La Revue d'Homéopathie 2012;3:67–68
Pratiques / Cas clinique
Un adolescent violent traité par Aurum A violent teenager treated with Aurum Médecin homéopathe, 1227, avenue Roger-Salengro, 92370 Chaville, France
RÉSUMÉ Violence et comportement asocial dans l'adolescence ne sont pas toujours liés à un milieu social défavorisé. Ce cas clinique permet de constater, qu'après l'analyse des troubles comportementaux et une écoute d'un jeune patient perturbé par la carence affective de son milieu familial, le médecin homéopathe a réussi à améliorer efficacement l'état de son jeune patient en lui prescrivant Aurum metallicum. © 2012 Publié par Elsevier Masson SAS.
Emmanuelle Clair-Oliot
Mots clés Adolescence Agressivité Aurum metallicum Cas clinique Comportement asocial Milieu familial
Keywords
SUMMARY Violence and antisocial behaviour in adolescence are not always linked to a deprived social environment. This account of a clinical case highlights the fact that after analysing the behavioural disorders of and listening to a young patient disturbed by the emotional deprivation of his home environment, the homeopathic doctor succeeded in effectively improving the condition of his young patient by prescribing Aurum metallicum.
Adolescence Aggressiveness Aurum metallicum Clinical case Home environment Social behaviour
© 2012 Published by Elsevier Masson SAS.
érémy vient d'avoir 13 ans quand je le vois la première fois pour des troubles de la concentration au collège avec mise en péril de son année scolaire, agressivité, impulsion, comportement asocial. Ses parents sont débordés par leurs activités professionnelles. Ils n'ont guère pris de temps lors de la naissance de leur enfant et l'ont rapidement confié à une dame à temps plein à leur domicile. Les problèmes de comportement de Jérémy ne sont pas récents puisqu'à l'anamnèse on apprend qu'il a épuisé tous les enseignants du primaire et du collège avec ses troubles de la concentration, son hyperactivité, son insolence. Si ses parents n'ont pas été très présents dans la prime enfance, ils ont été très vigilants pour proposer ce qui leur semblait être le meilleur pour leur fils : suivi psychothérapique, inscription en collège d'élite, séjours linguistiques. . .
J
© 2012 Publié par Elsevier Masson SAS. http://dx.doi.org/10.1016/j.revhom.2012.04.005
OBSERVATION Jérémy, qui est en 4e, n'a encore aucun signe physique de puberté, il est même petit pour son âge. Il raconte son désintérêt pour la scolarité, voue une haine à son établissement scolaire réputé pour son autoritarisme. Il est le dernier de la classe depuis la 6e. Il me dit être fasciné par le Mouvement gothique, me montre ses nombreuses scarifications. Il raconte ses pulsions violentes, son appartenance à un groupe de jeunes de 13-15 ans, violents, qui n'hésitent pas à jouer des poings pour faire valoir ce qu'ils estiment être de droit. Il a de fortes crises d'angoisses, des difficultés d'endormissement, et des terreurs nocturnes épouvantables pour lesquelles il vient finir sa nuit sur le tapis de la chambre de ses parents en compagnie de son ours en peluche. Ses cauchemars sont le théâtre de
Adresse e-mail : emmanuelle.oliot@wanadoo. fr
67
E. Clair-Oliot
Pratiques / Cas clinique scènes de mort et « c'est lui qui tue, il y a du sang partout, et ensuite c'est le néant ». Il dit avoir parfois des idées noires. Il consomme du hasch plusieurs fois par semaine.
