Résultats à long terme du traitement endovasculaire des lésions occlusives athéroscléreuses chroniques des artères digestives

Résultats à long terme du traitement endovasculaire des lésions occlusives athéroscléreuses chroniques des artères digestives

Recherche clinique R esultats a long terme du traitement endovasculaire des l esions occlusives atherosclereuses chroniques des art eres digesti...

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Recherche clinique R esultats a long terme du traitement endovasculaire des l esions occlusives atherosclereuses chroniques des art eres digestives Richard W. Lee,1 Andrew M. Bakken,1 Eugene Palchik,1 Wael E. Saad,2 Mark G. Davies,1,2 Rochester, New York et Houston, USA

 des le sions athe roscle reuses chroniques symptomatiques des arte res Le traitement percutane tude e value les re sultats anatodigestives devient rapidement de plus en plus populaire. Notre e  long terme du traitement endovasculaire des le sions occlusives miques et fonctionnels a roscle reuses chroniques des arte res digestives dans un centre me dical acade mique de athe fe rence tertiaire. Une analyse re trospective des dossiers des malades ayant eu une intervenre res digestives entre 1984 et 2006 pour ische mie intestition endovasculaire au niveau des arte  te  re alise e. Les cas d’ische mie aigue¨ ou les cas associe s a  une re section nale chronique a e te  exclus. Les re sultats ont e te  standardise s en fonction des crite res de la intestinale ont e te  Society for Vascular Surgery (SVS). Des analyses de survie selon Kaplan-Meier ont e alise es pour appre cier les re sultats en fonction du temps. L’analyse des facteurs a e  te  re alise e re le multivarie  pour les variables fixes, soit un mode le proportionnel de en utilisant soit un mode pendant du temps. Les donne es sont pre sente es sous la forme de Cox pour les variables de cart-type. Trente et un malades (84% de sexe fe minin, aˆge moyen la moyenne plus ou moins l’e res digestives ont e te  70 ans, extreˆmes 43 et 90 ans) avec 41 interventions au niveau des arte s. Les indications e taient un amaigrissement supe rieur a  10 kg (61%) et/ou des douleurs identifie dian de comorbidite s e tait de 15 (extreˆmes 10 et 24). post-prandiales (94%). Le score SVS me sions occlusives athe roscle reuses des trois arte res digestives Tous les malades avaient des le diane de deux arte res occluses a  l’arte riographie. Le nombre me dian d’arte res avec une me es e tait de deux. Dans tous les cas, une ste nose et non une occlusion a e te  traite e. revascularise a  90 jours e tait de 20% et le taux de morbidite  majeur de 6%. Alors que les taux de La mortalite abilite  primaire et primaire assiste e a  7 ans e taient de 69 ± 8% et 72 ± 9% respectivement perme cart-type, n  10), l’indemnite  cumule e de re cidive des symptoˆmes e tait seulement (moyenne ± e res ont de veloppe  une reste nose apre s un intervalle de 56 ± 10%. Vingt pour cent des arte dian de 0,29 ans (extreˆmes 0,3 et 2,8), avec une indemnite  de reste nose de 79 ± 8% a  5 ans. me cidivants, ont e te  traite s a  Cinquante pour cent de ces malades, ayant tous des symptoˆmes re s par angioplastie par ballonnet et ont vu leurs symptoˆmes disparaıˆtre. Il n’y nouveau avec succe rence significative entre les re sultats concernant le tronc coeliaque et l’arte re avait pas de diffe sente rique supe rieure. La corre lation de la re cidive des symptoˆmes et des reste noses e tait me

DOI of original article: 10.1016/j.avsg.2007.09.019. Pr esente a la Reunion d’Hiver de la Peripheral Vascular Surgery Society, 27-29 Janvier 2006, Park City, Utah, USA 1 Center for Vascular Disease, Division of Vascular Surgery and Section of Interventional Radiology, Department of Surgery, University of Rochester, Rochester, New York, USA.. 2 Center for Vascular Disease, Division of Vascular Surgery and Section of Interventional Eadiology, Department of Imaging Sciences, University of Rochester, Rochester, New Yourk, USA.

