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www.sciencedirect.com Revue d’E´pide´miologie et de Sante´ Publique 60 (2012) 109–119
Article original
De´terminants de l’intention de consommer au moins cinq portions de le´gumes et de fruits chaque jour chez des jeunes adultes aux e´tudes postsecondaires Determinants of the intention of post-secondary students to eat at least five servings of vegetables and fruit daily D. Boucher a,b,*, C. Gagne´ c, F. Coˆte´ c b
a Universite´ Laval, Que´bec, Canada De´partement des sciences infirmie`res, universite´ du Que´bec a` Rimouski, Le´vis, Canada c Faculte´ des sciences infirmie`res, universite´ Laval, Que´bec, Canada
Rec¸u le 15 mai 2011 ; accepte´ le 3 octobre 2011
Abstract Background. – Vegetable and fruit consumption helps reduce the occurrence of overweight, obesity, and other chronic diseases. However, only 50% of young adults eat at least five servings of these foods daily. Based on the construct of the Theory of planned behaviour of Ajzen (1991) to which other constructs were added (descriptive norm, perceived regularity of the behaviour and past behaviour), this study aims at identifying the determinants in the intention of young adults in postsecondary education institutions to eat at least five servings of vegetables and fruit daily during the next three months. Methods. – A sample of 385 students in two CEGEP (junior college institutions) in the Quebec City area participated in this correlation study on a volunteer basis. While attending class, they completed a self-administered questionnaire. Results. – Hierarchical regression analyses showed that perceived behavioural controls and the perceived weight of facilitating factors and barriers to the behaviour, explained 75% of the intention variance. Another 4% was explained when the perceived regularity of the behaviour, the descriptive norm, and past-behaviour, were added to the analysis. Logistic regression analyses show that individuals presenting weak/strong intention can be differentiated among themselves as to the perception of benefits derived from a daily consumption of vegetables and fruit (such as maintaining good health, eating foods that taste good), and as to facilitating factors/barriers that assist or inhibit such consumption (possessing more information on the nutritional value and taste of vegetables and fruit, or disposing of sufficient time to prepare them). Conclusion. – To our knowledge, this is the first study done in Quebec using a recognized theoretical model to identify the determinants of the intention to eat at least five servings of vegetables and fruit daily in a sample of young adults in postsecondary education institutions. The results may be helpful in designing the contents of interventions aimed at maintaining and increasing daily consumption of vegetables and fruit by young adults. # 2012 Elsevier Masson SAS. All rights reserved. Keywords: Fruits; Vegetables; Students; Intention; Prediction
Re´sume´ Position du proble`me. – La consommation de le´gumes et de fruits contribue a` re´duire les proble`mes de surpoids, d’obe´site´ et de maladies chroniques. Or, seulement 50 % des jeunes adultes en consomment au moins cinq portions chaque jour. Partant de la the´orie du comportement planifie´ d’Ajzen (1991), a` laquelle ont e´te´ ajoute´s des construits d’autres the´ories (la norme descriptive, la re´gularite´ perc¸ue du comportement et le comportement passe´), cette e´tude vise a` identifier les de´terminants de l’intention de consommer au moins cinq portions de le´gumes et de fruits chaque jour au cours des trois prochains mois chez de jeunes adultes aux e´tudes postsecondaires. Me´thode. – Un e´chantillon de 385 e´tudiants, fre´quentant deux Ce´geps dans la Capitale nationale (Que´bec, Canada), a participe´ volontairement a` cette e´tude corre´lationnelle en re´pondant a` un questionnaire auto-administre´ durant leur cours.
* Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (D. Boucher). 0398-7620/$ – see front matter # 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits re´serve´s. doi:10.1016/j.respe.2011.10.003
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Re´sultats. – L’analyse de re´gression hie´rarchique indique que la perception du controˆle, l’importance perc¸ue des facilitateurs et des barrie`res et l’attitude expliquent 75 % de la variance de l’intention. La re´gularite´ perc¸ue du comportement, la norme descriptive et le comportement passe´ ont ajoute´ 4 % a` l’explication de la variance de l’intention. Des analyses de re´gression logistique indiquent que les individus pre´sentant une intention faible/forte se diffe´rencient entre eux quant aux be´ne´fices perc¸us de la consommation quotidienne de le´gumes et de fruits (maintien ou ame´lioration de l’e´tat de sante´, consommation d’aliments qui ont bon gouˆt) et quant aux facteurs qui facilitent ou nuisent a` cette consommation (obtention de plus d’informations sur la valeur nutritive, bon gouˆt des le´gumes et des fruits, temps de pre´paration requis). ` notre connaissance, cette e´tude est la premie`re, au Que´bec, a` utiliser un mode`le the´orique reconnu pour identifier les Conclusion. – A de´terminants de l’intention de jeunes adultes aux e´tudes postsecondaires a` consommer au moins cinq portions de le´gumes et de fruits chaque jour. Les re´sultats peuvent eˆtre utilise´s pour de´finir le contenu d’interventions visant a` maintenir ou a` augmenter l’intention de consommer des le´gumes et des fruits chaque jour chez des jeunes adultes. # 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits re´serve´s. Mots cle´s : Le´gumes ; Fruits ; E´tudiants ; Intention ; Pre´diction
