Pré-oxygénation des obèses morbides : effets de la position et du mode ventilatoire

Pré-oxygénation des obèses morbides : effets de la position et du mode ventilatoire

Communications libres Communications libres du risque d’intubation difficile (ID). Cependant l’incidence de l’ID mesurée chez les patients obèses est...

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Communications libres

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du risque d’intubation difficile (ID). Cependant l’incidence de l’ID mesurée chez les patients obèses est très variable (de 3,3 à 15,5 %), les définitions de l’ID et/ou des populations inclues étant elles-mêmes variables. Récemment l’incidence d’ID, définie par ≥ 3 tentatives de laryngoscopie et/ou durée > 10 minutes et mesurée dans une population de plus de 2000 patients opérés avec IMC ≥ 30 kg.m−2 était de 8,2 %. L’objectif principal de ce travail était d’évaluer la qualité de l’intubation dans une population de patients avec IMC ≥ 35 kg.m−2 . Matériel et méthodes Cette étude a été approuvée par le CPP d’Îlede-France X. Une information orale et écrite était fournie au patient. Cette étude observationnelle prospective monocentrique a inclu successivement tous les patients bénéficiant d’une chirurgie bariatrique (IMC ≥ 35 kg.m−2 avec morbidité ou IMC ≥ 40 kg.m−2 ). Les critères prédictifs d’ID étaient recueillis lors de la consultation d’anesthésie. Pour cette chirurgie, un syndrome d’apnée obstructif du sommeil (SAOS) est systématiquement recherché par polygraphie. Le critère de jugement principal était le score de l’Intubation Difficulty Scale (IDS), l’ID étant définie par un score > 5. Résultats Entre décembre 2012 à janvier 2015, 706 patients ont été opérés et 519 ont pu être analysés soit un taux d’exhaustivité de 73,5 %. Les caractéristiques générales de la population étaient un âge moyen de 40 ans (DS = 12), 82 % de femmes, 71 % de sleeve, 21 % de bypass, 8 % d’ablation ou de pose d’anneau gastrique, un IMC moyen de 43 kg.m−2 (5,9), un périmètre cervical moyen de 41,8 cm, 60 % de SAOS (n = 311) dont 46 % appareillés (n = 144). Dixhuit patients avaient un score IDS > 5, soit une incidence d’ID de 3,5 % [IC 95 % = 1,6—5,1] et 23 un score de Cormack et Lehane de 3 ou 4 (4,3 %). Un mandrin long béquillé a été utilisé 42 fois et un changement de lame, 12 fois. En analyse univariée, les variables associées à l’ID était le sexe masculin, le périmètre cervical (> 44 cm), la distance thyromentonière (DTM < 6,5 cm), le score de mallampati ¾ et un SAOS appareillé. En analyse multivariée (régression logistique), seuls le sexe masculin et une DTM < 6,5 cm étaient associés à une ID. Discussion Le taux d’ID dans cette population d’obèses sévères ou morbides correspond aux valeurs basses retrouvées dans la littérature. Si quelques variables, déjà connues, ont été retrouvées associées à l’ID le faible nombre d’intubations difficiles a probablement limité la puissance nécessaire à l’analyse de toutes les variables. Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. Pour en savoir plus Anesthesiology 2009;110:266—74. BJA 2015;114:297—306. Anesthesiology 1997;87:1290—7. http://dx.doi.org/10.1016/j.anrea.2015.07.517

