MCd Ma1 Infect Zoo0 ; 30 : 291-4 0 2000 6ditions scientifiques et mbdicales Elsevier SAS. Tous droits rCserv6s
Communication
b&ve
Prevalence et sensibilith aux antibiotiques des bacthries isolhes des mhingites A.Y. Dagnra, S.Tigossou, M. Prince-David Laboratoire (Rey
de microbiologic,
le 23 aoiit 1999 ; accept6
CHU
Lomt-Tokoin,
le 17 janvier
BP 81056, Lomb,
Togo
2000)
Objectif - Une etude transversale descriptive a ete menee en 1999 au laboratoire de bacteriologic du centre hospitalier et universitaire (CHU) Tokoin de Lome, au Togo, pour determiner la prevalence des germes isoles des meningites purulentes et evaluer leur sensibilite aux antibiotiques. Mat&e/ et mPthodes - Cetude a ete realisee a partir des registres de notification des cas de meningites et des duplicatas des antibiogrammes (methode de diffusion en gelose). R&u/tats - Deux cent cinquante-huit meningites bacteriennes ont ete diagnostiquees en cinq ans. Les principaux germes isoles ont ete Streptococcus pneumoniae (59,7 %), Haemophilus influenzae (112 %), et Neisseria meningitidis (9,3 %). La sensibilite de S. pneumoniae a la penicilline G, au cefotaxime et au chloramphenicol a ete respectivement de 76,6 %, 88 % et 67,6 %. Celle d’H. influenzae a ete de 66,6 % pour I’ampicilline, 100 % pour le cefotaxime et 77 % pour le chloramphenicol. Le pourcentage de sensibilite de N. meningitjdis a ete de 83,3 % pour la penicilline G, 91,7 % pour le chloramphenicol et 100 % pour le cefotaxime. Commentaires - S. pneumoniae est de loin la premiere cause de meningite bacterienne diagnostiquee au CHU-Tokoin de Lome et le cefotaxime presente une meilleure activite sur les trois especes les plus frequemment isolees. 0 2000 Editions scientifiques et medicales Elsevier SAS mthingites
/ mhingocoque
I pneumocoque
Summary - Prevalence and antimicrobial susceptibility of bacterial meningitis. Objectives - The objetives of this study were to determine the prevalence of isolated meningitis germs and to evaluate their susceptibility to antibiotics. Material and methods - The study was carried out in the bacteriology laboratory of the University hospital (CHU Tokoin) in Lome (Togo) in 1999. All cerebrospinal fluid samples collected from 1994 to 7998 were included in this study (3,888). Isolation and identification were performed by standard methods. We used the disk method for the susceptibility test (Pasteur Diagnostic disk). Results - From 1994 to 1998, 258 cases of meningitis were recorded. Streptococcus pneumoniae (59.7%), Haemophilus influenzae (17.2%), and Neisseria meningitidis (9.3%) were the main germs responsible for meningitis. The pneumococal susceptibility to penicillin G, cefotaxim, and choramphenicol was respectively 76.6%, 88%, and 67.6%. The H. influenzae susceptibility to penicillin, cefotaxim, and choramphenicol was respctively 66.6%, 1 OO%, and 77%. The susceptibility percentage of N. meningitidis was 83.3% for penicillin, 91.7% for chloramphenicol, and 100% for cefotaxim. 0 2000 Editions scientifiques et medicales Elsevier SAS meningitis
I meningococcus
I pneumococcus
A.Y. Dagnra et al
292
