Étude sur les caractéristiques psychologiques des hommes auteurs de violences conjugales : quel type de fragilité psychique le passage à l’acte violent dissimule-t-il ?

Étude sur les caractéristiques psychologiques des hommes auteurs de violences conjugales : quel type de fragilité psychique le passage à l’acte violent dissimule-t-il ?

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AMEPSY-2309; No. of Pages 7 Annales Me´dico-Psychologiques xxx (2017) xxx–xxx

Disponible en ligne sur

ScienceDirect www.sciencedirect.com

Me´moire

E´tude sur les caracte´ristiques psychologiques des hommes auteurs de violences conjugales : quel type de fragilite´ psychique le passage a` l’acte violent dissimule-t-il ? Psychological characteristics of intimate partner offenders: What kind of mental weakness does violent behavior hide? Laetitia Di Piazza a,*, Ce´cile Kowal b, Fabienne Hodiaumont b, Suzanne Le´veille´e c, Lysianne Touchette c, Robert Ayotte d, Ade´laı¨de Blavier a a Centre d’expertise en psychotraumatisme et psychologie le´gale, faculte´ de psychologie, logope´die et sciences de l’e´ducation, universite´ de Lie`ge, 1, place des Orateurs, 4000 Lie`ge, Belgique b Asbl Praxis, baˆtiment 22/32, 63, rue Puits-en-Sock, 4020 Lie`ge, Belgique c De´partement de psychologie, universite´ du Que´bec, Trois-Rivie`res, QC G9A 5H7, Que´bec, Canada d L’Accord Mauricie Inc., local 101, 991, rue Champflour, Trois-Rivie`res, QC G9A 1Z8, Que´bec, Canada

I N F O A R T I C L E

R E´ S U M E´

Historique de l’article : Rec¸u le 14 mars 2016 Accepte´ le 1er juin 2016

A` l’heure actuelle, de par le caracte`re multifactoriel du phe´nome`ne de violence conjugale, il est encore difficile d’e´valuer l’impact des programmes the´rapeutiques existants qui offrent un accompagnement pour les auteurs de cette violence. Cinquante-trois hommes, consultant de manie`re volontaire ou sous contrainte de justice, ont e´te´ approche´s afin d’e´valuer la pre´sence de caracte´ristiques psychologiques spe´cifiques (alexithymie, de´pression et impulsivite´) ainsi que leurs liens, pour constater une e´ventuelle fragilite´ qui pourrait expliquer le passage a` l’acte violent. Nos analyses re´ve`lent que, compare´s a` la population ge´ne´rale, l’alexithymie et la de´pression sont majore´es chez ces hommes. En outre, des corre´lations positives et significatives se dessinent entre les trois dimensions psychologiques e´tudie´es. Toutefois, nous n’observons pas de diffe´rence en fonction du statut de la demande.

C 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits re ´ serve´s.

Mots cle´s : Alexithymie De´pression E´tude de cohorte E´valuation Homme Impulsivite´ Passage a` l’acte Violence conjugale

A B S T R A C T

Keywords: Acting out Affective symptoms Alexithymia Cohort study Depression Evaluation Intimate partner violence Man

Introduction. – Historically, intimate partner violence has been ignored and minimized, despite its seriousness and widespread prevalence in our culture. In the past three decades, many studies have addressed the question of the impact of intimate partner violence on physical or mental health for victims (spouses, ex-partners and children). But, what about authors? Currently, due to the multifactorial character of the phenomenon of domestic violence, it is still difficult to estimate the impact of the existing therapeutic programs which offer a support for the authors of this violence. The current study sought to examine the association between trait impulsivity, alexithymia and depression and the perpetration of physical and psychological intimate partner violence. We focused on particular psychological characteristics that would seem to have much potential as an aid to understand this phenomenon and its prevention and/or treatment. Patients and methods. – Fifty-three male offenders were surveyed using self-report questionnaires to assess emotional distress (BDI), impulsive behavior (BIS-11) and alexithymia (TAS-20), the inability to experience and express subjective emotions, prior to therapeutic program participation. Results. – Findings indicated that both alexithymia and depression were significantly associated with violence perpetration. Analyses showed that male intimate partner violence offender reported more

* Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (L. Di Piazza). http://dx.doi.org/10.1016/j.amp.2016.06.013 C 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits re ´ serve´s. 0003-4487/

Pour citer cet article : Di Piazza L, et al. E´tude sur les caracte´ristiques psychologiques des hommes auteurs de violences conjugales : quel type de fragilite´ psychique le passage a` l’acte violent dissimule-t-il ? Ann Med Psychol (Paris) (2017), http://dx.doi.org/10.1016/ j.amp.2016.06.013

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depressive feelings and more difficulties to express his emotions than did general population. Furthermore, there are positive and significant correlations between alexithymia, impulsivity and depression. Therefore, if male offenders have difficulties to describe and identify their emotions, they will tend to have more depressive symptoms and also more impulsive behavior. However, we do not observe a difference between men who consult voluntarily therapeutic programs and those who have been forced by legal measure of constraint. Conclusions. – The present findings continue to suggest a strong link between alexithymia and domestic violence as showed by others studies. Additional researches are clearly needed and may lead not only to a better understanding of aggression but also to the development of better therapeutic interventions.

