Psychologie française 52 (2007) 199–215 http://france.elsevier.com/direct/PSFR/
Article original
Structure de la description d’itinéraire The structure of route description F. Robin Laboratoire, Éducation, Cognition et Développement, EA 3259, université de Nantes, BP 81227, 44312 Nantes cedex 03, France Reçu le 9 mars 2006 ; accepté le 8 décembre 2006
Résumé La présente étude a pour objectif de mettre en évidence l’existence d’une structure de connaissance schématique qui gouverne la production et la compréhension des descriptions d’itinéraires. L’analyse des productions montre que les caractéristiques structurales des scripts s’appliquent à la connaissance que les individus ont de l’activité « décrire un itinéraire ». Les sujets s’accordent aussi bien sur la position séquentielle d’une action que sur son degré de centralité ou de distinctivité. Ainsi, ils disposent des connaissances nécessaires pour porter des jugements sur les actions susceptibles d’entrer dans la composition de la description d’itinéraire, connaissances qui sont en outre communément partagées. La présence de ces trois dimensions confirme l’hypothèse d’une structure de connaissance proche de celle qui caractérise les scripts. © 2007 Société française de psychologie. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Abstract The aim of the present study is to highlight the existence of a schematic knowledge stucture, which governs production and comprehension of route descriptions. Analyses of productions show that structural characteristics of scripts are applied to the knowledge that people have acquired about the activity “describe a route”. Subjects agree on the sequential position of an action as well as on its degree of centrality or distinctivity. Therefore, they have the knowledge required for judging actions that are supposedly
Adresse e-mail :
[email protected] (F. Robin). 0033-2984/$ - see front matter © 2007 Société française de psychologie. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. doi:10.1016/j.psfr.2006.12.002
200
F. Robin / Psychologie française 52 (2007) 199–215
part of the route description, knowledge which is, moreover, commonly shared. The evidence of these three dimensions confirms the hypothesis of a knowledge structure close to that which characterizes scripts. © 2007 Société française de psychologie. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Mots clés : Description d’itinéraire ; Schéma ; Script ; Discours procédural ; Cognition spatiale Keywords: Route description; Schema; Script; Procedural discourse; Spatial cognition
1. Introduction Depuis les années 1980, un nombre considérable de travaux se sont orientés vers l’étude des textes descriptifs. Cependant, peu d’entre eux ont examiné la question de la structure des connaissances qui gouvernent la production et la compréhension de ce type de texte. La majorité des théories conçoivent le traitement des textes comme le résultat d’opérations de sélection des propositions, ces dernières assurant l’élaboration de la macrostructure. Il s’avère que cette construction est guidée par l’activation d’un schéma mental, construit par les individus, dont la structure est plus ou moins proche de celle du texte. La question qui se pose alors est de savoir si lors du traitement d’un texte descriptif, les individus utilisent un schéma qui reflète l’organisation structurale du texte, leur permettant de guider le traitement et la compréhension de ce type de texte. En d’autres termes, le texte descriptif possède-t-il des propriétés structurales qui peuvent être décrites en termes de schéma ? Faut-il envisager la compréhension des textes descriptifs comme la construction d’une représentation propositionnelle de la base de texte, qui à un certain niveau de l’organisation en mémoire pourrait aboutir à la construction d’une macrostructure descriptive ? La psychologie cognitive et la linguistique ont essayé de répondre à ces questions. Cependant, les chercheurs des deux domaines ont jusqu’à présent développé des arguments plutôt contradictoires. En effet, les quelques recherches expérimentales disponibles en psychologie cognitive ont tendance à voir le texte descriptif comme un texte sans structure particulière (Kintsch et Young 1984 ; Mc Daniel et al., 1986). En particulier, Kintsch et Young (1984) défendent l’idée selon laquelle les lecteurs se réfèrent à des schémas différents qui peuvent alors donner lieu à des interprétations différentes. En général, aucun de ces schémas ne correspond parfaitement au texte. Les macrostructures qui sont alors construites ne sont pas contraintes par la structure du texte. Une des conséquences est que les rappels des textes descriptifs sont nettement moins bons que ceux des textes narratifs. Les rappels des textes descriptifs contiennent davantage d’informations non pertinentes que les rappels des textes narratifs. Ces auteurs en concluent que les textes descriptifs ne possèdent pas de structure suffisamment rigide, susceptible d’imposer des contraintes sur le rappel, en empêchant la sélection des informations qui ne sont pas pertinentes pour la compréhension du texte. Ainsi, les textes descriptifs ne semblent pas avoir de structure spécifique qui incite les lecteurs à analyser le texte en propositions pour construire une macrostructure cohérente. D’autres chercheurs comme Mc Daniel et al. (1986 ; Einstein et al., 1990), ont mis en évidence que la structure des textes influence les procédures de traitement mises en œuvre par les lecteurs. Ces auteurs suggèrent que les textes descriptifs, n’ayant pas de structure particulière,
F. Robin / Psychologie française 52 (2007) 199–215
201
incitent à un traitement lexical. Les résultats de leur étude indiquent que les durées de traitement des textes descriptifs augmentent de façon significative lorsqu’une tâche de traitement de l’organisation du texte est imposée aux sujets, (réorganisation évaluée par rapport à la déviation à l’organisation du texte original). Cependant, les sujets tirent un bénéfice du traitement de l’organisation du texte. Dans ce cas seulement, les rappels sont sensiblement aussi bons que ceux du texte narratif. En revanche, une tâche de traitement lexical (compléter les mots du texte) donne lieu à des rappels qui sont aussi faibles qu’en situation de contrôle. Ces résultats appuient l’hypothèse selon laquelle les textes descriptifs n’ont pas de structure spécifique permettant l’élaboration d’une macrostructure. L’absence de propriétés structurales spécifiques amène les lecteurs à mettre principalement en œuvre un traitement lexical, ce qui semble expliquer la faible rétention des textes descriptifs. La linguistique textuelle a proposé un modèle théorique d’analyse des textes descriptifs qui va dans le sens de l’existence d’une superstructure descriptive (Adam et Petitjean, 1989). L’hypothèse est que les descriptions présentent des régularités conventionnelles. La structure du texte descriptif est selon Adam composée d’un « thème » autour duquel s’organise un ensemble de propositions énumérant les propriétés du thème. Cette énumération est en partie guidée par les représentations sociales, les images du monde, supposées connues et communes au descripteur et à ses lecteurs, permettant de réduire et de sélectionner l’information pertinente. Par exemple, certains thèmes fixent un cadre qui détermine les attentes concernant la présence d’éléments prévisibles. Selon Adam, la sélection et l’organisation de ces éléments sont gouvernées par un schéma de type conventionnel comparable au script. Parallèlement à ces travaux, de nombreux auteurs ont cherché à mettre en évidence les processus impliqués