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Correspondance : Mark G Davies, Department of Cardiovascular Surgery, Methodist DeBakey Heart and Vascular Center, The Methodist Hospital, 6560 Fannin, Scurlock Tower, Suite 1006, Houston, Texas 77030,, E-mail: [email protected] Ann Vasc Surg 2008; 22: 541-546 DOI: 10.1016/j.acvfr.2008.09.008 Ó Annals of Vascular Surgery Inc.  e par ELSEVIER MASSON SAS Edit

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mie intestinale chronique a une significative (p < 0,001). Le traitement endovasculaire de l’ische  et une mortalite  faibles chez une population a  haut risque. Alors que la perme abilite  morbidite leve e, un be  ne fice the rapeutique a  long terme n’est pas obtenu. Actuelleanatomique reste e mie intestinale doit eˆtre limite  aux malades chez ment, le traitement endovasculaire de l’ische lesquels le traitement chirurgical conventionnel n’est pas possible.

Alors qu’il existe une incidence elevee d’ath eroscl erose des art eres digestives dans les etudes autopsiques, les l esions symptomatiques des arteres digestives sont rares dans la plupart des centres. La revascularisation chirurgicale reste le traitement principal chez les malades consid er es comme pouvant eˆtre op er es. Cependant, au fur et  a mesure que la d emographie de la population continue a changer et que la survie chez les malades vasculaires s’am eliore, le traitement endoluminal des lesions chroniques des art eres digestives s’av ere eˆtre une proc edure attractive pour traiter une population aˆgee se pr esentant avec des comorbidit es qui les rendent a haut risque pour une chirurgie conventionnelle. L’incidence des l esions chroniques des arteres digestives est relativement faible et l’approche th erapeutique varie largement d’une institution a l’autre. Lorsqu’on le compare  a la revascularisation chirurgicale, le traitement endoluminal (stenting du tronc coeliaque ou de l’art ere m esenterique sup erieure) est attractif car il fournit des taux de perm eabilit e  a court terme  equivalents et des morbidit es plus faibles. Nous avons pr ecedemment e que l’intervention endoluminale est d emontr associ ee avec une morbidit e significativement moindre mais qu’elle n’a pas d’avantage en terme de survie lorsque les r esultats sont apprecies a 90 jours et 6 mois 1. Nous avons comme d’autres note une disparit e entre les r esultats anatomiques et fonctionnels  a court terme 1. Il existe peu de donn ees concernant les r esultats  a long terme dans cette population particuli ere de malades. Le but de cette  etude  etait d’ evaluer les r esultats anatomiques et fonctionnels  a long terme du traitement endovasculaire des l esions art erielles chroniques ath eromateuses des art eres digestives dans un centre m edical acad emique de r ef erence tertiaire.

METHODES Condition de l’ etude t Cette  etude a e e r ealis ee dans un centre medical universitaire dans une zone m etropolitaine d’un million de personnes et une zone de recrutement global d’environ 5 millions de personnes dans la partie ouest de l’Etat de New York.

Protocole exp erimental Une etude retrospective des dossiers des malades hospitalises ainsi que des dossiers de consultation au cours d’une periode allant de 1984 a 2006 a  et e realisee pour tous les malades ayant eu un traitement endoluminal d’une ischemie intestinale chronique d’origine atheromateuse a l’Universit e of Rochester Medical Center. Trente et un malades ont ete identifies comme ayant eu un traitement endoluminal et 51 ont eu une revascularisation chirurgicale au cours de la periode d’etude. Les malades ayant une ischemie intestinale aigue¨ ou une exacerbation aigue¨ d’une ischemie intestinale chronique, des lesions anevrysmales ou des lesions art erielles non atherosclereuses ont ete exclus. Plusieurs variables ont ete identifiees dans les dossiers, y compris les donnees demographiques concernant les malades, les comorbidites, la sequence et les details du traitement, le resultat fonctionnel et la longueur de suivi. Un systeme de gradation des comorbidit es medicales adapte des criteres de la Society of Vascular Surgery (SVS) utilises pour l’aorte a ete employ e pour estimer la severite des comorbidites chez les malades. Le suivi moyen des malades a  et e de 2,7 ± 1,9 ans (mediane 2,2, extreˆmes 1 et 8,4 ans). rapeutique Algorithme the Les malades consideres comme pouvant eˆtre op er es et ayant deux arteres occluses ou une occlusion de l’artere mesenterique superieure (AMS) se sont vus offrir la chirurgie conventionnelle. Les malades consideres comme contre-indiques pour des raisons generales ou ayant des lesions stenosantes se sont vus offrir le traitement endoluminal. Pour que soit envisage un traitement endoluminal, le malade devait s’eˆtre presente avec des symptoˆmes cliniques appropries d’ischemie digestive et avoir subi une echographie-Doppler ainsi qu’une arteriographie identifiant une artere viscerale ayant une l esion ostiale occlusive atherosclereuse. Environ un quart des malades ont ete adresses avec un diagnostic arteriographique de lesions occlusives ostiales. Les techniques d’imagerie comportaient l’echographieDoppler, l’angioscanner, l’arteriographie par resonance magnetique (ARM) et l’arteriographie par injection de produit de contraste. Les crit eres