Les mkningites purulentes sont des problkmes de santk publique de par leur frequence et leur morta1itC [l-2]. En Afrique subsaharienne, la ceinture mkningitique qui est en extension progressive est la plus touchCe, et le germe en cause est Neisseria meningitidis [3-51. Mais les autres rCgions n’en sont pas moins concernkes, et Haemophilus et Streptococcus pneumonine sont aussi incrimines que N. meningitidis. Depuis quelques annCes, on observe une augmentation des souches d’Huemophilus rksistant B l’ampicilline et des souches de S.pneumorzine dont la sensibiliti est diminuee & la penicilline G, antibiotiques consid&& comme les mkdicaments de choix du traitement des meningites. Ces deux raisons (extension de la ceinture mkningitique et acquisition de resistance des souches bactiriennes) relancent de nouveau 1’intCret de la surveillance kpidimiologique de cette affection tant sur le plan de l’&ologie bactkrienne que sur celui de la sensibilite aux antibiotiques des germes en cause. Le but de ce travail est de dkterminer la prCvalence des germes isoles des miningites purulentes a LomC et d’Cvaluer leur sensibilitC aux antibiotiques. MATfiRIEL
ET MhTHODES
Cette &ude transversale descriptive a &C realiske au laboratoire de bact&iologie du centre hospitalier et universitaire (CHU) Tokoin de Lomb au Togo en 1999. Nous avons utilisk, comme source d’information, les registres de notification des cas de mkningites et les duplicatas des antibiogrammes rkalis& de 1994 B 1998 (cinq ans). Tous les liquides cephalorachidiens reGus au tours de cette pCriode (3 888) ont et6 inclus dans cette Ctude. Les prCl&ements ont CtC trait& selon la technique bact&iologique classique ; aprks un examen direct, l’isolement du germe a &C fait sur un milieu gklosC en fonction des arguments cliniques et/au du caractgre morphologi-
I. Pourcentage des bactkries isolkes des mhingites
Tableau
que de la bactkrie g la coloration de Gram. Ainsi pour un prClkvement donnk, un des milieux suivants a Ctk ensemen& : gCloseau sang frais. gklose chocolat enrichi de Polyvitex@, gklose de Chapman, gklose Hektoen ou gClosekosine au bleu de m&hylkne (EMB). L’identification des espkces bactkriennes a &Z bastZe sur des caractkres morphologiques (coloration de Gram), culturaux, biochimiques et antiginiques (H. injluenzae b, s&ogroupage de N. meningitidis). Un antibiogramme a Ctk rkalisk pour chaque bactCrie isolCe par la mkthode de diffusion en gklose (disque Sanofi Diagnostics Pasteur) selon les rkgles et les recommandations du comitC de I’antibiogramme de la Soci& franqaise de microbiologic (CA-SFM) [6]. Les meningites B Mycobacterium n’ont pas &J prises en compte dans notre ktude. RIhULTATS RCsultats globaux De 1994 g 1998, 258 meningites bacteriennes ont Ctk diagnostiqukes au laboratoire B partir de 3 888 prklBvements de liquides ckphalorachidiens analysCs (6,6 %). Le nombre de mCningites observk par annCe a &Z de 48 en 1994 (18,8 %), 57 en 1995 (22,0 %), 52 en 1996 (20.1 %), 74 en 1997 (28,7 %) et 27 en 1998 (lo,4 %). Les principaux germes isol& ont 6t6 S. pneumoniae (154 ; 59,7 %), H. influenzae (29 : 11,2 %) et N. meningitidis (24 ; 9,3 %) (tableau I). Ces trois espkcesont reprksentk plus de 80 % des cas. Nous avons observe 18 H. influenzne 6, 17 N. meningitidis serogroupe A et 7 N. meningitidis sCrogroupe C. L’gge median des patients atteints de mkningites Ctait de 26 ans. Ces patients ktaient constitu& de 151 hommes et 107 femmes avec un sex-ratio de 1,4 (H/F). On a observe une variation des espkces bacteriennes en fonction des tranches d’sge (tableau II). Les agents bactCriens responsables
de 1994 B 1998.
