Testez vos connaissances : connaissez-vous le mystère de l’angle de bascule (flip angle) en RMN ?

Testez vos connaissances : connaissez-vous le mystère de l’angle de bascule (flip angle) en RMN ?

J Radiol 2008;89:1049 © Éditions Françaises de Radiologie, Paris, 2008 Édité par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés éditorial Testez vos conn...

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J Radiol 2008;89:1049 © Éditions Françaises de Radiologie, Paris, 2008 Édité par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés

éditorial

Testez vos connaissances : connaissez-vous le mystère de l’angle de bascule (flip angle) en RMN ? A Coussement osez vous la question suivante « Qu’est-ce que l’angle de bascule ou « flip angle » en RMN » ? Dans la majorité des cas, j’ai obtenu quelque chose comme « c’est l’angle que font les protons avec le champ magnétique principal lorsqu’ils sont excités par une onde radiofréquence ». Or c’est profondément inexact. Les protons ne basculent pas d’un certain angle, ils passent d’un état de basse énergie à un état de haute énergie. Après des années d’enseignement de la RMN, lassé de voir la confusion permanente entre la représentation quantique, la seule vraie, et la représentation vectorielle, imaginaire, je suis arrivé à la conclusion que la présentation vectorielle n’est plus utile actuellement pour « comprendre » l’IRM et qu’elle est devenue une source de confusion, augmentant la complexité du sujet au lieu de le simplifier. Elle mérite d’être complètement séparée, réservée à la représentation des séquences. Pour tenter de vous en convaincre, je vais reprendre l’explication du phénomène de résonance magnétique nucléaire à l’échelle quantique uniquement en délaissant complètement la représentation vectorielle. Le proton, noyau de l’atome d’hydrogène utilisé en IRM, présente trois propriétés qui nous intéressent : • comme la terre, c’est un dipôle qui tourne sur lui-même (il spinne) autour de son axe nord-sud. ; • il précesse autour d’un axe virtuel, comme la terre précesse autour du soleil ; • il a le choix entre deux positions correspondant à deux niveaux d’énergie différents appelées positions de haute et basse énergie. • Dans un ensemble de protons à l’équilibre, il y a toujours à peu près 50 % des protons dans chaque niveau d’énergie, avec un va-et-vient incessant entre les deux, et chaque proton précesse pour son propre compte (on dit qu’ils ne sont pas en phase). Lorsqu’on place cet ensemble de protons dans un champ magnétique, les spins (l’axe nord-sud virtuel du proton) s’orientent dans la direction du champ magnétique, soit en position de basse énergie, soit en position de haute énergie, et chacun continue de précesser pour son compte. Lorsqu’on apporte de l’énergie au système sous la forme d’une onde radiofréquence (RF) oscillant à la fréquence de résonance du proton (notion supposée connue du lecteur), on voit se produire deux phénomènes. Le premier est extrêmement rapide, c’est la mise en phase de tous les protons qui se mettent à précesser uniformément. Le second est plus lent et dépend de l’intensité de l’onde appliquée. C’est le passage d’un plus ou moins grand nombre de protons d’un état de basse énergie à un état de haute énergie. Leur nombre dépend de l’intensité de l’onde RF. Lorsque l’impulsion RF cesse, le système va revenir à l’équilibre et comme à l’aller, le retour se fait en deux étapes. La première est très rapide, c’est le déphasage des protons qui dépend de l’interaction des protons entre eux. Cela donne naissance à un signal caractérisé par un temps de relaxation T2 (le temps au bout duquel 63 % des protons d’un tissu donné ne sont plus en phase). C’est LE signal de la RMN. Comme il disparaît très rapidement, il n’est pratique-

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ment plus utilisé à l’heure actuelle et il a fallu trouver des méthodes pour en obtenir un écho et le recueillir ensuite. Le temps au bout duquel l’écho est recueilli s’appelle le temps d’écho TE. Il existe deux méthodes pour obtenir cet écho et ces deux méthodes sont à l’origine des deux grandes familles de séquences utilisées en pratique : l’écho de spin et l’écho de gradient, mais ceci dépasse le cadre de ce bref exposé. Le temps d’écho varie en fonction des conditions techniques de l’examen et influence les caractéristiques du signal. Le deuxième phénomène est le retour à l'équilibre du système, caractérisé par un temps de relaxation T1. C’est un temps beaucoup plus long que T2 (de l’ordre de dix fois plus long). Il dépend des interactions des protons avec leur milieu et va donc être très différent suivant que l’on étudie le muscle, la graisse, ou l’eau (par exemple). Il intervient dans les caractéristiques du signal. En effet pour obtenir une image, on est amené à répéter de multiples impulsions RF. Le temps qui sépare deux impulsions est appelé temps de répétition ou TR. Si on laisse le système revenir complètement à l’équilibre entre deux excitations, le signal obtenu ne dépendra pas du temps de retour à l’équilibre T1 et il ne dépendra que du temps de déphasage T2. Ce sera donc une image pondérée en T2. Par contre si on répète l’excitation avant d’être revenu à l’équilibre, l’image sera dépendante de T1 car des différences significatives entre le T1 des différents tissus modifieront le signal. On dira que l’image obtenue est pondérée en T1. Dans certains cas, on peut utiliser cette différence de T1 entre les tissus pour renforcer leur contraste. Dans ces deux impulsions successives sont utilisées. La première impulsion est une impulsion de préparation. Le temps entre les deux impulsions est appelé temps d’inversion TI. Il est choisi pour annuler le signal du tissu choisi. Le signal des autres tissus va donc se trouver renforcé. Ceci est appelé inversion récupération. La quantité (variable) d’énergie apportée au système par l’onde RF est appelée angle de bascule. C’est ici que la représentation vectorielle empiète sur la réalité. Vous voyez que nous avons décrit l’essentiel du phénomène de résonance magnétique sans faire appel à la représentation vectorielle, au plan tournant de référence, etc. Le mystère de l’angle de bascule du proton est qu’il n’existe pas car les protons ne basculent pas d’un certain angle. C’est le vecteur imaginaire représentant leur somme qui bascule. Cette représentation mathématique est utile pour la représentation des séquences uniquement. Je propose donc que les enseignants concernés séparent « ce qu’il faut comprendre » c’est-à-dire la représentation quantique et ensuite la reconstruction de l’image avec la transformation de Fourier et l’espace K, de ce qui est « utile » en pratique quotidienne c’est-à-dire les séquences, pour l’explication desquelles une représentation vectorielle peut être utilisée en insistant sur le caractère imaginaire de cette représentation et en ne perdant pas l’occasion de rappeler que l’angle de bascule n’est pas un angle mais la représentation d’une certaine quantité d’énergie.

Pour en savoir plus Service de Radiologie, Hôpital de l’Archet, BP 3079, 06202 Nice Cedex 03. Correspondance : A Coussement E-mail : [email protected]

Le chant des protons, l’IRM sans peine. 5e édition refondue en fonction de cet éditorial. Édition librement téléchargeable sur le site « http://coussement.unice.fr/ »