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1. Introduction Refuser de placer l’autre sur un pied d’e´galite´ et nier sa qualite´ d’eˆtre humain a` part entie`re serait le propre de la violence conjugale. De par sa dimension multifactorielle et interpersonnelle, il n’est pourtant pas aise´ de l’appre´hender dans sa globalite´ et sa complexite´. Selon la de´finition reprise par le centre de recherche interdisciplinaire sur la violence familiale et la violence faite aux femmes (CRI-VIFF), « la violence conjugale ne re´sulte pas d’une perte de controˆle, mais constitue, au contraire, un moyen choisi pour dominer l’autre personne et affirmer son pouvoir sur elle » [14]. Elle se produit toujours au sein d’une relation intime, qu’elle soit actuelle ou passe´e, et s’exerce au quotidien de manie`re e´conomique, verbale, psychologique, physique et/ou sexuelle. Bien qu’un certain nombre de facteurs de risque aient e´te´ identifie´s, les variables psychologiques associe´es a` la violence conjugale ne sont pas encore clairement e´tablies [9]. Cela peut expliquer, en partie du moins, que les conclusions quant a` l’efficacite´ des traitements assure´s par des organismes d’aide spe´cialise´s pour les auteurs de violence conjugale soient re´serve´es [13].

actions reposent principalement sur des programmes the´rapeutiques de groupe visant la responsabilisation des usagers [16]. Plusieurs recherches ont e´te´ re´alise´es en vue d’e´tudier les caracte´ristiques socio-de´mographiques des hommes auteurs de violence intrafamiliale fre´quentant ces services d’aides ainsi que les facteurs pre´dictifs de leur maintien versus abandon dans le dispositif d’accompagnement. Toutes s’accordent sur le fait que, en de´finitive, le taux d’attrition n’est pre´dit que par une seule variable, soit l’aˆge du participant au moment de son suivi [17,25,31]. En effet, plus l’individu est jeune et plus le risque d’abandon est important. D’autres recherches, a` caracte`re comple´mentaire, ont tente´ d’e´valuer les programmes d’aide existants et de mettre en e´vidence les effets de ces dispositifs. Celles-ci concluent qu’il n’existe pas de diffe´rence significative entre les diffe´rents programmes d’intervention, et ce en termes de persistance et de re´cidive [2]. Toutefois, une se´rie de facteurs d’aide, tels que la connaissance de soi, l’altruisme, le partage d’informations et l’universalite´, a pu eˆtre identifie´e comme ayant une re´elle incidence positive sur le cheminement de l’homme auteur de violence conjugale participant a` un programme the´rapeutique de groupe [20].

2. Ampleur du phe´nome`ne

3. Compre´hension du phe´nome`ne

Selon une enqueˆte de victimisation commandite´e en Belgique par l’institut pour l’e´galite´ des femmes et des hommes [30], 15 % des femmes auraient subi au moins un acte de violence de la part d’un partenaire actuel ou ancien dans les douze derniers mois. Bonvoisin et Rizk [6] ajoutent a` ce premier constat que les violences conjugales enregistre´es par la police belge ont augmente´ de 31 % entre 2004 et 2007. Meˆme d’apparence minime, les agressions re´pe´te´es et perpe´tre´es par un intime dans un contexte de coercition et de controˆle sont le propre de la violence entre partenaires. Selon la loi, cette forme de violence entre dans le cadre des violences volontaires commises par un proche, ce qui constitue une circonstance aggravante. Elle n’est donc plus une affaire d’ordre prive´ et de liberte´ individuelle, mais une question d’ordre public. En outre, elle repre´sente un re´el proble`me de sante´ ˆ ts e´leve´s qu’elle engendre publique de par sa pre´valence et les cou [28]. Face a` l’ampleur de ce phe´nome`ne mais e´galement face a` ses re´percussions, a` un niveau individuel (victime, auteur, enfants, famille) et/ou de la socie´te´ sur le plan de la justice, de la sante´ et du ˆ t e´conomique (incapacite´s de travail, de´sinsertion sociale, cou emprisonnements, etc.), les autorite´s politiques ont re´agi de manie`re ferme ces dernie`res anne´es. A` coˆte´ de la mise en place d’une aide spe´cifique aux victimes et d’une politique de tole´rance ze´ro, il est vite devenu impe´ratif de mettre en place des organismes d’aide spe´cialise´s pour les auteurs de violence conjugale. Ces centres, essentiellement a` caracte`re associatif et tributaires en grande partie de subventions publiques, existent maintenant depuis une quinzaine d’anne´es dans de nombreux pays. Leurs

