Archives des Maladies Professionnelles et de l’Environnement 2014;75:311-332
Prise en compte de l’e´volution re´glementaire du controˆle de l’exposition atmosphe´rique dans une entreprise de 400 salarie´s S. Le Boisselier, M. Geiger AST 67, 3, rue de Sarrelouis, 67000 Strasbourg, France Objectif.– E´valuer l’exposition atmosphe´rique des salarie´s a` diffe´rentes substances en respectant la nouvelle re´glementation. Mate´riel et me´thodes.– La de´marche d’e´valuation du risque chimique est classique pour l’analyse des dangers (liste des produits, analyse des fiches de donne´es de se´curite´ et des proce´de´s). Les postes ont e´te´ e´tudie´s. Deux re´unions ont eu lieu avec le responsable se´curite´, l’organisme accre´dite´ et le me´decin du travail pour de´finir une strate´gie de pre´le`vement avec priorisation des substances classe´es cance´roge`nes, mutage`nes et reprotoxiques (CMR) puis celles ayant des valeurs limites d’exposition professionnelle (VLEP) re´glementaires. Des groupes d’exposition homoge`nes (GEH) de salarie´s ont e´te´ de´finis. Pour toutes les substances, nous avons de´cide´ de suivre la de´marche re´glementaire avec GEH. Nous avons retenu huit GEH : pour les fume´es de soudure ; les poussie`res alve´olaires et inspirables pour le meulage ; la silice cristalline, le nickel, le bore pour les pistoleurs e´mail et la fusion ; l’alcool e´thylique pour les pistoleurs e´mail et les pre´parateurs, l’ace´tate de 2, me´thoxy 1 me´thyle´thyle et diisocyanate d’hexame´thyle`ne (HDI) pour les peintres, les fibres ce´ramiques re´fractaires pour les cuiseurs. Le pre´le`vement est re´alise´ par l’organisme accre´dite´ en e´quipant individuellement les salarie´s de chaque GEH avec une pompe de pre´le`vement. L’activite´ des ope´rateurs a e´te´ note´e. L’analyse est faite par un organisme accre´dite´. L’hypothe`se d’homoge´ne´ite´ du GEH a e´te´ calcule´e conforme´ment a` l’arreˆte´ du 15 de´cembre 2009. Re´sultats.– Une premie`re campagne de mesure a e´te´ re´alise´e. Le groupe soudeur a de´passe´ la VLEP donc il faut mettre en place des actions correctives et recommencer l’e´valuation initiale. Pour le groupe « meuleurs poussie`res inspirables », l’hypothe`se d’homoge´ne´ite´ des GEH a e´te´ rejete´e et il faut donc rede´finir le GEH. Pour le groupe « meuleurs poussie`res alve´olaires » la conclusion est impossible car le re´sultat est compris entre 0,1 et la VLEP : il faut re´aliser une deuxie`me campagne. Les cinq autres GEH ont e´te´ valide´s et leurs re´sultats sont infe´rieurs a` 0,1 de la VLEP : il faudra effectuer un controˆle pe´riodique. Discussion.– Il est difficile d’e´tablir des GEH pour une population de 90 meuleurs d’autant que la re´glementation n’impose pas un nombre de mesure proportionnelle au nombre de salarie´ du GEH contrairement a` la re´glementation pour le bruit. Par ailleurs il est statistiquement difficile de valider un GEH sur 3 mesures. Cette me´thode est tre`s chronophage (re´union pre´paratoire, campagne de mesure, analyse du rapport). Elle a un couˆt tre`s important et pourtant nous n’avons fait que la premie`re campagne. En revanche elle souligne le fait qu’une seule mesure n’est absolument pas repre´sentative de l’exposition des salarie´s (exemple du groupe meuleurs). Il est a` noter que pour les CMR meˆme si le re´sultat est infe´rieur a` 0,1 de la VLEP, il ne faut pas oublier les autres mesures de la re´glementation. Conclusion.– Ce travail montre que cette me´thode est plus repre´sentative qu’un simple pre´le`vement atmosphe´rique. Par contre, il souligne certaines limites notamment la difficulte´ de constituer des GEH ainsi que la validite´ de leur homoge´ne´ite´, le cou ˆ t pour l’entreprise ainsi que le caracte`re chronophage.
