Sur la meteorite de Guidder

Sur la meteorite de Guidder

Ocochimica et Cosmochimica Acta, 1953, Tot. 4, pp. 83 to 88. Peqsamon Prew Ltd., Loadon Swr Ia meteorite de Guidder E. JEREMINE et A. SANDREA I.,a...

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Ocochimica

et Cosmochimica

Acta, 1953, Tot. 4, pp. 83 to 88.

Peqsamon Prew Ltd., Loadon

Swr Ia meteorite de Guidder E. JEREMINE et A. SANDREA I.,aboratoire de Minckaloqie du Mu&urn National d’Hist&e

NatureUe, Paris.

(Rec&ed 27 Felnuary 1953) ABSTRACT On the eveningof J&nusry?th, 1949, a meteorite shower was observedntwsr kidder iu the Cameroon& Two stones were recovered and presented to the Natural History Museum at Paris. In this paper a general description of the stones, the results of microscopic examinations of thin sections, and chemical analyses of the silicous and metallic phases we given.

En 1951, ED. ROCH, chef des travaux pratiques de gkologie it la Sorbonne, de retour d’une mission au Cameroun, faisait don au Mu&urn National d’Histoire Naturelle de Paris, d’une m&korite pierreuse*tombee en Janvie: 1949 b Guidder (~ameroun). Peu de temps apr&s, l’enquk faite par M. F. CALLOT, chef du Service des Mines du Cameroun, lui a permis d’envoyer au Museum une seconde Pierre provenant de la mQme chute. Le chef de la subdivision air le phdnomi?ne a eu lieu, a communique ses observations que now reproduisons en entier: “Ce m&&ore est tomb6 Ie 7 janvier 1949 Vera 18 h. 46. Avant m chute, sa projection Btait orient& NNW-SSE. Je 1% pereonnellement apequ 12ce moment de MAUBAY, village situ6 B 35 k. environ au NW de Guidder. Son point de chute se situe environ B 6 ou 8 km au SE de 6ette localit& “Ce ph&om&ne semble avoir fait explosion en l’air; en effet il apparut d’abord comme un globe incandescent suivi d’une train6e d’t%incelks, puis il Bclata en nombrcnx fragments Bgalement incandesce&s. Q ue lq UBB secondes apes%, le bruit de cette explosion parvint t&a aseourdi. Aucun fragment trouvb au sol ne d&as&t un volume d’un d$cim&re cube.”

Nous exprimons ici notre gratitude it M. ED. ROCH CARA~ERES

et B

M. F.

CALLOT.

EXTERIEURS

11 ne s’agit pas d’un spkimen ou de plusieurs fragments d’un spkimen, mais d’un essaim de pierres dont deux seulement ont bti .remises au Mu&urn, pesant respectivement 476 gr (poids initial, le poids actuel &ant ramen 8, 376 gr) et 492 gr. La premiike (Fig. 1) est grossi&rement conique, comporte 5 faces, la seconde (Fig. 2) a 5 faces dgalement convergentes vers un sommet tronqud (Fig. 1 and .2) Elles sont reconvertes presque compl&ement d’une croQte noire (Fig. 3), t&s fine, laissant apptiraitre dans quelques cassures affectant les a&es ou les angles, la couleur gris-clair de la mdtiorite. La create noire brun&tre it 1’6clat graa est crew&e de place en place par des piezoglyptes (Fig. 1 et 2) peu profonds, aux contours sph&iques ou lhgkement ovoides. Au fond de certains pi~zogl~~s on apergoit un large grain mhtallique. Mais le m&al apparait au&, bien que rarement, en s&e. La densiti est de 3,92. La surface polie permet de voir la teinte gris-clair de la m&&o&e et les nombreux chondres de dimensions varikes atteignant parfois plusieurs mm. Les 83

E.

JEREMINE

et A.