dans la production de descriptions et en particulier l’existence de stratégies descriptives, supposées réguler les processus de linéarisation du discours. Ces auteurs se sont centrés sur la manière dont les individus structurent leur discours quand ils décrivent des espaces réels comme des appartements (Linde et Labov, 1975). La description de l’appartement apparaît comme la description d’un espace en réseau constitué d’embranchements donnant sur une ou plusieurs pièces. Les sujets commencent toujours leur description en prenant comme point de départ, la porte d’entrée, et ils se déplacent dans l’appartement de pièce en pièce. En fait, cette stratégie réduit le nombre de choix possibles pour commencer la description et permet d’utiliser les termes « gauche » et « droite » sans ambiguïté. En effet, l’orientation est inférée à partir de la connaissance commune qu’ont les individus de leur déplacement dans ces espaces : entrer dans une pièce signifie, en général, y entrer de face, en avant, de manière à ce que notre regard soit directement face à la pièce. En principe, les descripteurs choisissent toujours de décrire en premier une branche qui donne sur une seule pièce, plutôt qu’une branche qui donne sur plusieurs pièces. Dans le cas, où il existe plusieurs branches, les descripteurs en sélectionnent une. Puis ils la décrivent et retournent au début de cette branche en faisant un saut. Ils repartent de ce point et ils sélectionnent une autre branche jusqu’à épuisement des branches. Le parcours s’arrête dans la dernière pièce décrite. Le passage d’une pièce à l’autre n’est pas aléatoire, mais il est défini en fonction de leur proximité. En résumé, la stratégie préférentielle adoptée par les sujets pour décrire leur appartement consiste à linéariser cette configuration spatiale en faisant une sorte de parcours mental. Dans un même courant de recherche, Ullmer-Ehrich (1982) s’est intéressée à la manière dont est décrit le mobilier des différentes pièces. En général, les sujets décrivent une pièce, en parcourant du regard l’ensemble de la pièce. Toutefois, il s’avère que certains sujets parcou-
202
F. Robin / Psychologie française 52 (2007) 199–215
rent du regard la pièce, en faisant le tour comme s’ils longeaient les murs. D’autres sujets font une description en effectuant un parcours du regard à travers la pièce, en suivant des trajectoires qui segmentent la pièce en deux ou trois lignes parallèles. L’ensemble de ces travaux (Denis et Denhière, 1990 ; Ehrich et Koster, 1983 ; Levelt, 1982 ; Linde et Labov, 1975 ; Robin, 1990 ; Robin, 1992 ; Robin, 2000 ; Robin, 2002) convergent sur l’idée que les individus choisissent une stratégie de linéarisation particulière pour décrire des configurations spatiales. Ils appliquent une temporalité à la description comme s’ils décrivaient un parcours. Cette structure discursive présente l’avantage entre autres, de conserver la cohérence et la continuité temporelle du discours, mais aussi d’effectuer certains regroupements des éléments à décrire (Shanon, 1984). Ces caractéristiques se retrouvent également dans l’organisation de connaissances schématiques particulières comme les scripts. En effet, les scripts sont définis comme un ensemble structuré d’actions (Schank et Abelson, 1977), contraint par l’ordre chronologique d’apparition des différents évènements. En outre, les évènements d’un script peuvent être regroupés et forment ce que Schank et Abelson (1977) ont appelé des scènes, que l’on peut tout à fait rapprocher de ce que certains linguistes, comme Adam et Petitjean (1989), nomment des sousthèmes. Cette organisation hiérarchique se retrouve aussi et de façon plus générale, dans les études sur le traitement des textes en termes de microstructure et macrostructure, par exemple (Kintsch et Van Dijk, 1978 ; Mandler et Johnson, 1977 ; Van Dijk, 1977) ou de résolution de problèmes (Black et Bower, 1980). Abbott et al. (1985) ont proposé un modèle structural du script en intégrant les dimensions temporelle et hiérarchique. Le script serait organisé autour d’un titre, renvoyant à l’action du script comme « aller au restaurant ». Ce titre ou thème central est à son tour divisé en soustitres ou sous-actions centrales du script, comme : commander, manger, payer, etc. Ces actions centrales surordonnées, sont elles-mêmes développées par des actions sous-ordonnées, qui correspondent à ce que Galambos et Rips (1982) appellent des épisodes. Le script est considéré comme un schéma d’actions causalement connectées. En plus des dimensions de centralité et de temporalité, la distinctivité constitue une troisième dimension structurante des scripts. Cette dimension présuppose que certaines actions sont plus pertinentes, plus représentatives que d’autres pour un script donné. Schank et Abelson (1977 ; Abott et al., 1985) suggèrent qu’une partie de nos connaissances sont organisées autour d’une centaine de situations stéréotypées renvoyant à des activités particulières comme : aller au restaurant, conduire un bus, aller à la bibliothèque, faire le ménage, partir en vacances, changer une roue, faire un gâteau, etc. Cependant, l’activité qui consiste à « décrire un itinéraire » n’apparaît dans aucune des normes publiées en langue anglaise (Galambos, 1983) ou en langue française (Corson, 1990 ; Jagot, 1996). Or, la structure des scripts et des descriptions d’itinéraires semble présenter de nombreuses similitudes. Notamment, du point de vue des linguistes comme Adam et Petitjean (1989), la description d’itinéraire est considérée comme un type particulier de texte descriptif, qualifié de description du type « faire-faire » qui renvoie à des descriptions d’actions. Ces actions sont exprimées par des instructions par exemple, « changer une roue » ou « faire un gâteau ». Selon Adam et al. (1989), la description d’itinéraire serait une description d’une série d’actions, en présence ou en l’absence d’un interlocuteur, décrivant les actions d’un acteur sur l’objet à décrire (l’itinéraire). La description d’itinéraire est une séquence d’actions qui comporte une progression temporelle. Cette caractéristique est présente dans les scripts qui sont généralement définis comme
F. Robin / Psychologie française 52 (2007) 199–215
203
des séquences d’événements stéréotypés, soit une série d’actions conventionnelles, dont l’ordre est fixé, et dont les entités sont stockées en bloc dans notre mémoire. Chaque macroproposition (ou action centrale) peut à son tour être développée par des micropropositions, dont l’expansion est en principe infinie. Toutefois, l’ordre des actions est primordial, la finalité de l’action ou de la description d’itinéraire comme de tout discours (oral ou écrit) dépend du maintien et du suivi de la chronologie (Denis et Denhière, 1990 ; Ehrich et Johnson-Laird, 1982). La question de la structure des descriptions d’itinéraires a été principalement examinée par Denis (1997). Cet auteur a mis en évidence l’existence d’une séquence d’instructions — qu’il qualifie de « routines » — dans les descriptions d’itinéraires d’environnements familiers. Ces routines sont les suivantes : 1) placer virtuellement l’interlocuteur au point de départ c’est-à-dire localiser spatialement le point de départ et la position de l’interlocuteur par rapport à ce point de départ ; 2) orienter l’interlocuteur dans la direction à prendre : « vous allez vous diriger vers la droite, si vous regardez le repère x » ; 3) déclencher une action : une action de progression (vous avancez) ou une action de changement de direction (vous tournez à droite) ; 4) annonce d’un repère lié à l’action qui marque la fin de la progression ou qui est associé