Transfusion.
T . X . N ° 1. - -
1967
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Six mo#s de collectes en milieu rural
par C. ROPARTZ% P.-Y. ROU'SSEAU~ , Odette SANSON*** et J. P. LECLERC*
Le d6partement de la Seine-Maritime pr6sente nne zone industrielle tr~s importante s'6tendant sur 100 kilom~tres le long de la Seine, entre deux villes : Rouen et le Havre, ~ la lois agglom6rations urbaines, groupant 500.000 habitants et ports industriels d'une grande activit6. Mais b quelques kilom~tres au nord de la Seine l'industrie c~de ]e pas aux activit6s rurales : 300.000 habitants, r6partis dans pros de 650 communes, vivent de l'agriculture : malgr6 la forte densit6 relative de cette zone rurale, ]'habitat est tr~s dispers6. La figure 1 repr6sente ]a r6partition des communombPe de ¢ommurle~
75 7O 65 60 $5 .50
40
30
20 t5 10
~700
FIG. ]. - -
Histogramme
hombre 500
des p o p u l a t i o n s
1000
des c o m m u n e s
jusqu'h
d'hobitont6
1.000 h a b i t a n t s .
* Centre D f i p a r t e m e n t a l de T r a n s f u s i o n S a n g u i n e et de Gdn6tique H u m a i n e R o u e n Bois-Guillaume. ** Attach6 de r e c h e r c h e de I'LN.S.E.I/.M. *** C r o i x - R o u g e F r a n ~ a i s e . 7
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SOCIETE NATIONALE
nes selon le hombre d'habitants et met en 6vidence la fr6quence 61ev6e de celles dont la population est faible ; c'est que 47 % des communes ne d6passent pas un effectif de 300 habitants. Dans les zones rurales, jusqu'au d6but de 1966, les collectes de sang 6talent organis6es au chef-lieu de canton. T o u s l e s habitants, taut du chef-lieu que ceux des communes des environs, 6talent invit6s a participer h c e s collectes. L'information de la population s'effectuait h r a i d e des moyens traditionnels : affiches, avis dans la presse, tracts distribu6s par les commer~ants ou par les enfants des 6coles, envitations personnelles aux anciens donneurs. Une enqu~te ant6rieure [1], portant snr ranalyse des lieux de r6sidence des sujets participants aux journ6es du sang nous avait montr6 que la probabilit6 qu'un individu se pr6sente h une collecte de sang d6pend, entre autres, d'un facteur g6ographique : la participation est tr~s faible si les sujets doivent se d6placer vers une commune diff6rente de celle o/t ils r6sident. A une journ6e du sang, organis6e dans un chef-lieu de canton, 4 % de la population totale de la ville y participera, et seulement 1 % des habitants des autres communes du canton. I1 apparait que la distance ~ parcourir n'est pas robstacle principal mais le facteur inhibiteur r6side dans robligation de se d6placer d'une commune h rautre. La m~me enqu~te [1] nous avait d6montr6 qu'une lettre personnelle, adress6e h toute personne pouvant 6ventuellement donner son sang, sere. blair ~tre un moyen de propagande plus efficace que ceux classiquement employ6s. Ce sont les raisons pour lesquelles nous avons organis6 des collectes dans des communes rurales aux dimensions tr~s restreintes. Les r6sultats que nous rapportons concernent l'analyse de 314 communes visit6es durant une p6riode de 6 mois nous ayant permis la r6colte de 5.954 flacons de sang. 1 °) Principes des rdalisations L'envoi d'une lettre personnelle et individuelle constitua le seul moyen de propagande. Les adresses de t o u s l e s habitants d'une commune furent obtenues sur les listes 61ectorales, ces documents d6pos6s h la pr6fecture, ayant 6t6 au pr6alable microfilm,s. Ce proc6d6 ne permet pas de s'adresser aux jeunes de 18 h 21 ans, mais ceux-ci vivent le plus souvent chez leurs parents, euxm~mes invit6s. D'autre part, les lettres d'invitations ne furent adress6es qu'aux sujets dont l'age 6tait inf6rieur ~ 60 ans. La r~alisation d'une journ6e du sang dans une commune de 250 habitants ne permet d'espSrer que 10 ~ 20 donneurs, effectif trop faible pour permettre une installation traditionnelle. Le principe d'organisation repose sur les d6placements d'un car de pr$lbvement : lots d'une matin6e entre 7 heures 30 et 12 heures 30 trois communes distantes les unes des autres de quelques kilom~tres sont visit6es et rapr~s-midi le car stationne en deux autres points, entre ]6 heures 30 et 19 heures 30.