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d’identification des st enoses ou des occlusions arterielles utilisant l’ echographie-Doppler  etaient des techniques prec edemment d ecrites. Les malades ont eu un angioscanner ou une art eriographie conventionnelle si des symptoˆmes cliniques associes  a une st enose sup erieure  a 70%  a l’ echographieDoppler  etaient trouv es lors de l’examen initial. L’art eriographie conventionnelle a  et e r ealis ee par voie f emorale ou axillaire. L’art ere visc erale avec la st enose la plus serr ee a  et e trait ee de fac¸on pr ef erentielle par un stenting primaire. Nous avons en g en eral opt e pour le traitement d’une seule artere, les donn ees concernant le traitement chirurgical  etant en faveur de cette attitude. Aucune artere ayant une st enose inf erieure  a 50% n’a  et e traitee. eres occluses n’ont pas  et e trait ees car nous Les art avons pr ef er e si possible un pontage chirurgical. De l’h eparine lors de la proc edure et de l’aspirine et du clopidogrel  a son d ecours ont  et e prescrits chez tous les malades trait es par stenting. Le succes de la proc edure a  et e d etermin e par des crit eres anatomiques (st enose r esiduelle < 30%) et fonctionnels (gain de poids, soulagement des symptoˆmes et delai jusqu’ a la survenue d’une r ecidive des symptoˆmes. Les malades stent es ont  et e suivis tous les 6 mois par  echographie-Doppler et consultation. Les rest enoses avec symptoˆmes ont  et e observ ees. La r ecidive des symptoˆmes a entraıˆn e un angioscanner ou une esence d’une st enose ou ARM pour  evaluer la pr d’une occlusion. Les rest enoses ont  et e trait ees par angioplastie par ballonnet ou nouveau stenting si cela  etait possible. Au cours du suivi, 98% des malades ont eu au moins une  echographie-Doppler et 97% des malades ont eu une  echographie-Doppler lors du dernier suivi. finitions De L’echec pr ecoce a  et e d efini comme l’impossibilite de traverser la l esion lors de la proc edure primaire ou par la pr esence d’une occlusion ou d’une rest enose sup erieure ou  egale  a 30% au cours des 30 premiers jours apr es la proc edure initiale. L’insuffisance coronaire a  et e d efinie comme un ant ec edent d’angine de poitrine, d’infarctus du myocarde, d’insuffisance cardiaque ou un ant ec edent de revascularisation coronaire. Un malade d efini comme ayant une insuffisance renale chronique avait un taux de cr eatinine s erique de 1,5 mg/dL (132,6 mmol/L) ou plus, ou  etait sous dialyse p eriton eale ou h emodialys e. L’insuffisance ec edent c er ebro-vasculaire comportait un ant d’accident vasculaire c er ebral, d’accident ischemique transitoire ou de revascularisation carotidienne. Un d ec es survenu dans les 30 jours de la proc edure a

