Autoobservation d'envenimation par morsure d'Atheris sp.

Autoobservation d'envenimation par morsure d'Atheris sp.

Tnxlcon, I46S, Vol. 2, pp. 275-276 . Pergamon Press Ltd., Printed In Great Britain SHORT COMMUNICATIONS AUTOOBSERVATION D'ENVENIMATION PAR MORSURE D...

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Tnxlcon, I46S, Vol. 2, pp. 275-276 .

Pergamon Press Ltd., Printed In Great Britain

SHORT COMMUNICATIONS AUTOOBSERVATION D'ENVENIMATION PAR MORSURE D'ATHERIS SP. LOUIS-PHILIPPE KNOEPFFLER Centre National de la Recherche Scientifique-Laboratoire AragoBanyuis-Srrr-Mer (P.O .) France Abstract-The author describes the symptoms and signs he experienced following the bite of a snake of the genus Atheris. The effects were relatively mild, perhaps due to the small size of the snake, and the fact that the bite owurred while the snake was in the act of falling to the ground. Theauthor experienced marked pain, swelling of the affected forearm, dizziness, chills, severe nausea, regional lymphadenopathy, increased perspiration, changes in the level of consciousness, visual disturbances and pain on breathing. The victim recovered without specific therapy; there were no serious sequelae . LA station zoologique du Centre National de la Recherche Scientifique à Makokou

(République Gabonaise), dirigée par le Prof. GRnss~, est installée au coeur d'une vaste clairière taillée dans la forêt primaire et sillonnée par un réseau dense de ruisseaux limpides qui s'étalent par endroits en marigots bourbeux peuplés d'Araceés . Le 16 Mars 1964 à 9 heures 45 du matin, par temps clair et chaud (28°), je fais tomber un petit Serpent verdâtre lové sur une feuille d'Arum à 3 m de hauteur, en cherchant des Amphibiens dans un de ces marigots . L'animal heurte mon avant-bras gauche, mord dans le muscle de la région supéroexterne et tombe dans l'eau où je reconnais une espèce du genre Atheris, vraisemblablement Atheris squamigera squamigera (HALLOWELL, 1854) . La douleur, immédiate, est d'une extrême violence, bien supérieure à celle d'Aspis cerastes dont j'ai déjà, douteux privilège, pu apprécier les effets. J'essaye, malgré tout, de capturer l'animal qui s'enfuit à la nage. Mais un étourdissement m'incite à regagner la berge le plus rapidement possible et à m'y étendre, ce qui ne va pas sans mal, car elle est fortement en pente. La douleur, qui a encore augmenté, est accompagnée de vertiges, de frissons et de violentes nausées qui n'aboutissent pas . Un ganglion de forte taille se forme sous l'aisselle. Je suis couvert d'une nappe de sueur froide qui s'écoule dans les vêtements . La morsure se présente sous la forme de deux points rouge sombre distincts l'un de l'autre de 8 mm environ, d'où suinte une goutte de sérosité . Les autres dents n'ont pas marqué. Le bras gonfle rapidement en dessous du coude et se cyanose aux alentours des points d'impact des crochets. J'envisage un garrot, mais je n'ai pas la volonté de faire un mouvement. Peu avant 10 heures, j'ai l'impression de perdre connaissance . La vue se brouille et la respiration est pénible . Quelques minutes plus tard, je reprends conscience des choses avec une violente douleur dans la nuque et une langue légèrement gonflée et pâteuse . La douleur au bras est moins 275

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intense et l'enflure me semble moins importante. Vers 10 heures 20, je réussis à me lever et regagne péniblement le cantonnement situé à 400 m au sommet d'une forte dénivellation. Je m'étends sur mon lit. La douleur dans la nuque est en régression, le bras demeure gonflé et douloureux, de même que le ganglion sous l'aisselle. Les sueurs froides et les frissons s'arrêtent . 12 heures. L'enflure du bras est presque entièrement résorbée . Le ganglion axillaire diminue rapidement . Les morsures sont à présent presque noires, mais la cyanose périphérique s'est nettement estompée. Température rectale: 38°5. 13 heures 30. Légère douleur rétro-cervicale, axillaire et à l'emplacement de la morsure qui a presque retrouvé son état normal . Le ganglion a disparu. Température : 37°4 . 17.3.64. Le bras est légèrement douloureux . Il le restera pendant plusieurs jours jusqu'à disparition du "bleu" qui marque le pourtour de la morsure dont les croûtes tomberont le 20.3. Aucun traitement n'a été effectué, aucun médicament absorbé à l'exception d'un comprimé quotidien de nivaquine à 0,25 g et de quelques comprimés d'aspirine. En résumé : Morsure dans l'avant-bras gauche par une petite Vipère du genre Atheris, probablement Atheris squamigera . Effets peu accentués pour des raisons mécaniques (petitesse des crochets et impossibilité de mordre à fond pendant une chute) . On ne sait rien jusqu'à présent des effets de la morsure des Serpents du genre Atheris, il serait donc prématuré de conclure à une faible toxicité en se basant sur le cas signalé ici. Il s'agissait d'un individu ne dépassant pas 0,30 m de longueur et, dans le cas de la personne agressée, d'un sujet de constitution robuste (95 kg pour 1,84 m) ayant subi au cours des années passées trois morsures de Viperidae (2 Aspic cerastes et 1 Pipera aspic) sans conséquences graves .