Cas cliniques en TCC

Cas cliniques en TCC

Journal de thérapie comportementale et cognitive (2013) 23, 91—92 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com ÉDITORIAL Cas cliniques en TCC Cli...

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Journal de thérapie comportementale et cognitive (2013) 23, 91—92

Disponible en ligne sur

www.sciencedirect.com

ÉDITORIAL

Cas cliniques en TCC Clinical cases in CBT

« L’être vivant perc ¸oit ce qui le concerne et ce qu’il cherche, et la vision du monde qui l’entoure est à la fois partielle et partiale ». Daniel Lagache [1] Nous vous présentons ce numéro thématique « Cas cliniques en TCC ». Dans ce numéro, Frédéric Chapelle (Analyse des cas cliniques du JTCC : entre clinique pure et recherche clinique) nous indique avec une précision chirurgicale le nombre exact de cas cliniques (54) présentés dans le JTCC depuis sa création en 1991. C’est la première fois qu’un numéro thématique y est consacré. Vous pourrez y lire et découvrir six articles dont cinq présentant entre un et deux cas cliniques. Vous y trouverez des propositions de cas originaux, variés, rigoureux et passionnants qui ne manqueront pas d’attirer votre attention et aiguiseront sans doute votre curiosité clinique.

Intérêts du cas clinique Les cas cliniques font partie intégrante de la formation en psychologie et en psychiatrie, l’étude et l’observation clinique des patients est la pierre angulaire de l’apprentissage de notre discipline. Même si nous ne pouvons faire l’économie de la recherche clinique qui nous permet constamment de nous questionner sur l’efficacité de nos thérapies, sur l’histoire d’un patient, ses difficultés, son trouble, le cas individuel est le quotidien de chacun des cliniciens.

Trop de théorisation et oubli du sujet Quelles que soient les orientations, personne ne peut y échapper même si certains ont tendance à vouloir mener une bataille afin de démontrer que leurs préceptes théoriques sont les meilleurs.

Cela donne souvent l’impression d’un enjeu de pouvoir qui fait parfois oublier que le principal c’est le patient ! Autrement dit, il s’agit de faire retrouver aux théories la vocation première qu’elles ne devraient jamais cesser d’avoir : celle de servir l’homme et non de l’asservir pour asseoir des positions de pouvoir qui relèvent fréquemment d’intérêts personnels et groupaux éloignés de ceux de la science. C’est souvent à partir d’un vécu expérientiel, de l’histoire d’un trouble, de la compréhension du ou des situations problèmes ou des souffrances qui en émanent que le clinicien peut cadrer ces expériences à l’aide de son matériel conceptuel et orienter le patient vers des pistes correspondantes.

Conceptualisation clinique On n’a jamais pu et ne peut faire l’impasse des cas cliniques ! Au contraire d’une étude randomisée ou une étude relationnelle, le cas clinique permet à travers sa conceptualisation de mieux comprendre le patient dans sa singularité et son fonctionnement. Il permet également de partager un vécu thérapeutique, une prise en charge, que ce soit avec un cas original, rare, difficile ou plus connu, fréquent et davantage traité. Il peut aider non seulement les cliniciens mais aussi les scientifiques à sortir de leurs cadres théoriques et remettre en question les pratiques et les théories qui les sous-tendent. Si Shapiro [2] nous dit que l’étude clinique parfaite n’existe pas, il en est de même pour le cas clinique idéal si ce n’est dans les livres car bien souvent ils y sont simplifiés, sinon romancés, loin de la réalité et de l’individualité du patient.

