Reconstruction mammaire par profunda artery perforator flap : étude prospective des 30 premiers cas consécutifs

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ANNPLA-1198; No. of Pages 8 Annales de chirurgie plastique esthétique (2016) xxx, xxx—xxx

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ScienceDirect www.sciencedirect.com

ARTICLE ORIGINAL

Reconstruction mammaire par profunda artery perforator flap : étude prospective des 30 premiers cas consécutifs Breast reconstruction with profunda artery perforator flap: A prospective study of 30 consecutive cases K. Haddad *, V. Hunsinger, D. Obadia, M. Hivelin, L. Lantieri ´ tique, ho ˆ pital George-Pompidou, 20, rue Leblanc, Service de chirurgie plastique, reconstructrice et esthe 75015 Paris, France Rec¸u le 29 janvier 2016 ; accepte´ le 22 fe´vrier 2016

MOTS CLÉS Lambeau PAP ; Lambeau perforant ; Reconstruction mammaire

Résumé Contexte. — Beaucoup de lambeaux ont été décrits dans le domaine de la reconstruction mammaire autologue, le deep inferior epigastric perforator (DIEP) étant le plus utilisé dans notre pratique. Chez les patientes ne permettant pas le prélèvement d’un lambeau abdominal, le profunda artery perforator (PAP) flap, lambeau perforant reposant sur les perforantes issues des vaisseaux fémoraux profonds, est une alternative de choix, sans prélèvement musculaire. Objectif. — Le but de ce travail était d’analyser les raffinements techniques, les avantages et les complications postopératoires des 30 premiers cas consécutifs de reconstruction mammaire par lambeau PAP dans notre service. Mate´riel et me´thode. — Une analyse prospective des 30 cas a été effectuée de novembre 2014 à octobre 2015. Deux types de palette cutanée ont été utilisées : classique ou avec extension verticale. Les paramètres suivants ont été mesurés : longueur du pédicule, poids du lambeau, vaisseaux receveur, durée opératoire, durée d’hospitalisation, complications sur la zone donneuse ou receveuse. Re ´sultats. — La reconstruction était différée dans 77 % des cas, immédiate dans 23 % des cas. Vingt-cinq lambeaux étaient à palette cutanée classique, 5 étaient réalisés avec une extension verticale. Le poids moyen du lambeau était de 301 g (195 à 700 g). La longueur moyenne du pédicule était de 9,88 cm (8,2 à 12,5 cm). Les vaisseaux receveurs étaient le pédicule mammaire interne dans 90 % des cas ou le pédicule circonflexe scapulaire dans 10 % des cas. Le temps

* Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (K. Haddad). http://dx.doi.org/10.1016/j.anplas.2016.02.004 0294-1260/# 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Pour citer cet article : Haddad K, et al. Reconstruction mammaire par profunda artery perforator flap : étude prospective des 30 premiers cas consécutifs. Ann Chir Plast Esthet (2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.anplas.2016.02.004

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K. Haddad et al. opératoire moyen était de 328 min (195 à 610 min). Deux patientes ont présenté une nécrose totale du lambeau. Les complications du site donneur se sont limitées à deux sérums et quatre retards de cicatrisation. Aucun lymphœdème n’est survenu. Conclusion. — Le lambeau PAP est une alternative de choix chez les patientes ne pouvant bénéficier d’un prélèvement abdominal, dans le cadre de reconstructions mammaires de petit ou moyen volume, avec une morbidité acceptable sur la zone donneuse. # 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

