Diagnostic de l’infection à Mycobacterium ulcerans en Guyane française

Diagnostic de l’infection à Mycobacterium ulcerans en Guyane française

C O M M U N I C AT I O N C O U R T E © 2004, Masson, Paris Diagnostic de l’infection à Mycobacterium ulcerans en Guyane française 1 - Laboratoire...

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O M M U N I C AT I O N

C O U R T E

© 2004, Masson, Paris

Diagnostic de l’infection à Mycobacterium ulcerans en Guyane française

1 - Laboratoire d’immunologie des leishmanioses, Institut Pasteur, Cayenne, Guyane française, 2 - Institut d’enseignement supérieur de la Guyane EA 3593 – Université des Antilles et de la Guyane, Cayenne, Guyane française 3 - Laboratoire de bactériologie-virologie-

4 - Institut guyanais de dermatologie tropicale, Service de dermatologie, E.A. 2188, Centre hospitalier Andrée Rosemon, Cayenne, Guyane française

Correspondance: G. Prévot-Linguet, Institut d’enseignement supérieur de la Guyane, Campus Saint-Denis. BP 792, 97337 Cayenne Cedex, Guyane française. Tél.: 05 94 29 63 45 Fax: 05 94 29 62 10 [email protected]

Reçu le 24 juin 2003 Accepté le 4 juin 2004

Références

G. Prévot1,2, L. Marsollier3, 3 B. Carbonelle , 4 4 R. Pradinaud , P. Coupié , 4 D. Sainte-Marie , 1 1 E. Bourreau , P. Launois

Summary

Résumé

Diagnosis of Mycobacterium ulcerans infections in French Guiana

La situation L’ulcère de Buruli est une infection cutanée sévère nécrosante due à Mycobacterium ulcerans. Il s’agit d’un problème majeur de santé publique dans les pays en voie de développement. Au point de vue clinique La phase précoce de l’infection se caractérise par un nodule cutané indolore qui évolue vers une ulcération à bords décollés. À l’heure actuelle, la seule thérapeutique est l’excision chrirugicale associée à un traitement par la chaleur. Au point de vue diagnostique Trois méthodes sont utilisables : l’examen direct de frottis colorés selon la méthode de ZiehlNeelsen, la culture sur milieu spécifique à 32°C, la réaction de polymérisation en chaîne (PCR). Celle-ci est une technique de choix.

The situation Buruli’s ulcer is a severe necrotic cutaneous infection due to Mycobacterium ulcerans. It is a major public health problem in developing countries. From a clinical point of view The early stage of the infection corresponds to a painless cutaneous nodule, whereas the late stage corresponds to ulceration with detachment of the edges. There is currently no other treatment than surgical excision combined with heat therapy. From a diagnostic point of view Three methods can be used: direct examination of swabs stained according to Ziehl-Neelsen’s method, culture in specific medium at 32°C and the polymerization chain reaction assay (PCR). The latter is the technique of choice. G. Prévot, L. Marsollier, B. Carbonelle et al. Presse Med 2004; 33: 1516 © 2004, Masson, Paris

hygiène, CHU d’Angers, France

Presse Med 2004; 33: 1516

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ycobacterium ulcerans est responsable, chez l’homme,d’une infection cutanée sévère nécrosante appelée ulcère de Buruli. Avec la tuberculose et la lèpre, cette infection mycobactérienne est devenue un problème majeur de santé publique dans les pays en voie de développement.Aussi, en 1997, l’Organisation mondiale de la santé a classé cette infection parmi 1,2 les maladies émergentes prioritaires . L’ulcère de Buruli se manifeste par un spectre clinique allant du nodule cutané indolore (phase précoce de l'infection) à l’ulcération caractéristique à bords décollés (phase tardive). Cette ulcération s’accompagne d’une nécrose des tissus provoquée par une toxine produite par la bactérie,la mycolactone.Le traitement antibiotique associant pendant 4 semaines streptomycine ou amikacine et la rifampicine est efficace chez la souris. Chez l’homme, l’efficacité du traitement par les antibiotiques est en cours d’étude et,à l’heure actuelle,le seul traitement disponible et efficace est,avant tout,l’excision chirurgicale associée à 3 un traitement par la chaleur (vapozone) . Depuis 2000,3 techniques de diagnostic ont été évaluées sur des prélèvements de peau provenant de sujets chez

1 Asiedu K, Scherpbier RW, Raviglione M. Buruli ulcer - Mycobacterium ulcerans Infection. Geneva, Switzerland, 2000 World Health Organization WHO/CDS/CPE/GBUI/2000 ; 118. 2 Josse R, Guedenon A, Darie H, Anagonou S, Portaels F, Meyers WM. Les infections cutanées à Mycobacterium ulcerans : ulcères de Buruli. Med Trop 1995;55: 363-73. 3 Dega H, Bentoucha A, Robert J, Jarlier V, Grosset J. Bactericidal activity of rifampin-amikacin against Mycobacterium ulcerans in mice. Antimicrob Agents Chemother 2002;46:3193-6. 4 Ross BC, Marino L, Oppedisano F, Edwards R, Robins-Browne RM, Johnson PD. Development of a PCR assay for rapid diagnosis of Mycobacterium ulcerans infection. J Clin Microbiol 1997;35:1696-700. 1516 - La Presse Médicale

lesquels était évoquée une infection à M. ulcerans (diagnostic clinique) et consultant à l’Institut de dermatologie tropicale de Cayenne :par examen direct de frottis colorés selon la méthode de Ziehl-Neelsen, par culture sur milieu ® spécifique à 32°C (milieu Lowenstein-Jensen et Bactec ) et par PCR (Polymerase Chain Reaction), technique utilisant l’amplification d’une séquence d’ADN spécifique de 4 M.ulcerans,l’IS2404 . Mycobacterium ulcerans étant une bactérie à croissance difficile sur milieu spécifique (2 à 3 mois d’incubation),les prélèvements ont été effectués en périphérie de la lésion – à la limite de la peau saine – et immédiatement analysés par examen direct après coloration de Ziehl-Neelsen et par PCR ou conservé à - 80°C en tube sec pour culture ultérieure. Par l’utilisation de ces 3 méthodes,36 cas d’infection par M.ulcerans ont été confirmés entre février 2000 et août 2002.La présence de mycobactéries dans les lésions a été détectée par PCR dans 97 % des cas (35/36), alors que seulement 58 % (18/31) ont donné un résultat positif par culture et 44 % (16/36) par la coloration de Ziehl-Neelsen. Seul un cas avéré négatif par PCR s’est révélé être positif après culture (faux négatif par PCR) et aucun faux positif n’a été identifié. Ces résultats confirment que la PCR reste une technique de choix (résultat en 72 heures) si l’on considère les difficultés à obtenir une primo-culture de M.ulcerans à 32°C et le peu de sensibilité de l’examen direct. Chez un sujet ayant effectué un séjour en Guyane Française, le diagnostic de l’infection à M. ulcerans doit être effectué par les méthodes classiques et par PCR dans tout cas de lésion ulcérée à bords décollés et indolore.■ 4 décembre 2004 • tome 33 • n°21