Revue des Maladies Respiratoires (2010) 27, 520—521
ÉDITORIAL
De nouvelles recommandations pour la prise en charge de la BPCO
Ce numéro de la Revue des Maladies Respiratoires contient la mise à jour 2009 des recommandations pour la pratique clinique sur la prise en charge de la BPCO [1]. La BPCO est un enjeu majeur de santé publique, en termes de morbidité, mortalité et de dépenses induites. Rappelons quelques chiffres clés sur la BPCO en France, parus dans l’article de Claire Fuhrman en ce début d’année 2010 : une prévalence de 7,5 %, une incidence qui tend à se stabiliser chez l’homme et augmenter chez la femme, 200 000 adultes âgés de 25 ans ou plus et pris en charge en affection de longue durée pour une insuffisance respiratoire chronique grave ou une BPCO sévère, 93 000 adultes traités par oxygénothérapie de longue durée, un taux brut de mortalité de 41/100 000 chez les hommes et 17/100 000 chez les femmes âgées de 45 ans et plus [2]. Les dernières recommandations de la Société de pneumologie de langue franc ¸aise (SPLF), concernant la BPCO, datent de 2003 et plusieurs publications sont depuis à prendre en compte [3]. En 2005, la SPLF a élaboré des recommandations sur la réhabilitation respiratoire des malades atteints de BPCO [4]. Les recommandations Global Initiative for Obstructive Lung Disease (GOLD) ont été mises à jour en 2009 [5]. L’initiative GOLD est partenaire du programme Global Alliance Against Chronic Respiratory Diseases (GARD) de l’OMS [6]. Il est donc amplement justifié de mettre à jour nos recommandations. La méthodologie est celle préconisée par la HAS. Pour clarifier notre méthodologie, la SPLF a organisé un séminaire, en 2008, avec la participation de la HAS [7]. La SPLF a confié à Gérard Huchon et Nicolas Roche, le pilotage de ces recommandations. Le comité d’organisation a défini le champ et le planning d’actualisation des recommandations. Les groupes de travail étaient composés de pneumologues de pratique publique et privée mais aussi d’épidémiologistes, infectiologues, internistes, physiologistes, tabacologues, médecins généralistes, psychologues, kinésithérapeutes, représentants de patients, soit au total 54 personnes. Une fois rédigées, les recommandations ont été relues par un groupe de lecture de 50 personnes. C’est un lourd travail collectif de presque deux ans que notre communauté a choisi d’assurer car il est toujours nécessaire, non seulement d’actualiser nos recommandations mais aussi de les adapter à notre pratique clinique, dans le strict respect de tous conflits d’intérêt. Ces recommandations témoignent du dynamisme de notre communauté pneumologique dans le domaine de la BPCO. Rappelons le plan BPCO conc ¸u et réalisé en 2005 par la SPLF et la direction générale de la Santé [8]. Ce plan a eu un impact manifeste sur nos autorités de tutelle pour une prise de conscience collective de l’ampleur du problème mais aussi dans notre prise en charge, dans les mesures de prévention et de dépistage. Les recommandations de la SPLF sur la réhabilitation du malade atteint de BPCO sont nées dans cet esprit [4]. 0761-8425/$ — see front matter © 2010 Publi´ e par Elsevier Masson SAS pour la SPLF. doi:10.1016/j.rmr.2010.04.012
De nouvelles recommandations pour la prise en charge de la BPCO À quoi servent ces recommandations dans la pratique quotidienne ? L’article récent de Gilles Jebrak a apporté des éléments de réponse à partir d’une étude de cohorte prospective multicentrique et montré le chemin à parcourir de la recommandation à la pratique [9]. Certains traitements, tels que les corticoïdes inhalés, étaient utilisés en excès chez des patients peu sévères, alors que d’autres, tels que la vaccination antigrippale et la réhabilitation étaient souvent négligés : 50 % des patients BPCO étaient vaccinés et 10 % seulement bénéficiaient d’une réhabilitation. Notre dynamisme se manifeste aussi au travers de la publication franc ¸aise dans le domaine de la BPCO. Nous avons interrogé la base PubMed sur les cinq dernières années et avons identifié ainsi 11 706 références avec pour mot-clé BPCO. Parmi celles-ci, 271 sont en franc ¸ais dont 140 originaires de France, ce qui indique que la moitié sont des publications provenant de la communauté francophone hors de France. La Revue des Maladies Respiratoires a publié 112 articles sur la BPCO, durant ces cinq ans. Au niveau international et toujours sur cinq ans, la France a publié 379 articles en franc ¸ais et en anglais, sur la BPCO, dont 236 articles dans des revues internationales de langue anglaise. Dans le même temps, 2811 articles ont été publiés par les États-Unis, 973 par la Grande Bretagne, 579 par l’Italie, 425 par l’Espagne et 422 par l’Allemagne. C’est dire aussi la nécessité d’être encore plus présents au sein de la communauté pneumologique internationale.
