CONTRIBUTION A L'C:TUDE CYTOCHIMIQUE DES Ri~ACTIONS ALLERGIQUES ~PICUTANI~ES (*) Par
E. GROSSHANS et J. FOUSSEREAtl /
L'examen anatomo-pathologique d'une biopsie de test 6pieutan6 est insuPSsant pour l'Etude et l'identification des ElEments cellulaires spdcifiques d'une r6acfion allergique. Certes, la pr4dominanee des cellules mononuelEEes est apparente, mais lent appartenance & une lign& lympho'i.de histioeytaire est d61icate h pr6eiser sur le simple examen d'une coupe histologique. A la suite de nombreux auteurs, nous avons eonsacr6, en 1968, un travail l'dtude histologique de 15o biopsies des tests 6picutands divers et nos conclusions, r4sumEes sommairement, ont 4t6 formulEes de la fa(ion suivante : Les tests aux produits caustiques, comme la potasse h 2,5 p. cent ne cornportent jamais de stigmates histologiques d'allergie et la rdaction s'4puise an fur et h mesure des dilutions sans passer par un stade simulant l'allergie (Achten). - - Avec les produits toxiques, comme les savons, les ddtersifs industriels, Ies substances coneentr&s servant h la sensibilisation exp&imentale, on peut observer une reaction allergique, mais elle est toujours assoeide h des signes d'atteinte toxique de l'@iderme. Inversement des dEtersifs mdnagers peu irritants, certains cosmEtiques (crbmes d@ilatoires par exemple), des solutions antiseptiques, le bio chromate de K h o,5 p. cent, provoquent cliniquement une reaction eezEmateuse qui ne s'avhre histologiquement pas toujours de nature allergique et nos observations tendent & restreindre l'importanee d'une authentique hypersensibilitE retardee dans les ph4nom6nes d'intol&ance h c e s produits. - - L e s allerg4nes m6dicamenteux, cosm6tiques, professionnels, vdg4taux, exp4rimentaux..., provoquent des r&etions allergiques pures; tr6s ffdquemment -
-
(*) C o m m u n i c a t i o n f a i t e le 2 octobre 1968 a u VII~ Congrbs Berlin.
Europden
d ' A n e r g o l o g i e , /t
Revue Frangaise d'Allergie, 1969, 9 (3), 157-167
l~.EVUE FI~ANGAISI~ D~ALLEI~GIE E. GROSSHANS ET j . FOUSSEREAU
cependant - - du fair de la lecture tardive 5 la 48° heure et de l'occlusion par ,~ patch ,~ - - ces tests comportent des signes de toxicit6 dus 5 la macfration et g la surinfection et peuvent g4ner l'interpr4tation histologique. En raison de ces fats, l'histologie, tout comme la clinique, peut 4tre en d4faut; il est quelquefois possible de trancher en faveur d'un m4canisme allergique, si l'on peut mettrc en 6vidence, en plus des images elassiques de spongiose et vdsiculation (CHAII.PY et coll., MI~SCHEg, BANDKSNN, GROSSHANS) des signes comme : une lymphodiap6dhse nette avec constitution d'amas p4rithdliaux denses de petits lymphocytes et congestion des sinus lymphatiques du define; des images de divisions mitotiques dans les foyers d'infiltration, avec pr4sence de grandes eellules pyroninophiles; .des flammhehes d'exocytose de polynucl4aires 6osinophiles prfc6dant l'exocytose lymphocytaire et correspondant peut-4tre au leueotactisme positif de certaines allerg~nes.
I.