au changement de direction ; 5) orientation de l’interlocuteur par rapport à ce repère ; 6) réitération des points (2–3–4) jusqu’au repère but. En résumé, ces travaux (Adam et Petitjean, 1989 ; Denis, 1997) s’accordent sur l’existence de caractéristiques temporelle et hiérarchique inhérentes à la description d’itinéraire. Elle est constituée de séquences d’instructions (Denis, 1997) dont l’organisation peut se décrire ainsi : le thème (le but principal) se décompose en une série d’actions principales (par exemple : « conduire x en un lieu y ») qui constituent les sous-thèmes de la description. Ces sousthèmes étant à leur tour développés par des actions secondaires ou épisodes (par exemple : « Pour atteindre y, tourner au deuxième feu à droite »). La structure des descriptions d’itinéraire présente au moins deux caractéristiques communes avec l’organisation structurale des scripts : la présence d’actions centrales et la séquentialité. La question qui se pose alors est de savoir si l’activité qui consiste à décrire un itinéraire est assimilable à une connaissance de type script. Dans ce cas, les dimensions structurantes des scripts : la centralité, la distinctivité et la séquentialité doivent être identifiées comme des caractéristiques structurales de l’activité « décrire un itinéraire ». L’objectif de la présente étude a donc été de relever le caractère central, distinctif et séquentiel des actions constitutives de la description d’itinéraire. La mise en évidence de ces propriétés serait favorable à l’hypothèse d’une structure de connaissance schématique de la description d’itinéraire. Ce schéma serait à l’origine de la production des régularités discursives de type parcours qui ont été identifiées dans les descriptions de configurations spatiales. Les techniques classiques d’obtention des normes dans le cadre des travaux sur les scripts ont été adaptées à la présente étude (Bower et al., 1979 ; Corson, 1990 ; Galambos, 1983 ; Galambos et Rips, 1982 ; Jagot, 1996). La démarche expérimentale comportait deux étapes. Dans une première étape la tâche des sujets consistait à produire pour trois activités différen-
204
F. Robin / Psychologie française 52 (2007) 199–215
tes, la liste des actions qui décrivent leur déroulement habituel. Dans la seconde étape, des sujets devaient évaluer la centralité, la distinctivité et la séquentialité des actions retenues pour chaque activité. Selon Galambos (1983), une action est centrale si elle est indispensable et nécessaire au déroulement de l’activité. Une action est distinctive d’une activité si elle se produit uniquement dans le cadre de cette activité. La séquentialité renvoie à l’ordre canonique du script. La présence de ces trois dimensions permet-elle d’attribuer le statut de stéréotype à l’activité « décrire un itinéraire » et par conséquent de la qualifier de script ? 2. Recueil des productions d’actions Dans une première expérience, un premier groupe de sujets produisait la liste des actions qui composent les activités suivantes : « aller au restaurant », « faire les courses », « décrire un itinéraire ». Un second groupe de sujets effectuait la même tâche uniquement pour l’activité « décrire un itinéraire ». Le premier groupe permettait de comparer les résultats de la présente étude aux normes antérieures pour les scripts « aller au restaurant » et « faire les courses », puisque ces activités typiques ont déjà fait l’objet de nombreuses investigations (Bower et al., 1979 ; Corson, 1990 ; Galambos et Rips, 1982 ; Jagot, 1996). Le second groupe était destiné à mesurer la stabilité des productions et des jugements recueillis pour l’activité « décrire un itinéraire » puisqu’il n’existe pas d’étude antérieure. En effet, la question était de savoir si les sujets sont capables de produire une liste d’actions relatives à l’activité « décrire un itinéraire » sans passer par la description d’un itinéraire en particulier. En d’autres termes, disposent-ils d’une connaissance générale relative à ce type d’activité ? 2.1. Méthode Chaque sujet recevait un livret composé de trois pages pour le premier groupe et d’une page pour le second groupe. Sur chaque page figurait, en tête, le titre d’une activité. La consigne utilisée était conforme à celle issue des travaux de Bower et al. (1979), Corson (1990) et Jagot (1996). Elle était présentée par écrit et lue oralement par l’expérimentateur au moment de la passation, qui était collective. La consigne demandait d’établir par écrit la liste des différentes actions relatives aux activités : « aller au restaurant » ; « faire les courses » ; « décrire un itinéraire ». Un exemple était proposé. Le délai de production n’était pas limité, mais il durait au maximum 30 minutes pour le premier groupe et dix minutes pour le second groupe, soit environ dix minutes par activité. Consigne : « lorsqu’on demande aux individus d’établir la liste des différentes actions relatives à l’activité "faire du café", en général, ils répondent qu’il faut d’abord : prendre un filtre, doser le café, mettre le café dans le filtre, verser de l’eau dans la cafetière, allumer la cafetière, etc. De la même façon, pour les trois activités suivantes : "aller au restaurant", "faire les courses", "décrire un itinéraire", nous vous demandons pour chacune de ces activités, d’établir la liste des différentes actions ou événements qui les composent. On s’intéresse à ce que font généralement les gens lors de ces activités. Écrivez la liste des différentes actions dans l’ordre où celles-ci vous viennent à l’esprit. Une fois la liste achevée, vous pouvez, si cela vous paraît nécessaire, mettre les actions dans l’ordre dans lequel elles devraient se dérouler. »
F. Robin / Psychologie française 52 (2007) 199–215
205
2.2. Sujets Les sujets (adultes) qui ont participé à cette première phase expérimentale étaient : pour le premier groupe, composé de 64 sujets ; pour le second groupe, de 70 sujets, tous étudiants de l’UFR de psychologie, université de Nantes. Les sujets ne présentaient pas de connaissance particulière concernant la production ou la structure d’activités stéréotypées, comme « aller au restaurant » et « faire les courses ». Pour le second groupe, seulement 51 productions ont été retenues, 18 sujets ayant décrit des itinéraires particuliers et un sujet n’ayant pas répondu à la consigne. 3. Analyse des productions Le traitement des productions consistait à relever systématiquement chaque action mentionnée par les sujets. Ainsi, pour l’activité « aller au restaurant » une liste de 189 actions différentes a été recueillie (les différences lexicales étaient prises en compte, même si le contenu sémantique était semblable. Par exemple, « s’habiller mieux » et « s’habiller correctement » sont considérés comme des énoncés lexicalement différents). Pour l’activité « faire les courses » 271 actions différentes ont été relevées ; pour l’activité « décrire un itinéraire », 208 actions différentes pour le premier groupe et 364 actions différentes pour le second groupe ont été retenues. Les productions semblent homogènes quant au nombre d’actions mentionnées par les sujets pour les trois activités. Ce constat permet de souligner que l’activité « décrire un itinéraire » ne se place pas en marge des deux autres activités. En comparaison aux normes établies pour les deux scripts « aller au restaurant » et « faire les courses », le nombre d’actions produit est nettement inférieur. La conséquence est que le nombre d’actions retenues pour la seconde phase expérimentale sera légèrement inférieur à celui disponible dans les normes françaises (Corson, 1990 ; Jagot, 1996). La production de la liste des actions relatives à l’activité « décrire un itinéraire » ne pose pas de difficultés particulières, puisque le nombre d’actions produit est relativement proche de celui disponible dans la littérature pour d’autres scripts. 