Journal de Gyn´ ecologie Obst´ etrique et Biologie de la Reproduction (2008) 37, 622 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com
LETTRE À LA RÉDACTION
À propos de l’article « Syphilis et grossesse » J Gynecol Obstet Biol Reprod 2008;37, horssérie 1:F29—F33 Il est tout à fait judicieux de présenter, dans le cadre de la FMC, les recommandations sur l’association syphilis et grossesse, infection qui tend à réapparaître dans les pays occidentaux. Permettez-moi de faire quelques commentaires sur l’article de J. Nizard et G. Benoist après une expérience de quelques centaines de cas dans ma pratique professionnelle [1] : • il est très difficile de dater l’infection syphilitique, difficulté de visualiser le chancre, signes dermatologiques parfois modérés, surtout sur peau noire. Ainsi, il s’agit le plus souvent d’une découverte par examen systématique pendant la grossesse sans possibilité de dater la primoinfection. Le plus souvent, la sérologie restera positive très longtemps, tant le TPHA que le VDRL quantitatif. Il est donc illusoire de chercher à négativer la sérologie, trop de patientes subissent de multiples injections d’Extencilline pour chercher cette négativation du VDRL. Si le traitement est bien conduit, deux injections à une semaine d’intervalle au minimum plus traitement du partenaire et, sauf, en cas de terrain particulier (VIH), il suffit de refaire une sérologie après trois à six mois pour vérifier l’arrêt de l’ascension des anticorps. Une sérologie au cordon sera systématique avec traitement de tous les nouveaux-nés avec FTAIgM supérieure à 50 ; • prévention de la réaction de Jarisch-Herheimer lors du traitement par pénicilline, cette réaction est présente dans 40 à 60 % des cas de syphilis secondaire pendant
la grossesse. Il s’agit d’une réaction immuno-allergique avec libération de complexes immuns circulants, de TNF et d’interleukine-6, responsables de réactions fébriles et de contractions utérines chez la mère, mais aussi d’anomalies du RCF avec risque de mort fœtale in utero [2]. J’ai, dans ma pratique, pu constater plusieurs cas de MFIU survenues brutalement après traitement chez des fœtus échographiquement normaux. Ainsi, un traitement préventif par corticoïdes de préférence injectables devra précéder la première injection d’Extencilline [3]. Comme le recommande les auteurs, le dépistage systématique doit continuer et être éventuellement répété pendant la grossesse au troisième trimestre en cas de risque élevé.
Références [1] Carles G, Lchet S, Youssef M, El Guindi W, Helou G, Alassas N, Lambert V. Syphilis et grossesse. Étude de 85 cas en Guyane franc ¸aisse. J Gynecol Obstet Biol Reprod (Paris) 2008;37: 353—7. [2] Narduccif F, Switala I, Rajabally R, Decocq J, Delahousse C. Syphilis maternelle et congénitale. J Gynecol Obstet Biol Reprod (Paris) 1998;27:150—60. [3] Rolfs R. Treatment of syphilis. Chir Infect Dis 1995;20:S23—38.
G. Carles Service de gynécologie-obstétrique, centre hospitalier de l’ouest Guyanais Franck-Joly, 16, avenue du Général-de-Gaulle, 97320 Saint-Laurent-Du-Maroni Guyane, France Adresse e-mail :
[email protected] Disponible sur Internet le 9 juillet 2008
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