Revue du rhumatisme 80 (2013) 315–326
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Lettres à la rédaction Apport de l’imagerie dans la pseudo-polyarthrite rhizomélique夽
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Mots clés : Pseudo-polyarthrite rhizomélique Échographie PET scan
Le syndrome de Forestier-Certonciny (SFC), ou pseudopolyarthrite rhizomélique (PPR), est une condition caractérisée par l’incertitude de son diagnostic et de sa pathogenèse. Dans cette optique, des critères de classification du SFC ont été publiés récemment par l’EULAR et l’ACR. Nous présentons un cas pour lequel l’imagerie a joué un rôle clé dans l’aide au diagnostic d’un SFC particulièrement difficile. Une femme âgée de 70 ans s’est présentée avec 3 mois d’antécédents de mobilité réduite de manière significative associée à une fatigue, une perte de poids, des sueurs nocturnes et des fièvres. L’examen physique a révélé une capacité de mouvement réduite au niveau des deux épaules et des hanches sans signe d’artérite giganto-cellulaire. La vitesse de sédimentation était de 40 mm/heure, la concentration en protéine C réactive de 216 mg/L avec absence d’autoanticorps, y compris facteurs rhumatoïde et anticorps anti-peptide cyclique citrulliné (anti-CCP). L’échographie des hanches a mis en évidence une synovite (Fig. 1A – astérisque) et un épanchement (Fig. 1A – diamant). L’échographie des épaules a montré une ténosynovite bicipitale bilatérale (Fig. 1B – flèches doubles) et une bursite subdeltoïdienne. La tomographie par émission de positrons (FDG-PET-CT) a révélé une capsulite et une enthésite de l’épaule gauche et des deux hanches (Fig. 2A – flèches), une bursite ischiatique (Fig. 2B – flèche ouverte) et trochantérienne (Fig. 2B – flèche fermée) et une inflammation du ligament interépineux au niveau lombaire (Fig. 2C – flèche discontinue). Il n’y avait ni vascularite des grands vaisseaux ni malignité. La PPR a été diagnostiquée et un traitement par corticostéroïdes par voie orale a été commencé avec une nette amélioration des symptômes et une normalisation des marqueurs inflammatoires. Traditionnellement, le diagnostic de la PPR est clinique car il n’existe pas de test de type « gold standard ». Plusieurs affections inflammatoires et non inflammatoires chez les personnes âgées peuvent présenter un syndrome polymyalgique de douleur et raideur proximale [1,2]. Cela pose le problème à la fois d’une surestimation et d’une sous-estimation du diagnostic de PPR avec
DOI de l’article original : http://dx.doi.org/10.1016/j.jbspin.2012.08.007. 夽 Ne pas utiliser, pour citation, la référence franc¸aise de cet article, mais la référence anglaise de Joint Bone Spine avec le DOI ci-dessus.
Fig. 1. A – astérisque : l’échographie des hanches a mis en évidence une synovite et un épanchement (A – diamant). L’échographie des épaules a montré une ténosynovite bicipitale bilatérale (B – flèches doubles) et une bursite subdeltoïdienne.
un risque de non-détection d’une pathologie sérieuse ainsi que des effets secondaires dus à une forte utilisation de stéroïdes [3]. Cependant, de plus en plus de données vantent l’utilisation de l’imagerie dans le but d’établir un diagnostic spécifique précoce, particulièrement dans les formes atypiques de SFC comme dans le cas décrit ici. Les nouveaux critères de classification de la PPR publiés par l’EULAR et l’ACR [4] accordent un point chacun pour un résultat typique par échographie, au niveau soit des deux épaules soit d’une épaule et une hanche, comme par entière de l’algorithme déterminant le score global de la PPR [4,5]. Ces images confortent les items d’écographie inclus dans l’algorithme de l’EULAR et de l’ACR pour la classification et la détermination du score. Les lésions observées par PET-CT sont également spécifiques et contribuent à la compréhension de la pathogenèse en mettant en avant la bursite, la capsulite et l’enthésite qui semblent être associées au SFC. Il faut noter que les critères de classification n’incluent pas d’évaluation de la réponse aux stéroïdes à cause de la réponse aspécifique aux stéroïdes observée dans de nombreuses conditions mimant cette affection [6].
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Lettres à la rédaction / Revue du rhumatisme 80 (2013) 315–326
Syndrome SAPHO et colite collagène夽
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Mots clés : SAPHO Colite collagène Spondyloarthrite
Fig. 2. Capsulite et une enthésite de l’épaule gauche et des deux hanches (A – flèches), bursite ischiatique (B – flèche ouverte) et trochantérienne (B – flèche fermée ; C – flèche discontinue) : inflammation du ligament interépineux au niveau lombaire.
Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. Références [1] Dasgupta B, Hutchings A, Matteson E. Polymyalgia Rheumatica: the mess we are in and what we need to do. Arthritis Rheum 2006;55:518–20. [2] Dasgupta B, Borg FA, Hassan N, et al. The BSR/BHPR guidelines on Polymyalgia Rheumatica. Rheumatology 2010;49:186–90. [3] Barraclough K, Liddell WG, du Toit J, et al. Polymyalgia Rheumatica in primary care: a cohort study of the diagnostic criteria and outcome. Fam Pract 2008;25:328–33. [4] Dasgupta B, Cimmino MA, Maradit-Kremers H, et al. 2012 provisional classification criteria for Polymyalgia Rheumatica: a European League Against Rheumatism/American College of Rheumatology collaborative initiative. Ann Rheum Dis 2012;71:484–92 [Arthritis Rheum 2012;64: 943–54]. [5] Dasgupta B, Salvarani C, Schirmer M, et al. Developing classification criteria for Polymyalgia Rheumatica: comparison of views from an expert panel and wider survey. J Rheumatol 2008;35:270–7. [6] Matteson EL, Dasgupta B. Diagnosis and assessment of Polymyalgia Rheumatica: a step forward. Ageing Health 2012 [In press].
Mark Williams a Shaifali Jain b Pravin Patil a Bhaskar Dasgupta a,∗ a Département de rhumatologie, Southend University Hospital, Prittlewell Chase, Westcliff-on-Sea, Essex, SS0 0RY, Royaume-Uni b Département de radiologie, Southend University Hospital, Prittlewell Chase, Westcliff-on-Sea, Essex, SS0 0RY, Royaume-Uni ∗ Auteur
correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (B. Dasgupta)
Le syndrome synovite, acné, pustulose, hyperostose, ostéite (SAPHO) offre, à côté des atteintes rhumatologiques et dermatologiques typiques, la possibilité de manifestations viscérales illustrant le caractère systémique de cette affection. Parmi celles-ci, les atteintes digestives ont été décrites essentiellement sous forme de colite inflammatoire de type maladie de Crohn ou rectocolite ulcéro-hémorragique. Nous rapportons un cas de syndrome SAPHO associé à une colite collagène. Il s’agit d’une femme caucasienne née en 1951, sans antécédent notable hormis la notion d’une colite en 1997, avec muqueuse macroscopiquement normale, et traitée depuis par budénoside à la demande. En janvier 2012 apparaissent des douleurs de rythme inflammatoire, touchant le rachis cervical, les épaules, la paroi thoracique antérieure et le pied, avec hyperfixation scintigraphique sur ces zones, et synovite du poignet en échographie ; les radiographies, y compris les sacro-iliaques, sont normales. Une éruption pustuleuse palmoplantaire est observée pour la première fois en février 2012 (pustulose intra-épidermique uniloculaire à la biopsie). Le syndrome inflammatoire biologique (CRP 34 mg/L), l’absence de facteurs rhumatoïdes, d’anticorps antinucléaires et anti-CCP et un HLA -A2, A29,-B44 complètent le tableau qui répond aux critères de diagnostic de syndrome SAPHO proposés par Benhamou et al. Un traitement par AINS puis pamidronate permet une amélioration symptomatique rhumatologique alors que réapparaissent des symptômes digestifs (diarrhées aqueuses, non glairo-sanglantes, à plus de huit selles/jour). Une coloscopie ne révèle pas d’anomalie macroscopique, mais une colite collagène aux biopsies étagées du côlon, avec une histologie normale sur l’iléon. Une atteinte inflammatoire colique a été décrite dans le syndrome SAPHO par Kahn [1], à type de maladie de Crohn (six cas sur huit) ou de rectocolite (deux cas) sur une série initiale de 63 cas de SAPHO. La revue de la série de l’hôpital Bichat trouve finalement neuf cas de colite inflammatoire sur 120 SAPHO [2]. Des cas ponctuels ont été rapportés, aussi bien chez l’adulte [3], que chez l’enfant en cas d’ostéomyélite chronique multifocale récurrente [4]. La colite collagène, avec une incidence annuelle de 0,6 à 6/100 000, reste de pathogénie inconnue, avec un diagnostic histologique (dépôt collagène sub-épithélial de plus de 10 m adjacent à la membrane basale et associé à un infiltrat lymphocytaire épithélial et une inflammation chronique de la lamina propria) [5]. Son association à diverses affections auto-immunes et à des manifestations rhumatologiques a été évoquée régulièrement [5]. Les tableaux rhumatologiques sont principalement des spondyloarthrites [5,6] avec une atteinte sacro-iliaque et parfois un psoriasis cutané (deux fois sur neuf) [5], mais également des oligo- ou polyarthrites, plus rarement des mono-arthrites [5]. Il a également été rapporté des cas d’association à la polyarthrite rhumatoïde [5,7] ou au rhumatisme psoriasique [8], ou encore à la prise répétée d’AINS [9]. L’association SAPHO–colite collagène n’a, à notre
ˆ 2012 Accepté le 14 aout ´ Disponible sur Internet le 11 decembre 2012 http://dx.doi.org/10.1016/j.rhum.2012.10.008
DOI of original article:http://dx.doi.org/10.1016/j.jbspin.2012.09.020. 夽 Ne pas utiliser, pour citation, la référence franc¸aise de cet article, mais la référence anglaise de Joint Bone Spine avec le DOI ci-dessus.