Comorbidités au cours de la polyarthrite rhumatoïde

Comorbidités au cours de la polyarthrite rhumatoïde

78e Congrès de médecine interne – Grenoble du 12 au 14 décembre 2018 / La Revue de médecine interne 39 (2018) A103–A235 ∗ Auteur correspondant. Adres...

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78e Congrès de médecine interne – Grenoble du 12 au 14 décembre 2018 / La Revue de médecine interne 39 (2018) A103–A235 ∗

Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (S. Rahmouni)

Introduction La mortalité au cours de la polyarthrite rhumatoïde (PR) a diminué au cours des dernières décades, mais est restée supérieure à celle de la population générale [1]. Le risque cardiovasculaire de la PR représente le premier facteur de mortalité de cette maladie. Notre objectif est d’évaluer la fréquence des facteurs de risque cardiovasculaires au cours de la PR. Patients et méthodes Étude rétrospective menée au service de médecine interne colligeant 82 patients ayant une PR. Les critères diagnostiques ACR 1987 et ACR/EULAR 2010 étaient remplis dans respectivement 79 % et 21 %des cas. Nous avons étudié la présence de ces facteurs de risque (FRCV) : tabagisme, hypertension artérielle (HTA), diabète, dyslipidémie, hyperuricémie et obésité. Résultats Le sexe- ratio H/F était 0,32. L’âge moyen de nos patients était de 54,23 ans [27–79]. La durée moyenne d’évolution était de 107 mois [1–444]. La corticothérapie était notée dans 95,1 % des cas avec une dose moyenne de 9,42 mg. Les facteurs de risque cardiovasculaires associés à la PR observés chez 50 patients (16 H et 34 F) étaient repartis comme suit : surpoids (47,5 %), obésité (24,6 %), diabète (22,8 %), dyslipédemie (18,3 %), HTA : (15,8 %), hyperuricémie (12,9 %), tabagisme (11,4 %). Vingt et un patients (25,6 %) avaient un seul FRCV. La cumulation de deux FRCV a été observée chez 19 patients (23,2 %), neuf patients avaient cumulé 3 FRCV (11 %) et un patient avait 4 FRCV (1,2 %). Les évènements cardiovasculaires retrouvés dans notre série étaient observés chez 3 patients (accident vasculaire cérébral : 1 cas, coronaropathie : 2 cas). Les patients ayant au moins un FRCV avaient une maladie plus active (DAS 28 VS moyen = 5,33 vs 4,9, p = 0,045). Les FRCV étaient plus observés chez les hommes (80 %, vs 54,83 % chez les femmes, p = 0,045) Il n’existe pas de différence entre les patients avec et sans FRCV concernant : l’âge actuel (56,4 ans vs 50,75 ans, p = 0,055), la durée d’évolution de la PR (114 mois vs 97 mois, p = 0,485), le taux de la CRP (28,58 mg/L vs 24,59 mg/L, p = 0,611), le taux de fibrinogène (4,09 g/L vs 4,15 g/l, p = 0,886), l’utilisation d’anti-inflammatoires non stéroïdiens (42,2 % vs 23,33 %, p = 0,09) et la dose moyenne de corticoïde (9,54 mg vs 9,25, p = 0,827) Les FRCV n’étaient pas associés à la présence de facteur rhumatoïde ou anti-CCP ni à l’existence de manifestations extra-articulaires. Discussion Selon les recommandations de l’EULAR sur les risques cardiovasculaires dans les rhumatismes inflammatoires, la PR doit être considérée comme un facteur de risque CV à part entière. [2] Cette augmentation de risque est liée à la fois à l’augmentation des autres facteurs de risque CV et à l’inflammation. Dans notre étude, les patients ayant des FRCV avaient une maladie plus active. Certains auteurs suggèrent que la CRP est significativement associée aux facteurs de risque CV [3]. Il a été constaté également une forte association entre la présence de manifestations extra-articulaires au cours de la PR et un risque cardiovasculaire accru [2]. Ces associations n’ont pas été retrouvées dans notre étude Conclusion En plus des FRCV classiques, la PR est elle-même décrite comme un facteur de risque cardiovasculaire indépendant. Un meilleur contrôle de l’activité est nécessaire pour un plus faible risque CV. L’évaluation et contrôle du risque CV doivent être régulier et reconduits à chaque changement de traitement. Déclarations de liens d’intérêts Les auteurs n’ont pas précisé leurs éventuels liens d’intérêts. Références [1] Dadoun S, Zeboulon-Ktorza N, Combescure C, Elhai M, Rozenberg S, Gossec L, et al. Mortality in rheumatoid arthritis over the last fifty years: systematic review and meta-analysis. Joint Bone Spine 2013;80(1):29–33. [2] Peters MJ, Symmons DP, McCarey D, et al. EULAR evidencebased recommendations for cardiovascular risk management in