SANDREA

grains nl&alIiques de toutes tailles dbnt distribuBs inCgaiement. Gunis par places en grosses taches oh I’on distingw facilement le fer nickel6 prejque blanc, tr&s brillant. occupant la partie centrale et la troilite lui faisant, bordure, un pcu Localement on aperqoit. des traces de rouille aut,our-des BlCments rugueuse et jaunt. m&alIiques ou au milieu de la partie silicat.Ce. La structure n’est pas br6chiforme mais la richesse en chondres. faiblement reunis par un ciment B grain fin. rCsultant de I’Ccrasement, rend la m&orite peu coh&ente et susceptible de s’effriter sous une pression un peu forte. ETUDE

MICROSCOPIQCE

au microscope met en Cvidence une richesse exceptionnelle en chondres: entiers ou fragmentaires, gros ou petits, parfois agglom&& par deux (Fig. 5) ou par trois; ils sont &pa& par un amas de grains et de cristaux t&s petits. La comparaison avec d’autres chondrites rapproche ce type des chondrites dites “globulaires” (“kristalline Kiigelchenchondrite” de Brezina). peridot predominant ortho-et La composition min&alogique est simple: clino-pyroxknes ferro-magn&siens, t&s peu de diopside et de feldspath, de rares agregats de merrillite, ainsi que de petites inclusions de chromite dans les feldpaths (Fig. 7) et dans les pCridots. Enfin le ferro-nickel et la troilite reprt%entent la partie m&allique. L’&ude

A. Mine’raux non me’tolliques inclus Le pe’ridot constitue rarement des cristaux isol& ayant, leurs formes propres; dans l’hypersthhne, ils sont arrondis. Le plus souvent-ils entrent dans la composition des chondres. ExtriZmement fissur6, riche en inclusions, ils sont en g&&al 16gbrement color& en brun. De nombreuses mesures (platine de Fedoroff, lumi&re monochromatique Na) ont permis de prCciser qu’il s’agit d’une vari& it signe potique nhgatif, I’angle 2V ne depassant pas 82”. L’hyperathine, second mineral par ordre d’abondance constitue des baguettes courtes ou allongkes suivant l’axe vertical, ou des grains, mais le plus souvent iI forme des chondres ra&& excentrks. On le voit aussi associb i axes parall&les B l’olivine. La birbfringence est faible, l’angle 2V (p. de. F) atteint 68”. T&s rarement on rencontre le clinohypersth&ne, qui‘ possede une birhfringence plus faible qne celle de I’hypersthene, de fines bandes de macles polysynth&iques B exctinction oblique et le plan des axes disposg transversalement. Kous n’avons pas trouvt! de diposide en cristaux isolds. mais seulement en baguettes bordant. l’hypersthbne, ou associd it l’olivine dans les chondres. Ii y a peu de feldspath disperse comme Bldment interstitiel dans les chondres ou entre les minCraux, souvent en amas de petits grains, sans macles visibles, ou aux macles fines et ternes. L’Btude it l’aide de la plat.ine universelle s’avhre impossible. Nous avons pu constater sur une section perpendiculaire A la hissectrice ng que np est. nettement plus has que l’indice du baume du Canada, nm I’est mains distinctement.. On verra que I’analyse chimique met en Evidence un feldspath presque alcalin. t&s peu calcique. Les macles presque toujours existantes, comme on peut, s’en rendre compte & la pl. de Fed. sont difficiles & utiliser iL cause de I’angle d’extinction t&s petit, de la birbfringence extrQmement faible, de I’absence de a4

Fig. 1

Figs. I, 2. Aspect exthieur des deux pierres de Guidder. On wit nettement Iss pi6mglyptes

Fig. 3. Croiite en lumike naturelle. Gross. 60

Fig. 7. Petits cristaux de chromite in&s dans le feldspath. L.N. Gross. 520

SW la meteorite

de.Guidder

clivages et de la taille minuscule des grains.Noua ne pouvona pas dans ces conditions tirer partie des courbes donnees pa.r E. PREVSS(1951) pour les feldspaths form& it. hautk temperature. A en juger d’apres l’analyse chimique, c’est une albite potassique, si toutefois la soude ne se trouve dans un autre silicate, Rapp&m pourtant que W. WAISL (1950) admet, que les alcalis des meteorites se trouvent principalement dans les feldspaths. Rarement le feldspath se prbente en amas de grains de dimensions plus consid&ables (1 mm) dont f’orientation optique est trb variable; ils sont remplis d’inclusions de mineraux transparent8 ou opaques. Le feldspath de la chondrite de Guidder passe parfois 8, la ~~k~~~~~~e qui se rencontre aussi isolement.

