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Cahiers de nutrition et de diététique (2009) 44, 101—112 Actualités News Vie de la société BOURSES DE VOYAGE SFN La Société franc ¸aise de nutrition ...

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Cahiers de nutrition et de diététique (2009) 44, 101—112

Actualités News Vie de la société BOURSES DE VOYAGE SFN La Société franc ¸aise de nutrition souhaite favoriser la participation de jeunes chercheurs à des congrès nationaux et internationaux pour y présenter un travail de recherche en nutrition. Cette bourse doit leur permettre de financer une partie des frais de voyage, d’inscription au congrès et d’hôtellerie à l’exclusion de la restauration. Ces bourses s’adressent à des candidats, étudiants ou jeunes chercheurs non statutaires, doctorants ou en stage postdoctoral, ayant un résumé accepté par le comité scientifique du congrès, de préférence pour une communication orale. Le directeur du laboratoire, dont est issu le candidat, devra être membre de la SFN et à jour de cotisation annuelle. La bourse est d’un montant maximum de : 800 D pour un congrès à l’étranger 300 D pour un congrès en France. Date limite de retrait des dossiers : aucune. Le dossier sera fourni à la demande, la SFN s’efforc ¸ant de donner une réponse quatre semaines au plus tard après réception du dossier. Date limite d’envoi des dossiers : six semaines avant le départ au Congrès. Les dossiers incomplets ne seront pas évalués. Téléchargement du dossier : www.sf-nutrition.org.

Informations ÉLOGE DE THÉRÈSE TERROINE (1913—2009) Thérèse Terroine nous a quitté il y a peu. Sa disparition ne pouvait laisser indifférents ses anciens élèves, collaborateurs et amis qui tiennent à évoquer les souvenirs qu’ils ont gardés de son passé professionnel et de sa personnalité. Elle était la fille du professeur Émile Terroine, grand résistant, éminent scientifique et leader de la communauté des nutritionnistes de la première moitié du xxe siècle. Elle a grandi dans un milieu où la carrière scientifique était toute tracée mais elle a su se définir un domaine de recherche personnel, celui de l’étude des vitamines. Son approche a été particulièrement innovante, très actuelle 0007-9960/$ — see front matter doi:10.1016/j.cnd.2009.06.002

(on dirait aujourd’hui de biologie et de physiologie intégratives), c’était celle des « interrelations vitaminiques » dont elle a fait pendant de nombreuses années une spécificité franc ¸aise. Thérèse Terroine a consacré sa carrière de chercheur au CNRS et à l’École pratique des hautes études (directrice de recherche) ; elle y a eu de nombreux élèves, aussi bien au laboratoire qu’à l’occasion de ses enseignements qui portaient sur les liens métaboliques et physiologiques entre les vitamines. Tous ses anciens élèves s’accordent à dire qu’elle était, sur un sujet ô combien complexe, un excellent professeur, clair et accessible. Elle fut la première et la plus ancienne collaboratrice de Raymond Jacquot, directeur du laboratoire de biochimie de la nutrition du CNRS crée en 1947, et mena et anima, pendant plus de 30 ans et jusqu’à la mort de celui-ci à la fin des années 1970, des travaux sur le rôle métabolique des vitamines hydrosolubles, notamment dans le développement fœtal et de la vitamine A, notamment au niveau cellulaire. Ses écrits et les discussions que nous pouvions avoir avec elle, laissent à penser qu’elle avait deviné le rôle fondamental de la vitamine A (par l’intermédiaire de son métabolite, l’acide rétinoïque) dans la modulation de l’expression des gènes, en particulier au cours de l’embryogenèse. Thérèse Terroine s’est aussi intéressée aux interactions entre les vitamines et la résistance de l’organisme aux toxiques. Les résultats de ses recherches ont permis ensuite d’ouvrir des voies à des applications épidémiologiques, cliniques et même réglementaires. Sa direction d’équipe était exemplaire : définition minutieuse du sujet, discussion critique de la méthodologie, suivi journalier de l’avancée des travaux et retour rapide pour proposer des solutions aux difficultés rencontrées, soutien pour la rédaction, pression amicale mais sans faille pour la publication, toutes qualités dont elle a fait profiter de nombreux collaborateurs et élèves. Ses qualités humaines et intellectuelles, en particulier sa scrupuleuse honnêteté scientifique, son sens profond de la solidarité, sa générosité et une fermeté qui n’était dénuée ni de discrétion, ni de gentillesse, ont contribué à la cohésion, à l’efficacité et. . . à la bonne humeur de son équipe de recherche. Nous lui en sommes tous reconnaissants. J. Abraham, S. Desmettre-Miguet, G. Pascal, G. Potier de Courcy-Lys

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LES OBÈSES SONT MAL SOIGNÉS ! Le 10 avril 2009, Arnaud Basdevant rendait à Roselyne Bachelot le rapport demandé par Xavier Bertrand en avril 2007 sur l’amélioration des conditions de prise en charge des personnes obèses dans les établissements de santé. Très cohérent, il s’agit là d’un document important et pensé dans ses moindres détails. La première partie est un constat complet et précis de l’inadaptation et des insuffisances du système hospitalier dont la place dans la prise en charge des personnes obèses est mal définie : manque de lisibilité de l’offre de soins et de coordination entre les différents intervenants, discriminations de tous types auxquels s’ajoutent la saturation des capacités d’accueil, l’inadaptation des équipements, l’absence de formation spécifique des personnels (médecins compris !) et la méconnaissance de l’obésité par les systèmes de tarification. Les propositions sont nombreuses au sein desquelles on retiendra : • une meilleure définition du rôle de l’hôpital dans la chaîne soins (en troisième ligne après le médecin traitant et le spécialiste) ; • une mobilisation des agences régionales de santé sur un plan d’organisation incluant l’identification des ressources, la labellisation de centres référents multidisciplinaires avec des équipements d’imagerie médicale adaptés aux patients les plus lourds ; la mise à disposition dans tous les établissements d’équipements spécifiques (transport, lits, portage. . .), l’organisation de consultations de prévention. . . • une révision des organisations et des modalités de suivi en valorisant le rôle des infirmiers et des diététiciens, des éducateurs médicosportifs et psychologues dont le rôle dans l’éducation thérapeutique est primordiale ; • une réorganisation des modalités de la communication entre les différents acteurs à l’intérieur et à l’extérieur de l’hôpital (y compris avec les associations) ; • une valorisation des structures d’aval ; • une révision des systèmes de valorisation au sein de la T2A qui ignore l’obésité morbide et ne considère pas l’éducation thérapeutique. Il s’agit en somme de réunir les moyens de pratiquer — enfin — la vraie médecine de l’obésité. Une structure telle que les CLAN pourrait être chargée et responsable de l’analyse des besoins et de la mise en place des actions, au niveau local. . . voilà qui fait le pont avec un autre rapport datant de 12 ans. . . Souhaitons que ces propositions soient aussi bien entendues, sinon mieux, et mises en application très rapidement. . . presque tout reste à faire. B. Guy-Grand http://www.sante-sports.gouv.fr/publicationsdocumentation/publications-documentationsante/rapports/rapport-du-professeur-arnaudbasdevant.html

CHIRURGIE DE L’OBÉSITÉ : LES RECOMMANDATIONS DE L’HAS Face au développement rapide de la chirurgie de l’obésité et au constat d’une prise charge pré- et postopératoires insuffisants, la Haute Autorité de santé a élaboré des recommandations pour la prise en charge chirurgicale des patients adultes obèses. Elle les rendait publique le 6 avril dernier.

Principal message : bien organiser la prise en charge pour améliorer l’efficacité et la sécurité à long terme.

Un parcours balisé bien avant l’intervention La HAS souhaite que le patient soit informé précocement et tout au long de sa prise en charge sur les bénéfices, les limites, les risques et contraintes des différentes techniques chirurgicales. Elle rappelle à ce titre que s’il n’existe pas de supériorité d’une technique par rapport à une autre en termes de rapport bénéfice/risque, les risques de complications postopératoires, de retentissement nutritionnel et de mortalité augmentent avec les techniques d’anneau gastrique, de gastroplastie verticale calibrée (de moins en moins pratiquée), de gastrectomie longitudinale, de dérivation biliopancréatique et de bypass gastrique. Le patient devra suivre un bilan médicochirurgical complet : évaluation des comorbidités, du comportement alimentaire, bilan nutritionnel, endoscopie oesogastroduodénale et recherche d’Helicobacter pylori. Il subira impérativement une évaluation psychologique et psychiatrique. Un programme d’éducation thérapeutique sur le plan diététique et de l’activité physique est également indispensable. C’est seulement à l’issue de cette phase de bilan et de préparation que la décision d’intervention sera prise au sein de l’équipe médicochirurgicale pluridisciplinaire et avec le patient.