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patients with rheumatoid arthritis and other forms of inflammatory arthritis. Ann Rheum Dis 2010;69:325–31. [3] Kaptoge S, Di Angelantonio E, et al. Emerging risk factors collaboration, creactive protein, fibrinogen, and cardiovascular disease prediction. N Engl J Med 2012;367:1310–20. https://doi.org/10.1016/j.revmed.2018.10.053 CA045

Comorbidités au cours de la polyarthrite rhumatoïde

S. Rahmouni ∗ , M. Slouma , R. Dhahri , L. Metoui , N. Boussetta , N. Gueddiche , F. Ajili , I. Gharsallah , B. Louzir Service de médecine interne, hôpital militaire principal d’instruction de Tunis, Tunis, Tunisie ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (S. Rahmouni) Introduction La polyarthrite rhumatoïde (PR) est une pathologie complexe. Son association à des comorbidités peut mettre en jeu le pronostic vital. L’objectif de ce travail était de définir le profil des comorbidités chez les patients atteints de PR et d’en déduire les facteurs prédictifs de leur survenue. Patients et méthodes Étude rétrospective effectuée au service de médecine interne 82 patients atteints de PR. Les critères diagnostiques ACR 1987 et ACR/EULAR 2010 étaient remplis dans respectivement 79 % et 21 %des cas. Nous avons étudié la présence de ces comorbidités : pathologies cardiovasculaires et leurs facteurs de risque (FRCV) (tabagisme, hypertension artérielle (HTA), diabète, dyslipidémie, hyperuricémie et obésité), néoplasie, ostéoporose et dépression. Résultats Le sexe- ratio H/F était 0,32. L’âge moyen de nos patients était de 54,23 ans [27–79]. La durée moyenne d’évolution était de 107 mois [1–444]. La corticothérapie était notée dans 95,1 % des cas avec une dose moyenne de 9,42 mg. Le DAS 28 moyen était de 5,17 ± 1,21. L’indice de masse corporelle moyen était de 27,27 kg/m2. La présence d’au moins une comorbidité était observée dans 32 cas (39 %) : 34,1 % des patients (n = 28) avait une comorbidité, 4,9 % (n = 4) avaient cumulé 2 comorbidités. L’ostéoporose, notée dans 38,2 % des cas, représentait la comorbidité la plus fréquente. La dépression était observée chez 10,1 % des patients. Deux cas de néoplasie ont été notés : un lymphome gastrique (ayant apparu après une durée d’évolution de la PR de 6 ans) et un cancer de l’endomètre (ayant survenu après 41 ans d’évolution). La pathologie cardiovasculaire était présente chez 3 patients (accident vasculaire cérébral : 1 cas, coronaropathie : 2 cas). La présence de FRCV était notée dans 60,97 cas. Il s’agissait de : tabagisme (11,4 %), HTA (15,8 %), diabète (26,8 %), dyslipidémie (22,8 %), obésité (24,6 %), surpoids (47,5 %), hyperuricémie (12,9 %). La présence de comorbidité était associée à une durée d’évolution plus importante (115 mois vs 57 mois, p = 0,027) et à un délai diagnostic plus long (49 mois vs 11 mois, p = 0,028). En revanche, elle n’était pas associée aux paramètres suivants : le sexe, l’âge au moment du diagnostic (43,96 vs 44,04 ans, p = 0,982), la présence de FR et anti-CCP, l’existence de syndrome inflammatoire biologique, l’activité de la maladie (DAS28 = 5,52. vs 4,98, p = 0,093), l’atteinte structurale. Discussion Notre étude confirme la forte prévalence des comorbidités au cours de la PR, elles étaient estimées à de 63,5 % dans une étude thaïlandaise [1]. Dans l’étude COMORA, la dépression était la comorbidité la plus fréquente [2]. L’absence de dépistage systématique de cette affection pourrait expliquer sa faible prévalence dans notre série. Le délai diagnostic et la durée d’évolution semblent être les facteurs les plus associés à la présence de comorbidité. D’autres études suggèrent que la sévérité de la PR est le principal facteur associé à l’existence de comorbidité.

