La stimulation rythmique auditive dans le cadre de la rééducation de l’hémiplégie

La stimulation rythmique auditive dans le cadre de la rééducation de l’hémiplégie

Johan Wormser Jonathan Scanff Thomas Torti Jérémy Brémont Kevin Carpeza La stimulation rythmique auditive dans le cadre de la rééducation de l’hémipl...

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Johan Wormser Jonathan Scanff Thomas Torti Jérémy Brémont Kevin Carpeza

La stimulation rythmique auditive dans le cadre de la rééducation de l’hémiplégie

Fenêtre sur cours

Pratique

Rhythmic auditory stimulation in stroke rehabilitation

Résumé

Summary

Objectifs : Callautti et al. ont étudié les perturbations de la coordination rythmique du membre supérieur hémiplégique [1]. Leurs conclusions ont été que le membre hémiplégique est moins régulier que le membre sain qui est lui-même moins régulier que le membre supérieur d’un patient témoin sain. Les activités rythmiques sont donc moins performantes chez le patient hémiplégique, et c’est d’autant plus marqué concernant le membre parétique. La récupération de cette régularité rythmique permettrait-elle de faciliter le mouvement de l’hémicorps hémiplégique ? Matériels et méthodes : Les études sélectionnées relatent les effets de la stimulation rythmique auditive (Rhythmic auditory stimulation PV 3"4  EBOT MF DBESF EF MB SÏÏEVDBUJPO EF MIÏmiplégie. Dans ces travaux, les auteurs étudient à la fois les résultats au niveau du membre supérieur, du membre inféSJFVS QMVT QBSUJDVMJÒSFNFOU EF MB NBSDIF  FU EFT GPODUJPOT cognitives. Résultats : Nous constatons une amélioration des fonctions DPHOJUJWFT MIVNFVS  MB NÏNPJSF  MBUUFOUJPO

 BJOTJ RVF EF la fonction du membre supérieur. L’étude des différents paramètres de marche révèle un progrès au niveau de la vitesse de marche et de la longueur du pas. Discussion : Les différentes études s’accordent sur le fait que MB3"4BCJFOVOFGGFUTVSMFTEJGGÏSFOUTQBSBNÒUSFTEFNBSDIF Cependant, les effets au niveau des membres supérieurs sont contestés. Face à un nombre restreint d’articles concernant le membre supérieur, il serait intéressant d’étudier l’efficacité possible d’une telle méthode sur un panel de patients non restrictif et représentatif de la population hémiplégique. Niveau de preuve : 3 (synthèse non systématique d’études DBTDPOUSÙMFPV&$3EFGBJCMFRVBMJUÏ

Objectives: Callautti et al. studied the disturbances of the rhythmic coordination of the hemiplegic upper limb [1]. Their conclusions were that the hemiplegic limb is less regular than the healthy limb which is even less regular than the upper limb of a healthy patient witness. The rhythmic activities are thus less successful at the patient hemiplegic’s, and it is marked all the more concerning the parétique limb. Would the covered of this rhythmic regularity allow of ease the movement of the hemiplegic hemicorps? Materials and methods: The studies selected deal with the effects of the rhythmic auditory stimulation (RAS) in reeducation of hemiplegia. In these works, the authors study at the same time the results of the upper limb, of the lower limb (more particularly of the walking) and cognitive functions. Results: We notice an improvement of the cognitive functions (the humor, the memory, the attention), as well as of the function of the upper limb. The study of the various parameters of walk reveals a progress at the level of the speed and of the length of the step. Discussion: The various studies agree on the fact that RAS has an effect on the various parameters of walking. However, the effects at the level of upper limbs are disputed. Nevertheless, in front of a number restricted by articles concerning the upper limb, it would be interesting to study the possible efficiency of such a method on a panel of not restrictive and representative patients of the hemiplegic population. Level of evidence: 3

MOTS-CLÉS

KEYWORDS

BATRAC (Bilateral arm training with rhythmic auditory cueing) – Cognition – Hémiplégie – Marche – Stimulation rythmique auditive

BATRAC (Bilateral arm training with rhythmic auditory cueing) – Cognition – Hemiplegia – Walk – Rhythmic auditory stimulation

© 2010. Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés

© 2010. Elsevier Masson SAS. All rights reserved

Kinesither Rev 2011;(111):27-33

Kinésithérapie la revue

La stimulation auditive est un paramètre utilisé pour les syndromes extrapyramidaux de type parkinsonien. Il existe des modalités d’utilisation dans le cadre d’AVC.