Un suivi et une prise en charge à vie Compte tenu des risques de complications tardives, le suivi régulier et tout au long de la vie est préconisé. La fréquence des consultations est fixée à au moins quatre fois la première année puis une ou deux fois par an par la suite. Il s’agira de mettre l’accent sur la recherche de dysfonctionnement du montage chirurgical et de prévenir les risques de carences vitaminiques ou nutritionnelles. Une supplémentation systématique en multivitamines, calcium, vitamine D, fer et vitamine B12 est d’ailleurs recommandée après chirurgie malabsorptive. L’éducation thérapeutique initiée en préopératoire sera bien entendu poursuivie. Un suivi psychologique et psychiatrique est conseillé pour les patients qui présenteraient des troubles du comportement alimentaire ou des pathologies psychiatriques en phase préopératoire. Enfin, la chirurgie réparatrice n’aura lieu qu’après stabilisation de la perte de poids (12 à 18 mois après chirurgie bariatrique).

Une réintervention toujours possible Elle sera envisageable en cas de perte de poids insuffisante (IMC > 35 kg/m2 ) ou de dysfonctionnement du montage chirurgical. Leur risque étant plus élevé, le patient devra en être informé.

Des outils pour la mise en œuvre de ces recommandations Des documents d’aide à la mise en œuvre de ces recommandations seront prochainement publiés (2e trimestre 2009) : une liste de critères de qualité destinée aux professionnels de santé souhaitant réaliser une évaluation de leur pratiques, une fiche d’information destinée aux médecins traitants et une brochure d’information destinée aux personnes obèses qui envisagent la chirurgie de l’obésité.

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Pour mémoire La chirurgie bariatrique ne peut être envisagée que chez des patients adultes réunissant l’ensemble des conditions suivantes : • un IMC supérieur ou égal à 40 kg/m2 ou bien IMC supérieur ou égal à 35 kg/m2 associé à au moins une comorbidité susceptible d’être améliorée après la chirurgie (hypertension, artérielle, syndrome d’apnées hypopnées obstructives du sommeil [Sahos] et autres troubles respiratoires sévères, désordres métaboliques sévères, en particulier diabète de type 2, maladies ostéoarticulaires invalidantes, stéatohépatite non alcoolique) ; • en seconde intention après échec d’un traitement médical, nutritionnel, diététique et psychothérapeutique de 6 à 12 mois ; • en l’absence de perte de poids suffisante ou en l’absence de maintien de la perte de poids ; • des patients bien informés au préalable, ayant bénéficié d’une évaluation et d’une prise en charge préopératoires pluridisciplinaires ; • des patients ayant compris et accepté la nécessité d’un suivi médical et chirurgical à long terme ; • un risque opératoire acceptable. C. Costa « Obésité : prise en charge chirurgicale chez l’adulte » — Recommandations pour la pratique clinique — janvier 2009, www.has-sante.fr

COMPORTEMENT ALIMENTAIRE : LE CNA PUBLIE 17 RECOMMANDATIONS Après deux ans de travail, d’auditions des principaux acteurs publics et privés (ministères, Credoc, autorité de régulation de la publicité, CSA, chaînes de télévision, professionnels de santé. . .) et de discussions avec les acteurs de la chaîne alimentaire, le CNA a rendu public son rapport sur l’éducation alimentaire, la publicité, l’information nutritionnelle et l’évolution des comportements alimentaires. Il y a quatre ans, le CNA s’était déjà penché sur la politique nutritionnelle et la prévention de l’obésité infantile pour lesquels il avait émis trois avis : no 49 (février 2005), no 54 (décembre 2005) et no 55 (mars 2006). L’objectif de cette nouvelle réflexion était de préciser les moyens et méthodes permettant d’orienter les comportements alimentaires des consommateurs dans un sens plus favorable à leur santé. Après un état des lieux de la situation nutritionnelle en France, des initiatives prises par les industriels et les associations de consommateurs et des politiques mises en place, le rapport présente 17 propositions. Le point sur les plus marquantes.

Les enfants, cœur de cible de l’éducation alimentaire Pour les guider vers de meilleurs comportements alimentaires, le CNA mise sur le personnel de santé, d’encadrement et d’accompagnement auxquels une formation spécifique en nutrition sera proposée. Les parents y seraient également associés. Des programmes d’enseignement scolaire à la nutrition sont aussi évoqués. Ils porteraient sur l’aspect pratique de l’alimentation et de la nutrition (ateliers culinaires. . .) et se baseraient sur des supports pédagogiques ludiques, prenant en compte les diversités culturelles et intégrant l’éducation au goût, le plaisir et la convivialité.

La pub alimentaire sous surveillance La question de l’impact de la publicité alimentaire sur les comportements est encore ici posée. Toutefois, le CNA reste serein vis-à-vis de ce sujet car la publicité alimentaire subit un net recul des investissements depuis 2004. Même constat à la télévision et sur les chaînes jeunesse ou les investissements sont passés de 19,6 % des investissements bruts totaux en 2004 à 16,6 % en 2008. Biscuits sucrés, chocolat et confiserie et ultrafrais en font le plus les frais (investissements divisés par deux à quatre). Quant au temps consacré à la publicité alimentaire sur l’ensemble des chaînes, celui-ci est passé de 19,6 % du temps total de pub en 2004 à 15,6 % en 2008 et il a diminué de 51 % sur les seuls écrans jeunesse. Le CNA propose qu’aux heures de grande écoute des enfants, les messages diffusés orientent leurs choix vers des produits plus conformes (dont les critères nutritionnels restent encore à définir !). Une mission qui serait confiée au CSA. Il recommande aussi la mise en place d’un programme d’éducation à la publicité au sein du cursus scolaire pour permettre aux enfants de mieux les interpréter.

L’équilibre alimentaire dans tous les médias Le CNA propose le développement de messages mettant en valeur l’activité physique (ou luttant contre la sédentarité) et l’aménagement d’espaces informatifs exclusivement réservés à l’équilibre et à la culture alimentaires dans l’ensemble des médias (y compris Internet).

La place de la nutrition est au sommet de l’état Constatant que ses derniers avis ont été suivis de peu d’effets, le CNA suggère qu’une structure interministérielle rattachée au premier ministre soit chargée de l’orientation et de la coordination des actions en matière de politique nutritionnelle (recommandation 107 de l’avis no 55), de la validation des supports pédagogiques d’accompagnement des messages délivrés en milieu scolaire (recommandation no 8 de l’avis no 55), ainsi que de l’établissement des règles et conditions d’accès aux espaces informatifs (recommandation no 12 de l’avis no 55). Tout cela paraît bien vu et sans aucun doute nécessaire. . . un prêche dans le désert ? C. Costa

Centraliser les données pour mieux en tirer partie Pour faire face à l’éparpillement des données d’études et d’enquêtes relatives à l’alimentation et aux comportements alimentaires, le CNA souhaite que l’Oqali soit chargé de les centraliser. Les actions d’éducation, de formation ou d’information dans ces domaines (locales, régionales ou nationales) devront également faire l’objet d’un inventaire et d’une évaluation centralisée des résultats. Objectifs : pouvoir ainsi en tirer plus facilement les enseignements.

Avis no 64 adopté le 8 avril 2009 du CNA, http://cna-alimentation.fr/

LA CRISE, UNE OCCASION DE CHANGER SES COMPORTEMENTS ALIMENTAIRES ? Économistes, sociologues, nutritionnistes et diététiciens étaient réunis le 13 mars dernier pour en discuter lors du colloque « Alimentation et pouvoir d’achat, concilier qualité nutritionnelle et prix », organisé par le Cerin.

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La crise économique modifie-t-elle les comportements alimentaires ? Pour Pascale Hebel, économiste au Crédoc, c’est un fait. En compilant les derniers chiffres de l’Insee au dernier Baromètre des perceptions alimentaires, elle observe une baisse des dépenses de consommation alimentaire en volume sur 2008. Les stratégies des franc ¸ais sont multiples : 28 % choisissent des gammes moins chères (MDD ou 1er prix), 27 % n’ont pas réduit leurs dépenses alimentaires, 18 % achètent moins de produits peu nécessaires et 17 % ont réduit la quantité de leurs achats. Les produits perdants sont les produits transformés, l’alcool, les poissons et crustacés, les produits d’épicerie salée et sucrée, l’eau en bouteille, les confiseries et l’ultrafrais laitier. Le critère du prix passe désormais avant la proximité du magasin et la qualité. Cette crise favorise en revanche le retour aux fondamentaux. On rêve de « cuisiner plus » pour : • économiser (pour 29 % des personnes interrogées) : le savoir-faire étant perdu, on observe un fort attrait des nouvelles générations pour la « cuisine loisirs » ; • permettre plus de convivialité en invitant des amis (19,8 %) : la dimension plaisir réapparaît fortement chez les plus de 25 ans ; • manger varié et améliorer sa santé (pour 47 %) : bien manger est une question d’équilibre pour 37 % en 2008 (contre 12 % en 1995). Notons toutefois que ce souhait est propre aux catégories sociales aisées. Les foyers les plus modestes vivent au contraire le temps passé à la préparation des repas comme une corvée. Autre constat de P. Hebel : le repli sur la famille. La restauration hors foyer diminue, la préparation et la congélation à domicile se développent. Mais cette crise n’effacera pas la tendance structurelle (chez les plus jeunes) au besoin de produits plus pratiques et à DLC longue « qui permettent de se dégager du temps pour faire autre chose » selon l’économiste.

