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Pathologie Biologie 56 (2008) 254–256 http://france.elsevier.com/direct/PATBIO/
E´ditorial
De´veloppement dans la proce´dure du ganglion sentinelle applique´e au cancer du sein d’un nouveau dispositif de gamma came´ra portable (POCI) Development of a hand-held gamma camera (POCI) in the sentinel node biopsy for breast cancer
Mots cle´s : Ganglion sentinelle ; Cancer du sein ; Gamma came´ra portable ; Lymphoscintigraphie ; Radio-isotope Keywords: Sentinel node; Breast cancer; Hand-held gamma camera; Lymphoscintigraphy; Radio-isotope
La technique du ganglion sentinelle (GS) dans le cancer du sein est base´e sur une ade´nectomie se´lective permettant d’e´viter un curage axillaire aux patientes sans me´tastase ganglionnaire et ainsi re´duire la morbidite´ du geste chirurgical axillaire. Elle a e´te´ introduite au de´but des anne´es 1990 a` l’aide d’un traceur lymphophile radioactif ou d’un colorant bleute´ [1–3]. Depuis 1996, il a e´te´ montre´ que l’association des deux techniques (injection de radio-isotope et d’un colorant bleu) permettait d’augmenter la performance de de´tection du GS [4], constituant par ailleurs la me´thode de choix pour des e´quipes moins entraıˆne´es. Actuellement, la double de´tection constitue la me´thode de re´fe´rence permettant non seulement d’ame´liorer le taux de de´tection (estime´ a` environ 95 %), mais aussi de re´duire le risque de faux ne´gatif, principal e´cueil a` cette technique pouvant potentiellement sous traiter les patientes par une me´connaissance du statut ganglionnaire axillaire. Lorsque la technique radio-isotopique est utilise´e, les experts internationaux [5] recommandent non seulement de pratiquer une double de´tection, mais aussi d’effectuer une lymphoscintigraphie pre´ope´ratoire. Cet examen a l’avantage de pre´dire le succe`s de la proce´dure, d’e´tablir une cartographie pre´cise du drainage lymphatique de la tumeur (axillaire ou extra-axillaire) et de pre´ciser le nombre de GS de´tecte´s, en aidant e´galement le geste du chirurgien dans la recherche du ou des GS. Pourtant, en l’absence e´tude randomise´e comparant les taux d’identification et de faux ne´gatifs avec ou sans lymphoscintigraphie pre´ope´ratoire, l’inte´reˆt de la lymphoscintigraphie pre´ope´ratoire reste discute´ [6-8] en conside´rant que cet examen alourdit la proce´dure du GS sans re´el be´ne´fice. Cette attitude est en partie justifie´e par l’e´loignement des centres me´dicaux
posse´dant un service de me´decine nucle´aire et par le couˆt et la lourdeur de cette technique. Re´cemment, des chercheurs de l’IN2P3-CNRS ont de´veloppe´ un prototype d’imageur gamma perope´ratoire portable appele´ Per-Operative Compact Imager (POCI) (Fig. 1) permettant d’obtenir une imagerie lymphoscintigraphique (Fig. 2). Ce nouveau dispositif d’imagerie me´dicale permet tout comme la lymphoscintigraphie « conventionnelle » sans sa lourdeur organisationnelle de localiser et de´nombrer les ganglions dits « sentinelles », c’est a` dire contenant de la radioactivite´. Cette gamma came´ra portable est actuellement e´value´e a` l’hoˆpital Tenon (Paris) sur des patientes ayant un cancer du sein ne´cessitant une proce´dure du GS. Cette e´tude permettra probablement de confirmer l’inte´reˆt de l’imagerie perope´ratoire. Il s’agit d’une application particulie`rement novatrice des de´veloppements instrumentaux utilise´s en physique fondamentale. Avec 13 cm2 de champs de vue et des dimensions re´duites, cet imageur a e´te´ conc¸u pour eˆtre facilement positionne´ au contact de la re´gion ope´ratoire durant l’intervention chirurgicale en vue de localiser les ganglions axillaires radiomarque´es. L’e´valuation clinique de la came´ra POCI associant pour la premie`re fois des chercheurs de l’IN2P3-CNRS et des cliniciens repose sur une double e´tude : prouver son e´quivalence par rapport aux gamma came´ras standards (lymphoscintigraphie conventionnelle) et e´tablir son inte´reˆt au bloc ope´ratoire afin d’identifier les « ganglions sentinelles » radioactifs. Les applications pourraient eˆtre nombreuses. Tout d’abord, cette gamma came´ra portable permettrait de diffuser la technique du GS aux centres qui ne posse`dent pas de service
0369-8114/$ – see front matter # 2007 Elsevier Masson SAS. Tous droits re´serve´s. doi:10.1016/j.patbio.2007.09.009
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Fig. 1. Le radio-imageur portable.
