Metrical lengthening in Homer

Metrical lengthening in Homer

Lingua 27 ( 197 1) 263-276, REVIEW North-Holland A Publishing Company RT CRITIQUE MT. F. i!fYATT JR., Metrical lengthening in Homer bula Graec...

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Lingua 27 ( 197 1) 263-276,

REVIEW

North-Holland

A

Publishing Company

RT CRITIQUE

MT. F. i!fYATT JR., Metrical lengthening

in Homer

bula Graeca, 35). Koma, Ed. dell’ Ateneo, Pr.L 4OdO.

(Incuna-

1969. 249 p.

SOMMAIKE

Q 1. Definition de l’allongement metrique. 5 2. La theorie de M.W. : l’al§ 3. Plan de l’ouvrage de M.W. : l’allongement d’une voyelle initiale. 8 4. Idem: ies autres cas d’allongement. $j5. Critique de la theorie de M.W. : B c&6 de l’aspect morphologique, il faut reconnaitre l’aspect purement phonetique de l’allongement mktrique. 3 6. La -qaleur stylistique des formes a allongement metrique, qul appartiennent aux elements purement poetiques du langage &pique. 5 7. Preuve de l’importance de l’aspect phonetique et de l’anciennete de l’allongement metrique. 5 8. Extension de la categoric de l’allongement mbtrique aux cas du type &sao~,~arr (-ala-), kt et bxx6z~po~ (-TT-, -xx-), paw Afloc et ‘HpaxhSjo< (-q-j. 8 9. S6rie d’exemples de detail ou l’explication de M.JY. paraPt bonne. $ 10-12. Serie d’exemples de detail oti l’explication de M.W. paraPt incorrecte. $ 13. Sur quelques lois phonetiques admises & tort par M.W.

longement metrique resulte d’un procede morphologique.

I. Le livre de M. W., qui est issu d’uw these preparee sous la direction de J. Whatmough, fournit une contribution interessante pour le probleme de l’ailongemenk: metrique dans le langage &pique d’Homere. Par ce terme, on desilfne Il’emploi d’une sylabe longue - resultant de l’allongement de la voyelle ou de la gbmination de Ia consonne qui la suit - au lieu de la syllabe breve utilis&e dans l’usage courant. Bien entendu, il peut s’agir la d’archalsrnes conservk par la tradition orale et formulaire des aedes.1) Ainsi, Homer-e l) Voir

nos remarques dans Lingua 18 (1967), 90 sqq. et 21 ( 1968), 392 sqq. 263

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emploie c&e a c&e la forme ancienne $7h$k (avec U- < *Sk) e:: la forme plus rkente &a@ (avec A simple du au modele de formes comme Aa@ utilisees r&l’initiale absolue). Ou bien, il s’agit d’une forme artificielle qui recouvre un arch;a?sme. Ainsi, on trouve c&e a tote la forme ionienne 760~ et la forme s&c X’ec 6 allong (it notant e long fern@, qui recouvre la forme eolienne S(F)oc devant on restreint le terme d’allongement consonne. Gerkalement, m&ique au cas oh il ne s’agit pas de tels archakmes. L’allongem(?nt semble afors un procede purement artificiel destine a adapter- & l’hexamittre dactylique des mots qui autrement n’entreraient j\las w difficikment dans le vers ; exemples: ohspa avec o allonge (OU notant o long ferme) a cot6 de hopa, oCh6pmo~ au lieu de ti?&pwo~, O~;~+CO~Gau lieu de ‘C?&zo~o, &XO~EVE~WV au lieu de discomkov. En examinant l’ensemble des exemples, on a &abli des r&gles: wuw --+- VU (normalemcnt, l’allongement concerne la syllabe u-43 -+ ---u (idem), -u3 --(l’allongeinitiale du mot), ment conceme une voyelle suivie d’une autre voyelle). Les autres types d’allongement se trouvent surtout au temps fort du premier ou du dernier pied du vers: au d6but et a la fin, les c!ifficult& metriques etaient apparemment plus grandes qu’a l’intt%ieur du vers. Les exemples exceptionnels se laissent souvent expliquer a partir d’exemples plus reguliers. Ainsi, on rencontre &v#jpavec a allonge non seulement I 6 fois au dernier pied mais aussi 2 fois au 4e pied, ce qui se la&e rattacher 21 l’allongement regulier qu’on trouve dans des forrnes comme &pa (U u u --A - u u). 2. M.W. a fait des recherches appcofondies sur tous les exemples d’allongement. 11 constate d’une part que beaucoup de mots ne figurent pas chez Horn&e bien que les &gles don&es ci-dessus (5 1) eussent permis de les employer. Ainsi, on ne trouve pas de formes telles que t~&&Lvo~ pour (~E~~~Evo~,qui eussent fait pendant a o~)+,so~, ~&+EVOL; pour tD+vo;, yc~6pmo~. 11 se refuse d’autrs part a considker des cas tels que drv@ figurant avec a long au 4e pied, allongement non conforme aux regles, comrne i@+liers. C’est pourquoi il conclut clue le ph&nomene en question n’est pas un pro&d6 essentiellement phonetique destine a adapter au vers Cpique des mots qui ne pourr’aient entrer dans l’hexamktre clactylique. 11 croit pouvoir montrer que presque tous les allongements en question s’expliquent bien par l’analogie de mots apparen-