Si cette crise bouleverse nos valeurs, peut-on pour autant y voir une opportunité de réinventer notre fac ¸on de consommer ? « L’alimentation est un refuge compensatoire et un espace rassurant aux frustrations et inquiétudes liées à la crise » explique Denis Muzet, sociologue. « Faire maison » c’est prendre soin de soi et de l’autre. La crise, en fragilisant mentalement les classes moyennes, a aiguisé l’attention à autrui. Le consommateur aspire aussi à consommer avec sobriété et mesure comme pour répondre aux excès et dérives des spéculateurs boursiers. Pour cela, il devient stratège et ruse. Il recherche des circuits de distribution à taille humaine, valorise les produits bruts, remplace les produits chers par d’autres plus économiques sans pour autant se passer des produits fondamentaux (viande, produits laitiers, fruits et légumes) ni renoncer au plaisir alimentaire. Le consommateur aurait selon D. Muzet, le sentiment qu’il peut, modestement, à l’échelle de son comportement, agir sur le cours des choses par ses achats : consommer solidaire et durable avec des circuits de production simples et authentiques et le souci d’être plus en phase avec l’ordre naturel des choses. Ou encore introduire de la raison, de la mesure et de la responsabilité dans ses comportements. La crise réintroduirait-elle du sens dans notre alimentation ? « Assurément » répond le sociologue qui pense que donner du sens aux actes et aux discours est le meilleur moyen de sortir de la crise.

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En période de crise et avec un budget réduit, quels sont les aliments à privilégier ? Faut-il dépenser beaucoup d’argent pour bien manger ? « Avec la crise, les foyers modestes et de faible niveau socioculturel se dirigent vers des aliments gras, sucrés, « prêts à manger » très énergétiques et bon marché : un « junk food » riche en calories mais pauvre en nutriments » alerte Adam Drewnowski, professeur d’épidémiologie et de médecine. Pourtant, selon un calcul de profilage nutritionnel auquel il a participé (score NRF 9,3) il existe des aliments riches en nutriments et peu chers : les œufs, les légumes secs, les produits laitiers (lait en particulier) et la viande hachée. En prenant en compte ces données, on peut élaborer des recommandations nutritionnelles réalistes qui valorisent des aliments de bonne qualité pour un prix abordable tout en respectant les habitudes alimentaires des franc ¸ais. C’est ce à quoi s’est amusée Danièle Colin, diététicienne. À partir de cinq profils de consommateurs adultes, elle tente d’améliorer leur équilibre alimentaire, en veillant aux apports en nutriments essentiels, aux capacités culinaires des sujets et à leur budget. Des conseils réalistes qui permettent à certains d’économiser jusqu’à 20 euros par mois et qui montrent qu’il n’est pas nécessaire d’avoir beaucoup d’argent pour manger équilibré. C. Costa Colloque « Alimentation et pouvoir d’achat, concilier qualité nutritionnelle et prix » 13 mars 2009. Dossier d’information à demander auprès de Mme Annie Blaise : 01 49 70 71 67 ou [email protected]

L’OBSERVATOIRE DE LA QUALITÉ DE L’ALIMENTATION PUBLIE SES PREMIERS RÉSULTATS Après un an de fonctionnement, l’Oqali, présente ses premiers résultats sur son nouveau site Internet destiné au grand public. Trois secteurs ont fait l’objet d’investigations : les céréales pour le petit-déjeuner, les biscuits et gâteaux industriels et les produits laitiers ultrafrais. L’objectif de ce travail : savoir si les compositions nutritionnelles de ces produits varient au sein de ces catégories suivant les segments de marché (marque nationale, marque distributeur ou MDD, hard discount ou HD, premier prix). Les compositions nutritionnelles et les informations fournies par l’étiquetage ont donc été analysées. Résultat : peu de différences de compositions nutritionnelles entre les segments concernant les produits à forte part de marché mais une communication nutritionnelle qui varie beaucoup (étiquetage, repères ou recommandations nutritionnelles).

Céréales de petit-déjeuner : moins de sel dans les marques nationales Trois cent cinquante-cinq références ont été analysées en 2008. Leur composition nutritionnelle varie principalement selon la famille de céréales et non la marque. Les mueslis sont, par exemple, plus riches en lipides, les céréales fourrées plus riches en lipides et en sucres, les céréales au miel ou caramel moins riches en lipides mais plus riches en sucres et les céréales « ligne et forme » les plus pauvres en lipides et en fibres. Certains produits de marques nationales présentent moins de sodium que les

Actualités autres. Toutefois, si l’on ne considère que les références les plus vendues (plus grande part de marché), cellesci ont une composition nutritionnelle identique quel que soit le segment. Du côté de l’étiquetage nutritionnel, 80 % des produits présentent des informations de type groupe 2 étendu (valeur énergétique, protéines, glucides, sucres, lipides, acides gras saturés, fibres, sodium, vitamines et sels minéraux). La moitié des mueslis croustillants proposent un étiquetage tel que cité précédemment tandis que toutes les céréales riches en fibres ont ces informations. Plus de la moitié des céréales de petit déjeuner (62 %) présente au moins une allégation nutritionnelle (issue de la liste positive — règlement CE 1924/2006). Les céréales riches en fibres plus que les mueslis croustillants (85 % contre 48 %). Les marques distributeurs et le hard discount moins que les marques nationales (47 et 61 %, respectivement, contre 87 %). Il s’agit le plus souvent d’une mention de type « riche en. . . » et « source de. . . » portant sur les vitamines ou les minéraux. Ces mentions sont situées pour la moitié d’entre elles face avant de l’emballage. Enfin, un tiers des produits propose des repères nutritionnels. Notons que les produits premier prix (MDD ou HD) ont en général un étiquetage moins complet, ne proposent pas d’allégation nutritionnelle ni de repères nutritionnel et ne sont pas enrichis en vitamines et minéraux. Quelques produits ont montré une évolution de leur composition entre 2001 et 2008 : 41 références ont réduit leur teneur en sodium (réduction jusqu’à 0,4 g/100 g) et 27 références ont diminué leur teneur en sucres (réduction de 1,5 à 9 g/100 g).

Biscuits et gâteaux industriels : seuls 12 % portent une allégation Mille cent dix-huit produits ont été analysés en 2008. Les familles les plus représentées sont les biscuits chocolatés nappés (14 %), les biscuits secs au beurre (8,7 %), les biscuits chocolatés sandwichés (8,1 %) et les cookies (8 %). Leur composition nutritionnelle varie principalement en fonction du type de biscuits suivant qu’ils sont à forte ou à faible humidité. Il existe peu de différences de composition nutritionnelle entre les marques, notamment en ce qui concerne les produits détenant les plus grosses parts de marché. La majorité des produits présentent un étiquetage nutritionnel (91 %) et celui-ci est moins complet pour les produits Hard discount (sans mention sur les vitamines et minéraux). Les recommandations de consommations y sont aussi moins présentes (1 % des produits contre 10 % des produits de marque nationale et 8 % des MDD). Globalement, 12 % des produits présentent au moins une allégation nutritionnelle. Les produits premier prix (de MDD et HD) n’en contiennent pas alors que 17 % de produits de marque nationale en portent. Il s’agit la plupart du temps de la mention « source de. . . » concernant des vitamines ou minéraux (46 % des allégations). Neuf pour cent des références proposent des repères nutritionnels : les MDD en tête (5 %), suivies des marques nationales (3 %) et du hard discount (1 %). Quant à l’évolution des compositions nutritionnelles, peu d’efforts de la part des industriels. En l’espace de huit ans, 20 références ont osé la diminution de leur teneur en sucre (diminution de 2 à 15 g/100 g) et 10 références l’augmentation de leur teneur en fibres (augmentation de 0 à 3 g /100 g).

