G Model
AMEPSY-2573; No. of Pages 8 Annales Me´dico-Psychologiques xxx (2018) xxx–xxx
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Me´moire
Accueillir le patient en crise aux urgences psychiatriques : e´tude du ve´cu subjectif To receive the patient in crisis in psychiatric emergencies: Subjective experience study Mathilde Meriaux a,*, Jennifer Denis b, Ve´ronique Michel c, Stephan Hendrick d a Service de psychologie clinique syste´mique et psychodynamique, faculte´ de psychologie et des sciences de l’e´ducation, universite´ de Mons, 20, place du Parc, 8000 Mons, Belgique b Service de psychologie clinique syste´mique et psychodynamique, faculte´ de psychologie et des sciences de l’e´ducation, universite´ de Mons, 8000 Mons, Belgique c Service d’intervention de crise et d’urgences psychiatriques, hoˆpital Van Gogh, CHU de Charleroi, Mons, Belgique d Service de psychologie clinique syste´mique et psychodynamique, faculte´ de psychologie et des sciences de l’e´ducation, universite´ de Mons, Mons, Belgique
I N F O A R T I C L E
R E´ S U M E´
Historique de l’article : ˆ t 2017 Rec¸u le 16 aou Accepte´ le 20 mars 2018
Objectif. – Cette e´tude a pour but d’appre´hender le ve´cu subjectif des patients a` l’accueil des urgences psychiatriques dans un contexte ou` l’urgence repre´sente souvent une porte d’entre´e dans le syste`me de soins et l’accueil, une introduction aux soins. Participants et me´thode. – Notre de´marche inductive nous a permis de conduire des entretiens semistructure´s aupre`s de 12 patients. Une analyse qualitative incluant la me´thode de l’analyse the´matique (Braun et Clarke, 2006) nous a permis d’analyser les donne´es. Re´sultats. – L’e´tude a releve´ treize the`mes principaux. Ces the`mes sont re´partis a` l’inte´rieur de quatre axes the´matiques : l’expe´rience de la salle d’attente, la priorite´ des relations humaines, l’expe´rience des entretiens et les repre´sentations concernant les services d’urgences. Conclusion. – Le contexte de la salle d’attente contribue a` une expe´rience ne´gative de l’accueil aux urgences psychiatriques. La mauvaise circularite´ de l’information augmente le niveau d’angoisse et de stress chez le patient. L’enjeu d’une communication de qualite´ et d’une e´coute attentive contribue a` garder le patient calme et sous controˆle. L’e´tude rele`ve e´galement des qualite´s relationnelles clefs des soignants attendues par les patients. Dans le but d’assurer une meilleure qualite´ des soins, nous sugge´rons plusieurs ame´liorations a` prendre en conside´ration afin d’ame´liorer ces lieux d’accueil de l’urgence.
C 2018 Elsevier Masson SAS. Tous droits re ´ serve´s.
Mots cle´s : Accueil Crise Urgence psychiatrique Ve´cu
A B S T R A C T
Keywords: Crisis Experience Hospitality Psychiatric Emergency
Objective. – Study the subjective experience of patients at psychiatric emergencies reception in a context where emergency represents a gateway in health care system, and the reception, an introduction to care. Participants and method. – Inductive approach allowed us to conduct semi-structured interviews with 12 patients. A qualitative analysis including the thematic analysis method (Braun and Clarke, 2006) allowed us to analyze the data. Results. – The study identified thirteen main themes. These themes are divided into four thematic axes: the experience of the waiting room, the priority of human relations, interviews experience and emergency services representations.
* Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (M. Meriaux). https://doi.org/10.1016/j.amp.2018.03.011 C 2018 Elsevier Masson SAS. Tous droits re ´ serve´s. 0003-4487/
Pour citer cet article : Meriaux M, et al. Accueillir le patient en crise aux urgences psychiatriques : e´tude du ve´cu subjectif. Ann Med Psychol (Paris) (2018), https://doi.org/10.1016/j.amp.2018.03.011
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Conclusion. – The waiting room context contributes to a negative experience of reception in psychiatric emergencies. Poor information circularity increases the level of anxiety and stress in the patient. The issue of quality communication and attentive listening helps to keep the patient calm and under control. The study also highlights relational qualities caregivers expected by patients. In order to ensure better quality of care, we suggest improvements to improve these places of hospitality.
C 2018 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.
1. Proble´matique Cette e´tude a e´te´ conduite dans le cadre d’un me´moire de fin d’e´tudes en sciences psychologiques. Notre objectif principal est de rendre compte des expe´riences subjectives de patients lors de leur accueil au sein d’un service d’urgences psychiatriques. Le second objectif vise l’apport d’un e´clairage conceptuel sur le phe´nome`ne d’accueil et les pratiques cliniques spe´cifiques mises en œuvre lors de ce primo-moment entre un soignant et un soigne´. Dans le domaine psychiatrique, les services d’urgences sont appre´hende´s comme un recours efficace face a` des situations de crise et d’urgences varie´es [30]. Ces services sont parfois perc¸us comme « une solution de facilite´ vu l’impossibilite´ de diffe´rer une attente, mais e´galement comme le lieu de toutes les re´ponses pour toutes les souffrances » [8]. Ces lieux regorgent de proble´matiques aigue¨s et complexes qui conduisent, de plus en plus, les patients a` voir leur temps en salle d’attente augmenter [11]. Aussi, les urgences ge´ne´rales – lorsqu’elle ne sont pas e´quipe´es d’urgences psychiatriques – ne sont pas e´pargne´es par l’accroissement des demandes de soins psychiatriques ou psychologiques en urgence [14]. En effet, une augmentation de plus de 150 % de ce type de demandes a e´te´ constate´e [9]. D’autant plus que les services d’urgences ge´ne´rales sont souvent mal e´quipe´s pour accueillir et prendre en charge la de´tresse psychique ou psychiatrique [28]. Ces constats conduisent a` devoir repenser l’offre de soin en sante´ mentale, mais surtout la manie`re dont les dispositifs d’accueil sont e´labore´s au sein des urgences psychiatriques et ge´ne´rales. La plupart des recherches se consacrent a` la satisfaction des patients au sein des services d’urgences des hoˆpitaux ge´ne´raux, et ce principalement a` l’aide de me´thodes quantitatives et de mesures globales de satisfaction [7,17,18,23]. Parmi d’autres e´tudes, certaines preˆtent une attention particulie`re a` la manie`re dont les patients dits « psychiatriques » sont pris en charge dans les services d’urgences [1,10,20]. Harris et al. [20] sugge`rent que les patients perc¸oivent