de iatrogénie (complications mécaniques, infectieuses et thrombotiques). La proportion d’obèses augmentant, l’objectif de cette étude était d’évaluer chez ceux hospitalisés en réanimation, le taux de complications, en comparant deux techniques de pose de CVC en position jugulaire interne par l’échoguidage ou le repérage anatomique. Matériel et méthodes Il s’agit d’une étude prospective, monocentrique, randomisée, en réanimation (de juin 2010 à février 2015) après accord du CPP. Les patients inclus devaient être majeurs, nécessiter la pose d’un CVC en jugulaire interne, avoir un indice de masse corporelle (IMC) supérieur ou égal à 30 kg/m2 , avoir donné leur consentement éclairé et signé. Les complications mécaniques (échec de pose, ponction artérielle, pneumothorax et hémothorax), les complications infectieuses (taux de colonisation et d’infection liée aux CVC) et les complications thrombotiques (un écho-Doppler était réalisé sur le trajet vasculaire à la recherche d’un thrombus intravasculaire) étaient relevées. Le critère de jugement principal était un critère composite regroupant l’ensemble des complications. Les critères de jugement secondaires étaient les complications mécaniques, infectieuses et thrombotiques, auxquelles s’ajoutaient le temps de pose du CVC, le nombre total de ponctions et la mortalité. Résultats Cent soixante-seize patients on été inclus dans l’analyse de notre étude, 90 dans le groupe « repères anatomiques » et 86 dans le groupe « échoguidage ». Dans la population générale, il y avait 60 % d’hommes, l’âge moyen était de 61 ± 15 ans, le score d’IGS2 moyen de 50 ± 15, l’IMC moyen de 38 ± 7 kg/m2 . Il n’existait pas de différence significative entre les deux groupes de randomisation. En termes de critère de jugement principal, le taux de complications était significativement inférieur dans le groupe « échoguidage » par rapport au groupe « repères anatomiques » (44 % versus 77 % avec p = 0,0005). Parmi les critères de jugement secondaires, les complications mécaniques étaient significativement plus faibles dans le groupe « échoguidage » (15 % versus 47 % avec p < 0,0001), ainsi que le taux d’échec de pose (12 % versus 44 % avec p < 0,0001). Dans le même sens, le temps de pose du CVC était plus court avec l’échoguidage (4,4 ± 4,2 minutes versus 6,4 ± 6,3 minutes avec p = 0,0025) et le nombre de ponction moindre (1,5 ± 0,9 versus 2,2 ± 1,4 avec p < 0,0001). Il n’y avait pas de différence significative entre les deux groupes concernant les complications thrombotiques, infectieuses et la mortalité en réanimation. Discussion La mise en place de CVC en jugulaire interne sous échoguidage, chez le patient obèse en réanimation, diminue le taux de complications par rapport au repérage anatomique, tout en facilitant la pose. Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. http://dx.doi.org/10.1016/j.anrea.2015.07.518

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Impact de l’échoguidage sur les complications des cathéters veineux centraux par voie jugulaire chez les patients obèses en réanimation

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Arianna Musi ∗ , Norair Airapetian , Elie Zogheib , Romain Deransy , Louise Badoux , Stéphanie Malaquin , Mélanie Levrard , Nacim Ammenouche , Yazine Mahjoub , Hervé Dupont DAR, CHU d’Amiens, Amiens, France ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (A. Musi)

Jean S. Bussières 1,∗ , Étienne Couture 2 , Steeve Provencher 3 , Jacques Somma 1 1 Anesthésiologie, institut universitaire de cardiologie et de pneumologie, Québec, Canada 2 Anesthésiologie, université Laval, Québec, Canada 3 Pneumologie, institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec, Québec, Canada ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (J.S. Bussières)

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Introduction La mise en place des cathéters veineux centraux (CVC) est fréquente en réanimation, mais leur pose n’est pas dénuée

Pré-oxygénation des obèses morbides : effets de la position et du mode ventilatoire

tome 1 > supplément 1 > septembre 2015

tome 1 > supplément 1 > septembre 2015

Fig. 1

CRF selon les 6 combinaisons de ventilation position.

Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. Références [1] Can J Anesth 2013;60:929—45. [2] Obes Surg 2004;14:1171—5. [3] Anesthesiol 2011;114:1354—63. http://dx.doi.org/10.1016/j.anrea.2015.07.519 R488

Optimisation de l’anesthésie générale chez le sujet âgé pour une chirurgie majeure : enquête OPTI-AGED OPTI-AGED Groupe Départements d’anesthésie-réanimation, 25 CHU, France Adresse e-mail : [email protected] Introduction La prise en charge de sujets âgés pour une chirurgie majeure s’accompagne d’une morbidité et d’une mortalité postopératoire importante. La stratégie d’optimisation de l’anesthésie générale pour limiter leur incidence recommande un remplissage vasculaire peropératoire guidé par une mesure du volume d’éjection systolique (VES) [1], une ventilation protectrice [2] et une mesure EEG de la profondeur de l’anesthésie [3]. Une enquête a été réalisée dans 25 CHU francais ¸ pendant 30 jours pour définir quelle est la prise en charge réellement effectuée chez ces patients lors d’une chirurgie majeure en 2015. Matériel et méthodes Après accord du comité d’éthique, cette enquête prospective a été réalisée dans 25 CHU francais ¸ chez tout patient de 75 ans ou plus devant bénéficier d’une chirurgie pour fracture du col du fémur, intra-abdominale (sauf cholécystectomie ou autre chirurgie mineure) ou vasculaire (sauf fistules et chirurgie veineuse) pendant 30 jours consécutifs. Étaient colligés : morbidités associées, existence d’un protocole de traitement de l’hypotension, mise en place d’un monitorage de la profondeur de l’anesthésie, d’un remplissage vasculaire guidé par la mesure du VES, d’une ventilation protectrice. Résultats Quatre cent quatre-vingt-quinze patients ont été inclus : fracture du col = 38,9 %, chirurgie abdominale = 33,5 %, chirurgie vasculaire = 27,6 %. Environ 55,1 % étaient des chirurgies programmées. Les scores ASA (%) étaient : I = 1,1 ; II = 31,9 ; III = 56,9 ; IV = 10. Une comorbidité était retrouvée chez 84,2 % des patients, les 3 plus

