Don de sang, don de fer

Don de sang, don de fer

Revue Fran~aise de Transfusion et d'Immuno-Mmatologie Tome XX. - - N ° 4. - - 1977 671 Don de sang, don de Jer par M. MONCONDUIT, J.C. B O N N E A U...

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Revue Fran~aise de Transfusion et d'Immuno-Mmatologie Tome XX. - - N ° 4. - - 1977

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Don de sang, don de Jer par M. MONCONDUIT, J.C. B O N N E A U et C. ROPARTZ Centre R~gional de Transfusion Sanguine, BOIS-GUILLAUME.

Le d6pistage des andmies h y p o c h r o m e s chez les donneurs de sang a t o u j o u r s reprdsentd une pr6occupation des 6tablissements de Transfusion, c o m m e en atteste l'existence de n o m b r e u x r a p p o r t s sur ce sujet, effectuds depuis le p r e m i e r congr~s de transfusion sanguine en 1953, j u s q u ' a u rdcent congr~s du Touquet. A leur suite, dans une intention de pr6vention, il a 6t6 prdcis6 que, sur chaque pr61bvement, la m e s u r e du taux d ' h f m o g l o b i n e ou de l'h6matocrite doit 6tre pratiqude (Arr6t6 du 17-5-1976, article 4, Journal Officiel du 3-6-1976) et que ~ l'absorption de fer est r e c o m m a n d 6 e aux donneurs qui renouvellent p d r i o d i q u e m e n t le don de leur sang. I1 a p p a r t i e n t aux 6tablissements de T r a n s f u s i o n Sanguine de distribuer, dans ces cas, g r at u i t em e n t , des pr6parations de fer sur les lieux m6mes du prdl~vem en t s ~ (circulaire du Minist~re de la Sant6 du 25-7-1956, § II, D). Les attitudes des Centres de Transfusion Sanguine sont tr6s vari6es : - - a u c u n e distribution de fer, quel que soit le taux d'hfmoglobine. Si le taux est abaiss6, le donneur est invit6 h consulter son mddecin t r a i t a n t ; - - distribution systdmatique de 200 mg de fer lors du don de sang, t o u s l e s donneurs ou seulement ~ ceux du sexe f d m i n i n ; - - envoi d'une quantit6 variable de fer aux donneurs, avec ~ventuell e m e n t r e c o m m a n d a t i o n d'aller consulter son mddecin si une an6mie est d6pistde. Chacune de ces attitudes e x p r im e un souci de prdvention des andmies carentielles. Mais certaines ne font-elles pas oublier q u ' u n e an6mie chez un donneur de sang peut relever de diffdrentes causes et qu'alors l ' a p p o r t syst6matique de fer peut ne plus ~tre un acte inoffensif. I1 nous semble ndcessaire de distinguer la pr6vention d'une carence m a r t i a l e et le t r a i t e m e n t d'une an6mie constitu6e.

Manuscrit re~u le 22-9-1976.

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MONCONDUIT

M . et coll.

Dans les conditions 16gales actuelles r6glant la fr6quence des dons de sang (3 dons p a r an pour les femraes, 5 dons p a r an p o u r les hommes), la pr6vention de la carence m a r t i a l e n'int6resse v r a i m e n t qu'une cat6gorie de d o n n e u r s : les ferames en p6riode d'activit6 g6nitale. Le don de 400 ml de sang e n t r a i n e une perte de 200 rng de fer. Si l'absorption intestinale de fer (1 h 4 rag/jour) suffit h la c o m p e n s a t i o n des pertes martiales cons6cutives au don chez les donneurs, elle est insuffisante chez ces donneuses. Renouvel6 3 fois p a r an, le don du sang 6quivaut ~ l'ensemble des pertes menstruelles p e n d a n t la ra6me p6riode. Ce sont donc les donneuses en p6riode d'activit6 g6nitale qui doivent b6n6ficier de d i s t r i b u t i o n de fer. La quantit6 de fer absorb6e devrait 6tre 6quivalente h la quantit6 perdue. C'est 30 coraprira6s de gluconate ferreux dos6s ~t 0,2 g (2 mg de fer ferreux par comprim6) qui seraient ainsi n6cessaires, p o u r tenir corapte du faible r e n d e m e n t de l ' a b s o r p t i o n intestinale (au m a x i m u m 30 % de la dose ing6r6e). Au-delh de cette dose, il ne s'agirait plus d ' u n e raesure pr6ventive mais d ' u n acte th6rapeutique, fait /t l'aveugle et r i s q u a n t de m a s q u e r u n e an6mie d6butante. En effet, h l'oppos6, u n e an6mie d6couverte ~ l'occasion de la surveillance r6gulibre du taux d'h6moglobine doit a priori 6tre consid6r6e corame s y m p t o m a t i q u e d'une maladie. Proposer alors s y s t 6 m a t i q u e m e n t aux donneurs u n t r a i t e m e n t m a r t i a l reviendrait, quelle que soit la dur6e de ce traitement, h vouloir corriger u n s y m p t 6 m e en i g n o r a n t d61ib6r6ment sa cause et exposerait 6ventuellement h n u i r e aux donneurs. Chacun sait que peuvent, p a r exemple, 6tre alors reconnus u n fibrome ut6rin, u n cancer h6raorragique, digestif ou g6nital, u n e insuffisance m6dullaire, u n 6tat i n f l a m m a t o i r e chronique, des dons de sang excessifs. De plus, certaines de ces maladies p e u v e n t 6tre aggrav6es par l ' a d m i n i s t r a t i o n de fer, telles les an6mies sid6roblastiques. Le r61e d ' u n 6tablissement de T r a n s f u s i o n Sanguine ne doit-il p a s s e limiter h alerter le d o n n e u r en le dirigeant vers son m6decin t r a i t a n t ? E n pratique, il est de l'int6r6t des d o n n e u r s que les prescriptions concernant : -

-

la fr6quence des d o n s ;

- - et le contr61e du taux d'h6raoglobine soient respect6es. Darts ces conditions, chez les h o m m e s c o m m e chez les femmes apr~s la m6nopause, a u c u n apport m a r t i a l ne paralt justifi6, le sang donn6 6tant compens6, par u n organisme en b o n n e sant6, a v a n t le don suivant. Par contre, chez les femmes en p6riode d'activit6 g6nitale, on p o u r r a i t proposer l'apport syst6matique de 9 comprira6s de gluconate ferreux, distribu6 sur le lieu de la collecte. Cependant, la raret6 des an6mies (environ 6 %o au C.R.T.S. de Bois-Guillaume) chez les donneurs, fait discuter l'int6r6t d ' u n e telle mesure. Celle-ci risque de faire croire ~t la femrae

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q u ' en d o n n a n t son sang, elle s'expose h une maladie, la prise de comprim6s 6tant assimiMe h u n t r a i te m e n t. Dans les deux sexes, si, lots du contr61e du taux de l'h6moglobine, u n e an6mie est constat6e, queUe que soit l ' i m p o r t a n c e des dons de sang ant6rieurs, une enqu6te 6tiologique sera entreprise p ar le m6decin traitant. La responsabilit6 des dons de sang ne sera 6ventuellement retenue q u ' a u t e r m e de cette enqu6te. Darts ce cas, une th6rapeutique martiale prolong6e et aux effets contr616s sera n6cessaire avant la reprise des dons. Docteur M. MONCONDUIT, Centre R6gional de Transfusion Sanguine, B.P. N ° 5 - 76230 BOIs-GUILLAUME.