La meilleure fac;on de se rendre compte du grand nombre de chondres ainsi que de la vari&6 de leur structure, est de regarder la plaque mince par transparence a la loupe. En effet, les chondres sont parfois tellement volumineux qu’ils occupent tout le champ du microscope. C’est particulierement le cas des chondres polysomatiques composes d’olivine dans lesquels les grains et les seule (appelQ improprement “porph~iques”} cristaux sont entoures d’un amas de petits grains appartenant a la meme espece, et resultant d’un ecrasement de l’ensemble (Fig. 4). La chondrite de Guidder est remarquable par la frequence des chondres agglomeres. La Fig. 5 montre deux chondres jumeaux, de dimensions differentes, et d’une composition identique. Deux anneaux externes d’olivine, perpendicula,ires it la bissectrice ng, dont le contour dessine le chiffre 8, entourent lea deux individus. 11ss’ Bteignent simultan~ment sur la quasi totalite de leur &endue mais Ghangent, d’orientation 8, l’une des extremites du grand chondre oh le mineral est perpendiculaire it l’axe. Une mince bordure de poussiere metallique souligne la oouronne interne des anneaux. Le plus petit des deux chondres est forme par des grilles d’olivine de la m6me birefringence que l’anneau. Un seul cristal d’olivine se trouve a l’interieur du grand; de place en place des grains de feldspath sont coin&s dans les intervalles. Les deux anneaux sont hordes S l’exterieur par une zone presque continue de cristaux allonges d’hypersthbne qui s’adaptent exa.ctement aux contours des couronnes soit en se tordant soit en formant des gradins concentriques. Un chondre identique par la forme est figure dans TSCHERMACK (1885) Pl. XIX, Fig. 4. L’olivine des anneaux est remarquable par sa limpidit6 tandis que les grilles et les grams internes sont troubles et bruQntres it cause d’une grande quantite d’inclusions. On pourrait en conclure a l’anteriorite de cristallisation des anneaux par rapport a ce qu’ils renferment. Les chondres peridotiques en grilles continues ou annelees sont t&s frequents. Leurs baguettes sont skparees entre elles par de petits lits de mat&e vitreuse riche en poussiere metallique, &dant parfois la place au feldspath. Quant les baguettes sont t&s fines, elles manifestent une tendance a s’orienter en &entail de t&s faible ouverture. Dans un grand chondre d’olivine, les baguettes annelees suivent une &conference en zones concentriques disposees en gradins. 11n’est pas possible de d&wire toutes Ies varietes de chondres de cette meteorite. 85

E. ~WLEMINEet

A.SANDREA

I1 parait n~anmoi~ instant d’attirer l’attention sur le cas des chondres pyroxeniques excentres en &entail. Les chondres de pyroxene orthorhombique sont le plus souvent bacillaires et excentrk 11 arrive qu’ils se terminent par un cristal unique du m&me mineral, Frequemment ils aont comme soulignes par un pointille de grains arrondis ou allong& d’olivine. Lea fibres d’hypersthene sont quelquefois associees a des baguettes d’olivine & axes paralleles ou transverses. Tenant compte de la structure fibreuse des pyroxenes, on peut Bmettre i’hypothese d’une cristalhsation radi4e divergente, ayant rempli des nucleoles Q partir d’un germe fixe au bord de celles-ci.

&02 Al203

41,73 I,94 0.16

Ab An

Fe0 M.nO Mgo C&O NsW

15,96 0,44 26.43 2,14 1,06

CaSioS MgSi@ F&i@ FeTi@ MnSioS

KW Ti02

0,21 0,14

p-5 H8o-k

0,23 0,57

H80-

O,OQ

Or

FeSi@ MgSi@

1.11 8,38 0,28

Feidspaths

9.77

Pyroxhne monoclinique

8,76

3,94 2,60 1,06 0,38 0,78 6.81 13.40

Pyroxkne orthorhombique

19.21 52,10 0,22 0.60

Fe Ni Fe S

91.08 4,37 0.93 2,21 1,27

Tot81

99,86

Fe Ni FeS

5,30 3.48

L’analyse cbimique de la chondrite de Guidder est caractkistique de la majoriti des chondrites: richesse en MgO et FeO, pawret en alumine. Etant don& la faible teneur en silice pour ce type ~~ox~no-~ridotique, l’olivine prklomine sur le pyroxene. D’apres la classification de A. LACROIX (19QBjce serait une chondrite pyroxeno-pkridotique oligo-aid&if&e.

