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Apports calciques et croissance osseuse
Arc" PMlmr 1997;4:719-721
Cl Elsevier. Puns
Editorial
Apports calciques et croissance osseuse IP Bonjour, S Ferrari, D Slosruan, R Rizzoli Division des maladiesosseuses[anciennement de IJhysiopatllOlogie clinique). Centre collaborateur de I'OMSpour l'osteoparose et les maladies osseuses. dipartement de mMedne interne, /Wpital cantonal uni\'ersiraire, /2/1 Gene\'t! /4. Suisse (ReArU le 25 janvier 1997: accepte Ie 20 fl!vrier 1997)
calcium I ollmcntlltlon I erelssanee I osteoporose I absorptlcmetrle blpholoniquc calcium I calclum, dlctary/ CJllctum mctnbolism disorders I nutritlon I nutritional requlrement f growth I bonedlseases, developmental I bone development I bonedisease, metabolic I boneresorption I osteopercsls
La masse osseuse acquise durant l'enfance et I'adolescence est un important determinant du pic de masse osseuse et, par consequent, du risque de fractures osteoporotiques chez I'adulte [1, 2]. A la fin de In periode de croissance, on constate dans les deux sexes une dispersion tres prononcee des valeurs de masse osseuse au ni veau du squelette axial au peripherique 0]. A des sites tels que In colonne lombaire et Ie col du femur, OU les consequences de l'osteoporose urage adulte sont particulierement dramatlques, cette dispersion augrnente de facon marquee au cours de In maturation pubertaire [3, 4]. Plusieurs facteurs genetiques et environnernentaux sont susceptibles d'influencer Ie developpement de la masse osseuse au cours de la croissance [5·7], Parmi les facteurs nutritionnels, il est generalement adrnis que Ie calcium joue un role tres important, dans la mesure ou les apport') en calories et en proteines satisfont aux besoms energetlques et anaboliques lies a la croissance, Des variations dans ]01 sequence de certains genes, tels que celui codant pour Ie recepteur de la vitamine D, pourraient par ailleurs influencer la reponse aux apports calciques en termes de gains de masse osseuse [8]. GAIN DE MASSE OSSF.USE ET APPORTS CALCIQUES : LES DONNEES DE LA LITTERATURE Grace a des appareils d'osteodensitornetrle tres peu irradiants permettant des mesures prdcises
a
differents sites squelettiques, de nombreuses etudes epidemlologlques ant analyse la relation entre les gains de masse osseuse au cours de l'enranee et de I' adolescence et les apports calciques [9-16]. Certaines de ces etudes montrent une correlation positive entre les deux variables [in ]7]. Toutefois, ce type d'etudes, meme basees sur des enquetes alimentaires tout u fait flables, ne permet pas de conclure a une relation causale, puisque, chez I' enfant et I' adolescent, In consommation de calcium varie tres souvent de fact0n proportionnelle nux apports en calories et en proteines, qui sont eux-mernes etroltement lies a la vitesse de
croissance et aux depenses energetiques [I. ]7, 18], Ces dernieres dependent en partie de ]'uctivitc physique, qui est un determinant suppose important du gain de masse osscuse pendaut la croissance [I, 13, 15]. II est done exrremement difficile, voire impossible, d'etabllr un lien direct de causalite entre calcium alimentaire (ou d'ailleurs tout autre nutriment) et I'acquisition du capital osseux a partir de donnees epidemlologiques. Quelques races etudes d'Intervention prospective ant examine les effets de supplements de calcium au cours de In croissance [19-22}. Bien que les resultats de ces investigations suggerent que le calcium exerce une influence favorable sur Ie gain de masse osseuse, I' amplitude des effets rapportes jusqu'a present varie considerablement selon le stade de developpernent pubertaire ct les sites squeleuiqucs etudies. En particulier, les gains de
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masse osseuse enregistres au niveau des vertebres
lombnires ou du femur proximal ont etc fort modestes par rapport a ceux mesures au niveau de Indiaphyse radiale [19.20]. GAIN DE MASSE OSSEUSE ET APPORTS CALCIQUES : NOTRE ETUDE PROSPECTIVE RANDOMISEE Met:todologie Nous avons recemment conduit une elude prospec-
