Les matières premières, la technologie lithique et les stratégies d’occupation dans le site du Pléistocène moyen de Covacha de los Zarpazos (gisement de Galería, Sierra de Atapuerca, Espagne)

Les matières premières, la technologie lithique et les stratégies d’occupation dans le site du Pléistocène moyen de Covacha de los Zarpazos (gisement de Galería, Sierra de Atapuerca, Espagne)

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ScienceDirect L’anthropologie 117 (2013) 515–540 www.em-consulte.com

Article original

Les matières premières, la technologie lithique et les stratégies d’occupation dans le site du Pléistocène moyen de Covacha de los Zarpazos (gisement de Galería, Sierra de Atapuerca, Espagne) Raw material, lithic technology and occupation strategies at the Middle Pleistocene site of Covacha de los Zarpazos (Galería site, Sierra de Atapuerca, Spain) Paula García-Medrano a,*,c, Andreu Ollé a,b, Carlos Díez c, Eudald Carbonell a,b,d a

Institut Català de Paleoecologia Humana i Evolució Social (IPHES), C/Marcellí Domingo s/n (Edifici W3), Campus Sescelades, 43007 Tarragona, Espagne b Àrea de Prehistòria, Universitat Rovira i Virgili (URV), avenue Catalunya, 35, 43002 Tarragona, Espagne c Laboratorio de Prehistoria, I + D + I, Universidad de Burgos, Pl. Misael Bañuelos s/n, 09001 Burgos, Espagne d Institute of Vertebrate Paleontology and Paleoanthropology, Beijing (IVPP), Chine Disponible sur Internet le 20 novembre 2013

Résumé La variabilité est l’un des sujets les plus débattus dans les études lithiques. En ce qui concerne la période du Pléistocène moyen, ce débat s’est centré spécifiquement autour de la signification des grands outils standardisés comme les bifaces et les hachereaux. Cet article présente l’assemblage lithique de Covacha de los Zarpazos qui fait partie du gisement de Galería à la Sierra de Atapuerca (Burgos, Espagne). Nous analysons ici la gestion des matières premières, les séquences de taille identifiées, et la variation morphologique des grands outils standardisés. Les résultats montrent que, bien qu’elles ne présentent aucune contrainte réelle, les matières premières jouent un rôle important dans la variabilité morphologique définitive. Nous démontrons également que la variabilité globale d’un ensemble lithique est déterminée par une stratégie d’occupation régulière et des activités spécifiques développées dans le site. # 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Mots clés : Atapuerca ; Pléistocène moyen ; Acheuléen ; Matières premières lithiques ; Chaîne opératoire ; Stratégies d’occupation humaine * Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (P. García-Medrano). 0003-5521/$ – see front matter # 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. http://dx.doi.org/10.1016/j.anthro.2013.10.003

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Abstract Variability is one of the most debated topics in lithic technology studies. For the Middle Pleistocene period, this debate has specifically focused on the significance of large cutting tools such as handaxes and cleavers. This paper presents the stone tool assemblage from Covacha de los Zarpazos site, included in the Galería complex at Sierra de Atapuerca (Burgos, Spain). We analyse the management of lithic raw materials, the reduction sequences identified, and the morphological variation in the shape of large cutting tools. The results show that raw materials play an important role in the final variability of tool shape, although they do not represent any real constraint. However, what determines the main variability of a whole lithic assemblage is the occupation strategy and the specific activities carried out in a given site. # 2013 Elsevier Masson SAS. All rights reserved. Keywords: Atapuerca; Middle Pleistocene; Acheulean; Lithic raw materials; Chaîne opératoire; Human occupation strategies

1. Introduction Le débat sur la variabilité de l’Acheuléen en Europe a notamment porté sur l’Acheuléen versus le Clactonien, question qui se traduit essentiellement par la présence ou l’absence des bifaces (Otte, 1996 ; Roe, 1981 ; White, 2000). Aujourd’hui, les différences technologiques sont considérées comme reflétant la variabilité au sein de la même tradition technique, appliquée aux différents contextes et aux diverses nécessités. De nombreux auteurs pensent que les caractéristiques technologiques et typologiques du Mode 2 sont dues à la disponibilité et à l’acquisition matières premières (Petraglia et al., 1999 ; Sampson, 2006 ; Villa, 2001). Il a été aussi suggéré que ces matières premières influencent la technologie de production (Clark, 1980 ; Jones, 1979), que la forme originale du support détermine la morphologie finale des outils (raw material model, Ashton et White, 2003 ; White, 1995) et que les étapes successives de réduction expliquent les variations morphologiques des outils lithiques au cours de la séquence de taille (reduction sequence model) (Dibble, 1995 ; McPherron, 2006). Toutefois, d’autres auteurs soutiennent que ces différences peuvent s’expliquer simplement par des traditions culturelles (Boëda, 1995 ; Sharon, 2008). Covacha de los Zarpazos (Sierra de Atapuerca, Burgos, Espagne) fait partie du gisement de Galería où nous avons trouvé la plus importante séquence acheuléenne d’Atapuerca. En étudiant les assemblages lithiques de Covacha de los Zarpazos (TZ ci-dessous) nous voudrions contribuer au débat actuel sur la variabilité technologique du Pléistocène moyen. En premier lieu, nous avons pour objectif d’estimer la polyvalence des connaissances technologiques des tailleurs en décrivant les caractéristiques de la matière première, les méthodes de taille et les résultats. Ensuite, nous cherchons à distinguer quels aspects dépendent du support originel, en identifiant certains des aspects morphologiques du support sélectionné pour façonner la pièce archéologique. Enfin, nous voulons définir le contexte d’occupation et donc évaluer son influence sur l’enregistrement fossile. 2. Le site La Sierra d’Atapuerca est localisée au nord de la Meseta Ibérica, à 15 km à l’est de Burgos (Fig. 1). C’est une petite élévation calcaire du Cénozoïque qui renferme plusieurs cavités creusées par les changements du cours de la rivière Arlanzón (Pérez-González et al., 2001). Les