3.1. Sélection des actions pour chaque activité À partir des listes recueillies dans la phase précédente, des juges (sept pour le premier groupe et cinq pour le second groupe, des étudiants de l’UFR de psychologie) devaient sélectionner, pour chacune des activités, une vingtaine d’actions correspondant à celles qui étaient le plus fréquemment mentionnées, c’est-à-dire produites par au moins 15 % des sujets. Le choix de ce critère s’appuie sur la procédure utilisée par Corson (1990) qui permet d’obtenir une liste d’une vingtaine d’actions pour chacun des scripts examinés (20 à 25 actions pour Corson, 1990, par exemple). Le choix des actions correspond à une fréquence minimale de production soit 15 % pour Corson, deux au moins des sujets du groupe de production pour Bower et al. (1979). Cette procédure permet de sélectionner un groupe d’actions qui constitue le noyau du script. Ces actions décrivent les sous-buts principaux de l’activité et correspondent en général à une fréquence de mention élevée. Les analyses effectuées de façon indépendante par les juges ont été mises en commun afin d’arrêter la liste des actions constitutives de chaque activité. Une action était retenue
206
F. Robin / Psychologie française 52 (2007) 199–215
lorsqu’elle était relevée par plus de la moitié des juges, soit quatre sur sept juges pour le premier groupe (57 %) et trois sur cinq des juges pour le second groupe (60 %). À ce niveau d’analyse, il a fallu regrouper certaines des actions sélectionnées par les juges qui présentaient des structures de surface différentes et des contenus sémantiques identiques. Cette technique a permis de réduire la longueur des productions à 18 actions pour l’activité « aller au restaurant » ; 20 actions pour l’activité « faire les courses » ; 14 actions (groupe 1) et 23 actions (groupe 2) pour l’activité « décrire un itinéraire. ». Ces actions sont présentées dans le Tableau 1. Les résultats de la procédure de production s’accordent étroitement aux données antérieures pour les activités contrôles : « aller au restaurant » et « faire les courses ». Les sujets fournissent des listes d’importance et de contenu comparable à celles figurant dans les corpus disponibles (25, 20 et 23 actions pour l’activité « aller au restaurant » ; 23, 20 et 25 actions pour l’activité « faire les courses », respectivement dans les normes de Bower et al. (1979) ; Corson, (1990) et Jagot, (1996). 4. Analyse structurale des productions Cette seconde phase expérimentale avait pour objectif d’identifier les caractéristiques structurantes des scripts : la centralité, la distinctivité et la séquentialité. La question était de savoir si la structure de l’activité « décrire un itinéraire » repose sur ces trois dimensions. Les connaissances structurales ont été évaluées à partir d’épreuves de jugements. 4.1. Méthode Les sujets recevaient un livret de quatre pages. Sur la première page figurait la consigne relative à la dimension examinée. Sur les trois autres pages, figurait en tête, le titre de l’activité, en lettres capitales, suivi de la liste des actions constitutives. L’ordre de présentation des actions, résultant d’un choix aléatoire, était différent pour chaque dimension étudiée. L’ordre de succession des activités était contrebalancé d’un sujet à l’autre. En face de chaque action figurait une échelle d’évaluation de chaque composante structurale. La passation était collective. Pour chaque dimension, les consignes étaient similaires à celles disponibles dans la littérature (Corson 1990 ; Galambos 1983 ; Galambos et Rips, 1982 ; Jagot, 1996). Cette « conformité » méthodologique devait permettre de confronter les données recueillies à celles antérieures. 4.1.1. Centralité Les sujets devaient évaluer sur une échelle en 10 points, la nécessité, l’importance, la centralité de chaque action pour la réalisation de l’activité désignée par le titre. Les sujets devaient entourer le chiffre correspondant à leur jugement, sachant que 1 correspond à une action très peu centrale et 10 à une action très centrale. Les sujets étaient invités à utiliser toute l’étendue de l’échelle et ne devaient donner qu’une seule réponse par action. Un exemple leur était donné après la présentation de la consigne.
F. Robin / Psychologie française 52 (2007) 199–215
207
4.1.2. Distinctivité Les sujets devaient évaluer sur une échelle en 10 points, la spécificité, la distinctivité, de chaque action pour la réalisation de l’activité désignée par le titre. La consigne insiste sur le fait qu’une action est très spécifique, très distinctive d’une certaine activité que si elle se produit dans le cadre de cette activité. Les sujets devaient entourer le chiffre correspondant à leur jugement, sachant que 1 correspond à une action très peu distinctive et 10 à une action très distinctive. Les sujets étaient invités à utiliser toute l’étendue de l’échelle et ne devaient donner qu’une seule réponse par action. Un exemple leur était donné après la présentation de la consigne. 4.1.3. Séquentialité Les sujets devaient reconstituer l’ordre canonique des actions. Pour cette tâche, la graduation de l’échelle correspondait au nombre d’actions retenues pour chaque activité, soit : 18 points pour l’activité « aller au restaurant » ; 20 points pour « faire les courses » ; 14 et 23 points pour « décrire un itinéraire », respectivement pour le premier et le second groupe. Les sujets étaient invités à utiliser toute l’étendue de l’échelle et ne devaient donner qu’une seule réponse par action. Un exemple leur était donné après la présentation de la consigne. 4.2. Sujets Au total, 243 sujets (adultes) ont participé à cette seconde phase expérimentale, des étudiants de l’UFR de psychologie de Nantes. Trois groupes indépendants de 45 sujets chacun ont estimé la centralité, la distinctivité et la séquentialité des actions constitutives des activités : « aller au restaurant », « faire les courses », « décrire un itinéraire » (groupe 1). Trois groupes de 40 sujets chacun ont effectué ces évaluations pour l’activité « décrire un itinéraire » (groupe 2). 5. Résultats Un certain nombre de protocoles ont été écartés de l’analyse notamment lorsque les sujets avaient ignoré une partie de l’échelle, entourés plus d’un chiffre pour une même action, ou oublié de répondre au moins à deux actions. Ces phénomènes sont peu nombreux : un sur 45 sujets a été écarté des jugements concernant la centralité pour l’activité « aller au restaurant » ; deux sur 36 pour l’activité « décrire un itinéraire » (groupe 2) ; trois sur 36 pour l’activité « décrire un itinéraire » (groupe 2) pour la dimension « distinctivité » ; au total 16 sur 135 pour la séquentialité, soit six sur 45 pour l’activité « faire les courses » ; cinq sur 45 « aller au restaurant » ; cinq sur 45 et un sur 36, respectivement pour les groupes 1 et 2 « décrire un itinéraire ». Comme dans les études antérieures, notamment celles de Jagot (1996) la présence de ce phénomène est plus importante pour la dimension « séquentialité », sans qu’on ait pour autant une explication. Sur la base des jugements ainsi retenus, nous avons calculé pour chacune des actions de chaque activité, la moyenne et l’écart-type correspondant aux trois dimensions. Ces résultats figurent dans le Tableau 1. Dans un premier temps, le degré de concordance des jugements effectués par les sujets a été calculé sur les différentes actions et pour les différentes dimensions examinées.