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Introduction Lors de l’induction d’une anesthésie générale, les obèses morbides sont à risque d’hypoxémie. La position du patient et la stratégie ventilatoire utilisées durant la pré-oxygénation influencent la durée de l’apnée non hypoxique sécuritaire, suite à l’induction de l’anesthésie, en modulant la capacité résiduelle fonctionnelle (CRF). Les positions à tête élevée comme celle de la chaise de plage sont recommandées afin d’obtenir une meilleure vision laryngée lors de la laryngoscopie directe [1]. Une stratégie ventilatoire utilisant la pression positive durant la pré-oxygénation influence positivement la CRF, mais n’est pas systématiquement utilisée [2]. Nous avons concu ¸ cette étude en laboratoire afin de cibler les combinaisons « ventilation-position » optimales permettant d’optimiser la CRF [3]. Notre hypothèse est que la CRF sera meilleure après une simulation de pré-oxygénation en ventilation spontanée avec pression positive comparativement à une ventilation spontanée sans pression positive. De plus, nous estimons que la CRF sera supérieure lors de l’utilisation de position avec tête élevée telles la chaise de plage (CP) et le Trendelenburg inversé (TI) plutôt qu’en décubitus dorsal (DD). Matériel et méthodes Suite à l’approbation du Comité d’éthique à la recherche et l’obtention du consentement écrit des participants, nous avons procédé à une étude prospective, randomisée en chassé-croisé. Les participants ont subi, dans un ordre aléatoire, 6 simulations de préoxygénation de 5 minutes. Il s’agissait de 6 combinaisons incluant une des deux stratégies ventilatoires : ventilation spontanée sans pression positive (ZEEP-VS) ou ventilation spontanée avec pression positive (PPVS) ajustée selon les paramètres suivants : AI de 8 cmH2 O, PEEP 10 cm H2 O et Fi O2 0,21, ainsi qu’une des trois positions : DD, CP inclinée à 25◦ et le TI incliné à 25◦ . Une pièce buccale souple et un pince-nez ont été utilisés pour les mesures de la CRF et pour la PP-VS afin de minimiser les fuites. Un repos de 20 minutes en position assise était respecté entre les simulations afin de minimiser un potentiel recrutement alvéolaire de la simulation précédente. Résultats Dix-sept participants obèses (IMC = 50 ± 8 kg/m2 ) ont été inclus dans l’analyse, voir Fig. 1. La CRF moyenne dans les trois positions (DD, CP, TI) est significativement supérieure en mode PP-VS qu’en mode ZEEP-VS (2571 ± 477 vs 2215 ± 481 mL, p < 0,001). Il n’y a pas de différence de CRF (ventilation-mixte) entre les positions DD et CP (2359 ± 519 vs 2338 ± 469 mL, p = 0,894). La CRF (ventilation-mixte) est significativement supérieure en TI comparativement à la position CP (2483 ± 521 vs 2338 ± 469 mL, p = 0,009), et la position DD (2483 ± 521 vs 2359 ± 519 mL, p = 0,03). Discussion Les résultats démontrent que les conditions pour obtenir une CRF optimale suite à une pré-oxygénation de 5 minutes sont l’utilisation d’une ventilation en pression positive ainsi que l’utilisation de la position de Trendelenburg inversé. Ces résultats théoriques obtenus en laboratoire méritent d’être confirmés par une étude clinique.

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Communications libres — Samedi 19 septembre 2015