PRESCRIPTIONS La violence dont est capable Jérémy m'a paru être au premier plan au cours des premières consultations et cette constatation a orienté mes premières prescriptions : Hepar sulfur, Mercurius solubilis, Lycopodium, Staphysagria, Argentum nitricum, Kalium bromatum ont été prescrits seuls ou associés à de différents moments au cours des premiers mois de traitement sans résultat probant. Puis un événement important est survenu six mois après le début de nos entretiens. Les bagarres de rue dont il est coutumier ont pris un jour un côté plus dramatique, puisque l'un des jeunes s'est retrouvé avec une jambe cassée, et la bande de jeunes loubards a été embarquée au poste de police. À partir de ce momentlà, son comportement en consultation a changé. Prostré, mutique, il a éprouvé de la difficulté à verbaliser ses souffrances, mais a consenti à me dessiner ce qu'il ressent : « Une pierre tombale avec son nom, sa date de naissance et une date de décès qu'il programmait trois semaines après, en pleines vacances d'été, et son ours en peluche cabossé pleurant son compagnon de jeux. » C'est à partir de cet instant que j'ai introduit Aurum metallicum dans ma prescription, en prenant beaucoup de précautions tant je craignais un raptus anxieux. Son père, mis au courant de l'ampleur de son désarroi, mais qui ne souhaitait pas l'hospitalisation, m'a assuré que Jérémy serait bien entouré pendant les vacances avec eux, surtout par ses grands cousins de 17 et 19 ans, brillants sur le plan scolaire et que Jérémy admire beaucoup. La prescription d'Aurum a été poursuivie six mois avec beaucoup de succès : arrêt des terreurs nocturnes deux nuits après la première prise, arrêt immédiat des scarifications et des conduites asociales, facilités par le temps des vacances d'été et les ponts coupés avec ses copains de rue, diminution progressive des angoisses, rétablissement scolaire suffisant pour passer dans la classe supérieure. Jérémy, âgé aujourd'hui de 15 ans, est en seconde et se comporte dorénavant comme un adolescent classique, fume un peu de hasch. . .
PROBLÉMATIQUE D'AURUM EN PSYCHIATRIE La problématique d'Aurum en psychiatrie tourne autour de son image narcissique. La conduite au poste et la
68
mise en examen pendant 24 heures ont beaucoup chamboulé Jérémy : il s'est senti honteux, indigne de sa famille et de son milieu social. La seule issue possible devient la mort volontaire. Geneviève Ziegel pense qu'Aurum, torturé par ses pensées autopunitives, tente de retrouver par son geste suicidaire, la quiétude matricielle. À la relecture plus fine de l'observation, il aurait été judicieux de donner Aurum dès le moment où je l'ai connu tant l'ensemble des symptômes présentés par ce jeune prépubère et issu de milieu favorisé ne pouvait qu'être l'expression de dépression profonde. En recherchant dans sa problématique personnelle, on peut mettre en avant des difficultés familiales : parents plus concernés par leur réussite professionnelle, mère quasi absente avec un investissement dans sa grossesse et sa maternité très en deçà des besoins affectifs de l'enfant (elle s'est arrêtée le matin de sa césarienne et a repris le travail 15 jours après). Peu d'investissement au moment des troubles du comportement de Jérémy, puisqu'il a toujours été accompagné par son père lors des consultations, sa mère n'est venue qu'une seule fois, à ma demande. La blessure narcissique de Jérémy m'apparaît finalement comme très précoce dans sa vie de bébé : il a probablement ressenti ce manque de portage, de lien, de regard miroir d'échanges suffisants, qui donnent une assurance indélébile au futur enfant, adolescent et jeune adulte.
DES RÉSULTATS POSITIFS À PARTAGER Cette observation me donne à penser que les carences affectives dont avaient été victimes les bébés abandonnés dans des orphelinats pouvaient relever d'une image narcissique bafouée par les aléas de la vie de nourrisson. La prescription d'Aurum lorsque ces enfants adoptés me sont amenés pour troubles du comportement donne des résultats si souvent positifs qu'il serait dommage de ne pas vous les faire partager. Déclaration d'intérêts L'auteur déclare ne pas avoir de conflits d'intérêts en relation avec cet article.
POUR EN SAVOIR PLUS Barbancey J. Pratique homéopathique en psychopathologie. Paris: Similia; 1987. Tome I: p. 79–88 ; Tome II: p. 303–10. Le Roux P. Les métaux en homéopathie. Paris: Publibook; 2006. Poncet JE. Violence et troubles du comportement chez l'enfant. Rev Hom 2011 juin;2(2):48–56. Ziegel G. De l'hyperactivité aux nouvelles pathologies. Homéopsy; 2011. p. 83.