les services d’urgences comme ayant un impact ne´gatif sur leur bien-eˆtre. Trois the`mes principaux ressortent de leur e´tude : « les salles d’urgences sont froides », « ils parlent de vous comme si vous e´tiez un fou », et « on vous met en hospitalisation contre votre volonte´ ». Deux the`mes secondaires, le « stress sur le manque d’intimite´ » et le « manque de compassion », refle´taient e´galement le ve´cu de ces patients. Ces re´sultats te´moignent de l’importance de l’environnement et de la communication lors des interventions the´rapeutiques. Ces primorencontres qui renferment des demandes urgentes et de l’impre´vu sont susceptibles d’exacerber la de´tresse des patients, la continuite´ des soins mais aussi le stress et la fatigue des membres de l’e´quipe. D’autres e´tudes encore soulignent que le temps d’attente est perc¸u comme trop long par les patients, qu’il y a un manque d’interaction avec les soignants et que la qualite´ des soins n’est pas favorable a` leur bien-eˆtre [10,26]. Certains patients ont meˆme estime´ se sentir geˆne´s par le manque de confidentialite´ et punis pour des comportements suicidaires [10,29]. Ainsi, les expe´riences des urgences pour les personnes en de´tresse e´motionnelle ont e´te´ caracte´rise´es par des sentiments d’inse´curite´, de solitude, d’intimidation, de peur et d’inconfort [28]. Bien que des aspects ne´gatifs soient plus fre´quemment rapporte´s, les e´tudes soule`vent ne´anmoins des attitudes positives et respectueuses des soignants a`
l’e´gard des patients, la pre´sence de contacts empathiques ainsi qu’une bonne circularite´ des informations qui permettent aux patients de se sentir soutenus et correctement accueillis [10,26]. Parmi toutes ces e´tudes, la notion d’accueil est peu e´tudie´e. Loin d’eˆtre une technique standardisable, elle consiste pourtant en une attitude, une conception du soin et une pre´paration a` toute rencontre [27]. Dans tous les cas, l’accueil permettra d’infle´chir le devenir de la relation the´rapeutique. Baillon (1998) [3] explique d’ailleurs que l’accueil de´signe le contexte cre´e´ par les infirmiers autour du patient et de son entourage ainsi que les gestes et discours qu’ils posent pour faciliter le patient vers un acce`s aux soins, dont il pourrait avoir besoin dans un second temps. Dans notre e´tude, c’est bien de l’accueil entendu comme l’arrive´e aux urgences psychiatriques et la primo-rencontre avec l’infirmier dont il s’agit. Notre objectif est d’accorder une place centrale au ve´cu de l’accueil des patients au sein d’un service d’urgences psychiatriques. Nous souhaitons comprendre la fac¸on dont ces patients font l’expe´rience de cette primo-e´tape du soin. A` cette fin, nous avons mis en place une de´marche de recherche qualitative de type inductive. 2. Me´thodologie Notre e´tude s’est de´roule´e au sein du Service d’Interventions de Crise et d’Urgences Psychiatriques (SICUP) du CHU de Charleroi, sur le site de l’hoˆpital Van Gogh a` Marchienne-au-Pont, en Belgique. Cette unite´ est de´localise´e du service des urgences ge´ne´rales, et comprend deux poˆles ge´ographiquement contigus : l’unite´ des urgences et l’unite´ de crise. Elle ne rec¸oit que des demandes dites « psychiatriques ». L’e´tude a rec¸u l’accord de la direction des soins du service et un avis favorable du comite´ d’e´thique. Nous avons profite´ d’une pe´riode de stage de 400 heures a` l’unite´ de crise (d’octobre 2016 a` janvier 2017) pour nous immerger au sein de l’e´quipe, de´couvrir et observer les interventions de crise, et solliciter les participants a` l’e´tude. 2.1. Participants et proce´dure L’e´tude a e´te´ propose´e a` 12 patients ayant be´ne´ficie´ d’une intervention psychiatrique urgente et d’une orientation vers une hospitalisation de cinq jours dans le service de crise. Les crite`res d’exclusion ont e´te´ la de´compensation psychotique aigue¨ et la de´mence, situations qui rendaient impossibles le consentement, la bonne re´alisation de l’entretien et la compre´hension de l’e´tude par les participants. Douze patients ont e´te´ rencontre´s individuellement. L’invitation a` participer s’est effectue´e par introduction verbale. Une fiche d’information et un formulaire de consentement ont ensuite e´te´ fournis. Les caracte´ristiques sociode´mographiques et les e´le´ments de consultation sont de´crits dans le Tableau 1. Des entretiens individuels semi-structure´s base´s sur un guide d’entretien1 ont e´te´ mene´s avant la premie`re rencontre the´rapeutique avec la psychologue. Les entretiens e´taient enregistre´s sous le format audio. L’objectif e´tait de limiter la perte de donne´es et de permettre au chercheur d’eˆtre pleinement concentre´ et au participant de se sentir e´coute´ [2]. Les entretiens, variant de 1
Le guide d’entretien est pre´sente´ en annexe de l’article.
Pour citer cet article : Meriaux M, et al. Accueillir le patient en crise aux urgences psychiatriques : e´tude du ve´cu subjectif. Ann Med Psychol (Paris) (2018), https://doi.org/10.1016/j.amp.2018.03.011
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Tableau 1 Caracte´ristiques des participants. Part
Sexe
ˆ ge A
Situation de vie
Situation professionnelle
Raison de la venue
1re fois ?
Entre´e
Accompagnant et envoyeur
1
F
44
Aide-soignant
De´pression, ide´es suicidaires
Oui
09/01 16h13
2
M
26
Sans emploi
Suspicion schizophre´nie
Oui
26/12 15h48
Mari PI Seul PI
3
M
59
Chauffeur
Conflit conjugal
Non
14/01 01h00
4
M
41
Chef d’e´quipe en ITT
De´tresse depuis rupture sentimentale
Oui
19/12 15h35
5
F
39
Educatrice en ITT
18/11 21h53
M
28
Demande de mise a` l’abri (patiente diagnostique´e bipolaire) Ide´es suicidaires actives, consommation d’alcool
Oui
6
Non
20/12 17h23
7
F
35
Marie´e 2 enfants Se´pare´ Sans revenu ni logement Marie´ 2 filles Divorce´ Fils Se´pare´e 2 filles Ce´libataire Fille Sans logement En couple
Employe´ en te´le´phonie
Suspicion d’un trouble bipolaire
Oui
20/12 9h29
8
M
45
Ce´libataire
Entrepreneur en baˆtiment
Sevrage toxicologique et ide´es noires
Oui
16/01 10 h
9
M
40
Soudeur choˆmage
Crise d’angoisse, conflit conjugal
Oui
10/01 12h07
10
F
45
Employe´e de ville en ITT
Plaintes de´pressives
Oui
27/12 9h45
11
M
33
Employe´
15/12 a` 23 h
M
50
De´pression majeure, ide´es suicidaires actives Sevrage alcoolique
Oui
12
Divorce´ 3 enfants En couple En couple Fils Marie´ Sans enfant Divorce´ 3 enfants
Non
16/01 a` 9h15
Bucheron sans emploi
Pharmacien
Seul PI Parents Seule PI Police de Charleroi Compagnon et famille Demande du me´decin Ami PI Seul PI Me`re PI E´pouse PI Sœur PI
PI : de sa propre initiative ; ITT : interruption temporaire de travail.
