Évolution du traumatisme psychique des rescapés du naufrage du Concordia

Évolution du traumatisme psychique des rescapés du naufrage du Concordia

Annales Me´dico-Psychologiques 173 (2015) 160–167 Disponible en ligne sur ScienceDirect www.sciencedirect.com Me´moire E´volution du traumatisme p...

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Annales Me´dico-Psychologiques 173 (2015) 160–167

Disponible en ligne sur

ScienceDirect www.sciencedirect.com

Me´moire

E´volution du traumatisme psychique des rescape´s du naufrage du Concordia Evolution of psychic trauma in survivors of the Concordia shipwreck Carole Damiani a, Maria Pereira Da Costa b,*, Benjamin Frantz b a

Centre europe´en sur le risque, le droit des accidents collectifs et des catastrophes, CERDACC (EA 3992), universite´ de Haute Alsace, France U.F.R. de psychologie, laboratoire « Adaptations, Travail, Individu », universite´ Paris Descartes, 71, avenue Vaillant, 92774 Boulogne-Billancourt cedex, France b

I N F O A R T I C L E

R E´ S U M E´

Historique de l’article : Rec¸u le 25 novembre 2013 Accepte´ le 5 mars 2014 Disponible sur Internet le 26 septembre 2014

Cette e´tude a e´te´ re´alise´e sur 198 naufrage´s franc¸ais, rescape´s de l’accident du Concordia du 13 janvier 2012. L’objectif de ce travail est d’e´tudier l’e´tat de stress post-traumatique potentiellement pre´sent chez ces victimes et a` mettre en relation l’e´volution des symptoˆmes avec diverses caracte´ristiques de l’individu, du contexte et des modalite´s de prise en charge des victimes. Les informations recueillies sont issues des de´poˆts de plainte, des attestations de psychologues et des certificats me´dicaux. Une e´chelle d’e´valuation de l’e´tat de stress post-traumatique a e´te´ administre´e a` deux reprises, six mois et un an apre`s le naufrage. Les re´sultats soulignent le lien entre le genre et l’intensite´ des symptoˆmes posttraumatiques, la pre´sence de blessures physiques, l’intensite´ et la dure´e des troubles et une influence du mode de prise en charge des rescape´s. ß 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits re´serve´s.

Mots cle´s : Catastrophe Concordia E´chelle d’e´valuation Syndrome post-traumatique Trouble re´actionnel Urgence me´dico-psychologique

A B S T R A C T

Keywords: Assessment scale Disasters Disorder Medical and psychological emergency units Post-traumatic stress disorder

The first objective of this work is to study post-traumatic stress disorders possibly presented by victims of the Concordia shipwreck that occurs on January 13, 2012, in Italy. The second objective is to relate the evolution of symptoms with various characteristics of the individual, the context and the support the victims received. Patients. – In the boat, 462 French men and women were on this cruise. After the disaster, 211 French survivors founded an association of victims, and 198 of them agree to participate in our study (M = 49.6 years, SD = 14.7, range = 19–85), mostly female (56%). Materials and methods. – With the collaboration of the association and its lawyer, for each survivor who agreed to participate in the study, we had access to the complaint files, certificates of psychologists, medical certificates, and a ‘‘diary newspaper’’ written by the victims. We administered the PTSD Checklist Scale (PCLS) two times, first six months after the shipwreck and secondly one year after the whipwreck. According to the authors of the French version (Yao et al., 2003), this scale measures the three sub-syndromes of PTSD described in the DSM IV (reexperience, avoidance, increased arousal). The scale assesses the intensity of 17 PTSD symptoms, rated by the subject on a scale of 1 to 5 (1 = not at all, 2 = somewhat, 3 = sometimes, 4 = often, 5 = very often), thereby determining a score. This scale was sent by email to each of the victims with instructions. Finally, for each of the 198 survivors, we collected the following data: age, gender, events that motivated people to go cruising, period before discharge, estimated subjective severity scale (1 to 10), injury, days of Temporary Interruption of Work (ITT), psychotropic drugs absorption, meeting with a medical and psychological emergency unit just after the shipwreck, consulting psychologist or physician when survivors came back home.

* Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (M. Pereira Da Costa). http://dx.doi.org/10.1016/j.amp.2014.03.010 0003-4487/ß 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits re´serve´s.

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Results. – The number of survivors with PTSD is higher than in other studies, both six months (79.3%) and one year after the shipwreck (61.6%). Two elements seem likely to explain why. First, the sample is very homogeneous, all survivors were directly exposed to the same traumatic event. The second is related to a prolonged and intense stress period during the ship sinking, and then a long period of evacuation and wandering on the island before rescues had been organized. We also found that physical injuries are related to PTSD intensity and its duration. As in other studies that measured symptoms of PTSD after a traumatic event, six months after the shipwreck, women have a higher average score than men. This difference disappears on the second assessment, one year after the event. Psychotraumatic symptoms experienced by women progressing well faster than men’s. Survivors who benefited from the intervention of a medical end psychological emergency unit just after the shipwreck have higher scores on the PCLS and we also found that they look more often to health care facilities after the event. Monitoring by Primary Care Physicians indicate that most of them have not diagnosed PTSD and prescribed psychotropic drugs to 40.9% of the survivors without significantly positive effect on the improvement of symptoms. Conclusions. – The results mainly highlight the links between gender and severity of post-traumatic symptoms, presence of physical injury and the intensity and duration of the disorder and, at last, influence of the support for survivors. ß 2014 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