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Conclusion De part leur fréquence et leur retentissement, les comorbidités au cours de la PR doivent être dépistées et prises en charge précocement. Déclarations de liens d’intérêts Les auteurs n’ont pas précisé leurs éventuels liens d’intérêts. Références [1] Osiri M, Sattayasomboon Y. Prévalence des comorbidités chez les patients atteints d’une polyarthrite rhumatoïde suivis en consultation. Revue du rhumatisme 2013;80(5):467–72. [2] Dougados M, et al. Ann Rheum Dis 2014;73:62–8. https://doi.org/10.1016/j.revmed.2018.10.054 CA046

Profil de l’atteinte pulmonaire au cours de la polyarthrite rhumatoïde

S. Rahmouni ∗ , M. Slouma , R. Dhahri , L. Metoui , N. Boussetta , N. Gueddiche , F. Ajili , I. Gharsallah , B. Louzir Service de médecine interne, hôpital militaire principal d’instruction de Tunis, Tunis, Tunisie ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (S. Rahmouni) Introduction L’atteinte respiratoire au cours de la polyarthrite rhumatoïde (PR) présente un tableau clinique polymorphe. À ce jour, les mécanismes physiopathologiques de cette manifestation ne sont pas bien élucidés. Plusieurs facteurs de risques ont été identifiés. Le but de ce travail était de décrire les particularités épidémiocliniques et paracliniques de l’atteinte respiratoire afin de dégager les facteurs associés à sa survenue. Patients et méthodes Il s’agit d’une étude rétrospective et analytique incluant 82 patients atteints de PR répondant aux critères ACR 1987 et ACR/EULAR 2009. Les données sociodémographiques, cliniques étaient recueillies. Résultats Il s’agissait de 20 hommes et 62 femmes. L’âge moyen était de 54,23 + 13,16 ans avec une durée moyenne d’évolution de la PR 107 mois. Le tabagisme était noté chez 11,1 % des patients. Les DMARDs utilisés étaient : le méthotrexate (MTX) (51,9 %), la salazopyrine (21,1 %) et un traitement biologique dans 46,34 % des cas. La corticothérapie était utilisée dans 95,1 % des cas. L’atteinte pulmonaire était observée dans 29,26 % des cas (n = 24). Les signes fonctionnels respiratoires étaient notés dans 45,83 % des cas, à type de toux (27,27 %) et de dyspnée(81,81 %). Parmi les patients ayant une atteinte pulmonaire, 37,5 % avaient des anomalies à l’exploration fonctionnelle pulmonaire (EFR) avait montré des anomalies : un syndrome restrictif dans 57,12 % des cas et un syndrome obstructif dans 42,88 % des cas. La radiographie du thorax (RX) avait montré un syndrome interstitiel dans 38,5 %des cas. La tomodensitométrie haute résolution a montré des anomalies dans 19 cas : pneumopathie interstitielle diffuse (PID) (n = 8), des nodules rhumatoïdes (n = 5), une bronchiolite (n = 5) et une pleurésie (n = 1). L’atteinte pulmonaire était présente au moment du diagnostic de la PR chez 27,8 % des patients. Elle émaillait le cours évolutif de la PR dans le reste des cas avec un délai moyen entre le début de la PR et la découverte de l’atteinte pulmonaire de 57,8 mois [3–204]. Le MTX était utilisé dans 84,61 % des patients ayant une atteinte pulmonaire. Le délai entre le début du MTX et l’apparition de l’atteinte pulmonaire était de 28 mois [0–60]. Les patients avec atteinte pulmonaire avaient un délai diagnostic plus important (79 mois, vs 39 mois, p = 0,027) et une PR plus active (DAS28 moyen = 5,65 vs 4,98 ; p = 0,045) Par ailleurs, aucune association significative n’a été retrouvée avec le sexe masculin (sexe ratio = 0,33 vs 0,31 ; p = 0,930), la présence d’anticorps antipeptides citrullinés (68,18 % vs 62,74 % ; p = 0,459), facteur rhumatoïde (66,66 % vs 44,23 ; p = 0,069) et le tabagisme (4,16 %, vs 14,81 % ; p = 0,174). L’âge de début de la PR, la durée

