FRACTURES PÉRIPROTHÉTIQUES AUTOUR DE LA HANCHE ET DU GENOU 38. KASSAB M, ZALZAL P, AZORES GM, PRESSMAN A, LIBERMAN B, GROSS AE : Management of periprosthetic femoral fractures after total knee arthroplasty using a distal femoral allograft. J Arthroplasty, 2004, 19, 361-368. 39. UTTING MR, NEWMAN JH : Customised hinged knee replacements as a salvage procedure for failed total knee arthroplasty. Knee, 2004, 11, 475-479. 40. HANSSEN AD, STUART MJ : Treatment of periprosthetic tibial fractures. Clin Orthop, 2000, 380, 91-98.
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41. FELIX NA, STUART MJ, HANSSEN AD : Periprosthetic fractures of the tibia associated with total knee arthroplasty. Clin Orthop, 1997, 345, 113-124. 42. HADDAD FS, MARSTON RA, MUIRHEAD-ALLWOOD SK : The dall-miles cable and plate system for periprosthetic femoral fractures. Injury, 1997, 28, 445-447. 43. KAMINENI S, VINDLACHERUVU R, WARE HE : Peri-prosthetic femoral shaft fractures treated with plate and cable fixation. Injury, 1999, 30, 261-268.
Classification des fractures du fémur sur prothèse de la hanche F. BONNOMET *, M. EHLINGER *, V. MOLINA **, H. THOMAZEAU *** INTRODUCTION
La prise en charge d’une fracture du fémur au voisinage d’une prothèse de la hanche dépend de différents facteurs. En marge des facteurs liés à l’état physiologique du patient ou à l’expérience du chirurgien, l’analyse précise de la fracture et de ses conséquences est essentielle. De nombreuses classifications s’intéressent à la localisation de la fracture [Beals et Tower, Bethea et al. (2), Cooke et Newman (3), Johansson et al. (4), Kavanagh (5), Park et al. (6)]. Mais peu d’entre elles se soucient de la stabilité de la fracture, de l’état de fixation de la tige prothétique ou de la qualité du stock osseux qui constituent pourtant des critères essentiels pour établir la stratégie thérapeutique [Brady et al. (7), Learmonth (8), Masri et al. (9)]. La classification de Vancouver [Duncan et Masri (10)] intègre ces éléments pour analyser les différents types de fracture et c’est celle qui a été retenue pour l’étude de nos séries. Classification radiographique des fractures autour des PTH La classification retenue dans ce symposium s’est inspirée très largement de la classification de Vancouver la plus utilisée dans les publications internationales. Quelques modifications ont cependant été apportées à la classification princeps.
Classification de Vancouver [Duncan et Masri (10)] Elle repose en premier lieu sur la localisation de la fracture (fig. 1) en distinguant ainsi : — type A : fracture des tubérosités intéressant la petite tubérosité (petit trochanter) notée AL et la grosse tubérosité (grand trochanter) notée AG ; — type B : fracture autour de la tige prothétique ; — type C : fracture située à 1 cm ou au-delà de l’extrémité distale de l’implant en considérant comme implant la tige prothétique et son éventuel ciment de fixation. Pour les fractures de type B, elle analyse également l’état de la fixation prothétique et la qualité osseuse. Ainsi elle distingue le type B1 où la fixation prothétique est restée intacte malgré la fracture, le type B2 lorsque la prothèse paraît descellée et le type B3 quand existe en plus du descellement une ostéolyse périprothétique (fig. 2). Modifications de la SO.F.C.O.T. Dans la mesure où, l’ostéolyse dans tous les cas, et l’altération de la fixation prothétique dans certains cas, pouvaient exister avant la fracture et du fait des conséquences probables de ces facteurs sur l’avenir de la prothèse quel que soit le siège de la fracture, nous avons appliqué ces critères de stabilité et d’ostéolyse aux fractures de type A et C (fig. 3). DISCUSSION
* Département d’Orthopédie et de Traumatologie, Hôpitaux Universitaires de Strasbourg, 1, place de l’Hôpital, 67098 Strasbourg Cedex E-mail :
[email protected] ** Service d’Orthopédie et de Traumatologie, Hôpital de Bicêtre, 78, rue du Général-Leclerc, 92275 Le Kremlin-Bicêtre E-mail : Matthieu.
[email protected] *** Service D’orthopédie, CHU Hôpital Sud, 16, boulevard de Bulgarie, 35056 Rennes. E-mail :
[email protected] ;
[email protected]
La classification de Vancouver des fractures pérsi-prothétique de la hanche est largement utilisée dans la littérature [Agarwal et al. (11), Berry (12), Greidanus et al. (13), Kamineni et al. (14), Learmonth (8), Springer et al. (15), Tsiridis et al. (16), Venu et al. (17)]. C’est une classification claire, utilisant des critères simples et en théorie facile d’utilisation. Certains auteurs y ont apporté quelques adaptations notamment en ce qui concerne les fractures peropératoires qui sont exclues de notre étude [Greidanus et al. (13), Masri et al. (9)]. À l’inverse très peu d’études,
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FIG. 1. – Classification de Vancouver (Duncan et Masri) selon le siège de la fracture.
