Annales Franc¸aises d’Anesthe´sie et de Re´animation 30 (2011) 696–700
Lettres a` la re´daction Dysfonction cardiaque lors du sepsis : n’oublions pas les e´le´ments traces ! Sepsis-induced cardiac dysfunction: Do not forget trace elements! I N F O A R T I C L E
Mots cle´s : Sepsis Dysfonction myocardique E´le´ments traces Keywords: Sepsis Cardiac dysfunction Trace elements
Les e´le´ments traces sont des cofacteurs enzymatiques dont le roˆle est de´terminant dans un grand nombre de processus biologiques. Particulie`rement, le zinc et le se´le´nium sont essentiels a` l’home´ostasie du syste`me immunitaire et de l’e´quilibre redox. Nous rapportons le cas d’une femme de 26 ans ayant pre´sente´ une insuffisance cardiaque gauche aigue¨ en postope´ratoire d’une colectomie subtotale, dans un contexte de grande de´nutrition, et pre´sentant un de´ficit combine´ se´ve`re en zinc et se´le´nium ayant pu favoriser la de´faillance myocardique. Cette patiente, indemne de cardiopathie pre´alable, pre´sentait comme principal ante´ce´dent une rectocolite he´morragique connue depuis quatre ans et re´sistante au traitement par azathioprine et me´thotrexate. L’hospitalisation e´tait motive´e, par la survenue d’une re´cidive de pousse´e de pancolite, traite´e par corticoı¨des et adalimumab. L’indice de masse corporelle e´tait a` 16 kg/m2 a` l’admission, la pre´albumine a` 0,05 g/L. Elle be´ne´ficiait pendant l’hospitalisation, d’une nutrition parente´rale exclusive. Au cinquie`me jour, l’e´volution e´tait marque´e par l’apparition d’un syndrome infectieux avec hypotension, e´voquant un sepsis se´ve`re de´butant. L’examen abdominal mettait en e´vidence une douleur intense avec une de´fense a` la palpation. Devant ce tableau clinique, une prise en charge chirurgicale par laparotomie me´diane e´tait de´cide´e et objectivait une pancolite sans perforation d’organe, ni pe´ritonite macroscopique. Une colectomie subtotale e´tait re´alise´e. La persistance d’une hypotension arte´rielle ne´cessitait un remplissage vasculaire de 7 L et l’introduction transitoire de noradre´naline jusqu’a` 0,8 mg/h, ainsi que l’administration d’une antibiothe´rapie a` large spectre par pipe´racilline/tazobactam et amikacine. L’e´volution postope´ratoire e´tait initialement favorable de`s j1 avec sevrage des cate´cholamines, apyrexie et re´gression de l’hyperleucocytose. A` j2, on notait l’apparition d’une tachycardie a` 140 b/min associe´e a` des signes de re´tention hydrosode´e (e´panchements pleuraux, œde`mes de´clives bilate´raux). La concentration plasmatique du Brain Natriuretic Peptide e´tait a` 2339 pg/mL. 0750-7658/$ – see front matter ß 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits re´serve´s.
L’e´chographie cardiaque transthoracique mettait en e´vidence une dysfonction systolique se´ve`re avec une fraction d’e´jection du ventricule gauche (FEVG) estime´e a` 35 % et un de´bit cardiaque a` 7 L/min, sans trouble de la cine´tique segmentaire ou valvulopathie associe´e. Les dosages re´alise´s re´ve´laient, outre un phosphore et un magne´sium normaux, un profond de´ficit en se´le´nium et en zinc plasmatiques respectivement a` 0,54 mmol/L (valeur normale : 0,70– 1,25 mmol/L) et 8,8 mmol/L (valeur normale : 17–27 mmol/L). La patiente be´ne´ficiait de l’administration de 100 mg de se´le´nium et de 10 mg de zinc intraveineux pendant dix jours et d’un traitement inotrope par dobutamine. L’e´volution e´tait progressivement favorable apre`s supple´mentation. Sur le plan clinique, re´solution progressive de la tachycardie et diminution des œde`mes permettant un sevrage de la dobutamine a` j7. A` j15, le se´le´nium plasmatique e´tait dose´ a` 1,13 mmol/L et le zinc a` 20,5 mmol/L. Le controˆle e´chographique de la fonction systolique montrait une normalisation de la FEVG a` 63 %. La survenue d’une dysfonction cardiaque aigue¨ lors d’un sepsis, de´finie par la diminution de la FEVG, n’est pas rare et pourrait concerner 25 a` 50 % des patients en choc septique prolonge´ [1]. Les me´canismes