1. Introduction L’e´tude pre´sente´e dans cet article a e´te´ re´alise´e sur les victimes du naufrage du navire croisie`re Concordia de la compagnie « Costa » qui a eu lieu pre`s des coˆtes italiennes, le 13 janvier 2012. Elle vise a` en e´valuer les conse´quences psychotraumatiques et a` mettre en relation l’e´volution des symptoˆmes avec diverses caracte´ristiques de l’individu, du contexte et des modalite´s de prise en charge des victimes. 2. Description de l’e´ve´nement Le 13 janvier 2012, le paquebot Concordia croise au large des coˆtes italiennes. A` son bord, 4229 passagers dont 3206 clients et 1023 membres d’e´quipage ; 462 passagers sont franc¸ais. Dans la soire´e, le capitaine ordonne de s’approcher de la coˆte, pre`s de l’ıˆle du Giglio situe´e sur le littoral sud de la Toscane. A` 21h30, le paquebot talonne un rocher et s’e´ventre sur plusieurs dizaines de me`tres. L’eau pe´ne`tre rapidement dans le bateau qui se met a` gıˆter progressivement. Le capitaine tente plusieurs manœuvres pour stabiliser le paquebot, sans succe`s. Il ne peut e´viter de l’e´chouer a` quelques encablures de la coˆte. D’apre`s les proce`s-verbaux, vingt minutes apre`s le talonnage, un premier message est diffuse´, arguant d’une panne de ge´ne´rateur. Il y en aura ensuite deux autres de meˆme nature, alors que la plupart des passagers se trouvent encore au restaurant ou au spectacle. Ils sont inquiets car le bateau commence a` pencher, ils entendent des « bruits » et ressentent des vibrations. L’e´lectricite´ s’e´teint puis se rallume a` plusieurs reprises. L’e´quipage, sous tension, semble ne pas avoir de consignes pre´cises. Il est donc en difficulte´ pour rassurer les passagers qui sont livre´s a` eux-meˆmes, pris de panique. Certains se rendent dans leur cabine pour prendre les gilets de sauvetage, d’autres gagnent les ponts en direction des chaloupes. En l’absence d’un ordre formel d’e´vacuation, l’e´quipage empeˆche les passagers d’acce´der a` celles-ci et leur demande de regagner leurs cabines, ce qu’ils refusent. Plus le bateau penche et plus l’angoisse augmente. La sire`ne d’alarme retentit a` 23 heures, suivie de l’ordre d’e´vacuation mais la` encore sans consignes claires, ce qui accroıˆt la panique. L’e´quipage tente cependant d’organiser l’e´vacuation, alors qu’il n’y a plus d’e´lectricite´. Les passagers courent sans repe`res, se bousculent, et meˆme e´changent des coups pour tenter d’acce´der aux chaloupes que les membres d’e´quipage pre´sents ne

savent d’ailleurs pas ou mal actionner. La gıˆte empeˆche d’utiliser les chaloupes d’un coˆte´ et les passagers doivent retraverser le bateau ou sauter a` l’eau. Quasiment tous les passagers e´voqueront plus tard le « chacun pour soi » et le fort sentiment d’abandon qu’ils ont ressenti a` ce moment-la`. Les enfants n’ont pas e´te´ e´pargne´s par ces empoignades. Les premie`res e´vacuations vers l’ıˆle du Giglio commencent donc dans le de´sordre a` 23 h 30. Les chaloupes sont de plus en plus difficiles a` manœuvrer au fur et a` mesure de l’inclinaison du paquebot. Des passagers se blessent, d’autres se jettent dans l’eau extreˆmement froide. Sur l’ıˆle, l’accueil des rescape´s ne s’organise que tre`s lentement alors que des membres de l’e´quipage e´taient parmi les premiers arrive´s a` terre. Les passagers errent longuement avant d’eˆtre finalement accueillis dans des lieux publics ou chez l’habitant. Le lendemain, les rescape´s sont e´vacue´s en ferry, malgre´ leur angoisse de reprendre un bateau. Les Franc¸ais sont achemine´s ensuite en car vers Marseille avant qu’ils ne se dispersent pour regagner leur lieu de re´sidence. Au final, 32 personnes sont de´ce´de´es dans ce naufrage (dont six Franc¸ais) et 14 ont e´te´ gravement blesse´es. 2.1. La prise en charge imme´diate Le samedi 14 janvier, les neuf cars de passagers franc¸ais sont d’abord accueillis par la Cellule d’Urgence Me´dico-Psychologique (CUMP) des Alpes-Maritimes, sur l’aire d’autoroute a` La Turbie, a` l’occasion de leur halte. Des pompiers, des gendarmes et des repre´sentants de la Pre´fecture sont e´galement pre´sents. Parmi les passagers, 161 personnes seront rec¸ues individuellement ou collectivement par la CUMP 06. Ensuite, les 398 passagers achemine´s a` Marseille sont accueillis par la CUMP 13 ainsi que par les marins-pompiers de Marseille. Les rescape´s sont guide´s vers un guichet assurant la gestion du rapatriement et de la perte des papiers d’identite´. Ceux qui pre´sentent un e´tat de souffrance psychique manifeste sont oriente´s vers le Poste d’Urgence Me´dico-Psychologique (PUMP) qui accueillera au total 196 victimes (49 %) en entretiens individuels ou en petits groupes. Ensuite, d’une part, un lien est effectue´ avec les CUMP et les CMP des de´partements ou` re´sident les victimes et plus particulie`rement avec la CUMP de la Re´union (un groupe important de victimes e´tait originaire de l’ıˆle). D’autre part, une fiche d’information sur les symptoˆmes psychotraumatiques est remise a` chacun de ces passagers.

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2.2. De´finition des troubles psychotraumatiques Pour cette e´tude qui vise a` e´valuer les conse´quences psychotraumatiques d’un naufrage, nous nous re´fe´rons a` la nosographie internationale du DSM-5. Les troubles psychotraumatiques sont la conse´quence d’une exposition directe a` un e´ve´nement qui repre´sente une menace vitale et engendre un ve´cu de peur, d’impuissance et d’horreur. Les troubles qui en re´sultent se re´partissent en plusieurs groupes : des symptoˆmes de reviviscence, d’e´vitement des stimuli e´vocateurs, et ceux te´moins d’hyperactivite´ neurove´ge´tative conduisant a` un e´moussement de la re´activite´ ge´ne´rale et a` une souffrance significative, source d’alte´ration des activite´s sociales. Ils constituent le Post-Traumatic Stress Disorder (PTSD) ou E´tat de Stress Post-Traumatique (ESPT). Cette de´finition s’applique a` notre population, toutes victimes directes rescape´es du naufrage. Elle exclut les victimes indirectes, c’est-a`-dire les personnes non pre´sentes au moment du naufrage comme les proches par exemple.

