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Annales Me´dico Psychologiques 166 (2008) 308–314 http://france.elsevier.com/direct/AMEPSY/
Communications
E´criture du traumatisme ou traumatisme de l’e´criture ? (deux femmes, deux histoires, deux e´critures) Writing of trauma or trauma of writing? (two women, two stories, two ways of writing) N. Chidiac Service du professeur F. Rouillon, clinique des maladies mentales et de l’ence´phale (CMME), Universite´ Paris-V, Cochin-Port-Royal-Sainte-Anne, 100, rue de la Sante´, 75674 Paris cedex 14, France Disponible sur Internet le 24 avril 2008
Re´sume´ Au Centre d’e´tude de l’expression, a` la clinique des maladies mentales et de l’ence´phale, un atelier d’e´criture pour patients adultes en ambulatoire a lieu une fois par semaine. L’auteur, spe´cialiste du psychotrauma depuis dix ans, anime cet atelier depuis 1997. Une re´flexion centre´e autour du psychotraumatisme et de l’e´criture va eˆtre de´gage´e a` partir de deux cas cliniques. # 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits re´serve´s. Abstract Writing workshops for adult out-patients are held once a week at the Centre d’E´tude de l’Expression in the Clinique des Maladies Mentales de l’Ence´phale. The author, a specialist in trauma for ten years, has been leading the workshop since 1997. A theoretical reflexion centred on psychological trauma and writing was elaborated through two clinical studies. # 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits re´serve´s. Mots cle´s : E´criture ; E´laboration ; Trauma Keywords: Elaboration; Trauma; Writing
1. Introduction
2. E´velyne ou le traumatisme de l’e´criture
Un atelier d’e´criture, deux cartes postales. Sur la premie`re : une femme a` l’e´paule de´nude´e, te´moin d’un e´rotisme sugge´re´. Sur la deuxie`me : une femme couverte, concentre´e, te´moin d’une de´votion tranquille. Un atelier d’e´criture, deux femmes : E´velyne et Louise. La consigne demande´e e´tait de choisir une des deux femmes repre´sente´es sur les cartes postales pour ensuite raconter, en 30 minutes, son histoire, la forme litte´raire e´tant libre lors de cette se´ance (l’histoire de la femme pouvant eˆtre e´crite en alexandrin, haı¨ku, quatrain, nouvelles. . .).
E´velyne, sans he´sitation, a choisi la carte postale avec la femme a` l’e´paule de´nude´e. Son texte, avec un foisonnement d’images sensorielles et sensuelles, manifeste une acuite´ quasi picturale qui n’est pas sans rappeler certaines peintures florentines de la Renaissance. Il s’agissait, ce jour-la`, du premier texte d’E´velyne en atelier ayant cette forme et ce fond. Un travelling en arrie`re s’impose. E´velyne, apre`s trois anne´es universitaires, prend une anne´e sabbatique pour « e´crire un roman ». Elle arreˆte son analyse, s’isole du monde universitaire et se met a` e´crire, au de´but, dit-elle, sans comprendre ce qu’elle e´crivait. Une monte´e anxioge`ne accompagnait ses e´crits, alors qu’elle se trouvait dans un mouvement d’e´criture qui « n’en finissait plus et ou` tout se reconstruisait ». C’est ce « n’en finissait
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0003-4487/$ – see front matter # 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits re´serve´s. doi:10.1016/j.amp.2008.03.003
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plus » qui e´tait ge´ne´rateur d’angoisse, comme nous allons le voir. Dans cette graphorrhe´e, empreinte d’une grande violence, des souvenirs diffus de son agression ont jailli. E´velyne dit s’eˆtre sentie en danger, comme si, e´crivait-elle, « tout le monde allait le savoir », notamment « l’homme » qui, de surcroıˆt, connaissait son lieu de re´sidence et qui pouvait ainsi revenir. Au bout de deux jours d’e´criture, elle essaie, tant bien que mal, de remettre ses ide´es en place et se renseigne aupre`s de sa me`re quant a` cette pe´riode pre´cise de sa vie. Elle obtient confirmation que ses e´crits anxioge`nes, qu’elle conside´rait a` teneur « de´lirante », n’e´taient qu’un retour du refoule´ ou, plus encore, un retour du rejet, car il s’agirait plus ici d’un me´canisme de rejet que d’un me´canisme de refoulement, avec un retour boomerang du rejet. Un retour de l’innommable auquel elle a souvent du mal a` croire, expliquant que parfois elle « ne sait plus si c’est vrai », sachant qu’il faut « vivre avec », mais ne « sait pas comment ». Apre`s ce retour du rejet, de la « de´couverte », une inhibition de l’e´criture s’est manifeste´e. C’est dans ce contexte, en juillet 2001, qu’E´velyne arrive a` l’atelier d’e´criture