KEYWORDS PAP flap; Perforator flap; Breast reconstruction

Summary Introduction. — Many flaps have been described in autologous breast reconstruction, the most common being the deep inferior epigastric perforator (DIEP) flap. This flap cannot be harvested in a certain range of patients. The profunda artery perforator (PAP) flap, based on perforators from profunda femoral artery, is therefore a good option. Objective. — The goal was to highlight technical tips, particularities, and complications of our series of the 30 first PAP flaps for breast reconstruction in our department. Patients and method. — We did a prospective study of all PAP flaps for breast reconstruction between November 2014 and October 2015. Thirty patients were included. We used 2 different types of skin design: classical or with vertical extension. The following parameters were recorded: pedicle length, flap weight, surgery duration, complications on donor or recipient site and type of recipient vessels. Results. — Seventy-seven percent of the cases were delayed breast reconstruction, 23% were immediate. Twenty-five flaps were with classical skin design, and 5 with vertical extension. Mean flap weight was 301 g (195—700 g). Mean pedicle length was 9.88 cm (8.2—12.5 cm). Internal mammary vessels were the recipient vessels for 90% of the patients, versus 10% for circumflex scapular vessels. Mean surgery duration was 328 min (195—610 min). We had two total flap failures. The complications on the donor-site were 2 seroma, and 4 late healing scars. No lymphoedema occurred. Conclusion. — PAP flap is a good option when abdominal flap harvesting is not possible. The donor-site is well tolerated, with low morbidity. The indication is for patients with small to medium breast volume. # 2016 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

Introduction De nombreuses techniques de reconstruction mammaire par tissus autologues ont été décrites, parmi lesquelles le lambeau deep inferior epigastric perforator (DIEP) est le plus souvent utilisé en première intention [1,2]. Cependant, chez certaines patientes présentant une laxité abdominale insuffisante, ou avec des antécédents chirurgicaux abdominaux, le prélèvement d’un lambeau DIEP n’est pas toujours possible. Le chirurgien doit alors choisir une autre zone donneuse, adaptée à la morphologie, aux antécédents, et aux souhaits de la patiente. Le prélèvement d’un lambeau libre peut être effectué sur n’importe quelle partie du corps ou des vaisseaux perforants sont localisés, par une dissection rétrograde du pédicule [3]. Les lambeaux utilisés précédemment dans le service étaient principalement le superior gluteal artery perorator (SGAP) [4] et le lambeau musculocutané de gracilis à palette transversale haute (TUG) [5]. Différentes études anatomiques [6—8] ont montré que la vascularisation principale de la face postérieure de la cuisse venait de perforantes musculocutanées et septocutanées issues de l’artère fémorale profonde. Celles-ci seraient de plus gros calibre que les perforantes issues de l’artère circonflexe fémorale médiale, passant à travers le muscle gracilis. Allen et al. [9] ont décrit pour la

première fois en 2012 une nouvelle technique de reconstruction mammaire, le profunda artery perforator (PAP) flap, qui repose sur ces perforantes issues des vaisseaux fémoraux profonds, avec une série de 27 patientes. Cette technique a été reprise par Satake et al. [10] en 2014, avec une série de 70 patientes. Le but de ce travail était d’analyser les raffinements techniques, les avantages et les complications postopératoires des 30 premiers cas consécutifs de reconstruction mammaire par lambeau PAP dans notre service.

Matériel et méthodes Patients Il s’agit d’une étude prospective de toutes les patientes ayant bénéficié d’une reconstruction mammaire par lambeau PAP de novembre 2014 à octobre 2015. Chez les patientes ayant une indication de reconstruction mammaire autologue dans notre service, les critères de sélection pour une reconstruction par lambeau PAP étaient : laxité abdominale insuffisante, antécédents chirurgicaux abdominaux contre-indiquant le prélèvement d’un lambeau abdominal, échec d’une autre technique, ou encore choix de la patiente.