--
MI~THODE
Pour mieux circonscrire le probl6me et pr4ciscr les limites sp6cifiques de l'allergie, nous avons eu l'id6e de recourir ~ l'6tude cytologique par une m6thode simple, introduite en 1957 par DEcos et OSSIPOWSKI, consistant 5 faire sm lames des empreintes d'une biopsie. Le fragment biopsique est appuy4 14g~rement, sans glisser, 4 / i 5 fois sur une lame d6graiss4e et chauff4e : il est maintenu de telle fagon que toute sa face .d'excision eomportant l'6piderme et le derme soit uniform4ment appliqu4e sur la lame, l'4piderme 4taut toujours dirig4 du m4me eht6 : ee petit d6tail permet une rcconstitution spatiale grossihre des frottis ou <, dermogrammes ,, ainsi obtenus. Ceux-ci sont ensuite fix4s et eolor6s : par le MAY-GRuNWALD-GmMsA, solutions maintenues 7t pH7 au tampon SOERENSEN ; -
de
-
- - par le P.A.S. avec 4preuve ~ l'amylase salivaire ; - - par le vert de m6thyle-pyronine avec @reuve 5 la ribonuel&se; - - p a r l'acri.dine-orange (H~ITMANN) avec examen en fluorescence (microscope Zeiss) ; ou conserv6s au froid et trait6s par un s6rum anti-gammaglobulines humaines marqu4 par un eonjugu4 fluorescent pour un examen en immunofluoreseence direete. Apr~s 6Iimination des empreintes de mauvaise qualitd, nous avons retenu 37 dermogrammes correspondant ~ un ou plusieurs tests faits avec les allerg6nes suivants : bichromate de potassium ~ 0,5 p. cent, chlorure de cobalt ~ z p. cent, sulfate de nickel 5 z p. cent, ehlorure de ph6nacyle 5 o,1 p. cent, thioglyc4rol 5 P. cent, P.P.D., T.M.T.D., caoutchouc, pommade V6gfbom ~ l'huile de laurier, erhme Ph~nergan, crhme d@ilatoire Veet, d4tersif Lux, acide mercurothiolique, baume du Pfrou, liquide de permanente, chloramphfnicol, chloroquine, oxyde iaune de mercure, colorant orang6 III, rdsine Araldite, bourgeons r6sineux de pins, premev~re.,. (fig. 1, z, 3). 158
o~
9,
N °
1969
3
l~TUDE CYTOCHIMIQUE DE,S R]~ACTIONS ALLERGIQUES ]~PICUTAN]~ES
Fro. 1. - - T e s t ~pieutan~ au b a u m e du Pdrou, biopsie f a i t e h J a 48 ° heure. A l ' e x a m e n eytologique, p r e s e n c e de l y m p h o c y t e s P.A.S. p o s i t i f s s o u v e n t v o i s i n s d ' u n m a e r o p h a g e e o n t e n a n t ~galem e n t des g r a n u l a t i o n s P.A.S. p o s i t i v e s (P.A.S. × 1000, f i l m Adox KB 14, p b o t o m i e r o s e o p e Zeiss).
Fit3. 2. - - D e r m o g r m m n e d ' n n test dpieutan~ allergique a u c h l o r a m ph6nieol apr6s r4aetion d ' i m m u n o f l u o r e s e e n e e direete p o u r la ddtection de 3,-globulines : groupe de 3 g r a n d e s cellules l y m p h o i d e s h e y t o p l a s m e fluoreseent (photomieroseope Zeiss, film A n s c o e h r o m e , ;( 400).
159
REVUE FRANgAIsE D~ALLERGIE E,
CROSSHANS E T
].
FOUSSEREAU
FIG. 3. - - D e r m o g r a m m e d'un test 6picutan6 a l l e r g i q u e au h a u m e du P6rou examin6 en immunofluorescence directe : cellule h n o y a u encoch6 p r 6 s e n t a n t une fluorescence cytoplasmique granulaire (cellule i m m u n o - c o m p 6 t e n t e ou macrophagie d ' u n i m m u n complexe fluorescent ?) (photomicroscope Zeiss, film Anscochrome, × 1 000).
II.