3. Revue de la litte´rature 3.1. Le traumatisme psychique suite a` une catastrophe collective La comparaison avec les nombreux travaux portant sur des catastrophes collectives est proble´matique car nombre d’entre eux utilisent une de´finition plus large du traumatisme psychique et posent la question de la de´limitation des populations e´tudie´es : celles-ci incluent indistinctement les victimes directes et les personnes qui n’e´taient pas pre´sentes au moment des faits mais qui ont perdu un proche (il y a donc une proble´matique de deuil et non pas de traumatisme psychique), des personnes non directement expose´es (te´le´vision), des personnes confronte´es non pas au re´el de la mort mais a` une annonce de la mort. . . En revanche, ces e´tudes peuvent permettre d’identifier des facteurs de risque. De fait, les re´sultats des e´tudes e´pide´miologiques sont tre`s disparates. Les taux de PTSD sont tre`s variables, notamment en fonction de la nature de l’e´ve´nement, de la de´finition stricte ou plus large de « l’e´ve´nement traumatique ou potentiellement traumatoge`ne » et des outils de mesure utilise´s. Cependant, il ressort de ces e´tudes, mene´es par Mathur et Schmitt [24] ainsi que Prieto [26], que globalement les e´ve´nements les plus « traumatisants » sont les attentats terroristes, les crimes et les agressions violentes qui confrontent au « re´el de la mort ». D’autres e´tudes, dont celle de Weisaeth [29] et Lebigot [20], montrent que les traumatismes d’origine humaine sont plus pathoge`nes que ceux d’origine naturelle. D’apre`s Mathur et Schmitt [24], un ESPT sera de´veloppe´ par 24 a` 35 % des personnes expose´es a` un e´ve´nement « potentiellement traumatique », sans que les auteurs donnent une de´finition plus pre´cise du type d’e´ve´nement. La dure´e moyenne des troubles posttraumatiques varie de un a` cinq ans, persistant parfois plus de dix ans apre`s l’e´ve´nement. Soixante pour cent des sujets pre´sentant un ESPT verront leurs troubles disparaıˆtre, 40 % pre´senteront des troubles chroniques. Ces pourcentages de PTSD sont confirme´s par d’autres e´tudes qui constatent des taux variant de 20 a` 25 % [4– 6,22]. En France, l’e´tude de Dab et al. [8], portant sur les victimes des attentats terroristes parisiens des anne´es 1980, rapporte un taux de 18 % de PTSD majeur, et celle de Jehel et al. [19], sur les attentats de 1995, rele`ve 41 % de PTSD a` six mois et de 34,4 % a` 18 mois. Suite a` l’explosion d’AZF, les sujets pre´sentaient un taux de PTSD de 45,5 % a` six semaines avec une corre´lation avec les symptoˆmes de stress aigu (corre´lation maintenue a` six mois) [24]. De fac¸on plus spe´cifique, les e´tudes e´pide´miologiques [24,26] sur les accidents technologiques ou de transport sont nombreuses

mais aussi tre`s disparates en raison de la multiplicite´ des facteurs a` prendre en compte comme le niveau socio-e´conomique, le degre´ d’impact et d’exposition, les proble`mes de sante´, la perte d’un proche, les blessures et le genre fe´minin. Ce qui semble e´merger de ces travaux, c’est l’augmentation de l’anxie´te´ ge´ne´ralise´e et des symptoˆmes de´pressifs, en plus du syndrome psychotraumatique stricto sensu. Ducrocq [12,14] a proce´de´ a` un recensement des facteurs de risque releve´s par les e´tudes suite a` un e´ve´nement traumatique. La` encore, les re´fe´rentiels cliniques et les re´sultats des nombreuses e´tudes sont tre`s he´te´roge`nes, mais des invariants semblent se de´gager. Les facteurs les plus pre´dictifs sont, d’une part, l’organisation de la personnalite´ (c’est-a`-dire l’impact de la personnalite´ sur l’e´volution du traumatisme psychique), et d’autre part, le type, la qualite´ et l’intensite´ des re´actions e´motionnelles imme´diates qui semblent repre´senter des pre´dicteurs significatifs de la pe´riode pe´ri-traumatique. En outre, pre´cise-t-il, « il apparaıˆt clairement, tant dans la litte´rature qu’au travers de multiples expe´riences cliniques, qu’un niveau e´leve´ et prolonge´ de stress contemporain de l’e´ve´nement traumatique repre´sente e´galement un facteur de risque significatif de de´veloppement d’un trouble psychotraumatique se´quellaire » (p. 107). En revanche, selon Gaudreault [16] il n’existe pas de publication suffisamment solide qui pre´cise les facteurs de risque dans la pe´riode post-traumatique, sinon les e´tudes empiriques de victimisation secondaire. 3.2. Les naufrages Le premier e´crit francophone qui recense et synthe´tise les e´tudes sur les naufrages date de 1991. Raoul [27], dans sa lec¸on inaugurale a` l’E´cole d’application de la Marine, s’appuie sur la litte´rature pour de´crire le ve´cu des victimes de naufrage, essentiellement en contexte militaire. Ce ve´cu e´volue en diffe´rentes phases : dans un premier temps, la peur avec des re´actions somatiques, la distorsion dans l’analyse des perceptions, le surgissement de l’inexplicable, la perte de sens, le dessaisissement brutal de la capacite´ intentionnelle et du sentiment d’autonomie, le vide et la profonde solitude, et aussi l’inquie´tante e´trangete´. La peur ge´ne`re, dans la pe´riode aigue¨, l’inhibition, la stupeur, la prostration, la de´charge de l’e´nergie motrice et la panique. Les naufrage´s se re´ve`lent passifs, he´be´te´s, pre´sentant une anesthe´sie affective, un ralentissement ide´omoteur, puis des re´pe´titions. Lors de l’organisation du sauvetage a` bord, certains s’improvisent organisateurs de l’e´vacuation alors que d’autres paniquent (surtout les civils). Durant la pe´riode de survie, Raoul recense les troubles observe´s dans les diffe´rentes e´tudes : somnolence, apathie, torpeur, mal de mer, e´tat re´gressif, re´gression psychique, troubles confuso-oniriques, troubles sensoriels, angoisse, de´prime, sentiment d’abandon. Ces troubles sont aggrave´s par deux circonstances : lorsque les secours proches ne de´tectent pas les naufrage´s, et la vision des cadavres de leurs compagnons. Ge´ne´ralement, se met alors en place une pense´e ope´ratoire pour lutter contre le pe´ril. Dans une pe´riode plus tardive, les naufrage´s pre´sentent un e´tat psychotraumatique caracte´rise´ par des re´actions hypere´motionnelles durables, une « psychose du front de mer », une « neurasthe´nie post-traumatique » marque´e par une anxie´te´ permanente, des reviviscences diurnes, des cauchemars traumatiques, le deuil des camarades disparus. Les hospitalisations et les tableaux psychiatriques chez les militaires sont plus e´leve´s apre`s un naufrage. En 2004, Nicolas, Lassagne et Payen [25] re´alisent a` leur tour une revue de la litte´rature sur des naufrages en s’appuyant globalement sur les meˆmes articles. La premie`re publication qu’ils citent a e´te´ signe´e en 1914 par Hesnard, psychiatre de la Marine, a` propos de deux catastrophes : l’explosion du cuirasse´ Le´na en 1907 et du cuirasse´ Liberte´ en 1911. L’auteur de´crit des troubles