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Ultrafrais laitiers : les MDD multiplient les informations nutritionnelles Desserts lactés, yaourts et assimilés (nature, nature 0 %, aux fruits ou aromatisés, aux fruits et aromatisés 0 %) ; les fromages frais et les laits et boissons lactées sont passés à la moulinette de l’Oqali, soit 707 produits. Les différences de composition nutritionnelle sont plus liées aux familles de produits laitiers qu’aux segments de marché. Toutefois, la teneur moyenne de la plupart des nutriments est inférieure dans les desserts premier prix par rapport aux autres. Du côté de l’étiquetage nutritionnel, il est la plupart du temps du type groupe 2 étendu, en particulier pour certains yaourts et assimilés et les fromages blancs. En revanche, les informations sont moins fournies concernant les desserts lactés et les yaourts aux fruits ou aromatisés. Les produits de marque distributeur, qui dominent (en nombre) le marché, contiennent plus fréquemment un étiquetage de type groupe 2 étendu. Vingt-cinq pour cent des produits portent une allégation nutritionnelle (yaourts nature, lait et boissons lactées et fromage blanc surtout). Ceux vendus sous MDD principalement (60 %), suivies des marques nationales tandis que les premiers prix n’en présentent pas. Les allégations portent le plus souvent sur le calcium et la vitamine D. Moins de 20 % des produits étudiés présentent des repères nutritionnels, desserts lactés et yaourts et assimilés aux fruits ou aromatisés en particulier. Ces repères sont très majoritairement portés par les produits MDD (75 %) devant les marques nationales et les premier prix. Dix-sept pour cent des produits proposent une recommandation de consommation (de type « trois produits laitiers par jour »). Les produits de MDD principalement. Que penser de ces observations ? Tout d’abord que la création de l’Oqali a été une bonne chose puisque des observations objectives sont fournies. Ensuite, qu’il existe effectivement des différences dans la qualité des informations selon les marques. Enfin, la répétition de ce genre d’enquête permettra de mesurer les efforts d’amélioration de composition ou d’information accomplis, notamment par les fabricants qui ont signé les chartes d’engagement. C. Costa, B. Guy-Grand Site Internet de l’Oqali, www.oqali.fr — Publications Oqali — Études sectorielles

PRODUITS À PRIX CASSÉ : POUR QUELLE QUALITÉ ? La part du « low cost » dans les achats alimentaires des franc ¸ais ne cesse de se développer. Quelles sont les conséquences en termes d’apport calorique, de qualité nutritionnelle ou de présence d’additifs. Ce sont les questions que s’est posée l’association de consommateurs CLCV. L’étiquetage de plus de 300 produits a été analysé : raviolis, soupes, yaourts, biscuits et céréales pour enfants, jambons. . . Les résultats sont surprenants : les produits les moins chers ne seraient pas toujours de moindre qualité. Les différences avec les produits concurrents sont même finalement assez limitées. Elles concernent : La quantité et la nature des ingrédients : les produits moins chers jouent parfois sur les quantités ou la nature des ingrédients pour réduire les coûts. C’est le cas dans les raviolis, les confitures, les saucisses de Strasbourg, les poissons panés, les nuggets de poulet, les pizzas jambon fromage, les yaourts aux fruits, les barres pâtissières

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et les pains au chocolat. L’ingrédient principal y est en moindre quantité ou bien remplacé (partiellement ou totalement) par une matière première d’un moindre coût. Mais ce constat est loin d’être systématique et de nombreux produits « discount » ont des recettes très comparables aux produits plus chers. La présence d’additifs : dans quelques produits « discount », certains additifs sont plus fréquents comme les édulcorants dans les boissons au cola, les colorants de synthèse (tartrazine) dans les barres pâtissières, les exhausteurs de goût dans les raviolis, les hachis parmentier, les knacks et les jambons ou les amidons modifiés dans les soupes.

Une qualité nutritionnelle souvent identique Contrairement à ce qui était attendu, les produits « discount » ne paraissent pas plus gras ou caloriques que leurs concurrents. L’inverse a souvent été constaté comme dans le cas des raviolis, colas, soupes, yaourts aux fruits, nuggets de volaille, pains au chocolat, barres pâtissières et hachis. S’agissant de la qualité nutritionnelle, la principale différence concerne quelques catégories comme les raviolis, qui contiennent moins de protéines ou les céréales au chocolat, les barres pâtissières et les confitures qui utilisent plus fréquemment du sirop de glucose-fructose. Mais pour la majorité de produits, les caractéristiques nutritionnelles des références « discount » paraissent comparables à celles des produits plus chers. Ces conclusions rejoignent celles récentes de l’Oqali.

Les marques distributeurs, vainqueurs du palmarès C’est la conclusion de cette étude. Seuls trois produits de marques distributeurs sont de qualité médiocre et 15 d’un bon rapport qualité/prix. Du côté des produits discount, 20 produits sont épinglés et sept seulement obtiennent une « mention honorable ». Quant aux marques nationales, leur prix élevé paraît rarement justifié selon le CLCV, qui ne note que peu de différences significatives de composition : un produit est épinglé et seuls trois produits sont de meilleure qualité. Le conseil du CLCV : « pour bien choisir et opter pour le meilleur rapport ‘‘qualité/prix’’ il faut s’informer et comparer les étiquettes ». Un conseil élémentaire à condition d’avoir accès à un étiquetage nutritionnel (moins fréquent et moins détaillé sur les produits « discount ») et de le comprendre (pas d’harmonisation suivant les marques). C. Costa Communiqué de presse du CLCV du 12 mai 2009. Résultats complets sur le site le point sur la table du CLCV : www.lepointsurlatable.fr

LA FORMATION DES PROFESSIONNELS À LA NUTRITION La formation des professionnels à la nutrition s’inscrit dans la cohérence des actions du second Programme National Nutrition Santé (PNNS), en ligne avec les réflexions et les objectifs du premier PNNS. Cette formation des professionnels est un élément important pour la réussite à court et moyen termes (formation continue des professionnels) et la pérennisation à long terme des effets du PNNS (formation initiale) : ces deux domaines de la formation doivent être pris en compte.

Les professions concernées incluent non seulement les professionnels de santé, médicaux et paramédicaux (qualité de l’offre dans le système de soins) mais aussi les professionnels de l’alimentation (qualité nutritionnelle de l’évolution de l’offre alimentaire) comme les professionnels des services à la personne (qualité des actions de proximité), incluant les professionnels de l’activité physique. Une définition large de la nutrition a été adoptée dans ce rapport : les éléments nécessaires pour le PNNS que sont les aspects physiologiques de la nutrition et leurs conséquences en termes d’aliments et l’activité physique. Mais elle prend aussi en considération les aspects psychosociologiques et comportementaux et les aspects économiques, sans lesquels les principes du PNNS ne peuvent être respectés (libre choix des personnes et place centrale du plaisir alimentaire, attention à porter aux personnes défavorisées). Enfin, elle inclut l’allergie dans la mesure où la maîtrise du risque allergique nécessite une mobilisation de l’ensemble des acteurs. En règle générale, pour la formation initiale de l’ensemble des professions étudiées, les deux derniers aspects (psychosociologie et allergie) sont généralement oubliés : par exemple, l’alimentation comme élément structurant de l’identité individuelle et collective pourrait aisément être incluse dans la formation pour toutes les professions ayant des enseignements de sciences humaines et sociales, ce qui n’est le cas actuellement. Le rapport ne propose pas des solutions toutes faites, tache impossible compte tenu de la complexité de certaines des questions traitées, ne serait-ce que par l’organisation des formations et réglementations résultant de l’histoire plus ou moins récente, mais propose des pistes de réflexion, de hiérarchisation et de traitement des questions. Pour l’ensemble des professions ont été identifiés les principaux acteurs qu’il sera nécessaire d’impliquer dans le travail ultérieur. Beaucoup de professionnels, notamment de la nutrition, ont déjà réfléchi à ces questions, fait des propositions, voire expérimenté certaines solutions sur le terrain : il est nécessaire de tenir compte de cette expérience très riche. De plus, pour de nombreuses filières, des commissions nationales pédagogiques ou de programmes sont prévus par les textes qui les réglementent et il sera nécessaire de les mobiliser. Enfin, certaines analyses faites en 2006 nécessiteront d’être adaptées en fonction de l’évolution du contexte (notamment réforme des études médicales). C’est dans le domaine des professionnels de santé que les actions structurantes à mettre en œuvre nécessiteront une réelle volonté politique ; en effet, il s’agit : • de permettre une meilleure lisibilité de la nutrition et des métiers de la nutrition afin que les patients soient pris en charge par des professionnels qualifiés et mieux formés. Si tous les médecins doivent avoir une formation de base en nutrition, il est nécessaire, puisque c’est la réalité d’aujourd’hui sans véritable contrôle, que certains médecins puissent exercer une compétence plus aboutie fondée sur une formation plus complète (avec des modalités de reconnaissance des acquis pour la période de transition) et qu’un nombre plus limité soit considéré comme des médecins référents en ce domaine, notamment pour la prise en charge des pathologies lourdes évoquées dans le rapport du Pr Basdevant. Le collège des enseignants de nutrition a déjà beaucoup réfléchi à cette question. La reconnaissance et l’attractivité de la discipline peuvent aussi passer par la reconnaissance d’actes spécifiques ; • d’améliorer la formation des diététiciens, afin de les inscrire dans le cadre de licence master-doctorat (LMD) et

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de définir les conditions de mise en œuvre la délégation des taches. Le rapport du Pr Krempf avait déjà exploré des pistes et l’AFDN ex ADLF), en lien avec les associations européennes, a déjà beaucoup travaillé sur ce point ; • d’intégrer plus fortement la nutrition dans des filières où elle est actuellement officiellement optionnelle (études de pharmacie, où pourrait se mettre en place un véritable enseignement de nutrition pharmaceutique) ou absente.