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Kinésithérapie

la revue

Introduction

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-BTUJNVMBUJPOSZUINJRVFBVEJUJWF 3"4 DPOTJTUFFOVOF indication temporelle du mouvement par des marqueurs sonores : un son indique un instant précis de la séquence d’un geste volontaire. Un signal annonce par exemple que le patient doit poser le talon au sol. Elle est utilisée en rééducation, notamment dans le cadre de la maladie de Parkinson [2, 3]. Les effets observés sur les patients atteints d’un syndrome parkinsonien étaient une augmentation de la vitesse de marche de 25 %, de la longueur de pas de 12 % et de la cadence de 10 %, cela sans majoration du risque de chute [2, 3]. Chez le patient hémiplégique, il y a une perturbation de la commande motrice et donc déficit de motricité d’un hémicorps par atteinte du faisceau pyramidal dans les zones cérébrales. Les mouvements volontaires, lorsqu’ils sont possibles, sont grossiers et manquent de contrôle. Il existe une interaction entre l’homme et son environnement. Notamment dans les mouvements volontaires : tout ce que fait l’homme est fonction de son environnement. Ainsi, l’homme recherche des informations extérieures pour modifier son comportement et donc adapter son mouvement. Les sons font partie de cet environnement ; pourquoi ne pas utiliser les sons chez un patient hémiplégique pour adapter son mouvement ? Callautti et al. [1] ont étudié les perturbations de la coordination rythmique du membre supérieur hémiplégique chez des patients droitiers en mesurant la régularité de battement de l’index contre le pouce à une fréquence imposée EF )[-BDPNQBSBJTPOBWFDMFNFNCSFDPOUSPMBUÏSBM sain montre que le membre parétique était moins régulier que le membre sain. De plus, le membre controlatéral sain battait moins régulièrement la mesure que ceux d’un sujet sain témoin. Les auteurs remarquaient donc qu’à la suite d’un AVC, les centres nerveux intervenants dans les activités rythmiques sont moins performants, et cela en atteignait d’autant plus le membre hémiplégique. La stimulation rythmique pourrait permettre une meilleure coordination rythmique des événements moteurs. IFMK Saint-Michel, Cela pourrait favoriser la 68 rue du Commerce, 75015 Paris Auteur correspondant : réalisation du mouvement Thomas Torti et ainsi favoriser la récupé[email protected] ration motrice. Remerciements à Jean Le but de notre synthèse Luc Nephtali, masseurbibliographique est de sakinésithérapeute, pour l’aide voir si les mêmes progrès précieuse qu’il nous a apporté dans la rédaction de cette apparaissent chez le pasynthèse. tient hémiplégique. Nous développerons l’influence Les auteurs déclarent n’avoir eu aucun conflit d’intérêt au cours de des stimulations auditives la rédaction de cet article. sur la fonction du membre supérieur, sur la marche Article reçu le 22/03/2010 Accepté le 04/10/2010 et les capacités cognitives.