S. Bru ¨ckner*, J.-L. Marendaz, T. Meyer E´cole polytechnique fe´de´rale de Lausanne, faculte´ des sciences de base, se´curite´ et sante´ au travail, SB-SST, Lausanne, Suisse * Auteur correspondant. Introduction.– A` la faculte´ des sciences de base de l’E´cole polytechnique fe´de´rale de Lausanne, le service de se´curite´ et sante´ au travail (SB-SST) a pour mission de trouver et imple´menter des solutions rationnelles aux proble`mes relatifs a` la se´curite´ et sante´ au travail. Ainsi, le SB-SST a de´cide´ de mettre sous-autorisation des substances chimiques tre`s toxiques et/ou particulie`rement dangereuses. Objectif.– Responsabiliser et prote´ger les utilisateurs vis-a`-vis de substances tre`s toxiques et/ou particulie`rement dangereuses. Mate´riel et me´thodes.– Il a e´te´ de´fini que les substances de toxicite´ aigue ¨ T1, chronique CMR 1A, les STOT 1 et les substances explosibles seraient mises sous-autorisation. La se´lection des substances se fait en tenant compte des re´glementations et en conside´rant les donne´es publie´es par des organismes reconnus. Re´sultats.– Un inventaire de plus de 300 substances a e´te´ ge´ne´re´. Ce concept a permis de sensibiliser, former et de prote´ger les collaborateurs vis-a`-vis de l’utilisation de substances tre`s toxiques et/ou particulie`rement dangereuses. Cette de´marche dynamique e´volue avec les re´glementations, l’apparition de nouvelles substances et donne´es. Discussion et conclusion.– Les collaborateurs de´sirant utiliser ces substances doivent demander au pre´alable une autorisation d’utilisation pour pouvoir les commander et/ou les utiliser. Ce processus de´bute par l’intention d’utilisation de la dite substance jusqu’a` sa fin repre´sente´e par son e´limination ; ainsi tout le cycle de vie de la substance est conside´re´. Cette demande induit une analyse de la pertinence d’utilisation, de la proce´dure de travail et des moyens de protection qui ont lieu d’eˆtre mis en place selon le principe STOP (substitution, technique, ope´rationnel, personnel). Ainsi le collaborateur est informe´ et forme´ aux mesures de protection et/ou de pre´vention a` mettre en place tant au niveau du stockage, de l’utilisation que de l’e´limination de la dite substance. Ce n’est qu’une fois tous ces crite`res e´value´s et valide´s que le collaborateur est autorise´ a` commander la substance et a` l’utiliser pour une pe´riode limite´e dans le local analyse´ avec le mode ope´ratoire de´fini. La pertinence de revoir la proce´dure et/ou l’autorisation est valide´e deux fois par an lors des visites de se´curite´ des postes de travail. Ce concept fait partie du programme Management, Information, Control, Emergency (MICE) de responsabilisation en matie`re de se´curite´ et sante´ au travail de´veloppe´ par le SB-SST. http://dx.doi.org/10.1016/j.admp.2014.03.179
Sce´narios d’exposition au risque chimique au sein d’une entreprise spe´cialise´e dans la transformation de ve´hicules industriels
http://dx.doi.org/10.1016/j.admp.2014.03.178
C. Bontempsa, E. Berliozb, L. Goettelmanc, P. Jeanjeanc, M. Geigera a AST 67, 1, quai des anciens abattoirs, 67120 Molsheim, France b Manpower, 16b, rue Gaston-Romazzotti, 67120 Molsheim, France c Service HSE Mercedes-Benz, 11, rue Mercedes-Benz, 67120 Molsheim, France
Autorisation d’utilisation de substances chimiques tre`s toxiques et/ou dangereuses a` la faculte´ des sciences de base de EPFL
Introduction.– L’e´valuation du risque chimique est une obligation de l’employeur depuis la parution du de´cret No 2003-1254 du 23 de´cembre 2003. L’entreprise industrielle spe´cialise´e dans la transformation de ve´hicules industriels s’est inte´resse´e a` la re´alisation des sce´narios d’expositions afin de caracte´riser au mieux le risque chimique re´siduel auxquels sont expose´s les salarie´s.