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Fig. 1. Localisation géographique de la Sierra d’Atapuerca dans la péninsule Ibérique et vue des sites et du système karstique (Groupe Spéléologique Edelweiss). Geographical location of the Sierra de Atapuerca in the Iberian Peninsula and plan view of the sites and karst system (Grupo Espeleológico Edelweiss)

fouilles dans les nombreux sites de cette colline ont livré des archives archéologiques très riches couvrant le dernier million d’années, y compris plusieurs restes qui ont fourni des informations clés concernant notre connaissance anthropologique des populations du Pléistocène inférieur et moyen (Arsuaga et al., 1997 ; Bermúdez de Castro et al., 1999 ; Carbonell et al., 1995, 2008). Le gisement de Galería est situé sur le côté ouest de la Sierra. La cavité est d’environ 14 m de haut et 18 m de large, et se développe vers l’intérieur sur plus de 12 m. Le nom de Galería est utilisé pour désigner l’ensemble du système karstique composé de trois zones distinctes : une galerie subhorizontale dans la zone centrale (TG), rejoint à l’extrémité nord une petite salle (TZ) de laquelle part un conduit vertical qui monte à la surface à l’extrémité sud (TN) (Fig. 2). Six phases principales successives de remplissage ont été distinguées à Galería (Pérez-González et al., 1999, 2001 ; Vallverdú, 2002) (Fig. 3) : GI : Unité stérile formée par les sédiments détritiques caverneux sous-jacents, où l’inversion Matuyama-Brunhes a été localisée (Pérez-González et al., 1999). L’un des spéléothèmes au sommet de cette unité a été daté à > 350 Ka (U/Th) et à 317  60 Ka (ESR) (Grün et Aguirre, 1987). GII : Dépôt divisé en deux unités par une couche organique continue. La première, GIIa, correspond au moment où la grotte a été ouverte vers l’extérieur. Cette phase comprend les niveaux archéologiques plus anciens : TG7 à TG9, TN2 à TN4 et TZ-GIId (Tableau 1). Bien que cette unité a été corrélée avec le stade isotopique 9 (Rosas et al., 1998) et le stade isotopique 11 (Aguirre, 2001), les dernières dates TL donnent des chronologies plus anciennes : 503  95 Ka pour un échantillon juste au-dessous des niveaux TG7-TN2 et 422  55 Ka pour TG9 (Berger et al., 2008). Des dates récentes ESR-US, donnent finalement pour GIIa un âge de 350–363 Ka (Falguères et al., 2013). La deuxième unité, GIIb, comprend les niveaux archéologiques TG10D,

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Fig. 2. Vue frontale du complexe de Galería (de gauche à droite : TZ-TG-TN) à la fin des années 1980. Front view of Galería complex (from left to right: TZ-TG-TN) in late 1980s.

C et B, TN5, TN6, TN6DA et TZ-GIIb/c, et dispose d’une datation ESR-US de 237–269 Ka (Falguères et al., 2013). GIII : Ce dépôt a été également séparé en deux unités. La première, qui correspond à la partie inférieure, comprend les niveaux archéologiques TG10A, TG11 (GSU12 à 7), TN7 et TZ-GIIa. La deuxième unité comprend les niveaux archéologiques TG11 (GSU 6 à 1), TN8 et TZ GIII (Tableau 1). La base de GIII a été datée par TL à 466  39 Ka et la partie supérieure a été datée par TL et IRSL à 255  26 Ka (Berger et al., 2008). Des datations plus récentes par ESR-US situent toute la unité GIII entre 220 et 280 Ka (Falguères et al., 2013). GIV à GVI : Ces unités représentent le dernier épisode de remplissage et la couche humique relictuelle qui a scellé la grotte. Une stalagmite du sommet de GIV a été datée à 177  23, 211  32 Ka et 222  31 (ESR), et à 87  14 Ka, 118 +71/ 49 Ka, 135  13 Ka, et 166  25 (U/Th) (Falguères et al., 2001, 2013 ; Grün et Aguirre, 1987 ; Pérez-González et al., 1999). Une croûte stalagmitique au sommet de la séquence TZ a également été datée à (U/Th). Une nouvelle date de la base de GIV a donné une datation IRSL de 185  26 Ka (Berger et al., 2008). On notera en particulier dans l’archive archéologique et paléoanthropologique de Galería deux restes humains, tous les deux mis au jour en TZ. Le premier (de l’unité GII) est un fragment d’une mandibule droite adulte conservant la M2 et la M3 (Bermúdez de Castro et Rosas, 1992). Le deuxième reste, à la base de GIII, est un fragment neurocraniale de la zone lambdatique d’un individu adulte (Arsuaga et al., 1999). Les deux restes, attribués à Homo heidelbergensis, sont très semblables aux individus de la même espèce retrouvés dans le site contigu de Sima de los Huesos (Arsuaga et al., 1997), à moins de 2 km de Galería. Les restes de grands mammifères les plus abondants sont Dama dama clactoniana, Cervus elaphus, Megaloceros cf. dawkinsi, Caprini indet, Bison sp, Equus caballus et Stephanorhinus cf. hemitoechus (Van der Made, 2001). Les restes de carnivores ont été attribués à Ursus cf. spelaeus,

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Fig. 3. Profil stratigraphique du remplissage de Galería (secteur central) et synthèse chronostratigraphique (modifié de Falguères et al., 2013 : 182). Légende : 1 : calcaire et dolomite du Crétacé supérieur ; 2 : spéleothèmes ; 3 : Terra rossa ; 4 : graviers et blocs calcaires ; 5 : alternance de graviers fins et moyens et limon argileux ; 6 : lutites, limon argileux ; 7 : graviers et limon argileux ; 8 : guano de chauve-souris et limon argileux ; 9 : limon argileux laminés ; 10 : argiles sableuses laminées ; 11 : principaux disconformités stratigraphiques ; 12 : principales unités stratigraphiques ; 13 : unités arquéopaleontologiques. Stratigraphic profile of the cave deposits at Galería (central area) and chronostratigraphic synthesis (modified from Falguères et al., 2013: 182). Caption: 1: Upper Cretaceous limestone and dolomite; 2: speleothems; 3: Terra rossa; 4: limestone blocks, cobbles and gravels; 5: alternance of fine and medium pebbles and clay loam; 6: lutites, clay loam; 7: gravels and clay loam; 8: bat guano and clay loam; 9: laminated loamy clay; 10: laminated sandy clay; 11: main stratigraphical unconformities; 12: main stratigraphic units; 13: archaeo-palaeontological units.