avec une symptomatologie anxieuse jalonne´e de courtes pe´riodes de´pressives et la demande suivante : « Je voudrais pouvoir e´crire a` nouveau. » Son comportement dans cette premie`re anne´e 2001 a` 2002 reste tre`s discret, ses e´changes avec le groupe sont assez rares, tout comme la prise de parole spontane´e. Le temps de discussion qui suit la lecture de la production e´crite est toujours restreint, elle s’attache a` expliciter la forme plus que le fond. Son sentiment d’inse´curite´ s’estompe avec le temps, notamment graˆce aux encouragements et fe´licitations que lui exprime le groupe. E´velyne avait peur d’e´crire, E´velyne avait envie d’e´crire, ´ neanmoins la crainte d’eˆtre « engloutie » par les mots, de´vore´e par la re´alite´ et la violence des mots e´crits, l’inhibait au point de ne plus pouvoir re´pondre a` son de´sir. Peur de l’e´criture, traumatisme de l’e´criture, cette e´criture trop intimement lie´e au traumatisme du viol, les mots pouvant ainsi personnifier le traumatisme. Tout se passait comme si le viol ne comportait plus de trace mne´sique, mais une trace e´crite. Le traumatisme est efface´ de sa me´moire au point de l’eˆtre de sa vie en apparence, rejaillissant par l’e´crit, retour ainsi du refoule´/rejet avec retour du viol et du violeur. L’e´crit laissant ainsi une trace, mate´rialisant en quelque sorte l’indicible, refaisant vivre le danger du traumatisme, comme une premie`re fois. Comme si l’e´criture devenait le garant du traumatisme. C’est ainsi que, durant trois anne´es, quelle que soit la consigne donne´e en de´but de se´ance, E´velyne a e´crit sur son viol et/ou sur son agresseur. Soit a` travers un e´crit cru : « C’est dans ma bouche qu’on m’a le plus nui, c’est par les mots que je pourrais nuire a` mon tour » (2001), soit a` travers des the´matiques significatives. 2.1. Exemples de consignes en atelier 2.1.1. Consigne : texte forme libre qui se termine par « ce qui devait arriver arriva » « Un jour, j’aurai les mots pour dire ce qui n’a pu eˆtre dit. C¸a se perd dans ma teˆte, c¸a se bouscule, c¸a se bagarre ; le de´sordre,
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la guerre. . . ce jour-la`, enfin, cette nuit-la`, ma teˆte, est partie, elle s’est de´tache´e, et des fois je l’appelle, elle est trop loin des fois, et mon corps, abandonne´, tout seul, je n’arrive pas a` le consoler, et j’ai tout avale´ ce soir-la`, sauf la honte. Un jour, je le tuerai dans une histoire, l’histoire de ma vengeance, c’est comme c¸a qu’il mourra. C’est moi qui e´tais de´chire´e, comme si une porte venait de s’ouvrir des oubliettes dans ma teˆte. » 2.1.2. Consigne : rencontre avec un inconnu « . . . et puis un jour tout a bascule´. Un alien psychique, somme d’une longue re´flexion, d’une longue amne´sie, d’une longue descente introspective ; il a crache´ sur ma feuille et c’est comme si je vomissais ma me´moire. Et c’est la` que je l’ai retrouve´. Mon agression. Je l’ai retrouve´. Mon agresseur. Je l’ai retrouve´. Ce morceau de moi qui se taisait depuis l’aˆge de 11 ans. Quand je l’ai vu sortir de mon stylo, je ne l’ai pas vraiment reconnu. Ou plutoˆt, je suis demande´ d’ou` il sortait, ce morceau de moi ; c’e´tait un couteau qui ressortait de ma teˆte apre`s avoir e´te´ enfonce´. L’inconnu c’e´tait moi. » 2.2. Catharsis ou re´pe´tition ? Cette e´criture et re´e´criture du traumatisme sont ce qu’on appelle la re´pe´tition. Ces reviviscences qui survenaient inde´pendamment de la volonte´ d’E´velyne e´taient, comme pour le syndrome de re´pe´tition et ses manifestations cliniques, d’un grand re´alisme, donnant lieu a` une de´tresse intense au moment de la lecture. Le syndrome de re´pe´tition est pathognomonique des syndromes psychotraumatiques et ses modalite´s de manifestations sont multiples, la plus connue e´tant le cauchemar de re´pe´tition. Dans le cas du traumatisme, les personnes demeurent prisonnie`res de leur passe´ et revoient, bien souvent pendant des anne´es, les images de l’horreur qu’elles ont ve´cues. C’est cela, qui plus est, que l’on retrouve dans l’e´crit d’E´velyne. L’e´criture, bien que possible uniquement en atelier, et par conse´quent sous contrainte exte´rieure, autorisait quelque part la violence contenue, que l’on peut qualifier dans un premier temps de cathartique. E´velyne e´tait continuellement insatisfaite du contenu et contenant de ses e´crits, insatisfaite de la qualite´ de ses e´crits, insatisfaite au point ou` la seule fois ou` elle a demande´ un entretien en individuel (entretien que l’on accorde toujours a` la