L' endocardite sur canal atrio-ventriculaire (CAV) est exceptionnelle. Les streptocoques du groupe G sont responsables de 1 % des cas d'endocardites (1). Nous rapportons une endocardite ~t streptocoque G sur cardiopathie cong6nitale type de CAV chez un adulte. Mr Z.A., ,~g6 de 32 ans, a eu une otite purulente droite le 30 aofit 1995, trait6e par la p6nicilline A ~ la dose de 1,5 g/j et pour une dur6e de 5 jours. Le 10 octobre, il est hospitalis6 pour une fi6vre ~ 40~ avec frissons et un souffle holosystolique de 3/6 au foyer mitral. I1 existe alors un syndrome d'hypertension art6rielle pulmonaire. Le rythme cardiaque est r6gulier et la pression art6rielle est de 160/80 mmHg. L'examen ORL objective une perforation du tympan droit. Le pr6l~vement bact6riologique au niveau de l'oreille ne d6c61e pas de germe. La radiographie du thorax note une cardiom6galie aux d6pens du tronc de l'art~re pulmonaire ainsi qu'une hypervascularisation pulmonaire. L'61ectrocm'diogramme ne montre pas de troubles de rythme ou de conduction. La vitesse de s6dimentation est ~t 130 mm la premi6re heure, avec une an6mie ~t 8 g/100 ml, hypochrome, normocytaire. Une h6maturie microscopique et une albuminurie ~t 3 g/24 h sont d6cel6es. La fonction r6nale est normale. Trois h6mocultures sont positives ~ un su'eptocoque du groupe G, sensible ~ la p6nicilline G. L'6chocardiographie r6v~le un CAV partiel. La grande valve mitrale est le si~ge d'une fente mitrale et d'une v6g6tation de 12 sur 9 mm, mobile avec la cin6tique valvulaire. Au Doppler couleur et puls6, on note une fuite mitrale grade II ~t III. Le malade est trait6 par p6nicilline G (20 M/j), pendant 6 semaines et gentamicine (3 mg/kg/j) pendant 2 semaines. L'apyrexie est obtenue en 4 jours, le syndrome inflammatoire r6gresse, l'h6maturie et l'albuminurie disparaissent au bout de 2 semaines. Le malade a refus~ la correction chirurgicale de sa cardiopathie. Une arythmie compl6te par fibrillation auriculah'e est apparue par la suite. Le recul est actuellement de 12 mois sans signes d'insuffisance cardiaque. Les endocardites ~ streptocoque du groupe G repr6sentent moins de 1 % des cas d'endocardite infectieuse (EI). Dans une revue de 4 705 cas d'EI, 166 (3,5 %) 6taient dus ~t des streptocoques 13 h6molytiques. Quatorze 6taient des streptocoques du groupe G (1). Ceux-ci font pattie de la flore normale du nasopharynx, de la peau et du tractus g6nital (2). Dans notre observation, la porte d'entr6e de l'endocardite peut ~tre otologique, car il n'a 6t6 trouv6 de 16sions ni au niveau de l'oropharynx, ni au niveau du tractus g6nital. Les endocardites ~t streptocoques G touchent surtout les sujets ~g6s avec de multiples tares (3). I1 s'agit, le plus souvent, d'endocardites aigu~s rapidement destructrices. Le streptocoque G est tr~s sensible ~t la p6nicilline G e t l'6volution, apr6s traitement antibiotique par b~ta-lactamine et aminoglycoside, est favorable. L'endocardite complique exceptionnellement les CAV. Dans une 6tude de 68 endocardites survenues chez des enfants, la CAV n'a 6t6 retrouv6e que dans 1 cas (4).
675
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Activit6 compar6e du c6fotaxime et de la ceftriaxone sur Streptococcuspneumoniae* M. ROUSSEL-DELVALLEZ**, F. DELPIERRE**, T. BENSAID***, H. CHARDON***, O, BELLON***, et R. COURCOL***
SUMMARY
COMPARATIVE ACTIVITY OF CEFOTAXIME AND CEFTRIAXONE ON 203 STRAINS OF STREPTOCOCCUS PNEUMONIAE
The evolution of antimicrobial resistance of Streptococcus pneumoniae requires the determination of the MICs to antibiotics, particularly g-lactams. The third-generation cephalosporins are the empirical drugs of choice for pneumococcal infections, essentially meningitis, in areas of the world where penicillin-resistant pneumococci are prevalent. The aim of this study was to compare the MIC of cefotaxime and ceftriaxone obtained by the reference agar dilution method. The results showed a complete equivalence of the two molecules against S. pneumoniae. K e y - w o r d s : Streptococcus pneumoniae - Cefotaxime Ceftriaxone. Mots-el~s : Streptococcus pneumoniae - C6fotaxime Ceftriaxone.
