Trichodysplasia spinulosa : une infection à polyomavirus chez un patient immunodéprimé

Trichodysplasia spinulosa : une infection à polyomavirus chez un patient immunodéprimé

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de l’antigène tumoral AgT et/ou de la protéine de capside virale VP1 en immunohistochimie (pour MCPyV seulement) sur des biopsies fixées en liquide de Bouin. Enfin, un argument en faveur de l’intégration du génome viral (de MCPyV seulement) était également recherché avec une PCR différentielle entre deux couples d’amorces comme récemment publié. Résultats – La congélation des échantillons permettait une détection plus sensible que la fixation en formol habituellement utilisée : MCPyV était détecté chez 17/38 patients (44,73 % versus 20 % environ dans la littérature) dont 50 % des MF et aucun SS ; HPyV6 et 7 étaient détectés chez respectivement 17,6 % et 8,8 % (versus 13 % maximum dans la littérature) des patients avec un MF et aucun SS. HPyV9 et TSPyV n’étaient pas communément détectables dans la peau. Ces 5 polyomavirus n’étaient pas communément détectables dans le sang. Si MCPyV n’était pas plus fréquemment détecté en PCR dans les LCTE, sa charge virale y était significativement plus élevée que chez les groupes-contrôle, mais il ne semblait pas que son génome ait été intégré. La présence de l’ADN viral de MCPyV chez les patients avec un MFf ne s’accompagnait que dans 25 % des cas d’une expression antigénique de ce dernier et exclusivement au niveau des annexes cutanées. Discussion – Ces résultats évoquent la possibilité que ces 5 polyomavirus humains constituants du virome cutané soient présents de façon identique sur la peau lésée et la peau saine des malades avec un LCTE. Cependant, la charge virale de MCPyV semble plus importante en peau lésée des patients avec un MF. Par ailleurs, sa présence ne semble pas s’accompagner d’une intégration de son génome contrairement au carcinome à cellules de Merkel. Enfin, l’expression antigénique de MCPyV semble exclusivement observée au sein des annexes cutanées, ce qui est cohérent avec les données de la littérature et celles concernant les papillomavirus humains. Conclusion – Ces constatations ne sont donc pas contradictoires avec un rôle éventuel de certains de ces virus et notamment MCPyV dans les LCTE, où ce dernier pourrait constituer une stimulation antigénique chronique permettant l’expansion d’un clone lymphocytaire dominant, à partir notamment d’un réservoir annexiel. D’autres investigations sur de plus grands échantillons restent nécessaires pour argumenter le rôle putatif de tels agents infectieux dans les LCTE.

Trichodysplasia spinulosa : une infection à polyomavirus chez un patient immunodéprimé Rouanet J1, Aubin F2,3, Bessenay L4, Touzé A5, Nicol JTJ5, Franck F6, d’Incan M1,7 1

Dermatologie, CHU Estaing, Clermont-Ferrand, France, 2Dermatologie, CHU Besançon, Besançon, France, 3EA3181, Université de FrancheComté, Besançon, France, 4Pédiatrie, CHU Estaing, Clermont-Ferrand, France, 5UMR INRA 1282 - Infectiologie et santé publique - Équipe virologie moléculaire, Faculté de pharmacie - Université de Tours, Tours,

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France, 6Anatomie pathologique, CHU Estaing, Clermont-Ferrand, France, 7Faculté de médecine, Université d’Auvergne - Clermont 1, Clermont-Ferrand, France

Introduction – La trichodysplasia spinulosa (TS) est une maladie cutanée rare survenant chez les patients immunodéprimés, due à une infection par un virus de la famille des polymomavirus, le TSPyV. Nous rapportons un cas pédiatrique qui illustre les difficultés thérapeutiques et, pour la première fois, suggère, une cible cellulaire spécifique, le kératinocyte pilaire. Observations – Six mois après une transplantation rénale et la prise d’un traitement immunosuppresseur (Mycophenolate mofetil et tacrolimus), un garçon de 12 ans avait une éruption papuleuse spinulosique non-prurigineuse sur visage, poitrine et extrémités, associée à une dépilation des cils et des sourcils. Les biopsies cutanées montraient des follicules pileux dystrophiques, distendus, remplis de masses de kératine parakératosiques et des inclusions cellulaires hyalines. L’épithélium interfolliculaire était sain. La sérologie TSPyV était très positive. Le génome viral était détecté par PCR dans l’ADN extrait de poils sourciliers, de la peau lésée mais pas dans le plasma. Le patient recevait de l’aciclovir per os (500 mg/jour) pendant 2 mois, puis de l’acitrétine per os (10 mg/jour) pendant 3 mois, puis du cidofovir crème 1 % quotidiennement pendant 3 mois sans amélioration. Le traitement immunosuppresseur était diminué de 50 %, en vain. Discussion – Le diagnostic de TS chez notre patient est basé sur une présentation clinique typique avec une éruption diffuse micropapuleuse non prurigineuse conduisant à une alopécie des cils et des sourcils. Le diagnostic a été confirmé par des biopsies présentant des caractéristiques spécifiques limitées aux follicules pileux. La TS a été décrite pour la première fois en 1995 par Izakovic et al. chez un transplanté rénal. Seule, une trentaine de cas ont été rapportés depuis, exclusivement chez des patients immunodéprimés, âgés de 5 à 68 ans. En 1999, Haycox et al. mirent en évidence des particules virales intracellulaires en microscopie électronique. En 2010, van der Meijden et al. identifient l’ADN d’un nouveau polyomavirus à partir de spicules de TS. Dans notre cas, l’ADN du TSPyV a été détecté au niveau d’un sourcil et d’une lésion cutanée, mais pas dans le plasma. Le TSPyV est un virus ubiquitaire épithéliotrope dont la prévalence augmente avec l’âge passant 75 % après l’âge de 19 ans. Conclusion – La TS est une complication, incurable, des greffes d’organes. La physiologie du virus responsable (cibles cellulaires, réservoir…) est peu connue. Cette observation suggère que le virus a pour cible spécifique le kératinocyte pilaire et qu’il ne circule pas dans le plasma même en cas d’atteinte cutanée majeure comme dans notre cas. La rareté de cette affection par rapport au nombre de greffés suggère une susceptibilité particulière de certains patients. Une transmission par le greffon est possible mais, à ce jour, aucune recherche systématique du virus dans les greffons n’est réalisée.

// REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - SEPTEMBRE/OCTOBRE 2014 - N°465 CAHIER 2