Pour citer cet article : Haddad K, et al. Reconstruction mammaire par profunda artery perforator flap : étude prospective des 30 premiers cas consécutifs. Ann Chir Plast Esthet (2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.anplas.2016.02.004

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Reconstruction mammaire par profunda artery perforator flap

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Dessins préopératoires Les dessins étaient réalisés avant l’intervention, sur une patiente debout puis allongée sur le dos. Deux dessins étaient utilisés selon le volume du sein à reconstruire et la quantité de peau nécessaire. Le premier dessin était une palette cutanée classique telle que décrite par Allen et al. [9] : le bord supérieur de la palette cutanée est situé un cm sous le sillon génitocrural, et se prolonge en arrière dans le sillon sous-fessier, afin qu’elle soit la plus discrète possible. La limite interne de la palette se situe trois travers de doigt en avant du bord antérieur du muscle gracilis. La limite externe se situe à l’extrémité latérale du sillon sous-fessier. Le bord inférieur est situé à sept cm du bord supérieur, adapté selon la laxité cutanée et le volume nécessaire à la reconstruction. On obtient ainsi une palette cutanée en forme d’ellipse (Fig. 1). Le second dessin possible comprenait une extension verticale, il était réalisé chez les patientes nécessitant une reconstruction de plus grand volume. La composante verticale était ajoutée suivant un axe vertical-postérieur parallèle au muscle gracilis afin qu’elle soit la plus discrète possible. La largeur des composantes horizontale et verticale était variable selon la morphologie de la patiente, et était déterminée par pinch-test pour permettre une fermeture sans tension de la zone donneuse (Fig. 2). Les vaisseaux perforants ont été repérés à l’aide d’un Doppler stylo, guidé par la réalisation préopératoire d’un angioscanner qui localise et détermine le calibre des différentes perforantes (Fig. 3).

Figure 1 Installation en position gynécologique. Palette cutanée classique en ellipse.

Technique chirurgicale L’intervention était réalisée en position gynécologique modifiée [11,12], en double équipe, une équipe prélevant le lambeau, l’autre préparant les vaisseaux receveurs au niveau de l’aire mammaire. Après incision de la moitié antérieure de la palette cutanée, la dissection était réalisée d’avant en arrière dans le plan sous-facial, avec repérage des différentes perforantes. La veine saphène interne était toujours

Figure 2

Palette cutanée avec extension verticale.

préservée, mais sa première branche médiale était incluse dans le lambeau, permettant un double drainage veineux si nécessaire. Les perforantes septocutanées (dans le septum entre les muscles gracilis et long adducteur, long adducteur

Figure 3 Imagerie préopératoire par angioscanner et reconstruction 3D. Repérage des différentes perforantes issues de l’artère fémorale profonde. Pour citer cet article : Haddad K, et al. Reconstruction mammaire par profunda artery perforator flap : étude prospective des 30 premiers cas consécutifs. Ann Chir Plast Esthet (2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.anplas.2016.02.004

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K. Haddad et al.

Figure 4 Trois perforantes identifiées : une perforante musculocutanée passant à travers le muscle gracilis (droite), une perforante musculocutanée passant à travers le muscle grand adducteur (milieu), et une perforante septocutanée passant entre le muscle grand adducteur et le muscle semi-membraneux.

et semi-membraneux, semi-membraneux et semi-tendineux) ou musculocutanées étaient localisées. Tous les lambeaux étaient levés sur une seule artère perforante. Après repérage de l’artère perforante principale, sa dissection était réalisée jusqu’à son origine sur les vaisseaux fémoraux profonds, permettant d’obtenir une longueur de pédicule et des vaisseaux de calibre satisfaisant pour les micro-anastomoses (Fig. 4). En cas de lambeau PAP avec extension verticale, la perforante prélevée pouvait être située dans la partie horizontale ou verticale du lambeau, sans conséquence sur la sécurité vasculaire du lambeau. Des anastomoses terminoterminales artérielle et veineuse sur les vaisseaux receveurs mammaires internes ou circonflexes scapulaires étaient réalisées à l’aide d’un microscope opératoire Zeiss1. En cas de doute sur la vascularisation d’une partie du lambeau, une angiographie peropératoire par fluorescence au vert d’infracyanine était réalisée. Le lambeau était ensuite modelé afin de lui donner une forme anatomique de sein, et était désepidermisé à la demande (Fig. 5). La zone donneuse était fermée en trois plans sur drains aspiratifs. La surveillance standardisée de lambeau libre (type DIEP) était réalisée. Le lever était autorisé à partir de j1 postopératoire, avec déambulation précoce.