S’inte´resser aux auteurs de violence conjugale, c’est avant tout envisager une approche psychoe´ducative permettant un espace de re´flexion sur le comportement violent, et ayant pour objectif la pre´vention de la re´cidive [10]. Les programmes the´rapeutiques mis en place par les services d’aide offrent la possibilite´ aux usagers d’exprimer leurs e´tats e´motionnels tout en leur rappelant que c’est a` eux, et non a` la victime, d’agir pour e´viter une e´ventuelle re´cidive. Par conse´quent, graˆce a` un re´el questionnement autour de l’acte violent et des repre´sentations qui lui sont attache´es pour justifier le passage a` l’acte, les intervenants psychosociaux tendent a` de´velopper, voire renforcer, les capacite´s sociales, interpersonnelles et d’auto-controˆle des usagers. Bien que la socie´te´ identifie clairement la ne´cessite´ de ce changement de comportement, les auteurs de ces actes de violence ne reconnaissent pas facilement ce besoin. Interpre´te´e comme un manque d’inte´reˆt personnel au changement, la minimisation des conduites violentes et de leur impact sur les victimes par leur auteur doit tout de meˆme eˆtre nuance´e. Les recherches re´centes de´montrent que les conjoints aux ˆ ts comportements violents peuvent e´galement percevoir les cou associe´s a` leur fac¸on d’agir [26]. Ainsi, les sanctions criminelles, les blessures inflige´es au partenaire, la re´probation sociale, la perte de l’estime d’autrui ou la honte sont tout autant de raisons qui peuvent amener une personne commettant des actes de violence dans la sphe`re conjugale a` vouloir changer son comportement. La majorite´ des e´tudes sur les violences conjugales sont re´alise´es au moyen de questionnaires d’auto-e´valuation en fonction d’hypothe`ses sous-jacentes. Il s’agit de demander aux sujets d’acce´der a` une certaine forme d’introspection sur les causes

Pour citer cet article : Di Piazza L, et al. E´tude sur les caracte´ristiques psychologiques des hommes auteurs de violences conjugales : quel type de fragilite´ psychique le passage a` l’acte violent dissimule-t-il ? Ann Med Psychol (Paris) (2017), http://dx.doi.org/10.1016/ j.amp.2016.06.013

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de leur comportement. Parmi ces recherches scientifiques, certains auteurs [24,32] ont traite´ des the´matiques de cole`re, d’hostilite´ et d’impulsivite´. En effet, un nombre important d’actes de violence apparaissent dans un contexte d’escalade e´motionnelle rythme´e par des propos exprime´s avec cole`re par l’auteur de ces violences envers sa partenaire [27]. En comparaison a` un groupe d’individus non violents, une nette tendance a` la cole`re et a` l’hostilite´ est observe´e chez les personnes violentes [24]. Paralle`lement, la pre´sence conjointe d’impulsivite´ et de cole`re augmente significativement le risque d’agression [32]. Pour d’autres chercheurs [18], le passage a` l’acte violent est associe´ a` une faiblesse dans les capacite´s de mentalisation. Cette difficulte´ est e´galement releve´e par Adshead et al. [1] qui sugge`rent qu’une de´faillance dans les processus de mentalisation est un facteur de risque de comportement violent. En outre, ces hommes pre´sentent, selon d’autres e´tudes, une forte angoisse d’abandon sous-jacente aux comportements violents ainsi qu’une de´pendance relationnelle peu reconnue [11]. L’acte de violence traduirait, par conse´quent, l’angoisse lie´e a` ce sentiment d’abandon. En ce qui concerne la pre´sence e´ventuelle de de´pression chez les auteurs de violence conjugale, Le´veille´e et al. [19] ont constate´ la pre´sence accrue d’affects de´pressifs chez les hommes interroge´s. De plus, certains d’entre eux de´voileraient e´galement une grande instabilite´ e´motionnelle. La question de l’alexithymie, de´finie comme la difficulte´ a` reconnaıˆtre, a` exprimer ses e´motions et/ou a` de´coder celles d’autrui, a e´galement e´te´ pose´e dans la litte´rature. Ainsi, Babcock et al. [3] de´montrent que la reconnaissance faciale des affects chez autrui, l’une des incapacite´s e´ventuelles aborde´e lors de l’e´valuation de l’alexithymie, est de´faillante mais seulement si l’individu auteur d’actes violents pre´sente e´galement des caracte´ristiques psychopathiques. Longtemps encore, la violence a e´te´ conside´re´e comme e´tant lie´e a` de faibles niveaux d’estime de soi. Mais, en 1996, une revue de la litte´rature publie´e par Baumeister et al. [4] a remis en question cette hypothe`se. Selon ces auteurs, l’agression par le partenaire n’est pas le re´sultat d’un faible niveau d’estime de soi, mais le produit d’une estime de soi e´leve´e associe´e a` une caracte´ristique narcissique de type me´galomaniaque. Elle re´sulterait de menaces perc¸ues par l’auteur d’actes violents face a` la critique d’autrui. Toutefois, jusqu’a` ce jour, les recherches au sujet de la perception qu’a l’auteur de violence conjugale sur sa propre valeur ont produit des re´sultats mitige´s [29]. A` la lumie`re de ces donne´es et dans un effort de clarification des re´sultats, l’objectif de notre e´tude est de prendre en conside´ration et d’e´tudier la pre´sence, voire l’interaction, chez les auteurs de violence conjugale, d’une se´rie de facteurs psychologiques qui sont la de´pression, l’alexithymie et l’impulsivite´. Sugge´re´ pre´ce´demment par Le´veille´e et al. [18], les auteurs de violence conjugale obtiennent des scores plus e´leve´s aux e´chelles d’alexithymie que ceux recueillis dans la population ge´ne´rale. Il serait donc pertinent, d’une part, de confirmer cette tendance observe´e Outre-Atlantique et, d’autre part, de discuter de la signification psychologique que peut repre´senter ce re´sultat en lien avec la de´pression et l’impulsivite´ et de de´terminer s’il existe une fragilite´ qui pourrait expliquer le passage a` l’acte violent. En conse´quence, l’analyse de ces caracte´ristiques pourrait e´clairer de fac¸on scientifique l’ade´quation des programmes d’accompagnement avec les objectifs the´rapeutiques qu’ils doivent poursuivre. Outre ces caracte´ristiques, nous avons proce´de´ a` une comparaison du profil psychologique des hommes qui suivaient la formation de manie`re volontaire et de ceux contraints de suivre la formation suite a` une de´cision judiciaire. En effet, la diffe´rence entre les deux populations a de´ja` e´te´ e´tudie´e, d’une part, sur le plan des caracte´ristiques socio-de´mographiques et, d’autre part, sur le plan de la perse´ve´rance [17]. Cette recherche de´montre des diffe´rences significatives concernant l’aˆge et le niveau d’e´tude des usagers. Les judiciarise´s seraient plus jeunes et moins scolarise´s.