(n = 48) %
1995 (n = 57) %
1996 (n = 52) %
1997 (n = 74) %
1998 (n = 27) %
(n = 258) %
S. pneumoniae
60,4
59,6
442
63,5
17,8
59,7
H. influenzae
IS,8
7.0
17,3
4,o
14.8
11.2
N. meningitidis
2
5.3
13,6
16,3
3,7
9,3
Salmonella
8,3
8.8
9,6
4
0
66
3,7 0
78 6,2 *
Germe
1994
S. aureus
0
Divers * E. coli
(n = 4), Enterobacter
10,5 (n = 2).
Pseudomonas
15,8 3.5 (n = 3).
Prore~s
11,s 2,7 3.8 9s (n = 2). streptocoque du groupe B
(n = 2). Kleh~iello
(n = 3).
Total
PrCvalence et sensibilitk aux antibiotiques des bactkies isolkes des mkningites
293
Tableau If. Espkes bactkiennes responsables de m&&g&es : pourcentage par tranche d’8ge. Gtwmes
Tranch.e di2ge (nombre de cas) cl mois (n = 10) * %
l-11 mois
l-14 an.5
(n=32) %
(n = 75) %
15-44 ans (n=91) %
S. pneumoniae
0
H. irrpuenzae
0
375 56,3
41,3 14,7
78,O 0
N. rne~~g~~ SalmoneLla Spp.
0 0
0 3,1
12,0
12,l
0
0 3,l
S aureus Divers *
loo
139 147 4-0
676 22 191
>45ans (n = 50) % 8&O
0 8
0 1.1
24
* Nombre de sowhes par tranche d’&ge.
de meningites essentiellement
neonatales (dix cas, 3,9 %) ont CtC des enterobacteries dont quatre Escherichia coli, deux Klebsiella, et deux Enterobatter. S. agazactiae. Chez les enfants ages de un a 11 mois, les germes incrimines ont CtC essentiellement H. ,inftuenzae (56,2 %) et S. pneumoniae (37,5 %). A partir de un an jusqu’a 45 ans et plus, Spneumoniae a CtC la cause de la majorite des meningites. Dix-sept especes de Salmonella ont BtC responsables de meningites dont dix S. typhi, sept S. enteritidis et un S. typhimurium. SensibilitC aux antibiotiques
Les resultats sont present& dans le tableau Ill. La sensibilite des 18 souches de Staphylococcus aureus aux antibiotiques a CtC de 44 % pour la penicilline G, 55 % pour l’oxacilline, 67 % pour l’erythromycine, 16 % pour la doxycycline et 5 % pour le cotrimoxazole. Toutes les souches de Salmonella Ctaient sensi-
TableauBI. Senaibilit6 (X) des principaux germes isoles des m&ingites aux zmtibiotiques. Antibiotiques
P&kilIine
S. pneumoniae (n = 154) G
Ampicilline CXfotaxime ChloramphBnicol Cotrimoxazole J&ythromycine Doxycyciine
NT: nontestc.
76,6 NT 88
67,6 24 79 32
lx injhenzae (n = 29) NT
h? meningitidis (n = 24)
46,6 100
NT
77 34 82 38
83,3 1CJO
91,7 62,5 88 54
bles au cefotaxime, 11 a l’ampicilline (64,7 %), 14 au chloramphenicol (82,3 %) et huit a la doxycycline et au cotrimoxazole (47 %). Les resultats de l’antibiogramme des germes regroup& sous l’appellation <
Les meningites bacteriennes sont des affections graves pour les raisons suivantes : leur taux de mortalite peut atteindre jusqu’a 50 % dans certains pays africains. En cas de guerison les sequelles sont frequentes surtout chez les enfants [l-2]. Leur prise en charge doit tenir compte de l’ecologie bacterienne specifique de chaque pays (ou region) et de la sensibilite des souches isolees aux antibiotiques, non seulement ceux qui sont habituellement utilises au tours de ces affections, mais Cgalement ceux prescrits au tours des affections banales de l’oropharynx qui sont les facteurs favorisant les meningites bacteriennes, surtout si elles sont ma1 traitees [7]. Dans notre etude, S. pneumoniae, H. influenzae et N. meningitidis ont represente plus de 80 % des meningites et constituent la principale ecologic bacterienne des meningites habituellement retrouvee dans toutes les etudes [l, 81. Mais l’importance de S.pneumoniae (59,7 %) dans notre etude merite d’etre soulignee. Le pourcentage trouve est l’un des plus ClevCs en Afrique [l]. Ainsi le pneumocoque est-elle la veritable cause de meningite a Lome ou il est retrouve a tout age. Plus Ctonnant est le taux relativement faible trouve pour Haemophilus (11,2 %) dans une population ou la vaccination antiH. influenzae type a n’est pas integree au programme Clargi de vaccination (PEV) et reste done trbs limitee a certaines couches de la population. Le taux de 9,3 % de meningite a meningocoque observe dans cette etude est justifie car LomC est une ville
294
A.Y.