Panthera leo, Lynx pardinus spelaeus, Felis sylvestris, Cuon alpinus europaeus, Canis lupus, Vulpes vulpes, Meles meles, Mustela sp. et Martes sp. (García et Arsuaga, 1998). Beaucoup de restes fauniques dans la zone sud (TN) appartiennent à des squelettes assez complets. La présence abondante des marques de dents de canidés a été attribuée au charognage par les carnivores. Dans le secteur nord (TZ), les restes sont très fragmentés, avec beaucoup de marques de rongeurs. Le transport sélectif des ongulés est probable dans cette zone, avec des os

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Tableau 1 Corrélation stratigraphique entre les niveaux des trois secteurs fouillés dans le gisement de Galería (TZ, TG et TN). Stratigraphical correlation between the three excavated sectors of the Galería site (TZ, TG and TN). Unité

Subunité

Covacha De Los Zarpazos (TZ)

Galería (TG)

GIII

GIIIb

GIII

TG11

GIIa

TG10A

GIIb

GIIb/c

TG10CC

GIIa

GIId

GIIIa

GII

Tres simas boca norte (TN) GSU GSU GSU GSU GSU GSU GSU GSU GSU GSU GSU GSU

01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12

TN8

TN7 TG10B TG10C TG10D TG9 TG8 TG7

TN6/6DA TN5 TN2A/2B/3/4

secs portant les preuves d’une exposition prolongée. Néanmoins, beaucoup de restes osseux présentent des cut-marks et des stigmates de percussion qui sont le résultat des activités de boucherie, et qui montrent aussi comment les humains avaient un accès primaire aux carcasses (Cáceres, 2002 ; Cáceres et al., 2010 ; Díez et Moreno, 1994 ; Huguet et al., 2001). 3. Matériels et méthodes L’objectif principal de cette étude est l’assemblage lithique de Covacha de los Zarpazos (TZ). Pour fournir un contexte, nous avons analysé aussi le matériel lithique des deux autres sites du gisement de Galería (TG et TN). Après une caractérisation préliminaire de la matière première, nous nous sommes concentrés sur les aspects technologiques et sur les différentes phases de la séquence de réduction. Ensuite, après avoir décrit l’assemblage technologique complet, nous avons analysé les pièces façonnées (bifaces et hachereaux) pour déterminer les caractéristiques de leur variabilité. Le Système Logique Analytique utilisé dans cette étude (S.L.A., dans Carbonell et al., 1983, 1992) définit les catégories structurelles que permettent situer chaque produit dans l’ensemble du processus technologique. Ainsi, les différentes étapes de ce processus sont représentées par des catégories structurelles définies (Tableau 2). Cette méthode se concentre sur les caractéristiques générales de la séquence de réduction plutôt que sur les questions typologiques. Quatre formats ont été considérés pour classifier les outils lithiques, en fonction des capacités humaines de préhension (Napier, 1962) : micro (moins de 20 mm de longueur), petit (entre 21 et 60 mm), moyen (entre 61 et 100 mm) et grand (plus de 100 mm) (Carbonell et al., 1999a ; Ollé, 2003).

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Tableau 2 Catégories structurales du Système Logique Analytique (S.L.A.). Structural categories from the Logical Analytic System (L.A.S.). S.L.A./L.A.S.

Subdivision S.L.A./L.A.S. Subdivision

Termes communs/Common terms

Base naturelle (Bn) Natural Base (nB)

Bna : manuports (sans des traces de percussion) nBa: manuports (without percussion marks) Bnb : percuteurs (avec des traces de percussion) nBb: Hammerstones (with percussion marks) Bnc : galets avec des traces de percussion et fractures nBc: pebbles with percussion marks and fractures Bnd : fragments de galet nBd: fragments of pebbles

Galets ou blocs sélectionnés pour la taille où la percussion Cobbles, pebbles or blocks selected in order to flake them or use them as hammerstones

Base Négative de Première Génération (BN1G) First Generation Negative Base (1GNB)

BN1GE : d’Exploitation : nucléus 1GNBE: of Exploitation: cores BN1GC : de configuration : galets taillés 1GNBC: of Configuration: tools on pebble

Galets où blocs une fois taillés. Ils peuvent être outils où nucléus Cobbles, pebbles or blocks once flaked. They can be either tools or cores

Base Négative de Seconde Génération (BN2G) Second Generation Negative Base (2GNB)

BN2GE : d’Exploitation : nucléus sur éclat 2GNBE: of Exploitation: cores on flake BN2GC : de Configuration : outils sur éclat 2GNBC: of Configuration: tools on flake

Éclats taillés. Éclats exploités où retouchés Flaked flakes. That is flakes that have been exploited or retouched

Base Positive (BP) Positive Base (PB)

BP : éclats simples PB: simple flakes BPF : BP fracturés (portant le talon et le bulb) FPB: fractured PB (with bulb and platform) FBP : fragments de BP(sans talon ni bulb) Frag of PB: fragments of flake (without bulb and platform)

Éclats simples entiers Complete simple flakes Éclats fracturés Fractured flakes Fragments d’éclat Fragments of flake

Fragments (FRAG) Fragments (FRAG)



Fragments angulaires Angular fragments

Indéterminable (INDET) Indeterminable (INDET)



Pièces non identifiables, à cause des problèmes de conservation Unidentificable lithic items, due to poor preservation

Nous avons également appliqué sur le grand outillage plusieurs mesures spécifiques et indices définis par Bordes (1961) et Roe (1981) (Fig. 4). L’analyse de Pearson a été utilisée pour établir les relations entre ces variables. 4. Matières premières Sept types principaux de matières premières ont été identifiés dans l’enregistrement archéologique de Galería, chacun d’entre eux disponibles à proximité immédiate de la Sierra de Atapuerca, dans un rayon de 2 à 5 km autour du site (García-Antón et al., 2000 ; García-Antón et Mosquera, 2007).

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Fig. 4. Mesures appliquées à l’étude de la variabilité des bifaces. García-Medrano (2011), basé sur les propositions de Bordes (1961) et Roe (1981). Measurements applied to the study of biface variability. García-Medrano (2011), based on Bordes’ (1961) and Roe’s (1981) proposals.

Le silex du Néogène est la matière première la plus abondante dans l’archive archéologique d’Atapuerca. Cette roche s’est formée pendant l’Astaracien (Miocène moyen). Il est extrêmement abondant dans la zone d’Atapuerca et il est disponible sous forme de gros blocs autour de la grotte. Il s’agit d’une roche à structure cryptocristalline, qui se taille facilement et dont la couleur varie du blanc au gris. Le silex du Crétacé, du Turonien moyen et supérieur, apparaît en deux zones à moins de 2 km du site, dans le karst et dans les zones plus élevés de la Sierra. Ce matériel, aussi cryptocristallin, est plus homogène et donc plus facile à tailler, mais d’utilisation plus limité à cause des dimensions réduites de ses nodules (normalement inférieur à 15 cm). Dans certains cas, nous n’avons pas pu définir la variété des silex (Néogène ou Crétacé). Ceci est le résultat de deux réalités : parfois le silex est légèrement altéré, tandis que dans d’autres cas l’échantillon ne présente pas des caractéristiques suffisamment claires pour les définir. Les autres matières premières principalement utilisées, tels que le quartzite, le quartz, le grès et le schiste sont d’origine Paléozoïque et apparaissent sous forme de galets de petites et moyennes dimensions. Les principales sources potentielles de ces matières premières sont les terrasses quaternaires de la rivière Arlanzon, mais des qualités spécifiques de quartzite et de

Grès

Calcaire

Quartzite

(n)

%

(n)

%

(n)

10,3 1,7

15 6

3,6 10,3

90 9

Quartz %

Schiste

Silex indét

Silex crét.

