cas) et de radioth~rapie. L'~volution a Ot~ favorable chez 9 malades qui sont en rOmission complete (RC) avec un recul variant de 5 mois ~a 15 ans (moyenne : 60, 3 mois). Deux patients sont d~c~d~s ~ 18 mois et 5 ans.

o

• Topographie des atteintes osseuses

Dans nos observations, toutes les Iocalisations osseuses r~v~latrices de MH se situent au niveau du squelette axial. Dans les 87 observations que nous avons relev6es dans la litt6rature, cette ~ventualit~ est de loin la plus fr~quente [5, 6]. Les Iocalisations pOriph&iques n'ont 6t6 rapport6es que chez des adolescents o~ elles se r~partiraient en proportion h peu pr?~s ~gale avec les atteintes du squelette axial [7]. Les sites concern6s sur le squelette se trouvent en g~n~ral en regard des aires ganglionnai res (vert~bres

1992 - T o m e X l l l Num~ro 1

Bien que les pi~ces osseuses le plus fr~quemment atteintes soient riches en mo~lle h~matopoT6tique, I'atteinte osseuse h6matog~ne semble trbs rare au stade de r~v~lation de la M H [1 O] et ne peut, en tout cas, ~tre affirmOe que dans les stades IV avec atteinte ostOo-m~dullaire. Cette positivit6 de la biopsie ost~om~dullaire n'est retrouv(~e que chez 1 patient de notre s~rie. La fr~quence des atteintes multiples, constat~es dans 4 de nos observations et dans plusieurs s6ries de la lilt6rature [5-7, 11], doit ~tre soulignOe. Elle peut faire discuter une dissemination h~matog~ne surtout Iorsque des atteintes costales, cr~niennes ou des os longs s'associent h des atteintes du squelette axial. Mais des diss6minations lymphatiques multiples sont plus probables au stade de r6v61ation de la MH. Cela sugg?~re aussi un tropisme osseux de certaines MH qui atteignent successivement plusieurs pi~ces osseuses ou qui, apr~s une atteinte osseuse r~v~latrice, rechutent en d'autres points du squelette [5, 11]. • Diagnostic

gauche

COMMENTAIRES

Iombaires, sternum, sacrum, os iliaque). Cela sugg?~reune propagation ~ I'os par contiguitY, m6me si un ganglion lymphatique pathologique n'est pas toujours mis en ~vidence au contact de la I~sion osseuse [8]. Un tel m~canisme est plus discutable pour les c6tes ou [e rachis dorsal pour lesquelles il peut cependant exister des contacts avec des voies lymphatiques mammaires internes, lat6ro-thoraciques, interpectorales et m~diastinales post~rieures [9].

Le signe r~v~lateur est, dans la grande majorit~ des cas, la douleur osseuse, plus rarement u ne tum6faction osseuse palpable, en particulierdu sternum ou des c6tes [9]. Le rythme inflammatoire ou mixte de ces douleurs, leur fixit(~, leur intensit(~, leur possible renforcement Iors de la prise d'alcool sont des caract~ristiques qui doivent attirer I'attention, surtout chez un sujet jeune. Au cours des atteintes rachidiennes, la douleur r~vOlatrice peut ~tre une radiculalgie inflammatoire [5, 6], comme c'est le cas dans une de nos observations r~v(~l(~e par une sciatique $1. Enfin, I'atteinte vert6brale peut aussi se r~v(~ler par des signes de compression m~dullaire [5, 12, 13]. Les signes biologiques se limitent souvent ~ un syndrome inflammatoire intense mais bien peu sp6cifique, dont la pr6sence atteste au moins de I'organicit~ des douleurs et doit inciter ~. rechercher la I~sion osseuse. L'~l~vation des phosphatases alcalines, relativement fr6quente [14, 15], doit attirer I'attention sur I'os Iorsque le taux des autres enzymes de la cholestase est normal, permettant d'(~liminer une atteinte h~patique. L'hypercalc6mie esttr~s rare eton sait qu'elle peut Otre observOe dans la MH en I'absence de toute 16sion osseuse [16]. Enfin, une hypere~osinophilie sanguine a Ot(~retrouv6e chez la moiti~ des malades de notre sOrie et est rapport~e avec une certaine fr~quence par d'autres auteu~s [5]. Un clich~ radiographique normal n'est pas suffisant et devra toujours ~tre compl6t6 par une scintigraphie osseuse qui utilise actuellement les diphosphonates marqu6s au Techne~tium 99 m. Les foyers osseux de MH sont le si~ge d'une hyperfixation (Fig. 1 ). La scintigraph ie (Fig. 2) permet de d~celer des foyers cl in iquement muets [1 1, 15] et de centrer les clichOs radiographiques complOmentaires. Une atteinte osseuse est d~c~l~e par la scintigraphie en I'absence de toute 16sion radiologique dans 12 % des cas [17]. La sp~cificit6 de la scintigraphie est faible mais les faux n~gatifs sont rares [1 7, 18].