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Les volontaires pre´senteraient un taux d’emploi plus e´leve´. Il est donc le´gitime de se poser la question d’une e´ventuelle diffe´rence entre ces deux « statuts de demande » concernant les trois caracte´ristiques intrapsychiques approche´es dans cette e´tude. 4. Me´thodologie 4.1. Participants L’e´chantillon se compose de 53 hommes, volontaires (n = 21) ou judiciarise´s (n = 23), ayant commis des actes de violence sur leur partenaire. Ces hommes sont aˆge´s de 20 a` 67 ans (m= 44 ans, s= 12,21), sont majoritairement ce´libataires (42 %), se´pare´s ou divorce´s (26 %) et ont au moins un enfant (76 %). Des points de vue scolaire et professionnel, ils ont, en moyenne, termine´ leurs e´tudes de niveau secondaire (72 %) et travaillent actuellement a` temps plein ou a` temps partiel (49 %). Ceux-ci ont e´te´ approche´s par le biais de l’asbl Praxis, service d’accompagnement des adultesauteur(e)s de violences conjugales, spe´cialise´e dans l’animation de groupe de responsabilisation. 4.2. Proce´dure Trois questionnaires d’auto-e´valuation correspondant aux caracte´ristiques du fonctionnement psychologique de l’individu (de´pression, alexithymie et impulsivite´) ont e´te´ administre´s a` chaque participant avant le de´but de sa the´rapie en groupe de responsabilisation. Les cotations et interpre´tations ont e´te´ re´alise´es en respectant les re`gles inhe´rentes aux diffe´rents tests. 4.3. Instruments de mesure 4.3.1. L’e´chelle d’Alexithymie de Toronto (Toronto Alexithymia Scale TAS-20) Ce questionnaire d’auto-e´valuation permet d’e´valuer les trois dimensions de l’alexithymie : la difficulte´ a` identifier ses e´motions, la difficulte´ a` de´crire ses e´motions a` autrui et la pense´e ope´ratoire. Re´vise´e dans une version a` 20 items, la TAS-20 appre´cie cette caracte´ristique psychologique sur une e´chelle de type Likert en 5 points, avec un score total allant de 20 a` 100. Un individu est conside´re´ alexithymique lorsque son score est  56. Traduit en version franc¸aise par Loas et al. [22], ce test pre´sente une bonne consistance interne (alpha de Cronbach > 70). Selon Luminet et al. [23], « les individus qui pre´sentent un score e´leve´ sur ce construct ne se caracte´risent pas par une incapacite´ a` ressentir des e´tats e´motionnels et a` les exprimer, mais plutoˆt par une difficulte´ a` les diffe´rencier et a` les verbaliser ». 4.3.2. L’inventaire de de´pression de Beck (Beck Depression Inventory BDI) Ce questionnaire est utilise´ pour e´valuer la pre´sence des symptoˆmes cognitifs, affectifs et somatiques de la de´pression chez l’individu. La version utilise´e dans cette e´tude est celle compose´e de 21 items dont la cotation s’effectue sur une e´chelle de type Likert en 4 points, avec un score total allant de 0 a` 63. Plus le score est e´leve´ et plus le niveau de de´pression mesure´ est important. Conside´re´ comme l’un des instruments le plus utilise´s pour appre´cier les symptoˆmes de´pressifs, le BDI de´montre de bonnes qualite´s psychome´triques, et ce aupre`s de populations ge´ne´rales (alpha de Cronbach .93) et cliniques (alpha de Cronbach .92) [5]. 4.3.3. L’e´chelle d’impulsivite´ de Barratt (Barratt Impulsiveness Scale BIS-11) Ce questionnaire fournit une e´valuation de l’impulsivite´ d’un individu en tant que trait de personnalite´ compose´ de trois dimensions : l’impulsivite´ motrice, l’impulsivite´ cognitive et la