1. Introduction Au Canada, comme dans la plupart des pays industrialise´s, le surpoids et l’obe´site´ chez les jeunes et les adultes constituent une pre´occupation majeure en sante´ publique [1]. En effet, la pre´valence de l’obe´site´ chez les personnes aˆge´es de 18 ans et plus est passe´e de 10 % en 1970 a` 23 % en 2004 [2]. Les taux de surpoids et d’obe´site´ ont plus que double´ depuis 1978 chez les adolescents canadiens aˆge´s de 12 a` 17 ans, passant de 14 % a` 29 % [3]. Le surpoids et l’obe´site´ sont e´troitement associe´s a` un plus grand risque de maladies chroniques [1,4] tels l’hypertension, le diabe`te de type II, les coronaropathies [2]. Le de´veloppement de ces maladies est d’ailleurs observe´ chez une population de plus en plus jeune [1,5]. Bien que l’obe´site´ soit d’origine multifactorielle, [2], l’alimentation constitue un facteur important de son de´veloppement, selon l’Organisation mondiale de la sante´ [4]. En effet, une consommation accrue d’aliments trop gras, trop sucre´s et pauvres en fibres constitue un facteur de risque majeur dans le ` l’inverse, la de´veloppement et le maintien de l’obe´site´ [6]. A ´ ´ consommation de legumes et de fruits peut reduire le risque a` long terme d’obe´site´ et de gain de poids [7,8]. Le contenu e´leve´ en fibres et en eau des le´gumes et des fruits entraıˆnerait une sensation de satie´te´, re´duisant ainsi l’apport e´nerge´tique, ce qui favoriserait le controˆle du poids [9]. Des e´tudes e´pide´miologiques indiquent aussi que la consommation de ces aliments pourrait avoir un effet protecteur significatif dans la pre´vention de maladies chroniques [1,10–12]. La consommation de le´gumes et de fruits constitue donc une avenue fort inte´ressante, afin de contribuer a` re´duire les proble`mes d’obe´site´ et de surpoids et leurs conse´quences sur la sante´. Or, les e´tudes indiquent que la consommation de ce type d’aliments est insuffisante, notamment chez les jeunes. Des statistiques que´be´coises re´ve`lent, par exemple, que la consommation quotidienne de cinq portions et plus de le´gumes et de fruits serait de 56 % chez les jeunes aˆge´s de 12 a` 17 ans pour de´cliner a` 44 % chez les 18 ans et plus [13]. Les habitudes alimentaires seraient particulie`rement alarmantes chez les adolescents [14,15] ainsi que chez les jeunes adultes dans la phase de la transition aux e´tudes supe´rieures [16]. Il paraıˆt donc important d’intervenir chez les jeunes aux e´tudes postsecondaires en vue de les inciter a` consommer davantage de le´gumes et de fruits chaque jour. Cette pe´riode de la vie repre´sente une opportunite´
pour de´velopper l’autonomie face a` un mode de vie sain, incluant les choix alimentaires [17–19]. Dans une recension d’e´tudes portant sur les interventions visant l’augmentation de la consommation de le´gumes et de fruits, deux revues de litte´rature aupre`s d’adultes rapportent que des interventions e´ducatives en vue de favoriser la consommation de ces aliments pourraient avoir des re´sultats significatifs [20,21]. Les auteurs concluent toutefois qu’il n’a pas e´te´ possible d’identifier les composantes les plus importantes des interventions pouvant expliquer l’augmentation de la consommation quotidienne de le´gumes et de fruits. Les interventions effectue´es spe´cifiquement aupre`s de jeunes adultes ont mene´ a` des re´sultats contradictoires. Dans la plupart de ces e´tudes [17,22–26], les interventions ont e´te´ e´labore´es sans l’identification pre´alable des de´terminants de l’intention ou du comportement. Il s’agit pourtant la` d’une condition essentielle ` cet effet, l’e´tude des a` l’efficacite´ des interventions [27,28]. A ˆ variables psychosociales apparaıt pertinente e´tant donne´ qu’elles ont de´montre´ a` maintes reprises leur influence sur l’intention et sur l’adoption de divers comportements lie´s a` la sante´ [29]. Cependant, il existe relativement peu d’e´tudes documentant les facteurs psychosociaux permettant d’expliquer ou de pre´dire l’intention ou la consommation de le´gumes ` et de fruits chez de jeunes adultes aux e´tudes postsecondaires. A notre connaissance, seule Blanchard et al. [30] visent spe´cifiquement l’identification des de´terminants de l’intention de consommer de le´gumes et de fruits chez de jeunes adultes. Partant de la the´orie du comportement planifie´ (TCP) [31], cette e´tude indique que la dimension affective de l’attitude a` l’e´gard de la consommation de cinq portions de le´gumes et de fruits chaque jour et la perception du controˆle permettraient d’expliquer 50 % de la variance de l’intention. L’intention a permis a` son tour d’expliquer 11 % de la consommation de le´gumes et de fruits chez 511 e´tudiants aˆge´s en moyenne de 19,8 ans. Partant aussi de la TCP, l’e´tude de Bruijn [32] indique que l’intention, l’habitude et l’interaction entre ces deux variables expliquent 32 % de la variance de la consommation de le´gumes et de fruits chez 538 e´tudiants aˆge´s en moyenne de 21 ans. L’e´tude de Chung et Hoerr [33], mene´e aupre`s de 294 e´tudiants aˆge´s de 18 a` 24 ans, indique pour sa part que le sentiment d’efficacite´ personnelle constitue un pre´dicteur de la consommation de le´gumes et de fruits. Par ailleurs, selon l’e´tude de Ruud et al. [34], re´alise´e aupre`s de 246 jeunes adultes
1)TD$FIG] Sante´ Publique 60 (2012) 109–119 D. Boucher et al. / Revue d’E´pide´miologie et[(Fig._ de aˆge´s entre 18 et 24 ans, des facteurs comme le couˆt, le gouˆt, le temps et la pre´paration constituent des barrie`res a` l’augmentation de la consommation de le´gumes et de fruits. La pre´fe´rence pour le gouˆt est aussi un de´terminant rapporte´ dans l’e´tude de Larson et al. [35] mene´e aupre`s de 1495 jeunes adultes aˆge´s de 20 ans en moyenne. ` notre connaissance, au Que´bec, aucune e´tude n’a permis A d’identifier les de´terminants de l’intention de consommer des le´gumes et des fruits chez des jeunes aux e´tudes postsecondaires en prenant appui sur un cadre the´orique spe´cifique a` la pre´diction de comportements lie´s a` la sante´. Cette e´tude vise a` combler cette lacune. De fac¸on plus spe´cifique, cette e´tude vise, d’une part, a` identifier les de´terminants de l’intention d’e´tudiants aux e´tudes postsecondaires de consommer au moins cinq portions de le´gumes et de fruits chaque jour. D’autre part, il s’agit d’identifier les croyances a` utiliser pour de´velopper une intervention cible´e aupre`s de cette population en vue de maintenir ou d’augmenter leur intention de consommer des le´gumes et des fruits chaque jour.
Croyances comportementales (b)
Attitude (Aact)
Croyances normatives (Nb)
Norme subjective (Sn)
Croyances de contrôle (p)
Perception du contrôle (Pbc)
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Intention (Int)
Norme descriptive (Dn)
Régularité (Reg)
Comportement passé (CP)
Fig. 1. Mode`le the´orique.