208
F. Robin / Psychologie française 52 (2007) 199–215
Tableau 1 Liste des actions sélectionnées pour les trois activités étudiées. Moyennes (en gras) et écart-types (en italique) issus des épreuves de jugements de centralité (C), distinctivité (D), et séquentialité (S) Aller au restaurant
Nombre
15
Pourcentage (%) 47 17 78 20 16 25 75 16 65 41 23 84 16 87 58 95 17 86 Pourcentage (%) 50 48 22 87 41 55 41 22 80 17 37 30 17 94 41 59 34 39 20 23 Pourcentage (%) 23
Choisir le restaurant Aller au restaurant Entrer dans le restaurant Demander une table Attendre d'être placé à une table Enlever son manteau S'asseoir Demander la carte Lire le menu Choisir son menu Discuter Commander Attendre les plats Manger Demander l'addition Payer l'addition Remettre son manteau Sortir Faire les courses
30 11 50 13 10 16 48 10 42 26 15 54 10 56 37 61 11 55 Nombre
Faire une liste Aller au magasin Se garer sur le parking Prendre un chariot Entrer dans le magasin Parcourir les rayons Prendre ce dont on a besoin Choisir les articles Aller à la caisse Faire la queue Déposer les produits sur le tapis roulant Mettre les courses dans les sacs Remettre les produits dans le chariot Payer Sortir Mettre les courses dans la voiture Remettre le chariot Partir Rentrer chez soi Ranger les courses Décrire un itinéraire (groupe 1) Demander à la personne où elle veut aller Situer le point de départ Situer mentalement le point d'arrivée Visualiser le trajet Expliquer le trajet Donner les directions
32 31 14 56 26 35 26 14 51 11 24 19 11 60 26 38 22 25 13 15 Nombre
17 21 12 11 28
26 33 19 17 44
C
D
S
6,93 9,44 7,63 6,54 4,90 4,04 6,00 6,11 8,47 8,97 9,02 6,75 5,52 9,50 7,79 8,56 3,61 3,61
2,43 1,50 2,92 2,75 2,59 2,13 2,78 2,43 1,73 1,48 1,45 2,77 3,13 1,43 2,39 2,42 2,43 2,43 C
8,98 9,82 8,93 7,87 8,40 1,49 1,89 7,87 8,62 9,07 6,93 7,53 1,67 4,11 8,00 3,24 1,60 1,69
1,56 0,69 2,26 2,02 1,37 0,84 1,72 2,03 1,54 0,94 2,05 1,85 1,13 2,53 2,24 2,36 0,91 1,40 D
1,4 3,00 4,21 5,35 6,35 7,85 6,51 7,68 8,50 9,18 10,25 11,63 10,70 12,49 15,21 16,25 16,25 16,25
0,96 1,24 1,38 2,02 1,98 4,12 2,32 2,45 2,86 2,86 2,88 2,33 3,65 2,08 1,30 1,03 2,46 3,99 S
5,07 8,62 3,18 5,27 6,07 7,44 8,27 9,38 9,07 5,13 7,86 6,53 5,2 8,51 5,64 6,33 6,07 4,36 3,6 7,09
2,42 2,32 2,55 2,36 3,01 2,06 2,02 1,28 1,56 2,29 2,21 2,47 2,58 2,17 2,96 3,04 3,07 3,24 2,77 2,12 C
5,22 6,86 2,29 9,09 7,22 7,68 7,13 7,8 7,87 3,49 9,73 8,13 9,07 4,22 6,02 9,18 8,96 1,13 1,27 8,96
2,34 2,32 1,6 1,16 2,1 1,68 1,59 1,65 2,11 1,63 0,58 1,6 1,48 2,43 2,32 1,42 1,35 0,34 0,54 1,19 D
1 2,62 3,63 4,59 4,1 6,82 7,15 7,85 13,23 12,56 13,13 14,31 14,46 14,92 16,41 16,95 17,51 8,28 18,56 19,37
0 1,23 2,71 1,55 1,73 2,34 2,29 2,13 2,49 2,17 2,2 2,68 2,35 1,55 1,43 1,17 1,34 7,73 0,84 1,7 S
8,67
2,3
7,84
2,35
1,39
1,02
6,96 6,69 7,33 9,04 7,4
2,96 3,1 2,37 1,76 2,69
6,78 6,8 8,11 9,22 7,69
2,57 2,16 1,82 1,04 2,29
3,47 3,79 4,52 6 5,22
2,3 2,81 3,61 2,38 2,51 (suite)
F. Robin / Psychologie française 52 (2007) 199–215
209
Tableau 1 (suite) Aller au restaurant
Nombre
Indiquer gauche/droite 20 Indications de distance 10 Donner des noms de rues 11 Faire des gestes 12 S'appuyer sur une carte ou plan 15 Donner des repères 30 Demander s'il a compris 14 Saluer 10 Décrire un itinéraire Nombre (groupe 2) Chercher l'itinéraire le plus court 9 Chercher l'itinéraire le plus simple 14 Décrire l'itinéraire 9 Décrire les différentes étapes 12 Demander à la personne où elle veut se 12 rendre Demander à la personne quel est son 8 moyen de locomotion Demander à la personne si elle a 21 compris Dessiner un plan 11 Dire au revoir 17 Donner des repères 25 Estimer la durée 8 Évaluer la distance 11 Faire des gestes 27 Indiquer les changements de direction 8 Indiquer les directions 48 Localiser le point de départ 15 Montrer le chemin sur la carte 11 Nommer les repères 21 Nommer les rues 8 Prendre une carte 12 Répéter l'explication 17 Visualiser l'itinéraire 22 Visualiser le point d'arrivée 18 (Nbre) indique le nombre de sujets ayant produit sujets (n = 64).
Pourcentage (%) 31 16 17 19 23 47 22 16 Pourcentage (%) 18 27 18 23 23
C 6,53 7,93 8,8 6,58 4,49 6,67 6,93 3,18
2,13 1,95 1,96 2,26 2,47 2,22 2,6 2,57 C
8,49 6,16 7,11 7,73 2,51 6,96 2,91 1,38
1,63 2,49 2,34 1,98 1,78 1,58 2,13 0,89 D
7,32 7,08 7,25 7,24 7,95 7,87 11,37 5,89
2,37 2,76 2,63 2,52 2,46 2,91 2,11 6,09 S
5,79 7,38 9,91 7,38 8,59
2,65 2,22 0,38 2,15 2,45
7,97 8,24 9,55 6,03 7,12
1,49 1,75 1,39 2,98 2,56
5,09 5,59 9,43 9,26 1,14
2,28 2,52 3,43 4,55 0,55
16
4,68
3,22
4,42
2,31
3,89
2,83
41
6,88
2,23
4
2,73
19,31
4,65
21 6,47 33 2,41 49 8,12 16 6,38 22 6,79 53 6,71 16 7,29 94 9,56 29 6,68 22 8,03 41 6,62 16 6,29 23 8,29 33 6,32 43 7,68 35 8,21 l’action retenue ; (%)
D
S
2,89 7,15 2,75 13,06 5,05 1,69 1,48 1,33 22,34 2,71 1,72 7,27 1,89 10,63 4,65 1,67 4,79 2,53 14,4 5,81 1,8 6,97 1,78 12,91 5,54 2,59 5,09 3,37 13,76 3,78 2,5 8,33 1,63 12 4,39 0,7 9,33 1,55 12,29 4,13 2,92 6 2,81 4 3,16 2,28 9,36 0,82 12,49 4,39 2,35 7,24 1,82 14,11 4,46 2,52 7,64 1,78 13,29 4,12 1,88 7,48 1,46 8,76 5,91 2,25 4,42 3,02 18,4 4,65 2,37 8,33 1,63 5,11 2,25 2,16 7,09 2,05 6,4 5,35 le pourcentage calculé pour l’ensemble des
5.1. Concordance des jugements S’il existe une organisation des actions en fonction de leur centralité, distinctivité et séquentialité, on doit s’attendre à ce que les évaluations des sujets coïncident. L’objectif est donc de déterminer la convergence des estimations. L’activité « décrire un itinéraire » pourra se voir qualifier de script seulement si les évaluations sur les trois dimensions examinées concordent. La qualité du consensus intersujets a été estimée en mesurant le coefficient de concordance (W) de Kendall classiquement utilisé dans l’établissement de normes dans les études de Galambos et Rips (1982), Galambos (1983) et Jagot (1996). Ce calcul a été effectué pour chaque activité et chaque dimension structurante.