tive randomisee contre placebo, a double insu, dans un groupe hornogene de fillettes prepuberes, afin d'evaluer les effets d'un supplement de calcium sur le gain de masse osseuse a dlfferents sites squelettiques [23]. Le supplement a etc fourni par enrichissement en sels calciques provenant d'extraits de lait de plusieurs aliments habituellement consommes au petit dejeuner, au goflter ou
a l'occasion d'autres
collations, tcls que gateaux au chocolat ou au caramel, tablettes de chocolat, biscuits, yoghourts, jus d'orange, et chocolat en poudre, II avait etc verifi6 que ces aliments etaient bien acceptes par les enfants d'un milieu socioeccnomique sernblable, En effet, dans la perspective de programmes de sante publique visant a augmenter de fa~on pennanente les apports calciques au cours de l'enfance et de I'adolescence, il nous a semble que ce mode de supplementation devrait a long terme atteindrc un meiUeur taux d'observance que l'utilisation d'une preparation « pharmaceutique» d'un sel calcique. Les fillettes agees de 7 a9 nos ont etc aleatoirement reparties en deux groupes. Le premier groupe a ingere quotidiennement pendant 1 an deux aliments enrichis equlvalant a un supplement de 850 mg de calcium. Le second groupe (placebo) a consomme des allmenrs de rnerne composition en termes de calories, de proteines, de llpides et de glucides, mais oe contenant pas de calcium. Les apports « spontanes» de calcium laitier ont ete enregistres a trois reprises au cours de l'annee d'etude au moyen d'un questionnaire de frequence. La densite minerale osseuse de surface (DMO, en glcm2) a etc determinee par absorptiometrie bienergetique h rayons X (DXA) nux sites sulvants : colonne lombaire,col du femur, trochanter, diaphyse femorale, metaphyse radiale, diaphyse radiale. RESULTATS La prise reguliere d'allments enrichis en calcium augmente de facon statistiquernent significative le gain de masse osseuse chez des fillettes prepu-
beres, la rcponse etant plus importante au niveuu du radius et du femur que de Incolonne lombaire. Les gains de masse osseuse exprimes en DMO etaient dans notre etude assez comparablcs, du moins au niveau de la diaphyse des os longs, a ceux obtenus par Johnston et at [20]. Ce groupe avait en effet observe qu'un supplement calcique administre pendant3 ans lnfluencait positivement la DMO de 1(1 diaphyse radiale chez Ies enfants prepuberes, Ie ben~fice etant minime et non statistlquernent significatif chez les sujets peri- ou postpuberes, Johnston et al [20] avaient attribue I'effet du calcium sur la DMO a une diminution du rernodelage osseux par un mecanisme semblable a celui invoque lors de I'inhibition de In perte de la masse osseuse observee chez les sujets ages recevant des supplements calciques. Dans cette situation, le calcium, en inhibant In secretion d'hormone pamthyrotdienne, freinerait la resorption et, partant.Ia perte de In masse osseuse. L'nnalyse plus approfondie de nos resultats obtenus a In fin des 12 mois d'Intervention, ainsi que ceux enregistres I an plus tard, nous a permis de constater que le calcium pourrait, en plus de son action sur le remodelage, agir sur la croissance osseuse, II faut prealablement mentionner que l' effet du supplement calcique etait particulierement marque dans le sous-groupe des fillettes ayant une consommation spontanee de calcium inferieure a In mediane, qui pour I'ensernble de la cohorte s'elevait a 880 mg/j. Dans ce sons-groupe l'Influence positive sur In DMO ctait associee Do une plus grande progression du contenu en mineral osseux et de la taille des os, egalement evaluee par analyse morphornetrique des surfaces osseuses rnesurees par In methode DXA. De plus, 1 an apres In fin de l'Interventlon, les differences signiflcatives des gains en DMO et tailles de certains os ont persiste, Cet effet du calcium etait particulierement manifeste sur la croissance longitudinale des corps vertebraux lombaires et le diametre externe de In diaphyse fernorale, Finalernent, chez les fillettes consomrnant spontanement peu de calcium, In prise reguliere d'aliments enrichis en calcium etait associee a un gain en taille superieur, d'environ 0,5 em au cours de I'unnee d'Interventlon, par rapport nu groupe placebo correspondant [23]. CONCLUSION ET PERSPECTIVES