--
RI~SULTAT$
Le fait majeur ~ signaler est la pr4dominance des lign4es mononuel84es dans routes les empreintes provenant de tests allergiques. L'abondance et la proportion des cellules sont cependant exclusivement variables et les frottis sont diffieilement comparables. Une empreinte de bonne qualit4 comporte zo ~ 30 414ments eellulaires par champ d'immersion x 1 ooo. La moyenne de 37 tests lisibles donne la formule suivante (tableau I) : DERMOGRAMME
I)t~RMOGRAMME
TEST ALLERGIQUE (20 * 30 cell. •champ × 1 000)
NORMAL (Degos) (3- 4 cell. /champ × 1 000)
Petits lymphocytes lYfoyens lymphocytes Grands lymphocytes
46 % 6 % 0,5 %
52,5 %
Polynucl6aires 26 % (6osinophiles 2 % - basophiles 1 % ) 1V~onocytes, histioeytes 2,5 % Cellules 6pidermiques 19 %
160
1°o 1
25 %
50 %
15 %
20 %
2o % 10 %
--4
TOME 9, N ° 3 1969 ETUDE CYTOCHIMIQUE DES REACTIONS ALLERGI~UES ~PICUTANEES
Cette moyenne ne refl~te qu'approximativement la , teneur ,, d'un frottis typique. Elle ne diff~re de celle d'un dermogramme normal que par la raret6 des 41~ments histio-monocytaires typiques, la plus grande abondance de cellules 6pidermique et l'existence d'une petite 4osino-basophilie. En tart, les proportions sont variables et il taut les interpreter en fonction de rhistologie et de la nature du produit test4. Une v~siculatiou intense pent faire varier ]e taux de cellules ~pidermiques de r ~ 65 p. cent : celles-ci se reconnaissent ais6ment h leur intense basophilie et leurs prolongements cytoplasmiques. Elles sont isol4es ou group6es en petits placards, jamais alt~r~es. La richesse des dermogrammes en polynucldaires est relativement constante : elle a tendance 5 augmenter dans les tests tr~s v6siculeux, pouvant atteindre 56 p. cent. La pr6sence d'une dosinophilie est plus significative : en moyenne de a p. cent, elle peut atteindre des chiffres .de 20 p. cent; d6s qu'elle d4passe 2-3 p. cent, elle s'accompagne volontiers d'une petite basophilie pouvant atteindre 6 h 7 P. cent. Ces polynucl4aires, surtout des 6osinophiles et des basophiles, sont habituellement mflang6s aux cellules 4pidermiques : ils sont particulihrement abondants dans des tests 5 l'huile de laurier et au chloramph4nicol off ils semblent correspondre au front d'exoeytose de polynucl6aires qu'on voit quelquefois pr4c6der l'exos&ose et la migration lymphocytaire. Le pourcentage des lymphocytes est grossi6rement proportionnel h l'importahoe des infiltrats dermiques et inversement proportionnel h la spongiose et ~ la v4siculation, qui libhrent davantage de cellules 4pidermiques et favorisent un afflux secondaire de polynucl6aires neutrophiles du fait de la mae4ration et de la surinfection. Le chiffre des lymphocytes varie de 2o ~ 83 p. cent. La proportion des petits lymphocytes (qui est de lo p. cent dans une peau normale) est cependant constamment 41ev4e avee une moyenne ~ 46 p. cent et des valeurs extr4mes de 19 a 75 P. cent. Les cellules histioeytaires et les macrophages ne rcpr4sentent qu'un faible pourcentage de 2,5 p. cent : ils sont volontiers atypiques, et ne peuvent 4tre ais6ment reconnns que s'ils renferment des particules phagocyt6es. Dans un test positif & la r6sine ,, Araldite ,,, on reeonnaissait facilement des partieules de polym6re de 1-2 ~ dans des vacuoles cytoplasmiques; cette maerophagie de l'allerghne nous semble un signe important, signant la perm4abilit4 6pidermique pour l'allergbne test6. En dehors de ces 414ments cellulaires, d'origine h4matologique ou tissulaire, il est possible d'identifier des areas de cellules lymphoides qui contiennent des cellules mononuc164es volumineuses de 2o ~ 30 ~, h cytoplasme trhs basophile avec un semis de vacuoles p6rinucl6aires de 1 & 3 ~, quelquefois une ~bauche d'archoplasme, des condensations chromatiniennes et des formations nucl4olaires du noyau : le taux de ces cellules ne d6passe pas 1 & 4/2oo-zso cellules ; elles ne sont ais6ment identifiables que dans des elnpreintes d'excellente qualit6. Nous interpr6tons ces cellules, ressemblant parlors h des h6moeytoblastes, comme des 161
REVUE, FRANg~.ISE D~ALLERGIE E. GROSSHANS ET J. FOUSSEREAU
