- Email: [email protected]
L’important, c’est de bouger !
204
Quoi de neuf ? Brèves
Nutrition
Alimentation ou suppléments vitaminiques ? Faut-il utiliser des suppléments diététiques ? La question reste controversée car entre l’hypothèse initiale (par exemple disposer de plus d’antioxydants est théoriquement bon pour la santé) et la réalité des essais cliniques (augmentation de l’incidence du cancer du poumon chez les fumeurs supplémentés en β-carotène dans l’essai ATBC [Alpha-Tocopherol, Beta-Carotene Cancer Prevention]), il y a un fossé loin d’être comblé. En résumé, il n’y a actuellement aucune raison scientifique de prendre des suppléments de type antioxydants, au risque d’avoir des effets contraires à ceux attendus. CA. Stidley et al. ont étudié la méthylation de certains gènes (une signature moléculaire connue pour augmenter le risque de cancer du poumon chez le fumeur) et la corrélation entre ce paramètre et l’alimentation. Pourquoi avoir encore choisi la catégorie des fumeurs ? Car de nombreuses études ont montré que les fumeurs ont une alimentation très déséquilibrée, pauvre en fibres et riche en acides gras en particulier saturés. La question pourrait être posée également pour la population atteinte de diabète de type 2. Mais les fumeurs sont exposés à de puissants carcinogènes dont on commence à mieux connaître les effets sur les gènes de susceptibilité aux cancers liés au tabac. Les auteurs ont étudié l’expectoration de 1 100 fumeurs, participant par ailleurs à une cohorte de fumeurs créée et suivie depuis 2001. Sur les cellules desquamées du tractus respiratoire et recueillies lors d’expectoration, les auteurs ont étudié le statut de méthylation de huit gènes connus pour être lié à un risque accru de cancer du poumon. La méthylation de ces huit gènes est un mécanisme important de promotion de cancer du poumon directement lié au tabac. Les auteurs ont corrélé ce statut de méthylation aux enquêtes diététiques et montrent qu’un apport élevé de légumes
verts et en folates réduit la fréquence de méthylation des gènes étudiés (ce résultat restant significatif après ajustement sur de nombreuses variables, dont l’ancienneté du tabagisme et la consommation de tabac cumulée). Un résultat identique est retrouvé chez les fumeurs prenant régulièrement des suppléments de multivitamines. Ainsi, dans cette étude, l’alimentation et la supplémentation multivitaminique (en rappelant que cette population a à la base une alimentation pauvre en fruits, légumes et fibres) protège vis-à-vis d’un mécanisme moléculaire susceptible de favoriser la carcinogenèse liée à l’exposition au tabac. Ainsi, même si la méthylation des gènes étudiés est un marqueur très indirect, des études supplémentaires sont nécessaires afin de mieux préciser les effets éventuellement bénéfiques des supplémentations vitaminiques par rapport à l’alimentation dans les risques liés au tabagisme. F. A. Stidley CA, Picchi MA, Leng S, et al. Multivitamins, folate, and green vegetables protect against gene promoter methylation in the aerodigestive tract of smokers. Cancer Res 2010;70:568-74.
Lipides
Dyslipidémie et maladie d’Alzheimer La maladie d’Alzheimer s’accompagne souvent d’une dyslipidémie que certains chercheurs ont considéré comme facteur de promotion de cette démence. H. Potter et al. montrent que la dyslipidémie pourrait être en fait secondaire à l’accumulation de la protéine β amyloïde, et donc une conséquence, et non pas la cause de la maladie d’Alzheimer. En effet, ces auteurs montrent que la protéine β amyloïde interagit avec le système de microtubules intracellulaires et réduit l’expression membranaire du récepteur au LDL-cholestérol ce qui est un facteur de promotion de l’hypercholestérolémie. Un mécanisme
identique pourrait réduire l’expression membranaire des récepteurs à l’insuline, ce qui pourrait expliquer les liens constatés entre maladie d’Alzheimer et insulinorésistance. F. A. Abisambra JF, Fiorelli T, Padmanabhan J, et al. LDLR expression and localization are altered in mouse and human cell culture models of Alzheimer’s disease. PLoS One 2010;5:e8556.
Risques cardio-métaboliques
L’important, c’est de bouger ! La sédentarité fait partie des facteurs de risque de surpoids et de pathologie cardiovasculaire. David Dunstan et al. font le point dans leur étude sur les risques liés au nombre d’heures quotidiennes passées devant la télévision. Leur étude, publiée dans la revue Circulation, est basée sur le suivi de 8 800 adultes, entre 1999 et 2006. Pendant l’étude, les corrélations suivantes ont pu être établies. Une heure passée chaque jour devant la télévision augmente le risque global de décès de 11 %, celui de décès par cancer de 9 % et celui de décès par cause cardiovasculaire de 18 %. Audelà de 4 heures de télévision par jour, le risque de décès augmente de 46 % par rapport à ceux qui ne passent que 2 heures par jour, et de 80 % pour la mortalité cardiovasculaire. La lutte contre la sédentarité est donc primordiale. F. A. Dunstan DW, Barr EL, Healy GN, et al. Television viewing time and mortality: the Australian Diabetes, Obesity and Lifestyle Study (AusDiab). Circulation 2010;121:384-91.