Cette analyse revele done pour la premiere fois une influence positive d'alirnents enrichis en calcium, non seulement sur Indensite rnlnerale osseuse, rnais egalement sur In dimension des os. Cet effet porte sur In croissance Do la fois transversale et longitudinale des os, II est lnteressant de rappeler que plu-
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sieurs decennies auparnvant, iI avait elc suggcre que le calcium contenu dans les produits laitiers pouvait stimuler la croissance au cours de l'cnfance. Cette hypothese reposait sur des observations r6a1isecs au Royaurne-Uni et au Japon chez des ecoliers consommant un supplement de Jait qui foumissait un apport en calcium plus important qu'en calories ou en proteines [24-26]. Des experiences in vitro sur differents types de eellules et in vivo chez Ie rat suggerent que Ie calcium peut stimuler, soit directement soit par l'intermedlaire de certaines hormones calciotropes et facteurs de croissance dont I' IGF~ 1, la proliferation osteoblastique et la formation osseuse [27~29). Nos resultats obtenus chez les fillettes prepuberes [23] devraient stirnuler la recherche sur les mecanismes liant Ie calcium a la croissance osseuse. Ces etudes pourraient permettre d' etabllr si I'adaptation a un environnementpauvreen calcium se realise non seulernent par une augmentation de la capacite des transports calciques aux niveaux intestinal et renal, mais egalement en freinant la croissanceosseuse, Ce demier type d'adaptatlon pourrait contribuer a mlnlmiser Ie developpement d'os a faible densite mineralc et, partant, a limiter Ie risque d'osteoporose a I' age adulte dans des populations ayant de faibIes apports caIciques. 11 pourrnit expliquer, du moins en partie, certaines donnees epidemlologlques suggerant que la prevalence des fractures osteoporotiques dans diverses populations soit peu correlee aux apports calciques moyens.
REFERENCES 2 3
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Bonjour JP, Theintz G, Law F. Siosman D. Rlzzoli n. Peak bone mass. Osteoporos bu 1994;I(suppl 4):7-13 Hui SL. Slernenda CW, JohnstonJr ce. The contributionof bone loss to postmenopausal osteoporosis, Osteoporos In: 1990; 1:30-4 Bonjour JP. Theintz G. Buchs B. Siosman D, Rlzzoli R. Critical years and stages of puberty for spinal and femoral bone mass accumulation during adolescence. J Clin EndocrinoiMetab 1991 ;73:555--63 Theintz G. Buchs B, Rizzoli R ct at Longitudinal monitoring of bone mass accumulation in healthy adolescents:Evidence for a marked reduction after 16 years of age at the levels of lumbar spine and femoral neck in female subjects. J cu« Endocrinoi Merab 1992;75: 10000S Pocock NA, Eisman JA, Hopper JL, Yeates MG, Sambrook PN, Eberl S. Genetic determinants of bone mass in adults a twinstudy. J elin Invest 1987;80:706-10 Pollitzer WS, Anderson J18. Ethnic and genetic differences in bone mass: a review with a hereditary 'IS environmental perspective. Am J cu« Nutr 1989;50:1244-59 Seeman E. Hopper JL, Bach LA et al, Reduced bone mass in daughters of women with osteoporosis. N Engl J Med 1989;320:554-8 Ferrari S, Rizzoli R, Manen D, Siosman D. Eisman J, Bonjour JP. Vitamin 0 receptor allelic polymorphisms and bone mass in females: Influenceof age and calcium supplementation. Osteoporo« Int I996;6{suppll):160
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9 Sandler RB. Slcmenda CW, LaPone RE ct 31. Postmenopausal bone density and milk consumption in childhood and adolescence. Am J Clill Nutr 1985;42:27~ 10 Chan OM. Dietary calcium and bone mineral status of children and adolescents. Am J Dis Child 1991;145:631-4 II Sentipal JM, Wardlaw OM, Mahan J, Matkovic V. Influenceof calcium intake and growth indexes on vertebral bone mineral JensilY in young females, Am J Clin Nutr 1991 ;54:425-8 12 Grimston SK, Morrison K, Harder JA. Hanley DA. Bone minerai density during puberty in Western Canadian children. Bone Miner 1992:19:85-96 I3 Tylavsky FA, Anderson JJB. Talmage RV, Taft TN. Arc calcium intakes and physical actlvlty patterns during adolescence related to radial bone mass of white college-age females? Osteoporos Int 1992;2:232-40 14 KrlSger H. Kotaniemi A, ~gcr L. Alhava E. Development of bone mass and bone density of the spine and femoral neck. A prospectivestudy