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imme´diats marque´s par ce que l’on nomme aujourd’hui le stress de´passe´ et la dissociation. Les troubles plus tardifs sont e´vocateurs d’une ne´vrose traumatique. Une deuxie`me e´tude a e´te´ effectue´e par Friedman et Linn qui recueillent des naufrage´s du Stockholm et du Andrea Doria qui se sont percute´s le 25 juillet 1956. Dans l’imme´diat, ils rele`vent chez les naufrage´s le besoin compulsif de raconter leur histoire, les attitudes revendicatives, le ve´cu d’abandon et de de´faillance du paquebot s’apparentant a` une blessure narcissique. Dans la suite de leur article, les auteurs recensent des publications des anne´es 1970–1980 sur des catastrophes navales, notamment la collision entre le USS Kennedy et le USS Belknap, qui mettent en e´vidence des conse´quences psychiques, sociales et professionnelles a` long terme. Trois ans apre`s le naufrage, ils constatent une pre´valence de tableaux psychiatriques, un taux plus e´leve´ d’hospitalisations et de pre´sentations devant le conseil de sante´ ou de re´forme (en comparaison d’un groupe te´moin non naufrage´ du USS Yarnell). Une e´tude mene´e sur les survivants trois ans apre`s le chavirement du ferry Herald of Enterprise montre que les facteurs de pronostic de´favorables sont le sentiment d’impuissance au moment de la catastrophe et le deuil. Ils rele`vent un sentiment de culpabilite´ chez 61 % des survivants et un taux de PTSD chez 50 % d’entre eux, observe´s par les experts suite a` la catastrophe. Ces experts insistent sur l’importance non pas de l’indemnisation mais de la reconnaissance par la compagnie de ses erreurs et de ses responsabilite´s. Une e´tude mene´e apre`s le chavirement de la plateforme pe´trolie`re Alexander L. Kielland rele`ve une fre´quence des cauchemars traumatiques comme facteur de pronostic ne´gatif et un taux de PTSD de 50 % a` neuf mois. Une e´tude sur 27 des 80 rescape´s du naufrage fluvial du Marchioness n’e´tablit pas de lien entre facteur de personnalite´ (questionnaire d’Eysenck) et troubles psychotraumatiques. Pour finir, Nicolas, Lassagne et Payen recensent les e´tudes des anne´es 1990 qui corroborent les re´sultats des pre´ce´dentes. Les symptoˆmes les plus largement releve´s dans la pe´riode imme´diate et post-imme´diates sont les suivants : le stress de´passe´, les troubles de la conscience, la side´ration, la dissociation, les troubles anxieux, les troubles de´pressifs, les reviviscences puis, a` long terme, l’installation d’un syndrome psychotraumatique (36 % a` 64 % de PTSD selon les e´tudes). L’intensite´ des symptoˆmes des pe´riodes imme´diate et post-imme´diate est conside´re´e comme pre´dictive du PTSD chronique. Les symptoˆmes sont aggrave´s par la violence de l’e´ve´nement, la fatigue physique et psychique, l’impre´paration, la pre´disposition psychopathologique. Des symptoˆmes de deuil post-traumatique sont note´s chez les survivants lorsque des marins ou des passagers sont de´ce´de´s au cours du naufrage. Des troubles diffe´re´s sont parfois observe´s. Les e´tudes descriptives et longitudinales plus re´centes, conse´cutives a` des naufrages survenus depuis les anne´es 2000, confirment les pre´ce´dentes. Les e´tudes re´alise´es sur les victimes du naufrage du Joola en 2002 [10] et de celui du Magatte Diak en 2003 [1] mettent en e´vidence des syndromes psychotraumatiques constitue´s classiques. D’apre`s les auteurs, les PTSD a` six mois sont rares en raison, d’une part, de l’absence de me´diatisation qui serait un facteur protecteur contre les re´pe´titions, et, d’autre part, de la prise en charge pre´coce et le soutien social tre`s actif. L’e´tude de Lindal et Stefansson [21] montre que le deuil post-traumatique est a` l’origine des syndromes les plus graves et les plus persistants. Enfin, une e´tude mene´e par Maeda et al. [23] aupre`s de neuf adolescents survivants d’un naufrage met en e´vidence un taux de PTSD a` deux mois beaucoup plus e´leve´ que chez les adultes, les diffe´rences entre les deux groupes d’aˆge disparaissant a` 38 mois. Selon les auteurs, dans leur e´chantillon, les PTSD ont bien diminue´ en trois ans, contrairement a` ce qui a e´te´ observe´ sur d’autres victimes de naufrage pour lesquels les troubles ont dure´ de cinq a` huit ans. Pour l’expliquer, ils e´voquent l’efficacite´ d’une

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combinaison de plusieurs traitements (me´dicaux et psychologiques notamment) et surtout d’un traitement pre´coce. 4. Me´thode 4.1. Les participants Parmi les 462 naufrage´s franc¸ais du Concordia, 211 se sont regroupe´s dans une association de victimes qui s’est constitue´e au sein de la Fe´de´ration Nationale des Victimes d’Accidents Collectifs et d’actes terroristes (FENVAC). Sur ces 211 personnes, 198 ont accepte´ de participer a` l’e´tude et de fournir les donne´es ne´cessaires a` la re´alisation de cette e´tude, ce qui repre´sente un taux d’accord de 94 %. Au final, les analyses ont porte´ sur un e´chantillon de 198 adultes au jour de l’e´ve´nement, aˆge´s de 19 a` 85 ans (aˆge moyen de l’ensemble de l’e´chantillon : 49,6 ans, ety = 14,7). L’e´chantillon est compose´ de 110 femmes (aˆge moyen de 50,9 anne´es) et de 88 hommes (aˆge moyen de 48,5 anne´es). Parmi ces rescape´s, 22 personnes ont e´te´ blesse´es physiquement et 100 ont eu une Interruption Temporaire de Travail (ITT) d’une dure´e moyenne de 10,4 jours (e´cart-type = 11,0). Selon les donne´es fournies par ces rescape´s, 50 d’entre eux ont be´ne´ficie´ de l’intervention de la Cellule d’Urgence Me´dico-Psychologique (CUMP), et 124 ont ensuite consulte´ un psychologue ou un me´decin (63 %). 4.2. Les outils Avec la collaboration de l’association et de son conseil, pour chaque rescape´, nous avons pu disposer du de´poˆt de plainte, des attestations de psychologues, des certificats me´dicaux et d’un « journal » re´dige´ librement par les victimes. Il a e´te´ de´cide´ d’administrer un auto-questionnaire de PTSD a` six mois et a` un an. Ce questionnaire devait eˆtre court, simple et valide´ en autopassation. La PTSD Checklist Scale (PCLS) re´pondait a` ces crite`res. Selon les auteurs de la version franc¸aise [30], elle mesure les trois soussyndromes du PTSD de´crits dans le DSM-IV, divise´s en 17 items : re´pe´tition (items de 1 a` 5), e´vitement (items de 6 a` 12) et hyperactivite´ neurove´ge´tative (items de 13 a` 17). L’e´chelle e´value l’intensite´ des 17 symptoˆmes du PTSD, cote´s par le sujet sur une e´chelle de 1 a` 5 (1 = pas du tout, 2 = un peu, 3 = parfois, 4 = souvent, 5 = tre`s souvent), ce qui permet de de´terminer un score. Cette e´chelle a e´te´ adresse´e par mail a` chacune des victimes avec une consigne d’utilisation. Au final, pour chacun des 198 rescape´s, nous avons recueilli les donne´es suivantes : aˆge, genre, motif de la croisie`re, dure´e avant l’e´vacuation, e´chelle de gravite´ estime´e subjectivement (de un a` dix), blessures, nombre de jours d’Interruption Temporaire de Travail (ITT), prise de psychotropes, rencontre avec la CUMP, consultation de psychologue ou de me´decin, et les scores de la PCLS a` six mois et a` un an. 5. Re´sultats 5.1. Analyse descriptive des re´sultats de l’e´chantillon 5.1.1. Post-traumatic Stress Disorder Checklist Scale (PCLS) et PTSD Les 198 rescape´s ont passe´ deux fois la PCLS en autopassation : une premie`re fois six mois apre`s le naufrage (PCLS 1) et une seconde fois un an apre`s (PCLS 2). Les seuils de la PCLS permettent de distinguer :  des sujets pre´sentant un PTSD lorsque le score est supe´rieur ou e´gal a` 44 ;  des sujets ne pre´sentant pas de PTSD lorsque le score est infe´rieur ou e´gal a` 33 ;