15 a` 60 min, se sont de´roule´s dans un bureau du service d’hospitalisation de crise. Chaque entretien a de´bute´ par une phrase d’amorce permettant a` la rencontre avec le chercheur a` se mettre en place : « Je vous propose, si vous eˆtes d’accord, de prendre le temps de me faire part de votre ve´cu lors de votre arrive´e a` l’accueil des urgences. Prenez le temps de laisser revenir ce moment. Une fois preˆt, pouvez-vous me de´crire comment cela s’est de´roule´ pour vous ? » Par cette approche, le chercheur cre´e les conditions qui visent l’e´veil de ce moment singulier, tout en de´limitant une cible dans le passe´ [32]. Il invite le patient a` se tourner vers son monde inte´rieur, a` diriger toute son attention sur son ve´cu spe´cifique de l’accueil. Cette question initiale s’inspire de la psychophe´nome´nologie, telle que Vermersch [31] l’a conc¸ue. Il s’agit d’un courant qui ouvre l’acce`s a` l’expe´rience subjective du sujet, seule personne capable d’y acce´der et de la de´crire [22]. Par la suite, une se´rie de questions visant a` obtenir des informations de type descriptif, analytique et re´flexif [15] ont e´te´ pose´es afin d’explorer le ve´cu des patients lors de l’accueil et les aider a` avoir un retour critique sur leur expe´rience personnelle. Ainsi, le questionnement re´flexif a permis de faire e´merger des recommandations pour les soignants. Au cours de l’entretien, une position naı¨ve a e´te´ adopte´e par le chercheur et ce, en e´tablissant une e´coute active ou en relanc¸ant le participant afin de l’aider a` partager son expe´rience spe´cifique. La fin de l’entretien se souciait de ve´rifier si tous les domaines de l’accueil avaient e´te´ aborde´s avec chaque patient. 2.2. Analyse des donne´es Les e´tapes d’analyse s’inspirent de l’analyse qualitative de type the´matique, de´crite par Braun et Clarke [6]. Il s’agit d’une me´thode de recherche qui porte sur la retranscription inte´grale de l’entretien et qui vise a` identifier, analyser et re´pertorier les the`mes e´mergents issus de la re´colte de donne´es [6]. Les donne´es
sont identifie´es de fac¸on inductive, sans cadre de codage pre´existant ni inte´reˆts the´oriques du chercheur. Par ailleurs, cette analyse incite a` une activite´ herme´neutique puisqu’il y a une de´marche d’interpre´tation de la part du chercheur. Ce faisant, il construit un savoir interpre´tatif, teinte´ de sa « lentille », mais qui pourra eˆtre confronte´ ulte´rieurement a` d’autres interpre´tations [25]. Graˆce a` cette analyse, qui s’ave`re approprie´e pour re´sumer le grand nombre de donne´es recueillies, les diffe´rentes perceptions subjectives ont e´te´ rassemble´es pour tenter de cerner l’essence de l’expe´rience a` l’accueil des urgences. 3. Re´sultats L’analyse des donne´es a permis d’identifier treize the`mes relatifs a` l’expe´rience subjective de l’accueil. Ces the`mes se re´partissent en quatre axes distincts : l’expe´rience de l’attente, la priorite´ des relations humaines, l’expe´rience des entretiens et enfin les repre´sentations des services d’urgences (Tableau 2). 3.1. L’expe´rience de l’attente 3.1.1. Froideur de la salle d’attente Les propos les plus e´voque´s par les participants sont relatifs a` l’expe´rience de l’ambiance re´gnant en salle d’attente. La salle d’attente est de´crite comme « froide », « grande », « silencieuse », « oppressante », et « de´serte ». Le mot « sinistre » est e´galement apparu au travers du discours des patients. Certains ont e´te´ surpris de constater le peu d’affluence aux urgences. Ce constat pouvait tantoˆt les apaiser tantoˆt les inse´curiser : « Sombre. Oppressante. Oppressante . . . Et personne en face. Hum. Meˆme pas un point ou` on peut se dire ‘‘voila` j’suis en se´curite´, y’a quelqu’un la`’’. Non. Meˆme pas c¸a » (P3). Un manque de confort a e´te´ souligne´. La confidentialite´ a pose´ proble`me a` l’arrive´e lors de l’inscription : « Parce que j’ai pas raconte´, je voulais pas raconter mes affaires a` l’accueil parce qu’il y a
Pour citer cet article : Meriaux M, et al. Accueillir le patient en crise aux urgences psychiatriques : e´tude du ve´cu subjectif. Ann Med Psychol (Paris) (2018), https://doi.org/10.1016/j.amp.2018.03.011
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Tableau 2 Organisation des the`mes de ve´cu subjectif de l’accueil. Axes the´matiques
The`mes
L’expe´rience de l’attente
Froideur de la salle d’attente Temps d’attente juge´ trop long Dynamique des interactions sociales Qualite´s humaines du personnel Image du psychiatre Perceptions des patients quant aux attitudes du personnel Exte´rioriser ses e´motions Entretien comme interrogatoire Incompre´hension du refus de garder Mobilisation de l’entourage L’urgence comme re´ponse imme´diate L’urgence comme solution de dernie`re chance L’urgence comme lieu d’e´coute
Priorite´ des relations humaines
L’expe´rience des entretiens
Repre´sentations des services d’urgences