lymphocytes transform4s en cellules blastiques immunologiquement compftentes par la stimulation in vivo par un allerg~ne. La coloration 5 la pyronine Y montre effectivement la pr4sence dans les m4rues proportions de quelques grandes cellules 5 cytoplasme rouge homoghne ou granuleux, mais eette coloration r6v~le 4galement une population de petits lymphocytes pyroninophiles (lymphocytes ~ commis ,, ?). Nous avons vu exception. nellement, et toujours faiblement, une fluorescence eytoplasmique rouge avec l'acridine orange ~ o,or p. cent dans certaines cellules mononuclffes. Coloration au P.A.S. avec @reuve 5 l'amylase salivaire. Sur un frottis sanguin, le P.A.S. rfvhle essentiellement des granulocytes P.A.S. + , rarement r 5 z p. cent de lymphocytes. L'application de cette coloration histochimique aux dermogramrues donne des rfsultats constants dont la moyenne aboutit ~ la formule ci-dessous comportant notamment 16,2 p. cent de lymphocytes h grosses granulat/ons P.A.S. + , dont certaines se trouvent dans des prolongements pseudopodiques. Ces lymphocytes P.A.S. + sont souvent voisins de monocytes typiques ou de macrophages. La digestion salivaire inverse totalement la formule des cellules P.A.S. +, dont 76 p. cent appartiennent 5 la lignfe lympho'ide, notamment des lymphoeytes de grande taille (tableau II). L'examen des empreintes en //uorescenee, aprhs traitement par du sdrum marqu4 anti-gammSblobulines humaines dilu4 ~ 1/5o et ~/loo, fair apparaltre des cellules 5 cytoplasme fluorescent dans une proportion approximative de o,z5 p. cent. Les cellules fluoreseentes out tant6t un noyau rond volumineux et la fluorescence granulaire est maximale 5 la p~riph6rie du cytoplasme ; ces cellules ont plus de 2o v~ de diamhtre; tant6t elles out un noyau r~niforme ou pliss6 et une fluorescence eytoplasmique homoghne ou rdguli6rement granulaire. Exceptionnellement on pent voir des polynuclfaires fluorescents.
TABL~A~
DERMOGRAMME *I'ESTS ALLERGIQVES
II
P.A.S.
SALIVE- P.A,S.
Polynucl6aires P.A.S. +
81,3 ~o
19 ~o
Lymphocytes ~ granulations P.A.S. +
16,2 %
76 %
64 ~/o Petits 9 % lV[oyens 3 ~o Grands
Monocytes Histiocytes-2Ciacrophages P.A.S. +
0,9 %
3%
Cellules 6pidermiques P.A.S. +
1,6 ~o
2%
162
TO~E 9, N ° 3 1969 ETUDE CYTOCHIMIQUE DES R~ACTIONS ALLERCIQUES EPICUTANEES
III.
--
DISCUSSION
La cytologic des infiltrats et des exsudats de tests allergiques a d6jh 6t4 l'objet d'6tudes ant6rieures. HAUSZR, en pratiquant des frottis du plancher de v6sieules de tests allergiques, constate la pr4sence de 77,8 p. cent .de ~, lympho-monocytes ,,. FISCHER en 4tudiant par contre l'exsudat n'en trouve que 33,9 P. cent dins un test positif (contre 73,5 P. cent dins l'exsudat de l'ecz6ma). Des travaux similaires ont 4td faits par NEXMAND et principalement par Mc GLUSKE¥ et coll., GROTtt et LINEN qui ont surtout 6tudi6 l'eczdma exp4rimental au D.N.C.B. oh l'afflux s4lectif de eellules lymphoi'des est significatif d'un m4canisme allergique. FUNAN Hu et coll., en utilisant la m6thode de la fen4tre de REBUCK et GROWLEYsur des tests h l'extrait de r4sine de Rhus, ont eonstat6, aprhs z4 heures, une pr4dominance de neutrophiles et de macrophages sur des tests n4gatifs avec un taux de ]ymphocytes inf4rieur '~ 5 P. cent, alors que, dans les tests positifs, le taux de leucocytes est,de 4o h 50 p. cent, ]e reste 6tant constitu4 de lymphocytes et de polynud4aires 4osinophiles; l'abondance des maerophages est trhs r4duite. Sur une peau normale, la m6thode de REBUCK, selon BRAUNSTEINER, ferait cependant toujours apparaltre apr6s la 8%1o" heure une population de cellules rondes (, petites cellules mononue144es lymphoides ,~ et ,, petites cellules noyau r6niforme ,,) ayant h la fois des caracthres cytoehimiques et fonctionnels du lymphocyte sanguin, .du macrophage tissulaire (LEDER et L~NNERT) et du monocyte (UND~ITZ) ; WOLr-JfiRCZNSEN, utilisant 6galement la m4me m4thode pour l'4tude de l'exsudat cellulaire d'une r&ction d'hypersensibilit4 rctard6e, a surtout insist6 sur la basophilie qui peut atteindre 2o p. cent ~t la 45 ° heure avec des images de