Nous essayerons d’évaluer l’efficacité d’une telle prise en charge et son apport aux côtés des méthodes classiques #PCBUIFU1FSGFUUJ EFSÏÏEVDBUJPOEFMIÏNJQMÏHJF

Méthode Nous étions cinq à rechercher les articles abordant la stimulation rythmique. Ces recherches ont été effectuées TVSEFTCBTFTEFEPOOÏFTUFMMFTRVF.FEMJOFPV4"(&QVC grâce aux mots clefs suivant : rhythmic facilitation, auditory cueing  #"53"$  stroke, auditory stimulation. Nous avons retenu 16 études, dont 6 essais randomisés, en excluant les articles antérieurs à 1990. Les critères d’inclusion étaient très variables d’une étude à l’autre, ainsi nous retrouvons dans les études non randomisées des patients ne présentant aucun trouble de la compréhension, aucune aphasie, aucun trouble cognitif, aucun antécédent psychiatrique [4, 5, 13-15, 18, 19]. Dans les études sur la marche, le patient intégrait l’expérimentation soit lorsqu’il était capable d’effectuer cinq pas avec l’aide d’un thérapeute, soit lorsqu’il pouvait marcher sans aide vingt minutes, ou bien s’il avait une marche indépendante [11-13, 16]. En ce qui concerne le membre supérieur, le patient devait mouvoir son membre contre la pesanteur. Sur l’ensemble des études l’âge des patients s’étalait de 14 à 80 ans. Ces études ont été retenues car relatant les effets de la stimulation rythmique auditive et musicale sur les paramètres moteurs et cognitifs chez les patients hémiplégiques. Les essais devaient être randomisés, et utiliser des échelles validées afin de quantifier leurs résultats.

Résultats Effets sur la fonction du membre supérieur Les études qui se sont intéressées à l’effet des stimulations rythmiques sur le membre supérieur hémiplégique POUVUJMJTÏMF#"53"$ Bilateral arm training with rhythmic auditory cueing BTTPDJÏËEFTBQQBSFJMTEPOOBOUMFSZUINF [4-6] (figure 1). -F #"53"$ FTU VO BQQBSFJM NÏDBOJRVF permettant la mobilisation bilatérale active-aidée avec des indices auditifs rythmiques. Les paramètres moteurs et fonctionnels des patients ont été évalués par les échelles comme le Fugl-Meyer assessment '."

 MF Wolf motor function test 8.'5

 MF University of Maryland arm questionnaire for stroke 6."24 FUFOGJOMF Motor activity log ."- <> Whitall et al.<>POUVUJMJTÏVO#"53"$BTTPDJÏËVONÏtronome permettant de faire travailler les deux membres supérieurs ensemble ou en opposition. Après six semaines de rééducation bilatérale avec stimulation rythmique, des améliorations étaient mises en évidence par les auteurs : VOFBNÏMJPSBUJPOEV'." EV8.'5FUEV6."24ÏUBJU observée (tableau I). Les améliorations persistaient deux NPJTBQSÒTBSSÐUEFMBSÏÏEVDBUJPO-B3"4QFSNFUEFSÏpéter le mouvement en gardant une fréquence constante. Cela offre un objectif supplémentaire de concentration,

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Figure 1. Schéma d’un instrument BATRAC (Bilateral arm training with rhythmic auditory cueing).

permet de comparer la régularité du mouvement et donc une autocorrection s’il n’y a pas synchronisation entre la position du membre supérieur désirée et le signal sonore. De leur côté, Luft et al. [5] ont séparé leurs patients en EFVY HSPVQFT VO HSPVQF VUJMJTBOU MF #"53"$ FU MBVUSF utilisant des méthodes habituelles de rééducation (ouverture de la main, roulement de poids avec le membre QBSÏUJRVF FUD -FTBVUFVSTOPCTFSWBJFOUBVDVOFBNÏMJPSBUJPO TJHOJGJDBUJWF FOUSF MF HSPVQF #"53"$ FU MF HSPVQF UÏNPJO $FQFOEBOU MFT  QBUJFOUT EV HSPVQF #"53"$ OBZBOU NPOUSÏ BVDVOF ÏWPMVUJPO Ë M*3. GPODUJPOOFMMF ont été exclus des calculs statistiques : dans ce groupe ainsi épuré, les auteurs relevaient alors une augmentation du '."USBEVJTBOUVOFNFJMMFVSFGPODUJPONPUSJDFEVNFNbre supérieur (tableau I). -FT *3. GPODUJPOOFMMFT POU QFSNJTEFNPOUSFSRVFMVUJMJTBUJPOEV#"53"$QFOEBOUTJY semaines permettait une réorganisation corticale avec un recrutement accru des secteurs sensori-moteurs de l’hémisphère cérébral contro-lésionnel et dans le cervelet homo-lésionnel. Ces résultats sont donc à pondérer puisque

