De nouvelles pistes pour la prévention primaire et secondaire des lésions des ischio-jambiers chez le sportif

De nouvelles pistes pour la prévention primaire et secondaire des lésions des ischio-jambiers chez le sportif

Actu Kiné Kinesither Rev 2006;(59):4-14 De nouvelles pistes pour la prévention primaire et secondaire des lésions des ischio-jambiers chez le sporti...

56KB Sizes 3 Downloads 154 Views

Actu Kiné

Kinesither Rev 2006;(59):4-14

De nouvelles pistes pour la prévention primaire et secondaire des lésions des ischio-jambiers chez le sportif

P

armi les traitements classiques proposés à la suite d’une blessure des ischio-jambiers (IJ), la cryothérapie a fait la preuve de ses effets positifs sur la réduction de la douleur et de l’inflammation et sur la récupération en général (Swenson et al., 1996), mais sans qu’un mode d’application ou une durée de traitement les plus appropriés ne soient mis en évidence (Bleakly et al., 2004). L’immobilisation, nécessaire dans un premier temps (Jarvinen et Lehto, 1993), ne devrait pas excéder 1 semaine, même pour la lésion la plus sévère (Clanton et Coupe, 1998). En revanche, l’électrophysiothérapie, que ce soit sous forme de TENS (Sluka et Walsh, 2003), d’ultrasons (Robertson et Baker, 2001) ou de laser (Gam et al., 1993), n’a pas fait la preuve de son intérêt à ce jour. Mais au-delà du traitement local du muscle, les remarques développées dans la première partie de cet article suggèrent un abord thérapeutique complémentaire. Au cas où le sportif est également lombalgique chronique, il sera nécessaire de vérifier si un bon équilibre musculaire existe au niveau du tronc. Celui-ci ne pourra exister que si toutes les articulations du tronc fonctionnent correctement, ce qui pourra nécessiter des manipulations de la colonne lombaire (Colloca et

8

Keller, 2001) restaurant de bonnes réponses réflexes des muscles érecteurs du rachis. Plus généralement, une mécanique pelvienne altérée doit être traitée, comme le suggère le fait que des antécédents de pubalgie ou des douleurs de l’aine constituent un facteur de risque pour une blessure des IJ (Verrall et al., 2001), et la dysfonction peut alors se situer à la hanche, avec des amplitudes réduites ou asymétriques (Cibulka et al., 1998) qu’il faudra normaliser. Les sujets ayant une blessure des IJ en rapport avec un problème de dos ont fait l’objet d’évaluations mettant en évidence à la fois des signes de souffrance locale des IJ et des signes lombaires positifs (Orchard, 2001). Le slump-test peut ne pas suffire à différencier les deux types de douleur (locale ou référée) car il met en tension non seulement le système neural mais aussi tout le système myofascial postérieur avec lequel les IJ sont en relation. L’étude contrôlée de Turl et George (1998) semble indiquer que le fascia thoraco-lombaire est impliqué dans les lésions récurrentes des IJ. Du reste, Kornberg et Lew (1989) ont montré que lorsque le slump-test est positif, le fait d’utiliser ce test également comme procédure de traitement garantit de meilleurs résultats qu’avec une physiothérapie

seule. Enfin, chez les lombalgiques, il existe une perte d’extensibilité des IJ (Halbertsma et al., 2001) qui devra être traitée. Une seule étude contrôlée randomisée (Sherry et Best, 2004) a comparé les effets d’un traitement local standard (glace, stretching statique, réentraînement musculaire progressif) avec un programme incluant glace et exercices de stabilisation neuromusculaire du tronc. Il y avait moins de récidives sur une période d’un an de suivi chez les sportifs ayant effectué le second programme. Quant au traitement local, il devra inclure bien sûr un réentraînement musculaire, sur le mode excentrique notamment puisque c’est en phase excentrique que les IJ sont le plus souvent atteints et que ce type d’entraînement produit les plus grands gains de force dynamique (Dudley et al., 1991). D’ailleurs, Askins et al. (2003) ont montré qu’un entraînement en excentrique pendant la pré-saison permet de diminuer en préventif la survenue de blessures des IJ, confirmant une étude préalable effectuée chez le rat (Lynch et al., 1997). P.P. RÉFÉRENCE

Hoskins W, Pollard H. Hamstring injury management. Part 2: Treatment. Manual Therapy 2005;10:180-90.