Silex néog.

Total

(n)

%

(n)

%

(n)

7 2

1,7 3,4

246 39 1 286

58,7 67,2 100,0 59,8

419 58 1 478

75 143 8 226

35,4 48,3

212 296 11 519

68 371 13 452

46,6 58,6

(n)

%

(n)

%

(n)

21,5 15,5

8

1,9

4

1,0

6 1

%

TZ

GIII GII (v) Total

43 1 44

9,2

21

4,4

99

20,7

8

1,7

4

0,8

7

1,5

9

1,9

TG

GIII GII (v) Total

30 28 1 59

14,2 9,5

6 18

2,8 6,1

25,5 19,9

2 8

0,9 2,7

2 1

0,9 0,3

33 31

15,6 10,5

24

4,6

22,0

10

1,9

3

0,6

64

12,3

10 8 1 19

4,7 2,7

11,4

54 59 1 114

GIII GII (v) Total

20 46

13,7 7,3

0,7 2,1

20,5 15,8

2 9

1,4 1,4

1 1

0,7 0,2

19 51

13,0 8,1

8,3

16,8

11

1,4

2

0,3

70

8,8

5 42 2 49

3,4 6,6

66

1 13 1 15

TN

1,9

30 100 4 134

1,4 1,7

3,7

6,1

43,5

56,6

146 633 20 799

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Tableau 3 Site de Galería : types de matières premières par zones et par unités. (v) indique les objets provenant d’une unité indéterminée. Galería site: raw material types by areas and units. (v) indicates items lacking a clear unit.

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BN

BN1G

BNE

BNC

(n)

%

(n)

%

(n)

%

(n)

BP %

(n)

BPF %

%

(n)

7 1

1,7 1,7

33 4

FRAG %

Indet

Total

(n)

%

(n)

%

(n)

7,9 6,9

22 1

5,3 1,7

136 15 1 152

32,5 25,9 100,0 31,8

419 58 1 478

27,8 35,5 9,1 31,8

212 296 11 519

23,3 30,3 5,0 28,4

146 633 20 799

TZ

GIII GII (v) Total

84 6

20,0 10,3

2

0,5

11 2

2,6 3,4

61 18

14,6 31,0

63 11

90

18,8

2

0,4

13

2,7

79

16,5

74

15,5

8

1,7

37

7,7

23

4,8

TG

GIII GII (v) Total

44 35 1 80

20,8 11,8 9,1 15,4

1

0,5

9 9

4,2 3,0

3 1 1 5

1,4 0,3 9,1 1,0

0,5 0,7

3,5

14,2 18,6 9,1 16,6

1 2

18

30 55 1 86

1,9 4,4

0,2

28,8 25,7 63,6 27,7

4 13

1

61 76 7 144

17

3,3

3

0,6

59 105 1 165

GIII GII (v) Total

20 51 2 73

13,7 8,1 10,0 9,1

4 6 1 11

2,7 0,9 5,0 1,4

28 94 9 131

19,2 14,8 45,0 16,4

51 167 5 223

34,9 26,4 25,0 27,9

23 1 24

3,6 5,0 3,0

8 91

5,5 14,4

99

12,4

1 9 1 11

0,7 1,4 5,0 1,4

34 192 1 227

TN

15,0 19,0

FPB

(n)

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Tableau 4 Site de Galería : catégories structurales. BNE nucléus, y compris BN1GE et BN2GE ; BNC pièces façonnées, y compris BN1GC et BN2GC. (v) indique les objets provenant d’une unité indéterminée. Galería site: structural categories. NBE are cores, including 1GNBE and 2GNBE; NBC are shaped tools, including 1GNBC and 2GNBC. (v) indicates items lacking a clear unit.

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quartz peuvent aussi être retrouvées dans les formations telles que le faciès d’Utrillas, affleurant à quelques kilomètres des sites. Ce matériel se taille facilement ou assez facilement, en fonction de l’homogénéité et des dimensions des grains de chaque variété. Enfin, le calcaire provient du substratum du Crétacé de la Sierra. Il apparaît sous toutes les morphologies (essentiellement en blocs mais aussi en galets), avec des grains fin à grossiers et des propriétés de taille limités. 5. Étude technologique L’assemblage lithique de TZ, étudié ici, a été récolté pendant les campagnes de fouilles de 1981 à 1996 et de 2002 à 2006 et comprend 478 pièces. Cet échantillon comprend l’ensemble de l’assemblage lithique, et inclus les petits éclats et les débris. En ce qui concerne la représentation du matériel lithique, TZ suit la tendance documenté dans les sites de Galería et dans la plupart des dépôts d’Atapuerca (Carbonell et al., 1999b ; Mosquera, 1998 ; Ollé et al., 2013) (Tableau 3). Les roches les plus abondantes sont le silex Néogène (59,8 %), le quartzite (20,7 %) et le grès (9,2 %). Les matériaux les moins représentés sont le calcaire, le silex Crétacé, le quartz, le silex indéterminé et le schiste. Cette proportion des matières premières retrouvées reste à peu près constante tout au long de la séquence.