Fig. 2. Image scintigraphique obtenue par POCI. Identification d’un ganglion sentinelle (!).
de me´decine nucle´aire au sein de leur e´tablissement re´duisant ainsi la « lourdeur » de la proce´dure. Ainsi, la patiente be´ne´ficierait la veille d’une injection de produit radioactif puis pourrait imme´diatement retourner dans le lieu ou` aurait lieu la chirurgie sans attendre la re´alisation de la lymphoscintigraphie, qui en ge´ne´ral, est effectue´e une a` deux heures apre`s l’injection du produit radioactif, et cela durant au minimum 15 a` 20 minutes. Ce syste`me d’imageur portable permettrait e´galement aux e´quipes qui ne pratiquent pas syste´matiquement de lymphoscintigraphie pour des raisons techniques et organisationnelles d’acce´der a` une imagerie pre´ope´ratoire du creux axillaire renseignant le nombre de GS radioactifs et leur localisation. De plus, l’utilisation d’un imageur portable s’inscrit parfaitement dans cette tendance actuelle qu’est la chirurgie ambulatoire et « mini-invasive ». Ainsi, l’attitude « classique » de prise en charge chirurgicale d’un cancer du sein de petite taille (< 20 mm) justifiant d’un pre´le`vement du GS pourrait eˆtre modifie´e et alle´ge´e graˆce a` l’utilisation de POCI. Habituellement, la patiente be´ne´ficie d’une injection la veille d’un produit radioactif autour de la tumeur, puis d’une lymphoscintigraphie une a` deux heures apre`s cette injection. Le lendemain, au bloc ope´ratoire, une injection de produit lymphophile bleute´ est effectue´e autour de la tumeur sous anesthe´sie ge´ne´rale suivie du traitement chirurgical de cette tumeur (tumorectomie) et de l’aisselle par le pre´le`vement du GS. Apre`s exe´re`se de ces GS, ceux-ci sont adresse´s
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habituellement en anatomie–pathologique pour analyse perope´ratoire par cytologie d’empreinte ou coupe congele´e. Si des me´tastases sont mises en e´vidence, un curage axillaire est re´alise´ dans le meˆme temps. Bien souvent, lie´e a` une sensibilite´ d’analyse perope´ratoire, des GS me´diocres surtout pour les microme´tastases, la de´couverte de me´tastases dans les GS est effective lors de l’examen histologique de´finitif ne´cessitant une reprise chirurgicale pour un curage axillaire qui reste recommande´ en cas de GS me´tastatique, quelque soit la taille de la me´tastase. La deuxie`me intervention chirurgicale a lieu au mieux trois semaines apre`s la chirurgie initiale retardant in fine le de´but du traitement adjuvant. Le radioimageur POCI pourrait participer a` la re´duction de ce « long processus » de prise en charge. En effet, il peut eˆtre concevable d’effectuer l’injection du produit radioactif, puis la biopsie du GS seule (sans la chirurgie de la tumeur) sous anesthe´sie locale en ambulatoire en utilisant l’imageur POCI afin de s’assurer que un ou plusieurs GS sont mis en e´vidence dans l’aisselle garantissant le succe`s de la technique. La chirurgie de la tumeur serait « programme´e » avec le de´lai habituel mais a` la diffe´rence que la connaissance comple`te du creux axillaire serait acquise graˆce a` la biopsie du GS effectue´e plusieurs jours auparavant en ambulatoire. La chirurgie du creux axillaire serait donc adapte´e a` ce re´sultat du pre´le`vement du GS sous anesthe´sie locale (curage axillaire comple´mentaire associe´ ou non). Meˆme si l’imageur POCI reste actuellement en cours d’e´valuation, ses performances semblent prometteuses. Ses applications pourraient eˆtre dores et de´ja` acquises en remplacement de la lymphoscintigraphie classique. L’e´tape suivante va eˆtre d’en effectuer sa commercialisation. . .en France nous l’espe´rons. Re´fe´rences [1] Giuliano AE, Kirgan DM, Guenther JM, et al. Lymphatic mapping and sentinel lymphadenectomy for breast cancer. Ann Surg 1994;220: 391–401. [2] Krag DN, Weaver DL, Alex JC, et al. Surgical resection and radiolocalization of the sentinel lymph node in breast cancer using a gamma probe. Surg Oncol 1993;2:335–9. [3] Albertini JJ, Lyman GH, Cox C, et al. Lymphatic mapping and sentinel node biopsy in the patient with breast cancer. JAMA 1996;276: 1818–22. [4] Miltenburg DM, Miller C, Karamlou TB, et al. Meta-analysis of sentinel lymph node biopsy in breast cancer. J Surg Res 1999;84: 138–42. [5] Lyman GH, Giuliano AE, Somerfield MR, et al. American Society of Clinical Oncology guideline recommendations for sentinel lymph node biopsy in early-stage breast cancer. J Clin Oncol 2005;23: 7703–20. [6] Kawase K, Gayed IW, Hunt KK, Kuerer HM, Akins J, Yi M, et al. Use of lymphoscintigraphy defines lymphatic drainage patterns before sentinel lymph node biopsy for breast cancer. J Am Coll Surg 2006;203:64–72. [7] Burak Jr WE, Walker MJ, Yee LD, et al. Routine preoperative lymphoscintigraphy is not necessary prior to sentinel node biopsy for breast cancer. Am J Surg 1999;177:445–9. [8] Haigh PI, Hansen NM, Giuliano AE, et al. Factors affecting sentinel node localization during preoperative breast lymphoscintigraphy. J Nucl Med 2000;41:1682–8.
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E. Barranger,* S. Uzan Gyne´cologie obste´trique, hoˆpital Tenon, AP–HP, CancerEst, 4, rue de la Chine, 75020 Paris, France E. Barranger,* Gyne´cologie obste´trique, hoˆpital Lariboisie`re, AP–HP, 2, rue Ambroise-Pare´, 75010 Paris, France
S. Pitre M.-A. Duval Y. Charon Laboratoire IMNC–CNRS–Paris-7-Paris-11, Orsay, France *Auteur correspondant Adresse e-mail :
[email protected] (E. Barranger) 25 juillet 2007 Disponible sur Internet le 21 fe´vrier 2008