Pour citer cet article : Di Piazza L, et al. E´tude sur les caracte´ristiques psychologiques des hommes auteurs de violences conjugales : quel type de fragilite´ psychique le passage a` l’acte violent dissimule-t-il ? Ann Med Psychol (Paris) (2017), http://dx.doi.org/10.1016/ j.amp.2016.06.013

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difficulte´ de planification. Chacun des 30 items de cette e´chelle est cote´ sur une e´chelle de type Likert en 4 points. Le score total varie de 0 a` 120. Un score compris entre 52 et 71 correspond aux limites dites normales de l’impulsivite´. Un individu est conside´re´ impulsif lorsque le score total obtenu est plus e´leve´ ou e´gal a` 72, et un score infe´rieur a` 52 signifie la pre´sence d’un controˆle important de la personne sur elle-meˆme ou d’une malhonneˆtete´ lors de la passation du questionnaire [34]. La BIS-11 de´montre une bonne consistance interne (alpha de Cronbach .83). En outre, lorsqu’il est applique´ a` une population criminelle, cet instrument de´montre une sensibilite´ aux diffe´rents niveaux d’agression. Ainsi, les de´linquants violents obtiennent des scores significativement plus e´leve´s que les de´linquants non violents [33]. 4.4. Statistiques et traitement des donne´es Afin de re´pondre a` la question de recherche, d’une part, des analyses descriptives ont e´te´ re´alise´es pour de´crire l’e´chantillon. D’autre part, des analyses corre´lationnelles ainsi que des t de Student ont e´te´ effectue´s pour observer les liens e´ventuels entre les variables e´tudie´es et les diffe´rences entre les groupes (judiciarise´s/ volontaires). Les analyses statistiques ont e´te´ mene´es avec le logiciel Statistica 10 avec p < 0,05 comme seuil de significativite´.

Fig. 2. Pourcentage de participants dans chaque cate´gorie du Beck Depression Inventory (BDI).

5. Re´sultats 5.1. Analyses descriptives de l’e´chantillon Si l’on conside`re une analyse re´alise´e par cate´gories a` partir des seuils cliniques repris au sein des trois tests conside´re´s, a` savoir la TAS-20, le BDI et la BIS-11, les re´sultats sont interpellants. En effet, une cate´gorisation par seuil montre que 45 % de l’e´chantillon d’hommes auteurs de violence conjugale e´value´s pre´sentent des scores correspondant a` la pre´sence d’une alexithymie, c’est-a`-dire de re´elles difficulte´s a` exprimer et a` diffe´rencier leurs e´tats e´motionnels. En outre, 21 % des participants pre´sentent un fonctionnement inde´termine´, ou subalexithymique, face aux stimuli de leur environnement. Il s’agit donc au total de 66 % des hommes auteurs de violence conjugales interroge´s (voir Fig. 1). En outre, les hommes qui commettent des actes de violence sur leur partenaire ont une tendance a` rapporter plus de symptoˆmes de´pressifs que l’individu lambda. Soixante-dix pour cent des participants obtiennent un score correspondant a` la pre´sence d’un

Fig. 3. Pourcentage de participants dans chaque cate´gorie de la Barratt Impulsivity Scale (BIS-11).

e´tat de´pressif, qu’il soit le´ger (trouble be´nin de l’humeur : 35 %) ou mode´re´ a` se´ve`re (35 %, voir Fig. 2). Contrairement aux deux caracte´ristiques pre´ce´dentes, le trait de personnalite´ impulsif ne semble pas caracte´riser la population d’auteurs d’acte violent sur leur partenaire. En effet, 62 % des hommes ayant participe´ a` l’e´tude obtiennent des scores indiquant une absence d’impulsivite´. Seuls 25 % des auteurs sont conside´re´s impulsifs (voir Fig. 3). 5.2. Analyses statistiques Au vu des re´sultats repris dans le Tableau 1, des corre´lations positives et significatives se dessinent entre les trois dimensions

Tableau 1 Analyses corre´lationnelles effectue´es entre les variables individuelles, avec un seuil de significativite´ a` p < 0,5.

Fig. 1. Pourcentage de participants dans chaque cate´gorie de la Toronto Alexithymia Scale (TAS-20).

Variables

Corre´lations

TAS-20 - BDI TAS-20 - BIS-11 BIS-11 - BDI

0,4287 (p = ,002) 0,4759 (p = ,000) 0,3551 (p = ,010)

Pour citer cet article : Di Piazza L, et al. E´tude sur les caracte´ristiques psychologiques des hommes auteurs de violences conjugales : quel type de fragilite´ psychique le passage a` l’acte violent dissimule-t-il ? Ann Med Psychol (Paris) (2017), http://dx.doi.org/10.1016/ j.amp.2016.06.013

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Fig. 4. Graphique relatif au test t pour e´chantillons apparie´s a` partir des dimensions de la TAS-20.