Tableau 5 TZ : bases naturelles (Bn) définies par matières premières et sous-types. TZ: natural bases (nB) defined by raw materials and subtypes. Grès

Quartzite

BNBNa BNb BNc BNd Total

(n)

%

3 3 31 25 8 70

4,3 4,3 44,3 35,7 11,4 76,1

(n)

3 4 6 13

Calcaire %

23,1 30,8 46,2 14,1

Quartz

(n)

%

3

42,9

3 1 7

42,9 14,3 7,6

(n)

Total %

2

100,0

2

2,2

(n)

%

6 3 34 34 15 92

6,5 3,3 37,0 37,0 16,3

Tableau 6 TZ : méthodes d’exploitation par catégories structurales et par matières premières. Nucléus sur galet (BN1GE) et nucléus sur éclats (BN2GE). TZ: exploitation methods by structural categories and raw materials. Cores on pebble (1GNBE) and cores on flake (2NGBE). Longitudinal

Silex néog. Quartzite Grès Calcaire Schiste Silex indét. Total

BN2GE BN1GE BN1GE BN1GE BNE BN2GE

(n)

%

5

83,33

1

16,67

6

40,00

Centripète

Orthogonal

Bip. opposé

Total

(n)

%

(n)

%

(n)

%

(n)

%

3

50,00

2

100,00

1

100,00

1

16,67

1 1 6

16,67 16,67 40,00

40,00 33,33 6,67 6,67 6,67 6,67

2

13,33

1

6,67

6 5 1 1 1 1 15

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Fig. 5. Quelques nucléus de TZ : en grès (a, ATA93 TZ GIII K6 no 22 ; b, ATA93 TZ GIII O5 no 30) ; en silex Néogène (c, ATA92 TZ GIII M4 no 11 ; d, ATA TZ GIII S/C) ; en calcaire (e, ATA93 TZ GIII K6 no 24) ; et en quartzite (f, ATA95 TZ GIII L3 no 64 ; g, ATA96 TZ GIII L3 no 246). De a à c, nucléus centripètes sur éclats ; d, nucléus bipolaire opposé sur éclat et de e à g, nucléus longitudinale sur galet.

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Á noter en particulier dans la composition de l’assemblage lithique une importante présence des supports non modifiés (galets non modifiés, 18,8 %), des outils façonnés (aménagés et taillés, 16,5 %) et des éclats bruts de taille (15,5 %). Inversement, il y a une petite représentation des nucléus (2,7 %) (Tableau 4) (García-Medrano, 2011). Ailleurs dans l’enregistrement lithique de Galería, les supports non modifiés sont moins fréquents, spécialement en TN. TG contient une importante représentation des outils façonnés (27,7 %), tandis que TN contient une large représentation d’éclats, suggérant que cette zone de la grotte ait été utilisée comme atelier de taille. 5.1. Supports non modifiés Les supports non modifiés sont l’une des catégories les plus abondantes. Les éléments les plus fréquents sont ceux qui montrent des traces d’impact (Bnb), associés ou non à des fractures (Bnc). Certains d’entre eux pourraient en effet être liés au processus de débitage (percuteurs), tandis que les autres auraient pu être utilisés pour toute autre activité indéfinie de percussion telle que la fracturation des ossements pour avoir accès à la cavité médullaire. Tous les supports non modifiés sont des galets des terrasses fluviales. Le quartzite est le matériel le plus abondant (76,1 %, Tableau 5). Dans le cas du grès, il est intéressant de noter que presque la moitié des galets sont des fragments de supports non modifiés (Bnd). Ce fait pourrait être expliqué simplement par le fait que ce matériel est plus enclin à la rupture après des impacts violents. 5.2. La chaîne de débitage : les nucléus Un total de 15 nucléus est présent dans l’assemblage lithique de TZ (4,6 %) (Tableau 6). Seuls ceux en silex Néogène ont été réalisés sur des grands éclats (BN2GE), les autres ont été produits sur galets (BN1GE). Cette situation est habituelle dans l’ensemble lithique d’Atapuerca, et dérive du fait que ce type de silex apparaît sous forme de gros blocs à partir desquels des grands éclats ou des fragments ont été enlevés et utilisés comme support. Plusieurs types de débitage ont été enregistrés dans l’assemblage de TZ, y compris le débitage longitudinal, le débitage centripète, le débitage bipolaire opposé et la méthode orthogonale (Fig. 5) (Rodríguez, 2004 ; Carbonell et al., 1999b). Nous résumons ici les plus courantes. La méthode longitudinale est habituellement développée utilisant des galets (quartzite et grès) en raison de leur morphologie ovale. La stratégie de réduction consiste dans la création de plusieurs enlèvements longitudinaux sur toute la longueur du plan de débitage, qui est disposé perpendiculairement à l’axe le plus court. Les produits finaux conservent habituellement une quantité importante de surface corticale. La méthode centripète est développée en utilisant des éclats de diverses matières premières (silex Néogène, grès et schiste). Tous ces nucléus sont bifaciaux, avec les deux faces exploitées en alternance. Les deux faces ont tendance à être assez similaires, même si elles ne sont pas totalement symétriques. Les méthodes longitudinale et centripète sont les systèmes d’exploitation les plus fréquents, c’est-à-dire les méthodes dont les supports peuvent produire Some cores from TZ: on sandstone (a, ATA93 TZ GIII K6 No. 22; b, ATA93 TZ GIII O5 No. 30); on Neogene chert (c, ATA92 TZ GIII M4 No. 11; d, ATA TZ GIII S/C); on limestone (e, ATA93 TZ GIII K6 No. 24); and on quartzite (f, ATA95 TZ GIII L3 No. 64; g, ATA96 TZ GIII L3 No. 246). From a to c, centripetal cores on flake; d, bipolar opposed core on flake, and from e to g, longitudinal cores on cobble.

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Tableau 7 TZ : produits de débitage montrés par catégories structurales et par matières premières. Éclats entiers (BP), éclats retouchés (BN2GC), éclats fragmentés (BPF), esquilles d’éclats (FBP). TZ: knapping products shown by structural categories and raw materials. Whole flakes (PB), retouched flakes (2GNBC), fragmented flakes (FPB), flake fragments (Frag of PB). Silex néog.

BP BN2GC BPF FBP Total

Quartzite

Grès

Calcaire

Silex cret.

Quartz

Schiste

Silex indet.

(n)

%

(n)

%

(n)

%

3

4,3

2 1

2,9 2,7

1 1

1,4 2,7

3

1,6

3

1,6

2

1,1

(n)

%

(n)

%

(n)

%

(n)

%

(n)