Oser le cas clinique ! Oser présenter un cas, se mettre à nu dans notre prise en charge, n’est pas chose aisée car la critique est souvent

1155-1704/$ – see front matter © 2013 Publié par Elsevier Masson SAS pour l’Association française de thérapie comportementale et cognitive.

http://dx.doi.org/10.1016/j.jtcc.2013.07.003

92 facile surtout pour ceux qui ne sont pas dans le vécu émotionnel de la prise en charge. Que l’on soit étudiant ou bien clinicien avec des années d’expériences, on peut constater empiriquement cette difficulté de présenter un cas clinique. À l’oral ou à l’écrit, cet exercice de style, souvent fait avec réserve, est pourtant indispensable et formateur pour tout le monde. Ces dernières années on peut constater le développement et l’acceptation de cette pratique, notamment dans les cours de TCC où il est de plus en plus demandé de présenter des cas de patients. On développe les jeux de rôle à partir d’un cas, l’évaluation se fait souvent à partir d’un mémoire qui présente un ou deux cas cliniques. En somme, il y a un réel désir aujourd’hui de faire progresser l’analyse clinique, de mieux comprendre le patient dans son histoire et dans sa singularité, de s’améliorer dans la pratique clinique pour travailler avec et auprès du patient sans forcément se lancer dans des théories périphrasées qui en font oublier le principal.

Supervision Nous ne pouvons évoquer les cas cliniques sans aborder l’intérêt de la supervision et du nombre d’heures consacrées à la supervision clinique. Longtemps en retard par rapport à certains pays de l’Europe du Nord, la France a, ces dernières années, en collaboration avec l’AFTCC, augmenté ses heures de supervision et est en train de former des superviseurs. On voit bien qu’aujourd’hui une certaine inertie ou une certaine pudeur est en train de se lever, les cas cliniques sont de plus en plus mis en avant, les cliniciens osent davantage partager, évoquer des difficultés cliniques et c’est tant mieux pour notre discipline et pour nos patients. La preuve en est dans ce numéro ou cinq cas originaux et un article d’ensemble nous sont présentés : • un article de Pierre Taquet et Marc Hautekeete proposant une Prise en charge TCC d’une addiction aux jeux vidéo : l’expérience de jeu contribue à la thérapie. Les auteurs nous font part d’un cas et d’une prise en charge spécifique à cette addiction qui « ne fait pas l’unanimité auprès des chercheurs et des cliniciens ». Pourtant nous pouvons voir dans notre patientèle de plus en plus de demandes de prise en charge en rapport avec des addictions spécifiques et actuelles (jeu pathologique, jeu vidéo, jeu en ligne, smartphones, internet, etc.) ;

Éditorial • un article de Camille Lefranc ¸ois et al. présentant Deux cas de TOC traités par thérapie comportementale du Positionnement Grégaire. Les auteurs nous proposent un travail sur l’assertivité et la soumission en tant que facteur de maintien des TOC ; • un article d’Abdel Halim Boudoukha exposant un trouble clinique connu chez les enfants mais trop peu étudié et exposé ; la Dyschésie psychologique de l’enfant : Anxiété, éducation comportementale et TCC ; • un article « clinico-culturel » de Vanessa Harscoet et al. présentant une Thérapie comportementale et cognitive d’un trouble d’anxiété sociale chez une adolescente de culture arabo-musulmane migrante en France ; • un article de Jammet F. Lizet et al. sur la fibromyalgie (Mieux vivre avec la fibromyalgie via un dispositif thérapeutique cognitivo-comportemental : étude du cas clinique « Mme L. »), visant, dans le cadre d’un programme cognitivo-comportemental de groupe, à « apprendre à mieux vivre avec sa fibromyalgie » (huit séances hebdomadaires, plus trois séances en individuel et un suivi à neuf mois après la fin de la thérapie). Un article exhaustif et précis déjà cité plus haut qui est celui de Frédéric Chapelle, lequel a repris et recensé tous les cas cliniques du JTCC. En espérant que ce numéro thématique soit apprécié à sa juste valeur et qu’il contribuera au développement et la présentation de cas clinique. Merci à tous les auteurs et cliniciens pour leur travail et merci à toute l’équipe toulousaine de reviewers. Bonne lecture.

Références [1] Lagache D. L’Unité de la psychologie. 7e ed. Paris: PUF; 2004. [2] Shapiro DA. Outcome research. In: Parry G, Watts FN, editors. Behavioral and mental health research: a handbook of skills and methods. 2nd Ed. Hove: Lawrence Erlbaum Associates; 1996.

Benoît Monié Centre de TCC de Toulouse, 44, rue Alsace-Lorraine, 31000 Toulouse, France Adresse e-mail : [email protected]