2. Cadre the´orique La the´orie du comportement planifie´ (TCP) d’Ajzen [31] a a` maintes reprises de´montre´ son efficacite´ pour pre´dire l’intention d’adopter divers comportements lie´s a` la sante´ [29,36]. Elle permet en outre d’identifier les variables a` cibler pour de´finir le contenu d’une intervention visant a` maintenir ou a` accroıˆtre l’intention et favoriser l’adoption de comportements. Dans cette the´orie, l’intention d’adopter un comportement est explique´e par trois construits directs : l’attitude (Aact), soit l’e´valuation plus ou moins favorable de l’adoption du comportement, la norme subjective (Sn), qui correspond a` la perception du re´pondant que des personnes significatives pour lui approuveraient ou de´sapprouveraient qu’il adopte le comportement, et la perception de controˆle (PBC), soit la facilite´ ou la difficulte´ perc¸ue a` adopter le comportement. Chacun de ces construits est de´termine´ par des croyances. Les croyances comportementales (b), de´signent les avantages et les inconve´nients perc¸us a` re´aliser le comportement. Les croyances normatives (nb) concernent la perception du re´pondant des attentes des personnes significatives pour lui concernant son adoption du comportement. L’importance des croyances lie´es au controˆle (p) indique l’importance perc¸ue selon laquelle des facteurs peuvent faciliter ou nuire a` la re´alisation du comportement. Selon la the´orie du comportement planifie´, chaque construit direct serait de´termine´ par deux variables indirectes, lesquelles seraient de´finies par un mode`le multiplicatif. Ainsi, l’attitude serait de´termine´e par Sbe, la norme subjective serait de´finie par Snbmc alors que Scp serait associe´e a` la perception du controˆle. Cependant, l’e´tude de Gagne´ et Godin [37] indique que l’utilisation de Sb, Snb et Sp serait aussi efficace que le mode`le original. Il est opportun de pre´ciser que l’importance relative des croyances de controˆle peut aussi s’ave´rer un de´terminant direct de l’intention comportementale [38]. En vue d’expliquer une proportion additionnelle de la variance de l’intention, l’insertion d’autres variables a` cette
the´orie a e´te´ retenue. Des e´tudes indiquent en effet que la norme descriptive et le comportement passe´ permettent d’ajouter a` la pre´diction de l’intention apre`s avoir pris en compte l’influence des variables de la TCP [39,40]. La norme descriptive re´fe`re a` la perception de l’individu de l’adoption du comportement par les autres qui l’entourent [39]. Le comportement passe´ correspond a` la re´alisation du comportement dans le passe´ [40]. Enfin, l’e´tude de Gagne´ et Mercier [41] sugge`re que la re´gularite´ perc¸ue d’un comportement pourrait constituer un de´terminant de l’intention. La re´gularite´ du comportement concerne la pe´riode de temps qui s’e´coule entre chaque adoption du comportement. Un comportement est re´gulier lorsqu’il est adopte´ a` intervalle fixe [42]. Rappelons qu’une des recommandations du Guide alimentaire canadien [43] souligne l’importance de consommer re´gulie`rement des le´gumes et des fruits, afin de re´pondre aux besoins nutritionnels quotidiens de l’organisme humain. La Fig. 1 pre´sente le cadre the´orique utilise´ dans cette e´tude. 3. Me´thode 3.1. Participants La population vise´e concerne les e´tudiants qui de´butent des e´tudes dans un Ce´gep public francophone de la capitale nationale (Que´bec, Canada). Au Que´bec, les e´tudes au Ce´gep suivent cinq anne´es d’e´tudes au secondaire. Les e´tudiants au colle´gial sont pour la majorite´ des jeunes adultes aˆge´s de 17 ou 18 ans. Trois e´tablissements publics francophones offrent des e´tudes colle´giales dans la Capitale nationale. Deux de ces e´tablissements ont e´te´ retenus, car ils s’ave´raient davantage semblables en regard de leur environnement socioe´conomique et alimentaire. Sur une base volontaire, 393 e´tudiants inscrits dans les cours d’e´ducation physique ont accepte´ de participer a` l’e´tude. De ce nombre, huit n’ont pas e´te´ inclus dans les analyses statistiques e´tant donne´ un grand nombre de donne´es
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manquantes sur les items relie´s a` un meˆme construit. L’e´chantillon est donc constitue´ d’un total de 385 re´pondants. Ce nombre est suffisant pour effectuer les deux principales analyses statistiques ne´cessaires a` cette e´tude, soit la re´gression hie´rarchique et la re´gression logistique (Section 4). En effet, selon les formules sugge´re´es par Erdfelder et al. [44], 130 re´pondants sont ne´cessaires pour effectuer une re´gression hie´rarchique (alpha = 0,05, puissance = 80 %), dans laquelle on retrouve, a` la premie`re e´tape, les variables de la the´orie du comportement planifie´ qui expliquent 41 % de la variance de l’intention [29], alors que la seconde e´tape comporte trois variables qui ajoutent 8 % a` la variance de l’intention, soit 5 % pour la norme descriptive [39], 2 % pour le comportement passe´ [40] et 1 % pour la re´gularite´ perc¸ue du comportement (pourcentage fixe´ arbitrairement). En ce qui concerne la re´gression logistique, les formules sugge´re´es par Hsieh, Bloch et Larsen [45] indiquent qu’il faudrait 197 re´pondants pour de´tecter une diffe´rence de 0,17 lors du passage d’un niveau moyen de croyance a` un niveau supe´rieur d’un e´cart-type, en postulant que les autres croyances permettent d’expliquer 9 % de la variance de l’intention (alpha = 0,05, puissance = 80 %). Ces valeurs ont e´te´ fixe´es sur la base des re´sultats observe´s dans d’autres e´tudes que nous avons re´alise´es avec la TCP. 3.2. Proce´dure Dans la pre´sente e´tude, un devis corre´lationnel a e´te´ utilise´ pour identifier les de´terminants psychosociaux de l’intention de consommer au moins cinq portions de le´gumes et de fruits chaque jour. Le recrutement et la collecte de donne´es ont e´te´ re´alise´s a` l’inte´rieur de cours obligatoires d’e´ducation physique, au de´but d’un semestre d’e´tudes, Les professeurs ve´rifiaient d’abord l’inte´reˆt des e´tudiants a` participer a` une e´tude sur l’alimentation. Dans l’affirmative, la premie`re auteur de cette e´tude e´tait convie´e a` se joindre a` la classe en vue de fournir plus d’informations. Les e´tudiants e´taient ensuite invite´s par la chercheuse a` signer un formulaire de consentement. Un consentement parental a e´te´ recueilli pour les participants aˆge´s de moins de 18 ans. Ce projet a rec¸u l’approbation du comite´ d’e´thique de la recherche sur les eˆtres humains de l’universite´ Laval (Que´bec).