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Compte rendu de congre`s Objectifs.– Remplir les obligations re´glementaires inhe´rentes au risque chimique, a fortiori pour les produits cance´roge`nes, mutage`nes et reprotoxiques (CMR). E´valuer finement cette exposition au risque chimique par la re´alisation de sce´narios d’expositions. Tracer cette e´valuation a` l’aide d’un logiciel de´die´ au risque chimique et inte´grer celle-ci dans les fiches de pre´vention des expositions (FPE). Mate´riel et me´thodes.– Chaque produit chimique introduit sur le site fait l’objet d’une demande de validation aupre`s du service qualite´ hygie`ne se´curite´ environnement (QHSE), comprenant notamment un avis motive´ du me´decin du travail (favorable/ne´cessite´ de pre´cautions particulie`res/substitution conseille´e/de´favorable). Les produits et leur validation sont enregistre´s dans le logiciel de´die´ au risque chimique, avec mention du type de produits, du secteur utilisateurs, du lieu de stockage, des quantite´s utilise´es, des modes ope´ratoires et des EPI, ainsi que de la fre´quence d’utilisation. Une requeˆte informatique a permis d’extraire les produits classe´s CMR. Les sce´narios d’expositions ont ensuite e´te´ caracte´rise´s, et inte´gre´s dans le logiciel de gestion du risque chimique. Re´sultats.– A` ce jour, 9 produits CMR sont re´pertorie´s sur le site industriel, et parmi eux trois de classe 1A et 1B. Ceux-ci ont fait l’objet d’une e´tude sur le terrain avec identification pre´cise du poste utilisateur/du nombre de salarie´s concerne´s/du secteur utilisateur et de l’atelier/des modes ope´ratoires et des conditions d’utilisation/de la fre´quence d’utilisation et des quantite´s utilise´es/du type de processus/des mesures de gestion du risque sante´ environnement/du stockage. Au total, 40 sce´narios d’exposition ont pu eˆtre re´pertorie´s, diffe´rant sensiblement de ce qui avait e´te´ propose´ lors de la demande de validation initiale. Le risque chimique re´siduel a pu eˆtre calcule´ lors de l’enregistrement dans le logiciel de´die´ au risque chimique. Discussion et conclusion.– L’e´tude sur le terrain du service QHSE en partenariat avec les coordinateurs HSE des deux secteurs de production a caracte´rise´ les sce´narios d’exposition des diffe´rents produits chimiques CMR manipule´s sur le site. Cette e´tude a permis la mise a` jour des modes ope´ratoires initialement renseigne´s sur les demandes de validation des produits chimiques, et a identifie´ de nouveaux sce´narios d’expositions. Ceux-ci seront mentionne´s sur les FPE des salarie´s, et pourront faire l’objet d’une information aupre`s des fournisseurs, afin d’actualiser les fiches de donne´es de se´curite´ et de se conformer a` la re´glementation REACH.