of 65 children and adolescents. Bone Miner 1993;23:171-82 15 Ruiz le, Mandel C, Garabedian M. Influence of spontaneous calcium intake and physical exercise on the vertebral and femoral bone mineral dcn<:iiy of children and adolescents. J Bone MinerRes 199'>; 10:675-82 16 Young D. Hopper JL. Nowson CA et al, Determinants of bone mass in 10- to 26-year-old females: A twin study. J BOlle Miner Res 1995;10:558-67 17 Carrie-Fassler AL. Bonjour JP. Osteoporosis as a pediatric problem. PedlatrClin NOrlh Am 1995;42:811-24 18 Clavien H, Theintz 0, Rizzoli R, Bonjour JP. Does pubeny alter dietary habits in adolescents IivinS in a western society?J AdolescHealth 1996;19:68-75 19 Matkovic V, Fontana,Tominac C, Goel p. Chesnut UI CH. Factors that influence peak bone mass fonnatian: A study of calcium balanceand the inheritanceof bone mass in adolescent females. Am J Clin Nutr 1990;52:878-88 20 Johnston CC. Miller Jz, Slemenda CVt/ et al, Calcium supplemcntation and increases in bone mineral density in children. N Engl J Med 1!i92;327:82-7 2.1 Lloyd T, AndonMB, Rollings N et ill. Calcium supplementation and bone mineral density in adolescent girls. JAMA 1993;270:841-4 22 Lee WTK, Leung SSF, Wang SH et ill. Double-blind, controlted calcium supplementation and bone mineral accretion in children accustomed to a low-calcium diet. Am J Clin Nutr 1994;60:744-50 23 Bonjour Jr, Carrie AL. Ferrari S et al. Calciurn-enrlched foods and bone mass growth in prepubertal girls: A randomized, double-blind, placebo-controlled trial. J Clin lnves: 1997:99:1287-94 24 Orr JB. Milk consumption and the growth of school children. Lancet I 928:i:202-J 25 Leighton G. Clark ML. Milk. consumption and growth of school children:second preliminayreport on test to Scottish Board of Health. Lancet 1929;i:40-3 26 Nordin BEC. Calcium. phosphate and magnesium metabolism. In: Clinical Physiology and Diagnostic Procedures. New York: Churchill Livingstone, 1976 27 Sugimoto T, Kanatani M, Kano J et at IGF-I mediates the stimulatory effect of high calcium coneentration on osteoblasticcell proliferation. Am J Physioll994;266:E709-16 2H Wcrgedal J, Stauffer M. Baylink D, Rich C. Inhibition of bone matrixformation, mineralization, and resorptionin thyroparathyroidectomizct.l rats.J cu« Invest 1973;52: 1052-58 29 Haldimann B, Bonjour JP. Fleisch H. Role of parathyroirJ hormone in regulation of main calcium fluxes in rats. Am J PltysioI1911;232:ES3S-41
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Apports calciques et croissance osseuse IP Bonjour, S Ferrari, D Slosruan, R Rizzoli Division des maladiesosseuses[anciennement de IJhysiopatllOlogie clinique). Centre collaborateur de I'OMSpour l'osteoparose et les maladies osseuses. dipartement de mMedne interne, /Wpital cantonal uni\'ersiraire, /2/1 Gene\'t! /4. Suisse (ReArU le 25 janvier 1997: accepte Ie 20 fl!vrier 1997)
calcium I ollmcntlltlon I erelssanee I osteoporose I absorptlcmetrle blpholoniquc calcium I calclum, dlctary/ CJllctum mctnbolism disorders I nutritlon I nutritional requlrement f growth I bonedlseases, developmental I bone development I bonedisease, metabolic I boneresorption I osteopercsls
La masse osseuse acquise durant l'enfance et I'adolescence est un important determinant du pic de masse osseuse et, par consequent, du risque de fractures osteoporotiques chez I'adulte [1, 2]. A la fin de In periode de croissance, on constate dans les deux sexes une dispersion tres prononcee des valeurs de masse osseuse au ni veau du squelette axial au peripherique 0]. A des sites tels que In colonne lombaire et Ie col du femur, OU les consequences de l'osteoporose urage adulte sont particulierement dramatlques, cette dispersion augrnente de facon marquee au cours de In maturation pubertaire [3, 4]. Plusieurs facteurs genetiques et environnernentaux sont susceptibles d'influencer Ie developpement de la masse osseuse au cours de la croissance [5·7], Parmi les facteurs nutritionnels, il est generalement adrnis que Ie calcium joue un role tres important, dans la mesure ou les apport') en calories et en proteines satisfont aux besoms energetlques et anaboliques lies a la croissance, Des variations dans ]01 sequence de certains genes, tels que celui codant pour Ie recepteur de la vitamine D, pourraient par ailleurs influencer la reponse aux apports calciques en termes de gains de masse osseuse [8]. GAIN DE MASSE OSSF.USE ET APPORTS CALCIQUES : LES DONNEES DE LA LITTERATURE Grace a des appareils d'osteodensitornetrle tres peu irradiants permettant des mesures prdcises