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t6s qui cornportent une syllabe longue. Ainsi, les formes epiques ohopa et o&k+rvo~ suivent le modele du type drv-cjvuyo~,bv-cjh&po~, noms composes oh l’allongement de la voyelle initiale du second m.embre est un procede morphologiquc appartenant & l’usage courant du grec. Apres tout, l’allongemert metrique serait done un procede d’ordre essentiellement morphologique que les a&des ont applique dans le cadre du langage solennel de l’epopee, oh l’emploi de formes &ranger-es a l’lrsagr courant etait prescrit, non pas simplement permis, par I’art poetique. C’est pourquoi M.W. introduit le terme de ‘degre allonge epique’ pour designer les allongements artificiels en question, qur representent done une certaine valeur stylistique. Bien entendu, il concede qu’il y a un rIpport entre ces formes artificielles et les exigences de l’hexametre dactvlique. 3* Voici le plan de l’ouvrage: Dans l’introduction, M.W. discute les theories de ses predkesseurs, en commencant par W. Schulze, qui dans. ses Qstadiones efiicae (Giitersloh 1892) a mis la base de la doctrine des allongements metriques. A juste titre, il rejette l’idee de F. de Saussure et de A. Meillet, selon qui l’allongement de la premiere d’une serie de trois syllabes breves serait fond6 sur la prononciation courante, et celle de J, Whatmough, qui admet qu’une laryngale initia!e pourrait allonger la voyelle suivante. Enfin, il combat la theorie de J. Kurylowicz, qui explique l’allongement metrique a partir d’une regle de la phon $tique syntactique: en grec prehistorique, une expression telle que ~&VETO + ii&p etait realisee comme [yiv~~tiv+], done yk kvtp, ce qui aurait servi d’amorce a d’autres allongements. Puis, M.W. donne sa propre theorie. L’allongement d’une voyelle initiale se rencontre surtout dans des mots qui, sous la forme du second membre d’un compose nominal, peuvent comporter une voyelle Tongue, En effec?, on trouve des doublets tels que &v-Gjh~apo~/ &~-6he&poq(prefixe negatif + iSk8p0~) M. W. admet que l’influence des verbes composes oh l’allongement n’a jamais pen&r& a soutenu (cf. ix-~po~@Gi~ chez le type & voyelle breve; ainsi, &+o@< Homere), doublet de &+Y)~oG~&,se rapporte directement a k%pe&opac. Les aedes en sent done venus a utiliser les allomorphes a voyelle initiale longue egalement en dehors du second membre

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des noms composes. C’est ainsi qu’on arrive & $G&L~ ( : crj-fiv~po~ vis-a-vis de &qoq), dkai-xupxo; ( : tiv-&hsBpos vis-his de 6A&~oc). Si dans ces formes-ci, les voyelles TJet o se sont conse&es, c’est pas que les formes B voyelle britve &W&U; et &Aw- n’existaient dans le langage d’Hom&re. Ihns le cas contraire, le timbre de la. voyelle alIong4e est adapt6 & celui de la voyelle b&e, c’est-A-dire: qu’on trouve iii au lieu de q, EL (notant e long ferm6 vis-A-vis de 8 long ouvert) et ou (notant o E = c bref ferme) au lieu de q (= long ferme vis-a-vis de o =o bref ferme) au lieu de o (= o long ouvert) ; excmples: t&tip ( : dtv4p awe O: bref ; cf. ch-_ilvwp), &ma (:thop~; cf. div-cjvupo q de l’ionien ; au contraire, ii s’agirait d’un procede relativement recent. Dans le cadre de cette partie de son ouvrage, M.W. a consa& une etude speciale aux composes comportant le prefixe negatif, qui ont joue un role important dans l’allongement en question (type ancien v-C;vupo~, type plus recent &v-&~+o+s) ’ Une fois etabli le principe de l’explication morphologique des allongements Cpiques, 31.W. peut zborder les autres exemples. Ainsi, il propose d’expliquer O~~+UTO~( : “Ok~pxo;) par le modele de dpo; (:i;po;; cf. 6x-~pciq), et $_u&~I~; ( : &pai+o<) par celui de $JEpkS~ (voir plus haut). 11 admet qut: l’allongement du prefixe negatif tic-qu’on trouve dans &XC+.J~TO~ s’explique a partir de &6va~oc, forme qui remont trait a *b~Fcivar~o~ et qui aurait done comport6 a l’origine une syllabe initiale longue. Pour lrendre compte de l’allongement de 1’ a de &xo-~~ta~cw etc., il part de ihovbS+as ‘retourner’, en supposant que dans des formules traditionnelles, ce mot recouvre un plus ancien &rovk~&~~ ‘&.rt: cxeilipt de souffrance’ . “&~O&)i; = &XOVO;, mot comportant le prefixe negatif). l