210
F. Robin / Psychologie française 52 (2007) 199–215
Le test de significativité du coefficient de concordance (W) de Kendall est obtenu par l’intermédiaire du calcul d’un chi2 (Siegel, 1956). Ce type de calcul prend en compte le nombre de juges et le nombre d’actions à évaluer pour chaque activité et il inclut une pondération vis-à-vis des ex aequo (Jagot, 1996). Ce test statistique permet de déterminer l’existence d’une différence entre les actions au niveau de la dimension examinée selon les juges, et permet en outre d’attester de la concordance des évaluations faites par ces mêmes juges. Les résultats sont rapportés dans le Tableau 2. Dans tous les cas, sans exception, la valeur du coefficient de concordance est significative (p<0,0001). Il existe donc un accord intersujets particulièrement élevé, quelles que soient l’activité et la dimension considérées. Les accords concernant les activités « aller au restaurant » et « faire les courses » sont très proches de ceux recueillis dans la littérature, notamment ceux retenus par Jagot (1996). Il semble alors que non seulement les sujets disposent des informations nécessaires pour porter les jugements requis, mais encore que cette connaissance est largement partagée quelle que soit l’activité étudiée. La présentation dans le Tableau 2 de la distribution des valeurs du W de Kendall (étendue et médiane) obtenue par Galambos (1983) et Jagot (1996) sur un corpus de 29 activités, dont huit scripts « faibles », permet de comparer et de situer les valeurs recueillies pour l’activité « décrire un itinéraire ». En ce qui concerne la centralité des actions, il apparaît que les valeurs du W de Kendall obtenues pour cette activité ne sont pas marginales et correspondent aux valeurs médianes issues des études normatives (Galambos, 1983 ; Jagot, 1996). Pour la distinctivité, les valeurs du W de Kendall ne sont pas très élevées, mais elles sont proches des coefficients recueillis pour des scripts comme : « faire un gâteau » (0,587) ; « faire un pique-nique » (0,395) ; « faire le ménage » (0,503) ; « faire un déménagement » (0,425), « faire la vaisselle » (0,587). Ces valeurs indiquent que l’activité « décrire un itinéraire », comme celles mentionnées ci-dessus, renvoient à des connaissances qui ne relèvent pas d’un haut niveau de spécificité. En ce qui concerne les jugements de séquentialité, une différence notable apparaît entre les deux groupes « décrire un itinéraire ». Cependant, au regard de l’étendue des valeurs du W de Kendall, cette activité s’inscrit parmi celles dont l’ordre de déroulement des actions n’est pas strictement déterminé, comme : « faire le ménage » (0,326); « faire son jardin » (0,621); Tableau 2 Le degré d’accord intersujets estimé par le coefficient de concordance (W) de Kendall, pour chaque activité et chaque caractéristique Titre de l'activité Centralité Distinctivité Séquentialité Aller au restaurant (0,415) 0,499 (0,842) 0,786 (0,838) 0,840 Faire les courses (0,347) 0,425 (0,673) 0,700 (0,849) 0,859 Décrire un itinéraire (1) 0,351 0,563 0,466 Décrire un itinéraire (2) 0,360 0,468 0,660 Jagot (1996) 29 activités Étendue 0,196–0,539 0,395–0,842 0,326–0,928 Médiane 0,359 0,641 0,802 Jagot (1996) 8 « scripts faibles » Étendue 0,196–0,500 0,395–0,721 0,326–0,928 Médiane 0,323 0,587 0,682 Galambos (1983) Étendue 0,190–0,593 0,210–0,640 0,613–0,985 Médiane 0,353 0,370 0,887 Entre parenthèses figurent les coefficients obtenus par Jagot (1996) : pour les activités « aller au restaurant » et « faire les courses » ; la distribution du (W) Kendall (étendue et médiane) pour 29 activités et pour huit activités qualifiées de scripts « faibles » étudiées par Jagot (1996) ; les distributions obtenues par Galambos (1983).
F. Robin / Psychologie française 52 (2007) 199–215
211
« aller à la bibliothèque » (0,542), etc. (Jagot, 1996). Cette différence est expliquée dans la littérature, par le fait que certains scripts ont une organisation temporelle plus déterminée que d’autres (Bower et al. 1979) qui est souvent décrite par l’opposition entre scripts forts et scripts faibles (Abelson, 1981). Le Tableau 3 présente la moyenne et l’écart-type calculé pour l’ensemble des actions relatives à chaque activité. L’étude des moyennes et écart-types laisse apparaître une homogénéité des évaluations et les amplitudes restent stables d’une activité à l’autre et d’une dimension à l’autre, de la centralité à la distinctivité bien que le coefficient de concordance (W) de Kendall relevé pour la distinctivité soit plus faible pour l’activité « décrire un itinéraire ». Ces comparaisons ne sont pas pertinentes pour la séquentialité puisque les échelles utilisées entre les diverses approches normatives sont différentes. Dans la présente étude, l’étendue des échelles d’évaluation de la séquentialité varie en fonction du nombre d’actions retenues pour chaque activité. Les scripts « aller au restaurant » et « faire les courses » examinés dans cette étude partagent un certain nombre d’actions avec les normes françaises antérieures (Corson, 1990 ; Jagot, 1996). Les procédures de recueil sont identiques ainsi que l’étendue des échelles d’évaluations, ce qui a permis d’effectuer des comparaisons sur ces actions communes. Une corrélation par rangs de Spearman (procédure choisie en raison du faible nombre d’actions en jeu) a été calculée. Les coefficients présentés dans le Tableau 4 montrent une forte stabilité des évaluations, le test est significatif. Dans l’ensemble, pour les scripts « aller au restaurant » et « faire les courses » les coefficients de corrélation par rang de Spearman atteste de la concordance des évaluations de l’ensemble des dimensions examinées avec les valeurs obtenues par Corson (1990) et Jagot (1996). Le même type de comparaison a été effectué entre les groupes 1 et 2 pour l’activité « décrire un itinéraire », dont les deux corpus présentent 14 actions communes. Les coefficients de corrélation par rang de Spearman sont tous significatifs (p<0,01), (centralité r = 0,53, distinctivité r = 0,87, séquence r = 0,84, fréquence = 0,64). Ces valeurs confirment l’analyse du coefficient de Kendall et permettent de conclure à un accord significatif entre les deux populations expérimentales. Tableau 3 Comparaison des moyennes (M en gras), des écart-types (ET entre parenthèses) et de leur étendue pour chaque dimension et chaque activité Restaurant Étendue M Étendue ET
Centralité 6,13 (1,83) 9,08–2,92 (3,37–1,75)
Distinctivité 5,03 (3,30) 9,70–1,41 (2,68–0,63)
Séquence 9,54 (5,98) 19,56–1,74 (7,87–0,66)
Courses Étendue M Étendue ET
5,91 (1,59) 8,79–4,07 (3,54–1,83)
6,03 (2,98) 9,34–1,40 (3,11–0,85)
10,69 (5,93) 19,52–1,43 (6,98–0,77)
Itinéraire (1) Étendue M Étendue ET
6,93 (2,38) 9,04–3,17 (3,09–1,75)
6,40 (2,39) 9,22–1,37 (2,56–0,88)
6,16 (2,43) 11,36–1,38 (6,09–1,02)
Itinéraire (2) Étendue M Étendue ET
7,06 (2,15) 9,91–2,41 (3,21–0,37)
6,75 (2,06) 9,54–1,48 (3,36–0,82)
10,76 (3,96) 22,34–1,14 (5,91–0,55)
212
F. Robin / Psychologie française 52 (2007) 199–215
Tableau 4 Corrélation par rangs de Spearman entre les études normatives de Corson (1990), Jagot (1996) et la présente étude (Robin) Corson/Robin Jagot/Robin Corson/Jagot Restaurant Centralité (12) 0,85 (15) 0,69 (10) 0,87 Distinctivité (12) 0,37 ns (15) 0,73 (10) 0,12 ns Séquentialité (12) 0,97 (15) 0,98 (10) 0,96 Fréquence (12) 0,80 (15) 0,73 (10) 0,75 Faire les courses Centralité (12) 0,76 (17) 0,79 (12) 0,87 Distinctivité (12) 0,85 (17) 0,66 (12) 0,20 ns Séquentialité (12) 0,98 (17) 0,98 (12) 0,99 Fréquence (12) 0,69 (17) 0,36 ns (12) 0,39 ns Le nombre d’actions communes entre ces différentes études figure entre parenthèses ; ns : corrélation non significative.
