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EDITORIAL
La Societe des Obstetriciens et Gynecologues du Canada
SOLLICITE
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Autorite morale
MEMBRES DU CONSEIL 1994-1995 PRESIDENT: D' Rodolphe Maheux- Quebec PRESIDENT SORTANT: D' Robert Lea - Halifax PRESIDENT DESIGNE: D' Garry Krepart- Winnipeg VICE-PRESIDENT ADMINISTRATIF: D' Andre B. Lalonde- Ottawa TRESORIER: D' Anton in Rochette- Loretteville VICE-PRESIDENTS: D' Ferdinand Pauls- Winnipeg D' Robert Reid - Kingston PRESIDENTS ET VICE-PRESIDENTS REGIONAUX: OUEST D' Don Davis- Medicine Hat D' Jan Christi law- White Rock CENTRE D' Chui Kin Yuen -Winnipeg D' Thirza Smith- Saskatoon ONTARIO D' Donna Fedorkow- Hamilton D' Catherine Claire Kane- Ottawa QUEBEC D' Cajetan Gauthier- Levis D' Robert Gauthier- Montreal ATLANTIQUE D' Edwin Luther- Halifax D' David A. Knickle- Charlottetown PUBLIC REPRESENTATIVE Mme Janet MacMillan- Halifax JUNIOR FELLOW REPRESENTATIVE D' Leslie Sadownik- Calgary ASSOCIATE MD REPRESENTATIVE D' T. Riley- Oakville BUREAU NATIONAL VICE-PRESIDENT ADMINISTRATIF or Andre B. Lalonde AGENTE DES COMMUNICATIONS Martine Joly 774 Echo Drive Ottawa (Ontario) K1S 5N8 tel: (613) 730-4192 telec:(613) 7 30-4314
Seul un veritable contorsionniste pourrait apprehender tous les aspects d'une meme question. C'est impossible pour la plupart d'entre nous. C'est pour cette raison que nous eprouvons tant de difficultes a reagir franchement a "Vi rage a prendre en douceur>>, le rapport final de la Commission royale sur les nouvelles techniques de reproduction (J'etais presque tente de l'appeler <
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' ' ' medecin et son patient». 1 Ce qui est a mon avis une tres grave omission. Chez les couples qui consultent un medecin parce qu'ils sont infertiles (il faut noter en passant qu'on ne peut etre infertile en l'absence d'une incapacite demontree a concevoir), la souffrance est commensurable avec celle qui accompagne n'importe quel autre etat medical. Qu'on puisse attribuer en partie cette souffrance au conditionnement social ne change rien a l'affaire. C'est la souffrance elle-meme qui incite a l'action. Certains couples ne cherchent pas de solution medicale a cette souffrance et la sublime par l'adoption ou par leurs activites. Mais la majorite des couples demandent l'aide d'un medecin. La fonction du medecin est de soulager autant que possible la souffrance. Il ne lui est pas possible de designer le conditionnement social comme cause centrale de la souffrance du couple infertile et de tenter de changer la societe. Il est done logique, et approprie, de prendre des mesures permettant de reduire les causes medicales de l'infertilite. La relation mysterieuse qui s'etablit alors entre le medecin et son patient repose dans une large mesure sur la confiance, avec pour objectifs simultanes de soulager la souffrance (a court terme) et de resoudre l'infertilite. Le deuxieme de ces objectifs est la justification manifeste du premier, en depit de l'absence d'interet reel des commissaires pour la douleur que peut causer l'infertilite. Il en va de meme dans le cas du diagnostic prenatal. En presence d'un risque theorique accru d'anomalie chez son enfant, la femme enceinte se toume vers le ou les medecins auxquels elle fait confiance. La technique n'est qu'un outil; ce sont la femme et l'enfant a naitre qui sont au centre de la question. La Commission royale etait chargee d'un dossier tres complexe et il est malheureux qu'il n'y ait pas eu parmi les commissaires preparant le rapport final un clinicien ou un praticien dans les domaines de la reproduction et de la fertilite. Le manque d'expertise chez les commissaires presentait pour eux l'inconvenient majeur d'etre obliges de dependre d'une expertise exterieure. On remarque d'ailleurs dans le rapport uncertain manque de precision dans la description de details techniques relatifs aux medicaments et aux interventions, ce qui diminue la credibilite qu'on peut accorder a ses conclusions. En etudiant le rapport dans la perspective de praticiens consultants en obstetrique-gynecologie, il nous a semble que nos activites et nos outils etaient envisages