4. Puis, NW. traite des cas ou une voyelle non initiale suivie d’une autre voyelle est allongee. 11 prend comme point de depart -2) Comparer R. S. P. Beekes, The development of the Proto-Indo-Euro>cs:h lavyqpzZs in Greek (La Haye 19691, 98413, qui donne une explication plus satisfaisante des diffbrentes formes du pr6fixe nbgatif dans le cadre de la thbrie des laryngales.

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les mots qui, ayant subi la ‘metathese de quantitd’, ont et6 adapt& a la structure metrique de la forme plus ancienne; ainsi, les aedes utilisent des formes artificielles telles que GO pour %o < 840, 8rCot.w~pour G.I+EV < %~o~Ev,xh&oq pour zhkog, forme remplacant TC&%G < *zA~o~, TECWG pour ~io)s < ~E(Qoq.3) Sur ce modele, les aedes ont pu fabriquer d’autres formes artificielles telles que &x&nhe~ov a cot4 de E-xkov, en substituant ~1 (e long ferme) a E. Par extension, ils ont allonge d’autres voyelles. Ainsi, ils utilisent le subjonctif ancien XO~EV,auquel repondait sans doute ir
l

LT Immh

emphe

.

xvotfi

ala lieu

&

c&j

sous

l’inflilfmce e _*_a_-_. _

dig

type *&rvo~~, derive de l’adjectif &CVOOS,qui a d-C1exister dans l’usage courant de l’ionien (cf. att. &VOLC). Puis, M.W. traite de l’allongement dans les patronymiques en -6qs et les anthroponymes; exemples: r’Ip~apd6q~ ( : llpiapoq avec t bref), IIouht&y~~ (:xohbs) Tl suppose que llouhd&,p~~ (‘qui dompte beaucoup d’hommes’) recouvre un plus ancien *llwh08oiy~~ (‘qui dompte des poulains’), et xouhufhc~pa ‘nourrissant beaucoup d’animaux’ (dit d’un pays) un plus ancien *xohclfi&spa ‘nour(:xohi~!, qui est tiree de rissant des poul ains’. La formls xod& tels noms composes, devrait done sa naissance a la deformation de ces noms au tours de la tradition du langage epique. Enfin, M.W. examine le probleme des vers acephales et des vers miures, c’est-a-dire de l’emploi d’une syllabe breve au lieu d’une longue au ternps fort du premier et du dernier pied. 11 parvient a la conclusion qu’ici encore, il s’agit d’allongements artificiels qui sont fond& sur un proces morphologique. Ainsi, l’emploi de ax& au lieu de C&O au debut du vers s’explique par le modele du type ai8eZo/aB&o (< *ai&o) J celui de 663~~ (avec a long) ou &F&TV au Lieu de J&J (avec a bref) & la fin du vers par celui de Cl&ha expression prononcee comme @‘ha GGp et recouvrant @ha *8%. 5+)J

3) Voir notre article Observations 2 1 ( 1968) j 382-399.