%

58 37 28 5 128

78,4 52,9 75,7 62,5 67,7

4 12 1

5,4 17,1 2,7

6,8 5,7

9,0

4,1 11,4 13,5 25,0 9,5

5 4

17

3 8 5 2 18

9

4,8

4 3 1 1 9

5,4 4,3 2,7 12,5 4,8

Total (n) 74 70 37 8 189

un grand nombre d’éclats. En outre, ils fournissent un exemple clair dans cet assemblage, d’une relation étroite entre systèmes d’exploitation et matières premières : les nucléus longitudinaux ont tendance à être en quartzite (71,42 %), tandis que les nucléus centripètes ont tendance à être en silex Néogène (60 %). Ce fait pourrait être simplement expliqué par la taille et la morphologie des supports d’origine : la morphologie ovalaire du quartzite et la taille plus grande des nucléus en silex Néogène pourrait déterminer quel système a été appliqué. Ces différences selon les matières premières se reflètent aussi dans l’intensité du processus d’exploitation : les nucleus en silex Néogène sont fortement exploités, tandis que ceux en quartzite conservent encore beaucoup de leur volume originaire. Les deux autres méthodes considérées, bipolaire opposé et multipolaire orthogonale, sont toujours unifaciales et ont été individualisées en fonction de la répartition des enlèvements sur le plan de frappe. En tout cas, ces deux méthodes sont peu présentes et, quand elles le sont, elles sont toujours appliquées au silex Néogène. Les produits résultants du processus de taille (éclats, éclats retouchés, éclats fracturés et fragments d’éclats) représentent 39,4 % de l’ensemble de l’assemblage. Une sélection préférentielle du silex Néogène (79,38 % des éclats et 52,86 % parmi les éclats retouchés) est présente partout. Néanmoins, parmi les pièces retouchées d’autres matières premières telles que le quartzite (16,41 %) et le grès (11,94 %) sont aussi représentées (Tableau 7). Les caractéristiques techniques des éclats simples et des éclats retouchés sont très semblables. Dans les deux cas, les bulbes sont autant diffus que prononcés. La face ventrale présente des surfaces sinueuses et convexes. Le plan de frappe est de préférence non cortical, montre une seule facette et présente une morphologie trapézoïdale. L’éclat le plus courant présente des contours pentagonaux et rectangulaires. Enfin, les deux sections sagittales et transversales des éclats sont principalement trapézoïdales. Ces caractéristiques des éclats semblent indiquer des phases d’exploitation anticipées et effectuées à partir de la préparation initiale du support (i.e. enlèvement du cortex). 5.3. Procès de façonnage (aménagés et retouchés) Les pièces façonnées représentent 16,4 % de l’assemblage et sont principalement en silex Néogène, quartzite et grès (Tableau 8). Dans 94,9 % des cas, ce façonnage a été fait sur éclats.

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Tableau 8 Outils configurés décomposés en catégories structurales et matières premières. Shaped tools broken down into structural categories and raw materials. Silex néog.

BN1GC BN2GC Total

Quartzite

Grès

Calcaire

Quartz

Silex cret.

Schiste

Silex indét.

Total

(n)

%

(n)

%

(n)

%

(n)

%

(n)

%

(n)

%

(n)

%

(n)

%

(n)

39 39

52,0 49,4

3 14 17

75,0 18,7 21,5

9 9

12,0 11,4

1 4 5

25,0 5,3 6,3

3 3

4,0 3,8

3 3

4,0 3,8

2 2

2,7 2,5

1 1

1,3 1,3

4 75 79

La Fig. 6 montre une mise en forme préférentielle sur le plus grand des produits disponibles. Les éclats simples sont prédominants seulement dans la catégorie des micros formats, alors que dans le reste des formats il y a toujours plus d’éclats retouchés que d’éclats simples. Néanmoins, 61,8 % des pièces retouchées se situent entre 20 à 60 mm de longueur maximale. La dominance des petits formats pourrait être due à la réduction de la taille originelle des éclats au cours du processus de retouche. Cependant, une comparaison entre les éclats à retouche marginale et le reste des éclats retouchés révèle que les petites tailles sont les plus fréquentes dans les deux cas (Fig. 7). En outre, on retrouve plusieurs outils tels que les racloirs ou les denticulés qui sont plus grands que les outils à mise en forme marginale, suggérant qu’il n’y a pas eu une réduction de taille significative due au processus de ravivage. Les types les plus fréquents dans les petits outils sont les racloirs (23,7 %), les denticulés (21,1 %) et les éclats à retouches marginales (21,1 %). Les macros outils représentent seulement 2,9 % de l’assemblage et incluent 6 bifaces (trois en quartzite, deux silex Néogène et un autre en grès) (Fig. 8) et un chopper en quartzite. Ce chopper conserve la plupart de sa surface corticale d’origine, avec des retouches en siège distale qui forment un tranchant dièdre convexe. Cinq de ces bifaces sont sur éclat, et l’un de ceux en quartzite est sur galet. La surface corticale est totalement absente seulement dans le cas d’un biface en quartzite (C3, Fig. 9 et 10). Les autres conservent une partie résiduelle du cortex à l’extrémité proximale ou au milieu de la face dorsale.

Fig. 6. TZ : taille des éclats simples et des outils sur éclat. TZ: formats of simple flakes and tools on flake

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Fig. 7. Comparaison entre longueur et largeur des éclats à retouches marginales et le reste des outils façonnés. Comparison between the length and the width of the marginal retouched flakes and the rest of the shaped tools.

Les enlèvements suivent une tendance centripète, avec des inclinaisons semi abruptes sur une face et plates sur l’autre. Par conséquent, aucun d’entre eux n’est complètement symétrique. Le percuteur tendre n’a pu être utilisé que pour le biface en silex Néogène (SN1, Fig. 9 et 10). Certains auteurs (Dibble, 1995 ; McPherron, 2006) ont suggéré qu’il existe un modèle clair de réduction de la taille et de changement de la morphologie de ces bifaces en raison du processus de ravivage. Selon ces auteurs, le plus grand outil serait moins arrondi et de morphologie plus irrégulière parce qu’il représente la première étape dans le processus de façonnage. En même temps, les plus arrondies et ceux de morphologie régulière seraient les plus petits, représentant l’étape finale de ce processus. Mais dans l’assemblage lithique de Covacha de los Zarpazos, nous n’avons pas détecté cette tendance. La morphologie des plus grands bifaces a tendance à être ovalaire, à bords droits avec une nette tendance à la symétrie. Les plus petits bifaces ont une morphologie plus irrégulière, avec une tendance aux contours triangulaires et rhomboïdaux et des formes moins arrondies (Figs. 9 et 10). L’analyse de Pearson a été utilisée pour tester la corrélation entre les dimensions et les indices décrits dans le Tableau 9. Il convient de noter l’étroite corrélation entre la largeur maximale (m), la largeur moyenne (n), les dimensions de la pointe et la longueur totale (L). En outre, l’épaisseur (e) est l’une des variables que l’on peut moins mettre en corrélation avec le reste des dimensions. Il existe une corrélation remarquable entre l’indice d’allongement (L/m) et l’emplacement de la largeur maximale (a).

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Fig. 8. Bifaces de TZ : en quartzite (a, ATA95 TZ GIII K5 no 20 ; b, ATA93 TZ GIII Q5 no 11) et en silex Néogène (c, ATA94 TZ GIII no 2 ; d, ATA96 TZ GIIc L2 no 48). Handaxes from TZ: on quartzite (a, ATA95 TZ GIII K5 No. 20; b, ATA93 TZ GIII Q5 No. 11) and on Neogene chert (c, ATA94 TZ GIII No. 2; d, ATA96 TZ GIIc L2 No. 48).

