Prévalence des traitements hypouricémiants chez des patients hospitalisés en rhumatologie et évaluation du respect des recommandations de l’ACR 2012

Prévalence des traitements hypouricémiants chez des patients hospitalisés en rhumatologie et évaluation du respect des recommandations de l’ACR 2012

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G Model

ARTICLE IN PRESS Revue du rhumatisme xxx (2014) xxx–xxx

Disponible en ligne sur

ScienceDirect www.sciencedirect.com

Lettre à la rédaction Prévalence des traitements hypouricémiants chez des patients hospitalisés en rhumatologie et évaluation du respect des recommandations de l’ACR 2012夽

i n f o

a r t i c l e

Mots clés : Goutte Traitement hypouricémiant Allopurinol Fébuxostat Comorbidités Hyperuricémie asymptomatique

L’hyperuricémie asymptomatique, d’après les recommandations 2012 de l’American College of Rheumatology (ACR), ne fait pas partie des indications à l’introduction d’un traitement hypouricémiant (THU) [1]. L’objectif de notre étude a été d’évaluer la prévalence des THU chez des patients hospitalisés en rhumatologie et de vérifier le respect de ces recommandations. Il s’agit d’une étude monocentrique et observationnelle, avec un recueil longitudinal des données, réalisée de juillet 2012 à octobre 2013. Tous les patients hospitalisés ont bénéficié lors de leur entrée de la recherche d’une éventuelle prescription d’un THU. Le respect des recommandations de l’ACR 2012 concernant l’indication à un THU, en cas d’antécédent d’au moins un épisode de goutte, a été évalué (≥ 2 crises goutteuses par an, insuffisance rénale chronique à partir du stade 2, tophus visibles cliniquement, à l’échographie ou à la radiographie, antécédent de lithiase urique ou signes radiologiques d’arthropathie uratique) [1]. Les caractéristiques démographiques, la fonction rénale, l’uricémie et les comorbidités cardiovasculaires (CCV) ont été répertoriées. Sur 805 patients hospitalisés, 34 (4,2 %) étaient sous THU (22 hommes, âge moyen de 72 ans) dont 27 sous allopurinol et 7 sous fébuxostat. L’initiation du THU avait été réalisée dans 33 cas par le médecin traitant. Seuls 2 patients sur 34 étaient hospitalisés en raison d’un épisode goutteux et tous les autres pour un motif sans rapport avec la goutte. Dans 50 % des cas, la prescription du THU n’était pas en accord avec les recommandations de l’ACR 2012 (dont 12 prescriptions pour une hyperuricémie asymptomatique). Seuls 19 patients ont eu un dosage de l’uricémie au cours de leur hospitalisation avec un objectif atteint pour 11 d’entre eux (uricémie < 360 ␮mol/L). Par ailleurs, la posologie de l’allopurinol n’était pas adaptée à la fonction rénale pour 3 patients (300 mg/j) et 1 patient (200 mg/j) avec respectivement une clairance rénale de

DOI de l’article original : http://dx.doi.org/10.1016/j.jbspin.2014.02.012. 夽 Ne pas utiliser, pour citation, la référence franc¸aise de cet article, mais la référence anglaise de Joint Bone Spine avec le DOI ci-dessus.

moins de 80 mL/min et de 40 mL/min. La fonction rénale moyenne (MDRD) était de 77 ± 30,7 mL/min. La prévalence des principales CCV était la suivante : hypertensions artérielles (HTA) (n = 28, 82 %), dyslipidémies (n = 21, 62 %), obésités (n = 14, 41 %) et diabètes de type II (n = 12, 35 %). Un antécédent personnel de cardiopathie ischémique a été retrouvé chez 3 patients. La prévalence de la goutte est estimée à 0,9 % en France [2,3]. En revanche, une hyperuricémie a été retrouvée chez 21 % des américains adultes et chez 18 % des patients issus de la base de données des médecins généralistes anglais [2,4]. Dans l’étude Gospel, les principales CCV, chez des patients goutteux, étaient l’HTA (54 %), la dyslipidémie (47 %) et le diabète de type II (15 %) [5]. Hyperuricémie isolée ne signifie pas goutte et le traitement d’une hyperuricémie asymptomatique par un THU n’est pas acceptable au regard des risques d’hypersensibilité ou DRESS sous allopurinol. L’hyperuricémie est associée à une augmentation du risque de pathologies cardiovasculaires [6–8] (HTA, coronaropathie, accidents vasculaires cérébraux) mais il n’existe aucune preuve formelle, à l’heure actuelle, de l’intérêt de traiter une telle anomalie biologique. L’originalité de cette étude a été de préciser la prévalence des THU chez des patients hospitalisés en rhumatologie quel que soit le motif et d’apprécier le « hiatus » entre les recommandations et la pratique clinique.

Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article.

Références [1] Khanna D, Fitzgerald JD, Khanna PP, et al. 2012 Amercian College of Rheumatology guidelines for management of gout. Part 1: systematic nonpharmacologic and pharmacologic therapeutic approaches to hyperuricemia. Arthritis Care Res 2012;64:1431–46. [2] Bardin T, Clerson P, Bouée S, et al. Estimation de la prévalence de la goutte en 2013 en France (deuxième partie) : résultats d’une enquête en population générale. Rev Rhum 2013;80:77. [3] Zhu Y, Pandya BJ, Choi HK. Prevalence of gout and hyperuricemia in the US general population: the National Health and Nutrition Examination Survey 2007–2008. Arthritis Rheum 2011;63:3136–41. [4] Saag KG, Mikuls TR, Abbott J. The epidemiology of gout and calcium pyrophosphate dehydrate deposition disease. In: Wortmann RL, et al., editors. Crystal-induced arthropathies. New York: Taylor & Francis; 2006. p. 7–35. [5] Lioté F, Lancrenon S, Lanz S, et al. GOSPEL: prospective survey of gout in France. Part I: design and patients characteristics (n = 1003). Joint Bone Spine 2012;79:464–70. [6] Kim SY, Guevara JP, Kim KM, et al. Hyperuricemia and coronary heart disease: a systematic review and meta-analysis. Arthritis Care Res (Hoboken) 2010;62:170–80. [7] Grayson PC, Kim SY, La Valley M, et al. Hyperuricemia and incident hypertension: a systematic review and meta-analysis. Arthritis Care Res (Hoboken) 2011;63:102–10. [8] Kim SY, Guevara JP, Kim KM, et al. Hyperuricemia and risk of stroke: a systematic review and meta-analysis. Arthritis Rheum 2009;61:885–92.

1169-8330/$ – see front matter © 2014 Société Franc¸aise de Rhumatologie. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. http://dx.doi.org/10.1016/j.rhum.2014.02.003

REVRHU-4338; No. of Pages 2

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ARTICLE IN PRESS Lettre à la rédaction / Revue du rhumatisme xxx (2014) xxx–xxx

Christopher Banse a,∗,b Patrice Fardellone a,c Julien Paccou a,c a Service de rhumatologie, université de Picardie-Jules-Verne, CHU d’Amiens, 1, rue de Germont, 80054 Amiens, France b Service de rhumatologie, université de Rouen, hôpitaux de Rouen, CHU de Rouen, 76031 Rouen, France

c Unité Inserm U1088, université de Picardie-Jules-Verne, 80054 Amiens, France ∗ Auteur

correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (C. Banse) ´ 2014 Accepté le 11 fevrier Disponible sur Internet le xxx