SW la ‘m&ath&e

de qua&it?,

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5. Aprlts la lecture de l’ouvrage de NW., now devons constater que l’argumentation de M.W. est tantot convaincante, tantot difficile a accepter. M.W. a reussi a montrer que 3a plupart des artificiels peuvent s’expliquer par des modeles allongements morphologiques, et c’est la une constatation extremement importante. D’autre part, toutefois, il subsiste un nombre assez considerable de cas ou l’explication morphologique proposee par M.W. nous parait gratuite, improbable ou meme impossible. Hatons-nous d’ailleurs d’ajouter que M.W. se rend souvent bien comlpte du caractere hypothetique de ses suppositions, En outre, M.W. se voit oblige k imputer un certain nombre de fautes a Horn&e parce qu’il se refuse Q admettre des allongements de caractere purement phon6tique (11.ex. ~RXSOC~SJO~ pour ~a&~wo~, &XTE;~E~ pour i+4a+< ). Aprils tout, M.W. a done exagere l’application du principe morphoiogique afin de pouvoir nier ie roie de i’aspect purement m&rique dans les allongements en question. Nous sommes d’avis qu’en rea!.ite, ii faut reconnaitre c&e a c&e les deux aspects: d’une part, les aedes ont tendance a allonger des syllabes afic d’zdapter des mot5 au mi3tre dactylique d’apres une serie de regles qui concernent Trastructure syllabique du mot ou sa place dans le vers (voir 5 1), d’autre part, ils appliquent ces regles surtout dans la mesure ou la fwitt & allongement est parallele a des formes apparentees du point de woe morphologique ob la syllabe correspondante est longue. 6. Xous sommes tout a fait d’accord avec M.W. quand il soutient que les allongements ne constituent pas une espitce de pis aller mais qu’ils representent une certaine valeur stylistique: ils appartiennent aux elements specifiquement poetiques du langage epique, c&t-a-dire &rangers au langage courant de tous les jours et qui suggkrent que les akdes se servent d’un idiome particulierement approprie aux r&its du passe h&oIque. En effet, ce monde hero?que est separe du monde contemporain de l’aede par un abime que seul le poete peut franchir grke a l’inspiration donnee par la Muse, inspiration qui transforme :-on langage en l’adaptant a celui des hero!; et des dieux. C’est pourquoi JNIa le droit de donner une description quasi-synchronique du langage epique qui consiste a CnumCrer, a cot6 des elements appartenant & l’ionien courant de I’epoque d.‘Nomere, les &men t s specif iquement poet iques qui sont ,

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abstraction faite de leur valeur stylistique, leurs equivalents.*) Ainsi, ohpa est le doublet poetique de 6vop0r tout comme ~MO~EV est celui de si~llc~y, V@CIL ou vk:aa~ celui de v~wl, v?jq celui de V&ES, ?rckv%caczt celui de T&R. L)ans la perspective diachronique, ces elements ont des origines diffkentes: il y a des elements ioniens d’une epoque anterieure 8. Homere (p. ex. vijas), des eolismes (p. ex. &VT-saob), des elements myceniens, mais aussi des formes artificielles resultant de l’adaptation d%lements mykiens ou eoliens au parler ionien (p. ex. 8&~&v recouvrant ~+~o~E;v - voir 5 1 - et v+wb~ recouvrant d(F)ECW) et enfin des formes artificielles creees sur le mod&le d’autres formes pokiques par les aedes (p. ex. V&ECW,modification de v+~aa~, d’aprits v&cr;/v?$~) . Or, les allongements metriques appartiennent en gentkal k cette dernik categoric. 11y a cependant quelques 1wrmes _-_a.. __a.? yuii pi3iiTiit rKOtWib *tine foime i&!!emetlt *U.i!ide dans l’usage courant d’une periode precedente. Ainsi, dv&h~~ et &J &it peuvent avoir pris la place de &-?~aihco~et iv hothi, le h comptant encore pour une consonne normale en mycenien.5) Des formes comme ~iV&ko~, &iv &AC,repondant B. &vdrh~o~ et 6v &hi dans l’lrsage courant, ont pu servir d’amorce zkd’autr,; allongements m&riqlles. De la m6me facon, des archaismes comme i%AapE repondant & LAa@ (voir Q 1) ont plus tard amen6 la cr6ation de formes artificielles telles que QppaBk ft c&e de L;zak Par cons6quent, les allongements metriques ont pu se realiser dans toutes les phases de la tradition epique. 7. Sous ce rapport, il est important d’observer que les doublets specifiquernent epiques de b&pa, &ma, tivopa (etc,) sont i&pa, &ma, ohopc, non pas t_jv6ga, *+~VEXCX, *Gvopa. I1 faut done constater qu’au niveau synchronique du langage d’Ho kre, il s’agit bien de l’allongement artificiel de la voyehe initiale: si la forme &pique etaie simplement tiree de composes tels que Bv-+popa, ih-qv~x~~, &v-Lnq.~~, on attendrait $-, +, &- comme voyelle initiale. 11 faut douc supposer quc pendant la phase myccbiennc ou eolienne, les

4) Cf. Ruijgh, Autow de TC kpique (Amsterdam 1970), 106 sqq. ; ‘Lievev dagloner op aarde . . . ’ (Leyde 1969)) 8-25. 5) Ruijgh, Etudes SW la grammaive et le vocabulaira du gwc myctnien (Amsterdam 1967), 53.