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 des sujets « entre deux seuils » lorsque le score est compris entre 34 et 43. Ces sujets pre´sentent une souffrance psychique marque´e par des signes psychotraumatiques mais non constitue´s en syndrome psychotraumatique. Ce sont les donne´es comple´mentaires (attestations, certificats, consultations, journal. . .) qui permettent d’e´tablir un diagnostic clinique (Tableau 1). 5.1.2. Analyse de l’e´volution des scores a` la PCLS On observe une diffe´rence significative entre la premie`re mesure et la seconde (moyenne PCLS 1 = 54 > moyenne PCLS 2 = 49,3 ; t[197] = 5,96 ; p < 0,001) indiquant en moyenne une ame´lioration de l’e´tat psychologique des rescape´s en six mois, ce qui est confirme´ par les changements de cate´gorie (au-dessus du seuil, en dessous du seuil, entre deux seuils) (Tableau 2). En re´sume´, on observe que 47 rescape´s manifestent une e´volution positive d’un seuil a` l’autre (24 %), l’e´tat de neuf rescape´s e´volue de fac¸on ne´gative (5 %) et celui de 142 rescape´s demeure stable (72 %). 5.1.3. L’effet du genre Le genre a un effet statistique sur les scores de la PCLS a` six mois. On observe que les femmes pre´sentent un score plus e´leve´ que les hommes (55,88 > 51,72 ; t[196] = 1,97 ; p = 0,049). En revanche, il n’y a plus de diffe´rence pour la mesure a` un an (49,69 > 48,82 ; t[196] = 0,38 ; p = 0,703). On peut constater que cette e´volution est la conse´quence d’une ame´lioration plus marque´e chez les femmes que chez les hommes entre six mois et un an. 5.1.4. L’effet de l’aˆge L’aˆge n’a pas d’effet statistiquement significatif sur les scores de la PCLS, que ce soit lors de la premie`re passation (raˆge.PCLS1 = –0,03 ; p = 0,66) ou lors de la seconde (raˆge.PCLS2 = 0,05 ; p = 0,47). 5.1.5. L’effet du motif de la croisie`re Pour caracte´riser le motif de la croisie`re, nous avons distingue´ « loisirs, vacances » versus « voyage conse´cutif a` un e´ve´nement marquant : de´ce`s d’un proche, maladie grave, accident ou divorce ». Cette variable n’a pas d’effet statistiquement significatif sur le score de PTSD, que ce soit a` la PCLS1 (t[196] = –0,34 ; p = 0,735) ou a` la PCLS2 (t[196] = 0,98 ; p = 0,436). 5.1.6. L’effet de la dure´e d’e´vacuation Il s’agit du temps e´value´ par les naufrage´s entre l’accident et le moment ou` ils quittent le bateau. Cette donne´e e´tait connue pour 92 rescape´s. La dure´e d’e´vacuation n’a pas d’effet statistique

Tableau 1 Scores en fonction des seuils aux deux mesures a` la PCLS. PCLS 1

« Pas de PTSD » « Entre deux » « PTSD »

PCLS 2

n

%

n

%

24 17 157

12,1 8,6 79,3

35 41 122

17,7 20,7 61,6

significatif sur la PCLS, que ce soit lors de la premie`re passation (rdure´e.PCLS1 = –0,15 ; p = 0,15) ou lors de la seconde (rdure´e.PCLS2 = –0,07 ; p = 0,49). Il n’y a pas de diffe´rence selon que les naufrage´s quittent le navire de`s que les chaloupes sont a` la mer ou plus tardivement. Malheureusement, nous ne disposons pas de donne´es suffisantes pour e´valuer l’effet du mode d’e´vacuation (rejoindre la coˆte a` la nage ou dans une chaloupe). 5.1.7. L’effet des blessures Au sein de notre e´chantillon, les rescape´s ne pre´sentaient pas de blessures physiques extreˆmement graves au moment du naufrage. Cependant, les 22 personnes blesse´es physiquement ont en moyenne un score a` la PCLS plus e´leve´ que les personnes n’ayant pas e´te´ blesse´es physiquement, et cela tant a` la premie`re e´valuation (60,80 > 53,22 ; t[196] = 2,23 ; p = 0,026) qu’a` la seconde (59,43 > 48,11 ; t[196] = 3,19 ; p = 0,002). 5.1.8. L’effet de l’interruption temporaire de travail (ITT) L’ITT est un terme juridique qui ne correspond pas a` un arreˆt de travail mais au nombre de jours ou` la personne est dans l’incapacite´ de vaquer a` ses occupations quotidiennes, de´finie juridiquement comme « la privation des joies usuelles de la vie courante ». Dans le cadre de l’enqueˆte suite au naufrage, l’ITT a e´te´ e´value´e par des me´decins sur re´quisition de la police en vue de de´terminer la juridiction compe´tente en cas de poursuites judiciaires. Elle sera prise en compte pour l’indemnisation. Dans cette e´tude, l’ITT corre`le positivement mais faiblement avec la PCLS a` six mois (r = 0,18 ; p = 0,011). Il y a donc un lien faible entre le nombre de jours d’ITT et la PCLS a` six mois. Ce lien disparaıˆt a` un an (r = 0,09). 5.1.9. L’effet de la prise de psychotropes suite au naufrage Les me´decins ont prescrit des psychotropes a` 81 naufrage´s (40,9 %) apre`s le naufrage. Cependant, on n’observe aucun effet statistique de cette consommation entre la premie`re et la deuxie`me passation de la PCLS (F[1,196] = 0,03 ; p = 0,86). On observe ne´anmoins une tendance a` une diminution des scores plus marque´e chez ceux qui n’ont pas consomme´ de psychotropes.