a
differents sites squelettiques, de nombreuses etudes epidemlologlques ant analyse la relation entre les gains de masse osseuse au cours de l'enranee et de I' adolescence et les apports calciques [9-16]. Certaines de ces etudes montrent une correlation positive entre les deux variables [in ]7]. Toutefois, ce type d'etudes, meme basees sur des enquetes alimentaires tout u fait flables, ne permet pas de conclure a une relation causale, puisque, chez I' enfant et I' adolescent, In consommation de calcium varie tres souvent de fact0n proportionnelle nux apports en calories et en proteines, qui sont eux-mernes etroltement lies a la vitesse de
croissance et aux depenses energetiques [I. ]7, 18], Ces dernieres dependent en partie de ]'uctivitc physique, qui est un determinant suppose important du gain de masse osscuse pendaut la croissance [I, 13, 15]. II est done exrremement difficile, voire impossible, d'etabllr un lien direct de causalite entre calcium alimentaire (ou d'ailleurs tout autre nutriment) et I'acquisition du capital osseux a partir de donnees epidemlologiques. Quelques races etudes d'Intervention prospective ant examine les effets de supplements de calcium au cours de In croissance [19-22}. Bien que les resultats de ces investigations suggerent que le calcium exerce une influence favorable sur Ie gain de masse osseuse, I' amplitude des effets rapportes jusqu'a present varie considerablement selon le stade de developpernent pubertaire ct les sites squeleuiqucs etudies. En particulier, les gains de
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masse osseuse enregistres au niveau des vertebres
lombnires ou du femur proximal ont etc fort modestes par rapport a ceux mesures au niveau de Indiaphyse radiale [19.20]. GAIN DE MASSE OSSEUSE ET APPORTS CALCIQUES : NOTRE ETUDE PROSPECTIVE RANDOMISEE Met:todologie Nous avons recemment conduit une elude prospec-
tive randomisee contre placebo, a double insu, dans un groupe hornogene de fillettes prepuberes, afin d'evaluer les effets d'un supplement de calcium sur le gain de masse osseuse a dlfferents sites squelettiques [23]. Le supplement a etc fourni par enrichissement en sels calciques provenant d'extraits de lait de plusieurs aliments habituellement consommes au petit dejeuner, au goflter ou
a l'occasion d'autres
collations, tcls que gateaux au chocolat ou au caramel, tablettes de chocolat, biscuits, yoghourts, jus d'orange, et chocolat en poudre, II avait etc verifi6 que ces aliments etaient bien acceptes par les enfants d'un milieu socioeccnomique sernblable, En effet, dans la perspective de programmes de sante publique visant a augmenter de fa~on pennanente les apports calciques au cours de l'enfance et de I'adolescence, il nous a semble que ce mode de supplementation devrait a long terme atteindrc un meiUeur taux d'observance que l'utilisation d'une preparation « pharmaceutique» d'un sel calcique. Les fillettes agees de 7 a9 nos ont etc aleatoirement reparties en deux groupes. Le premier groupe a ingere quotidiennement pendant 1 an deux aliments enrichis equlvalant a un supplement de 850 mg de calcium. Le second groupe (placebo) a consomme des allmenrs de rnerne composition en termes de calories, de proteines, de llpides et de glucides, mais oe contenant pas de calcium. Les apports « spontanes» de calcium laitier ont ete enregistres a trois reprises au cours de l'annee d'etude au moyen d'un questionnaire de frequence. La densite minerale osseuse de surface (DMO, en glcm2) a etc determinee par absorptiometrie bienergetique h rayons X (DXA) nux sites sulvants : colonne lombaire,col du femur, trochanter, diaphyse femorale, metaphyse radiale, diaphyse radiale. RESULTATS La prise reguliere d'allments enrichis en calcium augmente de facon statistiquernent significative le gain de masse osseuse chez des fillettes prepu-