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Ainsi, au niveau de l’alexithymie, les analyses montrent que ce sont les difficulte´s pour identifier les e´motions et les difficulte´s pour les de´crire a` autrui qui sont significativement plus pre´sentes que la dimension e´valuant la pense´e ope´ratoire (F[2,102] = 5,39, p < 0,01–voir Fig. 4). De meˆme, au niveau de l’impulsivite´, les difficulte´s de planification sont significativement plus importantes au sein de notre e´chantillon que les proble`mes d’impulsivite´ cognitive et d’impulsivite´ motrice (F[2, 102] = 8,94, p < 0,0005– voir Fig. 5). Enfin, concernant une e´ventuelle diffe´rence entre les hommes qui consultent volontairement un service d’aide pour leur comportement violent et ceux qui sont contraints judiciairement a` suivre une the´rapie en groupe de responsabilisation, les t de student ne montrent aucune diffe´rence significative entre les deux groupes, et cela pour toutes les variables mesure´es (voir Tableau 2). 6. Discussion

Fig. 5. Graphique relatif au test t pour e´chantillons apparie´s a` partir des dimensions de la BIS-11.

psychologiques e´tudie´es. Il existe chez les hommes auteurs de violence conjugale un lien positif significatif entre leur degre´ d’impulsivite´, leur niveau de de´pression et la pre´sence d’une alexithymie. Ainsi, plus les sujets ont des difficulte´s a` identifier et a` de´crire leurs e´motions, plus ils pre´sentent un trouble de´pressif important, et plus leur tendance a` l’impulsivite´ est grande. En approfondissant l’analyse de ces donne´es, en se concentrant sur les diffe´rentes dimensions e´value´es par la TAS-20 et la BIS-11, les re´sultats indiquent que les hommes auteurs de violence conjugale ont significativement plus de difficulte´s :  a` identifier (m = 2,68  0,96) et a` de´crire (m = 2,72  0,90) leurs sentiments plutoˆt qu’a` recourir a` la mentalisation (m= 2,36  0,51) ;  de planification (m = 2,32  0,50) par rapport a` une composante plus cognitive (m = 2,16  0,50) ou motrice de l’impulsivite´ (m = 2,03  0,49).

De nos re´sultats, il apparaıˆt que l’alexithymie et la de´pression sont deux variables cle´s de la compre´hension du fonctionnement d’hommes auteurs de violence conjugale. En effet, nos re´sultats de´montrent que les participants de cette e´tude sont cliniquement plus de´pressifs et/ou alexithymiques que la population ge´ne´rale. Ainsi, alors qu’en Belgique francophone, les chiffres estimant le taux de de´pression, en fonction des crite`res repris par le DSM-IV, tournent aux alentours des 15 % [7], notre e´tude de´montre que 70 % des hommes interroge´s pre´sentent un niveau de de´pression allant de le´ger a` se´ve`re. De la meˆme manie`re, 45 % des participants de notre e´chantillon sont cate´gorise´s comme alexithymiques. La pre´valence de cette incapacite´ e´motionnelle est, en moyenne, de 20 % dans la population ge´ne´rale, quels que soient le sexe, l’aˆge ou le niveau socio-e´conomique [15,21]. Nos re´sultats sugge`rent donc que le trouble de´pressif et l’alexithymie caracte´risent en partie la population des hommes auteurs de violence conjugale (ce qui rejoint notamment les conclusions d’e´tudes pre´ce´dentes [3,18,19]). Dans notre e´tude, la pre´sence conjointe d’alexithymie et d’un trouble de´pressif peut eˆtre explique´e, en partie, par le lien e´tabli dans la litte´rature entre ces deux caracte´ristiques psychologiques. Effectivement, la pre´valence de l’alexithymie chez les patients de´pressifs est importante dans de nombreuses e´tudes [12,35]. Paralle`lement, pre´sentes simultane´ment chez un meˆme individu, ces deux caracte´ristiques augmentent la probabilite´ de trouver chez lui une plus grande impulsivite´. Ce qui est notamment confirme´ dans notre e´tude par les corre´lations significatives et positives entre ces trois diffe´rentes caracte´ristiques. De manie`re plus de´taille´e, lorsque les trois sous-dimensions e´value´es par la TAS et la BIS sont compare´es entre elles pour chaque test, nous constatons chez les hommes auteurs de violence conjugale des difficulte´s plus marque´es lors de l’identification et de l’expression de leurs e´motions (TAS), ainsi que dans la planification d’actions futures (BIS). Concernant l’impulsivite´, ces e´le´ments

Tableau 2 Moyennes et e´carts-types avec la valeur du t de student pour les hommes qui participent volontairement au groupe de responsabilisation et pour ceux contraints judiciairement. Variables

Moyennes et e´carts-types des volontaires (n = 21)

Moyennes et e´carts-types des judiciarise´s (n = 32)

Total TAS-20 TAS-20 : difficulte´ a` identifier les sentiments TAS-20 : difficulte´ a` de´crire ses sentiments TAS-20 : pense´e ope´ratoire Total BDI Total BIS-11 BIS-11 : impulsivite´ cognitive BIS-11 : impulsivite´ motrice BIS-11 : difficulte´ de planification