6. L’effet de la prise en charge par la cellule d’urgence me´dicopsychologique (CUMP) La rencontre avec un intervenant de la CUMP a un effet statistique significatif sur les scores a` la PCLS a` six mois. Les personnes ayant be´ne´ficie´ de la prise en charge de la CUMP ont en moyenne des scores a` la PCLS 1 plus e´leve´s que ceux qui n’en ont pas be´ne´ficie´ (58,12 > 52,6 ; t[196] = 2,36 ; p = 0,019). L’effet statistique devient non significatif lorsqu’on s’inte´resse aux scores a` la deuxie`me e´valuation (52,16 > 48,34 ; t[196] = 1,49 ; p = 0,139). On constate que, parmi les naufrage´s qui ont rencontre´ un intervenant de la CUMP, 78 % ont consulte´ ensuite un me´decin ou un psychothe´rapeute versus 57,43 % pour ceux qui n’ont pas be´ne´ficie´ d’une aide de la CUMP. 6.1. L’effet du « type de consultation »

Tableau 2 Nombre de sujets ayant change´ de cate´gorie d’une passation a` l’autre. PCLS 2

PCLS 1 Sous le seuil Entre 2 Supe´rieur au seuil

Sous le seuil

Entre 2

Supe´rieur au seuil

19 7 9

4 6 31

1 4 117

La le´gende de la Fig. 1 indique la re´partition du nombre et de la nature des consultations au sein de l’e´chantillon. Les consultations ponctuelles concernent aussi bien celle effectue´e aupre`s des psychologues et psychiatres qu’aupre`s des ge´ne´ralistes, avec un maximum de trois entretiens. L’analyse de variance montre que l’ame´lioration des scores a` la PCLS entre les deux passations n’est pas la meˆme en fonction du type de consultation (F[3,193] = 3,667 ; p = 0,013).

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Amélioration moyenne à la PCLS entre la première passation et la seconde

Amélioration moyenne à la PCLS entre la première passation et la seconde

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10

5

0

-5

-10

-15

-20 0

1

2

3

Type de consultation

12 10 8 6 4 2 0 -2 -4 -6 -8 0

pcls1-pcls2

Fig. 1. Ame´lioration moyenne du score entre les deux passations de la PCLS en fonction du type de consultation (n = 198). 0 : pas de suivi (37 %) ; 1 : suivi par un psychologue ou un psychiatre (45 %) ; 2 : suivi par un me´decin ge´ne´raliste (6 %) ; 3 : consultations ponctuelles (12 %).

165

1

2

Diagnostic PTSD

3 pcls1-pcls2

Fig. 2. Ame´lioration moyenne du score entre les deux passations de la PCLS en fonction du type de diagnostic e´tabli (n = 198). 0 : aucun (54 %) ; 1 : PTSD (26 %) ; 2 : PTSD associe´ a` d’autre(s) trouble(s) (12 %) ; 3 : trouble(s) autre(s) que PTSD (7 %).

75

70

65 Score à la PCLS

Plus spe´cifiquement et comme le montre la Fig. 1, l’absence de consultation, les consultations ponctuelles ou le suivi par un psychologue ou un psychiatre ont le meˆme effet en termes de diminution de score a` la PCLS, a` savoir environ cinq points. En revanche, le suivi par un me´decin ge´ne´raliste a un effet d’augmentation de score de l’ordre de cinq points. Parmi les rescape´s qui ont be´ne´ficie´ d’une prise en charge me´dico-psychologique, la nature de la psychothe´rapie n’a e´te´ connue que pour cinq d’entre eux. Trois ont be´ne´ficie´ de se´ances d’EMDR, un de the´rapie comportementale et cognitive (TCC) et un d’hypnose. On observe une augmentation de score chez deux des trois sujets qui ont eu des se´ances d’EMDR et chez le sujet qui a eu des se´ances d’hypnose et une diminution de score chez le sujet qui a be´ne´ficie´ d’une TCC.

60

55

50

45

40 sans dé pression

avec dépression

Diagnostic

PCLS 1 PCLS 2

6.2. Diagnostics e´tablis (attestation ou certificat me´dical) Quelle que soit l’existence ou non d’un diagnostic et sa nature, on ne constate pas d’impact sur l’e´volution des personnes entre les deux passations (F[3,193] = 1,47 ; p = 0,224). Les diagnostics ont e´te´ formule´s essentiellement en : PTSD, anxie´te´, de´pression, mais visiblement pas toujours de fac¸on ade´quate. Parfois, les symptoˆmes e´taient identifie´s mais sans regroupement syndromique. Ces re´sultats sont a` analyser avec pre´caution, notamment en raison des conditions dans lesquelles ces certificats ou ces attestations ont e´te´ re´alise´s. Effectivement, les naufrage´s qui ont consulte´ un me´decin ou un psychologue ont demande´ syste´matiquement une attestation ou un certificat me´dical car les victimes ont la charge de la preuve de leur pre´judice et doivent donc re´unir les pie`ces me´dicales s’y re´fe´rant. La plupart des me´decins et des psychologues consulte´s en ont re´dige´ un mais des psychologues se sont re´fugie´s derrie`re le secret professionnel pour ne pas le faire (Fig. 2). Ce re´sultat reste le meˆme lorsqu’on s’inte´resse uniquement aux personnes ayant un score a` la PCLS 1 > 44. (F[3,153] = 2,53 ; p = 0,059).

Fig. 3. Score moyen a` la PCLS en fonction de la pre´sence ou non d’un diagnostic de de´pression.

passations de la PCLS ne diffe`re pas pour les deux groupes (t[196] = 0,28 ; p = 0,775). 6.4. Analyses multivarie´es La pre´diction de l’ame´lioration de l’e´tat psychologique des rescape´s par une analyse de re´gression multiple, en incluant les facteurs de genre, le motif de la croisie`re, la pre´sence de blessures, la consommation de psychotropes apre`s l’e´ve´nement, l’intervention de la CUMP, le type de consultation, le suivi et la nature du diagnostic rec¸u, montre un r2 tre`s faible de 0,12. Ce qui signifie que l’ensemble de ces parame`tres n’explique que 12 % de l’ame´lioration observe´e entre l’e´valuation a` six mois et l’e´valuation a` un an. En conse´quence, 88 % de l’ame´lioration s’explique par d’autres facteurs que ceux pris en compte dans l’e´tude.