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ete considere comme en rapport avec celle-ci. Une complication majeure a ete definie comme tout evenement, meˆme minime, non couramment observe apres traitement endovasculaire necessitant un traitement par intervention therapeutique ou une rehospitalisation dans les 30 jours de la procedure. Un systeme de gradation modifie de la SVS destine a l’origine au traitement endovasculaire des anevrysmes a ete utilise 2. Analyse statistique Toutes les analyses statistiques ont ete realisees en intention de traiter. Les mesures sont rapportees sous la forme de pourcentages ou de moyennes plus ou moins une deviation standard. Les variables dependant du temps sont presentees suivant une analyse de Kaplan-Meier et rapportees suivant les criteres actuels de la SVS. Les erreurs standards sont rapportees dans les analyse de Kaplan-Meier et seuls les points ayant une ES inferieure ou egale a 10 et un n superieur ou egal a 10 sont rapport es. Le test du log-rank a ete utilise pour determiner des differences entre les courbes de Kaplan-Meier. Une analyse par regression logistique multivari ee pas a pas a ete utilisee pour determiner l’influence des facteurs pre et peri-procedures sur le resultat. Le niveau de signification de p < 0,10 a ete utilis e pour inclure ou eliminer une covariante du modele. Les covariantes ont ete considerees comme significativement associees aux resultats si elles etaient incluses dans le modele final et que leur niveau de signification etait p < 0,05. Nous avons examine des interactions entre les covariantes statistiquement significatives. Des modeles de regression logistique ont ete utilises pour des resultats qui n’etaient pas mesures au decours immediat de la procedure (complication, benefice clinique a court terme). La dependance de chaque covariante sur le resultat a ete verifiee en utilisant le test du c2. Les covariantes avec un niveau de signification de p < 0,10 ont et e incluses dans l’analyse multivariee pas a pas.

RESULTATS Population de malades Quarante et une interventions endovasculaires pour ischemie digestive ont ete realisees chez 31 malades (84% de sexe feminin, aˆge moyen 70 ans, extreˆmes 43 et 90 ans) au cours de la periode d’etude. Sur les 31 malades vus avec le diagnostic d’ischemie intestinale chronique due a des lesions occlusives atherosclereuses, 81% se presentaient avec des douleurs post-prandiales et 84% avaient un antecedent

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 10 livres. La duree d’amaigrissement sup erieur a m ediane des symptoˆmes  etait de 14 mois, avec une dur ee m ediane jusqu’au diagnostic de 5 mois. Le nombre m edian d’art eres st enos ees (stenose sup erieure a 50%) ou occluses (tronc coeliaque, art ere m esent erique sup erieure et artere m esent erique inf erieure) trouv e sur l’imagerie diagnostique finale  etait de 2 (une art ere 36%, deux art eres 42%, trois art eres 22%). Le score de morbidit e modifi e de la SVS m edian  etait de 14 (extreˆmes 10 et 24). L’hypertension art erielle etait le facteur de risque ath eroscl ereux principal (86%) a, des ant ec edents de tabagisme ancien ou actuel (53%), une hyperlipid emie (50%) et un diabete (22%)  etant les autres facteurs de risque les plus evaluation diagnostique fr equemment identifi es. L’ des malades avant l’intervention avait  et e faite par art eriographie conventionnelle (100%),  echographie-Doppler (47%), angioscanner (22%) et ARM (8%). Les autres malades (23%) ont ete adress es dans notre institution avec des art eriographies permettant l’intervention. Intervention Quatre vingt six pour cent des malades ont eu une art ere trait ee et les autres ont eu deux arteres trait ees. Quinze interventions au niveau du tronc coeliaque et 26 interventions au niveau de l’AMS ont  et e r ealis ees. Aucun dispositif de protection contre les embolies n’a  et e utilis e au cours de cette  etude. Dans une art ere (2,4%) la l esion n’a pu eˆtre franchie et cela a  et e consid er e comme un echec imm ediat en intention de traiter. Le succes technique a donc  et e de 97,5%. La dur ee moyenne de s ejour apr es intervention a  et e de un jour. Les morbidit es majeures ont  et e de 6%. Un malade a eu un h ematome inguinal et un autre a fait un faux-an evrysme de l’art ere axillaire apres la proc edure. Le premier a  et e trait e de fac¸on conservatrice et le second op er e. Il n’y a pas eu d’autre complication.