des gens qui e´taient la`. Moi moi, c¸a ne m’inte´resse pas ce qu’ils disent. Donc, elle a lu le papier. Mais les autres qui sont arrive´s apre`s, ben ils ont raconte´ leur proble`me a` la secre´taire. Je j’trouve pas c¸a normal, j’trouve que c¸a doit eˆtre vraiment a` part » (P1). De ces constats, re´sulte une envie de fuir les lieux : « J’avais envie de venir et dans un sens je ne voulais pas, donc je dois dire que quand je suis arrive´e dans la salle d’attente, j’avais de´ja` envie de faire demitour, c’e´tait vraiment pas accueillant, du tout. C’e´tait froid » (P1). L’ambiance environnante peut devenir un obstacle a` la poursuite des soins. Certains participants rele`vent la part active du cadre sur l’aisance et le bien-eˆtre du patient. Cependant, certains de´clarent que l’esthe´tique des lieux reste secondaire. La souffrance et la demande d’aide paraissent telles qu’ils ne preˆtent pas attention a` l’atmosphe`re des lieux. L’importance premie`re reste l’aspect humain de la prise en charge. Les participants ont e´voque´ quelques suggestions pour ame´liorer l’accueil en salle d’attente. Cela comprenait notamment l’ide´e d’un espace plus convivial, en changeant les couleurs des murs et en proposant un verre d’eau ou une tasse de cafe´ pour « rassurer » les personnes en de´tresse aigue¨. 3.1.2. Temps d’attente juge´ trop long L’expe´rience en salle d’attente est e´galement re´gie par le temps d’attente, juge´ trop long par la majorite´ de nos participants. Dans ce contexte, certains patients se plaignent du manque d’informations sur la prise en charge a` venir, exacerbant l’angoisse et l’appre´hension de´ja` pre´sentes : « Ouais. . . ben j’sais pas moi, on vous laisse la` pendant deux heures sans rien savoir, sans savoir ou` » (P4). Ce temps incertain est source d’incompre´hensions et d’e´prouve´s non rassurants. Des patients s’indignent a` l’ide´e de rester seuls en salle d’attente, accompagne´s de leur angoisse. Les patients de´clarent eˆtre submerge´s par des pense´es et re´flexions, faute de trouver une occupation : « Voila`, et aussi ces espe`ces de chaises la` toute dures. Il fait froid, on a attendu un quart d’heure dehors, il a fait froid. Il faut prendre une de´cision et on est la` sur une chaise comme un con a` se dire ‘‘qu’est-ce qu’on fout la` ?’’ Et puis voila`, et puis quand on se demande qu’est-ce qu’on fout la` eh ben on se rappelle tout ce qui s’est passe´ » (P5). Des sentiments de cole`re ont e´galement e´te´ releve´s suite a` l’attente, et a` la demande d’aide qui n’a pas trouve´ re´ponse dans l’imme´diat : « Je faisais tout pour canaliser mon agressivite´. Parce qu’elle montait, parce que, heu, on vient demander de l’aide, et on la donne pas. C’est c¸a » (P3). L’attente est parfois perc¸ue comme le signe de la de´termination a` se faire soigner. Il s’agit pour certains d’une fac¸on qu’ont les soignants de tester indirectement la motivation du patient quant au soin qui sera apporte´. Un autre e´le´ment important est celui du danger de l’attente. Elle peut eˆtre telle que le patient reparte de lui-meˆme, avec l’angoisse
et la frustration de ne pas avoir rencontre´ l’aide recherche´e : « Je pense pas, la faire attendre x temps parce que si la personne elle souffre vraiment, elle peut faire, si elle attend trop longtemps, elle peut faire des conneries. Et elle peut partir, et c¸a c¸a va eˆtre une aˆme perdue » (P9). Certains participants insistent e´galement sur l’ide´e de placer a` l’accueil une personne qualifie´e qui juge du degre´ de l’urgence, accompagne de manie`re plus soutenue le patient et propose une premie`re orientation the´rapeutique plus rapidement. 3.1.3. Dynamique des interactions L’he´te´roge´ne´ite´ des personnes pre´sentes en salle d’attente peut provoquer des sentiments d’inconfort et d’inquie´tude chez certains patients : « Je me suis pas mise avec les autres, je me suis mise a` part. Parce que je voulais continuer a` discuter avec mon mari, mais je voulais pas que les autres m’entendent » (P1). Le manque d’intimite´ est e´vident. La disposition de la salle d’attente est telle que chacun se trouve coˆte a` coˆte. Les participants expriment clairement leur besoin de se tenir a` l’e´cart des autres. Ces expe´riences activent une prise de conscience chez les patients de leur proble´matique vu le lieu ou` il se trouve. Parfois, l’attente peut eˆtre une occasion d’e´changer avec les autres patients et de se soutenir mutuellement : « Beh heu, heureusement que je parlais avec les autres. Et de´ja`, a` ce moment-la`, quand on parlait ensemble, c¸a nous faisait de´ja` du bien parce qu’on ressentait la souffrance de l’autre. C¸a, de´ja` un avant point, et moi je racontais mon histoire. . . Et c’est bien au moins le respect. Regardez, vous allez dire c¸a a` des gens dehors, ils s’en foutent » (P9). 3.2. La priorite´ des relations humaines 3.2.1. Qualite´s humaines du personnel Le personnel infirmier est de´crit comme « compre´hensif », « structure´ », « a` l’e´coute » et « compe´tent ». La gentillesse du personnel a e´te´ signale´e a` plusieurs reprises. Cette ide´e colore de manie`re ge´ne´rale le de´roulement des entretiens, ou` des sentiments d’aise et re´assurance se manifestent. En somme, la chaleur du personnel semble compenser la froideur des lieux : « Alors les sie`ges en me´tal c’est, c’est tre`s froid. Mais c¸a c’est pas lie´ a` la dame parce que elle, elle compense e´norme´ment. Elle rassure bien, elle structure bien et c¸a guide de manie`re ge´ne´rale » (P7). L’aspect humain est ainsi un e´le´ment essentiel pour nombre de patients. C’est pourquoi il doit eˆtre l’objet de nombreuses re´flexions et attentions. 3.2.2. Image du psychiatre lors du premier contact Le me´decin psychiatre est souvent distingue´ du personnel infirmier. Il est de´crit comme une « personne froide » et hautaine, exempte de qualite´s relationnelles : « Le psychiatre est au-dessus de la patiente « je sais ce que je fais » (P5).