* Re~u le 22.6.98. Acceptation d6finitive le 14.9.98, ** Laboratoire de Bact6riologie-Hygi~ne, H6pital A. Calmette, Boulevard du Pr. Leclercq - F-59037 Lille Cedex. *** Laboratoire de Bact6riologie-Hygi~ne,CH, Avenue du Tamaris F- 13616 Aix-en-Provence Cedex.
L'~volution de la sensibilit6 de Streptococcus pneumoniae notamment aux g-lactamines (1) ndcessite des d6terminations fr~quentes des concentrations minimales inhibitrices (CMI) (2) soit par la m6thode de r~f6rence, de dilution en g61ose, soit par des m6thodes plus utilis~es en routine comme le E-Test (AB Biodisk, Solna, Suede) ou la nouvelIe galefie ATB Pneumo (bioM6rieux, France). Cette galerie permet de r6aliser ~ la fois un antibiogramme standard avec 7 antibiotiques et la CMI pour 3 g-lactamines : p~nicilline G, amoxicilline et c~fotaxime. Ces deux m6thodes ont montr6 une bonne concordance avec la m6thode de r6f6rence pour les diff6rents antibiotiques test6s (3,4). Lorsqu'une c6phalosporine de troisi6me g~n6ration est indiqu~e, il est recommand6 de prescrire soit le c6fotaxime soit la ceftriaxone (5,6). De fas computer l'activit6 de ces deux mol~cules, nous avons d~termin~ leurs CMI par la m~thode de dilution en g~lose. Deux cent trois souches de S. pneumoniae ont ~t6 isol~es de patients de deux centres hospitaliers (dont un universitaire), pendant le deuxi~me semestre 1997. Parmi ces souches, 40 souches (19,7%) 6talent sensibles & la p6nicilline G et 96 souches (17,3%) interm6diaires ~ la pgnicilline G. Quatre souches de r6f6renee ATCC (53858, 49619, 16000, 32475) ont 6t6 udlis6es pour contr61e de qualit& Elles ont 6t6 choisies pour leur caract~re de r~sistance ~ la p~niciltine : 53858 sensible (0,016 mcg/mL), 49616 et 16000 de sensibilit~ interm6diaire (0,25 et 0,5 mcg/mL) et 32475 resistante (4 mcg/mL).
=>CMI 50 : CEFOTAXIME / C E F T R I A X O N E
250 Nombre de souches 200
~
TOTALITI~
DESSOUCHE$
150100 50
[, C6fotaxim, [ 9Ceffriaxom
0
o oa
oh6
J
o12
Les r6sultats confkrment l'~quivalence des deux molecules : c6fotaxime et ceftriaxone. B e s t donc possible en routine, pour le microbiologJste de ne tester qu'une seule de ces c6phalosporines de troisiSme g6n6ration et d'en d6duire la r6ponse pour 1' autre molecule. 676
i
ors
,; CMI tag/mL
40 35 30 25 20 15 10 5 0
'
Nombre de souches
SOUCHES SENStBLES
/
,t/
I,C,otx,me] i
0.003
i
o.o1
0.03
' 0.125
o. 6
gg/mL
CMI
La ddtermination de la CMI de la ceftriaxone et du c~fo- 10o- Nombre de souches taxime a 6t~ r6alis6e par la m6thode de dilution en g61ose (4). Apr~s une culture de 18 h, les souches ont 6tfi repiqu6es duns un milieu de Todd-Hewitt et mises en agitation 3 ~14 h ~l 60" 37~ ; des gammes d'antibiotiques ont ~t~ pr@ar6es et incorpor~es ~ la g~lose Mueller-Hinton additionn~e de 5% de sang 40" de cheval. L'inoculum a 6t~ dilu~ afin d'obtenir un d6p6t de 104 bact~ries par spot. Les souches ont 6t~ ensemenc~es/t la surface des g61oses g l'aide de l'ensemenceur ~ t~tes multiples (type Steers). Apr6s une incubation de 18 h ~ 37 ~ C, 0 ~ sous CO2, la CMI con'espond ~ la plus faible concentration o.oa o.;6 o.'12 d' antibiotique inhibant la culture bact6rienne. Les r6sultats montrent que les CMI50 sont identiques pour les deux molfcules : pour la totalit~ des souches eIle est de 0,5 vg/mL (figure 1). Pour les souches sensibles 5 la p6nicilline G, la CMIS0 est de 0,015 ~tg/mL : duns cette cat6gorie, les CMI sont identiques pour le c6fotaxime et la c6ftriaxone pour 32 souches et different d'une dilution pour 8 souches. Pour les souches de sensibilit6 interm6diaire ~ la p6nicilline G, la CMI50 est de 0,5 gg/mL ; 81 souches pr6sentent une CMI identique, 15 des CMI diff6rentes d'une dilution. Pour les sonches r6sistantes ~ la p6nicilline G, la CMI50 est de 0,5 gg/mL ; 60 souches ont une CMI identique aux deux antibiotiques test6s, 7 ont une difffrence d'une dilution.
