I’homosapiens fond des puces de silicium. lndividuellement mais aussi en groupe, la pensee et I’action s’externalisent et se formalisent dans des machines materielles de plus en plus logicielles, de plus en plus digitales. Cette progression des machines nous impose une double liberte : elles gagnent constamment en autonomie comme en complexite et elles attendent de nous un flux decisionnel toujours plus riche, aussi bien pour poursuivre leur propre developpement que pour repondre a nos exigences de produits et de services toujours plus perfectionnes et plus personnalises, pour elaborer un monde nouveau, I’hypermonde (le cyberspace, disent les anglo-Saxons). Mais cette montee des machines a ses limites. Au cceur meme de la logique, des mathematiques, des ordinateurs, s’infiltrent paradoxes, indecidabilit&, bogues, virus. La relativite ne se limite pas a la physique. L’irrationalite n’est pas une tare humaine, une consequence de ses fautes. La logique elle-meme Porte son p&he originel au cceur de nos ceuvres, de I’avenir commun de I’humanite et de ses machines. Rien ne nous garantit un progres sans catastrophes.
SCIENCES ET MEDIAS Mediatique des sciences Jacques Guichard, Jean-Louis Martinand Puf, toll. * Education et formation. Technologies de I’education et de la formation *, 2000, 139 F.
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e I’enseignement a la diffusion des sciences... il y a plus d’un pas. Trop frequemment, on veut penser la vulgarisation, I’exposition ou I’animation scientlfiques comme si elles Ptaient seulement des moyens d’education mieux immerges dans la vie sociale et culturelle que I’ecole. En realite, ces formes mediatiques s’inscrivent dans d’autres institutions, suscitent d’autres pratiques structurees par les modes de fonctionnement qu’imposent les specificites du media. En didactique des sciences, la responsabilite par rapport aux contenus s’investit dans la recherche, en epousant les formes de I’enseignement scolaire. De son tote la mediatique des sciences, a laquelle les auteurs souhaitent contribuer, veut conjuguer I’ambition du partage de la science comme savoir et comme pouvoir. Elle cherche a la faire en developpant toutes les possibilites qu’offre chaque dispositif
mediatique. Dans cet esprit, les auteurs mettent a profit leur experience de conception et d’exploitation de produits de mediation scientifique, ainsi que leur pratique de recherche sur la diffusion et I’education. Ils etudient les interactions entre mise en scene et emergence des messages, le * faconnage * de leurs publics par les medias eux-memes, les procedes de transposition mediatique et d’induction du sens dont disposent les concepteurs, et enfin les rapports au savoir et a I’ignorance, qui constituent un des enjeux majeurs des mediations.
SCIENCE ET SOCIltTt La sock% pure. De Darwin a Hitler Andre Pichot Flammarion, 2000, 458 p., 140 F.
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e quelle facon les notions de a race =, de a groupe ethnique a, de * correction genetique msont-elles utilisees, sous couvert de legitimite scientifique, a des fins politiques ? Cet ouvrage retrace I’histoire des conceptions biologiques de la societe et de leurs applications racistes et eugenistes depuis la fin du xlxe siecle jusqu’a nos jours. Lauteur y analyse les relations qu’entretiennent science, politique et ideologie, et s’appuie sur des exemples precis : celui du nazisme, mais aussi celui des programmes de recherches eugenistes, lances ou subventionnes par d’eminentes organisations scientifiques, des le debut du xxe siecle. Et aujourd’hui, alors que la genetique moleculaire domine la biologie, il met en garde contre d’autres avatars du reve d’une societe s pure n.
TECHNOLOGIE Science et technologie : regards croises. En sciences pour l’ingenieur, informatique, mathematiques, biologie, biochimie, chimie. Science et technologie : regards croises. En sciences economiques et gestion, information et communication, sciences humaines et sociales CNRIUT L’Harmattan, 1999, 598 p., 320 F. et 468 p., 250 F.
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a richesse et la diversite des articles de ces deux volumes temoignent du dynamisme de la recherche effectuee par les enseignants chercheurs en poste dans
NSS,
2000,
vol.
8, no 3, 85-98
les lnstituts Universitaires Technologiques. Elles soulignent I’augmentation du nombre de laboratoires implant& dans les IUT, travaillant aussi bien en collaboration avec des organismes publics que prives. Ces deux ouvrages devraient accroitre la visibilite des ILJT dans le paysage francais et international.
VILLES Les banlieues en France. Territoires et societes Jean-Claude Boyer Armand Colin, toll. * U Ceographie p, 2000, 192 p., 110 F.
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ans le vocabulaire geographique classique, la s banlieue * designe la partie d’une agglomeration urbaine exterieure aux limites administratives de la villecentre. Mais, depuis longtemps, le langage courant attribue a ce terme une connotation pejorative, qui explique sans doute I’apparition d’un second sens dans les an&es 1980. Desormais * les banlieues n designent aussi des territoires - internes ou externes a la ville-centre qui connaissent des difficult& economiques et sociales. Louvrage explore ces deux significations, en montrant leur imbrication et en mettant en evidence les relations du spatial et du social. Nourri des travaux des geographes, des sociologues et des politologues, appuye sur une lecture critique de la presse, I’ouvrage fournit une image des agglomerations urbaines contemporaines et introduit aux debats de societe que suscite leur devenir. De nombreux documents (textes, tableaux, graphiques, cartes) permettent de diversifier les exemples et d’approfondir ou d’illustrer les themes abordes. Du politique a l’aruvre. Bilbao, Bordeaux, Bercy, San Sebastian. Systeme et acteurs des grands projets urbains et architecturaux Olivier Chadoin, Patrice Godier, Guy Tapie L’Aube, toll. * Societe et territoire *, 2000, 240 p., 160 F.
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e nombreuses villes europeennes ont entrepris de transformer leurs territoires et leur image par d’ambitieux projets urbains et architecturaux : musee, bibliotheque, renovations de quartier, developpement d’infrastructures (metro, tramway) sont concus comme des inves-