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ans (Figure 1A). La permeabilite primaire et primaire assistee des interventions a 7 ans a  et e de 69 ± 8% et 72 ± 9% respectivement (moyenne ± deviation standard, n  10) (Figure 1B). Aucun facteur n’a ete identifie comme influenc¸ant la permeabilite par l’analyse proportionnelle de Cox. Apres intervention, 44% des malades ont r ecidiv e leurs symptoˆmes apres un intervalle median de 0,42 ans (extreˆmes 0,3 et 1,98 ans). Par analyse de Kaplan-Meier, l’indemnite de recidive des symptoˆmes etait de 70 ± 8% a un an et de 56 ± 10%  a 5 ans (Figure 1B). La duree des symptoˆmes avant l’intervention (risque relatif (RR) 0,97, intervalle de confiance a 95% (IC) 0,94-0,99, p ¼ 0,01) a influenc e l’indemnite de recidive des symptoˆmes lors de l’analyse proportionnelle de Cox. En analyse multivariee, les symptoˆmes recidivants etaient associ es  a l’hemodialyse renale et a l’absence d’utilisation de statines. Vingt pour cent des arteres ont fait une restenose apres un intervalle median de 0,29 ans (extreˆmes 0,3 et 2,8 ans). Par analyse de KaplanMeier, l’indemnite de restenose etait de 85 ± 5%  a un an et de 79 ± 8% a 5 ans (Figure 1C). Le sexe feminin (RR 4,22, IC 1,08-16,11, p ¼ 0,03)  etait associe a la restenose. Cinquante pour cent de ces restenoses, toutes liees a une recidive des symptoˆmes, ont ete traitees avec succes par angioplastie par ballonnet, avec disparition des symptoˆmes. Il n’y avait pas de difference significative dans le developpement des restenoses entre le tronc coeliaque et l’AMS. La correlation entre les symptoˆmes recidivants et la restenose etait significative (p < 0,001), avec un odds ratio de 332,4 (IC 95% 1,67-627,8). Le developpement de symptoˆmes recidivants et le nombre d’arteres malades lors de la es. Le presentation ne se sont pas averes correl nombre d’arteres traitees lors de la presentation et le developpement de symptoˆmes recidivants n’ etait egalement pas correle.

DISCUSSION

Evolution

ne rale Ge

Les taux de mortalit e a 30 jours et 90 jours ont ete respectivement de 14% et 20%. Parmi les deces survenus dans les 30 jours, 25% ont  et e attribues a une isch emie intestinale progressive avec sepsis et les autres  a des causes cardiovasculaires. Le suivi moyen des malades a  et e de 2,7 ± 1,9 ans (mediane 2,2, extreˆmes 1 et 8,4 ans). Au cours du suivi, 48% des malades sont d ec ed es, tous de cause cardiovasculaire (deux ont  et e identifi es comme ayant une r ecidive d’isch emie intestinale lors de leur deces). La survie a  et e de 77 ± 7%  a un an et de 50 ± 10% a 5

L’incidence de l’ischemie intestinale chronique est faible, d’environ 1 sur 100.000 3, bien que les etudes autopsiques d’une population non selectionnee aient montre une atherosclerose des arteres digestives chez 35% a 70% des sujets 4. Cependant, le nombre annuel de revascularisations chirurgicales pour traitement d’une ischemie intestinale chronique est estime a 340 dans les hoˆpitaux non federaux aux Etats-Unis [5]. Une st enose superieure a 50% est presente chez 18% des malades aˆges de plus 65 ans mais tres peu de ces malades

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Figure 1. (A) Analyse actuarielle de la survie des maladies. (B) Analyse actuarielle de la permeabilit e primaire et de la perm eabilite primaire assistee. (C) Analyse actuarielle de l’indemnite de recidive des symptoˆmes et

 de l’indemnit e de rest enose. Les nombres de malades a risque et les erreurs standards pour chaque intervalle sont indiqu es dans le graphique. Les valeurs correspondent  a la moyenne de tous les points.

tude d’histoire ont des symptoˆmes [6]. Dans une e naturelle, 82 malades ont  et e trouv es porteurs d’au moins une st enose et ont  et e suivis jusqu’ a 6 ans. Le taux de mortalit e global  etait de 40%. Quatre vingt six pour cent des malades ayant des l esions significatives des trois art eres digestives avaient une isch emie intestinale, d’autres symptoˆmes abdominaux vagues ou sont d ec ed es 7.

d’un benefice therapeutique. Les taux de survie sont les meˆmes que la revascularisation ait ete faite chirurgicalement ou de fac¸on endovasculaire, ce qui demontre l’absence de benefice significatif concernant la survie entre les modalites et peut ne faire que refleter la precision clinique des medecins adaptant le traitement aux malades. Cependant, quelle que soit la modalite therapeutique, la survie n’est pas significativement meilleure que pour les malades traites medicalement 7. Dans notre etude, nous n’avons pas trouve de facteur specifique permettant de predire les malades qui decederont precocement au cours du suivi.