de discussion focalise´e, les participants ont re´pondu a` six questions a` de´veloppement court afin de cerner les avantages et les inconve´nients perc¸us a` manger au moins cinq portions de le´gumes et de fruits chaque jour (croyances comportementales), la perception des personne(s) ou groupe(s) de personne(s) qui approuverai(ent) ou de´sapprouverai(ent) l’adoption du comportement (croyances normatives), de meˆme que les barrie`res et les facilitateurs perc¸us a` l’adoption du comportement (croyances lie´es au controˆle). L’analyse qualitative des re´ponses a e´te´ effectue´e de fac¸on inde´pendante par deux juges. Tel que sugge´re´ par Ajzen et Fishbein [46], les croyances ont e´te´ place´es en ordre de´croissant de fre´quence et elles ont e´te´ se´lectionne´es jusqu’a` ce que la somme de leur mention atteigne 75 %. Ce sont ces croyances qui ont e´te´ retenues pour de´finir le contenu des items destine´s a` mesurer les construits indirects (Tableau 1). Les items utilise´s pour mesurer la norme descriptive proviennent de Godin et al. [48] et ceux visant la mesure de la re´gularite´ sont tire´s de Gagne´ et Mercier [41]. Le comportement passe´ est mesure´ avec le FV-Q [49]. Il s’agit d’un questionnaire autorapporte´ dans lequel les re´pondants sont invite´s a` indiquer combien de portions de jus de fruits, de jus de le´gumes, de fruits, de pommes de terre, de salade verte et autres le´gumes ont e´te´ consomme´s au cours des sept derniers jours. Lorsque le score total est dichotomise´ (consommation ou non de cinq portions ou plus de le´gumes ou de fruits), et qu’il est compare´ a` la consommation de le´gumes et de fruits obtenue suite a` une entrevue administre´e par une nutritionniste [50], les valeurs de sensibilite´ et de spe´cificite´ sont respectivement de 80 % et de 66 % pour des individus non obe`ses de 18 ans et plus et de 88 et 64 % chez des individus obe`ses. Enfin, l’aˆge, le genre, la session d’inscription au colle`ge et le lieu de re´sidence des participants au moment de la pre´sente recherche ont e´te´ mesure´s avec quatre items. Le questionnaire auto-administre´ comportait 90 questions et 30 minutes e´taient ne´cessaires pour y re´pondre. En vue de ve´rifier la clarte´ des directives et des questions, le questionnaire a e´te´ pre´expe´rimente´ aupre`s de dix colle´giens de la population cible a` l’aide d’entrevues cognitives [51]. Suite a` cette pre´expe´rimentation, des changements mineurs ont e´te´ apporte´s dans les consignes et dans la formulation de quelques items. 4. Analyses statistiques
3.3. La mesure
4.1. Valeurs manquantes
Tel que propose´ par Ajzen et Fishbein [46], le comportement en re´fe´rence dans la mesure des variables psychosociales a d’abord e´te´ de´fini en termes d’action (consommer), de cible (au moins cinq portions de le´gumes et de fruits), de contexte (a` chaque jour) et de temps (au cours des trois prochains mois). Les construits directs (Aact, Sn, Pbc) ont e´te´ mesure´s avec les items sugge´re´s par Gagne´ et Godin [47], lesquels satisfont les crite`res de formulation recommande´s par Ajzen et Fishbein [46]. Plusieurs e´tudes ont de´montre´ les qualite´s psychome´triques de ces items [37]. Tel que stipule´ par Ajzen et Fishbein [46], le contenu des items pour la mesure des construits indirects a e´te´ de´termine´ par une e´tude qualitative mene´e aupre`s d’un e´chantillon (n = 34) de la population cible. Lors de groupe
Dans cette e´tude, six items comportaient une valeur manquante et deux items en comportaient deux. Donc, au plus 1,5 % de valeurs manquantes ont e´te´ observe´es aux items. Il n’a pas e´te´ possible d’identifier les variables pouvant eˆtre associe´es aux re´ponses manquantes ; aussi un me´canisme de valeurs manquantes comple`tement au hasard [52] a e´te´ postule´. La moyenne a` l’item a e´te´ impute´e aux re´pondants pre´sentant une valeur manquante. 4.2. Statistiques descriptives La me´diane et le MAD ajuste´ (me´diane de de´viation absolue ajuste´e) sont utilise´es conside´rant que les variables ne sont pas
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Tableau 1 Questionnaire psychosocial. Variables/items Intention (5 items) Je vais consommer au moins 5 p. L&F/jr au cours des 3 prochains mois J’ai l’intention de consommer au moins 5 p. L&F/jr au cours des 3 prochains mois J’e´value qu’au cours des 3 prochains mois, mes chances de consommer au moins 5 p. L&F/jr sont. . . Je pre´vois consommer au moins 5 p. L&F/jr au cours des 3 prochains mois Les chances sur 100 que je consomme au moins 5 p. L&F/jr au cours des 3 prochains mois sont entre. . . Attitude (7 items) Pour moi, consommer au moins 5 p. L&F/jr au cours des 3 prochains mois serait. . .
Norme subjective (3 items) Les personnes les plus importantes pour moi pensent que je devrais consommer au moins 5 p. L&F/jr au cours des 3 prochains mois Si je consommais au moins 5 p. L&F/jr au cours des 3 prochains mois, la plupart des personnes qui sont importantes pour moi. . . Les personnes qui sont importantes pour moi pensent que c’est correct que je consomme au moins 5 p. L&F/jr au cours des 3 prochains mois Perception du controˆle (3 items) Pour moi, consommer au moins 5 p. L&F/jr au cours des 3 prochains mois serait. . . Je me sens capable/incapable de consommer au moins 5 p. L&F/jr au cours des 3 prochains mois Si je le voulais, je pourrais facilement consommer au moins 5 p. L&F/jr au cours des 3 prochains mois Croyances de controˆle (p) (7 items) Si je pouvais me procurer des menus sante´ au Ce´gep, je consommerais au moins 5 p. L&F/jr au cours des 3 prochains mois S’il y avait des le´gumes et des fruits au Ce´gep, j’en consommerais au moins 5 p. L&F/jr au cours des 3 prochains mois Si les le´gumes et les fruits avaient bon gouˆt, j’en consommerais au moins 5 p. L&F/jr au cours des 3 prochains mois S’il y avait davantage de le´gumes et de fruits ou` je demeure actuellement, j’en consommerais au moins 5 p. L&F/jr au cours des 3 prochains mois Je consommerais au moins 5 p. L&F/jr au cours des 3 prochains mois meˆme si j’avais peu de temps pour les pre´parer Au cours des trois prochains mois, je consommerais au moins 5 p. L&F/jr si leur prix e´tait plus abordable Si j’avais plus d’informations sur la valeur nutritive des le´gumes et des fruits, j’en consommerais au moins 5 p. L&F/jr au cours des 3 prochains mois Croyances comportementales (10 items) Si je consommais au moins 5 p. L&F/jr au cours des 3 prochains mois, cela. . . Me permettrait de maintenir mon e´tat de sante´ Me permettrait d’ame´liorer mon e´tat de sante´
E´chellesa
Consistance interne
Tre`s improbable/tre`s probable
0,94
Tre`s improbable/tre`s probable Tre`s faibles/tre`s fortes Tre`s en de´saccord/tre`s d’accord 0–10 % – 91–100 %b
Tre`s Tre`s Tre`s Tre`s Tre`s Tre`s Tre`s
de´plaisant/tre`s plaisant inutile/tre`s utile rebutant/tre`s appe´tissant secondaire/tre`s essentiel de´sagre´able/tre`s agre´able ennuyeux tre`s inte´ressant de´savantageux/tre`s avantageux
Tre`s en de´saccord/tre`s d’accord
0,88
0,62c
De´sapprouveraient fortement/ approuveraient fortement Tre`s en de´saccord/tre`s d’accord
Tre`s difficile/tre`s facile
0,89
Tre`s incapable/tre`s capable Tre`s en de´saccord/tre`s d’accord
Tre`s improbable/tre`s probable
0,86
Tre`s improbable/tre`s probable
0,84
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Tableau 1 (Suite) Variables/items
E´chellesa
Consistance interne
De´sapprouveraient fortement/ approuveraient fortement
0,66
Tre`s faible/tre`s e´leve´
0,85
Fournirait de bons nutriments a` mon organisme Me permettrait de manger des aliments qui ont bon gouˆt Me permettrait de manger moins souvent de la malbouffe Me permettrait de manger moins souvent des friandises Me permettrait d’avoir une alimentation plus varie´e Me donnerait de l’e´nergie Contribuerait a` pre´venir des maladies Me permettrait d’atteindre ou de maintenir un poids sante´ Croyances normatives (3 items) Mes parents approuveraient/de´sapprouveraient que je consomme au moins 5 p. L&F/jr au cours des 3 prochains mois Les professionnels de la sante´ que je connais approuveraient/de´sapprouveraient que je consomme au moins 5 p. L&F/jr au cours des 3 prochains mois Mes amis approuveraient/de´sapprouveraient que je consomme au moins 5 p. L&F/jr au cours des 3 prochains mois Norme descriptive (3 items) Parmi les e´tudiants que je connais le mieux, j’e´value que le nombre de ceux qui consomment au moins 5 p. L&F/jr au cours des 3 prochains mois serait. . . Je connais plusieurs e´tudiants qui consomment au moins 5 p. L&F/jr au cours des 3 prochains mois Selon vous, parmi les 3 e´tudiants que vous connaissez le mieux, combien consomment au moins 5 p. L&F/jr au cours des 3 prochains mois ? Re´gularite´ (3 items) Au cours des 7 derniers jours, j’ai consomme´ au moins 5 p. L&F/jr. . . Au cours des 7 derniers jours, j’ai consomme´ au moins 5 p. L&F/jr a` intervalle re´gulier (exemple : a` tous les 2 jours). . . Au cours des 7 derniers jours, j’ai consomme´ au moins 5 p. L&F/jr. . .