menant a` cette dysfonction sont divers : hyperproduction de monoxyde d’azote et de de´rive´s re´actifs de l’oxyge`ne, dysfonction mitochondriale, effets directs des cytokines inflammatoires, de l’endotoxine bacte´rienne ou apoptose [1]. Dans ce contexte, les e´le´ments traces, tels le se´le´nium et le zinc, jouent un roˆle essentiel au sein des de´fenses antioxydantes de l’organisme. Le zinc est un e´le´ment de protection cellulaire et de promotion de la re´paration tissulaire lors de l’agression [2]. En re´ponse a` une infection ou lors de l’administration expe´rimentale d’endotoxine, on constate une diminution du taux de zinc plasmatique lie´e a` la redistribution intracellulaire du zinc destine´e a` favoriser sa biodisponibilite´ [3]. Le se´le´nium est pre´sent au sein des se´le´noprote´ines, dont la principale famille est celle des glutathions peroxydases, qui constitue l’armure essentielle de l’organisme contre le stress oxydatif et dont l’activite´ est diminue´e au cours du sepsis [4]. Le de´ficit en se´le´nium peut eˆtre responsable d’une insuffisance cardiaque re´versible dont la premie`re description remonte a` 1937 en Chine et est connue sous le nom de maladie de Keshan. Des de´ficits se´ve`res en se´le´nium ont e´galement e´te´ rapporte´s dans le cadre de maladies inflammatoires du tube digestif, apre`s chirurgie bariatrique ou apre`s nutrition parente´rale exclusive prolonge´e [5]. Dans le cas pre´sent, le diagnostic initialement retenu e´tait celui de dysfonction myocardique induite par le sepsis. Ne´anmoins, la de´faillance survenait apre`s un e´tat de choc bref et re´solutif, et apre`s re´gression du syndrome infectieux biologique. Si cette hypothe`se devait eˆtre e´voque´e, il e´tait important de ne pas me´connaıˆtre une participation carentielle dans ce contexte e´vocateur, la supple´mentation permettant une restitution ad integrum de la fonction cardiaque. Les dosages sanguins de zinc et de se´le´nium ont permis de montrer qu’il existait une part carentielle a` cette dysfonction cardiaque. Les micronutriments doivent faire l’objet d’une attention particulie`re chez les patients be´ne´ficiant d’une
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nutrition parente´rale. En effet, les apports en micronutriments sous forme de concentre´s d’oligoe´le´ments (type DECAN1, AguettantTM, France) sont insuffisants en cas de carence majeure et d’agression aigue¨. Un flacon de DECAN1 contient 70 mg de se´le´nium et 10 mg de zinc, hors les apports recommande´s lors des de´ficits se´ve`res sont d’au moins 100 mg/j de se´le´nium [6], et 12 mg/j de zinc [7], doses pouvant eˆtre supe´rieures en cas de sepsis ou de fistules digestives. En conclusion, ce cas souligne l’importance des e´le´ments traces au cours du sepsis et leur implication potentielle dans les de´faillances d’organes, justifiant un monitorage de leurs concentrations plasmatiques chez les patients a` risque afin de permettre une supple´mentation optimale. ˆ ts De´claration d’inte´re Les auteurs de´clarent ne pas avoir de conflits d’inte´reˆts en relation avec cet article. Re´fe´rences [1] Rudiger A, Singer M. Mechanisms of sepsis-induced cardiac dysfunction. Crit Care Med 2007;35:1599–608. [2] Walsh CT, Sandstead HH, Prasad AS, Newberne PM, Fraker PJ. Zinc: health effects and research priorities for the 1990s. Environ Health Perspect 1994; 102:5–46. [3] Gaetke LM, McClain CJ, Talwalkar RT, Shedlofsky SI. Effects of endotoxin on zinc metabolism in human volunteers. Am J Physiol 1997;272:E952–6. [4] Biolo G, Antonione R, De Cicco M. Glutathione metabolism in sepsis. Crit Care Med 2007;35:S591–5. [5] Fleming CR, Lie JT, McCall JT, O’Brien JF, Baillie EE, Thistle JL. Selenium deficiency and fatal cardiomyopathy in a patient on home parenteral nutrition. Gastroenterology 1982;83:689–93. [6] Shenkin A. Selenium in intravenous nutrition. Gastroenterology 2009;137: S61–9. [7] Jeejeebhoi K. Zinc: an essential trace element for parenteral nutrition. Gastroenterology 2009;137:S7–12.