Localisations osseuses r~v~Iatrices de la m a l a d i e de H o d g k i n

23

[

L'ost~ocondensation correspond ~aune ost~ocl~rose par hyperpression du tissu tumoral [1]. II peut s'y associer, au niveau du rachis, une ~rosion du bord ant&ieur du spondyl'e par ostOolyse tumorale [2]. A un degr~ de plus, [a vertObre est tass~e avec risque de compression m6dullaire surtout si une propagation aux enveloppes mOning~es se produit. Enfin, [a radiographie peut ~tre normale comme dans une de nos observations [6]. La tomodensitom~trie (TDM) est int~ressante pour rechercher une extension aux parties molles, au contenu du canal m~dullaire [13] ou pour I'~tude de certaines pieces osseuses difficiles d(~gager en radiologie conventionnelle comme le sacrum (Fig. 3), la paroi thoracique [9, 20].

Figure I :

Scintigraphie osseuse (Diphosphonates TC 99 m). Hyperfixation de l'aileron sacr~ gauche. (Patient n ° 1)

Figure 3 :

Aspect tomodensitom~trique de lyse de I'aileron sacr~ gauche avec envahissement du I er trou sacr~ par le tissu tumoral. (Patient n ° 1)

Enfin, I'imagerie par r(~sonance magnEticiue (IRM), qui n'a (~t~ pratiqu(~e qu'une seule fois dans notre sc~rie, montre des aspects non sp~cifiques correspondant h une atteinte osseuse tumorale : hyposignal en s(~quences pond~r(~es en T1 (Fig. 4) qui subit un rehaussement avec hypersignal h~t~rogEne en mode T2 (Fig. 5). Sa sensibilitE semble meilleure que celle des (adiographies et de la TDM. Dans la s&ie de Gaudin et Coll. [6], elle ~tait en effet pathologique dans 4 cas sur 4, alors m~me que les radiographies standards 6taient normales dans les 4 cas, la TDM dans 3 cas, la scintigraphie dans 1 cas.

Figure 2 :

Scintigraphie osseuse (Diphosphonates TC 99 m). Hyperfixation de kl et hyperfixation de I'arc post~rieur de la 7 ~me c6te droite ayant permis d'orienter la biopsie. (Patient n ° 2)

La radiographie centr~e sur les r6gions douloureuses et/ou sur les zones d'hyperfixation scintigraphique montre des images qui peuvent ~tre condensantes (13,6 %), en particulier au niveau des vert?~bres [18], ost~olytiques (75 %) surtout au niveau du sternum ou des c6tes ainsi qu'au niveau des os longs, ou mixtes (5,2 %), en particulier au niveau du bassin. II peut exister une apposition p(~riost~e (15,5 %) qui peut Otre isol~e (5,8 %) et qui s'int~gre exceptionnellement dans une ost6o-arthropathie hypertrophiante pneumique, satellite de I'atteinte thoracique de la MH (19).

24

D. J A U B E R T et coll.

Figure 4 :

Imagerie par r~sonance magn~tique : Hyposignal en mode T1 au niveau de L4

La Revue de Mddeeine Interne Janvier - Fdvrier

diagnostic, il s'agit essentiellement des atteintes sternales par contiguit~ ~ partir des tumeurs m~diastinales ganglionnaires et/ou thymiques [22]. Le plus souvent, il s'agit d'atteintes vert6brales ou pelvien nes au contact d'ad~nopath ies sous d iaph ragmatiques. L'atteinte osseuse ne se ferait pas par envahissement direct de I'os ~ partir d'un ganglion contigu mais par des connexions lymphatiques entre I'os et les voies lymphatiques de drainage, ce qui peut expliguer qu'un ganglion pathologique ne soit pas toujours mis en ~vidence au contact imm~diat des I~sions osseuses.