Dans l’ensemble, les résultats confirment la présence d’un accord intersujets élevé, pour chacune des activités examinées et pour les trois dimensions étudiées. Pour les scripts « aller au restaurant » et « faire les courses » les résultats sont semblables à ceux obtenus par les auteurs ayant entrepris une approche normative (Bower et al. 1979 ; Corson, 1990 ; Galambos, 1983 ; Jagot, 1996). En outre, pour la nouvelle activité examinée « décrire un itinéraire » la stabilité des jugements rend compte d’une structure schématique. 5.2. Corrélations entre dimensions Après l’étude de la concordance des jugements, nous avons examiné de plus près les caractéristiques structurales du script. Le calcul de corrélation Bravais Pearson a permis de tester l’indépendance de ces trois dimensions ainsi que la fréquence de production. L’étude a été menée, pour chaque activité en utilisant les jugements moyens recueillis pour chaque activité, sur chaque dimension. Les résultats figurent dans le Tableau 5. L’absence de corrélation entre la séquence et les autres caractéristiques réplique et étend les résultats des études antérieures, exceptées pour les activités « aller au restaurant » et « décrire un itinéraire » (groupe 2) dont les coefficients entre séquence et distinctivité sont significatifs, mais faibles. Ce résultat a également été relevé par Jagot (1996) pour des scripts comme « faire un courrier » (0,85) ou « aller chez le dentiste » (0,47), mais il reste marginal. Néanmoins, ces valeurs confirment l’indépendance des dimensions séquence et centralité qui sont définies comme deux modes distincts d’organisation des connaissances, dont celles qui caractérisent l’activité « décrire un itinéraire ». Tableau 5 Coefficients de corrélation Bravais Pearson entre les quatre dimensions pour chaque activité Aller au restaurant Faire les courses Décrire un itinéraire (1) Décrire un itinéraire (2) F : fréquence de mention lors de la tâche ** p<0,01.
FC FD FS CD 0,24 0,15 0,34 0,57* 0,36 0,17 0,16 0,54* 0,04 0,24 0,0 0,79** 0,31 0,29 0,39 0,78** de production ; C : centralité ; D : distinctivité, S :
CS DS 0,17 0,55* 0,01 0,14 0,21 0,46 0,39 0,47* séquentialité ; * p<0,05 ;
F. Robin / Psychologie française 52 (2007) 199–215
213
En ce qui concerne la relation entre la fréquence de production et la centralité la corrélation entre ces deux dimensions n’est pas significative. Ces résultats sont confirmés par ceux de Galambos (1983) et ils montrent que la fréquence de production ne constitue pas un indicateur de la centralité d’une action. En revanche, l’indépendance entre centralité et distinctivité n’est pas vérifiée puisque pour l’ensemble des activités étudiées la corrélation est la plus élevée. Elle se vérifie pour les trois activités étudiées et dans la majorité des scripts examinés par Jagot (1996). Ce résultat n’empêche pas de trouver pour chaque activité des actions très centrales et peu distinctives et inversement. Toutefois, les coefficients les plus élevés concernent la description d’itinéraire. Ils suggèrent que les actions jugées comme centrales sont également jugées comme spécifiques à cette activité. Il s’avère que la description d’itinéraire comme la majorité des scripts « faibles » ne présentent pas une organisation dimensionnelle stricte (Jagot, 2002). 6. Discussion De nombreux faits en psychologie cognitive et en linguistique soutiennent l’existence de régularités discursives privilégiées dans la description de configurations spatiales. Ce constat soulève inévitablement l’hypothèse d’une structure schématique en mémoire, guidant la mise en place de ce type de régularités. C’est dans ce cadre que la présente étude a examiné la question de l’organisation des actions constitutives de la description d’itinéraire. L’objectif était de définir les propriétés d’une structure de connaissance schématique gouvernant la production et le traitement de ce type de discours. L’analyse de la littérature rend compte de nombreuses similitudes entre l’organisation structurale de la description d’itinéraire (organisée en séquences d’instructions) et celle qui caractérise la connaissance d’activités stéréotypées. À l’instar des études normatives sur les scripts (Bower et al., 1979 ; Corson, 1990 ; Galambos, 1983 ; Jagot, 1996), les productions des sujets sur leurs connaissances d’activités routinières ont été utilisées afin de déterminer si les caractéristiques structurales des scripts s’appliquent à la représentation que se font les individus de la description d’itinéraire. Les méthodes classiques utilisées pour l’élaboration des normes ont été adaptées à l’activité qui consiste à décrire un itinéraire. Une première phase de production était destinée à tester la connaissance générale des individus quant aux différentes actions qui caractérisent la description d’itinéraire. La seconde phase a consisté, à partir d’épreuves de jugements, à déterminer l’importance et la nécessité des actions (la centralité), leur caractère distinctif et leur organisation séquentielle. Il s’avère que les jugements de centralité, de distinctivité et de séquentialité des actions inhérentes à la description d’itinéraire révèlent une homogénéité intersujets. Les résultats indiquent que les sujets s’accordent aussi bien sur la position séquentielle d’une action que son degré de centralité et de distinctivité. Ainsi, les sujets disposent des connaissances nécessaires pour porter des jugements sur les actions susceptibles d’entrer dans la composition de cette activité et ces connaissances sont communément partagées. L’activité « décrire un itinéraire » semble donc recevoir les attributions structurales allouées aux scripts, puisque les résultats obtenus pour cette activité convergent étroitement avec ceux recueillis pour les scripts classiques « aller au restaurant » et « faire les courses ». En outre, les valeurs normatives issues de la présente étude pour ces activités sont conformes à celles disponibles dans la littérature (Corson, 1990 ; Galambos, 1983 ; Jagot, 1996). L’activité qui consiste à décrire un itinéraire présente donc un certain nombre de régularités qui sont comparables à une structure schématique de type script.