Tre`s en de´saccord/tre`s d’accord Votre re´ponse ______ e´tudiant(s)
De fac¸on re´gulie`re/irre´gulie`re/jamaisd Oui/non
0,88
De fac¸on plutoˆt continue/discontinue/jamais d
La consistance interne des items des variables psychosociales est rapporte´e par le coefficient alpha de Cronbach. 5 p. L&F/jr : cinq portions de le´gumes et de fruits a` chaque jour. a ´ Echelle de 6 points. b ´ Echelle de 10 points. c Plusieurs chercheurs utilisant la TCP conside`rent une valeur de 0,60 et plus comme e´tant satisfaisante [54]. d ´ Echelle de 3 points.
distribue´es normalement selon les re´sultats du test de normalite´ Shapiro-Wilk. Une matrice de corre´lation de Spearman permet d’examiner les relations entre les variables de l’e´tude. 4.3. Pre´diction de l’intention Une analyse de re´gression multiple hie´rarchique a` deux e´tapes a e´te´ re´alise´e pour identifier les de´terminants de l’intention de consommer au moins cinq portions de le´gumes et de fruits chaque jour. Dans un premier temps, les variables directes de la the´orie du comportement planifie´ de meˆme que l’importance perc¸ue des barrie`res/facilitateurs ont e´te´ introduites dans le mode`le d’analyse. Les variables externes a` la the´orie du comportement planifie´ (norme descriptive, comportement passe´ et re´gularite´ perc¸ue) ont e´te´ inse´re´es dans une seconde e´tape. 4.4. Identification des croyances a` utiliser pour l’intervention Des analyses de la re´gression logistique ont e´te´ effectue´es pour identifier les croyances pertinentes a` utiliser pour de´finir
le contenu d’une intervention. Dans ces analyses, l’intention dichotomise´e constitue la variable de´pendante et les variables inde´pendantes correspondent aux items de´finissant le construit indirect associe´ au construit direct identifie´ comme un de´terminant de l’intention dans l’analyse de´crite pre´ce´demment (pre´diction de l’intention). Par exemple, si l’attitude constitue un pre´dicteur de l’intention, alors les croyances comportementales (variables indirectes associe´es a` l’attitude) sont par la suite utilise´es dans la re´gression logistique. Tel que recommande´ par Francis et al. [53], l’intention est dichotomise´e a` la valeur de la me´diane, soit cinq dans la pre´sente e´tude. Les donne´es ont e´te´ analyse´es avec le logiciel SAS (version 9.2). 5. Re´sultats 5.1. Qualite´ psychome´trique du questionnaire psychosocial Tel que rapporte´ au Tableau 1, les construits posse`dent une consistance interne satisfaisante [54] (a variant de 0,62 a` 0,94).
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Tableau 2 Matrice de corre´lation de Spearman entre les variables (n = 385). 1 1. Intention 2. Attitude 3. Norme subjective 4. Perception du controˆle 5. Croyances comportementales 6. Croyances normatives 7. Croyances lie´es au controˆle 8. Norme descriptive 9. Re´gularite´ 10. CP
2
0,62 0,34 0,83 0,24 0,31 0,64 0,59 0,74 0,65
0,36 0,56 0,56 0,41 0,62 0,37 0,44 0,39
3
4
0,28 0,37 0,45 0,31 0,23 0,19 0,19
5
0,18 0,28 0,57 0,55 0,66 0,57
0,47 0,46 0,13 0,12 0,12
6
0,41 0,27 0,18 0,20
7
0,38 0,46 0,44
8
0,52 0,43
9
10
0,64
Mdn
Madaj
VT
5,00 5,00 5,33 4,67 5,10 5,67 4,29 2,67 2,00 5,00
1,48 0,85 0,99 1,48 0,74 0,49 1,06 0,99 0,99 2,33
1–6,8 1–6 1–6 1–6 1–6 1–6 1–6 0,67–5 1–2,67
Toutes les corre´lations sont significatives a` p < 0,05. VT : valeurs the´oriques possibles ; CP : comportement passe´.
facilitateurs, la perception de la re´gularite´ du comportement et le comportement passe´.