FIG. 2. – Classification de Vancouver (Duncan et Masri) des fractures de type B (B1 : tige stable, B2 : tige instable, B3 : tige instable avec ostéolyse).
en dehors de celles des promoteurs, ont exploré la fiabilité de cette classification [Brady et al. (7), Dunwoody et al. (18)]. Concernant le siège fracturaire, la concordance interobservateur de la série est bonne. Certaines discordances retrouvées concernent plus particulièrement les fractures situées en bout de tige cimentée, notamment lorsque le trait de fracture est spiroïde. Dans ce cas, le bilan radiographique réalisé aux urgences permet parfois difficilement de distinguer un type B « bas » d’un type C « haut » du fait des difficultés à situer dans tous les plans la fracture vis-à-vis du
bouchon de ciment (fig. 4). De même, certaines fractures semblant localisées à une tubérosité (type A) peuvent sous d’autres incidences se révéler descendre bien plus bas sur la diaphyse et constituer ainsi un type B. L’appréciation de la fixation prothétique est très variable d’un observateur à l’autre, que l’on tienne compte ou non de l’ostéolyse périprothétique ou de la localisation de la fracture. La capacité à mettre en évidence le descellement sur les radiographies (sensibilité) est satisfaisante pour les observateurs entraînés notamment dans les fractures de type B.
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FIG. 3. – Classification de Vancouver modifiée par la SOFCOT. L’indice numérique traduit l’état osseux ou de fixation prothétique (A2 ou C1 : tige stable, A2 ou C2 : tige instable, A3 ou C3 : tige instable avec ostéolyse).
La mise en évidence de l’ostéolyse ne semble pas constituer une difficulté majeure. Il est toutefois arrivé que la qualité du bilan initial ne permette pas de visualiser les zones d’ostéolyse et entraîne ainsi une confusion dans la classification d’une fracture (fig. 5). C’est en fait surtout la perte de la fixation de l’ancrage de la tige qui paraît plus difficile à affirmer et certaines situations rencontrées dans notre étude l’attestent. En l’absence de radiographies précédant la fracture et quelle que soit la localisation de celle-ci, il est parfois aléatoire de conclure au descellement d’un implant. Par ailleurs, la notion même de perte de la fixation est variable d’un implant à l’autre. Par définition, une fracture de type B autour d’une tige cimentée entraîne une rupture du man-
teau de ciment ou une désolidarisation du ciment et de l’os permettant de considérer l’implant comme descellé de façon certaine selon les critères définis par Harris. Or cette notion n’apparaît pas dans la définition de la classification de Vancouver et le suivi à long terme de certaines fractures de ce type permet de supposer que le descellement n’est pas inéluctable (fig. 6). Pour les tiges non cimentées, il paraît difficile aussi dans certains cas de trancher sur la perte ou non de la fixation osseuse. Les conséquences de la perte de contact entre l’os et l’implant dépendent en effet de différents facteurs (réhabitation proximale ou totale de la tige, proportion restante de contact en zone d’ancrage, possibilité de réduction des fragments en zone d’ancrage, qualité osseuse) qu’il est souvent difficile d’analyser sur
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FIG. 4. – Fracture en bout de tige cimentée apparemment stable. a) La distance entre l’écaille du fragment distal et le bouchon de ciment semble supérieure à 1 cm (type C). b) Une autre incidence montre que l’écaille remonte jusqu’au bouchon de ciment (type B).
FIG. 5. – Fracture traumatique en regard d’une tige cimentée. a) Descellement préalable certain (liseré ciment-tige, enfoncement de la tige), pas d’ostéolyse évidente (type B2). b) Cliché réalisé 3 semaines avant la fracture montrant l’ostéolyse en partie distale, vraisemblablement à l’origine de la fracture (type B3).
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FIG. 6. – Fracture spiroïde de type B sur tige cimentée. a) Rupture spiroïde franche du manteau de ciment (type B2 envisageable). b et c) Contrôle 8 ans après traitement par cerclages simples. Aucun signe de descellement de la tige (fracture pouvant initialement être classée type B1).
les seules images obtenues en urgence. C’est au cours de l’intervention voire de l’évolution après traitement que l’on
peut confirmer ou non les conclusions initialement faites sur la stabilité supposée de la tige (fig. 7).
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FIG. 7. – Fracture comminutive de type B sur tige non cimentée anatomique à revêtement HAC sur la moitié supérieure. a) Perte de contact important sur le versant latéral avec maintien d’un contact correct en métaphyse et sur la corticale interne. b et c) Contrôle 1 ans après ostéosynthèse. Consolidation de la fracture. Aucun signe de migration de la tige (fracture pouvant initialement être classée type B1).
CONCLUSION
FIG. 8. – Calcul de l’index de fixation restante : IFR = A / B (A : hauteur minimale d’ancrage persistant, B : hauteur totale de l’ancrage initial).
La classification repose sur des critères simples et ne peut donc être d’une fiabilité absolue. Notre expérience confrontée aux rares données de la littérature [Brady et al. (7), Dunwoody et al. (18)] permet toutefois de montrer que sa reproductibilité entre observateurs est acceptable pourvu qu’ils soient expérimentés. Cette classification a le mérite de s’intéresser à la fixation prothétique sans toutefois définir de critères précis permettant de l’établir. Elle est donc perfectible en distinguant par exemple chaque mode de fixation prothétique (tige cimentée, tige non cimentée à fixation proximale, tige non cimentée à revêtement complet), en appliquant les indices pour la fixation et l’ostéolyse des fractures de type B aux autres fractures (type A et C). Par ailleurs, il paraît nécessaire de préciser la proportion de la surface de l’implant restant encore correctement fixée à l’os. La classification de Beals et Tower (1)] proposait déjà de distinguer les cas où cette fixation serait supérieure ou inférieure à 25 %. Afin de mieux apprécier cette fixation restante, nous proposons le calcul d’un index spécifique (IFR = Index de Fixation Restante) (fig. 8 et 9).
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FIG. 9. – Exemples de calcul de l’index de fixation restante : IFR = A / B. a) IFR : 90 %. b) IFR : 60 %. c) IFR : 0 %.
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