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Parmi les fonctions du me´decin, l’une d’entre elles est l’annonce de la de´cision d’orientation. L’issue de cette de´cision peut colorer la perception que le patient a du me´decin. Un refus ame`ne souvent a` ce genre de discours chez les patients, avec l’impression de ne pas avoir e´te´ compris. Les participants expriment le de´sir d’eˆtre traite´s sur un pied d’e´galite´, et que le me´decin psychiatre soit davantage dans l’empathie. Cela les aiderait a` se sentir compris et soutenus. 3.2.3. Perceptions des patients quant aux attitudes du personnel Parmi les trois sous-the`mes pre´sents, l’impression de de´ranger a e´te´ releve´e : « Ah la secre´taire. Ouais, elle e´tait pas tre`s sympa, hein. Elle e´tait. Moi j’appelle c¸a une sœur sourire. C¸a veut dire qu’elle ne sourit pas quoi, elle est pas accueillante du tout. Et on voyait bien qu’elle raˆlait parce qu’elle arrivait pas a` lire le le papier du me´decin. Vous voyez bien. J’avais l’impression qu’on l’emmerdait plus qu’autre chose » (P1). Pour certains participants, la premie`re impression est celle de ne pas avoir e´te´ pris au se´rieux a` l’accueil. Ils gardent en eux la croyance que le personnel se concentre sur un e´le´ment spe´cifique du ve´cu et non global (e.g. e´tat d’e´brie´te´, prise de toxique, etc.). Enfin, d’autres te´moignages sous-tendent l’ide´e d’une association entre « eˆtre un patient » et « eˆtre un nume´ro ». L’impression de ne pas eˆtre pris au se´rieux peut donc eˆtre rattache´e a` ce sousthe`me, mais e´galement a` l’ide´e de ne pas eˆtre conside´re´ comme un eˆtre humain : « C’est ce qu’on est non ? C’est ce qu’on est quand on rentre ici, on est qu’un nume´ro de toute fac¸on. Des patients vous en voyez j’sais pas combien sur un mois, sur une semaine donc. . . on n’est qu’un nume´ro, voila` » (P4). 3.3. L’expe´rience des entretiens 3.3.1. Exte´rioriser ses e´motions En poussant la porte des urgences, les patients sont souvent dans un e´tat de confusion, de´borde´s par l’angoisse. Ils de´crivent souvent cet instant de manie`re vague, avec une difficulte´ a` se reme´morer les pense´es et e´motions qui les traversaient. Les entretiens sont alors la premie`re occasion pour restructurer leurs pense´es. Un des participants de´crit un « accueil sans jugement », avec le droit d’aller mal et de l’exprimer, sans peur d’eˆtre juge´. L’entretien d’accueil est appre´hende´ comme un moyen d’exte´rioriser ses e´motions : « De mouchoirs ! Parce que je faisais que c¸a (rires). L’infirmie`re m’a donne´ une boite, je l’ai dans la chambre, une boite. Ben oui, parce que je, non c’est, c¸a fait du bien ! C¸a fait tellement, c¸a faisait longtemps, longtemps » (P9) La souffrance est la principale e´motion qui ressort des entretiens d’accueil, accompagne´e souvent d’un e´tat d’anxie´te´ diffuse difficilement ge´rable. Cependant, l’autorisation a` la libre expression des mots, des e´motions et des sensations lors du moment de l’accueil cre´e un re´el bienfait. Certains se disent d’ailleurs soulage´s apre`s cette premie`re rencontre. 3.3.2. L’entretien comme interrogatoire A` l’inverse, l’entretien peut eˆtre ve´cu comme un ve´ritable interrogatoire avec des questions subies comme une agression : « J’vous dis c’est des, c’est des questions froides, c’est, c’est, c’est tout le temps la meˆme chose qui revient. Vous voulez quoi ? Vous voulez quoi ? Vous voulez quoi ? Tout le temps » (P4). L’impression de ne pas avoir e´te´ compris et e´coute´ peut alors e´merger. La prise de note de l’infirmier conduit e´galement a` ce sentiment. Aussi, nous repe´rons parfois un agacement du patient a` devoir re´pe´ter son histoire et les raisons de sa venue : « Bah indirectement c’est toujours un roˆle, j’vous dis c’est toujours un roˆle re´pe´titif. ‘‘Ditesmoi un petit peu ce que vous avez ve´cu heu’’, bah voila` et on est reparti pour heu, pour un grattage de feuille et heu voila`. . . » (P12.)
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Il est compre´hensible que la succession des entretiens puisse constituer un re´el ennui. En effet, le patient peut eˆtre amene´ a` e´voquer des e´le´ments, qui seront difficiles de renouveler dans d’autres entretiens. Par conse´quent, les participants soulignent un roˆle re´pe´titif a` endosser, et l’impression d’eˆtre un « perroquet ». 3.3.3. Incompre´hension du refus de garder Le travail d’accueil se conclut par une proposition d’orientation. De cette e´tape de´coulent de nombreuses e´motions qui vont de la re´assurance d’eˆtre garde´ a` celle d’une totale incompre´hension face au renvoi a` domicile : « Mais ce que je trouve aberrant c’est que on vous e´coute, on notifie heu. . . on vous e´coute, on notifie, ‘‘oui merci au revoir heu, on ne sait rien faire’’. J’trouve c¸a un peu aberrant » (P12). Un sentiment d’incompre´hension peut eˆtre renforce´ par le fait qu’aucune rencontre the´rapeutique ne soit accorde´e avec un psychologue ou un psychiatre a` l’issue de l’entretien d’accueil. Des sentiments de cole`re sont constate´s au travers du discours des participants. De surcroıˆt, nous relevons un re´el danger de pre´cipiter les personnes vers la sortie. Principalement, le risque est celui d’un passage a` l’acte. D’ailleurs, nous constatons que ce sont principalement les personnes avec des comportements suicidaires qui ne se sentent ni e´coute´es ni comprises. Finalement, les participants e´mettent l’ide´e de proposer aux patients une hospitalisation provisoire d’une nuit ou un retour le lendemain a` l’unite´, pour calmer l’angoisse : « Mais si y’a des tendances suicidaires, y’a peut-eˆtre moyen de garder une nuit, on va le laisser au calme, il va se calmer, demain on en discutera et on le laissera sortir s’il le faut » (P3). 3.3.4. Mobilisation de l’entourage L’entourage est souvent invite´, suite a` l’accord du patient, a` se joindre a` l’entretien d’accueil. D’un coˆte´, leur pre´sence est un re´el be´ne´fice afin de re´assurer et apaiser. De ce fait, les se´parations apre`s les entretiens sont souvent ve´cues difficilement, et dans la solitude : « . . .la meˆme chose, ce qui est dur c’est quand on doit laˆcher un peu la famille qui est la` s’en va, la` c’est un moment difficile c¸a » (P10). D’un autre coˆte´, l’entourage est davantage appre´hende´ comme une surcharge a` ge´rer. Principalement lorsque ces derniers sont active´s par diverses e´motions et les expriment ouvertement. Un participant aurait pre´fe´re´ eˆtre accueilli sans l’entourage. En plus de vouloir relater des choses en prive´e, il ne s’est pas senti au centre de l’attention du me´decin : « Ben oui parce que je regardais le psychiatre et je le regardais parce qu’il regardait toujours ma me`re, et je le regarde et je lui dis ‘‘c’est moi la patiente, je sais que vous vous calquez sur le non verbal de ma maman, qui est tre`s expressive aussi’’. On se ressemble assez fort hein, mais je lui dis ‘‘la` c’est moi’’ » (P7). 3.4. Repre´sentations des services d’urgences 3.4.1. L’urgence comme re´ponse imme´diate Les patients poussent la porte du service d’urgence, car ils sont en demande d’aide et de re´ponses imme´diates. Ils se trouvent dans un e´tat subjectif d’urgence, ou` leur pense´e est souvent de´sorganise´e. Ainsi, ils voient en ces services une re´ponse instantane´e : « Donc c¸a veut dire ‘‘au secours, j’ai besoin d’aide tout de suite. J’peux plus attendre’’ » (P8). Ces repre´sentations, pre´alablement construites, ne se sont pas confirme´es a` l’entre´e aux urgences. Ce fait est a` relier avec l’attente juge´e souvent trop longue. 3.4.2. L’urgence comme solution de dernie`re chance Le service d’urgence est souvent le dernier « point d’ancrage » pour les patients. Ces derniers arrivent aguerris de solutions de´ja` tente´es, mais qui ont e´choue´. Ils expriment alors une incapacite´ a` s’en sortir seul. L’urgence est alors appre´hende´e comme solution