5.2. Re´sultats descriptifs et matrice de corre´lation L’e´chantillon est majoritairement compose´ de femmes (64,68 %). Les donne´es de l’aˆge sont peu disperse´es autour d’une me´diane correspondant a` 18 ans. Pre`s de 90 % des re´pondants sont des e´tudiants inscrits a` une seconde session d’e´tudes. La majorite´ des e´tudiants de l’e´chantillon (70,05 %) re´side chez leurs parents pendant la session. En ce qui a trait aux variables psychosociales, le Tableau 2 indique des valeurs e´leve´es de tendance centrale, sauf pour la norme descriptive dont la valeur me´diane se situe plus pre`s du centre des valeurs the´oriques possibles (valeurs possibles entre 0,67 et 5). Par ailleurs, il est inte´ressant de mentionner que seulement 25 % des re´pondants indique avoir consomme´ au moins cinq portions de le´gumes et de fruits « chaque jour » au cours des sept derniers jours et que 50 % seulement rapporte une intention forte d’en consommer quotidiennement au cours des trois prochains mois. Le Tableau 2 pre´sente les corre´lations entre les variables de l’e´tude. Il est possible de constater que les variables les plus fortement lie´es a` l’intention sont l’attitude, la perception du controˆle, l’importance perc¸ue des barrie`res et des
Tableau 3 Re´sume´ des re´sultats de l’analyse de re´gression hie´rarchique visant a` identifier les de´terminants de l’intention (n = 385). Variables
B
ES
b
E´tape 1 Attitude Perception du controˆle Facilitateurs et barrie`res perc¸us
0,32 0,76 0,28
0,08 0,05 0,06
0,17* 0,62* 0,20*
E´tape 2 Attitude Perception du controˆle Facilitateurs et barrie`res perc¸us Norme descriptive Re´gularite´ Comportement passe´ a
0,26 0,52 0,23 0,13 0,55 0,03
0,08 0,05 0,05 0,04 0,08 0,02
0,14* 0,43* 0,17* 0,08* 0,23* 0,06*
R2ajuste´ = 0,75 pour l’e´tape 1 ; R2ajuste´ = 0,79 pour l’e´tape 2. B : coefficient de re´gression ; b : coefficient de re´gression standardise´ ; ES : erreur standard. * p < 0,05. a Les re´sultats sont les meˆmes en utilisant la valeur continue ou dichotomise´e. La valeur continue est rapporte´e dans les analyses.
5.3. De´terminants de l’intention Les re´sultats de la premie`re e´tape de la re´gression hie´rarchique indiquent que la perception du controˆle, l’importance perc¸ue des facilitateurs et des barrie`res et l’attitude expliquent 75 % de la variance de l’intention (F (3, 381) = 378,86, p < 0,00) (Tableau 3). Ces trois variables ont e´te´ introduites a` la seconde e´tape de la re´gression hie´rarchique, en plus de la re´gularite´ perc¸ue du comportement, le comportement passe´ et la norme descriptive. Les re´sultats indiquent que l’ensemble de ces variables expliquent 79 % de la variance de l’intention (F (6, 378) = 247,16, p < 0,00). Les postulats de ce mode`le final de la re´gression multiple ont e´te´ ve´rifie´s. Le graphique des valeurs pre´dites de l’intention en fonction des re´sidus studendize´s indique que le postulat de la line´arite´ est satisfait. Les valeurs de tole´rance, supe´rieures a` 0,10, et les indices de condition, infe´rieurs a` 30, sugge`rent l’absence de multicolline´arite´ [55,56]. Les re´sultats au test de White [57] indiquent qu’il n’y a pas homoge´ne´ite´ de la variance des re´sidus (x2(27) = 44,96, p = 0,02), ce qui a pour effet de biaiser l’erreur standard de l’estime´ du parame`tre de re´gression. Une correction a` l’erreur standard a donc e´te´ apporte´e dans les re´sultats pre´sente´s. Le postulat de la normalite´ de la distribution des re´sidus n’est pas satisfait a` la lecture du test de ShapiroWilk (W = 0,98, p = 00). Cependant, selon Neter et al. [58], c’est la violation de la kurtose qui s’ave`re de´rangeante. Or, dans la pre´sente e´tude, la valeur de kurtose n’est pas statistiquement diffe´rente de la valeur attendue pour une courbe normale (kurtose = 0,46, p = 0,09). Enfin, il ne semble pas y avoir de valeurs trop influentes sur la base des valeurs obtenues aux re´sidus studentize´s, leverage et Dffit. 5.4. Croyances a` utiliser pour l’intervention Deux analyses de la re´gression logistique ont e´te´ effectue´es, l’une implique les croyances lie´es au controˆle, l’autre concerne les croyances comportementales. Les re´sultats en lien avec les croyances lie´es au controˆle indiquent que trois d’entre elles influencent l’intention de consommer des le´gumes et des fruits
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Tableau 4 Re´sume´ des re´sultats des analyses de la re´gression logistique visant a` identifier les croyances qui influencent l’intention (n = 385). Croyances
B
ES
b
Croyances lie´es au controˆle p5 : « j’en consommerais meˆme si j’avais peu de temps pour les pre´parer » p7 : « si j’avais plus d’informations sur la valeur nutritive des le´gumes et des fruits » p3 : « si les le´gumes et les fruits avaient bon gouˆt »
1,11 0,29 0,34
0,14 0,10 0,12
0,87* 0,25* 0,25*
Croyances comportementales b4 : « manger des aliments qui ont bon gouˆt » b1 : « maintenir mon e´tat de sante´ » b2 : « ame´liorer mon e´tat de sante´ »
0,74 0,56 0,41
0,13 0,16 0,12
0,42* 0,29* 0,24*
p < 0,05. R2 = 0,53 et c = 0,88 pour l’importance perc¸ue des barrie`res et facilitateurs ; R2 = 0,22 et c = 0,72 pour les croyances comportementales. Les valeurs d’ajustement de Pearson et Deviance sont non significatives pour les deux mode`les, indiquant par la` un bon ajustement des mode`les. *
(x2(3) = 194,76, p < 0,00) (Tableau 4). Ainsi, conside´rer le bon gouˆt des le´gumes et des fruits et l’obtention d’informations sur leur valeur nutritive comme des facilitateurs serait associe´ a` une plus forte intention d’en consommer. En outre, ceux qui rapportent qu’ils consommeraient des le´gumes et des fruits chaque jour meˆme s’ils avaient peu de temps pour les pre´parer ont davantage l’intention d’en consommer. Les re´sultats indiquent aussi que les croyances comportementales suivantes seraient davantage associe´es a` l’intention de consommer des le´gumes et des fruits : croire que cette consommation permettrait de maintenir ou d’ame´liorer son e´tat de sante´ et croire que cela permettrait de manger des aliments qui ont bon gouˆt (x2(3) = 69,68, p < 0,00). La capacite´ discriminante des deux analyses de la re´gression logistique est satisfaisante selon les crite`res de Hosmer et Lemeshow [59] (c > 0,70). Les postulats de ces deux analyses de la re´gression logistique ont e´te´ ve´rifie´s. Tel que sugge´re´ par Hosmer et Lemeshow [59], la line´arite´ du « logit » de la variable de´pendante en fonction de chaque variable inde´pendante a e´te´ ve´rifie´e en effectuant une se´rie de transformations (x 2, x 1, x 0,5, log [x], x0,5, x2 et x3) afin de de´terminer si l’une d’entre elles permettrait un meilleur ajustement du mode`le que la variable brute. L’absence de multicolline´arite´ a e´te´ ve´rifie´e a` l’aide des valeurs de tole´rance et des indices de condition. Les re´sultats indiquent que ces postulats sont satisfaits ou que les re´sultats sont les meˆmes avec ou sans transformation des variables. 6. Discussion La pre´sente e´tude indique que seulement 25 % des re´pondants rapporte avoir consomme´ au moins cinq portions de le´gumes et de fruits « chaque jour » au cours des sept derniers jours. Ce pourcentage est moins e´leve´ que celui observe´ dans une autre e´tude mene´e aupre`s de jeunes que´be´cois [60]. Cette dernie`re e´tude indique qu’environ 50 % des re´pondants aˆge´s de 14–18 ans de´claraient consommer « habituellement » cinq portions et plus par jour et ce, a` partir de rappels alimentaires de 24 heures par entrevue. Cette diffe´rence peut s’expliquer, en partie du moins, par l’outil de collecte de donne´es utilise´ dans chacune des e´tudes (questionnaire vs entrevue), par le libelle´ des items pour mesurer la consommation (nombre exact de portions sur les sept jours vs la consommation quotidienne habituelle) et par l’aˆge des
