75e Congrès franc¸ais de médecine interne – Brest, 14, 15 et 16 juin 2017 / La Revue de médecine interne 38S (2017) A110–A225
Introduction Au cours des vascularités systémiques, l’inflammation joue un rôle primordial dans le processus thrombotique, par l’intermédiaire d’une activation de la coagulation ou d’une atteinte endothéliale. La maladie veineuse thromboembolique (MVTE) peut révéler les vascularités systémiques ou apparaître au cours de leur évolution. L’objectif de notre étude est de déterminer les particularités épidémiologiques, cliniques, thérapeutiques et évolutives de la MVTE au cours des vascularités systémiques. Patients et méthodes Étude rétrospective portant sur les dossiers des patients hospitalisés pour MVTE en rapport avec une vascularité systémique au service de médecine interne de l’hôpital Mongi Slim entre 2000 et 2017. Résultats Nous avons colligé 21 patients dont 15 hommes (71 %) et six femmes (29 %) avec un âge moyen de 40,52 ans. La MVTE était révélatrice de la vascularité sous-jacente dans 21 % des cas, elle était survenue au cours du suivi de la vascularité en cause dans 79 % des cas. La thrombophlébite était localisée aux membres inférieurs dans 71 % des cas : elle était proximale dans 8 cas (54 %) et distale dans 7 cas (46 %). Une embolie pulmonaire était retrouvée dans 3 cas (14,5 %). Une thrombose porte, de la veine cave supérieure et du membre supérieur étaient notées dans un cas chacune. Les vascularités en cause étaient par ordre de fréquence décroissant : la maladie de Behc¸et dans 16 cas, la maladie de Takayasu dans trois cas, un cas de granulomatose avec polyangéite et un cas de vascularité à IgA. Le traitement anticoagulant était indiqué chez tous les patients pendant une durée moyenne de 16,19 mois. La corticothérapie était indiquée dans 57 % des cas et un traitement immunosuppresseur dans 42 % des cas. La thrombophlébite était récidivante dans 3 cas sous traitement anticoagulant. Conclusion Il existe de plus en plus d’évidences de liens entre la présence d’une vascularité systémique et la survenue d’événements thromboemboliques. La maladie de Behc¸et présente dans notre série la principale vascularité en cause ce qui rejoigne les données de la littérature. Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts. http://dx.doi.org/10.1016/j.revmed.2017.03.138 CA021
Choc septique et thrombose jugulaire interne sur otite C. Faucon 1 , S. Guinemer 1,∗ , L.S. Baccar 2 , L. Landraud 3 , I. Mahe 1 , E. Aslangul 1 1 Service de médecine interne, hôpital Louis-Mourier, AP–HP, Colombes, France 2 Service de radiologie, hôpital Louis-Mourier, AP–HP, Colombes, France 3 Service de bactériologie, hôpital Louis-Mourier, AP–HP, Colombes, France ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (S. Guinemer) Introduction Le syndrome de Lemierre est une complication rare dont l’incidence est estimée à 0,8 cas par million par an. Il associe une infection oropharyngée à germe anaérobie (le plus souvent à Fusobacterium necrophorum et F. nucleatum) et une thrombose septique jugulaire interne homolatérale, parfois bilatérale avec dissémination septique secondaire dans 90 % des cas (notamment pulmonaires). Observation Une patiente de 26 ans, appartenant à la communauté des gens du voyage, se présente au service d’urgences pour céphalées fébriles et douleurs cervicales évoluant depuis deux jours, associées à des vomissements. Son mari rapporte une prise d’Ibuprofène au domicile. À l’arrivée aux urgences : hypotension à 85/49 mmHg, tachycardie à 116 bpm, fièvre à 39 ◦ C, raideur de la nuque avec douleur cervicale droite intense sans purpura, ni signe de localisation neurologique. Il n’y a pas de souffle à l’auscultation
