Obligation d’adapter la chimie humaine

Obligation d’adapter la chimie humaine

OBLIGATION D'ADAPTER LA CHIMIE HUMAINE Shirish S. Sheth, MD, FRCOG, FICS President, Federation internationale de gynecologie et d'obstetrique (FIGO) M...

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OBLIGATION D'ADAPTER LA CHIMIE HUMAINE Shirish S. Sheth, MD, FRCOG, FICS President, Federation internationale de gynecologie et d'obstetrique (FIGO) Mumbai, Inde

Dans un monde OU les ressources sont partagees de fa<;:on disproportionnee, il est inevitable que la distribution des ressources medicales soit inegale. Le resultat, c' est que Ie monde est divise : entre les pays OU la reproduction est encouragee et les pays OU elle est entravee; entre les pays OU les femmes ont des possibilites et des droits « egaux » garantis et les pays OU elles attendent encore leurs droits « fondamentaux » et la « moindre occasion » de s' epanouir; entre les pays OU les femmes exigent un test de Pap pour Ie depistage precoce du cancer du col de l'uterus des qu' elles sont sexuellement actives, ou me me poursuivent leur medecin en justice pour ne pas l'avoir fait, et les pays OU elles n' ont jamais entendu parler du test de Pap et se presentent souvent a la dinique atteintes d' un cancer de l' uterus avance. 1 Cette disparite criante impose aux professionnels de la sante -les societes professionnelles d' obstetriciens et gynecologues, aussi bien que leurs membres -1' obligation de savoir ce qui ne fonctionnera pas et ce qui est necessaire dans des circonstances precises. Malheureusement, dans les pays riches, 9 personnes sur 10 n' ont aucune idee des conditions de vie que connaissent 9 personnes sur 10 dans Ie tiers-monde, et vice versa. La revelation de l' un de ces deux mondes a l' autre promet un rude choc culturel. Les medecins venus de pays OU Ie produit nationa} brut (PNB) est de 20 000 a 40 000 SUS per capita et habitues a disposer des dernieres technologies trouveront tres difficile, pour ne pas dire impossible, de comprendre ce qui constitue une necessite elementaire dans des societes OU Ie PNB est de 500 a 1000 SUS per capita ou moins. Pourtant, face aces inegalites incroyables, c'est precisement ce qu'il faut absolument faire : changer sa perspective et ses attitudes personnelles pour s' adapter a la pauvrete, repondre aux besoins les plus desesperes de ses nouveaux patients et ne pas leur offrir ce qu'ils possedent deja en abondance. Les approches et les methodes utilisees dans les pays developpes pourraient detruire les efforts deployes dans les pays en developpement et devenir sources de problemes. Les besoins des gens, Ie milieu dans lequel ils vivent et les ressources dont ils disposent doivent absolument entrer en ligne de compte dans la planification de l'aide a leur apporter. Une telie tache n' est pas facile. Cependant, les professionnels doivent respecter

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cette necessite et creer une chimie qui fQnctionne harmonieusement, plutot que de continuer a employer des approches representant un obstacle a la bonne pratique. Un exemple classique peut etre tire d'une region de I'Amerique latine OU, traditionnellement, I'accoucheuse utilise une pierre ou un morceau de poterie pour couper Ie cordon ombilical apres la naissance. Toutes les tentatives pour convaincre les families d'utiliser un couteau sterile ou une lame de rasoir ont echoue. Une etude portant sur les pratiques d'accouchement traditionnelles, menee par Ie Clean Delivery Practices, a reveIe que les habitants de cette region croyaient que Ie fait de couper Ie cordon avec un couteau ou une lame ferait du nouveau-ne un voleur. Depuis, on a appris aux familles a steriliser les pierres utilisees en les pla<;:ant dans l' eau bouiliante, ce qui a permis de respecter leurs traditions tout en prevenant les infections. 2 Si les professionnels ceuvrant dans cette region s' etaient opposes rigidement a un changement d' approche, un desaccord grossier et de la mefiance se seraient installes entre la population locale et les accoucheuses, ou entre les accoucheuses et les medecins, ou entre les medecins et leurs partenaires de jumelage, que ces partenaires soient une organisation non gouvernementale (ONG) ou un groupe d'obstetriciens d'un pays developpe. Le premier besoin, lorsqu'il s'agit de travailier dans d'autres parties du monde, est souvent d' adapter sa mentalite et ses connaissances. Beaucoup de gestes doivent etre precedes d' une reflexion sur Ie PNB per capita et par les concessions qui s'imposent, tout en tenant compte du fait que la mentalite des interesses est parfois inflexible. Malgre leur statut social et Ie respect qu'ils imposent, les medecins doivent etre flexibles et se mouler gracieusement et, si j' ose dire, adapter leur chimie humaine s'ils veulent faire un travail efficace dans ces circonstances. Avec Ie projet « Save the Mothers Initiative » de la Federation internationale de gynecologie et d'obstetrique (FIGO), l'esprit de symbiose manifeste entre les obstetriciens et les gynecologues du Canada et de l'Ouganda, grace au jumelage de leurs societes professionnelies nationales respectives, represente un nouveau modele et un exemple a suivre. Lart de la medecine offre une rare occasion de contribuer au mieux-etre de nos freres humains - des femmes, dans Ie cas de l' obstetrique et de la gynecologie - une contribution en NOVEMBRE 2003

parfaite harmonie avec la mission de la FIGO. Les obstetriciens et les gynecologues canadiens, directement ou par l'intermediaire de la Societe des obstetriciens et gynecologues du Canada, ont une occasion revee d' ennoblir notre profession et d' offrir leurs services aces millions de femmes qui nous accordent leur confiance.

J Obstet

Gynaecol Can 2003;2S( I 1):900-1.

REFERENCES I. 2.

Sheth SS.Worid report on women's health.lnt J Gynaecol Obstet 2000; 70: 1--4. Sejas C. Save the Children, Bolivia. Personal communication cited in: State of the world's newborns. London (UK): Save the Children; 200 I. p.20. Also available on-line at . Accessed June 9,2003.

IOGC

NOVEMBRE 2003