Pour la plupart des autres professions dont la formation a été examinée, il s’agira plus d’une question de persévérance : cela concerne l’amélioration de très nombreux programmes de formation : • pour les professions de santé, les aspects concernant l’allergie et les aspects psychosociaux ont déjà été soulignés, auxquels il faut ajouter l’intégration des objectifs et recommandations produites par le PNNS ; il serait aussi nécessaire, à partir de l’ensemble des documents de référence produits par le PNNS, d’élaborer des outils simples pour une intégration plus aisée des questions de nutrition dans la pratique courante ; • pour les professionnels du service à la personne, les questions liées à l’alimentation sont très fréquemment oubliées des programmes officiels et beaucoup reste à faire. Comme dans l’enseignement général, les approches sont fréquemment très théoriques et abstraites sans lien évident avec les problèmes concrets visés par le PNNS ; • pour les professionnels de l’alimentation, il est frappant de constater que la prise en compte des aspects nutritionnels dans la formation est d’autant plus faible que les produits sont moins promus par le PNNS. Pour les formations qui intègrent déjà un enseignement de nutrition, celui-ci apparaît nettement en décalage avec les problématiques actuelles : absence totale de la problématique de l’allergie, absence des questions concernant par exemple le sel, les fibres. . . À l’heure où la réglementation européenne concernant la nutrition s’intensifie et se complexifie, c’est un élément vital pour l’industrie agroalimentaire tout autant que pour la réussite du PNNS.

D’un point de vue pratique, il sera nécessaire de mettre en place quelques groupes de travail pour donner un contenu plus concret aux nombreuses pistes évoquées, sous l’égide du ministère de la santé, en collaboration étroite avec les autres ministères concernés par le PNNS et la formation, notamment le ministère de l’Éducation nationale, mais aussi le ministère de l’Agriculture. Un certain nombre d’indications récentes, mentionnées dans le rapport, indiquent que ces évolutions sont réalisables et répondent aux besoins des professionnels, des patients et des consommateurs, comme du PNNS. Ainsi, par exemple, un important travail a été conduit avec le CNFPT pour l’amélioration de la formation continue de la fonction publique dans le domaine de la nutrition, en parfaite cohérence avec le PNNS. A. Martin Résumé du rapport au ministre de la Santé, dans le cadre du Programme National Nutrition Santé. Le rapport intégral est téléchargeable sur : http://www.sante-sports.gouv.fr/publicationsdocumentation/publications-documentationsante/rapports/rapport-du-professeur-ambroise-martinmission-formation-nutrition-professionnels.html

ACIDES GRAS (AG) TRANS : UN NOUVEAU RAPPORT DE L’AFSSA En réponse à la demande de la DGAL, l’Afssa a récemment estimé les apports de la population franc ¸aise en AG trans. Rappelons qu’en 2005, cette même instance publiait un rapport sur « les risques et bénéfices pour la santé des acides gras trans provenant des aliments » dans lequel elle estimait déjà les apports des franc ¸ais et fixait la limite maximale à 2 % de l’AET. Viennoiseries, pâtisseries, produits de panification industriels, barres chocolatées et biscuits étaient alors mis à l’index en raison de leur forte contribution aux apports en AG trans. Et les industriels étaient incités à limiter à 1 g/100 g la teneur de leurs produits en AG trans. Plus qu’une mise à jour des données, il s’agit de fournir des chiffres plus fiables qu’auparavant en se basant sur la nouvelle table de composition des aliments (CIQUAL 2008), sur les données de l’enquête INCA2 (2006—2008) et en intégrant une correction des valeurs manquantes pour 908 aliments potentiellement vecteurs d’AG trans (scénario 2 versus scénario 1 du travail de 2005). Notons que l’IFN a participé à ce travail en fournissant à l’Afssa les compositions nutritionnelles de plus de 600 échantillons. Elle vient d’ailleurs de publier une récente mise au point sur ce sujet.

Pas de dépassement des limites maximales Selon ce nouveau scénario, les apports en AG trans sont en moyenne de 2,3 g/j chez les adultes (soit 1 % de l’AET) et de 1,90 g/j chez les enfants (1 % de l’AET). Soit des données supérieures d’environ 30 % à celles estimées dans le rapport de 2005. Seuls 5 % des adultes dépassent 1,5 % de l’AET et moins de 0,1 % ont des apports supérieurs à la limite maximale recommandée de 2 % de l’AET. Chez les enfants, 5 % ont des apports supérieurs à 1,4 % de l’AET et moins de 0,1 % ont des apports supérieurs à 2 % de l’AET. Les apports les plus élevés sont observés chez les garc ¸ons de 15 à 17 ans (2,2 g/j en moyenne) et les filles de 11 à 14 ans (1,9 g/j en moyenne) tandis qu’aucune différence d’apport (en pourcentage de l’AET) n’est observée selon le sexe ni les tranches d’âge chez l’adulte.

Plus de 42 % des apports sont d’origine technologique Ce nouveau calcul révèle que la part des AG trans d’origine technologique dans les apports totaux est plus élevée que ce qui est constaté avec le calcul utilisé en 2005 : 1,5 fois supérieure chez l’adulte (42,6 % en 2008 contre 27,8 % en 2005) et 1,27 fois supérieure chez l’enfant (49,3 % en 2008 contre 38,8 % en 2005). Si, chez les adultes, les AG trans d’origine naturelle dominent toujours (57,4 % des AG trans totaux contre 42,6 % pour les AG trans technologiques), il n’en est pas de même chez les enfants. AG trans naturels et AG trans technologiques contribuent de manière équivalente à leurs apports totaux en AG trans (50,7 et 49,3 %, respectivement).

Les plats composés : troisième vecteur d’AG trans chez l’adulte Les principaux groupes d’aliments contributeurs d’AG trans sont les fromages, le beurre et la viande. Le fromage arrive en tête chez les adultes (22 % des AG trans totaux), suivi du beurre (17 %), des plats composés (11,2 %) et des viandes (10,6 %). Les plats composés apparaissent en troisième position (contre la neuvième position dans le scénario initial) en raison des hypothèses effectuées sur les valeurs

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manquantes. Les sandwiches et les soupes font également leur apparition parmi les groupes d’aliments vecteurs. Chez les enfants, le beurre est le premier contributeur d’AG trans (14,4 %), suivi de près par les fromages (14 %) et les viandes (10,9 %). Au total, une douzaine d’aliments contribuent chez les adultes comme chez les enfants à 90 % de l’apport total en AG trans. Fort de ces résultats, l’Afssa considère que ces nouvelles estimations d’apports en AG trans totaux, plus fiables que celles présentées en 2005 mais toujours inférieures au seuil de 2 % de l’AET (fixé en 2005) sont rassurantes. Des améliorations de cette estimation sont encore possibles car certains paramètres comme la prise en compte de ce qui est consommé en restauration collective, de la variabilité des teneurs en AG trans pour certains aliments au sein d’une même catégorie et selon le segment du marché (premier prix, MDD, marque nationale. . .), de la part des produits « faits maison », ou encore l’intégration des parts de marché manquent. Pour l’instant, le niveau des consommations d’AG trans d’origine naturelle (< 1,5 % de l’AET) n’inquiète pas l’Afssa, qui se focalise plutôt sur ceux d’origine technologique, pour lesquels elles souhaite que des alternatives soient envisagées. On s’étonne qu’il y ait encore une telle polémique dans les médias alors que l’essentiel du problème semble résolu même si l’on peut supposer que les préparations artisanales (non contrôlées) et certains acteurs de la restauration collective ont peut-être encore des efforts à faire sur ce plan. C. Costa o

Afssa — saisine n 2007-SA-0220 du 20 février 2007. Avis du 20 février 2009 : www.afssa.fr