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formes tirges de composk a&des ont cr& &~ipor, *qwxdC, *drop, mais qui 6L.-;-t__ 5 !a fois senties comme doublets A voyelle allonghe de &&a, &ma, hopa, le mychien et 1’6olien ne faisant pas la distinction entre Z, 6 ouverts et 8, 6 fermh. C’est en adaptant le langage 6pique de leurs predecesseurs eoliens que les aedes ioniens en sont Venus A fabriquer dvexa, oGvopa avec 6, 6 fermes repondant a 5, 0 (= t, 8 fermes), puisque q, w etaient 2, 8 ouverts en ionien. de l’allongement metrique Par consequent J l’aspect phonetique Gtait plus important que ne l’admet M.W.: il ne s’agit pas d’un procede exclusivement morphologique. Seulement dans le cas des d&iv& du type $A@~~ et des composes du type QAd-xap?eo<, . c’est-a-dire l& ou le langage courant n’a pas de forme correspondante (*&v&x~ avec a bref, *bhmi-xapnos), on peut trouver la voyelle initiaie du second membre ( : &-+q~o~ J cicv-cjhc&po~). Nous pouvons conclure que l’allongement metrique est en effet un pro&de ancien, qui existait deja avant la phase ionienne de l’epopee grecque, tandis que d’apres MN., il pourrait bien s’agir d’un procede relativemen t recent. 8. XW. a bien vu que des formes anciennes telles que OAape et des formes adapteec, tellcs que BE~O~EV recouvrant 3+jo~&vappartiennent elles aussi a la categoric de l’allongement epique au sens large, du moins au niveau quasi-synchronique comme nous l’avons defini plus haut (5 6). C’est ce que prouvent des fames purement artificielles comme $ppaSe (5 6) et IO~EVavec t long ($ 4) J qui on t ete c&es sur leur modele et prkentent un allongement metrique au sens etroit. Or, il y a d’autres formes non ioniennes qui peuvent entrer dans cecadre. Ainsi, il y a des formes eolknnes avec -CYCJrepondant a des formes ioniennes avec -a-: p. ex. ETEQCT~, Qaoopac, MQ3ma J bt6ptaoa J &CO; (3011. &~s6t, etc.). Sur leur modele, les aedes ioniens ont pu fabriquer des formes purement artificielles telles que VE$O~L (datif singulier de V+CCN~),formic c&e d’apres 1~ double? v~y~ai%v/v~~~oaEv(CJ< ~3)). Dans la mGme categoric, on peut placer le ; formes d’origine eolienne avec -TT- ou -LT- du pronom relatif inGfini (et des adjectifs ou adverbes pronominaux) rdpondant B des formes ioniennes avec -T-, -x-: p. ex. 9~~1, &T&E~0;’ kwcio~ ion. 871, etc.). Sur ce moditle, les aedes ioniens se sont permis d’utiliser lSxel en t&e de vers, en prononqant sans doute [&V&J. ik m&me, on peut y placer des formes de la flexion J

87~7~9.1~

(

:

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eolienne des noms en -& oh la voyelle finale du thkne est restde -q-, tandis qu’en ionien, grace 9 une loi phon&ique et 2 des actions analogiques, elle est devenue -&-: type fSaaA?joq, -?a, -ipv, +a< ( : ion. -&OS,-&, -kov, -&~;).6) C’est sur le modt:le du type llqhI;jo~, +a (:ion. -&OS,-&a) que les akdes ont cr& les formes artificielles du type ‘HpaGjoq, -xk?a (: ion. -xhio~, -&a), qui peuvent d’ailleurs recouvrir les formes plus anciennes ‘Hpaxhko<, -x&a. Nous pouvons conclure que l’allongement mkrique au sens large comprend encore plus de types que ceux qui ant &tb examines par M.W., du moins au niveau quasi-synchronique. Les exemples que nous venons de donner soulignent d’ailleurs l’importance de l’aspect morphologique de l’allongement, conformkment &la theorie de NW. 9. Nous allons maintenant illustrer notre apprkiation du travail de M.W. par quelques exemples de d&ail. Disons tout d’abord que certaines explications de ‘?r;l[.W.sont bien convaincantes, p. ex, celles de A~oy&vfi~,de xvot$ et de &&p ($4). De meme, M.W. (p. 90 sqq.) admet & juste titre l’influence du doublet ci& dans la crdation de EEV A c&d de &V (cf. § 6). I1 admet (p. 160 sqq.) que l’allongement de 1’1 dans des mots comme 7tpoX@q est dG au mod&le de dcublets du type &va&h#ha&q ( : diva&g) : les noms abstraits d&iv&; des adjectifs en -qs se terminaient originellement par -&-;l, mais l’ionien contemporaiil d’Homi3re avait dbj& fabriqub le type plus ¢ &cppaSiq ( I ci(ppa8$5) en rapport avec les verbes en -Cw (&cppaSbq : &cppa%w=. &8txi./j: ii8cx&.d). 11 explique (p. 168) +O+EY pour +yv6qcw par l’influence de dyvoir et de bvoi~). De mCme, il donne (p. 172 sqq.) une explication ingknieuse pour oic7&a~, mot oh oi- est la forme allongbe de 64-(cf. E-qqas): comme B- bquivaut & ion. &PO-, les a&des ioniens ont pu prendre i;-Tpgas comme forme abr&g& de 6pkptxa~ (aph&se de +-), et puis, en pensant B 6pok(o)- cv &p(o)-, ils ont pu cr@er oisda~. 1’0. Assez souvent, toutefois, nous ne saurions accepter l’explication de NW., qui est trop enclin & karter l’aspect purement 6) Si les aCdes ioniens n’ont pas fabriqub ~~CWLAE~O~ etc. c’est sans doute parce qu’B 1’6poque oiz 1’6popbe holienne &ait empruntbe par les Iorziens, le dialecte ionien n’avait pas encore remplace @aaA$ et &xaA?jE~par f3aabhiY et @aaAke:S.Voir nos remkques dans Lingua 21 ( 1968)) 395.