214
F. Robin / Psychologie française 52 (2007) 199–215
Toutefois, les actions constitutives de la description d’itinéraire ne relèvent pas d’un haut niveau de spécificité (distinctivité), ni d’un ordre de déroulement strictement déterminé. Par conséquent, cette activité présente des caractéristiques semblables à celles des scripts « faibles », qui impliquent généralement plusieurs personnes. Ils s’opposent aux scripts « forts » qui sont caractérisés par une rigidité séquentielle et un degré d’importance élevé des actions (Bower et al., 1979). Ce résultat est probablement dû à la généralité de l’activité proposée qui se situe à un niveau d’abstraction élevé par rapport à la description d’un itinéraire précis. Cependant, les actions jugées centrales présentent de fortes similitudes avec la séquence d’instructions identifiées par Denis (1997), lors de l’analyse de descriptions d’itinéraires dans des environnements réels. Il serait donc intéressant de prolonger ce travail de recherche en adaptant ce paradigme expérimental à l’analyse de la structure des descriptions d’itinéraires dans des environnements réels. Il serait également souhaitable d’étudier les implications de cette structure de connaissance sur les procédures de récupération des informations spatiales en mémoire. Au final, cette approche reste à approfondir bien qu’elle rend compte de l’intérêt de l’application des méthodes d’investigation des scripts à l’analyse de la structure des connaissances spatiales. En outre, cette étude vient compléter les nombreuses recherches actuelles qui visent à développer des outils d’analyse des processus discursifs appliqués aux descriptions d’itinéraires (Chalmé et al., 2002 ; Daniel et Denis, 1998 ; Visser et Grall, 2003 ; Wolff et Visser, 2005). Références Abbott, V., Black, J.B., Smith, E.E., 1985. The representation of scripts in memory. Journal of Memory and Language 24, 179–199. Abelson, R.P., 1981. Psychological status of the script concept. American Psychologist 36 (7), 715–729. Adam, J.M., Petitjean, A., 1989. Le texte descriptif. Nathan-université, Paris. Black, J.B., Bower, G.H., 1980. Story understanding as problem-solving. Poetics 1-3, 223–250. Bower, G.H., Black, J.B., Turner, T.J., 1979. Scripts in memory of text. Cognitive Psychology 11, 177–220. Chalmé, S., Visser, W., Denis, M., 2002. Planification d’itinéraires urbains : pistes pour un système d’assistance. Proceedings of IHM 2002, International Conference Proceedings Series, ACM (pp. 247–250). Poitiers, France. Corson, Y., 1990. The structure of scripts end their constituent elements. Cahiers de Psychologie Cognitive 2, 157– 183. Denis, M., Denhière, G., 1990. Comprehension and recall of spatial descriptions. European Bulletin of Cognitive Psychology 10, 115–143. Denis, M., 1997. The description of routes: a cognitive approach to the production of spatial discourse. Cahiers de Psychologie Cognitive[Current Psychology of Cognition] 16 (4), 409–458. Daniel, M.P., Denis, M., 1998. Spatial descriptions as navigational aids: a cognitive analysis of route directions. Kognitionswissenschaft 7, 45–52. Ehrich, V., Koster, C., 1983. Discourse organization and sentence form: the structure of room descriptions in Dutch. Discourse Processes 6, 169–195. Ehrlich, K., Johnson-Laird, P.N., 1982. Spatial descriptions and referential continuity. Journal of Verbal Learning and Verbal Behavior 21, 296–306. Einstein, G.O., McDaniel, M.A., Owen, P.D., Cote, N.C., 1990. Encoding and recall of texts: the importance of material appropriate processing. Journal of Memory and Language 29, 566–581. Galambos, J.A., 1983. Normative studies of six characteristics of our knowledge of common activities. Behavioral Research, Methods and Instrumentation 15, 327–340. Galambos, J.A., Rips, L.A., 1982. Memory for routines. Journal of Verbal Learning and Verbal Behavior 21, 260– 281. Jagot, L., 1996. Critères de configuration des connaissances de type script : une étude cognitive. Thèse de doctorat. Université de Nantes.
F. Robin / Psychologie française 52 (2007) 199–215
215
Jagot, L., 2002. Catégories et scripts. In: Cordier, F., François, J. (Eds.), Catégorisation et langage. Hermes Science, Paris, pp. 145–159. Kintsch, W., Van Dijk, T.A., 1978. Toward a model of text comprehension and production. Psychological Review 85, 363–394. Kintsch, W., Young, S.R., 1984. Selective recall of decision-relevant information from texts. Memory and Cognition 12, 112–117. Levelt, W.J.M., 1982. Linearization in describing spatial networks. In: Peters, S., Saarinen, E. (Eds.), Processes, beliefs and questions. The Netherlands Reidel, Dordrecht, pp. 199–220. Linde, C., Labov, W., 1975. Spatial networks as a site for study of language and thought. Language 51, 924–939. Mandler, J.M., Johnson, N.S., 1977. Remembrance of things parsed: story structure and recall. Cognitive Psychology 9, 111–151. Mc Daniel, M.A., Einstein, G.O., Dunay, P.K., Cobb, R.E., 1986. Encoding difficulty and memory: toward a unifying theory. Journal of Memory and Language 25, 645–656. Robin, F., 1990. La description de configurations spatiales : approche développementale. Cahiers de Psychologie Cognitive 10, 433–447. Robin, F., 1992. Stratégies cognitives dans la description de configurations spatiales, Thèse de doctorat. Université Paris-V. Robin, F., 2000. Construction et exploration de configurations spatiales : comparaison experts–novices. Systèmes d’Information et Management 5 (4), 73–90. Robin, F., 2002. Production et coordination des termes spatiaux entre six et neuf ans. Enfance 4, 363–379. Schank, R.C., Abelson, R.P., 1977. Scripts, plans, goals, and understanding. Hillsdale, N J, Erlbaum. Shanon, B., 1984. Room descriptions. Discourse Processes 7, 225–255. Siegel, S., 1956. Non-parametric statistics for the behavioral sciences. Mc Graw-Hill Book, New York. Ullmer-Ehrich, V., 1982. The structure of living space descriptions. In: Jarvelle, R.J., Klein, W. (Eds.), Speech, place and action: studies in deixis and related topics. Wiley, Chichester, pp. 219–249. Van Dijk, T.A., 1977. Semantic macro-structures and knowledge frames in discourse comprehension. In: Just, M.A., Carpenter, P.A. (Eds.), Cognitive processes in comprehension. Hillsdale, N J, Erlbaum, pp. 3–32. Visser, W., Grall, M., 2003. Aspects cognitivopragmatiques de la description d’itinéraires : quoi détailler et comment, selon son interlocuteur ?. Psychologie Française 48 (2), 57–65 (no Spécial « Recherches en psychologie ergonomique »). Wolff, M., Visser, W., 2005. Méthodes et outils pour l’analyse des verbalisations : une contribution à l’analyse du modèle de l’interlocuteur dans la description d’itinéraires. @ctivités 2(1), 99–118, http://www.activites.org/v2n1/ wolff.pdf.