d6granulation; les basophiles sont constamment accompagn4s d'4osinophiles cependant moins constants. Les autres polynucl6aires et les macrophages ne subissent pas de variations significatives par rapport h une inflammation non sp6cifique. Nos propres observations sont en accord avee les r4sultats de ces auteurs, bien que la m4thode d'6tude par empreinte sur lame ne soit pas exactement comparable : les maerophages sont nettement r4duits en nombre, la lign6e cellulaire pr4dominante est la lign6e des petits lymphocytes et une 4osinophilie associ& une petite basophilie est la r~gle. Les macrophages, malgr~ leur nombre restreint, sont cependant int6ressants rechercher. La difficult4 est d'abord de les distinguer des monocytes sanguins et de eertains grands lymphocytes qui peuvent dgalement avoir une aetivit4 phagocytaire (BIMES) ; ils ont souvent un type lymphocytoide et cette distinction est d41icate. Ils ont toujours des rapports de voisinage avee des areas de petits ou moyens lymphoeytes et, exceptionnellement, ils renferment des partieules d'allerg6ne (test h la r6sine Araldite). Gette promiseuit6 des macrophages et des lymphocytes, que GROPP et FISCHER ont observ4 dans les cultures de lymphocytes, est vraisemblablement ~ mettre en rapport avec le transfert h la cellule lymphoi'de du complexe A.R.N. - - antig6ne qui initie ]a r4ponse immunologique dans la cellule rdceptrice (BAER et FELLNI~R, FISHMAN, HAMMERSTROMe t BOND). 163
REVUE FRANGAISE D'~LLt~RQIE E. GROSSHANS ET I" FOUSSEREAU
Les caract&es de la population lymphoide sont infiniment plus complexes. Les cellules lymph0eytaires participent eertainement activement 5 la r4action immunitaire. F,11es ont 6t4 pen ~tudifes in vivo dans la peau. Dans le ganglion, apr~s sensibilisation eutan4e expdrimentale, les lymphocytes (< eommis ,> pour la rfponse immunitaire se transforment en grandes cellules pyroninophiles (DE PETRIS et coll., HANNA),qui sont aptes 'h se diviser pour former une lignde de petits lymphocytes (GowANS et coll.) qui peuvent 4migrer vers le site rfactionnel. En culture de cellules, aprhs stimulation par la P.H.A. ou un immun-complexe, on observe la mfme transformation, des moyens lymphoeytes selon ELVES et WILKINSON, vers des cellules blastiques hyperbasophiles qui sont aptes ~ incorporer activement la thymidine et se divisent 5 partir de la ao°-3C heure, pour former des petits lymphoeytes actifs. Selon GROSFELD et coll., le hombre des cellules aptes ~ cette transformation est cependant faible. Dans la peau, dans l'allergie tubereulinique, en plus des lymphocytes et des macrophages, les cellules <, lympho-monocytoides ,, immunologiquement compftentes seraient, selon WIENER et coll., de nature monocytaire ; ces auteurs insistent sur la difficult4 de les distinguer .des lymphoeytes en microscopic optique, alors que la microscopic dlectronique les difffrencie bran. Dans l'allergie 4pieutande, BANDMANN, par les rdactions des peroxydases, conclut 6galement au caracthre sp6cifique de l'afflux monoeytaire dans le site rfactionnel, sans cependans 4mettre d'opinion traneh6e quant 5 leur fonction uniquemment maerophagique ou plus spdeialement immunitaire. La formation ou l'immigration dans la peau de grandes cellules pyroninophiles (pyroninoeytes de GOWERS,eellnles hyperbasophiles de SCOTHORN~...) ne nous semblent pas avoir 4t6 relev&s. Seul, BERARDI a observE, en 1967, dans les tests 6picutan4s par la m6me technique du dermogramme, un passage progressif des moyens et grands lymphocytes sanguins ~,ers des eellules immuno-eompdtentes de type histioeytaire, morphologiquement voisines des monoeytes sanguins. L'identit6 des grandes cellules hyperbasophiles pyroninophiles, que nous avons observfes dans une proportion de 1-4/zoo-zso cellules, est difficile ~ pr& ciser par la seule morphologie : en raison de leurs analogies avee les pyroninocytes ganglionnaires on les cellules blastiques obtenues en cultures, on pent 6mettre l'hypothhse de leur identit4 et ainsi de leur fonction immunitaire. Le recours 5 des techniques d'immunofluorescence a partiellement 6dairei le probl~me.