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metrique de l’allongement Cpique. Ainsi, il veut tirer (pe 48 W@) o%i;rro<(: 6gscos) de formes comme Sxwp~k~),mais oublie de signaler que ijpetoc est issu dkne forme commen$ant par trois syllabes ce qui justifie l’allongement dans breves @p&o<+=I*bp&-~o~), o+& et o&p&at du point de vue metrique.7) Quant a l’aspect morphologique, il est bien concevable que 6xwpebq ait joub un r& dans la cr&ation de obg&oc~et de o$eo~, o6gca mak il faut aussi ;. >ser & l’influence possible de l’aiternance O/OUqu’on trouve dans 66pu : 8oup&, 8oCpa (et 8oSpaTo5, SoGpwa, 8oup&rEo<) et dans y,jvu : youv6c; etc. : il est notable que l’allongement mbtrique concerne sowent des themes neutres de 1;~ 3e dklinaison (cf. &GPL,cp&ea, doea ; voir plus has). M.W. (p. 79 sqq.) admet quc rirScGva7o~ est issu de *h4V&aTocJ que ies a&des l’ont prononce comme [ckMvazo~], et que sur ce mod+le, :1, ,,xx r2....~..-,,r ,m.+:f:n:,ll 113 Gilt LLCC L=~~~U~WLU~L J pi~ilt3ilCihXl pi;iHiKilt a~ rllrb,rc~e ptXli L

(etc.)

J

cixoipa~o<.

A notre avis, la pr&ence originale d’un I: dans le th&me de $v-&to est improbable: comme resultat de t&Favov, on atten> Eaaetov) 0u fE&avov (cf. &%haa, drait thavov (cf. *&7Ftmov forme qui recouvre %Vmsa) chez Homere, non pas E9avov. En outrc, la flexion de 3vBaxo > 8v+rxo (:&lavov: &$v~iixa > &+vqxa) esi d’un type tr&s ancien qu’on retrouve par e:
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L’explication don&e par M.W. pour l’a long de hxovka9a~ et de &xoxE~a~ (p. 84 sqq.; v. 3 3) nous parait extremement improbable. A notre avis, I’allongement de la voyelle initiale du preverbe &no- est du au moditle de celui du preverbe kv-/&iv- (§ 9 ; cf. XEGPGpour XE~L-,5 12). M.W. suppose (p. 97 sqq.) que le sens de ~~ut~&op etait originellement ‘ayant un brouillard d’or’, en rattachant le second membre a &. C’est done grace a une reinterpretation que les aitdes auraient donne a ce compose le sens d”ayant une epee d’or’ et qu’ils en auraient tire la forme artificielle dope avec a long, datif de drop. A notre avis, c’est la une hypothese gratuite. Si les aedes ioniens n’ont pas substitu6 *xp+tig a xput&op, c’est que drop n’existait pas dans l’ionien courant, de sorte qu’ils ont conserve 1’ a long de la forme mycenienne et 6olienne.g) L’allongement metrique dans gopb, forme d’un neutre de la 3e declinaison, n’etonne pas (voir plus haut). 11. Pour rendre compte de l’a long de +a ‘yeux’, M.W. (p. 100 sqq.) a recours a un neutre *bhtisos, originellement distinct de cp&Fot;< Vhdwos ‘lumiere’. Ici encore, il s’agit d’une hypothese inventee pour le besoin de la cause. En realit& l’allongement metrique est bien acceptable dans la declinaison d’un neutre en -OS; comparer d’une part oiigca : $0~ ($ IO), d’autre part xp&‘ios: xpkos (voyelle pr&edee d’une consonne; noter que ~p~‘io~ recouvre XPW