Population de malades Le profil de la population de malades de notre etude  etait tr es semblable  a ceux rapport es par d’autres pour des interventions endovasculaires. Nous avons exclus tout malade ayant des l esions non ath eroscl ereuses ou une isch emie intestinale aigue¨ pour mieux d efinir une population homog ene. Il faut noter que plus de 50% des malades vont d ec eder dans les 5 ans, ce qui permet de profiter

Interventions La revascularisation chirurgicale pour ischemie intestinale par lesions occlusives de l’AMS a et e decrite pour la premiere fois par Shaw et Maynard

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[8] en 1958. Ils ont rapport e deux cas de thromboendart eriectomie de l’art ere m esenterique sup erieure r ealis ee avec succ es. Alors que nombreux auteurs conseillent une revascularisation multiple, le pontage unique de l’AMS a  et e tr es souvent couronn e de succ es, meˆme chez les malades ayant des occlusions art erielles multiples. Plusieurs travaux ont montr e que les pontages d’une seule artere sont couronn es de succ es, avec une permeabilite primaire assist ee comprise entre 70% et 80% 9-11. Les publications dans la litt erature chirurgicale documentent un taux de complications postop eratoires compris entre 19% et 54% et un taux de mortalit e compris entre 0 et 17% apr es revascularisation chirurgicale conventionnelle 1,12-21. Les m eta-analyses des malades ayant eu une intervention chirurgicale ont rapport e un succ es technique initial de 95%, avec une moyenne de 7% de deces en rapport avec la proc edure, de 24% de complications majeures et une perm eabilit e d’environ 82% apres quatre ans de suivi 22. De plus, le soulagement des symptoˆmes apr es chirurgie conventionnelle a ete fr equent et la n ecessit e d’une r eintervention au niveau des revascularisations a  et e faible. Depuis les premi eres publications concernant l’angioplastie transluminale percutan ee des arteres digestives en 1980 23, le traitement endovasculaire des l esions ath eroscl ereuses s’est rapidement d evelopp e, en ce qui concerne aussi bien le but que les indications. Avec le d eveloppement des traitements percutan es, des pr eoccupations sont apparues concernant la durabilit e du traitement. Hallisey e un taux de perm eabilite priet coll 24 ont rapport maire de 75% avec un suivi moyen de 2,3 ans. e un taux de Matsumoto et coll 25 ont rapport r ecidive de 29% du traitement endovasculaire dans l’ann ee qui suivait. Nos donn ees sont en accord avec ces constatations mais nous avons  etendu le suivi a 8 ans et montr e que la majorit e des r ecidives anatomiques et cliniques se produisent toˆt. Il a  ete suggere que, chez des malades s electionn es, la chirurgie devrait eˆtre le traitement de choix car elle procure des perm eabilit es primaires  a long terme plus satis17,26,27 . faisantes sultats fonctionnels Re Lorsqu’on compare r etrospectivement les resultats de la chirurgie  a ceux de l’angioplastie percutanee avec stenting, il y a une incidence plus importante de r ecidive des symptoˆmes apr es traitement perecidivants peuvent cutan e 1,18. Les symptoˆmes r eˆtre corr el es  a une rest enose mais pas au nombre d’art eres trait ees. Dans une  etude r etrospective r ecente, le groupe de Dartmouth a note une

