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Science & Sports (1991) 6, 135-137 © Elsevier, Paris
Pathologie de la colonne vert~brale J C h a b a n n e s 1, G C o l n e t 2 1H6pital Fontmaure, av de Villars, 63407 ChamaliOres Cedex; 2traumatologie B, Hdtel-Dieu, 63000 Clerrnont-Ferrand, France
Introduction La plupart des sports, qu'ils soient collectifs ou individuels exposent/t des 16sions de la colonne vert6brale et de son contenu. L'6quitation n'6chappe pas /tce risque mais avec une fr6quence moindre que dans beaucoup d'autres sports (Allemandou et al, 1979; Brenier-Madeleine, 1977 ; Roy-Camille et al, 1981; Steinbuick, 1980). Cependant, dans notre exp6rience, la fr6quence et la gravit6 des accidents vert6braux d6croit en fonction de la meilleure qualit6 du sportif: en comp6tition de trbs haut niveau, certes le traumatisme vert6bral grave existe, mais il est rare marne dans les sports d'6quipe dans lesquels pourtant les incitations ~t une certaine violence ne manquent pas. ./~ l'6tat normal, la colonne vert6brale, parfaitement stable, entoure et prot6ge un contenu noble et fragile: la moelle 6pini6re, ses racines nerveuses et leurs vaisseaux nourriciers ; mais lorsque les rapports anatomiques, pour de multiples raisons, en particulier traumatiques, deviennent anormaux, la colonne vert6brale devient alors le principal 616ment d'agression de son contenu nerveux et c'est 1/~ qu'interviennent les procdd6s d'exploration et de traitement m6dico-chirurgicaux. On doit distinguer des aspects bien diffdrents de la pathologic vert6brale du cavalier, d'une part selon leur mode d'installation et d'6volution aigu6 ou chronique, d'autre part selon leur gravit6 habituellement beaucoup plus s6v6re lors d'accidents aigus.
- e n t o r s e s (l&ions ligamentaires) b6nignes ou graves habituellement sans cons6quence neurologique; - luxation (d6placement des surfaces articulaires) qui ont deux zones d'61ection : la charni6re craniovert6brale et les syst6mes articulaires plus has situ6s; ces luxations sont malheureusement bien souvent responsables de 16sions m6dullaires d6finitives (fig 1); - fractures multiples de gravit6 variable; deux varidtds nous paraissent assez fr6quentes en 6quitation: les fractures en tear-drop et les fractures articulaires postdrieures (figs 2 - 3); - hernies discales aigues cervicales, dorsales ou lombaires rares.
Accidents aigus Ils peuvent int6resser n'importe lequel des 6tapes vert6braux mais avec une prddilection pour la colonne cervicale.
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Ldsions cervicales Les 16sions vert6brales sont vari6es, mais n'ont aucun caract6re sp6cifique/t la pratique du cheval :
Fig 1. Luxation cervicale bilat6rale (ou accrochage articulaire) responsable d'un syndrome de section de moelle. En pointill6 : trajet de la moelle, interrompu en regard de la 16sion.
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J Chabannes, G Colnet
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Fig 2. Fracture cervicale en tear-dop avec d6calage vert6bral responsable d'une compression m6dullaire.
Fig 3. Fracture 6clatement d'un corps vert6bral cervical, compression m6dullaire bien montr6e par la my61ographie.
L~sions n e r v e u s e s
Elles atteignent la moelle et les racines qui s'en 6chappent. Ces 16sions nerveuses ont des degr6s de gravit6 tr6s divers mais toujours plus s6v~res dans les atteintes m6dullaires que radiculaires.
Accidents
chroniques
Ils peuvent concerner l'ensemble de la colonne vert6brale mais avec une zone d'61ection qui est la r6gion lombaire. Dans la plupart des cas il s'agit
F?g 4insStPa~lidyl~lir~h6aSiirS L5-S1 par lyse isthmique bilat6rale de
de lombalgies qui s'installent pendant la pratique des exercices d'6quitation, beaucoup plus rarement de lombo-sciatiques : les lombalgies peuvent survenir ou bien sur une colonne r6put~e saine, et dans ce cas avoir pour cause soit une surcharge discale ou articulaire post6rieure, ou bien sur une colonne d6jh pathologique (maladie de Scheuermann, scoliose, cyphoscoliose, dystrophie vert6brale, ant6c6dent de fracture, et surtout spondylolysth6sis (Allemandou et al, 1979; Lesgangues, 1985) (fig 4): darts ces cas, la pratique de l'6quitation doit ~tre discut6e, et 6ventuellement proscrite, sur des critbres cliniques et radiologiques, judicieusement 6tablis, ou tout au moins, le cavalier doit ~tre inform6 des risques; - les dorsalgies et cervicalgies, certes moins fr6quentes, peuvent faire l'objet des m~mes remarques; les lombo-sciatiques, beaucoup plus rares, sont habituellement le fair d'une 16sion discale: hernie discale ou non ? L'avis d'un sp6cialiste est souhaitable dans ces cas. Ce bref survol des accidents vert6braux li6s ~t la pratique du cheval, amine ~ des conclusions simples: au cours de l'6quitation les accidents vert6braux aigus, sont heureusement rares alors que la pathologie vert6brale chronique est beaucoup plus fr6quente; comme dans t o u s l e s sports, l'apprentissage, le respect des r~gles et l'entrainement, sont des conditions indispensables pour 6viter les 16sions vert6brales ; - les douleurs chroniques m6ritent un avis m6dical; - l e s ant6c6dents vert6braux, s'ils ne contreindiquent pas forc6ment la pratique du cheval, impliquent tout de m~me des r6serves et n6cessitent le recours &un sp6cialiste qui proposera un avis sur un bilan radioclinique s~rieux.
Pathologie de la colonne vertdbrale
R6f6rences Allemandou A, Charrayre N, Sichere RM (1979) Spondylolisth~sis par lyse isthmique et ~quitation. Mdd Sport (Paris)
Auvinet B (1977) L'adaptation du cavalier darts la pratique de l'6quitation classique; ses probl6mes rachidiens. Th~se de mddecine, universit6 de Nantes Brenier-Madeleine S (1977) Accidents cranio-vert6-
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braux chez les Jockeys et leurs prdventions. Th6se de m6decine Lesgangues M (1985) Spondylose et spondylolysthdsis lombo-sacrds ; incidence du Sport. Th6se de m6decine, universit6 de Nice Roy-Camille R, Held JP, Saillant G, Derlon JM, Picard A (1981) Les traumatismes m6dullaires. Encycl Mdd Chir Paris - Neurology 17685, A 10, 9 Steinbuick K (1980) Spine injuries due to horse riding. Unfallheikonde 366, 72