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Fig. 9. Caractéristiques métriques des bifaces selon Bordes (1961) et Roe (1981) : longueur de la pointe, largeur, longueur et épaisseur totale. A1 biface en grès, C1-C3 bifaces en quartzite ; SN1-SN2 bifaces en silex Néogène. Metrical traits of handaxes according to Bordes (1961) and Roe (1981): tip length, width, thick and total length. A1 sandstone handaxe, C1-C3 quartzite handaxes; SN1-SN2 Neogene chert handaxes.

Fig. 10. Indices métriques selon Bordes (1961) : allongement, finition et morphologie de la pointe d’après Bordes. A1 biface en grès, C1-C3 bifaces en quartzite ; SN1-SN2 bifaces en silex Néogène. Metrical indexes according to Bordes (1961): elongation, refinement and Bordes’ edge shape. A1 sandstone handaxe, C1C3 quartzite handaxes; SN1-SN2 Neogene chert handaxes.

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Tableau 9 Analyse des corrélations de Pearson entre dimensions et indices comme défini par Bordes (1961) et Roe (1981). Pearson’s correlation analysis between measurements and indices as defined by Bordes (1961) and Roe (1981). r

r n et m n et Tip Width m et Tip Length L et a L et n Tip Length et Tip Width L et Tip Width n et Tip Length L et m n et e Elongation et a e et Tip Width e et Tip Lenght L et Tip Length m et a m et e Elongation et L

0,9341 0,9062 0,8968 0,8379 0,8342 0,8304 0,8217 0,786 0,7778 0,7761 0,752 0,6857 0,6498 0,5639 0,2303 0,5544 0,5451

n et a m et Tip Width B’ E.Sh. et Tip Length a et Tip Width L et e Refinement et a Refinement et L Refinement et n Elongat. et Tip Width a et e a et Tip Length Refin. et Tip Width Refin. et Tip Length Elongation et n Elongat. et Tip Length Elongation et e B’ E.Sh. et Length

0,4905 0,3806 0,3346 0,2225 0,2056 0,1778 0,1443 0,1375 0,0889 0,0283 0,0218 0,0074 0,0046 0,1111 0,4657 0,4705 0,6361

McPherron (2006) suggère que si les différentes matières premières peuvent présager la morphologie et le degré d’exploitation, dans un type de matières premières ne devrait alors subsister aucune relation entre les mesures du degré d’exploitation (longueur de la pointe ou longueur globale) et de la forme (allongement, aplatissement et la forme des bords de Bordes) ; et c’est exactement ce que les résultats de l’analyse de Pearson nous disent. Ainsi, la forme et la taille en grande partie expliquent les variabilités morphologiques de ces bifaces, ces deux variables étant entièrement liées non seulement à la taille du support originelle mais aussi à sa morphologie. 6. Discussion 6.1. L’activité technologique en TZ L’utilisation des différentes matières premières permet aux groupes humains de développer leurs compétences technologiques et appliquer des méthodes de débitage différentes. Les nucléus en quartzite ont donc été exploités en utilisant la méthode longitudinale tandis que la méthode centripète a été utilisée pour les nucléus en silex Néogène. En plus, la morphologie des bifaces ne semblent pas suivre un schéma de réduction de taille ou des changements de leur forme qui peuvent correspondre à un processus de reconfiguration. Les différences semblent être liées à la fois à la taille et à la morphologie du support originelle. Plusieurs autres sites du Pléistocène moyen en Europe ont donné des cas dans lesquels un biface de forme ovalaire (ou réaménagé) est le reflet d’une idée primaire et non la conséquence d’un processus de ravivage. GTP17 de Boxgrove (Sussex, Grand Bretagne) est un bon exemple. Un biface ovalaire, complètement remonté, a été taillé pour être utilisé pour la boucherie d’un cheval (Roberts, 1999). Un modèle de reconfiguration n’est donc pas nécessaire pour produire une morphologie ovalaire.

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La séquence de réduction présente un remarquable degré de fragmentation. Il n’y a pas de remontages entre les nucléus et les éclats. Nous n’avons pu identifier qu’un remontage entre un biface en quartzite et un éclat. La plupart des macros outils avait déjà été façonné dans un autre locus de Galeria ou, plus probablement, à l’extérieur de la grotte avant leur entrée en TZ. La taille semble avoir été limitée à la retouche sporadique, visant à compléter la morphologie des bifaces en l’adaptant à certaines exigences spécifiques. Tous ces aspects suggèrent une taille essentiellement allochtone. La rareté des activités technologiques en TZ peut être liée au caractère mineur des modifications faites pour adapter la morphologie des outils aux besoins spécifiques. 6.2. Le contexte : Galería Le contexte archéologique spécifique doit être pris en compte pour produire une interprétation exacte de chaque assemblage lithique. Après plusieurs études, nous savons maintenant que Galería a été occupé pendant des périodes sporadiques mais répétées. L’objectif était d’accéder aux carcasses et de profiter des segments anatomiques ayant le plus de chair (Cáceres et al., 2010 ; Díez et Moreno, 1994 ; Huguet et al., 2001 ; Ollé et al., 2005). Les animaux tombaient dans le piège naturel formé par le conduit vertical (TN) et la stratégie consistait dans l’enlèvement sélectif des proies de la grotte.

Fig. 11. Représentation synthétique des séquences de réduction dans les trois zones du site de Galería (le graphique a représente la séquence en TZ ; b, en TG ; c, en TN ; et d c’est la comparaison entre eux). Bn : supports naturels sélectionnés pour l’utilisation ; BNE : nucléus, y compris BN1GE et BN2GE ; BNC : outils, y compris BN1GC et BN2GC ; BP : éclats, y compris BPF, FPB et FRAG. Synthetic representation of the reduction sequences in the three areas of the Galería site (Graphic a represents the sequence in TZ; b, in TG; c, in TN; and d is the comparison between them). nB: natural elements selected for use; NBE: cores, including 1GNBE and 2GNBE; NBC: tools, including 1GNBC and 2GNBC; PB: flakes, including FPB, Frag of PB and FRAG.