d’évolution, la présence d’érosion à la radiographie n’étaient pas associés à l’atteinte pulmonaire. Après la découverte de l’atteinte pulmonaire le MTX a été arrêté dans 33,33 %des cas et maintenu dans 2/3 des cas. Il était toléré sur le plan respiratoire avec un recul de 58 mois. Discussion L’exacte prévalence de l’atteinte pulmonaire au cours de la PR reste à ce jour indéterminée puisque variable en fonction des outils de détection utilisés. Dans notre étude 38,5 % des patients avaient des anomalies à la RX. Plus que la moitié des patients ayant une atteinte pulmonaire étaient asymptomatiques. La PID constitue la manifestation pulmonaire la plus fréquente et la plus sévère, elle était objectivée dans 42,10 % des cas à la TDM-HR. Il est classiquement rapporté que la PID survient plus fréquemment chez des patients séropositifs pour les anticorps anti-CCP (ACPA) et le facteur rhumatoïde (FR) avec des taux souvent élevés d’ACPA et de facteur rhumatoïde (FR) [1], cette association n’a pas été objectivée dans notre étude. Il n’existe à ce jour aucun argument pour incriminer le MTX comme facteur de risque de survenue ou de progression de la PID au cours de la PR[2]. La détection d’une PID ne constitue pas une indication à interrompre le MTX, sauf dans des formes aiguës ou subaiguës. Conclusion Du fait de sa fréquence, d’une phase longtemps asymptomatique et enfin, d’une surmortalité importante, l’atteinte pulmonaire requiert une attention particulière de la part du rhumatologue. Déclarations de liens d’intérêts Les auteurs n’ont pas précisé leurs éventuels liens d’intérêts. Références [1] Ytterberg AJ, Joshua V, Reynisdottir G, et al. Shared immunological targets in the lungs and joints of patients with rheumatoid arthritis: identification and validation. Ann Rheum Dis 2015;74:1772–7. [2] Cavagna L, Monti S, Grosso V, et al. The multifaceted aspects of interstitial lungdisease in rheumatoid arthritis. Biomed Res Int 2013;2013:759–60. https://doi.org/10.1016/j.revmed.2018.10.055 CA047

L’anémie de la polyarthrite rhumatoïde

S. Rahmouni ∗ , M. Slouma , R. Dhahri , L. Metoui , N. Boussetta , N. Gueddiche , F. Ajili , I. Gharsallah , B. Louzir Service de médecine interne, hôpital militaire principal d’instruction de Tunis, Tunis, Tunisie ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (S. Rahmouni) Introduction L’anémie est la manifestation hématologique la plus fréquente au cours de la polyarthrite rhumatoïde (PR). Peu d’études se sont intéressées aux conséquences de cette anomalie. Le but de notre étude était d’évaluer la fréquence de l’anémie chez les patients atteints de PR et d’analyser sa relation avec les paramètres d’activité de la maladie. Patients et méthodes Il s’agit d’une étude rétrospective portant sur 82 patients atteints de PR selon les critères de l’ACR 1987 et ACR-EULAR 2009. Les caractéristiques sociodémographiques des patients, les paramètres cliniques et biologiques de la PR ont été collectés. Nous avons réparti les patients en 2 groupes : G1 ayant une anémie et G2 sans anémie. L’anémie a été définie selon l’OMS par un taux d’hémoglobine < 12 g/dL pour les femmes et < 13 g/dL pour les hommes. Ont été exclus de cette étude les patients qui ont une cause outre que la PR pouvant expliquer l’anémie. Résultats Parmi les 82 patients, 62 (75,6 %) étaient des femmes. L’âge moyen était de 54,23 ± 13,1 ans. La durée moyenne d’évolution de la PR était de 107 mois. Trente-huit patients avaient