HUILE DE LIN : L’AFSSA SOUHAITE ENCADRER SA COMMERCIALISATION Loin d’interdire la commercialisation d’huile de lin sur le territoire franc ¸ais (légale au sein de l’Union européenne), l’Afssa émet toutefois des réserves quant à son conditionnement, sa conservation et sa consommation dans son récent avis du 31 mars dernier. En cause, des analyses révélant le non respect de certains critères de qualité dans certaines huiles vierges prélevées dans le commerce (indice de peroxyde et teneur en acides gras libres). Afin de limiter au mieux l’oxydation du produit, l’Afssa recommande que les mesures de conditionnement, de conservation et d’utilisation soient plus restrictives que celles existant pour les huiles végétales classiques. Elle propose : • une meilleure trac ¸abilité des lots pour optimiser le contrôle de la durée de vie (< 1 an) ; • un conditionnement maximal de 250 ml et dans un matériau opaque ; • un inertage à l’azote avant d’obturer la bouteille ; • une durée maximale d’utilisation optimale de neuf mois. L’étiquetage devra également mentionner que le produit doit être conservé à l’abri de la chaleur avant ouverture, au réfrigérateur après ouverture, ne doit pas être chauffé, doit être réservé à l’assaisonnement, ne doit pas être conservé plus de trois mois après ouverture et ne convient pas aux enfants de moins de trois ans. C. Costa Afssa — Avis du 31 mars 2009 saisine 2008-SA-0392, www.afssa.fr

Les acides gras trans : origine, impact santé, évolution de leur teneur dans les aliments en France au cours des dernières années. Les mises au point de l’IFN Mai 2009, n◦ 3. www.ifn.asso.fr

INRA : 22 PROJETS DE RECHERCHE EN NUTRITION FINANCÉS PAR L’AGENCE NATIONAL DE LA RECHERCHE (ANR) Du 10 au 12 mars derniers, l’Inra et l’ANR organisaient un colloque pour clôturer le premier programme national de recherche en alimentation et nutrition humaine lancé en 2005 et financé par l’ANR. Vingt-deux projets d’une durée de deux à trois ans avaient été retenus pour un montant total de subventions de 14,3 milliard d’euros. Plus de 160 équipes de recherche publiques et privées ont été mobilisées. Il fallait donc bien deux journées pour présenter les résultats de ces projets. Les exposés portaient sur la perception sensorielle et le comportement du consommateur, la nutrition, la qualité et la sécurité des aliments. Le compte rendu de ce colloque de clôture est téléchargeable sur le site de l’ANR. C. Costa Colloque de clôture du programme national de recherche en alimentation et nutrition humaine PNRA édition 2005 sur le site www.agence-nationale-recherche.fr rubrique « Toute l’actualité »

TRANSVERSALITÉ ET NUTRITION DANS LES POLITIQUES TERRITORIALES Le 17 mars 2009 se réunissaient des élus, des responsables de services municipaux et de conseils généraux, des experts en nutrition ou en urbanisme pour débattre de la question du développement et de la mise en œuvre d’activités en nutrition au niveau territorial. À cette occasion, des responsables de plusieurs villes actives du PNNS (Mouans Sartoux, Poitiers, Bordeaux, Lonsle-Saunier, Grabels) ont présenté leur démarche et les résultats qu’ils ont pu obtenir. Qu’il s’agisse d’actions en PMI, au niveau des écoles ou de la ville, de démarches pour promouvoir l’activité physique, d’améliorer la qualité nutritionnelle des repas ou dépister le surpoids, la réussite de ces projets passe par un certain nombre d’impératifs. Didier Febvrel, impliqué sur la ville de Marseille explique ainsi qu’un engagement ferme de la ville est indispensable ainsi que la nécessité d’échanges et de collaborations efficaces entre les différentes institutions impliquées. À ce titre, le Label « PNNS » donne un cadre de légitimité dans la relation avec les partenaires. Le projet doit être l’occasion d’une mobilisation sociale large. Des campagnes de prévention et de communication semblent indispensables. La collaboration de nombreux acteurs et leur formation également. L’équipement doit également être favorable à la mise en pratique du projet (cantines en self service, restauration en régie directe, existence de producteurs locaux, équipements sportifs. . .). Pour cela, la recherche de financement doit être particulièrement soignée. Les directions régionales et départementales, le Conseil général ou encore des entreprises privées peuvent y participer. Parmi les nombreux obstacles à la mise en place de ces démarches, la dimension de la ville et le nombre de partenaires ou de secteurs impliqués. Au vu des données présentées lors de cette journée, on comprend bien que lancer un projet PNNS de grande ampleur sur les villes de Lons-le-Saunier ou

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de Mouans Sartoux (< 20 000 habitants) paraît plus gérable qu’au sein d’une grande ville comme celle de Marseille. C. Costa Diaporama des intervenants consultable sur le site de la Société franc¸aise de santé publique, http://www.sfsp.fr/manifestations/accueil manif.php

LE SOUS-POIDS FÉMININ, PLUS VALORISÉ EN FRANCE QU’AILLEURS Les Franc ¸aises plus sensibles à la minceur que les autres ? C’est ce que laissent supposer les résultats de l’enquête Eurobaromètre 59,0, réalisée en 2003 dans 15 pays européens et commentés par Thibault de Saint Pol. Dans ce panorama de la corpulence européenne et du rapport que chacun entretien avec son poids, les femmes et en particulier les Franc ¸aises se démarquent des autres. Les corpulences moyennes, qui diffèrent beaucoup d’un pays d’Europe à l’autre montrent des écarts bien plus importants chez les femmes. La corpulence moyenne, mesurée par l’indice de masse corporelle (IMC), varie de 23,2 (Franc ¸aises et Italiennes) à 26,0 chez les femmes (Grecques) tandis qu’elle s’étale de 24,5 (francais et Italiens) à 26,0 (Grecs, Finlandais) chez les hommes. Par ailleurs, les pays où celles-ci ont tendance à avoir une faible corpulence sont aussi ceux où la différence entre hommes et femmes est la plus élevée. C’est notamment le cas de la France. La minceur y est particulièrement prisée par les femmes dont les normes pondérales (poids idéal) sont particulièrement faibles par rapport à la moyenne européenne. Le poids idéal qu’elles déclarent se situe plus bas et correspond à l’indice 19,5 tandis que celui des hommes est de 22,0. Au Royaume-Uni, où l’IMC moyen est de 26,2, les femmes sont plus nombreuses à s’imaginer être en souspoids qu’elles ne le sont réellement. Toutefois, leur poids idéal est supérieur à celui des franc ¸aises puisqu’il est de 20,4. Un même niveau de corpulence est perc ¸u différemment selon le pays. Comme l’explique Thibault de Saint Pol : « un individu qui se trouve trop gros en France, dans un environnement où la corpulence moyenne est assez faible, se satisfera du même poids dans un pays où la corpulence moyenne est plus élevée ». De fac ¸on générale, les femmes européennes sont moins satisfaites de leur poids (51 %) que les hommes (39 %) bien que ces derniers soient plus souvent en surpoids ou obèses. L’écart séparant l’idéal de la réalité est plus important chez les femmes que chez les hommes (4,7 points contre 2,9). Leur motif d’insatisfaction : 46 % trouvent leur poids trop élevé. Les hommes sont au contraire plus nombreux à penser que leur poids est trop faible. Cette plus grande insatisfaction des femmes vis-à-vis de leur poids se retrouve tout au long de la vie. Thibault de Saint Pol explique que c’est le cas des filles qui, à l’adolescence, ont plus que les garc ¸ons tendance à se juger en surpoids, voire très en surpoids, quand elles ne le sont pas au regard des normes de l’OMS. Ainsi donc, les Franc ¸ais auraient un idéal de corpulence plus faible que leurs voisins alors qu’ils sont en moyenne moins gros. Serait-ce le signe d’une pression plus forte exercée sur le corps dans notre pays ? On pourrait tout autant supposer que plus la moyenne nationale d’IMC est élevée plus il y a tendance à réviser à la hausse la « norme » idéale.

Ces données nous renvoient à celles de Fabrice Etilé qui montrait récemment que les femmes sont plus sensibles que les hommes aux normes sociales qui déterminent leurs représentations individuelles du corps idéal (CND 2008; vol 43[6]). C. Costa Surpoids, normes et jugements en matière de poids : comparaisons européennes. Thibault de Saint Pol. Lettre de l’Ined no 455 avril 2009

DIABÉTIQUES DE TYPE 2 : LEUR ÉTAT DE SANTÉ S’AMÉLIORE Les derniers résultats de l’étude Échantillon National Témoin Représentatif Des Personnes Diabétiques (Entred) menée en 2007 sont encourageants : l’état de santé des diabétiques de type 2 s’est amélioré depuis six ans. On observe une baisse de la pression artérielle, de la glycémie et du cholestérol quel que soit l’âge. Cinquante-neuf pour cent des individus ont un contrôle glycémique correct (HbA1c < 7 %) et la moitié une pression artérielle inférieure à 130/80 mmHg.