beres, la rcponse etant plus importante au niveuu du radius et du femur que de Incolonne lombaire. Les gains de masse osseuse exprimes en DMO etaient dans notre etude assez comparablcs, du moins au niveau de la diaphyse des os longs, a ceux obtenus par Johnston et at [20]. Ce groupe avait en effet observe qu'un supplement calcique administre pendant3 ans lnfluencait positivement la DMO de 1(1 diaphyse radiale chez Ies enfants prepuberes, Ie ben~fice etant minime et non statistlquernent significatif chez les sujets peri- ou postpuberes, Johnston et al [20] avaient attribue I'effet du calcium sur la DMO a une diminution du rernodelage osseux par un mecanisme semblable a celui invoque lors de I'inhibition de In perte de la masse osseuse observee chez les sujets ages recevant des supplements calciques. Dans cette situation, le calcium, en inhibant In secretion d'hormone pamthyrotdienne, freinerait la resorption et, partant.Ia perte de In masse osseuse. L'nnalyse plus approfondie de nos resultats obtenus a In fin des 12 mois d'Intervention, ainsi que ceux enregistres I an plus tard, nous a permis de constater que le calcium pourrait, en plus de son action sur le remodelage, agir sur la croissance osseuse, II faut prealablement mentionner que l' effet du supplement calcique etait particulierement marque dans le sous-groupe des fillettes ayant une consommation spontanee de calcium inferieure a In mediane, qui pour I'ensernble de la cohorte s'elevait a 880 mg/j. Dans ce sons-groupe l'Influence positive sur In DMO ctait associee Do une plus grande progression du contenu en mineral osseux et de la taille des os, egalement evaluee par analyse morphornetrique des surfaces osseuses rnesurees par In methode DXA. De plus, 1 an apres In fin de l'Interventlon, les differences signiflcatives des gains en DMO et tailles de certains os ont persiste, Cet effet du calcium etait particulierement manifeste sur la croissance longitudinale des corps vertebraux lombaires et le diametre externe de In diaphyse fernorale, Finalernent, chez les fillettes consomrnant spontanement peu de calcium, In prise reguliere d'aliments enrichis en calcium etait associee a un gain en taille superieur, d'environ 0,5 em au cours de I'unnee d'Interventlon, par rapport nu groupe placebo correspondant [23]. CONCLUSION ET PERSPECTIVES
Cette analyse revele done pour la premiere fois une influence positive d'alirnents enrichis en calcium, non seulement sur Indensite rnlnerale osseuse, rnais egalement sur In dimension des os. Cet effet porte sur In croissance Do la fois transversale et longitudinale des os, II est lnteressant de rappeler que plu-
Apports calclques et croissance osscuse
sieurs decennies auparnvant, iI avait elc suggcre que le calcium contenu dans les produits laitiers pouvait stimuler la croissance au cours de l'cnfance. Cette hypothese reposait sur des observations r6a1isecs au Royaurne-Uni et au Japon chez des ecoliers consommant un supplement de Jait qui foumissait un apport en calcium plus important qu'en calories ou en proteines [24-26]. Des experiences in vitro sur differents types de eellules et in vivo chez Ie rat suggerent que Ie calcium peut stimuler, soit directement soit par l'intermedlaire de certaines hormones calciotropes et facteurs de croissance dont I' IGF~ 1, la proliferation osteoblastique et la formation osseuse [27~29). Nos resultats obtenus chez les fillettes prepuberes [23] devraient stirnuler la recherche sur les mecanismes liant Ie calcium a la croissance osseuse. Ces etudes pourraient permettre d' etabllr si I'adaptation a un environnementpauvreen calcium se realise non seulernent par une augmentation de la capacite des transports calciques aux niveaux intestinal et renal, mais egalement en freinant la croissanceosseuse, Ce demier type d'adaptatlon pourrait contribuer a mlnlmiser Ie developpement d'os a faible densite mineralc et, partant, a limiter Ie risque d'osteoporose a I' age adulte dans des populations ayant de faibIes apports caIciques. 11 pourrnit expliquer, du moins en partie, certaines donnees epidemlologlques suggerant que la prevalence des fractures osteoporotiques dans diverses populations soit peu correlee aux apports calciques moyens.
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