QBUJFOUTTVSMFTGBJTBOUQBSUJFEVHSPVQF#"53"$OPOU pas réagi favorablement à cette rééducation. 3JDIBSETet al. [6], en réponse aux études de Whitall et al., avaient repris la même méthode nuançant les résultats obtenus (tableau I). En effet, les améliorations motrices observées ne concernaient pas tous les patients. Ainsi, il semblerait que les participants ayant des atteintes plus graves aient fait de meilleurs progrès moteurs, ce qui sugHÒSFRVFMF#"53"$FTUVOFNÏUIPEFQSÏGÏSBCMFQPVSMFT atteintes sévères du membre supérieur. Au contraire, les patients ayant une atteinte de gravité moyenne avaient EFTHBJOTNPJOTJNQPSUBOUTBVOJWFBVEV."-$FQFOEBOU ils intégraient mieux les progrès dans les activités de la vie RVPUJEJFOOF "72 (tableau I). En conclusion, il semblerait que l’utilisation du rythme permette d’améliorer la fonctionnalité et la motricité du membre supérieur. Ainsi, le membre supérieur est alors mieux utilisé et de façon plus fréquente. Ces effets sembleraient encore observés avec deux mois de recul. Il faut néanmoins être prudent vis-à-vis de ces résultats car l’étude la plus récente ne retrouve pas des résultats BVTTJDPODMVBOUTRVFMFTEFVYBVUSFTÏUVEFTUZQF#"53"$ [4-6].

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Effets sur la marche La récupération de la marche chez un patient hémiplégique est un objectif majeur car elle permet de retrouver une autonomie. Il est donc important de rendre au patient une fonction locomotrice performante, sécurisante, et peu coûteuse en énergie. Thaut et al. [11], lors d’une première étude, avaient randomisé des sujets en deux groupes : le groupe test, avec 3"4  FU MF HSPVQF UÏNPJO TVJWBOU VOF SÏÏEVDBUJPO UZQF Bobath. Pour le groupe-test, la stimulation rythmique consistait en des enregistrements musicaux modulables et un métronome qui indiquaient l’instant de l’attaque du talon au sol. Dans un premier temps le patient NBSDIBJUËTPOSZUINFMFT3"4TPOUFOTVJUFBKVTUÏTFO fonction du rythme du patient. Dans un second temps

Tableau I. Résultats observés sur la fonction du membre supérieur grâce à la RAS. Méthode

FMA

WMFT

UMAQS

MAL

16

BATRAC

+ 18,0 % + 26,0 % 2 mois après

+ 12,0 % + 13,0 % 2 mois après

+ 42,0 % + 43,0 % 2 mois après

NE

Groupe BATRAC : + 12,0 %

Groupe BATRAC : + 5,6 %

NE

NE

BATRAC : Bilateral arm training with rhythmic auditory cueing. NE : non évalué. FMA : Fugl-Meyer assessment. WMFT : Wolf motor function test. UMAQS : University of Maryland arm questionnaire for stroke. MAL : Motor activity log.

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Whitall et al. [4]

Nombre de sujets

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29

Luft et al. [5]

21

BATRAC

Groupe contrôle : + 4,7 % Groupe contrôle: + 19,1 % + 29,7 % Richards et al. [6]

15

BATRAC

3,70 %

– 4,80 %

NE

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Tableau II. Résultats observés grâce à la stimulation rythmique auditive au niveau de la marche.