l

M.W,. (p. 114) donne une explication ingenieuse pour dA_ilAouBa, forme qui serait issue de *&U-@o&a (type iyp-4yopSa). A notre avk, il est toutefois plus facile de voir dans ci?+ot&. le doublet a allongement metrique de &?+ou$a. Au point de vue morphologique, on peut considker le doublet &&a/Eo camcomme modele, doSa < *sesw&%a: &ant la forme ancienne et Co8a la forme plus recente resultant d’une action analogique (influence du type E”opya< Wopya).

Pour rendre compte de l’allongement de t suivi d’une M.W. signale (p. 152) que dans les noms de personne et dans les comparatifs, 1’ L de -tov pouvait &re bref ou long. 11 faut, toutefois, voyekl

Q) Pour l’origine mychnienne du mot drop,voir nos remarques dans Lingua 25 (1970), 312-313.

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souligner qu’il ne s’agit nullement d’une fluctuation arbitraire. Dans les noms de personne, il faut distinguer les themes en -iov- < -;Fov- (type ‘Aptov) et ceux en -‘iov- (type Bouxohlw), les derniers &ant issus de substantifs patronymiques?) Chez Horn&e, le seul exemple de confusion est Kpovlov, forme utilisee avec t allonge a la fin du vers et & partir de laquelle ton a cr& Kpowiovo~ (Glong), forme utilisee rarement au lieu de la forme reguliere Kgoviwvo~ ‘(I,bref). C’est & tort que M.W. admet (p. 156) un allongement irvegulier dans Mohtovc en &alit& il ne s’agit pas d’un patronymique en -“tw- mais d’un anthroponyme en -i(F)ov-, l’emploi du dwl s’expliquant parce qu’il s’agit de f&es siamois.11) Le suffixe du comparatif -bow a conserve 1’ I bref herite en ionien, tandis qu’en attique, la vo:/elle a 6th allongee (-iov-; cf. att. 3&ov, I”&& vis-k-vis de io,l. 36aaw, @&N). Dans Archiloque 10, 4 D, xdxtov figure & la fin d’un hexametre dactylique; ii s’agit done d’un allongement metrique, qui peut 6tre analogique de celui de Kpovlwv. NW. (p. 189 sqq.) admet un allongement metrique dans Tpo~&~, T&O< vis-a-vis de TgoGq< Tpoey, en supposant qu’a l’origine, le genitif de Tp& etait *TpoF&. En realit& le theme de TP&J ne se tzrminait pas par -05, comme le prouve la forme mycenienne to-ro-o Tp&, et le flottement Tp&o~/Tpot~ peut s’expliquer par de-s actions analogiques differentes.12) L’explication ku-nie par M.W. (p. 195 sqq.) pour IIouhu-6&~~~, xouhu~67Ecpa’ xovh6~ (5 4) nous parait gratuite. En &alit& l’allongement metrique est bien acceptable dans xohu-: ici encore, on put admettre l’influence de l’alternance Upu: Soup6~ (5 10). M.W. croit (p. 1413sqq.) que Aouht~dov peut &re d’origine prehellenique mais que les a&des y voyaient un d&iv6 de 6o?&c ‘long’, ce qui leur permettait de creer &~~he&)iscp~~. En realit&, l’allongement de SoArxo- est analogique de celui de XO~U-‘beaucoup’ (voir plus haut); noter la parent6 phonetique et semantique des deux adjectifs. 12.

,

10) hijgll, Les n~ms eti -won- (-8won-, -iwon-), -uon- en grec aZpkab&ique et en mydtim, Minos 9 ( 1968), 109-155 (surtout 140 sqq.) ; SW Ze mm de Podidm et SW ks noms en -6Mov-, -t-Pow, Rl?rJ 80 (1967), 6-16. 11) Voir nos remarques dans REG 80 (196?). 15. 12) Rutjgh, E&&s . , . , 89 n. 75, 201 n. 509.