Une prise en charge insuffisante Plusieurs points restent à améliorer. L’obésité qui atteint 41 % des diabétiques de type 2 est en hausse (+7 %) et les complications du diabète (cardiaques, ophtalmologiques et podologiques) sont un peu plus fréquentes (meilleur dépistage, allongement de la durée de la vie ?). À cela s’ajoutent une prise en charge nutritionnelle et un dépistage des complications insuffisants : seuls 20 % des personnes diabétiques ont bénéficié d’une consultation diététique, 49 % d’une consultation ophtalmologique annuelle, 28 % d’un dosage urinaire de l’albumine et 43 % de la gradation du risque podologique.

Des diabétiques peu enclins à l’éducation thérapeutique La plupart des personnes diabétiques de type 2 se disent bien informées sur leur maladie (80 %). Les trois quarts d’entre elles aimeraient cependant avoir des informations supplémentaires, notamment sur l’alimentation (45 %) et les complications liées à la maladie (35 %). Les plus jeunes, ceux atteints de complications ou en situation économique difficile sont les plus demandeurs. Néanmoins, ils restent peu nombreux à souhaiter bénéficier d’une éducation thérapeutique (Grimaldi A. CND 2009; vol 44, no 2: p. 62) aussi bien individuelle (28 %) que collective (11 %).

Et des médecins qui n’ont ni le temps ni la formation pour les éduquer La principale difficulté rencontrée par les médecins est l’adhésion des patients aux recommandations alimentaires (pour 65 %) et d’hygiène de vie (64 %). Conscients de leur responsabilité dans la démarche éducative (72 % des médecins estiment que l’éducation nutritionnelle fait partie de leur mission), seuls trois quart des médecins spécialistes et un quart des généralistes assurent cette mission. Si les médecins spécialistes hospitaliers sont plus nombreux à déclarer que la majorité de leurs patients bénéficie d’une éducation thérapeutique (71 % contre 27 % pour les spécialistes libéraux et 11 % pour les généralistes), c’est parce qu’ils s’appuient sur une structure relais et des professionnels auxquels les médecins de ville n’ont pas accès. Ces derniers citent également comme frein à la mise en place d’une

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démarche éducative, le manque de temps. Un grand besoin de formations spécifiques se fait sentir. Des formations pour proposer et négocier les objectifs, savoir apporter une information adaptée, identifier les besoins des patients, évaluer les modifications et favoriser l’expression des patients leur paraît nécessaire. Ils aimeraient aussi pouvoir s’appuyer sur des supports d’information adressés aux patients ainsi que sur des outils d’aide à la consultation. C. Costa Communiqué de presse de l’Inpes du 13 mars 2009, www.inpes.sante.fr

DIABÈTE DE TYPE 2 : BIENTÔT UN SCORE PRÉDICTIF POUR LA POPULATION FRANC ¸AISE ? C’est ce que proposent Sylviane Vol et al. dans une publication parue dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire de mars dernier. Si de nombreux scores de dépistage du diabète existent, ils sont tous spécifiques aux populations étudiées (fonction de la prévalence, du niveau des facteurs de risque et du mode de vie) et aucun n’est adapté à la population franc ¸aise. Les auteurs, provenant d’instituts de recherche variés (institut inter-régional pour la santé, Inserm, Inra, institut de recherche en médecine générale) proposent donc de remédier à la situation et de fournir au médecin généraliste un outil simple de repérage précoce des sujets à risque de diabète. Leur étude porte sur 1863 hommes et 1954 femmes de 30 à 65 ans (cohorte DESIR) suivis pendant neuf ans. Le poids, la taille et le tour de taille étaient mesurés, l’IMC calculé, les habitudes de vie et l’histoire médicale recueillies, des échantillons sanguins prélevés. Deux scores ont été construits : l’un « clinique » constitué seulement des données cliniques, l’autre « bioclinique » constitué des données cliniques et biologiques. Le calcul du score clinique nécessite trois variables cliniques : le tour de taille et l’hypertension auxquels s’ajoutent le tabagisme pour les hommes et l’antécédent familial de diabète pour les femmes. Le score « bioclinique » comporte quatre variables : deux cliniques (tour de taille et statut tabagique pour les hommes ou antécédent familial pour les femmes) et deux biologiques (glycémie à jeun et gamma-GT pour les hommes ou triglycérides pour les femmes). Le score clinique varie de 0 à 5 (homme et femme) tandis que le score bioclinique s’exprime de 0 à 13 pour l’homme et de 0 à 9 pour la femme.

Résultat Un score clinique élevé (> 3 chez l’homme et la femme) permet de prédire dans la cohorte DESIR l’apparition du diabète dans les neuf ans. Les valeurs prédicives positives sont de 21 % chez l’homme et 15 % chez la femme. Le tour de taille est la variable clinique la plus prédictive. En y ajoutant hypertension et tabagisme chez l’homme, hypertension et antécédents familiaux de diabète chez la femme, on obtient un score clinique très pratique pour le ciblage des actions préventives du diabète par le médecin généraliste. Quant à l’ajout de variables biologiques (glycémie, GGT, triglycérides), il améliore la prédiction (valeurs prédicitives positives de 29 % chez l’homme et de 24 % chez la femme). Le risque de diabète à neuf ans est alors associé à un score bioclinique supérieur à 7 chez l’homme et supérieur à 4 chez la femme.

C. Costa Bulletin épidémiologique hebdomadaire no 9 du 3 mars 2009, http://www.invs.sante.fr/beh/index.html

CANCER DU POUMON : LE RÔLE DE L’ALIMENTATION EST NÉGLIGEABLE C’est ce que vient de montrer Gwenn Menvielle (Inserm U 687) en collaboration avec une équipe européenne de chercheurs à partir des données de la cohorte EPIC. Partant du constat d’une association forte entre le risque de survenue d’un cancer du poumon et le niveau d’éducation (risque deux à trois fois supérieur dans les classes sociales défavorisées), les chercheurs ont cherché à savoir ce qui sous-tendait ces différences sociales et dans quelle mesure la consommation de tabac intervenait. Après huit ans de suivi de plus de 390 000 hommes et femmes, les données révèlent que le tabac explique un peu plus de la moitié des différences sociales de survenue du cancer du poumon. D’autres facteurs entrent cependant en jeu, comme le suggère le sur-risque de cancer du poumon observé chez les non-fumeurs des populations défavorisées. Parmi les hypothèses évoquées par G. Menvielle figure l’exposition professionnelle à des toxiques environnementaux. Quant à l’alimentation, elle semble jouer un rôle négligeable. La consommation quotidienne de fruits et légumes, n’a, par exemple, pas l’effet protecteur escompté au sein de cette cohorte. C. Costa Source : communiqué de presse Inserm. « The role of smoking and diet in explaining educational inequalities in lung cancer incidence » Gwenn Menvielle et coll. Journal of the National Cancer Institute publication avancée en ligne 24 février, http://jnci.oxfordjournals.org/cgi/content/abstract/ djn513

Prix et bourses PRIX JEAN TRÉMOLIÈRES 2008 Le Prix Jean Trémolières 2008, décerné par l’institut Benjamin Delessert, a été attribué à Thibaut de Saint Pol (Institut d’études politiques de Paris, observatoire sociologique du changement) pour sa thèse de doctorat de sociologie : « Corpulence et genre en Europe, le poids des inégalités d’apparence et de santé », thèse dirigée par Alain Chenu. www.institut-benjamin-delessert.net

Produits nouveaux ISIO ACTISTÉROL - LESIEUR On trouvait jusqu’à présent les phytostérols dans certaines margarines et des yaourts. Les voici inclus dans une sauce de salade prête à l’emploi : Lesieur lance Isio ActiStérol, sauce salade, délivrée dans un emballage plastique, unidose de 20 ml, très facile à ouvrir. L’idée est astucieuse, le vecteur satisfaisant, les 1,60 g de stérols végétaux, la dose quotidienne classique, se prend en une fois, évitant les surdosages au demeurant peu dangereux ; la composition en acides gras polyinsaturés est

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satisfaisante (␻6/␻3 = 5) ; il y a moins d’une cuillère à café d’huile, presque pas de sel ; le tout pour 33 Kcal ! Le goût est agréable. Un peu plus de 2 D les sept doses. Bonne idée marketing, slogan correct : ce sont bien les sujets ayant un excès de cholestérol qui sont visés. Deux remarques cependant : • si l’on est en couple, chacun n’aura qu’une demi-dose. Faut-il en prendre deux par jour ? Faire deux salades si l’un des deux n’est pas hypercholestérolémique ? • le contenu en phytostérols n’est il pas un peu faible, sans doute un peu inférieur à 1,5 g, si l’on tient compte du fait qu’une partie restera dans le fond du saladier ?