Figure 5 :

Imagerie par r~sonance magn~tique : Hypersignal h~t~rog~ne en mode T2 au niveau du sacrum

Le diagnostic de certitude ne peut ~tre fourni que par I'histologie. Celle-ci permet rarement d'affirmer ta MH au niveau de l'os, car les cellules de Sternberg sont rares et noy(~es dans la scl~rose avec un infiltrat fait d'~osinophiles, de lymphocytes, de plasmocytes et de cellules endoth~liales [7, 21 ]. Cela explique la n(~gativit6 des ponctions osseuses, m~me guid~es par la TDM, comme dans une de nos observations o~J la ponction n'a ramen~ que des areas de cellules ~osinophiles et histiocytaires.

Ces stades II et Ill seront classes E. Par contre, m6me en I'absence d'atteinte h~patique ou ost~om~dullaire, il semble licite de classer au stade IV des MH dont les.atteintes osseuses sont multiples [5] ou sans contact avec des. zones de drainage lymphatique [7] et dans lesquelles ta diss6mination s'est probablement faite par voie sanguine. C'est le cas des atteintes costales multiples ou des atteintes des os longs. Une alteration de 1'6tat g~n&al justifiant la lettre B est fr~quente, enfin la presence de signes biologiques de I'inflammation est constante. La r(~partition des types histologiques dans la classification de Lukes ne permet pas de distinguer un tropisme particulier d'un type pour le tissu osseux. Sur 31 cas relev6s dans la litt~rature [6,7, 10-13, 19, 22] et 11 cas dans notre s6rie, on d~nombre en effet 52,5 % de types 2, 40,5 % de types 3, 7 % de types 4, ce qui est sensiblement analogue ~ I'ensemble des grandes s~ries de MH avec peut-~tre un I~ger exc~s de types 3 comme cela a d~j~ ~t6 signal~ [4]. • Traitement et pronostic

Dans toutes nos observations et dans la plupart de celles de la litt(~rature, le diagnostic est affirm~ par la biopsie d'une adc~nopathie superficielle qu'il faudra donc s'attacher ~ rechercher [18, 21]. • Diagnostic diff~rentie[

II se pose surtout en I'absence de Iocalisation ganglionnaire biopsiable. Les aspects radiologiques r~alis~s, dans un contexte douloureux avec un syndrome inflammatoire biologique, peuvent faire ~voquer des affections non tumorales : ost~ite infectieuse au niveau du sternum ou du rachis [5] ou pelvispondylite Iorsque I'atteinte concerne les berges de I'articulation sacro-iliaque et s'accompagne d'une radiculalgie inflammatoire [18]. Des m@astasesou des tu meurs primitives comme I'ost6osarcome [22], le chondrosarcome ou [e fibrosarcome [6] peuvent 6galement 6tre discut6es. Dans ces cas, la biopsie des I(~sions osseuses permet en g6n6ral de redresser le diagnostic. Le granulome 6osinophile semble plus difficile ~ 61iminer sur [es pi~ces de biopsies

[7]. Enfin, les l ymphomes n~on hodgkiniens qui sont plus fr6quemment r~v6t6s par des 16sions osseuses r6alisent des aspects radiologiques assez semblables ~ ceux de la MH mais les I(~sions sont plus diss6min6es, la positivit6 de la biopsie ost6om6dullaire plus fr~quente [2, 23]. • Stade anatomoclinique et types histologiques

Les Iocalisations osseuses r~v~latrices de la MH correspondent en g6n6ral ~ des formes (~tendues de la maladie. Quelques patients son/au stade 11de la classification d'Ann Arbor Iors c~u