L’etude microscopique en sections polies a montr4 la presence de deux minkraux. L’un d’eux forme g&n5ralement de larges plages tabulaires aux contours souvent irreguliers, la couleur est jaune or&me t&s pale tirant sur le blanc; les grains sont soit independents (20 B 60 p) soit en agrkgats de granules allotriomorphes, le pouvoir r6flecteur est de 40% environ,. En lumibre polar&Se on observe une net& bireflectence accusant des macles d’allure polysynthetique (Fig. 8), les individus &ant disposes t&e b&he et aux axes align&s a 15” p&s. 86

Fig. 4. Partie d’un chondre pkidotique: grains fissur& d’olivine, entour& par des petits grains de trituration du meme minAra1. L.N. Gross. 90

Fig. 5. Chondre double p&idotique. Gross. 60

N+.

Vi&r.A. FcSi bordk de troilite. Lum. rQfl. Gross. 75

Fig. 8. Ma&s polysyth&iques‘dans la troilite. Lum. r&l. N+. Gross. 100

Sur la meteorite de Guidder

Ces caractbres correspondent B ceux de la troilite. Le second min&al m&allique est en grains minuscules, allant rarement jusqu’it 100 p, le plus souvent isol&. Fortement r&i&hissant, il a un Cclat blanc d’argent. En lumicltrepolaris&, on voit qu’il est isotrope; il semble done appartenir au groupe des ferro-nickels, mt%aux normaux dans une cbondrite. Au fort. grossissement, on remarque que ce ferro-nickel reprCsente une association de deux mi&raux, l’un bordant l’autre ne se distinguant que par une lkgbre diff&ence d’intensitd de leur Bclat briliant blanc. Souvent la t,roilite est associee au ferro-nickel et l’entoure (Fig. 6)-confirmation de l’ordre normal de cristallisation: 1) m&aux nat*ifs,2) sulfures. Etude chirnique Des grains de ces deux min&aux, isol& sous le microscope, ont f&i? soumis & l’nrmlyse spectrale: 15 mg, Arc 110 V, 2-15 Amp 30 sec. Troilite : Ferro nickel:

Fe Ni+++ Cu+++ Ag+ Ga+ Fe Ni CO+++ Cr+++ Cu++ I

La troilite a pu dtre isolCe en assez grande quantitd pour une analyse rudimentaire, dont le r&ultat: Fe 66% -& 0,50; S34% -& 0.20 confirme la formule Fe,& admise pour ce sulfure. Etant donn& que dans la m&hode adopt& par H. B. WIIK (1950) pour anaiyse chimique, les m&aux riatifs sont extraits du mklange m&allique b l’aide de ClzHg, il ne rentre dans la solution obtenue aucun Bldment sulfur6 et c’est, dans cette solution que le Fe et le Ni sont do&. Pour la m&&orite de Guidder nous obtenons un ferro-nickel contenant Fe 4.37 “/b et Ni 0,93 y. soit un ferro nickel S 17 o/o de Ni, a&age nature1 du groupe de la taenite. Sur une aut,re fraction m&allique est dose le S (le S de CaS est extrait & l’acide acetique de l’ensemble des fractions m&alliques et &licat&es) et recalculPlen FeS Zt raison de Fe‘%%-composition normale de la troilite. Pour la m&dorite de Guidder eela donne une teneur pond&ale de 3,48% de troilite. I1 nous a semblb int&essant de calculer les proportions volum~triques relatives de ces deux min&aux. d. -Troilite = 4,65; d.-(Fe Ni 177;) = 8 rapport du Vol de la t.roilite 0,748 au VoI de Fe Ni -_ = 1.12 O-666 Le rapport des volumes &ant 1,12 nous firmation B l’aide de la platine int&ratrice*. Les mesures faites en immersion ci la Vol. Tr = 1. La diffhrence de 12% que Vol. FeNi volumes c&ml& sur la base de i’analyse *Integrating micrometer. (ED.)

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avons essay6 de rechercher une conplatine intdgratrice nous donnent l’on constate entre le rapport des et le rapport des volumes mesur&

E. JEREMI??IS et A.

SANDREA

semble satisfaisante. Elle rentre dans la limite des erreurs de mesures addhionnelles. On peut done conclure que la m&Borite de Guidder renferme un pourcentage gravimhique de 5,307$ de taenite B 17% de Ni et 3,48% de troilite FeW. LACBOIX, A. PREXJSS, E. TSCHERMAK,G. wm, w. WIIE, H. B.

1906 1951 1885 1950 1950

CR. Accld. Sci. Paris 182,1500 Heidelb. Beitr, z. Min. und P&r. 8, 638 Stuttgart Geoch. et Cosmoch. Acte 1, 28 Sot. Sci. Fennica. Corn. Ph.-M&. XlV. 14

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