Pour citer cet article : Meriaux M, et al. Accueillir le patient en crise aux urgences psychiatriques : e´tude du ve´cu subjectif. Ann Med Psychol (Paris) (2018), https://doi.org/10.1016/j.amp.2018.03.011
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de dernie`re chance, accompagne´e parfois d’attentes magiques ou` changement et gue´rison imme´diate sont espe´re´s : « et d’un autre coˆte´ j’me dis ‘‘y’a pas d’avance parce que toute seule tu peux plus t’en sortir, c’est pas faisable’’ . . .(pleurs). . . il faut vraiment de l’aide parce que sinon c¸a va mal finir, c¸a va mal finir, j’vais faire une beˆtise » (P10). Le fait de pousser la porte et de se sentir contenu par l’institution aide les patients a` se sentir mieux : « Donc du coup je panique, je vais vite aux urgences, pour rien. Une fois que j’arrive aux urgences, je m’assis, je prends un jus d’orange et tout va mieux » (P2). 3.4.3. L’urgence comme lieu d’e´coute Les participants expriment le besoin d’une e´coute attentive et le de´sir de « vider leur sac » : « Et la`, je pleurais. J’ai dit ‘‘attends regarde, j’suis tout seul, isole´ la`’’. J’ai besoin de parler, oui » (P9). L’outil essentiel du personnel des urgences ne serait-il pas sa capacite´ d’e´coute ? Un participant illustre cette ide´e en distinguant l’aide que l’on peut trouver a` l’exte´rieur avec celle d’un service d’urgence : « C’est pour c¸a que je dis, parler a` avec des gens exte´rieurs qui n’ont jamais eu de proble`mes, c¸a sert a` rien. Ils vont vous e´couter, et ils vont se dire ‘‘roh, c’est quand qu’il a fini de parler ? Parce que je commence a` en avoir marre. Rah pff, je m’en fous de ses proble`mes. Voila`, pourquoi il me raconte c¸a ?’’ Non, non. Les gens ici, ils comprennent. . . » (P9).
4. Discussion La salle d’attente apparaıˆt comme un lieu susceptible d’augmenter l’angoisse pour les patients. Premie`rement, l’aspect physique constitue un facteur non ne´gligeable de cette sensation. La froideur des lieux et le manque de confort sont des caracte´ristiques releve´es dans d’autres recherches [10,20]. De ce fait, il est inte´ressant de savoir que notre re´action a` l’ambiance de´pendrait de la fac¸on dont on est accueilli et de la fac¸on dont les soignants investissent les lieux et leur travail [24]. Il ne s’agit donc pas que d’une question de bon entretien des locaux ou de de´coration. Le ve´cu face a` l’ambiance de la salle d’attente peut refle´ter la fac¸on dont les patients se sont sentis traite´s et accueillis. Deuxie`mement, l’angoisse est e´galement favorise´e par une longue dure´e d’attente et un manque d’informations de`s l’accueil. Cette attente peut influer sur le ve´cu de l’accueil et ge´ne´rer des re´actions d’agressivite´ ou de fuite [7]. Comme l’a e´galement note´ Zun [20], un temps d’attente prolonge´ avec un minimum de soins offerts peut aller de pair avec l’augmentation de l’agitation et de la de´tresse. C’est ce que refle`tent nos re´sultats. Les participants soulignent l’e´preuve qu’est de rester seul en salle d’attente et souhaiteraient eˆtre accompagne´s lors de ces temps. De`s lors, un re´ame´nagement des lieux pourrait eˆtre pense´ suite aux propositions des participants. Pourquoi ne pas instaurer une ide´e de progression de la salle d’attente ? Ainsi, le patient aura l’impression « d’avancer » de`s son inscription, en parcourant diverses salles et ambiances, tout en s’assurant de la confidentialite´ au guichet d’accueil. E´galement, l’infrastructure serait a` moderniser afin de d’ame´liorer la fac¸on dont le patient se sentira accueilli, mais aussi la fac¸on dont le personnel habitera les lieux. Finalement, nous en sommes venus a` conside´rer la salle d’attente comme un lieu d’agitation, de souffrance et de frustration. Mais si cette salle profitait a` autre chose que d’attendre ? C’est ce que proposent certains participants de notre e´tude en s’apportant une aide et un soutien mutuel. Nos re´sultats renforcent l’ide´e de l’importance des relations humaines lors de la prise en charge aux urgences. Elle apparaıˆt centrale chez tous les patients recrute´s. En de´finitive, les compe´tences relationnelles ont e´te´ appre´cie´es. Mieux, elles compenseraient la froideur et l’aspect clinique des lieux. Notre
e´tude rele`ve plus d’aspects positifs lors des interactions patientspersonnels que d’autres e´tudes, comme celle d’Harris et al. [20]. Leurs conclusions re´ve`lent que la communication « patients-infirmiers » dans un service d’urgence a` l’hoˆpital ge´ne´ral peut eˆtre une faible priorite´. Employe´e avec une attitude respectueuse et empathique, elle serait la cle´ de l’ame´lioration du patient et de la diminution du stress du personnel. Les services d’urgences psychiatriques auraient-ils re´ussi le pari d’une meilleure qualite´ des e´changes entre patients et intervenants ? Contrairement aux infirmiers, le me´decin psychiatre n’a pas e´te´ investi de manie`re positive. Il a e´te´ qualifie´ de froid, hautain et exempt de qualite´s relationnelles. A` la lumie`re de ces re´sultats, nous constatons que le patient s’identifie plus facilement aux infirmiers. Les participants se sont vite sentis juge´s par un me´decin qui repre´sente la fonction « diagnostic-traitement ». Les intervenants des urgences doivent bien e´videmment eˆtre qualifie´s pour effectuer des alliances efficaces avec les patients, perc¸ues comme l’objectif essentiel de l’intervention premie`re [12]. Si ce n’est le cas, ces rencontres peuvent exacerber la de´tresse du patient et entraver la poursuite des soins [33]. C’est ce que nous avons constate´ pour certains de nos participants, ou` des sentiments de cole`re et d’agressivite´ ont e´te´ active´s par les membres de l’e´quipe lors des entretiens. Il s’ensuit de l’amertume et de la me´fiance pour la suite de la prise en charge. Les re´sultats montrent e´galement