Thaut et al. [11]

Nombre de sujets

Méthode

Augmentation de la longueur du pas

Augmentation de la vitesse de marche

Cadence du pas

Déviation du centre de gravité

Symétrie

10

RAS guidant la pose du talon

Groupe RAS (G1) : + 65 % groupe témoin (G2) : + 46 %

G1 : + 128 % G2 : + 87 %

G1 : + 53 % G2 : + 22 %

NE

G1 : +39 % G2 : + 20 % G1 : +32 % G2 : + 16 % Recrutement des gastrocnémiens bilatéraux plus comparable.

Thaut et al. [12]

155

RAS guidant la pose du talon

G1 : + 88 % G2 : + 34

G1 : + 164 % G2 : + 107 %

G1 : + 56 % G2 : + 45 %

NE

Schauer et al. [13]

23

RAS guidant la pose du talon

+ 18 % groupe test 0 % groupe témoin

+ 27 % groupe test + 4 % groupe témoin

+ 4,6 % groupe test + 4,3 % groupe témoin

– 58 % groupe test – 20 % groupe témoin

Prassas et al. [14]

Mandel et al. [15]

Hayden et al. [17]

8

RAS guidant la pose du talon

37

Bio-feed-back EMG et bio-feed-back rythmique

15

Bat la fréquence avec le pied, puis marche avec cette même fréquence, guidant la pose du talon

Meilleure symétrie de longueur du pas

Pas d’augmentation significative

NE

NE

Augmentation de 43 % de la vitesse de marche grâce à la RAS, sans augmentation de la dépense d’énergie

NE

G1 : (30 séances RAS) M = 1,124 m (± 0,279)

G1 : M = 57,81 m/s (± 20,585)

G1 : M = 95,518 p/m (± 19,646)

G2 : (20 séances RAS) M = 0,764 m (± 0,406)

G2 : M = 27,93 m/s (± 28,314)

G2 : M = 55,212 p/m (± 35,38)

G3 : (10 séances RAS) M = 0,705 m (± 0,263)

G3 : M = 35,64 m/s (± 14,933)

G3 : M = 94,632 p/m (± 21,24)

Diminution du La symétrie déplacement d’amplitudes de vertical et hanche et longueur latéral du de pas améliorées centre de masse

NE

NE

NE

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la revue

RAS : rhythmic auditory stimulation. NE : non évalué. M : moyenne des 4 évaluations. p/m : pas par minutes.

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les fréquences étaient augmentées de 5 % puis étaient arrêtées par intermittence, le patient devant continuer sa marche sur le même rythme. Après six semaines, les auteurs retrouvaient une amélioration de la vitesse de marche de 164 % contre 107 % pour le groupe contrôle, de la longueur du pas de 88 % contre 34 % ainsi que d’autres paramètres de marche. L’évolution des différents paramètres mesurés est représentée dans le tableau II. Thaut et al. [12], lors d’une autre étude multicentrique et randomisée avec la même approche, avaient observé, sur un effectif plus important de sujets (n = 

 MFGGFU EF MB 3"4 TVS VOF EVSÏF EF USBJUFNFOU QMVT DPVSUF EF USPJT semaines comparé à un groupe témoin. Des améliorations QMVT JNQPSUBOUFT EBOT MF HSPVQF 3"4 ÏUBJFOU SFUSPVWÏFT Ces résultats sont exposés dans le tableau II. Sur l’ensemble de ces études, les progrès sont plus imQPSUBOUT EBOT MF HSPVQF 3"4 RVF EBOT MF HSPVQF UÏNPJO

concernant les paramètres de marche (tableau II). Ces effets semblent plus importants avec un traitement de plus longue durée [12]. Dans leur étude, Schauer et al. [13], grâce à un protocole similaire basé sur la stimulation par le tempo musical, avaient noté des résultats confirmant les observations de Thaut et al., hormis en ce qui concerne la cadence de marche [11, 12] (tableau II). Ils s’étaient également intéressés à la déviation du centre de masse : une diminution de 58 % était observée pour le groupe test alors qu’elle n’était que de 20 % pour le groupe témoin. On peut supposer que la réduction des déplacements du centre de masse permet de réduire les dépenses d’énergie et de diminuer le risque de chute. Prassas et al. <> BQSÒT VOF SÏÏEVDBUJPO 3"4 TJNJMBJSF  retrouvaient une diminution du déplacement latéral et vertical du centre de masse. Ils notaient également une

