Arthroplastie de hanche et sports

Arthroplastie de hanche et sports

Congrès Kinesither Rev 2009;(85-86):19-92 Arthroplastie de hanche et sports K ERKOUR K HELAF MOTS CLÉS L a mise en place d’une prothèse a pour ob...

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Congrès

Kinesither Rev 2009;(85-86):19-92

Arthroplastie de hanche et sports K ERKOUR K HELAF

MOTS CLÉS

L

a mise en place d’une prothèse a pour objectifs de diminuer les douleurs, améliorer la fonction, la vie socioprofessionnelle, la qualité de vie et le bien-être des patients. En France plus de 80 000 prothèses de hanche sont posées chaque année (475 000 Europe, 225 000 États-Unis, 119 000 Asie, 45 000 reste du monde). Cette chirurgie est proposée maintenant de plus en plus fréquemment chez les sujets plus jeunes, plus actifs, plus exigeants sur les performances fonctionnelles. Les résultats de cette chirurgie prothétique sont encourageants (supérieurs à 90 % à 15 ans pour les prothèses de hanche), chez les patients de plus de 65 ans, peu actifs. Les matériaux, les techniques chirurgicales se sont améliorés, mais peut-on assurer une durée de vie de la prothèse aussi longue à un patient qui va souhaiter avoir ou retrouver une activité physique et sportive sans réserve ? L’usure du matériel, surtout le polyéthylène, peut libérer à chaque pas 500 000 particules dans l’articulation. Si nous prenons l’exemple d’une personne qui court 3 x 30 min/sem = 500 000 pas soit 250 milliards de particules libérées par an, ce qui va entraîner une réaction inflammatoire péri-prothétique et augmenter les risques de descellement. La durée de vie d’une prothèse est fonction de l’usage des pièces : charge subie et distance parcourue (cf. pneus de voiture) et non de l’âge du patient. Tout changement de prothèse est toujours plus difficile que la mise en place de la prothèse primaire. Il est capital de connaître l’activité physique et le niveau préopératoire avant de proposer une prothèse. Les patients doivent comprendre les risques et les bénéfices pour leur sport après la pose d’une prothèse

Incidences du sport sur la santé ? [1] La pratique d’une activité physique, tout en respectant certaines règles, est souhaitable tant pour le système cardio-respiratoire que pour l’appareil locomoteur. La pratique du sport selon la plupart des recommandations est de pratiquer une activité physique au minimum trois fois 20 à 30 minutes par semaine. Ceci entraîne une amélioration du bien être général et des bénéfices

Cadre de Santé, Physiotérapeute-chef, Hôpital du Jura, Site de Delémont, 2800 Delémont, Suisse. Email : [email protected]

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physiologiques sur le diabète, l’HTA, l’obésité, les pathologies coronariennes, l’ostéoporose… et des bénéfices psychologiques sur l’anxiété ou la dépression. Macnicol et al. [2] ont montré que les patients souffrant d’une coxarthrose présentaient moins de force et d’endurance à l’exercice et de capacité aérobique que les non arthrosiques, ceci étant corrélé au déclin fonctionnel et à la douleur. Après la mise en place d’une prothèse de hanche, avec la disparition de la douleur, l’amélioration de la fonction et de la mobilité, il observe une amélioration de l’adaptation cardio-vasculaire à l’effort, de la consommation d’oxygène et de l’endurance à l’exercice, de la vitesse de marche, la cadence et la longueur du pas… Un faible niveau d’activité physique entraîne un risque accru de décès précoce par maladie cardiovasculaire, diabète, hypertension… Mieux vaut une intensité faible d’activité que rien du tout. La généralisation de l’activité physique dans la population est une importante contribution à l’amélioration de l’état de santé général.