la fac¸on dont les attitudes du personnel peuvent influer sur l’expe´rience du patient et sur la de´tresse de´ja` pre´sente. L’impression de de´ranger, de ne pas eˆtre pris au se´rieux et d’eˆtre traite´ comme un nume´ro e´taient des sousthe`mes saillants. Ces personnes ont estime´ que leurs proble`mes n’ont pas e´te´ juge´s avec importance et attention. Ceux souffrant d’une proble´matique alcoolique se sont sentis stigmatise´s et traite´s diffe´remment des autres. Et des personnes avec des comportements suicidaires ont de´crit des sentiments ne´gatifs chez les membres du personnel, et se sont senties ni e´coute´es ni comprises. En effet, des phe´nome`nes de rejet incluant un manque d’empathie peuvent eˆtre reconnues et observe´s par des infirmie`res envers les patients alcooliques [19]. Aussi, il semblerait que le comportement suicidaire suscite surtout des sentiments ne´gatifs chez les intervenants [34]. Non reconnues et traite´es, ces attitudes peuvent conduire a` une libe´ration pre´mature´e d’un patient a` risques [34]. Il est important de re´fle´chir sur ce qui est transmis et de s’assurer que des attitudes ne´gatives n’interfe`rent pas avec l’aptitude a` prendre en charge le patient. Afin d’e´viter les risques de passage a` l’acte au sortir des urgences, des outils d’e´valuation devraient eˆtre utilise´s comme comple´ment pour de´terminer d’une orientation ou non a` domicile. Les entretiens ont e´te´ investis par les participants comme un moyen de se libe´rer de leurs e´motions. Dans ces bureaux, les patients s’autorisent a` aller mal et a` le dire. Nous retrouvons la spe´cificite´ clinique de l’entretien d’urgence qui est celle d’un passage de l’agir a` la mentalisation [30]. Ne´anmoins, les entretiens d’accueil sont souvent assimile´s a` un interrogatoire. Des sentiments d’agacement ont e´te´ exprime´s chez les participants en raison du fait qu’ils doivent re´pe´ter maintes fois leurs histoires et re´pondre aux meˆmes types de question. L’impression de ne pas avoir e´te´ entendu de´coule souvent de ces entretiens. Cette difficulte´ peut eˆtre explique´e par le fait que le premier entretien est « le temps de l’expression des e´motions et de messages qui ne seront plus re´pe´te´s » [13]. En de´pit de la re´duction d’entretiens et d’intervenants au service d’urgences psychiatriques, il semble toujours difficile pour la personne en crise de re´aborder les e´le´ments de son histoire. Ces messages doivent donc faire l’objet d’une vive attention et sont vite ane´antis si l’accueil par l’e´quipe n’est pas optimum. L’annonce de la de´cision d’orientation peut eˆtre ve´cue de manie`re brutale par les patients, surtout lorsqu’il s’agit d’un retour
Pour citer cet article : Meriaux M, et al. Accueillir le patient en crise aux urgences psychiatriques : e´tude du ve´cu subjectif. Ann Med Psychol (Paris) (2018), https://doi.org/10.1016/j.amp.2018.03.011
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a` domicile. Ils se sentent souvent abandonne´s par le syste`me de soins et livre´s a` eux-meˆmes. En effet, la maturation avant de faire appel a` une aide exte´rieure est parfois longue, et le fait d’annuler cette de´marche peut engendrer des sentiments de cole`re et d’incompre´hension [4]. Le risque est de perdre de´finitivement le patient, la confiance qu’il e´tait preˆt a` nous accorder, et l’ouverture au changement qui e´tait a` saisir. La personne qui se rend aux urgences doit e´galement se confronter a` un changement de statut. En effet, la souffrance et l’angoisse de l’entre´e dans le roˆle du « malade » se greffent a` la souffrance de l’e´tat du patient. Pouvons-nous modifier notre attitude et l’ambiance de l’institution pour accueillir la personne non pas en tant que patient, mais en tant que personne individualise´e et a` part entie`re ? Les intervenants de crise insistent sur la ne´cessite´ de travailler au cas par cas [16]. En conside´rant que la crise s’inscrit dans une logique relationnelle [16], il importe de solliciter l’entourage lors de cette prise en charge. Cependant, l’arrive´e aux urgences est souvent ve´cue comme un traumatisme par l’entourage, et la se´paration comme un choc [13]. Il arrive que certains patients ressentent une pression en plus face aux de´bordements familiaux. Ne´anmoins, les re´sultats de´montrent que l’entourage reste une ressource essentielle pour re´assurer et apaiser le patient de´signe´. Au sein du dernier axe the´matique, nous retrouvons les e´le´ments de l’urgence psychiatrique, telle que sa de´finition la conc¸oit. Nos participants de´crivent un sentiment d’urgence qui implique une re´ponse imme´diate. Un seuil de tole´rance semble eˆtre de´passe´, ou` la personne e´prouve une incapacite´ a` s’en sortir seule. L’urgence devient un lieu d’accueil apre`s l’e´puisement de toutes les autres solutions, mais e´galement l’objet de fantasmes. Ce service est perc¸u pour certains comme la solution de dernie`re chance. Les intervenants de la crise endossent une fonction un peu magique, et sont investis comme capables de conjurer l’angoisse qui habite les patients [5]. Enfin, un the`me essentiel et qui parcourt chacun des axes the´matiques est celui d’un besoin d’e´coute. Il semble eˆtre satisfait pour la plupart des participants a` notre recherche. Le service d’urgence est investi comme seul lieu capable d’accorder une e´coute, sans jugement, avec l’autorisation d’exprimer sa souffrance. Cependant, l’e´coute peut devenir la grande oublie´e lorsque l’urgence ame`ne le risque de la court-circuiter lors des premiers temps de rencontre. C’est sur ces dimensions d’e´coute et de compre´hension que les patients en crise insistent dans les propositions d’ame´lioration de prise en charge. L’e´tude de Shattel et al. [28] rele`ve aussi cet e´le´ment. L’essentiel serait d’envelopper la personne de paroles. Ce bain de paroles se transformerait en enveloppement psychique, essentiel au de´veloppement d’un moipeau [21]. L’instauration d’un moi-peau participera ensuite a` la cicatrisation d’expe´riences traumatiques pre´coces, et assurera a` l’appareil psychique la constance d’un bien-eˆtre de base [21]. Il s’agit pour ces patients de l’importance d’une pre´sence de`s l’accueil. N’est-ce apparemment pas la chose la plus simple, la plus profonde, la plus authentique ? Il serait fort inte´ressant d’approfondir cette donne´e de « pre´sence ». Nous pensons qu’elle est la cle´ de de´part, comme tout long e´change avec un patient. L’objectif est de permettre a` la personne de passer a` l’e´tape ou` elle s’autorise a` parler de sa souffrance, puis a` celle ou` elle va pouvoir la conside´rer comme une donne´e qui peut eˆtre « soulage´e » par un personnel compe´tent, reconnu par la socie´te´. L’accueil cherche a` exister avant, et il nous faut simplement installer un double temps d’accueil : humain d’abord, et the´rapeutique ensuite.