~--
70
i
i
0.a5
o.s
50
~
/
SOUCHES RESlSTANTES
40
"
CMI ~ag/mL
Nombre de souches
60
---~
/
ALAPENICILLINEG f
30 20 10 0
G /
/
/
I"C~f~ [ 9Ceftriaxone[
~ L
T
~
0.06
0.12
0.25
, 0.5
,
1
--'
,
,
2
4
CMI ~ag/mL
Fig. 1 : CMI compar~e du c~fotaxime et de la ceftriaxone sur la totalit6 des souches et sur les souches r@m'ties selon leur sensibilit6 ~ la p~nicilline G
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MEd Mal Infect. 1998 ; 28 : 677-8
Place de la coloration de Ziehl-Neelsen dans le diagnostic de la 16pre*
La l~pre demeure un probl~me de sant6 publique dans plusieurs pays, On l'estime ~t 2,4 millions de cas dans le monde en 1994 (1). L'Organisation Mondiale de la Sant6 a adopt6 en 1991 une rfsolution (WHO 44.9) visant ~ l'61imination de la 16pre en tant que probl~me de santE publique d'ici l'an 2000 (2). La recherche directe du bacille de Hansen (BH) par la coloration de Ziehl-Neelsen est une mEthode qui garde tout son inter& dans le diagnostic de la l~pre comme l'illustre notre observation. Madame Y., ~gEe de 37 ans, originaire de La Soukra (banlieue nord de Tunis), femme au foyer, mere de 4 enfants, sans antEcEdent particulier, 6tat admise en 1996 au service de M6decine interne pour ted%me inflammatoire du visage, des mains et des pieds avec altgration de l'6tat gEnEral. Elle avait 6tE hospitalisEe trois ans auparavant en dermatologie, pour exploration des lesions cutanEes g type de macules 6rythEmateuses avec anesthEsie en regard 6voquant une 16pre. Les prEl%vements pour la recherche directe de B H Etaient nEgatifs, ainsi que la reaction de Mitsuda. L'histologie faite au niveau des macules 6rythEmateuses 6tait non spEcifiqne, Les 16sions avaient disparu spontanEment.
L. BAKIR**, F. BEN HAMIDA***, S. MRAD****, M. BEN DRIDI**** et N. BEN SALAH**
SUMMARY
F i g . 1 : B A A R en globi
THE ZIEHL-NEELSEN METHOD FOR THE DIAGNOSIS OF LEPROSY
Leprosy is still a worldwide public health problem. In Tunisia, it is rare. The authors report the case of a patient, 37 years of age, living in La Soukra (Northern suburb of Tunis) who has developed an inflammatory edema of hands and feet in 1996, which spread rapidly. 3 years before she had developed hypoesthesic skin lesions which lead to a suspected diagnosis of leprosy despite negative bacteriological tests. A direct examination of skin samples for the Hansen bacillus was carried out again, and this time results were positive, leading to a diagnosis of lepromatous leprosy. Investigation on family was negative. K e y - w o r d s : Hansen bacillus - Leprosy. Mots-cl4s : Bacille de Hansen - L~pre. * Regu le 18.6.97. Acceptation definitive le 29.9.97. ** Laboratoire de Biologie clinique, CHU Mongi Slim de La Marsa, 2046 Sidi Daoud, Tunisie. *** Consultation de Dermatologie, CHU de la Marsa, Sidi Daoud, Tunisie. **** Service de Mddecine interne, CHU de la Marsa, Sidi Daoud, Tunisie.
Lors de sa r6hospitalisation, une recherche de BH a 6tE de nouveau demandEe. Le prE16vement a 6t6 effectu6 par Ecouvillonnage vigoureux au niveau de la muqueuse nasale qui a 6td prEalablement humidifiEe avec du sgrum physiologique. Les frottis ont dt6 fixes et colorfis par la mdthode de ZiehlNeelsen (ZN). L ' e x a m e n microscopique a rEv616 la presence de bacilles acido-alcoolo-rEsistants (BAAR) isol6s mais surtout en areas _+ arrondis, intracellulaires formant des globi (figure 1). L'indice bactEriologique est de 2 (1 ~ 9 bacilles sur 10 champs) selon l'Echelle de Ridley. La reaction de Mitsuda ~tait negative. L'aspect histologique d'une biopsie cutan6e faite au niveau de I'avant-bras 6tait caractEristique d ' u n e lapre 16promateuse : granulome inflammatoire pEriannexiel et pErivasculaire fait d'histiocytes et de cellules de Virchow. La coloration de ZN a montr6 de nombreux BH.
677
La patiente a 6t6 traitEe par clofazimine 100 mg/j, disulone 100 mg/j, rifampicine en une prise unique mensuelle de