Évaluation Les paramètres suivants per- et postopératoires ont été colligés : longueur du pédicule, poids du lambeau, vaisseaux receveur, durée opératoire, durée d’hospitalisation, complications sur la zone donneuse ou receveuse.

Résultats Pendant la période étudiée, 175 patientes (207 lambeaux) ont opté pour une reconstruction mammaire autologue, immédiate ou différée, uni- ou bilatérale. Vingt-cinq patientes ont finalement été incluses, chez qui 30 lambeaux PAP

Figure 5 Désepidermisation et modelage du lambeau. Une palette cutanée est maintenue au niveau de la future plaque aréolo-mamelonaire.

ont été prélevés. Cinq reconstructions bilatérales ont été accomplies. Vingt-trois lambeaux étaient prélevés dans le cadre d’une reconstruction mammaire secondaire, sept dans le cadre d’une reconstruction immédiate. Vingt-cinq lambeaux ont été prélevés avec une palette cutanée classique, alors que cinq comprenaient une extension verticale (Fig. 6). L’âge moyen des patientes était de 50,12 ans (35— 68 ans). L’indice de masse corporel moyen (IMC) était de 23,7 (18—33,5). Dix-sept patientes (57 %) ont eu de la radiothérapie en préopératoire. Chez 19 patientes, le bonnet avant mastectomie était A, B ou C (Tableau 1). Les vaisseaux receveurs étaient le pédicule mammaire interne pour 27 lambeaux, et le pédicule circonflexe scapulaire pour trois lambeaux. Le poids moyen du lambeau était de 301 g (195 à 700 g) : il était de 234,4 g (195 à 330 g) en cas de palette cutanée classique, et de 461 g (310 à 700 g) pour les lambeau avec extension verticale. La longueur moyenne du pédicule était de 9,88 cm (8,2 à 12,5 cm). La durée opératoire moyenne était de 328 min (195 à 610 min). La durée d’hospitalisation moyenne était de 7,1 jours (5 à 12 jours) (Tableaux 2 et 3). Deux lambeaux ont présenté une nécrose totale. Dans un cas, il s’agissait d’une thrombose veineuse. Pour l’autre cas, il s’agissait d’une nécrose due à une erreur de dissection ayant prélevé une perforante musculocutanée issue du

Pour citer cet article : Haddad K, et al. Reconstruction mammaire par profunda artery perforator flap : étude prospective des 30 premiers cas consécutifs. Ann Chir Plast Esthet (2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.anplas.2016.02.004

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5 Tableau 1

Données démographiques.

Âge (années) IMC (kg/m2) Reconstruction Différée Immédiate Reconstruction Unilatérale Bilatérale Type de palette cutanée Classique Avec extension verticale

Figure 6

Flowchart.

muscle gracilis ne permettant pas une vascularisation efficace du lambeau. Un cas d’hématome sur la zone receveuse a nécessité une reprise chirurgicale, sans incidence sur la vascularisation du lambeau. Une patiente a été reprise à Tableau 2

50,12 (35—68) 23,7 (18—33,5) 23 (77 %) 7 (23 %) 20 (80 %) 5 (20 %) 25 (83 %) 5 (17 %)

quatre jours postopératoires pour thrombose veineuse, nécessitant une réfection de l’anastomose ayant permis le sauvetage du lambeau. Au niveau de la zone donneuse, deux patientes ont présenté un sérum postopératoire, traité par ponction évacuatrice. Quatre patientes ont présenté une désunion cicatricielle : il s’agissait d’une palette cutanée classique chez trois patientes, et d’une palette cutanée avec extension verticale pour la quatrième. Pour cette quatrième patiente, la désunion mesurait 5  6 cm et était située au niveau de la jonction entre les cicatrices verticale et horizontale ; sa cicatrisation a nécessité la mise en place d’un système de thérapie par pression négative VAC. Aucun cas de lymphœdème du membre inférieur n’a été observé (Tableau 4).

