revue neurologique 170 (2014) 723–724
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Hommage Pierre Cesaro (1951–2013) Pierre Cesaro (1951–2013)
Ce nume´ro spe´cial sur les biothe´rapies nous paraıˆt eˆtre le meilleur e´crin pour e´voquer la me´moire de Pierre Cesaro. Pierre, qui nous a quitte´s brutalement le 31 de´cembre 2013, la veille de sa prise de fonction comme pre´sident de la Socie´te´ franc¸aise de neurologie (SFN), faisait partie des pionniers dans ce domaine. Pierre Cesaro, qui e´tait ne´ en Italie en 1951, est arrive´ en France dans l’enfance et a fait des e´tudes brillantes couronne´es par sa nomination en deuxie`me place a` l’internat des hoˆpitaux de Paris de 1974. Il a d’emble´e conjugue´ sa formation d’interne a` un investissement prononce´ dans la recherche. De`s 1975, il rejoignait le laboratoire du Pr Albe-Fessard et initiait des travaux sur la physiopathologie de la douleur chez le rongeur qui ont abouti a` un doctorat d’E´tat en neurosciences en 1988. Il n’a jamais abandonne´ cette the´matique de la douleur, puisqu’en 2013 il coordonnait encore l’enseignement de cette discipline sur notre CHU. Mais Pierre ne se limita pas a` ce champ the´matique, puisque pendant des anne´es il a travaille´ dans le domaine de la SEP, puis du Parkinson. Dans ce dernier cas, il a, par son e´nergie et son dynamisme, amene´ son service dans le club des spe´cialistes des mouvements anormaux et permis ainsi la reconnaissance officielle de cette expertise par le ministe`re de la Sante´ en 2013. Il serait fastidieux de lister tous les domaines dans lesquels Pierre a excelle´ et innove´ avec le pragmatisme et la te´nacite´ que tous lui reconnaissent. L’innovation the´rapeutique dans la maladie de Parkinson et plus particulie`rement les biothe´rapies resteront certainement son œuvre la plus remarquable d’autant qu’elle s’e´tale sur pre`s de 25 ans. Il e´tait en effet,
avec Marc Peschanski, a` l’origine des projets de greffes neuronales a` Henri-Mondor qui, a` la fin des anne´es 1980, ont initie´ un processus qui s’est prolonge´ depuis dans la maladie de Huntington et maintenant dans la the´rapie ge´nique avec les succe`s que l’on connaıˆt et qui sont e´voque´s dans ce nume´ro. Il a exerce´ de nombreuses responsabilite´s dans le domaine de la recherche allant de la direction d’e´quipes a` l’expertise et aux conseils scientifiques comme, par exemple, a` l’Assistance Publique–Hoˆpitaux de Paris ou a` l’association France Parkinson. Sa carrie`re universitaire fut remarquable : Pierre fut nomme´ Professeur des universite´s a` 37 ans, confortant sa place au coˆte´ de Jean-Denis Degos, qui disait de lui lors de son discours d’intronisation a` la pre´sidence de la SFN : « Pierre est roc » ! Il ne faisait pas seulement allusion a` l’aspect physique de Pierre, mais aussi a` son soutien constant dans la bonne marche du service de neurologie, dont il prit les reˆnes dans des circonstances tragiques. Il a ensuite cumule´ cette fonction avec la chefferie du poˆle neuro-locomoteur a` Henri-Mondor, responsabilite´ que personne ne voulait le voir quitter. Il a transforme´ le service de neurologie, en particulier parce qu’il avait compris l’importance d’avoir un effectif me´dical et para-me´dical suffisant pour assurer les nombreuses missions d’un centre hospitalo-universitaire qui couvrait un large bassin de population et ne´cessitait une permanence des soins 24 h sur 24. Les malades qu’il soignait adoraient Pierre Cesaro, pas uniquement en raison de ses compe´tences e´tendues qu’il distillait avec discre´tion sans jamais eˆtre pe´dant, mais probablement aussi en raison de sa simplicite´. Cette simplicite´ qui le rendait tre`s accessible et a` laquelle il ajoutait une attention pour les personnels qui l’entouraient ou qu’il croisait dans l’hoˆpital qui le faisait appre´cier de tous. Mais pour tous ceux qui l’ont fre´quente´ lors de nos re´unions communes, formations ou congre`s, Pierre e´tait plus qu’un brillant neurologue. Tous se rappellent sa bonhomie, sa gentillesse, ses attentions, ses gouˆts pour les photos des amis et colle`gues, qu’il distribuait largement. Il e´tait toujours preˆt pour une ballade en mer ! Pierre e´tait un artiste et un bon vivant. Artiste avec ses mains : baˆtisseur, mais aussi peintre talentueux dont nous avions parfois le privile`ge de voir les
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œuvres. C’e´tait un cuisinier hors pair et quand son e´pouse et lui vous invitaient c’e´tait la promesse de bons vins, bonne che`re et ambiance de´tendue. Pierre aimait rire et ses yeux plisse´s et le petit tressautement de son corps qui accompagnaient son hilarite´ nous manquent a` nous ses proches collaborateurs, manquent a` la neurologie et a` sa famille pour laquelle nous avons une pense´e e´mue et amicale.
De´claration d’inte´reˆts
*Auteur correspondant. Adresse e-mail:
[email protected]
Les auteurs n’ont pas transmis de de´claration de conflits d’inte´reˆts.
P. Remya,*,b,c, G. Deferd a
CHU Henri-Mondor, AP–HP, 51, avenue Mare´chal-de-Lattre-deTassigny, 94010 Cre´teil, France b´ Equipe 2, MIRCEN, CEA/DSV/I2BM, 18, route du Panorama, baˆtiment 61, 92265 Fontenay-aux-Roses cedex, France c NEURATRIS, MIRCEN, 18, route du Panorama I, baˆtiment 61, Pie`ce 121, BP 6 I, 92265 Fontenay-aux-Roses cedex, France d Service de neurologie, CHU de la Coˆte-de-Nacre, avenue de la Coˆtede-Nacre, 14000 Caen, France
Centre expert Parkinson, neurologie, universite´ Paris-Est Cre´teil,
Rec¸u le 28 octobre 2014 Accepte´ le 29 octobre 2014 http://dx.doi.org/10.1016/j.neurol.2014.10.011 0035-3787/