re´pondants (18 ans et plus vers 14–18 ans) la consommation de le´gumes et de fruits de´clinant avec l’aˆge [61]. Les re´sultats de la pre´sente e´tude indiquent aussi qu’environ 50 % seulement des re´pondants ont une intention e´leve´e de consommer des le´gumes et des fruits chaque jour, au cours des trois prochains mois. Puisque l’intention constitue l’un des meilleurs de´terminants du comportement [29,36], et en raison des be´ne´fices qu’apportent la consommation quotidienne de le´gumes et de fruits [8–12], il apparaıˆt donc ne´cessaire d’intervenir en vue de motiver davantage les jeunes adultes aux e´tudes postsecondaires a` consommer davantage des le´gumes et des fruits chaque jour. Il s’agit d’un moment charnie`re au cours duquel plusieurs d’entre eux deviennent autonomes dans leur mode de vie, y compris dans leurs choix alimentaires [17–19]. Dans la pre´sente e´tude, l’attitude, la perception du controˆle et l’importance perc¸ue des barrie`res et des facilitateurs ont permis d’expliquer 75 % de la variance de l’intention, ce qui est plus e´leve´ que la proportion de variance explique´e dans l’e´tude de Blanchard et al. [30] concernant l’intention d’e´tudiants universitaires de consommer au moins cinq portions de le´gumes et de fruits chaque jour (R2 = 50 %). Le pourcentage de variance explique´e de l’intention dans la pre´sente e´tude est aussi plus e´leve´ que celui observe´ dans trois me´ta-analyses portant sur la capacite´ pre´dictive de la the´orie du comportement planifie´ [29,36,62]. Cela peut eˆtre duˆ, en partie, au fait d’avoir utilise´ les croyances lie´es au controˆle comme un de´terminant direct de l’intention, tel que l’ont sugge´re´ Godinet al. [38]. Par ailleurs, la pre´sente e´tude confirme l’importance de la norme descriptive, du comportement passe´ et de la re´gularite´ perc¸ue du comportement en tant que de´terminants de l’intention. Ces dernie`res variables ont en effet permis d’ajouter 4 % a` l’explication de la variance de l’intention apre`s avoir controˆle´ l’influence des variables de la the´orie du comportement planifie´. Ainsi, le mode`le final permet d’expliquer 79 % de la variance de l’intention. En accord avec la the´orie d’Ajzen [31], cela signifie qu’un jeune adulte aux e´tudes postsecondaires est plus susceptible d’eˆtre motive´ a` consommer quotidiennement des le´gumes et des fruits s’il y est favorable, s’il se sent capable de le faire et de surmonter les obstacles perc¸us et s’il entrevoit des moyens qui facilitent l’adoption de ce comportement. Sa motivation peut aussi eˆtre influence´e par le fait de percevoir que ses colle`gues e´tudiants mangent au moins cinq portions de le´gumes et de fruits chaque jour et qu’il a de´ja` adopte´ lui-meˆme
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ce comportement au cours des sept derniers jours et a` plus forte raison s’il l’a adopte´ de fac¸on re´gulie`re au cours de cette pe´riode. Dans cette e´tude, la perception du controˆle constitue le meilleur pre´dicteur de l’intention, comme ce fut le cas dans l’e´tude de Blanchard et al. [30]. L’attitude s’est aussi re´ve´le´e eˆtre un pre´dicteur significatif de l’intention, ce qui est congruent avec l’e´tude de Blanchard et al. [30] mais aussi avec des e´tudes portant sur la consommation d’aliments sains, ce qui inclut la consommation de le´gumes et de fruits [63,64]. Pre´cisons, par ailleurs, que la norme subjective n’a pas contribue´ a` la pre´diction de l’intention de consommer des le´gumes et des fruits chez les participants de cette e´tude. Similaire aux re´sultats de l’e´tude de Brug et al. [65], la valeur relativement peu e´leve´e a` l’alpha de Cronbach pourrait, en partie, expliquer un tel re´sultat. Cependant, la norme subjective ne s’est pas non plus ave´re´e un de´terminant de l’intention dans l’e´tude de Blanchard et al. [30], malgre´ une valeur plus e´leve´e a` l’alpha de Cronbach (0,77) pour la norme subjective. En revanche, la norme descriptive a constitue´ un de´terminant de l’intention, illustrant ainsi que l’influence sociale n’est pas sans importance dans le de´veloppement de l’intention de consommer des le´gumes et des fruits chez des jeunes adultes. Il semble donc que les re´pondants seraient moins influence´s par l’approbation des proches que par leur perception des e´tudiants qui les entourent et qui consomment au moins cinq portions de le´gumes et de fruits chaque jour (norme descriptive). Il se pourrait que l’aˆge des re´pondants explique, en partie, que la norme descriptive, mais non la norme subjective, soit lie´e a` l’intention. Rivis et Sheeran [39] ont en effet observe´ que la corre´lation entre la norme descriptive et l’intention est plus forte aupre`s d’individus plus jeunes (enfants et e´tudiants). Comme ce fut le cas dans les e´tudes d’Astrom et al. [63] et de Conner et al. [64] portant sur l’intention de consommer des aliments sains, le comportement passe´ constitue, dans cette e´tude, un de´terminant de l’intention de consommer des le´gumes et des fruits. Le fait que la re´gularite´ perc¸ue du comportement ajoute aussi a` la pre´diction de l’intention indique que la re´alisation du comportement sur une base re´gulie`re dans un passe´ re´cent expliquerait l’intention de le maintenir dans le futur. Il semble donc qu’il serait souhaitable, non seulement d’encourager les jeunes adultes a` consommer des le´gumes et des fruits, mais a` le faire aussi sur une base continue dans le temps, en tentant de respecter une pe´riode de temps relativement constante entre chaque consommation. Peut-eˆtre ce message pourrait-il aider les jeunes adultes a` de´velopper l’habitude de consommer des le´gumes et des fruits. Cependant, un tel lien entre l’habitude et la re´gularite´ perc¸ue reste a` de´montrer. La promotion d’une consommation re´gulie`re de le´gumes et de fruits est aussi en accord avec les recommandations du Guide alimentaire canadien [43] qui rappellent l’importance de re´pondre aux besoins nutritionnels quotidiens de l’organisme humain. Cette e´tude avait aussi comme objectif d’identifier les croyances pertinentes a` utiliser pour de´velopper une intervention visant a` maintenir ou a` augmenter l’intention de consommer quotidiennement au moins cinq portions des