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Fig. 12. Analyse des correspondances entre les unités TZ-TG-TN, GIII-GII et les matières premières. Correspondence analysis between units TZ-TG-TN, GIII-GII and raw materials

Bien que les mêmes systèmes techniques aient été maintenus tout au long de la séquence, des changements peuvent être appréciés (García-Medrano, 2011) (Fig. 11). Dans les niveaux les plus bas (GII), les éclats sont fortement représentés, avec le silex Néogène utilisé comme matière première principale. Dans les niveaux supérieurs (GIII), cependant, le quartzite est la matière première la plus abondante et les supports originaux sont la catégorie structurale primaire. Une analyse des correspondances montre clairement l’association entre quartzite et l’Unité GIII et entre le silex Néogène et l’Unité GII (Fig. 12). Certains chercheurs ont établi un lien entre ces changements et l’accès différent aux carcasses d’animaux dans les Unité GIII et GII (Cáceres, 2002 ; Díez et Moreno, 1994 ; Huguet et al., 2001 ; Ollé et al., 2005). Dans l’Unité GII, les hominidés avaient un accès primaire important aux carcasses, tandis qu’en GIII cet accès était moins fréquent. Une partie significative de la variation diachronique de l’assemblage de Galería est ainsi directement liée aux activités à l’intérieur de la grotte. De même, la forte fragmentation dans la séquence de réduction est la première conséquence de ce type d’occupation. Les études tracéologiques disponibles pour Galería–TG et TN- ont été menées principalement par MEB (Márquez et al., 2001 ; Ollé, 2003 ; Ollé et al., 2005) et ont fourni de précieuses données fonctionnelles. Bien que les artefacts de toutes les catégories aient été utilisés, les petits formats ont été prédominants. Le plus haut taux d’utilisation a été identifié sur les éclats retouchés, quelle que soit la matière première. Le type d’action est étroitement lié à la boucherie. La plupart des microtraces d’utilisation résultent de la coupe de tissus animaux et apparaissent sur les bords abrupts proximaux et mésiaux (Fig. 13a). Des preuves de raclage de la peau sont aussi présentes sur plusieurs bords abrupts (Fig. 13b). Le travail sur le bois a été documenté dans tous les niveaux archéologiques, mais toujours avec une fréquence moins importante.

536 P. García-Medrano et al. / L’anthropologie 117 (2013) 515–540 Fig. 13. Exemples d’artefacts utilisés en silex Néogène : A : éclats retouchés utilisés pour couper les tissus mous animaux (ATA92 TN5 F26 no 2) ; B : éclat utilisé pour le raclage de la peau (ATA92 TN6 H23 no 1). Les points indiquent la localisation des polies. Les microphotographies ont été prises avec le MEB. Examples of used Neogene chert artefacts A) Retouched flake used to cut soft animal tissues (ATA92 TN5 F26 No. 2); B) Flake used to scrape hide (ATA92 TN6 H23 No. 1). The dots indicate the location of polishes. The micrographs were done under the SEM.

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7. Conclusions Les populations du Pléistocène moyen d’Atapuerca ont adapté leurs connaissances technologiques aux différentes matières premières disponibles. Les matériaux de percussion sont toujours des galets globulaires, avec une morphologie et un poids adapté à la taille et à la fracture des ossements. Les séquences de réduction sont effectuées suivant plusieurs méthodes et avec des différences d’intensités selon la taille et la forme des divers supports. Aussi, la variabilité morphologique des bifaces semble pour la plupart dépendre de la taille et de la forme du support originel, comme le montre la corrélation exacte entre les différentes dimensions, dont certaines sont liées à la taille, tels que la longueur et la largeur, tandis que d’autres sont liées à la morphologie, tels que l’emplacement de la largeur maximale par rapport à la longueur totale et à la longueur de la pointe. D’ailleurs, l’intensité de réduction ne varie pas la morphologie de ces bifaces. Aucun processus de ravivage, ce qui impliquerait une tendance à la réduction de la taille de l’outil, n’a été détecté. Dans le cas de Covacha de los Zarpazos, des occupations sporadiques ont généré un assemblage lithique caractérisé par la rareté des restes et par une importante discontinuité dans le processus de taille. Il n’y a pas de remontages entre nucléus et éclats et la majorité des outils de grande taille étaient probablement déjà façonné dans un autre locus du complexe de Galeria ou à l’extérieur de la cavité avant leur entrée à Covacha de los Zarpazos. Ainsi, le modèle d’occupation nous aide à expliquer non seulement l’organisation technologique (pour ce qui concerne la représentation des chaînes opératoires) mais aussi quelques caractéristiques techniques de l’assemblage lithique. Bien que ces conclusions soient évidemment limitées à une partie de l’assemblage de Galería, nous pensons que ces données pourraient contribuer au débat actuel à propos de la variabilité technologique dans les sites européens du Pléistocène moyen. Remerciements Cette recherche fait partie du projet du MINECO Comportamiento ecosocial de los homínidos de la Sierra de Atapuerca durante el Cuaternario III (CGL2012-38434-C03-03), et des projets de l’AGAUR Desenvolupament social i tecnològic al Plistocè inferior i mitjà (2009SGR-000188) et La tecnologia dels primers pobladors de l’Europa Occidental (2009PBR-00033). La fouille est sponsorisée par la Junta de Castilla et León. Nous sommes profondément reconnaissants à la Fondation Atapuerca et à tous les membres de l’équipe d’Atapuerca impliqués dans la fouille et l’étude du matériel archéologique et paléontologique du site de Covacha de los Zarpazos. P. G. a bénéficié d’une bourse d’étude pré-doctorale de la Fundación Siglo para las Artes en Castilla et León. Références Aguirre, E., 2001. Dépôts fossilifères du karst d’Atapuerca, premiers 20 ans. L’Anthropologie 105, 13–26. Arsuaga, J.L., Carretero, J.M., Lorenzo, C., Gracia, A., Martínez, I., Bermúdez de Castro, J.M., Carbonell, E., 1997. Size variation in Middle Pleistocene humans. Science 277, 1086–1088. Arsuaga, J.L., Gracia, A., Lorenzo, C., Martínez, I., Julia, P., 1999. Resto craneal humano de Galería/Cueva de los Zarpazos (Sierra de Atapuerca). In: Carbonell, E., Rosas, A., Díez, J.C. (Eds.), Atapuerca: Ocupaciones humanas y paleoecología del yacimiento de Galería. Conserjería de Educación y Cultura, Junta de Castilla y León, pp. 233–236. Ashton, N., White, M.J., 2003. Bifaces and raw materials: flexible flaking in the british Early Paleolithic. In: Soressi, M., Dibble, H.L. (Eds.), Multiple Approaches to the Study of Bifacial Technologies. University of Pennsylvania, Philadelphia, pp. 109–123.

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