• deux Prix de recherche de la Société Nutricia Advanced Clinical Nutrition : nutrition artificielle, orale ou par sonde chez l’enfant et chez l’adulte ; • Prix de la nutrition de la Société Fresenius Kabi France : nutrition artificielle ; • Prix thématique de la SFNEP : étude clinique sur la dénutrition de la personne âgée ; • Prix de nutrition de la Fédération Antadir : recherche clinique sur la nutrition entérale ou parentérale ; • Prix de nutrition de la Société Baxter : recherche clinique, épidémiologique ou fondamentale en nutrition parentérale.

B. Guy-Grand

Les dossiers devront être déposés avant le 26 juillet 2009. Formulaire de candidature à télécharger sur le site de la SFNEP : www.sfnep.org.

Appels d’offre INSTITUT BENJAMIN DELESSERT — PRIX DE PROJETS DE RECHERCHE 2009 Dans le cadre de sa vocation à aider la recherche en nutrition, l’institut Benjamin Delessert soutient financièrement des projets de recherche originaux, en relation directe ou indirecte avec les glucides dans les domaines des sciences médicales, humaine et sociales. Clôture de l’appel à candidature : 30 septembre 2009. Dossiers : IBD, 23, avenue d’Iéna — 75116 Paris. Tél : 01 45 53 41 69 — Fax : 01 47 27 66 74, www.institut-benjamindelessert.net.

PRIX JEAN TRÉMOLIÈRES 2009 Ce Prix de Sciences Humaines appliquées à la nutrition, décerné depuis 1986, récompense un ouvrage éclairant la psychologie alimentaire, les habitudes et comportements alimentaires individuels ou collectifs. Le travail présenté peut être un ouvrage publié en librairie, une thèse de doctorat en médecine, de doctorat des sciences, un mémoire de CES de psychiatrie, un DEA ou doctorat de philosophie, de psychologie, de sociologie ou d’histoire. Clôture de l’appel à candidature : 21 décembre 2009. Renseignements : institut Benjamin Delessert, 23, avenue d’Iéna — 75116 Paris. Tél : 01 45 53 41 69 — Fax : 01 47 27 66 74, www.institut-benjamin-delessert.net.

GROUPE LIPIDES ET NUTRITION (GLN) Le GLN soutient financièrement des projets ciblés présentés par les équipes de recherche impliquées dans les thématiques liées aux relations lipides — nutrition humaine. En 2009, des subventions seront attribuées après expertise des projets par le Conseil d’administration du GLN. La date limite de soumission est fixée au 30 septembre 2009. Les dossiers sont à demander au secrétariat du GLN — 118, avenue Achille Peretti — 92200 Neuilly-sur-Seine (tél : 01 46 40 78 30) — email : [email protected].

PRIX DE RECHERCHE SFNEP Sept Prix de recherche seront attribués en 2009 sous l’égide de la Société francophone nutrition clinique et metabolisme (SFNEP) : • Prix Bernard Beaufrère — SFNEP : recherche fondamentale ou clinique ;

Analyse d’article GÈNE FTO : DU NOUVEAU DANS SON RÔLE PHYSIOLOGIQUE Il y a deux ans un nouveau gène, FTO, fut identifié comme un « gène d’obésité » à fort impact, une série de variants communs situés dans l’intron 1 étant en corrélation marquée avec l’IMC (CND, 2009,vol 44(2) Actualités). Le rôle de ce gène dans la régulation du bilan d’énergie et ses mécanismes d’action étaient jusqu’à présent ignorés. Un récent article de Nature [1] vient de préciser les choses en étudiant des souris dont le gène FTO était invalidé : • le phénotype de ces souris FTO−/− se caractérise par : un retard de croissance apparaissant peu après la naissance ; • un poids inférieur de 30 à 40 % à celui des contrôles au bout de six semaines, persistant tout au long de la vie et une taille réduite ; chez les souris hétérozygotes (Fto+/− ) un effet modeste n’est visible que chez les femelles ; • un tissu adipeux blanc réduit, des adipocytes petits, finissant par disparaître totalement après 15 mois ; le tissu adipeux brun reste intact ; • une masse maigre réduite de 26 à 16 % ; • un gain de poids et de tissu adipeux réduit très marqué même chez les hétérozygotes ; • des apports alimentaires identiques à ceux des témoins (mais augmentés par gramme de poids — hyperphagie relative), sans anomalie décelable au niveau des neuromédiateurs hypothalamiques contrôlant la prise alimentaire ; • une franche augmentation des dépenses énergétiques alors que leur activité physique est nettement réduite. Le responsable : une hyperactivation sympathique avec des taux circulants de noradrénaline élevés. L’activation des cycles futiles gaspilleurs d’énergie est invoquée car l’UCP1 est normale. Ainsi, l’absence homozygote ou hétérozygote du gène FTO apparaît comme protectrice de l’obésité. Reste bien sur à savoir si chez l’homme les variants de FTO liés à l’IMC entraînent une régulation de l’expression du gène favorisant l’obésité en réduisant le tonus sympathique (souvent retrouvé chez un bon nombre de sujets obèses). Pour souligner les difficultés du problème, il semble pourtant que les quelques études réalisées chez les porteurs des allèles à risque aient suggéré qu’ils étaient plutôt

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Actualités

légèrement hyperphages avec des dépenses énergétiques normales ! B. Guy-Grand [1] Fischer J et al. Inactivation of the FTO gene protects from obesity. Nature 2009;458,894—98

Analyse de livre MAIGRIR SANS REGROSSIR. EST-CE POSSIBLE ? Voilà une bonne question posée par Jean-Philippe Zermati dans son dernier livre [1]. Il y a au moins dix ans que l’objectif principal en matière de prise en charge de l’obésité est officiellement (OMS) le maintien du poids, avant même tout amaigrissement et la récidive considérée comme un défi majeur ; bien plus longtemps encore que la iatrogénicité potentielle des régimes restrictifs a été signalée. Pourtant, bien peu d’ouvrages grand public ont eu le courage de tenter de porter ce message et de contrer les promesses abusives sans cesse renouvelées de tant de médias et de livres qui s’arrachent au printemps. Il est bien difficile d’oser décevoir les aspirations à plus de « minceur » ! Notre longue expérience clinique nous l’a fait percevoir depuis longtemps. La réponse à la question posée est claire : • oui, c’est possible mais pas pour tout le monde — la dimension organique en partie irréversible de l’obésité constituée est prise en compte ; • oui, mais pas souvent jusqu’à un poids « idéal » qui n’appartient qu’aux chimères culturelles ou médicales ; • oui si, et seulement si, la dimension émotionnelle du comportement alimentaire « troublé » — lorsqu’il l’est — est prise en compte et prend la place du volontarisme cognitif imposé : les exemples cliniques judicieusement choisis en témoignent. . . sous réserve bien sur que le temps confirme la stabilité pondérale retrouvée. Il est très réconfortant de constater que le ton militant et agressif et quelquefois jugé totalitaire qu’adoptait naguère notre auteur se transforme pour diffuser un message auquel on ne peut qu’adhérer : il a ainsi beaucoup plus de chances d’être entendu par le plus grand nombre. . . et c’est nécessaire ! On regrettera simplement que quelques références d’auteurs franc ¸ais qui ont initié, il y a déjà longtemps,

le mouvement d’idées dont ce livre est un aboutissement aient été omises. . . mais foin d’un narcissisme inapproprié. . . l’important est que le message passe. À lire absolument et à faire lire, c’est bien écrit et ¸ ca sonne juste. B. Guy-Grand [1] Zermati JP. Maigrir sans regrossir. Est-ce possible ? Vol 1. In : Odile Jacob, Paris ; 2009.

Congrès et manifestations 6e Congrès de Lipidomique organisé par le GERLI 1er —3 juillet 2009 Rennes, France Renseignements : www.gerli.com. 14th World Congress of the International Federation for the Surgery of Obesity 26—29 août 2009 Paris, France Renseignements : www.ifso2009.com. 31st ESPEN Congress 29 août—1er septembre 2009 Vienne, Autriche Renseignements : www.espen.org. CRNH Auvergne : université d’été de nutrition 16—18 septembre 2009 Clermont-Ferrand, France Renseignements : http://www2.clermont.inra.fr/univete/. OCHA : alimentations adolescentes 12—13 octobre 2009 Paris, France Renseignements : http://www.lemangeur-ocha.com/. Journée du Groupe Lipides et Nutrition : peut-on encore améliorer la qualité nutritionnelle des graisses animales ? 5 novembre 2009 Paris, France Renseignements : [email protected]. SFNEP 2009 25—27 novembre 2009 Clermont-Ferrand, France Renseignements : www.sfnep.org. Colloque IFN : alimentation des seniors 1er décembre 2009 Paris, France Renseignements : www.ifn.asso.fr. 4e Congrès de la SFN 10—12 décembre 2009 Montpellier, France Renseignements : www.sf-nutrition.org.