Dagnra
&i&e (golfe de GuinCe), loin de la ceinture m&ingitique SI laquelle elle est parallgle et dont elle est distante d’au moins 600 km. Dans cette zone, N. meningitidis kvolue sur un mode endimo-CpidCmique [4, 51. 11 faut signaler que la rkgion septentrionale du Togo plonge dans cette zone, et des Cpidimies y sont rt?guli&rement signalCes. Ce qui Concorde avec des cas sporadiques de mCningocoques isol& A LomC. Nous notons la part non nCgligeable des mCningites 2 Salmonella dans notre &ude, tkmoin le plus souvent des complications des salmonelloses digestives. Le cefotaxime a prksente une meilleure activite sur les germes les plus frkquemment responsables de mCningites et peut Etre prescrit systematiquement au cas oti l’examen bact&iologique n’est pas disponible. Cornpark aux aminop&icillines et au chloramphknicol, 1’Crythromycine est le plus actif sur pneumocoque et Haemophilus. Contrairement aux observations de Plan et al. en France, les macrolides dans ce cas peuvent constituer une alternative aux bgtalactamines comme traitement de premi&re intention des infections ORL dont les germes en cause sont les m&mes que pour les mkningites [7,9]. Le chloramphCnico1 a une efficacitC de plus de 91 % sur le m&ingocoque. Nos observations justifient sa recommandation comme traitement de choix des CpidCmies de mCningites B mCningocoque (forme huileuse) [3]. Le cotrimoxazole et la doxycycline ont montrk les taux de sensibilitk les plus bas. Ceci doit limiter leur utilisation A large spectre surtout dans les infections de l’oropharynx, rkgion dans laquelle les germes responsables de mCningites sont retrouv& B l’ktat commensal [9]. Mais Huebner et al. ont observi des pourcentages de rksistance plus faibles pour ces antibiotiques sur des souches de S. pneumoniae et H. influenzae en portage nasopharynge chez les enfants de moins de cinq ans [lo]. Le pourcentage de pneumocoque sensible & la pknicilline G observC dans notre ktude est proche de ceux observ& en Turquie en 1994 et en France en 1990 [ll, 121. I1 serait intkressant de determiner la concentration minimale inhibitrice (CMI) des souches rksistantes B la pknicilline G pour rechercher des rksistances de haut niveau.
et al.
CONCLUSION Les mCningites bactkriennes sont essentiellement dues ?I S. pneumoniae et, dans une moindre mesure, A H. i@uenzae et N. meningitidis. Si les aminopCnicillines et les ph&icolCs demeurent assez efficaces sur la majorit de ces souches, le cCfotaxime prCsente une meilleure activitC et peut constituer une alternative excellente aux cas oti l’isolement et l’antibiogramme ne seraient pas possibles. RtiFkRENCES 1 Bcvtout J, Gourdon F. Mom&al M. Laurichcsse H. Rev M. D&nCes CpidCmiologiques