51,00 19,43 13,38 18,19 17,57 64,86 17,81 21,81 25,24

51,47 18,37 13,78 19,31 14,61 65,31 16,94 22,66 25,72

(ET = 12,78) (ET = 7,07) (ET = 4,49) (ET = 4,04) (ET = 10,92) (ET = 11,32) (ET = 3,46) ET = 5,37) (ET = 5,61)

(ET = 11,32) (ET = 6,52) (ET = 4,56) (ET = 4,13) (ET = 8,28) (ET = 12,84) (ET = 4,31) (ET = 5,43) (ET = 5,50)

Valeur t 0,14 0,56 0,31 0,97 1,11 0,13 0,78 0,56 0,31

p 0,89 0,58 0,75 0,33 0,27 0,89 0,44 0,58 0,76

Pour citer cet article : Di Piazza L, et al. E´tude sur les caracte´ristiques psychologiques des hommes auteurs de violences conjugales : quel type de fragilite´ psychique le passage a` l’acte violent dissimule-t-il ? Ann Med Psychol (Paris) (2017), http://dx.doi.org/10.1016/ j.amp.2016.06.013

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L. Di Piazza et al. / Annales Me´dico-Psychologiques xxx (2017) xxx–xxx

montrent que si les hommes auteurs de violence conjugale pre´sentent une impulsivite´ motrice (action sans re´flexion) et/ou a` une impulsivite´ cognitive (prise de de´cision rapide), ils font surtout preuve d’une plus grande difficulte´ a` planifier leurs actions dans un avenir plus ou moins proche. Ce re´sultat fait e´cho aux proble`mes de mentalisation mis en e´vidence par des e´tudes re´centes [1,18] et confirme que la violence conjugale ne serait pas tant lie´e a` des proble`mes d’impulsivite´ motrice ou cognitive incontroˆlable que plutoˆt a` des difficulte´s de mentalisation. Cette constatation pourrait ainsi expliquer l’absence d’impulsivite´ significative au sein de notre e´chantillon. En outre, cela rejoint tout a` fait la de´finition ge´ne´rale de la violence conjugale qui pre´cise que celle-ci ne re´sulte pas d’une perte de controˆle, mais serait plutoˆt un moyen pour dominer et controˆler l’autre [14]. Nos re´sultats confirment que la violence conjugale ne proviendrait pas d’un comportement spe´cifiquement lie´ a` une difficulte´ motrice a` retenir ses actions, mais plutoˆt d’une strate´gie d’action inapproprie´e, relative a` la manie`re de controˆler l’autre, qui atteindrait le fonctionnement global de l’individu. Nos donne´es concordent avec les re´sultats obtenus par Le´veille´e et al. [18], qui de´montrent e´galement que la majorite´ des individus interroge´s se situent dans les limites normales de l’impulsivite´ e´value´e a` partir de l’e´chelle BIS-11. En outre, nos re´sultats concernant l’alexithymie montrent des difficulte´s plus importantes dans l’expression et l’identification de leurs e´motions (telles qu’e´value´es par l’e´chelle TAS-20) et sugge`rent que les hommes auteurs de violence conjugale n’atteindraient pas un degre´ de compre´hension de leurs ressentis qui leur permettrait d’exprimer leurs e´motions sous une autre forme que la violence. A` cause de ce re´tre´cissement du champ de leurs propres ressentis, des e´motions vives (telles que de la peur, du doute, de la tristesse voire de l’angoisse) seraient trop rapidement re´duites a` des re´actions de cole`re. Dans cette optique, les comportements violents de nos participants contre leur partenaire remplaceraient la verbalisation de leurs e´motions. Mus par une importante peur d’eˆtre abandonne´s, telle que sugge´re´e par de Neuter [11] et par de faibles capacite´s de mentalisation (telles que nos re´sultats le sugge`rent ainsi que les e´tudes pre´ce´dentes [1,18]), les hommes auteurs d’actes violents de´velopperaient des traits d’agressivite´ de type instrumental. En tentant de controˆler leur partenaire, ils utiliseraient ainsi la violence, psychologique et/ou physique, comme moyen inadapte´ de les retenir [8]. Enfin, nos re´sultats de´montrent e´galement qu’il n’existe pas de diffe´rence dans les profils psychologiques des hommes qui consultent de manie`re volontaire ou sous la contrainte d’une de´cision de justice. Ces derniers ne montrent en effet pas moins d’alexithymie, de de´pression ou encore d’impulsivite´. Ce re´sultat sugge`re que, dans la proble´matique de la violence conjugale, la prise en charge doit, certes, eˆtre adapte´e a` l’individu en pre´sence, et ce comme toute prise en charge clinique, mais que le statut de la demande (volontaire ou judiciarise´) n’est pas lie´ a` une perturbation psychologique particulie`re, que celle-ci concerne la de´pression, l’alexithymie ou l’impulsivite´. Ainsi, si le statut de la demande constitue une porte d’entre´e a` laquelle il faut eˆtre attentif pour la prise en charge (notamment pour ge´rer les attritions), les caracte´ristiques psychologiques des hommes violents dans la sphe`re conjugale ne sont pas diffe´rentes en fonction de ce statut. Une hypothe`se pouvant expliquer cette absence de diffe´rence est qu’il est probable que les hommes qui suivent le programme de manie`re volontaire ne viennent pas toujours de leur plein gre´ et sont bien souvent contraints par leur entourage d’entamer cette de´marche (par exemple, menace de se´paration de la part de la compagne s’il n’y a pas d’engagement dans un programme d’aide spe´cialise´). En ce sens, meˆme si ces hommes manifestent un souhait de changement en suivant ces programmes, la question de