1992 - Tome X l l I Num~ro 1

Les sch6mas th&apeutiques associant polychimioth~rapie et radioth~rapie actuellement utilis(~s dans le traitement de la MH sont efficaces dans les cas avec atteinte osseuse r~v61atrice au prix de quelques ajustements. Dans la mesure o~ il s'agit le plus souvent de stades III etlV, la chronologie des traitements devra ~pargner les r~serves m~dullaires que I'irradiation incluant les pi~ces osseuses, risquerait de compromettre. Ainsi le schema th6rapeutique pourrait comprendre une polychimioth6rapie initiale de I'association ABVou EBVP (Epirubicine - Bl~omycine - Vinblastine - Prednisone), le nombre de cycles, six en g~n~ral, ~tant fonction du stade anatomoclinique, compl6t~e par une radioth&apie de 40 Gy sur les aires ganglionnaires. L'os atteint est inclus dans le champ d'irradiation et une surimpression en dectrons de 15 Gy sur les pi~ces osseuses atteintes propos~e par certains [8] ne semble pas indispensable. II est pr(~f&able, pour ~viter qu'une insuffisance m~dutlaire postradioth~rapie ne vienne g~ner la reprise de la chimioth~rapie, d'effectuer initialement la totalit~ de la chimioth~rapie pr~vue. Pour les atteintes vert~brales avec tassement, effraction du mur post&ieur ou 6pidurite, dans lesquelles existe une menace de compression m6dullaire, la rapidit~ d'action de la chimioth&apie avec corticoth(~rapie [24] permet en g(~n~ral d'~viter la chirurgie ou la radioth@apie premieres [25]. La chirurgie peut ~tre indiqu~e ~.vis~e diagnostique mais, Iorsque le diagnostic a ~t~ fait par une biopsie ganglionnaire, elle ne doit pas retarder la chimioth~rapie. Quant ~ la radioth~rapie locale, elle peut 6tre justifi6e si la chimioth(~rapie n'a pas une activit~ immediate.

Localisations osseuses rdv~latrices de Ia maladie de Hodgkin

25

A v e c un t r a i t e m e n t ainsi c o n d u i t , le p r o n q s t i c des M H a v e c a t t e i n t e o s s e u s e r ~ v ~ l a t r i c e ne diffEre pas d e c e [ u i o b t e n u a c t u e l l e m e n t p o u r des M H d e m ~ m e stade a n a t o m o - c l i n i q u e [1 1, 1 8] et ne c o n f i r m e p a r les d o n n ~ e s des ~tudes a n c i e n n e s o 0 leur m a u v a i s e r(~putation ~tait d u e au retard d i a g n o s t i q u e e t ~ I'efficacit~ i n s u f f i s a n t e des t h & a p e u t i q u e s utilis~es vis ~ vis des f o r m e s ~tendues.

CONCLUSION L ' a t t e i n t e s q u e l e t t i q u e est un m o d e d e r ~ v d a t i o n rare et t r o m p e u r d e la M H . EIle se m a n i f e s t e le plus s o u v e n t p a r des d o u l e u r s r e m a r q u a b l e s p a r leur intensit~ et leur fixitY, plus r a r e m e n t p a r une turn,faction osseuse ou une compression m~dullaire ou r a d i c u l a i r e . Les m o y e n s m o d e r n e s d ' i m a g e r i e m ~ d i c a l e et en p a r t [ c u l l e r l a s c i n t i g r a p h i e osseuse, l a T D M et I ' I R M en p e r m e t t e n t le d i a g n o s t i c pr(~coce. Le t r a i t e m e n t , qui a s s o c i e c h i m i o t h @ a p i e et r a d i o t h ~ r a p i e i n c l u a n t I'os atteint, p e r m e t d ' o b t e n i r u n p r o n o s t i c i d e n t i q u e ~ celui des M H sans atteinte osseuse r ~ v d a t r i c e et d e m 6 m e stade a n a t o m o - c l i n i q u e .

S u m m a r y - Hodgkin's disease revealed by bone involvement. The authors report 11 cases of Hodgkin's disease in which the first sign was due to bone involvement. Such observations are rare and raise diagnosis delays (Means : 5, 6 months in this series). Modern medical imaging techniques (scintigraphy, CT scan, magnetic resonance imaging) are very useful to an earlier diagnosis which will be better confirmed by lymph node biopsy given the poor information yielded by osseous cytology and/or histology. The elective local[sat[on in bones belonging to the axial skeleton seems to support the hypothesis of a contiguous osseous involvement from lympho'fd organs in contact with bones. Evolution with chemotherapy and radiotherapy is very similar to that observed in patients without bone involvement.

Key-words : H O D G K I N ' S

DISEASE - -

BONE INVOL-

VEMENT.

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