L'immunottuorescenee directe sur coupes histologiques .de tests allergiques a 6t4 exp4riment4e par RASKIN, HEISE et MATT~EUS, MERKLEN et coll. : cette m~thode montre, dans le define superficiel, une fluorescence ponetiforme sp6eifique de la r4action allergique. Dans le ganglion, seulement 5 P. cent des eellules pyroninophiles contiennent des gammaglobulines a l'immunofluoreseenee; selon DE PETRrs et coll., il s'agirait des immunocytes pourvus d'un ergastoplasme apprdciable en microscopic 61ectronique. ELvv.s (in : GRoPP et FISCHER) a 4galement mis en ~vidence des gammaglobulines dans les lymphoeytes en transformation blastique en culture. Le lymphocyte, selon GROSFELD et coll., serait apte ~ produire les 3 types d'immunoglobulines. 164
,,ro~E 9, N ° 3 1969 ~TUDE CYTOCHIMIQUE DES RI~ACTIONS ALLERGI~UES I~PICUTANEES
La proportion des cellules immunofluorescentes d6eel6es dans nos pr4parations (0,25 ~ 1 p. cent) correspond h celle des cellules souehes hyperbasophiles .d~compt6es dans les dermogrammes. Leurs conformations nucl4aires et l'aspect homoghne et granuleux de la fluorescence ne permettent eependant pas de les assimiler ~ telle ou telle lign4e eellulaire. I1 est n6anmoins probable que la fluorescence ponctiforme visible sur coupes au cryostat corresponde 5 la pr4sence de cellules charg4es de gammaglobulines, d4celables sur les empreintes. Nous avons essay4 de rep6rer ces cellules par une r4action ehimique utilisant ie P.A.S. avee l'@reuve fi la salive. Dans le sang, le P.A.S. ne colore qu'un faible pourcentage de lymphocytes, au maximmn 2-3 p. cent (B,uEmSm et LAMSV.gS) ; cette r6aetion d4chle des granulations glycogdniques bien distinctes qui disparaissent aprbs digestion salivaire. Selon BIM~S, cette proportion de lymphocytes P.A.S. + pourrait atteindre lo p. cent. Dans les lymphocytes jeunes eette P.A.S. positivit6 est nettement plus forte (HECKNER). Le monoeyte a des granulations P.A.S. positives, mais de fa~on trhs variable. En culture de cellules, le lymphocyte a la mbme charge glyeog4nique disparaissant par la salive; sa P.A.S. positivit6 augmente avec le degr4 de transformation blastique, puis baisse ,5 nouveau quand le stade blastique est atteint (Flsc~r.g et GROPP) et que la cellule a acquis les enzymes hydrolytiques et glycolytiques de l'immunoblaste d4finitif. Dans la peau normale, dans ]'exsudat d'nne fen4tre de Rebuck (BmtvZ~STEI~ R ) , les cellules rondes lymphoides ont 6galement une positivit6 au P.A.S. qui semble en rapport avec ]eur charge enzymatique et l'acquisition du pouvoir macrophagique. Cette P.A.S. positivit~ est due aux particules glycog~niques et disparalt 5 la salive. Dans ]a peau d'un test allergique, par nos propres observations, nous avons observ6 16,2 p. cent de lymphocytes P.A.S. -k ; cette r6action n'est pas n6gativ6e par la digestion salivaire qui ddcolore par contre presque totalement les polynucl4aires. Aprhs action de l'amylase salivaire, on retrouve 76 p. cent de lymphoeytes ~ granulations rouges avec notamment une forte proportion de grands lymphocytes et de cellules ~ noyau nucl4ol~ et ,h