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Effets sur les fonctions cognitives Un trouble de la compréhension orale, de la mémoire, de l’attention, ou d’un des autres paramètres cognitifs est un obstacle en rééducation. Les auteurs des études présentées utilisent la musique en complément de la rééducation. Särkämö et al. [18] ont comparé un groupe contrôle avec un groupe musique qui devait écouter de la musique au moins une heure par jour pendant 2 mois. Ils précisent que la mémoire verbale a le plus bénéficié des effets positifs de la musique. Viennent ensuite la mémoire à court terme, puis l’attention soutenue, qui est l’attention que le sujet est capable de mettre en œuvre sur une longue durée. Par

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ailleurs, le temps de réaction du groupe musique a diminué. Aucun effet sur l’humeur n’a été mis en évidence. Les mécanismes de ces progrès étant inconnus, les auteurs supposent que l’écoute de la musique recrute plusieurs régions cérébrales et circuits de communication entre les hémisphères. Forsblom et al. [19] ont étudié seulement l’effet de la musique, grâce à un protocole similaire, évaluant les résultats par un auto-questionnaire. Ils parviennent en grande partie à des résultats comparables, sauf concernant l’humeur qui est améliorée chez 95 % des patients. Par ailleurs, ils constatent une meilleure relaxation et concentration ainsi qu’une stimulation des pensées. Les auteurs soulignent l’importance de cet outil dans le cadre de troubles cognitifs BQIBTJF JOTPDJBCJMJUÏ  La musique appliquée au cours de la période de rééducation induit des changements des capacités cognitives IVNFVS  NÏNPJSF  BUUFOUJPO  FUD  -F QBUJFOU FTU BMPST dans des conditions optimales de rééducation permettant une meilleure qualité de séance.

Discussion Bien que différentes méthodes aient été utilisées par les auteurs des articles étudiés, il ressort de notre travail que les résultats obtenus vont dans le même sens : celui d’un apport bénéfique de la stimulation auditive dans les domaines que sont la rééducation du membre supérieur, la marche, la rééducation cognitive et le bien-être du patient hémiplégique. On retrouve par exemple une meilleure TBUJTGBDUJPOEBOTMFHSPVQF3"4 CÏOÏGJDJBOUEFTUJNVMBUJPO SZUINJRVF RVFEBOTMFHSPVQFUÏNPJO SÏÏEVDBUJPOUZQF #PCBUI <> Ces résultats sont cependant à modérer. En effet les études sélectionnées ne répondent pas toutes aux mêmes critères de qualité. Seulement six d’entre-elles sont des essais randomisés. La base de données PEDro référence six des articles que nous avons retenu, leur notation allant de 3/10 à 7/10. .JT Ë QBSU DFMB  OPVT OPUPOT DFSUBJOFT MJNJUFT Ë MB 3"4 Premièrement, la sélection des sujets a souvent été effectuée de manière à inclure des patients n’ayant entre autres aucun trouble de la parole ou de la compréhension. De même, les patients ayant des troubles métaboliques (diaCÒUF  )5"  POU ÏUÏ ÏDBSUÏT %FVYJÒNFNFOU  MFT QBUJFOUT pouvant bénéficier de ces techniques devaient être à un niveau avancé de leur rééducation. Ainsi, pour les expérimentations concernant le membre supérieur, ils devaient être capables de mobiliser le membre supérieur contre la pesanteur. Pour les études concernant le membre inférieur, ils devaient pouvoir marcher de façon autonome. Pour ces deux raisons, il est judicieux de s’interroger sur la possibilité de transposer ces résultats auprès de tous les hémiplégiques. Par exemple, Luft et al. [5] ont réalisé leur étude sur un échantillon de 9 sujets. Ces derniers sont sélectionnés de