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cardiaque, pas d’anomalies à l’auscultation pulmonaire. L’examen buccal révèle une très mauvaise hygiène buccodentaire. L’état de la patiente évolue vers un choc septique, impliquant un transfert en réanimation pour remplissage de sérum physiologique et un support vasopresseur par noradrénaline. Une antibiothérapie probabiliste intraveineuse par cefotaxime est débutée. La ponction lombaire ne retrouve pas d’élément, la proteinorachie est à 0,4 g/L et la glycorachie est normale. Les hémocultures sont toutes positives après sept heures à Streptococcus pyogenes. L’antibiothérapie est alors relayée par amoxicilline 6 g par jour. L’examen ORL révèle une otite suppurée bilatérale d’allure chronique avec perforation tympanique droite pour laquelle un traitement antibiotique local est ajouté. Le scanner des rochers et l’échographie cervicale mettent en évidence une thrombose jugulaire interne droite avec comblement de l’oreille moyenne plus marqué à droite, une ostéosclérose mastoïdienne et le comblement des cellules mastoïdiennes en faveur des antécédents d’otite moyenne chronique. Le scanner cérébral et cervico-thoraco-abdomino-pelvien montre un épanchement pleural bilatéral de faible abondance, associé à un épanchement du cul de sac de douglas et péri-hépatique. Une anticoagulation curative par HBPM est ajoutée à l’antibiothérapie prolongée. L’évolution fut favorable en 21 jours sous antibiothérapie avec guérison des signes. Discussion Le syndrome de Lemierre touche préférentiellement le sujet jeune immunocompétent. C’est une maladie rare mais dont la morbi-mortalité est non négligeable : 4 à 18 %, mais plus élevée avant l’ère des antibiotiques (30–90 %). Dans 81 % des cas, le germe en cause est le F. necrophorum. Chez notre patiente, le germe identifié est S. pyogenes. Ainsi, dans 8 % des cas d’autres germes peuvent être incriminés, ceux rapportées dans la littérature sont : Streptococcus sp alpha hémolytique, Bacteroides spp, Peptostreptococcus, Eikenella corrodens, Prevotella bivia, Porphyromonas spp, ou Pseudomonas aeruginosa, Klebsiella spp, Salmonella spp. Le diagnostic, souvent tardif, est à évoquer devant toute infection à point de départ ORL, ou dentaire, ou mastoidien associée à une thrombose de la veine jugulaire. Le traitement consiste en une antibiothérapie adaptée prolongée environ 3 à 6 semaines. L’anticoagulation n’est pas obligatoire, puisque la thrombose est assimilée à une embole septique, l’antibiothérapie pourrait être suffisante. Toutefois certaines études montrent une amélioration sous anticoagulant. Conclusion Le syndrome de Lemierre est une infection rare mais grave dont l’étiologie bactérienne n’est pas univoque. Le plus souvent il s’agit du F. necrophorum, mais d’autres commensaux de la cavité oro-pharyngée peuvent en être responsables. Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts. Pour en savoir plus Hagelskjaer L. Incidence and clinical epidemiology of necrobacillosis, including Lemierre’s syndrome in Denmark 1990–1995. Eur J Clin Microbiol Infect Dis 1998;17:561–5. Riordan T, Wilson M. Lemierre’s syndrome: more than a historical curiosa. Postgrad Med J 2004;80:328–34. Monge M, Aubry P, Dayen C, et al. Le syndrome de Lemierre: exceptionnel, mais encore possible. Ann Med Interne 2003;154:263–6. http://dx.doi.org/10.1016/j.revmed.2017.03.139 CA022
Complications thromboemboliques des MICI : prévalence et aspects cliniques
H. Hassine ∗ , Y. Said , H. Ben Temim , K. Eljeri , L. Mouelhi , F. Houissa , R. Debbiche , T. Najjar Service de gastro-entérologie, hôpital Charles Nicolle, Tunis, Tunisie ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (H. Hassine) Introduction Les complications thromboemboliques sont relativement fréquentes au cours des MICI et représentent une cause