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d'emblee dans la perspective des dommages qu'ils pouvaient causer. C'est une approche prudente certes, mais qui confere au rapport un ton d'inhibition qu'on retrouve dans bon nombre de ses recommandations. Politiques et mises en garde ne devraient pas etre toujours inhibitrices. Nous aurions prefere un ton positif. Mais c'est la demarche philosophique adoptee pour resoudre les problemes deontologiques qui me trouble le plus. Les commissaires decrivent les principes deontologiques en matiere de soins et les principes directeurs de l'autonomie individuelle, de l'egalite, du respect de la vie et de la dignite humaine, de la protection des personnes vulnerables, de la non-commercialisation de la reproduction, de l'utilisation appropriee des ressources, de la responsabilite et de l'equilibre a maintenir entre les interets de l'individu et ceux de la collectivite. Pourtant, on constate dans le rapport un manque d'uniformite dans l'application des principes deontologiques aux jugements qui y sont vehicules. Nuala Kenny a decrit recemment les considerations deontologiques en matiere de soins et son interpretation de l'interdependance entre medecin et patient. 2 La preoccupation constante de l'autonomie, l'imperatif categorique de Kant et les perspectives deontologiques axees sur la justice y sont actuellement supplantes par une valorisation des relations entre le patient, le medecin et les autres. 3 Les deontologues elargissent leurs interets pour y englober des obligations corollaires, ainsi que les droits du patient. Il est done surprenant de constater que l'interpretation que font les commissaires des principes deontologiques en matiere de des soins aboutit a des principes directeurs qui, lorsqu'on les applique aux nouvelles techniques de reproduction, requierent des mises en garde (comme dans le cas des declarations concernant la commercialisation des soins de la reproduction) et semblent desavantager les couples dont l'infertilite est etablie (c'est le cas de la repartition des ressources en faveur de la prevention, au detriment de l'evaluation et du traitement de l'infertilite, et de lacondamnation totale des indications, non encore prouvees, de la fecondation in vitro). Ce genre de rationalisation n'aide pas ceux d'entre nous qui tentent de foumir des so ins et de soulager la souffrance. Qui done possede l'autorite morale de determiner la place des nouvelles techniques de reproduction dans une societe? Les elus qui obeissent a leur conscience? Les elus qui se conforment ala volonte de leurs electeurs?
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' ' ' Un organisme constitue, comme par exemple une Commission royale? Les prestateurs de soins ou les detenteurs des techniques? La population dans son ensemble? Ou les personnes ou les couples qui utilisent ces techniques? Lorsqu'il existe une grande divergence d'opinions reelle, il y a tout lieu de croire qu'il n'y a pas de verite absolue et nous devons rechercher la voie du plus grand bien. En tant que medecins, notre obligation est de soulager la souffrance de nos patients. J'estime qu'il n'y a pas d'autorite morale plus importante, dans ce cas particulier, que l'expression du partenariat entre le medecin et son patient. Le rapport de la Commission royale a essentiellement ignore cette relation ou en a diminue l'importance. Et c'est bien dommage. J SOGC 1995;17:117-9 REFERENCES 1.
2. 3.
Cassell EJ. The Nature of Suffering and the Goals of Medicine. New York: Oxford University Press, 1991, pp.66-80. Kenny NP. The Ethic of Care and the Patient-Physician Relationship. Annals RCPSC 1994;27:356-8. May W. The Physician's Covenant. Philadelphia: The Westminster Press, 1983.
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