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amélioration de la symétrie de la longueur du pas et de mobilisation active de la hanche durant la marche. Cependant aucun effet n’était observé sur la vitesse de marche. Les résultats sont décrits dans le tableau II. "VDPVSTEFMFVSÏUVEF .BOEFMet al. [15] avaient réparti des patients hémiplégiques en trois groupes : le premier groupe (n =   OBWBJU CÏOÏGJDJÏ EBVDVOF SÏÏEVDBUJPO  le second (n =  VUJMJTBJUFYDMVTJWFNFOUVOFSÏUSPBDUJPO &.(  MF USPJTJÒNF O =   VUJMJTBJU EVSBOU MB QSFNJÒSF NPJUJÏ EF MB UIÏSBQJF VOF SÏUSPBDUJPO &.(  QVJT FOTVJUF un bio-feed-back rythmique. La stimulation rythmique permettait d’indiquer le tempo de marche. Le résultat principal obtenu était une amélioration de la vitesse sans augmentation de la dépense d’énergie (tableau II). De leur côté, Ford et al. [16] avaient évalué les effets des 3"4 TVS MB DPPSEJOBUJPO EFT NFNCSFT FU MB EJTTPDJBUJPO des ceintures. Les sujets marchaient sur un tapis roulant, leurs pas étant rythmés par un métronome. Les auteurs indiquaient que pour une fréquence de stimulation par le NÏUSPOPNFEF )[ TPJUVOFTUJNVMBUJPOUPVUFTMFT  secondes, il y avait une meilleure dissociation des ceintures et une longueur de pas augmentée durant la séance. En conclusion, il semblerait que la stimulation auditive ait des effets favorables sur les paramètres de marche : vitesse de marche, longueur de pas, cadence, symétrie, déplacement du centre de masse. Certaines réserves sont cependant émises. "JOTJ  )BZEFO et al. [17] concluaient que la stimulation auditive aurait des effets limités sur la longueur du pas, sur la vitesse de marche et la posture (tableau II). On remarquera néanmoins que les séances sont longues et donc fatigantes. Il faut noter de plus que 4 patients sur 15 avaient abandonné le protocole. De plus, Schauer et al. [13] précisaient que leur méthode de répartition des patients dans chaque groupe pouvait biaiser leurs résultats : la majorité des patients constituant MFHSPVQF3"4BWBJUEFTBUUFJOUFTEFMIÏNJTQIÒSFHBVDIF À l’inverse ceux du groupe contrôle avaient des atteintes droites. Selon eux, le traitement de la musique se ferait préférentiellement par un hémisphère, ce qui entraînerait un déséquilibre dans les groupes.

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façon rigoureuse excluant les patients ayant d’autres maladies neurologiques ou porteurs de douleurs et de troubles émotifs. Ils devaient être capables de déplacer leur membre parétique contre la gravité et être en mesure de comprendre pleinement les consignes. Ils devaient ainsi avoir un niveau de récupération suffisant. À la fin de leur étude, trois patients sur neuf n’avaient pas réagi à la stimulation SZUINJRVFFUOFNPOUSBJFOUBVDVOFBNÏMJPSBUJPOËM*3. Cette rééducation ne serait pas applicable pour tous les hémiplégiques ; en effet un niveau de récupération minimum serait requis pour être inclus dans le protocole. Nous avons relevé un manque d’informations concernant DFSUBJOT BTQFDUT 4FMPO )BZEFO et al. [17], le traitement de l’information auditive se ferait par un hémisphère préférentiel. Ces auteurs s’interrogeaient sur l’efficacité de la stimulation auditive auprès de patients ayant eu des lésions de l’hémisphère dominant, et chez qui une possible détérioration de la perception auditive dans son ensemble pourrait nuire aux progrès attendus. Pour finir, des précisions sur les fréquences à utiliser devraient être apportées au vu de l’hétérogénéité des fréquences utilisées. Un début de réponse est apporté par Ford et al. qui notaient une meilleure dissociation des ceintures et une plus grande longueur de pas pour une GSÏRVFODFEF )[0OQFVUEPODJNBHJOFSVOQSPUPDPMF de traitement débutant par une stimulation à la fréquence naturelle de marche du patient, puis celle-ci sera modulée pour se rapprocher d’une fréquence moyenne d’un sujet sain de même catégorie d’âge et de morphologie.