De plus, nous avons recherche´ les mesures de pre´vention pre´conise´es dans la litte´rature. Un indicateur biologique d’exposition, le platine urinaire, a e´te´ dose´ en fin de semaine fin de poste parmi trois groupes de salarie´s expose´s aux sels de platine : agents de service hospitaliers, pre´parateurs en pharmacie de l’URCC, infirmie`res d’administration au service ambulatoire. La limite de de´tection du platine urinaire e´tait de 5 ng/L. Re´sultats.– Dans l’URCC, l’e´valuation semi-quantitative a classe´ les situations comme non prioritaires. Les mesures de pre´vention e´taient conformes aux pre´conisations de la litte´rature. Sur les dosages de platine urinaire demande´s pour six pre´parateurs en pharmacie, apre`s reconstitution de cytotoxiques, cinq dosages e´taient inde´tectables et le dernier juste au-dessus de la limite de de´tection (8,5 ng/L). Dans le service ambulatoire, aux postes d’administration des cytotoxiques, une ame´lioration des pratiques de port de gants e´tait ne´cessaire. Les dosages de platine urinaire ont varie´ entre 5 et 26 ng/L pour quatre infirmie`res d’administration parmi les cinq dosages demande´s, tandis qu’un des pre´le`vements e´tait inde´tectable. Dans le service d’hospitalisation comple`te, il a e´te´ rappele´ que les excre´tas des patients be´ne´ficiant de chimiothe´rapie pouvaient contenir des re´sidus actifs pendant plusieurs jours, et que la protection cutane´e devait eˆtre renforce´e en cas de contact avec les excre´tas. Les dosages de platine urinaire des agents de service hospitaliers travaillant en oncologie e´taient inde´tectables. Enfin, l’e´viction des salarie´es enceintes et allaitantes devait eˆtre applique´e a` tous les postes expose´s, depuis la reconstitution jusqu’a` l’administration et l’e´limination des de´chets. Discussion et conclusion.– Les risques chimiques sont globalement bien maıˆtrise´s, en particulier du fait de la reconstitution centralise´e des cytotoxiques. Mais il reste des points a` ame´liorer, notamment les e´quipements de protection individuelle des infirmie`res, aides-soignantes et agents de service hospitalier, ainsi que la ge´ne´ralisation de l’e´viction des salarie´es enceintes et allaitantes a` tous les postes expose´s. Le dosage du platine urinaire a e´te´ demande´ pour certaines cate´gories de salarie´s. Bien que les niveaux soient tre`s faibles, la positivite´ des dosages chez les infirmie`res administrant les cytotoxiques refle`te une exposition professionnelle et confirme l’insuffisance de pre´vention, en l’occurrence le port non syste´matique des gants. http://dx.doi.org/10.1016/j.admp.2014.03.181
http://dx.doi.org/10.1016/j.admp.2014.03.180
E´valuation des risques chimiques dans le secteur des cytotoxiques d’un groupe hospitalier
Exposition professionnelle des de´colleteurs aux ae´rosols de fluides de coupe : monitoring et hygie`ne industrielle
C. Vianeya, M. Carvina, B. Baumanna, A. Maıˆtreb MT2I service de sante´ au travail interentreprises, 15, rue des bergeronnettes (ex rue des colibris), 38100 Grenoble, France b Laboratoire de toxicologie professionnelle et environnementale, DBTP, IBP, centre hospitalier de Grenoble, 38043 Grenoble cedex 9, France
J.-S. Barbotin, J. Venjean, F. Jorat, M. Rodriguez, F. Favre, B. Barnavol, F. Bougaud, C. Bruna, S. Baillieux-Julliard, C. Pelletier, M. Vellay, V. Cuisse, C. Berlier, B. Se´ne´chal SIST Arve Mont-Blanc (AMB), 92, alle´e-des-Marais, 74134 Bonneville, France
Introduction et objectif.– Les me´dicaments cytotoxiques utilise´s dans la chimiothe´rapie des cancers pre´sentent une toxicite´ lie´e a` leur me´canisme d’action. La plupart sont classe´s cance´roge`nes, mutage`nes ou toxiques pour la reproduction. L’objectif est d’e´valuer le risque chimique dans le secteur des cytotoxiques d’un groupe hospitalier comprenant une unite´ de reconstitution centralise´e des cytotoxiques (URCC). Mate´riel et me´thodes.– Nous avons utilise´ une me´thode d’e´valuation semi-quantitative base´e sur la hie´rarchisation des risques chimiques. Les situations ont e´te´ classe´es selon trois niveaux de priorite´ : situation prioritaire, interme´diaire ou non prioritaire.
Introduction.– La valle´e de l’Arve, situe´e en Haute-Savoie, est aussi appele´e la valle´e du de´colletage. Cette activite´ industrielle de fabrication de pie`ces en me´tal a` l’aide de tours ne´cessite l’utilisation d’huile de coupe sous forme entie`re mine´rale ou soluble. Les de´colleteurs, ope´rateurs ou re´gleurs, peuvent eˆtre expose´s aux « brouillards d’huile » selon les situations de travail. Objectif.– Des campagnes de pre´le`vements atmosphe´riques ont e´te´ mene´es afin de mieux caracte´riser l’exposition professionnelle des salarie´s aux ae´rosols de fluides d’usinage en de´terminant les niveaux d’exposition. Cette e´valuation a permis d’apporter des recommandations techniques en matie`re de ventilation industrielle.
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