5. Conclusion Notre e´tude qualitative a permis de mettre en e´vidence diffe´rents aspects du ve´cu subjectif des patients face a` l’accueil
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des urgences psychiatriques. Ces re´sultats offrent plusieurs pistes de re´flexion pour les professionnels de la sante´ mentale, qui font face ou feront face un jour a` une/des situation(s) de crise. Ils peuvent s’inspirer de ces constats pour comprendre les besoins et volonte´s des personnes en de´tresse psychique et ainsi re´fle´chir sur les pratiques approprie´es. Comprendre les re´percussions sur les patients permet d’avoir une re´action ade´quate et d’offrir un soin adapte´. Si l’enjeu d’une communication de qualite´ et de la relation patient-soignant est de premie`re importance pour ame´liorer le ve´cu du patient a` l’accueil, il l’est aussi pour le professionnel. Cette e´tude peut, de ce fait, avoir une certaine pertinence tant pour les institutions traitant de la crise et de l’urgence que pour les patients qui s’y rendent, et ce meˆme s’il existe des diffe´rences importantes entre les services et les pratiques cliniques. Qui plus est, des ame´liorations dans ces services de crise d’urgence psychiatrique sont encore a` e´laborer. Cette the´matique de recherche qu’est l’expe´rience de l’accueil fait actuellement l’objet d’une the`se afin de poursuivre nos re´sultats et de les e´tendre a` d’autres institutions de Belgique et de France. Ces situations de crise posent e´galement la question du ve´cu de l’entourage qui accompagne le patient de´signe´. Sa souffrance peut eˆtre bien plus e´prouvante que ne le pensent les soignants. La pense´e syste´mique ne dit-elle pas que lorsque le patient est en crise, c’est tout le syste`me qui l’est ? Ce point sur l’expe´rience de l’entourage a` l’accueil des urgences ne´cessiterait d’eˆtre approfondi dans des e´tudes ulte´rieures. De´claration de liens d’inte´reˆts Les auteurs de´clarent ne pas avoir de liens d’inte´reˆts. Re´fe´rences [1] Allen MH, Carpenter D, Sheets JL, Miccio S, Ross R. What do consumers say they want and need during a psychiatric emergency? J Psychiatr Pract 2003;1:39– 58. http://dx.doi.org/10.1097/00131746-200301000-00005. [2] Antoine P, Smith JA. Saisir l’expe´rience : pre´sentation de l’analyse phe´nome´nologique interpre´tative comme me´thodologie qualitative en psychologie. Psychol Fr 2016. http://dx.doi.org/10.1016/j.psfr.2016.04.001 [ISSN 00332984]. [3] Baillon G. Les urgences de la folie : l’accueil en sante´ mentale. Paris: Gae¨tan Morin; 1998. [4] Baillon G. Le de´but des soins en psychiatrie de secteur : un trauma de plus ou un accueil ? Rev psychother psychanal group 2004;42:117–38. http:// dx.doi.org/10.3917/rppg.042.0117. [5] Baldo E, Ivanov S, Ferrie`re Z, Birembaux C, Eschallier L. Les urgences 20 ans apre`s re´flexions sur les urgences, la psychiatrie et la socie´te´. Info Psychiatr 2006;82:576–7. http://dx.doi.org/10.3917/inpsy.8207.0571. [6] Braun V, Clarke V. Using thematic analysis in psychology. Qual Res Psychol 2006;3:77–101. http://dx.doi.org/10.1191/1478088706qp063oa. [7] Brivet F, Guy J, Bernez MP, Cherin P, Galanaud P, Giraud A, et al. E´valuation de la consultation dans un service d’urgence. Reanim urg 1992;1:712–7. http:// dx.doi.org/10.1016/S1164-6756(05)80023-4. [8] Brousse G, Durand Roger J, Geneste J, Jalenques I. Urgences et crises : e´closions ou re´solutions ? Ann Med Psychol 2007;165:729–36. http://dx.doi.org/ 10.1016/j.amp.2007.10.006. [9] Bruffaerts R, Sabbe M, Demyttenaere K. Who visits the psychiatric emergency room for the first time? Soc Psychiatry Psychiatr Epidemiol 2006;41:580–6. http://dx.doi.org/10.1111/inm.12040. [10] Clarke D, Usick R, Sanderson A, Giles-Smith L, Baker J. Emergency department staff attitudes toward Mental health consumers: a literature review and thematic content analysis. Int J Men Health Nurs 2014;23:273–88. http:// dx.doi.org/10.1111/inm.12040. [11] Declercq M. Urgences psychiatriques et interventions de crise. Paris/Bruxelles: De Boeck; 1997. [12] De Clercq M. Quelle politique de prise en charge des urgences psychiatriques ? Reanim Urg 2000;9:279–87. http://dx.doi.org/10.1016/S1164-6756(00)80007-9. [13] Dehem G. Accueil de l’urgence en psychiatrie : de l’impasse a` l’ouverture ?In: The`se pour le diploˆme d’e´tat de docteur en me´decine. Lille 2: Universite´ du droit et de la sante´; 2014 [Repe´re´ a` : http://pepite-depot.univ-lille2.fr/nuxeo/ site/esupversions/5bf885cc-3298-4dad-8b17-8633bef5ce3c.]. [14] Denis J, Vermeiren E, Deschietere G. Soins me´dicopsychologiques dans une unite´ de crise et d’urgences psychiatriques. Ann Fr Med Urg 2012;2:310–6. http://dx.doi.org/10.1007/s13341-012-0217-6. [15] Denis J. E´valuation des processus the´rapeutiques a` l’œuvre dans la clinique de crise : Analyse du ve´cu des actions the´rapeutiques d’intervenants-experts.
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Pour citer cet article : Meriaux M, et al. Accueillir le patient en crise aux urgences psychiatriques : e´tude du ve´cu subjectif. Ann Med Psychol (Paris) (2018), https://doi.org/10.1016/j.amp.2018.03.011