Kinésithérapie

la revue

Conclusion

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Notre travail avait pour but de mettre en évidence l’effiDBDJUÏEVOFSÏÏEVDBUJPOEFUZQF3"4DIF[MIÏNJQMÏHJRVF par une recherche dans la littérature d’articles relatant ses effets. Ces articles nous ont montré que ce type de rééducation permettait d’améliorer certains paramètres de marche comme notamment la vitesse de marche, et la longueur du pas [11-17]. Néanmoins, il faudrait que des études plus nombreuses et/ou une méta-analyse puissent confirmer ces résultats. Car malgré des résultats positifs retrouvés dans les études, celles-ci ne sont pas toutes randomisées et seulement six d’entre elles apparaissent sur l’échelle PEDro. Il en est de même au niveau du membre supérieur, les études ne sont pas unanimes et sont peu nombreuses. De plus, certains articles remettent en question l’efficacité de l’application d’une telle méthode au membre supérieur [6]. Il serait intéressant, par la suite, de connaître l’évolution des progrès à distance du traitement. Ainsi de savoir si les bénéfices observés à court terme sont durables dans le temps, mais également de pouvoir s’appuyer sur un nombre plus important d’études contrôlées randomisées. Il faut noter que notre travail reste un tour d’horizon de l’avancée des recherches effectuées dans le domaine de la

stimulation auditive. Au vu de ces résultats, la stimulation auditive semble une technique intéressante pouvant intervenir en complément d’autres méthodes de rééducation. Cependant la stimulation rythmique ne peut actuellement être placée au même niveau que des techniques de rééducation plus connues et plus pratiquées comme la contrainte induite, la méthode Bobath et les tâches orienUÏFT &O FGGFU  MB 3"4 FTU VOF UFDIOJRVF SÏDFOUF  FODPSF peu utilisée, qui ne s’applique qu’à partir d’un niveau de récupération suffisant et ne permettant pas une rééducation globale de toutes les fonctions : comme la préhension, l’équilibre des différentes positions. Il faut toutefois souligner certains avantages non négligeables d’une telle méthode : facilité d’utilisation, peu enDPNCSBOUF DPßUGBJCMF%FQMVT MB3"4QPVSSBJUÐUSFNJTF en place à domicile en dehors des séances de rééducation, afin de rendre le patient acteur de sa rééducation. Ainsi, elle pourrait permettre de rentrer dans un cadre d’autorééducation et de cette façon perpétuer les progrès obtenus lors des séances de kinésithérapie. O

Points à retenir r Pour le membre supérieur, les études ne sont pas unanimes et sont peu nombreuses. r Concernant le membre inférieur, les articles nous ont montré que ce type de rééducation permettait d’améliorer la vitesse de marche et la longueur du pas. r La musique appliquée en parallèle de la rééducation induit des changements des capacités cognitives. Le patient est alors dans des conditions optimales de rééducation permettant une meilleure qualité de séance. r Avantages de la méthode : facilité d’utilisation, peu encombrante, coût faible. La RAS pourrait être mise en place en dehors des séances de rééducation. Elle permet d’entrer dans le cadre de l’auto-rééducation.

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Pratique Fenêtre sur cours

La stimulation rythmique auditive dans le cadre de la rééducation de l’hémiplégie

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