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` cet effet, les re´sultats indiquent qu’il le´gumes et des fruits. A serait important d’intervenir en vue de de´velopper une attitude davantage positive envers la consommation de ces aliments. Cela pourrait se faire par le de´veloppement de croyances re´alistes concernant le lien entre la consommation de le´gumes et de fruits et l’e´tat de sante´. Les re´sultats indiquent en effet que l’intention est ne´gativement lie´e a` la croyance que la consommation permettrait « d’ame´liorer » l’e´tat de sante´, mais positivement associe´e a` la croyance que la consommation permettait de « maintenir » l’e´tat de sante´. Il semble aussi que de´velopper le gouˆt pour des le´gumes et des fruits soit ne´cessaire afin de favoriser une attitude positive envers leur consommation. L’importance du gouˆt des aliments et leur roˆle dans le maintien de la sante´ ont aussi e´te´ observe´s chez des participants aˆge´s de 18 a` 24 ans dans d’autres e´tudes [34,35]. Les re´sultats font aussi e´tat de la ne´cessite´ d’ame´liorer la perception du controˆle envers la consommation de le´gumes et de fruits. Des rencontres de groupe pourraient a` cet effet eˆtre organise´es pour mettre en œuvre des de´monstrations culinaires par des pairs, des tests de gouˆt, etc. Comme ce fut le cas dans l’e´tude de Ruud et al. [34], la pre´sente e´tude indique que le temps de pre´paration des le´gumes et des fruits constitue une barrie`re a` en consommer au moins cinq portions chaque jour. En accord avec des re´sultats d’e´tudes pre´ce´dentes [35,66], le fait d’avoir plus d’informations sur la valeur nutritive des le´gumes et des fruits et le bon gouˆt que pourraient avoir ces aliments sont perc¸us comme des facteurs pouvant faciliter leur consommation. Des mode`les the´oriques relie´s aux de´terminants spe´cifiques a` cibler peuvent guider le choix des strate´gies pertinentes a` utiliser pour favoriser l’adoption ou le maintien de comportements favorables a` la sante´ dans une population cible´e [27]. Cette e´tude comporte certaines limites. Tout d’abord, ´ l’echantillon e´tait compose´ d’e´tudiants recrute´s dans des cours d’e´ducation physique dont les professeurs avaient offert leur collaboration a` la recherche. Or, la repre´sentativite´ est mise en cause aussi bien par le fait du volontariat que par le contexte « e´ducation physique ». Bien qu’un e´chantillon ale´atoire en aurait augmente´ la repre´sentativite´, une telle proce´dure s’ave´rait impossible dans le contexte ou` se de´roulait la recherche, mettant meˆme en pe´ril son acceptation par les autorite´s scolaires. Quant au contexte lui-meˆme, il aurait e´te´ difficile de faire autrement, puisqu’au Que´bec l’enseignement en lien avec les comportements de sante´ se fait particulie`rement a` l’inte´rieur des cours d’e´ducation physique, la` ou` pourrait prendre place une intervention visant la promotion de la consommation de le´gumes et de fruits. Puis, comme dans plusieurs autres e´tudes faisant appel a` un questionnaire autorapporte´, le nombre de portions de le´gumes et de fruits peut eˆtre biaise´. Godin et al. [49] indiquent d’ailleurs que leur instrument de mesure (le FV-Q) tend a` sous-estimer de fac¸on significative la consommation de le´gumes et de fruits. Enfin, cette e´tude contient plusieurs forces a` commencer par le faible pourcentage d’items manquants (1,5 %). Buhi et al. [52] recommandent de recourir a` des techniques plus e´labore´es pour le traitement des valeurs manquantes lorsque celles-ci s’e´le`vent a` plus de 5 %, ce qui n’est nullement le cas.
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E´galement, il est a` noter une taille d’e´chantillon relativement e´leve´e, la fide´lite´ ade´quate des mesures, l’ope´rationnalisation rigoureuse des variables psychosociales et le pourcentage e´leve´ d’explication de la variance de l’intention. En outre, a` notre connaissance, cette e´tude est la premie`re au Que´bec qui documente les de´terminants de l’intention de consommer quotidiennement au moins cinq portions de le´gumes et de fruits chez des colle´giens en ayant recours a` un cadre the´orique e´prouve´. 7. Conclusion Les re´sultats indiquent que la the´orie du comportement planifie´ s’est ave´re´e performante en permettant d’expliquer 75 % de la variance de l’intention de consommer au moins cinq portions de le´gumes et de fruits chaque jour chez des colle´giens. La norme descriptive, la re´gularite´ perc¸ue du comportement et le comportement passe´ ont permis d’expliquer 4 % supple´mentaire de la variance de l’intention. E´galement, l’identification des croyances comportementales et de celles qui sont lie´es au controˆle permet de fournir des assises the´oriques au de´veloppement d’interventions visant la promotion de la consommation quotidienne de le´gumes et de fruits aupre`s d’e´tudiants postsecondaires. De´claration d’inte´reˆts Les auteurs de´clarent ne pas avoir de conflits d’inte´reˆts en relation avec cet article. Remerciements La collaboration d’enseignants et des coordonnateurs en e´ducation physique de colle`ges de Que´bec (Canada) a e´te´ essentielle pour mener a` terme cette recherche. Ainsi, nous remercions, d’une part, Maryse Le´vesque, Suzanne Arbour, Chantal Huard, Henri Izard, Christian E´mond et Gilles Drouin du Colle`ge de Sainte-Foy et, d’autre part, Anick Ouellet, Lise Parent, Suzanne Casgrain et Yves Pe´russe du Colle`ge Franc¸ois Xavier Garneau. Les remerciements s’adressent aussi aux participants. Re´fe´rences [1] World Health Organization (WHO). The global strategy for diet, physical activity and health. Geneva: WHO/FAO; 2004, http://www.who.int/ dietphysicalactivity/strategy/eb11344/strategy_english_web.pdf. [2] Luo W, Morrisson H, de Groh M, Waters C, Des Meules M, JonesMcLean. et al. Le fardeau de l’obe´site´ chez les adultes au Canada. Agence Sante Publique 2007;27:147–57. [3] Shields M. L’embonpoint et l’obe´site´ chez les enfants et les adolescents. Rapports sur la sante´. Statistique Canada 2006;17(3):27–43. [4] World Health Organization. Diet, nutrition and the prevention of chronic diseases. Report of a joint WHO/FAO expert consultation. Geneva: World Health Organization; 2003, WHO Technical Report Series 916. [5] Ministe`re de la Sante´ et des Services Sociaux. Programme national de sante´ publique 2003–2012. Mise a` jour 2008. Que´bec: Gouvernement du Que´bec; 2008.
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