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M.W. suppose (p. 194 sqq.) que T~tp~aLq< est un nom prghellenique, que les aedes y voyaient un d&iv6 de &poc~ ‘prodige’ et qu’ils ont ainsi fabrique dpea comme doublet de dpca. En r6alit6, l’allongement de +~a (: dpaq = oiip : @IO<; neutre de la 3e dklinaison !) ne pose pas de problitme, de sorte qu’il est plus satisfaisant de voir dans le nom du devin un d&iv6 authentique de TtpaG. M.W. suppose (p. 199 sqq.) que lkpi$oo~ a pris la place d’un plus ancien *Ilyp/Bovo; < *<9qd&ovo~ ‘tueur des Centaures’. Cette hypothkse est impossible: l’emploi de -80~0~; au lieu de -C~OVO~ < -xwovoq ne peut &re admis, surtout en holien, dialecte ob m&me devant e, lies labiovelaires ont abouti & des Iabiales, et la forme ‘pqpb- du premier membre serait bizarre. En &alit& l’allongement metrique q u’on trouve dans XSL~L-pour mpt- est analogique de &4/&V,EiV&Vl ($ 10). 13. Nous ne saurions accepter certaines i&es de M.W. concernant l’evolution diachronique du grec. Ainsi, il est a regretter que M.W. s’efforce d%liminer la th6orie des laryngales dans ses reconstructions, ce qui l’amitne & fabriquer ties formes vraiment monstrueuses.13) 11 explique par exemple l’a initial de &w$p a partir d’une flexion *vfipj *&p& < *TWOS, etc., tandis qu’il est beaucoup plus simple d’expliquer civfip, &vSph~ par des lois phonetiques Za partir de *a2ne’r > avfip.14) M.W. semble admettre (p. 48) une loi phon&ique EL> E;devant voyelle pour l’ionien. En realit& l’ionien a conserv6 it devant voyelle, cornme le prouvent des formes telles que ‘ApyGoq, ‘O~~jp~ror; chez H&csdote. Des doublets tels que (3a$~~a/fhMa peuvent s’expliquer par des actions analogiques.15) 11 es done impo:jsible d’*;tttribuer a l’ionien une forme comme tGncjpao~ qui serait iswe de *3ncjpe~o~. De meme, M.W. croit (p. 152) que 7)~aboutissait a EC& l’epoque d’Homere, tandis que des formes comme @KZ~@O~, bien attest&es chez H&odote, prouvent que 7~ ktait conserv& Sow ce rapport, ii faut sotlligner que la r6glc vocalis ante vocalem corri1s) Comparer son ouvrage Indo-European Ial (Philadelphie 1970). 14) Pour la th6orie des laryngales, voir notre rapport critique du livre de Beekes (5 3 n. 2) dans Linguae 26 (1971), M-198. 15) Ruijgh, Etudes . . . , 2 14.

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p&r ne s’applique qu’ B une voyelle longue A la fin du mot, c’est&dire qu’il s’agit d’une regle~ de la phonetique syntactique. C’est done ZItort que M.W. l’applique a l’intkieur du mot (p. 154). 11 faut wssi mentionner le traitement de *-wyo-, qui serait *-eye- > d’apres M.W. (p. 133). En &alit& -~:cry- (devant voyelle) aboutit & Ott-, comme le prouvent des formes telles que 4p+w~, IP faut done voir dans ~&do le r&ultat 'IQL+VELa < *-caya. phonetique de *~~?,&ryo, tandis que T&W est une forme analogique %o-

( :miara

=

xahko

: bdm.x).

Tandis que M.W. admet bien l’allongement compensatoire rtkrltant de la chute du F dans les kvoupes -UT-, -pF-, -V- pour l’ionicn, il ne ?‘admet pas pour -aF et -8.F-. Ainsi, il voit dans rcro~ (I, bref) la fcirme authentiquement ionienne issue de &FOG, tandis que Laos serait une forme artificielle de l’epopee (pa 102, p. 192). En &alit& 1’1long de cGaaest bien attest6 dans un trim&e iambique de Semonide (7, 36 D). Au surplus, ion, voijao~ vis-a-vis de att. u6ao~ ne peut guitre s’expliquer que comme resultat de *&Fo$~) Par consequent, 1’ a long de “Aacos < “AC#LOG chez Homere convient parfaitement a la forme ionienne, tandis qale c’est plutot 1% bref de ‘AcrLqchez Usiode qui pose un probkne (forme provenant de l’eolien d’Asie Mineure?), contrairement & ce que croit M.W. (p. 190 sqq.). 11 wait facile de multiplier ces observations critiques, mais n’oublions pas que M.W. nous a don& un livre suggestif et qu’il a bien iait de mettre en lumike l’aspect mo+ologique des allongements metriques chez Homer-e. Universitd d ‘Amsterdam, Instittit de Philologic Classiqwe,

C. J. RUIJGH

Sin& 425 Pays Bas.

16) On sait que NtymoIogie est incertainc. On pourrait penser Zk*vb~-a-fog (cf. WT&, ‘humide’; au point de vue sbmantique, cf. lat. t&b& ‘liqubfaction, consomption’).