Brèves: Anti-androgènes et risque de diabète

Brèves: Anti-androgènes et risque de diabète

GÉNÉRALES I ACTEURS ÉCONOMIQUES I PRODUITS NOUVEAUX I LIVRES & AGENDA BRÈVES Essais cliniques : faut-il changer les règles ? La Commission des affai...

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GÉNÉRALES I ACTEURS ÉCONOMIQUES I PRODUITS NOUVEAUX I LIVRES & AGENDA

BRÈVES

Essais cliniques : faut-il changer les règles ? La Commission des affaires sociales du Sénat organisera des auditions sur les garanties qu’a prévues la législation pour la sécurité des volontaires se prêtant aux essais cliniques lors de l’étude de phase 1 d’un nouveau candidat-médicament. Ceci après l’accident survenu en décembre lors de l’essai initial d’une molécule (candidat-médicament), organisé par un laboratoire d’essais thérapeutiques agréé (Biotrial, Rennes). À la suite de ce drame [1 décès, 5 personnes intoxiquées sorties de l’hôpital avec séquelles cérébrales], la Commission sénatoriale approuve la décision de contrôles de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) et de l’Agence nationale de sécurité des médicaments et des produits de santé (ANSM), dont elle entendra les acteurs après leur inspection : elle jugera alors s’il y a nécessité de faire évoluer la législation des essais thérapeutiques. Rappel : par deux fois, la commission a dénoncé, lors de l’examen annuel de l’application des lois, l’absence de décret permettant de rendre applicables les dispositions de la loi du 5 mars 2012 relative aux recherches impliquant la personne humaine (loi Jardé). C‘est un texte, rappelle le Sénat, adopté à une large majorité par les deux assemblées, qui offre un cadre pour le développement de la recherche clinique, tout en améliorant la protection des sujets participant aux essais. Le décret, attendu depuis bientôt 4 ans, doit conforter le fonctionnement des Comités de protection des personnes (CPP), chargés de valider les protocoles d’essais. Les textes adoptés au niveau européen et les discussions en cours ne doivent pas nous exonérer d’une réflexion sur les éventuelles

faiblesses de la législation et les moyens d’y remédier, disent les sénateurs. Au lendemain des accidents, le laboratoire pharmaceutique portugais Bial, promoteur de l’essai clinique [les essais précliniques avaient été réalisés ailleurs], a publié un communiqué évoquant notamment la nouvelle molécule, un inhibiteur de l’enzyme cérébrale FAAH (fatty acid amid hydrolase), dont les essais ont débuté en juin 2015. L’apparition de symptômes sévères chez 6 des volontaires a justifié leur admission en urgence au CHU de Rennes. Une collaboration s’est établie entre les responsables portugais, arrivés sur les lieux, et les neuro-urgentistes du CHU de Rennes. La nouvelle molécule (nom de code BA102474) était testée selon les règles internationales de bonnes pratiques cliniques (BPC) appliquées aux essais chez l’Homme, notamment toxicologiques. Le résultat des essais précliniques avait permis d’envisager le début des essais cliniques chez l’humain, rappelle Bial, confiés à Biotrial, une CRO (contract research organization), comme c’est la règle des essais cliniques dans le monde. Le nouveau médicament, en inhibant la FAAH, elle-même inhibitrice de neuromédiateurs du système endocannabinoïde cérébral, aurait, selon Bial, des applications en neurologie et en psychiatrie (dépression et douleur ?). Le protocole d’essais a été approuvé par les autorités sanitaires françaises et le Comité d’éthique. Les suppositions parues dans les médias [incidents aux essais précliniques, excès de doses administrées aux essais cliniques…] n’ont aucune valeur : on attend les résultats de l’enquête pharmaco-juridique autorisée. QQ J.-M. M.

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Pour les sujets atteints du pénible syndrome de Prader-Willi, l’octroi du statut de médicament orphelin au setmelanotide (RM-493, Laboratoire Rhythm) est une bonne nouvelle, car ce médicament dans une classe thérapeutique assez pauvre (agoniste de la voie du MC4R/ melanocortin-4 receptor) apporterait enfin une solution à la prévention du développement de l’obésité d’origine génétique qui est une des caractéristiques de ce syndrome, marqué aussi par une hyperphagie incontrôlable, et dû à un déficit sur la voie de la MC4, une voie-clé chez l’Homme qui régule la dépense énergétique et l’appétit, et à un déficit en opio-mélanocortine. C’est un syndrome à risque létal. Une étude clinique de phase 2 est en cours. L’attribution du statut de médicament orphelin se justifie par la rareté du syndrome (maladie rare… et non pas orpheline) mais aussi par sa gravité, et les résultats de l’étude en cours sont attendus au cours du premier semestre de 2016. D’autres médicaments-orphelins sont en examen à la FDA.

Anti-androgènes et risque de diabète Les hommes traités pour cancer de prostate traités par anti-androgènes ont plus de probabilité de développer un diabète que les hommes traités par un autre moyen, selon la méta-analyse d’une équipe chinoise (Huimin Wang et coll., Nankai Clinical School, Tianjin Medical University). Les auteurs ont analysé les données de 8 études menées en 2014, qui ont compté au total 157 588 patients porteurs d’un cancer de la prostate, recevant soit divers traitements de suppression androgénique (androgen deprivation therapy/ADT n = 65 695), soit constituant le groupe contrôle non traité (91 893). Seules ont été retenues les études qui s’intéressaient au statut diabétique des patients. Chez les patients ADT, 7 136 ont développé un diabète (environ 10,9 %) et 6 987 du groupe non ADT (environ 7,6 %). Constat : l’incidence du diabète est de 39 % supérieure dans le groupe ADT (RR = 1,39 ; 95 % IC 1,27-1,53). Le diabète était significativement associé avec l’ADT de 6 mois ou plus, légèrement moins avec le traitement court. © highwaystarz

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Setmelanotide, médicament orphelin pour le Prader-Willi

Source : Wang H, J Diabetes Investig. 2015 ; doi : 10.1111/jdi.12472.

REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - AVRIL 2016 - N°481//

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