Données des lambeaux à palette cutanée classique.

Patient

Uni/bilatéral

PL (g)

LP (cm)

DO (min)

DH (jours)

1 2 3 4 5 6 7 8 9

Unilatéral Unilatéral Unilatéral Unilatéral Unilatéral Unilatéral Unilatéral Unilatéral Bilatéral

7 12 6 6 8 9 8 5 11

Bilatéral

505

10

11 12

Unilatéral Bilatéral

250 610

5 6

13 14

Unilatéral Bilatéral

225 480

5 5

15 16

Unilatéral Bilatéral

270 465

7 7

17 18 19 20 Moyenne

Unilatéral Unilatéral Unilatéral Unilatéral

NC 8,2 9 9,5 NC 9,4 10,3 9,4 10 (droite) 10,4 (gauche) 9,4 (droite) 9,6 (gauche) NC 10,3 (droite) 10,1 (gauche) NC 9 (droite) 9,2 (gauche) NC 9,5 (droite) 9,5 (gauche) 10,9 9,8 12,5 9,4 9,79

330 310 275 290 250 330 255 320 565

10

NC 225 280 198 NC 199 255 330 245 (droite) 275 (gauche) 250 (droite) 240 (gauche) NC 227 (droite) 240 (gauche) NC 272 (droite) 251 (gauche) NC 225 (droite) 205 (gauche) 268 225 195 320 234,4

230 260 195 245 333

5 6 8 6 7,1

PL : poids lambeau ; LP : longueur pédicule ; DO : durée opératoire ; DH : durée d’hospitalisation ; NC : donnée absente.

Pour citer cet article : Haddad K, et al. Reconstruction mammaire par profunda artery perforator flap : étude prospective des 30 premiers cas consécutifs. Ann Chir Plast Esthet (2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.anplas.2016.02.004

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K. Haddad et al. Tableau 3 Données des lambeaux à palette cutanée avec extension verticale. No

Uni/bilatéral

PL (g)

LP (cm)

DO (min)

DH (jours)

1 2 3 4 5 Moyenne

Unilatéral Unilatéral Unilatéral Unilatéral Unilatéral

340 700 310 456 502 461

10,4 12 10 9 9,2 10,1

270 235 245 240 560 310

6 6 5 11 5 6,6

PL : poids lambeau ; LP : longueur pédicule ; DO : durée opératoire ; DH : durée d’hospitalisation.

Tableau 4

Complications.

Nécrose totale du lambeau Nécrose partielle du lambeau Désunion cicatricielle Sérum

2 (6,6 %) 0 4 (13,3 %) 2 (6,6 %)

Discussion La reconstruction mammaire autologue offre les meilleurs résultats esthétiques et fonctionnels, durables à long terme [13—16]. Lorsque l’abdomen ne permet pas la réalisation d’une reconstruction par lambeau libre de DIEP, d’autres régions anatomiques peuvent être prélevées en fonction de la morphologie de la patiente.

Tableau 5

Le second choix se porte alors soit vers la fesse avec les lambeaux inferior gluteal artery perforator (IGAP) ou superior gluteal artery perorator (SGAP) [4,17—20], soit vers la cuisse avec le lambeau de gracilis à palette transversale haute (TUG) [5,12,21,22] (Tableau 5). Le SGAP et l’IGAP sont des lambeaux dont le prélèvement est difficile, avec des taux d’échec relativement élevés dans les différentes séries et dans notre expérience [4,17—20]. Le lambeau TUG a pour avantage d’apporter des tissus de qualité, avec une rançon cicatricielle acceptable, la cicatrice étant cachée dans le sillon génitocrural [23,24]. Cependant plusieurs inconvénients sont à déplorer : il s’agit d’un lambeau musculocutané, le prélèvement musculaire pouvant entraîner des séquelles douloureuses ou fonctionnelles même s’il est admis que l’absence de muscle gracilis provoque une morbidité faible mais non nulle [21,23,25,26]. L’atrophie du muscle gracilis est inévitable dans les mois suivant l’intervention, impliquant un faible volume du sein reconstruit. Une augmentation secondaire du volume par greffes adipocytaires itératives est alors souvent nécessaire. Dans la série de Locke et al. [22], 57,1 % des seins reconstruits ont nécessité une augmentation secondaire de volume par greffe adipocytaire, dont 14,3 % de façon itérative. De plus, les perforantes qui vascularisent la peau au travers du muscle gracilis sont grêles et très médiales. Ceci implique une taille limitée de palette cutanée qui ne doit pas dépasser le milieu du sillon sous-fessier, au risque d’entraîner une nécrose partielle du lambeau [27]. Ciudad et al. [28] ont décrit le prélèvement d’un lambeau combinant les pédicules du TUG et du PAP, avec double branchement microchirurgical, permettant d’augmenter le volume de la palette