DE TRANSFUSION SANGUINE
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Ainsi, lots d'une seule journ6e, le total des flacons pr61ev6s oscille entre 100 et 120. 2 °) Rdsultats en fonction de la dimension de la commune Duns le Tableau I, sont collationn6s les pourcentages des volontaires par rapport /~ la population totale de la commune. TABLEAU I
Population des communes
% des donnenrs de sang par rapport au nombrc d'habitauts
moins de 300 300. 499 500 - 699 700 - 899 plus de 900
4,9 4 3,8 4,9 3
La participation moyenne est de 4,20 % de la population totale de la commune. Cette valeur repr~sente un gain appreciable puisque seulement 1 % de ces habitants participaient aux journ6es du sang organis6es dans le chef-lieu de canton [1]. 3 °) Rdsultats en fonction du nombre de lettres exp~diJes La figure 2 mat~rialise les rapports du nombre de donneurs en fonction d'une part du nomhre de lettres envoy~es et d'autre part, de la dimension de la commune. D'un point de collecte ~ r a u t r e existe une extreme variahilit~ : dans un cas, pour 112 lettres exp6di6ees, seulement 4 donneurs se pr6sent~rent, soft 3,6 %. En revanche, dans une autre commune ~ r e n v o i de 90 lettres r6pondirent 25 volontaires, soft 27,7 %. Cette variabilit$ est constante quelle que soft la dimension de la commune. Cependant, en faisant la moyenne de nos 314 communes visit~es, nous constatons que ce moyen de propagande peut se traduire par r6quation : 10 lettres ~ 1 donneur 4 °) L'int~r~t de ces collectes I1 r6side, outre nne augmentation en nombre absolu des flacons r6colt6s, dans le fait qu'une couche de la population, qui ne participait que fort pen au don du sang, est atteinte par cette technique. I1 en r6sulte une augmentation tr~s importante du pourcentage de nouveaux donneurs, lors de ces r~ali. sations.
100
SOCII~,TI~ N A T I O N A L E nbmbre de lbO 8 299 hobitonts
col/ectes
I-1 0
10
!I
20 30b ~ 499
0
1"0
IiI
hob. 2"0
500 ~
699 hob,
10
0
% de donneups pop ropportou hombre de lettre6
20
700 0.899 hob,
•
rk'l
0
10
r-1 20
900 et p[U~
30
0
,-l---n
10
20
4b
20
25 20
d,E
15 10
0
~
;
FIG. 2. - - Histogrammes des rapports entre le nombre de lettres et l e nombre de donneurs D a n s les chefs-]ieux de canton, off d e u x tois p a r an, d e p u i s 8 ou 10 ans, sont organis~es des j o u r n 6 e s d u sang, le n o m h r e de n o u v e a u x d o n n e u r s , e n 1966, n e rut q u e de ]2 %. E n r e v a n c h e , lors des collectees r u r a l e s , l e p o u r . centage d e n o u v e a u x d o n n e u r s est e n m o y e n n e de 62 %. La d i s t r i b u t i o n des f r ~ q u e n c e s des i n d i v i d u s offrant l e u r sang p o u r ]a p r e m i e r e lois est tr~s v a r i a b l e d ' u n e c o m m u n e ~ l ' a u t r e (fig. 3). P o u r 74 comm u n e s s u r 314, soit 24 %, ]a p a r t i c i p a t i o n de n o u v e a u x d o n n e u r s est inf~r i e u r e ~ c e | l e des sujets a y a n t offert l e u r sang a u m o i n s u n e lois, m a i s dans
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101
nombr,# de co//ec/es
"il
100 d 299 hob/,~onts
10
"}~I
nouve~aux donneur,s
70 100
40
10
50
O0
10
50
90
r ~ ~
~o~
700 d 899 hob, %_
I0
40
80 900 et plus
20
80:
50
90
cutout
5O
30 2,5 20 IS I(9 5
7= I0
50
FIG. 3. - - H i s t o g r a m m e s d e s r a p p o r t s hombre total des donneurs.
)
100 entre
le n o m b r e
des
nouveaux
donneurs
et le
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102
68 communes, soit 22 %, les nouveaux donneurs repr6sentaient plus de 80 % des participants. Ces faits traduisent l'efficacit6 certaine de ee type de collec. te : au tours de cette exp6rience, sur u n total de 5 954 flacons pr61ev6s, 3 687 nouveaux donneurs furent accueillis dans notre car de pr$lbvements.
Conclusion A premibre rue, cette exp6rience de <
BIBLIOGRAPHIE [1] ROPARTZC. et RousseAu P.-Y. - - Collectes en milieu rural. Transfusion 9, 191, 1966.