Que faut-il en penser ?

Que faut-il en penser ?

J Fr. Ophtalmol., 2007; 30, 5, Cahier 2, 3S72-3S73 © 2007 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. ARTICLE Que faut-il en penser ? Le Diamox® et l...

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J Fr. Ophtalmol., 2007; 30, 5, Cahier 2, 3S72-3S73 © 2007 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

ARTICLE

Que faut-il en penser ? Le Diamox® et la pilocarpine doivent-ils encore être prescrits ? D. Sirbat Cabinet d’ophtalmologie, 15, rue du Dôme, 67000 Strasbourg.

What should we think? Should Diamox® and pilocarpine continue to be prescribed? D. Sirbat J. Fr. Ophtalmol., 2007, 30, 5, 3S72-3S73 Despite well-known adverse effects, pilocarpine and acetazolamide remain useful medications for the therapeutic management of glaucomatous patients.

Key-words: Glaucoma, medical treatment, pilocarpine, acetazolamide. Que faut-il en penser ? Le Diamox® et la pilocarpine doivent-ils encore être prescrits ?

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Malgré quelques effets secondaires bien connus, la pilocarpine et le Diamox® demeurent des médicaments très utiles dans la prise en charge thérapeutique des patients glaucomateux.

INTRODUCTION La recherche pharmaceutique a mis à disposition des ophtalmologistes des collyres de plus en plus efficaces pour le traitement du glaucome. Supplantée par les bêtabloquants puis par les prostaglandines dans le traitement du glaucome chronique à angle ouvert (GCAO), existe-t-il encore une place pour la pilocarpine ? De même, le Diamox® doit-il encore être prescrit ?

Mots-clés : Glaucome, traitement médical, pilocarpine, acétazolamide.

LA PILOCARPINE La pilocarpine a été et reste une des pièces maîtresses de la pharmacologie antiglaucomateuse. Rescapées de la famille des cholinergiques d’action directe, seules quatre formes sont encore commercialisées aujourd’hui : la pilocarpine (1 % et 2 %), l’isoptopilocarpine (0,5 %, 1 % et 2 %) et les associations fixes Carpilo® (pilocarpine 1,7 % + cartéolol 1,8 %) et Pilobloq® (pilocarpine 2 g/100 ml + timolol 500 mg/100 ml). Cette molécule présente des effets secondaires bien connus : un myosis très gênant, des troubles de l’accommodation, une rupture de la barrière hémato-aqueuse responsable de kystes de la pupille et de synéchies par une inflammation chronique à minima, ou encore d’une sténose des points lacrymaux. Elle présente néanmoins de nombreux atouts. Cette molécule fait partie

Vol. 30, 5, Cahier 2, 2007

d’une classe pharmacologique particulière avec un mode et un site d’action originaux : la pilocarpine augmente la facilité d’écoulement de l’humeur aqueuse par ouverture des lamelles trabéculaires. La pilocarpine a également joué un rôle pionnier dans les systèmes de délivrance (lentille pré-trempée, Ocusert®). D’une bonne efficacité avec une baisse de la pression intraoculaire (PIO) de 12 à 40 % [1], la pilocarpine est synergique avec les autres collyres antiglaucomateux dans le cas d’une association fixe [2-4]. La pilocarpine reste une molécule intéressante et utile dans la pharmacologie du glaucome. Bien que supplantée dans le traitement du glaucome chronique à angle ouvert par les béta-bloquants et les prostaglandines, elle conserve un intérêt lors des crises de glaucome par fermeture de l’angle (GFA) après réduction initiale de la PIO, dans les glaucomes à angle fermé, en préparation à une iridotomie ou à une iridoplastie, dans les iris plateaux sans synéchies, dans le glaucome pigmentaire, dans le glaucome pseudoexfoliatif [5] ou encore dans le glaucome à pression normale [6]. Les contre-indications de la pilocarpine sont : le glaucome néovasculaire, les syndromes iridocorneoendotheliaux (ICE syndrome), les glaucomes inflammatoires. Elle potentialise également les curarisants en cas d’anesthésie générale. Enfin, chez le myope, il existe un risque de décollement de rétine après décollement postérieur du vitré.

LE DIAMOX® Cette molécule fait aussi partie d’une classe pharmacologique originale, les sulfonamides inhibiteurs de l’anhydrase carbonique. Le Diamox® agit en diminuant la sécrétion d’humeur aqueuse par les cellules claires de l’épithélium ciliaire. Il est disponible sous forme de comprimés (acétazolamide, 250 mg/cp) et sous forme de solution pour injection intraveineuse (acétazolamide sel sodique, 500 mg/flacon). Il s’utilise en thérapeutique à la dose de 5 à 10 mg/kg/Jour. L’efficacité du Diamox® survient dès un quart de comprimé avec une durée d’action de 6 à 8 heures et une demi-vie plasmatique de 5 heures. Les effets secondaires du Diamox® sont : une fuite potassique (constipation, fatigue, paresthésies et agueusie), des complications cardiaques (troubles du rythme, potentialisation de la digitaline), une acidose métabolique (apragmatisme, anorexie, perte de la libido), des coliques néphrétiques, des mani-

Le Diamox® et la pilocarpine doivent-ils encore être prescrits ?

festations d’intolérance cutanée, une myopie transitoire ou encore une agranulocytose imposant une surveillance hématologique régulière. Avec une baisse de la PIO de 20 % à 40 %, le Diamox® a une bonne efficacité. Il semble également bénéfique pour la vascularisation de la tête du nerf optique [7]. Synergique avec les autres traitements anti-glaucomateux, il peut être associé à tous les traitements médicaux et chirurgicaux. Le Diamox®, malgré ces effets indésirables, garde un rôle irremplaçable pour baisser rapidement une PIO très haute dans le glaucome pseudo-exfoliatif, en cas de crise aigue de GFA, ou encore comme adjuvant des autres traitements.

CONCLUSION Loin de disparaître, le Diamox® et la pilocarpine ont encore un rôle important à jouer dans la prise en charge thérapeutique des patients glaucomateux.

RÉFÉRENCES 1. Etienne R. Traitement médical et chirurgical des Glaucomes. Marseille : Diffusion générale de librairie Editeur : 1977 ; 51. 2. Collignon-Brach J. Les associations médicamenteuses. In : Demailly P., Traitement actuel du glaucome primitif à angle ouvert. Paris : Masson : 1989 ; 222-30. 3. Sirbat D, Charlin JF, Cohn H, et al. Efficacité et tolérance de deux présentations de collyre associant le cartéolol et la pilocarpine à 2 % dans le glaucome primitif à angle ouvert et l’hypertension oculaire simple. J Fr Ophtalmol, 1995 ; 18 : 589-96. 4. Sirbat D. Modes d’action et influence sur les associations des nouveaux traitements médicamenteux du glaucome. Symposium Théa « Glaucorama », Nancy, 21 octobre 1997. 5. Airaksinen PJ. The long-term hypotensive effect of timolol maleate compared with with the effect of pilocarpine in simple and capsular glaucoma. Acta Ophthalmol (Copenh), 1979 ; 57 : 425-34. 6. Schulzer M. Intraocular pressure reduction in normal-tension glaucoma patients. The Normal Tension Glaucoma Study Group. Ophthalmology, 1992 ; 99 : 1468-70. 7. Kiss B, Dallinger S, Findl O, Rainer G, Eichler HG, Schmetterer L. Acetazolamide- induced cerebral and ocular vasodilatation in humans is independent of nitric oxyde. Am J Physiol, 1999 ; 276 : 1661-7.

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