Caractéristiques des différents lambeaux utilisés en reconstruction mammaire en cas d’impossibilité du DIEP. NL

PM

PL (g)

LP (cm)

DO (min)

Haddad et al. Étude du service Allen et al. [9] Satake et al. [10]

30

Non

9,88

328

9,9 4,3

SGAP

Blondeel [18]

20

Non

234,4 (classique) 461 (extended) 385 199,8 (RMI) 244,6 (RMS) NC

IGAP

Beshlian et Paige [17] Mirzabeigi et al. [20] Duquennoy-Martinot et al. [19] Hunter et al. [12] Buntic et al. [21]

19 31 69

Non

NC NC 300—400

NC NC NC

NC 372 488 323 666 547 396 330

54 32

Oui

294,9 366

NC 8

NC 150—180

0 0

Bodin et al. [5] Locke et al. [22]

16 16

344 312

6,2 NC

273 NC

0 6,3

Ciudad et al. [28]

9

466,1

TUG : 7,02 PAP : 9,25

319,32

0

PAP

TUG

TUGPAP

27 70

Oui

7,8

(unilatéral) (bilatéral) (unilatéral) (bilatéral)

NT (%)

AI

6

NC

0 1,4

NC NC

5

NC

10,5 6,5 7,2

NC NC 8 patientes : lipofilling NC 3 patientes : implant NC 57,1 % : lipofilling 12,5 % : implant 0

PAP : profunda artery perforator flap ; TUG : transverse upper gracilis flap ; SGAP : superior gluteal artery perorator ; IGAP : inferior gluteal artery perorator ; TUGPAP : combined transverse upper gracilis and profunda artery perforator flap ; NL : nombre de lambeaux ; PM : prélèvement musculaire ; PL : poids moyen du lambeau ; LP : longueur pédicule ; DO : durée opératoire ; NT : nécrose totale ; AI : autres interventions nécessaires ; RMI : reconstruction mammaire immédiate ; RMS : reconstruction mammaire secondaire.

Pour citer cet article : Haddad K, et al. Reconstruction mammaire par profunda artery perforator flap : étude prospective des 30 premiers cas consécutifs. Ann Chir Plast Esthet (2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.anplas.2016.02.004

