Images en chirurgie
Métastase pancréatique d’un cancer du rein A. Lattuneddu, A. Gardini, D. Garcea Département de chirurgie, Service de Chirurgie Génerale 1, Hopital L Pierantoni-G.B. Morgagni – Forlì (Italie). e-mail :
[email protected] Correspondance : A. Lattuneddu, U.O. Chirurgia Generale 1, Ospedale L Pierantoni – G.B. Morgagni, Via Forlanini 34, I 47100 Forlì.
Mots-clés : Pancréas. Traitement. Métastase. Cancer du rein.
Un homme de 82 ans a été hospitalisé pour un syndrome douloureux abdominal. Dans ses antécédents, il a eu un ulcère duodénal traité médicalement et une néphrectomie droite pour un cancer à cellules claires, pratiquée 18 ans auparavant. L’examen clinique abdominal et les examens biologiques étaient normaux. Une gastroduodénoscopie a montré des cicatrices duodénales bulbaires sans sténose. L’échographiste a décrit une formation expansive, hypoéchogène, arrondie, d’un diamètre de 25 mm, en regard de la queue du pancréas
(figure 1). Le scanner hélicoïdal a confirmé cette image en montrant une lésion tissulaire ovalaire de 30 × 23 mm, avec un renforcement en phase artérielle, à l’union du corps et de la queue du pancréas (figure 2). Le malade a été opéré. À l’intervention, une lésion pancréatique à la limite de la zone corps-queue, sans adénopathie satellite évidente, a été confirmée et une spléno-pancréatectomie gauche a été réalisée (figure 3). Les suites opératoire ont été simples. L’examen anatomo-pathologique a trouvé un nodule de 25 mm de dia-
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Figure 1 : Échographie abdominale.
Figure 2 : Scanner hélicoïdal.
Figure 3 : Pièce de splénopancréatectomie gauche.
Figure 4 : Coupe histologique : le grandissement dans l’encart
montre la métastase. J Chir 2004,141, N°5 • © Masson, Paris, 2004
Métastase pancréatique d’un cancer du rein
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mètre, à environ 2 cm de la tranche de section pancréatique, apparemment encapsulé, de couleur brun jaunâtre à la coupe, histologiquement compatible avec une métastase d’un cancer du rein à cellules claires (figure 4). Les interventions pour métastases pancréatiques d’un cancer du rein représentent 0,25 à 3 % des résections pancréatiques. Ces métastases sont plus rares que celles d’un mélanome, d’un cancer du sein, du poumon ou colorectal. Les malades ont un age moyen de 62 ans et la découverte des métastases est habituellement fortuite. Elles s’accompagnent cependant parfois d’un ictère, de douleurs abdominales, ou d’hémorragie digestive. L’échographie et le scanner hélicoïdal avec contraste sont des examens spécifiques, qui rendent inutile et potentiellement dangereuse la biopsie dirigée ; même si un résultat positif en faveur de la localisation de la tumeur primitive est observé dans 95 % des cas [1, 2]. La métastase est unique dans 70 % des cas et son diamètre moyen au moment du diagnostic est de 49 mm. Le délai entre la néphrectomie et l’apparition de la métastase peut être très long, et rend compte de la particularité biologique et de l’histoire naturelle de cette tumeur. Ont en effet été signalés des cas de métastases pancréatiques d’un cancer du rein se manifestant 32 ans après l’intervention sur la tumeur primitive. Ils n’existe pas de données dans la littérature sur le traitement médical de métastases isolées, tardives, même si une survie longue chez des patients non opérés a été observée [3]. L’immunochimiothérapie joue un rôle marginal en cas de métastases synchrones, alors que l’exérèse chirurgicale conduit à des survies proches de celles observées après résection de métastases métachrones. Un taux de résécabilité élevé (80 %), une survie prolongée au delà de 5 ans élevée (de l’ordre de 70 à 75 %, contre un taux inférieur à 25 % pour les tumeurs pancréatiques primitives), l’absence de métastases locorégionales ganglionnaires (seulement un cas signalé dans la littérature) sont des facteurs pronostiques fa-
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vorables à l’exérèse chirurgicale. Chez un malade ayant des antécédents de néphrectomie pour cancer du rein, toute tumeur pancréatique solide, avec renforcement vasculaire au scanner hélicoïdal, doit être considérée comme une métastase et traitée comme telle par une intervention chirurgicale. La confirmation per-opératoire du diagnostic impose, si elle est techniquement réalisable, une résection réglée et non une énucléation, sous peine d’un taux élevé de récidives [4]. Chez des patients symptomatiques, en raison d’un pronostic relativement bon, une intervention palliative doit être envisagée lorsque la résection à visée curative n’est pas certaine. De la même manière, la totalisation de la pancréatectomie peut être le traitement d’une récidive ou de l’apparition d’une nouvelle métastase, lorsque n’existe aucune autre localisation (extra pancréatique) de la maladie.
Références 1. Law CHL, C Wei AC, Hanna SH et al. Pancreatic resection for metastatic renal cell carcinoma: presentation, treatment, and outcome. Ann Surg Oncol 2003;10:922-926. 2. Hiotis SP, Klimstra DS, Conlon KC, Brennan MF. Result after pancreatic resection for metastatic lesions. Ann Surg Oncol 2002;9:675-679. 3. Faure JP, Tuech JJ, Richer JP, Pessaux P, Arnaud JP, Carretier M. Pancreatic metastasis of renal cell carcinoma: presentation, treatment and survival. J Urol 2001;165:20-22. 4. Bassi C, Butturini G, Falconi M, Sargenti M, Mantovani W, Pederzoli P. High recurrence rate after atypical resection for pancreatic metastases from renal cell carcinoma. Br J Surg 2003;90:555-559.
Est en actuellement en cours une étude rétrospective multicentrique sur la prise en charge chirurgicale des : METASTASES PANCREATIQUES DU CANCER DU REIN Son objectif est d’évaluer la survie globale après résection des métastases pancréatiques des cancers du rein et de déterminer les facteurs pronostiques de survie. Si vous souhaitez y participer, prenez contact avec son responsable : Docteur TUECH Jean-Jacques Service de Chirurgie Digestive CHU de Rouen 1, rue Germont 76031 Rouen e-mail:
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