cytoplasme vacuolaire. Des lymphoeytes pathologiques, tels ceux de la maladie de WALDENSTRSM produisent in vivo et in vitro des globulines IgM d6celables par immunofluores,cence (ZuCKER-FllANKLIN et coll.). Les globulines lourdes IgM eomportent 11,8 p. cent de glucides (BREHM), alors que les globulines 14g6res IgG et IgA ne cornportent respeetivement que 2,9 p. cent et 7,5z p. cent de glucides. En 1967, MO~ETTr et coll. ont dderit, dans le sang de macroglobulin4miques, l'existenee ,d'une forte population de lymphoeytes P.A.S. +, soit lo h z2 p. cent dans le cas de maladies de WALDENSTR6M, soit 7 a zr p. cent dans les trypanosomiases. Ces fairs tir4s de la pathologic g6n6rale nous incitent ~ penser que la forte P.A.S. positivit6 des lymphocytes eutan4s dans l'allergie de contact est 4galement en rapport avec l'41aboration de globulines lourdes par ees cellules. La r4sistanee l'amylase salivaire exclut une simple charge glycog6nique comme dans les r6aetions lymphoides inflammatoires ou n6oplasiques. La s61ection, dans les tests 4picutan6s, d'une population mononuel6&, vraisemblablement lymphocytaire, pr6165
REVUE FRANgAI$ I}~ALLEI~GIE E. GROSSHANS ET J, FOUSSEREAU
sentant une P.A.S. positivit6 granulaire amylasordsistante, est 5 notre avis un excellent test de positivit6 allergique. Parmi les cellules P.A.S. + , une proportion de z- 3 p. cent a l a morphotogie des cellules sonehes hyperbasophiles, pyroninophiles et fluorescentes avec le sfrura anti-gammaglobuline et il est lieite de penser qu'il s'agisse des m4mes eellules immunologiquement comp~tentes. Une 4tude enzymatique et des immnno-diag. nostics sp4eifiques anti-IgG, A, M, D, E, est pr4vue pour 4tayer cette derni~re hypothhse. R~SUM~
L'4tude du dermogramnle, obtenu par empreinte d'une biopsie de test 6picutan6, est d'un appoint diagnostique pr4eieux dans la d4tection d!une allergic de contact. La formule cytologique, d4terminde aprhs examen de 37 'dermogran~mes, comporte approximativement 50 p. cent de lymphocytes, avec prddominance de petits lymphocytes, 2o p. cent de eellnles 6pidermiques, ~5 P. cent de polyntlc]6aires avec une 4osinophilie-basophilie constante de ~-a p. cent, des maeropha. ges avec exceptionellement des images de phagocytose de l'allerghne, enfin de grandes cellules hyperbasophiles pyroninophiles et immunofluorescentes au sfrum anti-gammaglobuline. La coloration au P.A.S. r6vhle une population de lymphocytes P.A.S. + reprfsentant 16 p. cent des cellules P.A.S. + du frottis. L'fpreuve 5 l'amylase salivaire ddmontre le caracthre non glyeogdnique de la P.A.S. positivit4 de ces lymphocytes qui, aprhs digestion salivaire, constituent 76 p. cent des cellules P.A.S. + encore d4celables. Cette P.A.S. positivit6, rdsistante 5 la diastase, fr6quente dans les grandes cellules lymphoides, est eonsidfr4e comme 6tant en rapport avee l'61aboration ,d'immunoglobines lourdes, type IgM, particnlihrement riches en glucides. ~Travail
de
(Direcfeur
la Clinique
Dermatologfque
: pr A. BASSET), Facult~ de
M~decine. 67 - Strasbourff].
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