A. Joret, B. Sauneuf *, J. Dupeyrat, T. Poirier, J.-L. Hanouz Poˆle d’anesthe´sie re´animation chirurgicale Samu-Smur, centre hospitalier universitaire, avenue de la Coˆte-de-Nacre, 14033 Caen, France *Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (B. Sauneuf). Disponible sur Internet le 20 juillet 2011
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Doppler transcraˆnien (DTC) quotidien associe´ fre´quemment a` une IRM ence´phalique [1,2]. Celle-ci est re´alise´e de`s que la vitesse systolique mesure´e au DTC dans une des arte`res de la base du craˆne est supe´rieure a` 200 cm/s ou si l’on objective une augmentation de plus de 50 cm/s par rapport a` l’examen de la veille [3]. En fonction des re´sultats de l’IRM, le patient peut be´ne´ficier d’une arte´riographie diagnostique et the´rapeutique [4]. Cependant, nombre de ces patients sont porteurs d’un cathe´ter arte´riel fe´moral Pulsiocath1 en raison d’une instabilite´ he´modynamique fre´quemment observe´e au stade initial de l’he´morragie me´ninge´e [1]. Le cathe´ter Pulsiocath1 contient des me´taux au niveau de sa thermistance et de sa connectique (acier plaque´ or et nickel). Ce cathe´ter n’e´tant pas certifie´ « compatible IRM », nous e´tions donc oblige´s de l’oˆter et de le remplacer par un cathe´ter arte´riel conventionnel ; cela imposait un changement en urgence, nous privait du monitorage ˆ ts supple´mentaires. En nous fondant, PiCCO1 et induisait des cou en premier lieu sur une e´tude in vitro avec une IRM de 1,5 tesla (IRM Siemens1, Magnetom Vision) montrant l’absence d’e´le´vation de tempe´rature du cathe´ter [5], et par ailleurs sur le fait que la socie´te´ Pulsion1 n’ait pas eu connaissance a` ce jour de re´clamation ou de de´claration en termes de mate´riovigilance pour des incidents lors d’une exposition IRM, nous avons voulu savoir si ce cathe´ter pouvait engendrer in vivo une augmentation de tempe´rature susceptible d’entraıˆner des le´sions. Pour se faire, un des membres de notre e´quipe a tenu dans sa main le cathe´ter arte´riel Pulsiocath1 en le positionnant au plus pre`s de l’antenne de notre IRM (IRM Philips1 intera 1.5). Toutes les se´quences (T1, T2, Flair, diffusion, perfusion, angio IRM [TOF 3D]) ont e´te´ re´alise´es sans perception du moindre e´chauffement, mouvement, ou d’une quelconque geˆne. D’autre part, il n’a pas e´te´ mis en e´vidence d’interfe´rence avec les donne´es de l’IRM. En l’absence d’une e´le´vation de la tempe´rature perceptible, le maintien du cathe´ter lors d’une IRM, semble sans danger pour le patient. Cependant de futures e´tudes sont ne´cessaires pour ve´rifier que le champ magne´tique ne modifie pas la fiabilite´ des donne´es recueillies par le syste`me Pulsiocath1. De´claration d’inte´reˆts Les auteurs de´clarent ne pas avoir de conflits d’inte´reˆts en relation avec cet article. Re´fe´rences
doi:10.1016/j.annfar.2011.06.003
Le cathe´ter arte´riel Pulsiocath1 pour PiCCO1 et l’imagerie par re´sonance magne´tique The Pulsiocath1 catheter and magnetic resonance imaging I N F O A R T I C L E
Mots cle´s : Cathe´ter Pulsiocath1 He´morragie me´ninge´e IRM Keywords: Pulsiocath1 catheter Magnetic resonance imaging
[1] Bederson JB, Connolly Jr ES, Batjer HH, Dacey RG, Dion JE, Diringer MN, et al. Guidelines for the management of aneurysmal subarachnoid hemorrhage. Stroke 2009;40:994–1025. [2] Leclerc X, Fichten A, Gauvrit JY, Riegel B, Steinling M, Lejeune JP, et al. Symptomatic vasospasm after subarachnoid haemorrhage: assessment of brain damage by diffusion and perfusion-weighted MRI and single-photon emission computed tomography. Neuroradiology 2002;44:610–6. [3] Cattin F, Bonneville JF. Doppler transcraˆnien et vasospasme ce´re´bral. J Neuro?A3B2 show -?radiol 1999;26. 1S22–1S7. [4] Piednoir P, Geeraerts T, Leblanc PE, Tazarourte K, Duranteau J, Vigue´ B. Comment faire le diagnostic d’un vasospasme ? Ann Fr Anesth Reanim 2007;26:965–72. [5] Kampen J, Liess C, Casadio C, Tonner PH, Reuter M, Scholz J. Safety of the Pulsiocath1 for haemodynamic monitoring during magnetic resonance imaging. Anaesthesia 2004;59:828–9.
F. Grecoa,*, J.-F. Vendrellb, P. Derasa, A. Boularana, P.-F. Perrigaulta a Service d’anesthe´sie re´animation C, CHRU de Montpellier, hoˆpital Gui-de-Chauliac, 80, avenue Augustin-Fliche, 34295 Montpellier cedex 5, France b Service de neuroradiologie, CHRU de Montpellier, hoˆpital Gui-de-Chauliac, 80, avenue Augustin-Fliche, 34295 Montpellier cedex 5, France *Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (F. Greco).
Dans notre service, chez les patients graves sous ventilation me´canique et victimes d’une he´morragie me´ninge´e par rupture d’ane´vrisme, la surveillance du vasospasme ce´re´bral repose sur le
Disponible sur Internet le 25 juin 2011 doi:10.1016/j.annfar.2011.05.003