Conflit d’intérêt Au cours des dernières années, EL a été investigateur principal de deux études multicentriques (Inserm), coinvestigateur de 13 études cliniques (IFCT, Pierre Fabre, Brystol-Myers Squibb, Bayer, Astra Zeneca, Sanofi Aventis). Il a rédigé un article promotionnel (Lilly), est intervenu dans deux symposia de congrès en qualité d’intervenant (Lilly, Vitalaire). En 2008 et 2009, en qualité de président d’une association de recherche, 106 522 euros ont été versés à la dite association. Les fonds provenaient de Astra Zénéca, Pfizer, Chugaï, GSK, Sanofi Aventis, Bayer santé, Lilly, Actelion, Valois. Au cours des cinq dernières années, DV a bénéficié de financements pour participation à des congrès des compagnies Astra Zeneca, Glaxo et Boehringer-Ingelheim et il a été investigateur de l’essai BIBF sur la fibrose pulmonaire idiopathique (Boehringer-Ingelheim). Au cours des cinq dernières années, Bruno Housset a perc ¸u des honoraires ou financements pour participation à
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des congrès, à des actions de formation et à des groupes d’experts des compagnies Astra Zeneca, GlaxoSmithKline, MSD, Chiesi, Nycomed, Boehringer-Ingelheim et Pfizer.
Références [1] Recommandation pour la pratique clinique. Prise en charge de la BPCO. Mise à jour 2009. Rev Mal Respir 2010;27. Doi:10.1016/j.rmr.2010.04.010. [2] Fuhrman C, Delmas MC, pour le groupe épidémiologie et recherche clinique de la SPLF. Épidémiologie descriptive de la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) en France. Rev Mal Respir 2010;27:160—8. [3] Actualisation des recommandations de la SPLF pour la prise en charge de la BPCO. Rev Mal Respir 2003;20:S7—9. [4] Conférence d’experts. Recommandations de la SPLF sur la réhabilitation du malade atteint de BPCO. Rev Mal Respir 2005;22:7S8—14. [5] GOLD: Global Initiative for Chronic Obstructive Lung Disease. Updated 2009. Available from: http://www.goldcopd.com. [6] Bousquet J, Dahl R, Khaltaev N. Global Alliance against chronic respiratory diseases. Eur Respir J 2007;29:233—9. [7] Marchand-Adam S, Thabut G, Cadranel J, Bonniaud P, Didier A, Roche N, et al. Le conseil scientifique de la SPLF. Niveaux de preuve pour les recommandations. Rapport de la Société de pneumologie de langue franc ¸aise. Rev Mal Respir 2008;25:1081—6. [8] Godard P, Housset B. Un plan BPCO ! Pourquoi ? Comment ? Rev Mal Respir 2005;22:569—70. [9] Jebrak G, pour Initiatives BPCO. Recommandations et prise en charge de la BPCO en France : les recommandations sur la prise en charge de la BPCO ne sont pas suivies dans la vraie vie ! Rev Mal Respir 2010;27:11—8.
E. Lemarié a , D. Valeyre b , B. Housset c,∗ a
Ancien Président de la SPLF, Inserm U 618, IFR 135, service de pneumologie, CHU Bretonneau, Tours, France b Président de la SPLF, service de pneumologie, hôpital Avicenne, Assistance publique—Hôpitaux de Paris, EA 2363, université Paris 13, Bobigny, France c Président de la FFP, service de pneumologie, centre hospitalier intercommunal, Créteil, France ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (B. Housset)
Rec ¸u le 19 avril 2010 ; accepté le 19 avril 2010