Kinesither Rev 2017;17(190):1
Éditorial
Décloisonnons les soins ! Let's break down the barriers in health care! Nolwenn Poquet (Masseur-Kinésithérapeute) Mots clés l'heure où notre profession se renforce, s'ouvre à l'international et connaît des changements significatifs dans sa formation initiale, n'oublions pas que nous ne sommes pas seuls dans le parcours de soin. La kinésithérapie avance, mais ne partons pas sans prévenir ni convier les autres au voyage. Prenons du recul, ayons un regard transversal et échangeons ! Je vous invite à imaginer une molécule. Celle-ci est composée d'atomes reliés entre eux par des liaisons plus ou moins fortes. Une molécule n'est pas un assemblage définitif car une réaction chimique est capable de la transformer en une ou plusieurs autres molécules par modification de ses liaisons. L'atome est en revanche une structure bien plus stable qui nécessite beaucoup d'énergie pour être modifiée, impliquant des réactions nucléaires. Aujourd'hui, dans notre grande molécule des « soins », il semble que chaque atome « profession » dépense beaucoup d'énergie pour évoluer, mais peu pour modifier ses échanges avec les autres atomes « professions » et créer ainsi la réaction chimique qui permettra d'observer un réel changement de structure des « soins ». Il faudrait 17 ans pour que les résultats de la recherche soient intégrés dans la pratique clinique de routine [1]. De nombreux facteurs entrent en jeu pour expliquer ce si grand délai : diffusion de la recherche, applicabilité, changement des pratiques, information des pouvoirs publics, des patients, formation des professionnels, etc. Prenons pour exemple un sujet aussi multidisciplinaire que fréquent comme la douleur. Difficile de ne pas connaître le modèle biopsychosocial et les approches modernes sur la douleur chronique en kinésithérapie avec Moseley et Butler par exemple [2]. Pourtant, si seul l'atome « kinésithérapie » en a connaissance et se le transmet, comment observer un changement de pratique de la part des médecins prescripteurs, radiologues ou autres professionnels ? Si nous ne mettons pas d'énergie à diffuser l'information au sein de la molécule des « soins », il ne pourra en résulter qu'une frustration de l'atome « kinésithérapie ». Quelle est cette énergie nécessaire pour provoquer la réaction chimique ? Nous pourrions la nommer « communication ». Sans communication nous serions des atomes bien esseulés et perdus dans le parcours de soins. Il y a bien sûr différents moyens de communication aboutissant à différents types de réactions chimiques, chacune ayant son importance. Communiquer lors de rendez-vous pluridisciplinaires (congrès, formations, réunions) permet d'agiter la molécule des « soins ». S'investir dans des réseaux de soins au sein d'une ville, par exemple, renforce les liaisons atomiques. Échanger avec d'autres atomes « professions » par courrier, appels téléphoniques, enrichira la relation. Et ce ne sont que des exemples. Mais n'oublions pas l'atome essentiel de ce maillage, à savoir le patient, qui est le premier concerné par les soins et qui représente une importante source d'énergie pour chaque réaction chimique. Toute personne informée devient acteur de la diffusion de l'information et participe au changement de pratique. Nous pourrions dire que le patient lui-même est une énergie modifiant les liaisons entre les professions. À nous de façonner cette nouvelle molécule, de mettre l'énergie nécessaire pour qu'elle grandisse et que les liaisons se renforcent. Qui sait, avec du travail et du temps, nous arriverons peut-être à créer un atome du soin.
À
Communication Échanges Profession Réseau Soin
Keywords Communication Exchanges Profession Network Healthcare
Déclaration de liens d'intérêts L'auteur déclare ne pas avoir de liens d'intérêts.
Références [1] Morris ZS, Wooding S, Grant J. The answer is 17 years, what is the question: understanding time lags in translational research. J R Soc Med 2011;104(12):510–20. http://dx.doi.org/10.1258/jrsm.2011.110180. [2] Butler DS, Moseley GL. Explain Pain, 2nd ed. NOI group; 2013.
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http://dx.doi.org/10.1016/j.kine.2017.08.015 © 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. 1