Quels sports conseiller ou interdire ? Actuellement, ce que l’on sait et ce que l’on dit est guidé par le bon sens, mais ne repose pas sur des bases scientifiques. Ainsi, les sports à haut niveau d’impact sont déconseillés, tout comme la pratique d’activités physiques à haut niveau est déconseillée pour prévenir l’augmentation des contraintes et les risques de descellement. La quantification de l’activité physique reste toujours difficile à évaluer précisément au travers des différentes études. La connaissance du sport pratiqué et la qualité des conseils dépendent, en général, des connaissances et de l’expérience personnelles du praticien sollicité (chirurgien, rhumatologue, médecin de médecine physique et de réadaptation, médecin du sport). La connaissance d’un sport pratiqué antérieurement à la mise en place d’une prothèse en facilite la reprise. En revanche, si l’on est novice dans une activité sportive, cette activité doit être considérée comme nocive, d’autant plus que, en général, la diminution du contrôle

2es journées de formation continue : JFK 2009

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Tableau I. Recommandations de l’American Hip Society Survey activité sportive après arthroplastie de Hanche, d’après [3]. Recommandé/ permis

Recommandé si expertise élevée

Non Recommandé

Abs. de consensus

Vélo appartement Croquet Danse Golf Natation Marche Tennis en double Tir

Low impact aerobics Vélo sur route Bowling Canoë Randonnée Équitation Ski de Fond

High-impact aerobics Baseball Basket Football US Football Handball Squash Gymnastique Hockey Escalade Tennis en simple Volley-ball

Danse moderne et folklorique Patins à glace Roller Marche athlétique Ski de piste Aviron Musculation (machines)

proprioceptif ou de la douleur, par absence d’innervation, limite le comportement auto-protecteur du patient. Ainsi, les sports conseillés sont avant tout ceux où les activités sont peu contraignantes pour les articulations des membres inférieurs : natation, marche, randonnée, cyclisme, voile, golf, etc. (tableau I). Les sports interdits sont l’équitation, les sports acrobatiques, de contact et en pivot comme les sports collectifs (football, handball, basket-ball, etc.), les sports d’impulsion (volley, ski avec bosses, etc.). En ce qui concerne l’usure, toute activité l’augmente, et diminue de ce fait la durée de vie de la prothèse. Á titre indicatif, un travail de Dubs (1 985) [4], a montré que chez un sédentaire, l’usure d’une prothèse de hanche était de 0,10 mm/an et chez les patients actifs, dans une étude menée sur 7 ans, l’usure est de 0,39 mm/an.

Il conviendra d’être équilibré entre activité recommandée et exigences du patient [7]. Les activités sportives d’endurance et de loisirs sont plutôt préconisées : marche, natation, cyclisme. Pour préserver sur le long terme les prothèses, il faut privilégier les sports à faible contrainte : golf, bowling, etc. RÉFÉRENCES

[1]

Darren ER. Warburton et al. Health benefits of physical activity: the evidence. CMAJ 2006;174:801.

[2]

Macnicol FM et al. Exercice testing before and after hip arthroplasty. JBJS 1980;62:326-31.

[3]

Healy WL. Athletic activity after joint replacement. Am J Sports Med 2001;29:377-88.

[4]

Dubs L, Gschwend N, Munzinger U. Sport after total hip arthroplasty. Arch Orthop Trauma Surg 1983;101:161-9.

[5]

Klein GR et al. Return to Athletic Activity after Total Hip Arthroplasty Consensus Guidelines Based on a Survey of

Conclusion

the Hip Society and American Association of Hip and Knee Surgeons. J Arthroplasty 2007;22:171-5.

La reprise d’activité physique, voire sportive, après prothèse articulaire fait dorénavant partie des sujets à aborder avec le patient, pour le conseiller et le responsabiliser, plutôt que se retrouver devant le fait accompli [5-6]. On voit régulièrement dans les médias apparaître le nom de champions qui ont bénéficié de ce type d’intervention, mais ils n’ont pas forcément les mêmes capacités athlétiques. Le patient doit savoir le bienfait sur l’état général, l’adaptation cardio-vasculaire et l’appareil locomoteur d’une activité physique, mais aussi bien en connaître les risques.

[6]

Dauty M, Letenneur J. Recommandations du sport et prothèses articulaires l’avis des chirurgiens orthopédistes, le désir des patients récemment opérés et la revue de la littérature. Annales de Réadaptation et de Médecine Physique 2007:50;710-5.

[7]

Vautravers P, Kerkour K. Le sport après prothèse de hanche ou de genou : Point de vue. Annales de Réadaptation et de Médecine Physique 2007;50:708-9.

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