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augmentation du taux de restenoses et de reinterventions dans un groupe stente par rapport  a un groupe controˆle28. Cependant, avec une reintervention chez 53% des malades, 93%  etaient asymptomatiques au dernier suivi, avec un taux de mortalite peri-procedure moindre que pour le traitement chirurgical conventionnel. De plus, les auteurs soulignaient que dans un cas la mise en place d’un stent avait permis une optimisation nutritionnelle suffisante pour permettre  a un malade precedemment a haut risque de tolerer une chirurgie definitive 28. Par rapport a beaucoup d’approches chirurgicales, le traitement endovasculaire est souvent limit e a la revascularisation d’une seule artere et au traitement de stenoses plutoˆt que d’occlusions. Dans notre etude, la majorite des cas n’a eu le traitement que d’une seule stenose significative au niveau d’une seule artere. Cependant, les interventions endovasculaires sur deux arteres ont augment e depuis notre travail comparant nos resultats  a court terme du traitement chirurgical et endoluminal 1. Une etude retrospective de la Cleveland Clinic en 2001 [18] a compare une serie de malades ayant eu un traitement endovasculaire (principalement pour des stenoses arterielles et non des occlusions) avec un groupe de malades traites chirurgicalement et a montre que les malades traites par methode endovasculaire avaient une incidence plus importante de recidive des symptoˆmes. Alors qu’une intervention au niveau d’une seule artere chez les malades du groupe endovasculaire etait consideree comme une cause probable, il n’y avait pas de difference statistiquement significative entre le nombre d’art eres traitees chez les malades operes. Notre etude n’a pas identifie le nombre d’arteres traitees comme un facteur influenc¸ant la recidive des symptoˆmes. Nous avons note que la presence d’une restenose  etait associee a une recidive des symptoˆmes chez 50% des malades se representant et qu’une dur ee pr eoperatoire plus longue des symptoˆmes influenc¸ait la recidive des symptoˆmes. On peut supposer que l’introduction du traitement endoluminal a  elargi le spectre des malades a qui l’on offre maintenant une intervention dans un but a la fois diagnostique et therapeutique pour inclure un sous-groupe de malades ayant des signes, des symptoˆmes et des constatations anatomiques suggerant une isch emie intestinale chronique.

CONCLUSION La revascularisation endovasculaire pour isch emie intestinale chronique est une procedure couronn ee

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de succ es technique avec une faible morbidit e mais n’entraıˆne pas un r esultat fonctionnel durable. Alors que l’ echec anatomique sous la forme d’une stenose significative est associ ee  a une r ecidive des symptoˆmes et sera am elior e par une r eintervention, les r esultats fonctionnels ne sont pas aussi durables que ceux rapport es pour les revascularisations chirurgicales. Dans la situation pr esente, le traitement endovasculaire de l’isch emie intestinale chronique doit eˆtre limit e aux malades n’ayant pas de possibilit e de chirurgie conventionnelle. REFERENCES 1. Sivamurthy N, Rhodes JM, Lee D, et coll. Endovascular versus open mesenteric revascularization: immediate benefits do not equate with short- term functional outcomes. J Am Coll Surg 2006;202:859-867. 2. Chaikof EL, Fillinger MF, Matsumura JS, et coll. Identifying and grading factors that modify the outcome of endovascular aortic aneurysm repair. J Vasc Surg 2002;35:1061-1066. 3. Taylor LM, Jr, Moneta GL. L’ischemie intestinale. Ann Chir Vasc 1991;5:403-406. 4. Zelenock GB, Graham LM, Whitehouse WM, Jr, et coll. Splanchnic arteriosclerotic disease and intestinal angina. Arch Surg 1980;115:497-501. 5. Deerow AE, Seeger JM, Dame DA, et coll. The outcome in the United States after thoracoabdominal aortic aneurysm repair, renal artery bypass, and mesenteric revascularization. J Vasc Surg 2001;34:54-61. 6. Chang JB, Stein TA. Mesenteric ischaemia. Asian J Surg 2003;26:55-58. 7. Thomas JH, Blake K, Pierce GE, et coll. The clinical course of asymptomatic mesenteric arterial stenosis. J Vasc Surg 1998;27:840-844. 8. Shaw RS, Maynard EP, 3rd. Acute and chronic thrombosis of the mesenteric arteries associated with malabsorption:a report of two cases successfully treated by thromboendarterectomy. N Engl J Med 1958;258:874-878. 9. McAfee MK, Cherry KJ, Jr, Naessens JM, et coll. Influence of complete revascularization on chronic mesenteric ischemia. Am J Surg 1992;164:220-224. 10. Foley MI, Moneta GL, Abou-Zamzam AMJ, et coll. Revascularization of the superior mesenteric artery alone for treatment of intestinal ischemia. J Vasc Surg 2000;32:37-47. 11. Park WM, Cherry KJ, Jr, Chua HK, et coll. Current results of open revascularization for chronic mesenteric ischemia: a standard for comparison. J Vasc Surg 2002;35:853-859. 12. Christensen MG, Lorentzen JE, Schroeder TV. Revascularization of atherosclerotic mesenteric arteries: experience in 90 consecutive patients. Eur J Vasc Surg 1994;8:297-302.

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