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Reconstruction mammaire par profunda artery perforator flap prélevée mais rallongeant significativement la durée opératoire. D’après notre expérience, le pédicule du PAP aurait été suffisant pour vasculariser l’ensemble de la palette cutanée. En réalisant un prélèvement de lambeau perforant sur cette zone, les inconvénients du prélèvement musculaire sont abolis. Les perforantes du PAP flap, plus postérieures [29,30], permettent un prélèvement prolongé à l’extrémité du sillon sous-fessier et une cicatrice antérieure moins étendue avec un meilleur résultat esthétique. De plus, la longueur du pédicule du lambeau PAP est supérieure à celui du TUG [5,9,21], autorisant un branchement au niveau du creux axillaire si cela est nécessaire. Dans notre série de 30 lambeaux PAP, un branchement sur les vaisseaux circonflexes scapulaires a été réalisé chez 3 patientes. Dans les travaux fondateurs d’Allen et al. [9] et Satake et al. [10], le prélèvement du lambeau se faisait soit en décubitus ventral, soit en décubitus dorsal le membre inférieur en grenouille (cuisse en abduction et genou fléchi). Dans notre étude, nous avons opté pour la position gynécologique modifiée [11,12] qui offre les avantages des deux positions sans leurs inconvénients. L’intervention est réalisée en double équipe. L’accès à la zone donneuse est total notamment en postérieur, ce qui facilite le prélèvement du lambeau et la fermeture du site donneur, dans le même temps que la réalisation des anastomoses microchirurgicales et le modelage du sein reconstruit. Aucun changement de position n’est nécessaire. Tout cela contribue à diminuer fortement la durée opératoire. La réalisation systématique d’un angioscanner préopératoire permet l’identification des perforantes utilisables [30]. Il n’a jamais contre-indiqué une reconstruction dans notre expérience. Une étude scanographique de DeLong et al. [29] sur 100 cuisses a montré qu’au moins deux perforantes issues de l’artère fémorale profonde et de

Figure 7

7 calibre suffisant pour un transfert microchirurgical étaient systématiquement présentes. Une des limites de la reconstruction mammaire par lambeau PAP est le volume et la quantité de peau disponibles, notamment par rapport à un lambeau DIEP. Pour les seins de petit volume à modéré, l’utilisation de la palette cutanée classique est le plus souvent suffisante. Une greffe adipocytaire secondaire est le plus souvent nécessaire et sera réalisé lors du second temps chirurgical. Pour les seins de volume plus important, nous avons réalisé une extension verticale de la palette cutanée du lambeau, permettant d’augmenter le volume du lambeau et la quantité de peau prélevée. Dans notre série, le poids moyen du lambeau PAP classique était de 234,4 g. Dans la série d’Allen et al. [9], ce poids moyen était de 385 g. Dans la série de Satake et al. [10], le poids moyen était de 199,8 g en cas de reconstruction immédiate, et 244,6 g en cas de reconstruction secondaire. Pour les cinq patients ou l’extension verticale a été réalisée, le poids moyen était de 461 g, soit une augmentation moyenne de 226,6 g, permettant d’élargir les indications du lambeau aux seins de plus grand volume. Six patientes ont présenté une complication sur la zone donneuse : nous avons rapporté quatre cas de désunion cicatricielle, et deux cas de sérum postopératoire. Ces complications étaient rapidement résolutives après la mise en place de soins locaux adaptés. Pour une patiente chez qui il a été prélevé un lambeau PAP avec extension verticale, une désunion au niveau de la jonction des cicatrices verticale et horizontale a nécessité la mise en place d’un système de thérapie négative VAC. Dans notre série récente, le résultat esthétique sur la cuisse était satisfaisant : la cicatrice liée au prélèvement, dissimulée dans le sillon sous-fessier, est discrète et n’affecte pas le contour de la fesse. Contrairement à ce que l’on aurait pu prévoir, aucune patiente ne s’est plaint d’une asymétrie des cuisses (Fig. 7).

Résultats de face (gauche) et profil (droite) à 8 mois postopératoires, après symétrisation du sein controlatéral.

Pour citer cet article : Haddad K, et al. Reconstruction mammaire par profunda artery perforator flap : étude prospective des 30 premiers cas consécutifs. Ann Chir Plast Esthet (2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.anplas.2016.02.004

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K. Haddad et al.

Conclusions Le lambeau PAP est une excellente alternative au DIEP chez les patientes chez qui le prélèvement abdominal est contreindiqué ou non souhaité. Ses principaux avantages sont la constance du pédicule et sa longueur supérieurs au lambeau TUG, la faible morbidité sur la zone donneuse et la localisation de la cicatrice liée au prélèvement.

Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.

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Pour citer cet article : Haddad K, et al. Reconstruction mammaire par profunda artery perforator flap : étude prospective des 30 premiers cas consécutifs. Ann Chir Plast Esthet (2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.anplas.2016.02.004