la contrainte reste pre´sente, sans pour autant eˆtre re´alise´e sous contrainte judiciaire. Cette observation permet e´galement d’expliquer le constat re´current d’une quasi-absence de diffe´rences entre ces deux types de statut dans la plupart des e´tudes [17]. 7. Conclusion Notre e´tude montre que la population des hommes auteurs de violence conjugale est he´te´roge`ne dans son fonctionnement psychologique et qu’en son sein, tous ne pre´sentent pas ne´cessairement des troubles lie´s a` la de´pression, l’alexithymie ou l’impulsivite´. Nos re´sultats sugge`rent toutefois que la de´pression et l’alexithymie sont deux composantes cle´s qui caracte´risent cette population violente, de manie`re plus importante que l’impulsivite´, et plus pre´cise´ment que l’impulsivite´ motrice ou cognitive dont le roˆle serait moindre que les proble`mes de planification. A` l’issue de cette e´tude, l’ensemble des observations et re´sultats constituent, de manie`re ge´ne´rale, de re´elles pistes de re´flexion quant a` l’adoption de strate´gies the´rapeutiques spe´cifiques avec les auteurs de violence conjugale, qu’ils suivent le programme de manie`re volontaire ou sous contrainte judiciaire. Il est ne´cessaire de leur permettre de de´velopper leur capacite´ a` se repre´senter leurs e´tats e´motionnels, donc leur subjectivite´, ainsi que de les comprendre pour les aider a` mieux re´guler leur comportement. Sans quoi, le recours a` l’agir devient leur seul mode de fonctionnement. En effet, le constat selon lequel il existe une corre´lation significative et positive entre alexithymie et de´pression peut corroborer l’hypothe`se selon laquelle l’alexithymie placerait l’individu dans l’incapacite´ de traiter ses e´tats e´motionnels, ce qui le mettrait, par conse´quent, dans une situation ve´cue inte´rieurement comme de´stabilisante. La tendance des sujets a` agir pourrait, dans ce cas, eˆtre interpre´te´e comme un moyen d’e´viter de se confronter au ve´cu de´pressif de manie`re directe. Enfin, les e´tudes qui pourraient faire suite a` celle-ci seraient l’e´valuation des profils des individus qui terminent leur suivi et ceux qui abandonnent afin de mieux comprendre les enjeux psychosociaux entourant la perse´ve´rance dans le traitement. Aussi, une e´tude approfondie des capacite´s de mentalisation de ces hommes a` partir de cas cliniques apporterait des re´sultats comple´mentaires et une aide pour les intervenants. Les tests projectifs pourraient faire partie des tests privile´gie´s, e´tant donne´ que ces tests e´valuent les enjeux intrapsychiques fondamentaux tels que le fonctionnement de´fensif et les capacite´s relationnelles d’un individu. ˆ ts De´claration de liens d’inte´re Les auteurs de´clarent ne pas avoir de liens d’inte´reˆts. Re´fe´rences [1] Adshead G, Moore E, Humphrey M, Wilson C, Tapp J. The role of mentalising in the management of violence. Adv Psychiatr Treat 2013;19:67–76. [2] Babcock JC, Green CE, Robie C. Does batterers’ treatment work? A metaanalytic review of domestic violence treatment outcome research. Clin Psychol Rev 2004;23:1023–53. [3] Babcock JC, Green CE, Webb SA. Decoding deficits of different types of batterers during presentation of facial affect slides. J Fam Violence 2008;23:295–302. [4] Baumeister RF, Smart L, Boden JM. Relation of threatened egotism to violence and aggression: the dark side of high self-esteem. Psychol Rev 1996;103:5–33. [5] Beck AT, Steer RA, Garbin MG. Psychometric properties of the Beck Depression Inventory: twenty-five years later. Clin Psychol Rev 1988;8:77–100. [6] Bonvoisin V, Rizk C. Bulletin statistique de l’Observatoire national de la de´linquance et des re´ponses pe´nales. Grand Angle 2008;14:1–34. [7] Bruffaerts R, Bonnewyn A, Demyttenaere K. Het voorkomen van depressie in Belgie¨. Tijdschr Psychiatr 2008;50:655–65. [8] Carraud L, Jaffe´ PD, Sillitti-Dokic F. Attachement amoureux, agressivite´ e´motionnelle et instrumentale chez des auteurs de violence conjugale. Prat Psychol 2008;14:481–90.

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