Traiter autrement l’hypertension artérielle La peau est un tissu de structure complexe nécessaire à la vie. Depuis de nombreuses années, la pharmacopée s’est enrichie de traitements diffusant
Médecine des maladies Métaboliques - Mars 2010 - Vol. 4 - N°2
Quoi de neuf ? Brèves
Nutrition
Alimentation ou suppléments vitaminiques ? Faut-il utiliser des suppléments diététiques ? La question reste controversée car entre l’hypothèse initiale (par exemple disposer de plus d’antioxydants est théoriquement bon pour la santé) et la réalité des essais cliniques (augmentation de l’incidence du cancer du poumon chez les fumeurs supplémentés en β-carotène dans l’essai ATBC [Alpha-Tocopherol, Beta-Carotene Cancer Prevention]), il y a un fossé loin d’être comblé. En résumé, il n’y a actuellement aucune raison scientifique de prendre des suppléments de type antioxydants, au risque d’avoir des effets contraires à ceux attendus. CA. Stidley et al. ont étudié la méthylation de certains gènes (une signature moléculaire connue pour augmenter le risque de cancer du poumon chez le fumeur) et la corrélation entre ce paramètre et l’alimentation. Pourquoi avoir encore choisi la catégorie des fumeurs ? Car de nombreuses études ont montré que les fumeurs ont une alimentation très déséquilibrée, pauvre en fibres et riche en acides gras en particulier saturés. La question pourrait être posée également pour la population atteinte de diabète de type 2. Mais les fumeurs sont exposés à de puissants carcinogènes dont on commence à mieux connaître les effets sur les gènes de susceptibilité aux cancers liés au tabac. Les auteurs ont étudié l’expectoration de 1 100 fumeurs, participant par ailleurs à une cohorte de fumeurs créée et suivie depuis 2001. Sur les cellules desquamées du tractus respiratoire et recueillies lors d’expectoration, les auteurs ont étudié le statut de méthylation de huit gènes connus pour être lié à un risque accru de cancer du poumon. La méthylation de ces huit gènes est un mécanisme important de promotion de cancer du poumon directement lié au tabac. Les auteurs ont corrélé ce statut de méthylation aux enquêtes diététiques et montrent qu’un apport élevé de légumes
verts et en folates réduit la fréquence de méthylation des gènes étudiés (ce résultat restant significatif après ajustement sur de nombreuses variables, dont l’ancienneté du tabagisme et la consommation de tabac cumulée). Un résultat identique est retrouvé chez les fumeurs prenant régulièrement des suppléments de multivitamines. Ainsi, dans cette étude, l’alimentation et la supplémentation multivitaminique (en rappelant que cette population a à la base une alimentation pauvre en fruits, légumes et fibres) protège vis-à-vis d’un mécanisme moléculaire susceptible de favoriser la carcinogenèse liée à l’exposition au tabac. Ainsi, même si la méthylation des gènes étudiés est un marqueur très indirect, des études supplémentaires sont nécessaires afin de mieux préciser les effets éventuellement bénéfiques des supplémentations vitaminiques par rapport à l’alimentation dans les risques liés au tabagisme. F. A. Stidley CA, Picchi MA, Leng S, et al. Multivitamins, folate, and green vegetables protect against gene promoter methylation in the aerodigestive tract of smokers. Cancer Res 2010;70:568-74.
Lipides
Dyslipidémie et maladie d’Alzheimer La maladie d’Alzheimer s’accompagne souvent d’une dyslipidémie que certains chercheurs ont considéré comme facteur de promotion de cette démence. H. Potter et al. montrent que la dyslipidémie pourrait être en fait secondaire à l’accumulation de la protéine β amyloïde, et donc une conséquence, et non pas la cause de la maladie d’Alzheimer. En effet, ces auteurs montrent que la protéine β amyloïde interagit avec le système de microtubules intracellulaires et réduit l’expression membranaire du récepteur au LDL-cholestérol ce qui est un facteur de promotion de l’hypercholestérolémie. Un mécanisme
identique pourrait réduire l’expression membranaire des récepteurs à l’insuline, ce qui pourrait expliquer les liens constatés entre maladie d’Alzheimer et insulinorésistance. F. A. Abisambra JF, Fiorelli T, Padmanabhan J, et al. LDLR expression and localization are altered in mouse and human cell culture models of Alzheimer’s disease. PLoS One 2010;5:e8556.
Risques cardio-métaboliques
L’important, c’est de bouger ! La sédentarité fait partie des facteurs de risque de surpoids et de pathologie cardiovasculaire. David Dunstan et al. font le point dans leur étude sur les risques liés au nombre d’heures quotidiennes passées devant la télévision. Leur étude, publiée dans la revue Circulation, est basée sur le suivi de 8 800 adultes, entre 1999 et 2006. Pendant l’étude, les corrélations suivantes ont pu être établies. Une heure passée chaque jour devant la télévision augmente le risque global de décès de 11 %, celui de décès par cancer de 9 % et celui de décès par cause cardiovasculaire de 18 %. Audelà de 4 heures de télévision par jour, le risque de décès augmente de 46 % par rapport à ceux qui ne passent que 2 heures par jour, et de 80 % pour la mortalité cardiovasculaire. La lutte contre la sédentarité est donc primordiale. F. A. Dunstan DW, Barr EL, Healy GN, et al. Television viewing time and mortality: the Australian Diabetes, Obesity and Lifestyle Study (AusDiab). Circulation 2010;121:384-91.
Traiter autrement l’hypertension artérielle La peau est un tissu de structure complexe nécessaire à la vie. Depuis de nombreuses années, la pharmacopée s’est enrichie de traitements diffusant
Médecine des maladies Métaboliques - Mars 2010 - Vol. 4 - N°2