7. Discussion 6.3. L’effet du diagnostic de de´pression Comme l’indique la Fig. 3, on constate que les 24 personnes ayant rec¸u un diagnostic de de´pression ont un score a` la PCLS plus e´leve´ que les autres (n = 174), que ce soit a` la PCLS 1 (t[196] = 4,12 ; p < 0,001) ou a` la PCLS 2 (t[196] = 3,66 ; p < 0,001). En revanche, il n’y a pas d’interaction : l’ame´lioration constate´e entre les deux

Cette e´tude a e´te´ re´alise´e aupre`s des victimes du naufrage du Concordia. Elle vise a` e´valuer l’impact psychotraumatique du naufrage sur les rescape´s, a` e´tablir d’e´ventuelles relations entre la symptomatologie observe´e chez les naufrage´s et diffe´rentes variables propres a` l’individu, son environnement et son parcours de soins.

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Nous avons donc choisi de nous inte´resser, d’une part, aux e´le´ments susceptibles d’avoir pu influer sur l’expression clinique des troubles psychotraumatiques pre´sente´s et, d’autre part, a` l’effet des actions de soins sur l’e´volution de cette symptomatologie. 7.1. La symptomatologie psychotraumatique L’expression symptomatique du traumatisme psychique pre´sente´e par les naufrage´s est comparable a` celle d’autres victimes d’accidents collectifs et notamment de naufrages. Il n’y a pas de spe´cificite´ clinique notable. Il e´tait donc pertinent d’e´valuer les symptoˆmes psychotraumatiques au moyen de la PCLS, qui est un outil de mesure du PTSD, classique et valide´ en autopassation [3,30]. Le nombre de naufrage´s pre´sentant un PTSD est plus e´leve´ que dans la plupart des e´tudes publie´es jusque-la`, et ce aussi bien a` six mois qu’a` un an (79,3 % a` six mois et 61,6 % a` un an). Deux e´le´ments semblent de nature a` en expliquer les raisons. Le premier concerne l’e´chantillon. Celui-ci est tre`s homoge`ne, tous les rescape´s ont e´te´ expose´s directement a` un meˆme e´ve´nement potentiellement traumatique dans lequel des victimes sont de´ce´de´es, et les naufrage´s ont tous pu penser a` une issue fatale possible. Le second est lie´ a` l’exposition prolonge´e a` un stress intense dont les naufrage´s ignoraient l’issue : d’une heure et demie a` trois heures d’angoisse et de panique sur le bateau en train de couler, puis une pe´riode longue d’e´vacuation et d’errance sur l’ıˆle avant que les secours ne s’organisent. Ce sont la` des facteurs de risque de´ja` rapporte´s par Ducrocq [12]. Pourtant, la dure´e d’e´vacuation ne semble pas avoir eu d’effet notable sur l’intensite´ de la symptomatologie psychotraumatique. Certains rescape´s sont reste´s une heure et demie sur le bateau qui ˆ attendre plus de trois heures. L’attente sombrait, d’autres ont du e´tait donc longue pour tous, et c’est sans doute ce qui explique l’absence de diffe´rence significative au sein de notre e´chantillon. En revanche, il aurait e´te´ inte´ressant de mesurer l’effet du mode d’e´vacuation du bateau (a` la nage ou en chaloupe). En effet, des e´changes re´cents avec les rescape´s semblent montrer que ceux qui ont rejoint la coˆte a` la nage ont e´te´ plus impacte´s. Deux raisons possibles a` cela : d’une part, ils ont e´te´ les derniers a` quitter le navire et d’autre part, ils ont coˆtoye´ de plus pre`s les personnes qui se sont noye´es. En effet, la plupart des Franc¸ais de´ce´de´s l’ont e´te´ en tentant de rejoindre le rivage a` la nage. En ce qui concerne l’e´volution de la symptomatologie, nous observons que son intensite´ s’atte´nue entre six mois et un an. Cependant, les scores demeurent, dans la majorite´ d’entre eux (72 %), dans les meˆmes « cate´gories » (absence de PTSD – « entre deux seuils » – PTSD). Tout d’abord, l’e´volution des personnes qui ne pre´sentent pas de PTSD est la plus stable. En effet, seules 2 % des personnes qui n’ont pas de troubles psychotraumatiques e´voluent au-dela` du seuil de 33, traduisant une aggravation de leur e´tat. Ensuite, l’e´volution des sujets qui pre´sentent un PTSD constitue´ est e´galement relativement stable puisque 25 % d’entre eux passent sous le seuil de 44. La majorite´ des personnes traumatise´es a` six mois tendent a` le rester a` un an. En revanche, l’e´volution des sujets « entre deux seuils » est la plus mouvante (65 %). Effectivement, ces personnes pre´sentent des signes cliniques de souffrance psychique, dont des troubles psychotraumatiques, mais a priori pas de syndrome psychotraumatique constitue´. D’un coˆte´, les troubles s’aggravent pour 24 % d’entre elles et se constituent en syndrome psychotraumatique puisque ces personnes atteignent ou de´passent le seuil de 44 lors de la deuxie`me passation. De l’autre, les troubles de 41 % d’entre elles e´voluent favorablement jusqu’a` passer sous le seuil a` la deuxie`me passation. Elles ne pre´sentent plus ou quasiment plus de symptoˆmes traumatiques.

Comme dans les e´tudes qui ne ciblent que les symptoˆmes du PTSD apre`s un e´ve´nement traumatique, les femmes ont en moyenne un score plus e´leve´ que les hommes a` six mois. La diffe´rence disparaıˆt a` un an. Les symptoˆmes psychotraumatiques pre´sente´s par les femmes e´voluent favorablement plus rapidement que ceux des hommes. On ne retrouve pas cette diffe´rence dans les e´tudes qui e´valuent la souffrance psychique au-dela` des symptoˆmes du PTSD, comme dans celle de Diouf et al. [10] qui mesure e´galement la de´pression et les troubles de la conduite. Dans cette e´tude, le motif de la croisie`re (« loisirs ; vacances » versus « voyage conse´cutif a` un e´ve´nement marquant tel qu’un de´ce`s, une maladie grave, un accident ou un divorce ») ne semble pas avoir eu d’influence sur l’impact traumatique du naufrage. Il aurait e´te´ sans doute inte´ressant la` e´galement d’e´valuer d’autres modes de souffrance psychique telle la de´pression qui apparaıˆt fre´quemment associe´e a` ces e´ve´nements de vie douloureux. Pour 24 rescape´s, les me´decins ou les the´rapeutes consulte´s ont porte´ un diagnostic de de´pression, comme en te´moignent leurs certificats me´dicaux ou leurs attestations. Ces rescape´s ont un score moyen a` la PCLS plus e´leve´ que la moyenne des autres a` six mois comme a` un an. Cette comorbidite´ est fre´quemment releve´e dans les e´tudes sur le traumatisme psychique. La` encore, le lien aurait pu eˆtre affine´ par la passation d’un questionnaire de de´pression. Cette e´tude montre que les blessures physiques aggravent l’intensite´ et la dure´e du PTSD. C’est une donne´e de´sormais commune´ment reconnue, confirme´e par de nombreux travaux, notamment ceux de Dab (1991) [8], aupre`s des victimes d’attentats. Comme nous l’avons de´ja` de´crit [9], si la douleur physique entretient les re´pe´titions traumatiques, inversement, la souffrance traumatique peut de la meˆme fac¸on de´clencher de ve´ritables douleurs corporelles. Enfin, la dure´e d’ITT corre`le faiblement mais positivement avec le taux de PTSD a` six mois. Ceci est naturellement lie´ a` la gravite´ des blessures. Dans notre e´chantillon, les rescape´s ne pre´sentaient pas de blessures physiques graves, ou en tout cas de se´quelles durables, ce qui explique que le lien n’existe plus a` un an. 7.2. Les dispositifs de secours et les traitements La clinique du psychotraumatisme et les facteurs de risque ont e´te´ abondamment de´crits suite a` des catastrophes collectives [2,7,17,18]. En revanche, si diffe´rents dispositifs de prise en charge des victimes ont e´te´ conc¸us et mis en place depuis de nombreuses anne´es [11], leur e´valuation n’a jamais fait l’objet d’e´tudes documente´es. Nous avons donc souhaite´ e´tudier l’effet de dispositifs et de traitements a` travers les parcours de soins des victimes du naufrage. Apre`s le naufrage, deux CUMP ont e´te´ mobilise´es pour accueillir les rescape´s. Vingt-cinq pour cent des rescape´s de notre e´chantillon disent avoir rencontre´ les intervenants des CUMP. Une des surprises de cette e´tude a e´te´ de constater que les personnes accueillies par les CUMP avaient des scores en moyenne plus e´leve´s que les autres a` la premie`re passation de la PCLS (a` six mois). On peut faire l’hypothe`se que les rescape´s qui ont e´te´ plus spe´cifiquement oriente´s vers le PUMP ont e´te´ ceux dont les manifestations psychopathologiques e´taient les plus bruyantes. Cependant, il n’a pas e´te´ possible d’obtenir des informations sur l’e´tat aigu de ces rescape´s puisqu’aucun d’entre eux n’a pu faire e´tat d’un certificat me´dical qui pourrait en attester. En revanche, la fonction d’orientation de la CUMP a e´te´ effective puisque les rescape´s qui ont rencontre´ la CUMP sont ceux qui ont le plus facilement consulte´ lors de leur retour a` leur domicile. Si l’intervention initiale de la CUMP contribue a` une meilleure orientation des victimes vers les structures de soins, la question se pose de la nature des relais et de la prise en charge qui va pouvoir y

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eˆtre re´alise´e, c’est-a`-dire comment, vers qui et ou` les relais sont-ils effectue´s. Des victimes ont e´te´ suivies par leurs me´decins ge´ne´ralistes. Dans la quasi-totalite´ de ces cas, ce suivi a conduit a` une e´volution plutoˆt de´favorable de la symptomatologie traumatique. Deux e´le´ments apparaissent dans l’e´tude. D’une part, les certificats me´dicaux re´dige´s par ces me´decins te´moignent que la pathologie psychotraumatique n’a pas e´te´ diagnostique´e et donc n’a pas e´te´ traite´e comme telle. D’autre part, rien ne permet de dire que les psychotropes prescrits l’ont e´te´ conforme´ment aux bonnes pratiques en vigueur. Les me´decins ont prescrit des psychotropes a` 40,9 % des naufrage´s, sans effet statistiquement significatif sur le PTSD, ni a` six mois ni a` un an. Il est difficile d’interpre´ter cette absence d’effet probant alors meˆme que des psychotropes ont des indications reconnues dans ces pathologies. Mais comme le soulignent Ducrocq et Vaiva [15], Ducrocq et al. [13] et Vaiva [28], « nombre de questionnements restent en suspens concernant les psychotropes dans le traitement des psychotraumatismes : quand traiter et combien de temps sont les plus importants dans les recherches en cours ». Enfin, il a e´te´ difficile d’exploiter finement les observations concernant les diagnostics porte´s par les praticiens notamment parce que beaucoup d’entre eux ont refuse´ de re´diger des attestations ou des certificats me´dicaux. De fait, les informations e´taient trop partielles pour mettre en relation l’e´volution du PTSD e´value´ par la PCLS et le diagnostic porte´ par un praticien. 8. Conclusion Cette e´tude longitudinale, mene´e sur un effectif important et repre´sentatif de rescape´s d’un naufrage a permis a` la fois de confirmer des donne´es cliniques sur le traumatisme psychique et d’ouvrir des questionnements, notamment sur des pratiques qui n’ont jamais e´te´ e´value´es de fac¸on syste´matique. Pour cette e´tude, la volonte´ d’une e´valuation simple et aise´e a conduit a` faire le choix de la PCLS, e´chelle exclusivement centre´e sur les symptoˆmes du PTSD. En effet, l’e´loignement, la dispersion des rescape´s et l’impe´ratif d’e´valuation rapide rendaient la taˆche complique´e. Il est bien certain qu’un questionnaire a` spectre plus large incluant les troubles habituellement associe´s au traumatisme psychique et une e´chelle de qualite´ de vie comme le trauma auraient permis d’affiner et d’enrichir ces observations. Cette e´tude a l’inte´reˆt de confirmer des donne´es de´ja` connues mais aussi d’ouvrir a` de nouvelles questions et notamment d’interroger la fonctionnalite´ des dispositifs mis en place pour prendre en charge les victimes d’e´ve´nements potentiellement traumatiques. Cette e´tude montre aussi que si une aide imme´diate est ne´cessaire, elle ne saurait suffire. L’e´volution du traumatisme psychique se fait dans la dure´e et meˆme si l’expression symptomatique s’atte´nue progressivement, il peut rester un attachement a` l’image traumatique qui ne peut eˆtre mesure´e exclusivement par des questionnaires, comme en te´moignent les re´actions des rescape´s vingt mois apre`s le naufrage, suite a` la me´diatisation du renflouement du Concordia. Les rescape´s ont te´moigne´ spontane´ment de leur « chagrin immense », de leur « tristesse sans pre´ce´dent », de leur « e´tat de de´pression que nous pensions avoir de´passe´ ». C’est bien dans la dure´e que doit eˆtre pense´ le trauma. ˆ ts De´claration d’inte´re Les auteurs de´clarent ne pas avoir de conflits d’inte´reˆts en relation avec cet article.

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