demande, centre´ sur la me´diation et qui ne dure jamais plus de dix minutes) e´tait pour signifier que je ne la fe´licitais pas autant que je fe´licitais les autres, ajoutant que cela devait eˆtre parce qu’elle n’avait pas « un bon niveau » et qu’elle devrait donc « arreˆter l’atelier ». Ce ressenti subjectif m’a permis de bien recadrer et de re´pe´ter (dans le meˆme mouvement qu’elle re´pe´tait son trauma) les objectifs e´tablis de l’atelier, a` savoir le fait que cet atelier e´tait the´rapeutique et non pe´dagogique, et que par conse´quent, il n’y avait pas de bon ou de mauvais niveau, pour reprendre ses propres termes. Rassure´e, elle a pu, la se´ance suivante, incorporer une forme litte´raire qui lui est che`re, a` savoir le surre´alisme, son e´crit devenant ainsi pour une fois plus distancie´. Comme si, apre`s s’eˆtre assure´e que j’entendais bien ses e´crits, et l’acceptais
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toujours, je l’autorisais en quelque sorte a` me savoir garante de son traumatisme qu’elle m’avait « transmis » par l’e´crit de ses textes, l’e´criture devenant ainsi un « pont » entre son chaos et la vie. Parce que, comme le dit McDougall (1996) [1], « les traumatismes du passe´ sont non seulement une source de symptoˆmes ne´vrotiques et d’inhibitions, mais de cre´ativite´ ». C’est cette cre´ativite´ que l’on cherchait a` faire retrouver a` E´velyne a` travers les diffe´rentes modalite´s de fonctionnement de l’atelier. Quant a` son inquie´tude de ne pas pouvoir de´passer cet e´ve´nement traumatique a` la fois dans sa vie et dans ses e´crits, je lui ai explique´ le passage parfois ne´cessaire d’une re´pe´tition quasi cathartique qui durera le temps ne´cessaire avant de pouvoir eˆtre e´labore´e. E´velyne a pu ainsi continuer dans un climat de confiance son processus d’e´criture dans un premier temps, avant d’arriver au processus cre´atif, te´moin d’une e´laboration. Le groupe a son importance majeure comme re´ponse a` son insatisfaction, en tant qu’axiomes the´rapeutiques. E´crire et surtout lire en groupe ce qu’elle a de plus difficile en elle, faire e´couter aux autres ce qu’elle ne veut pas entendre, eˆtre encourage´e et/ou fe´licite´e par les autres a une incidence sur sa propre revalorisation, sa renarcissisation. Pendant de nombreuses anne´es, une fois par semaine, E´velyne, comme pousse´e par une ne´cessite´ impe´rieuse, e´tait dans une e´criture a` vise´e cathartique conse´cutive au traumatisme. Cette re´pe´tition, finalement scripturale chez E´velyne, est te´moin d’une tentative e´choue´e de liaison et de symbolisation de son trauma. Par l’e´criture et la re´e´criture dans un atelier d’e´criture a` vise´e the´rapeutique ou` le cadre contenant, de par notre triptyque the´orique de l’atelier, lui a permis de se re´pe´ter dans l’e´criture en « se´curite´ », selon ses propres mots, elle a pu ainsi arriver a` un travail de liaison, de reconstruction. Pour E´velyne, l’e´criture a surgi suite a` l’impossibilite´ de l’oubli et l’impossibilite´ de l’inte´gration, l’e´criture devenant ainsi, comme nous l’avons de´ja` dit, un pont entre l’horrible re´el rejete´ qui revient et le re´el de l’horreur qu’on tente d’inte´grer. D’un coˆte´ du pont, nous avons le trauma et l’impossibilite´ de l’inscrire/e´crire dans sa vie, la traverse´e du pont e´tant l’abre´action progressive par l’e´criture avec e´laboration symbolique, permettant d’arriver de l’autre coˆte´ du pont a` un soi non effracte´ pouvant e´laborer et cre´er. L’e´criture devient ainsi un travail de tissage, de liaison, qui conce´dera de participer a` la reconstruction de la personne alte´re´e, voire ane´antie par son trauma, de panser la blessure psychique traumatique par une pense´e mate´rialise´e par l’e´criture. E´criture que l’on peut lire devant les autres et relire pour soi-meˆme. L’e´criture d’E´velyne se pre´sente pendant longtemps comme un te´moignage, pareil au « cri–e´crit » dont parle Cocteau, fac¸on de dire fort et haut ce qui ne peut eˆtre dit a` personne ni a` soi-meˆme. L’e´crit s’e´tant impose´ chez elle devant l’impossibilite´ de dire. L’e´criture d’E´velyne est ici comme une offrande a` la personne « signifiante », re´ceptacle de son te´moignage. Au fur et a` mesure des se´ances, la forme narrative bien qu’effracte´e encore d’E´velyne donne acce`s au processus « d’historisation » ne´cessaire a` la dynamique d’e´laboration du trauma. Lorsqu’il s’agit de re´cit narratif de l’ordre du te´moignage, on se trouve dans une aire transitionnelle te´moignant d’une cre´ativite´ en
marche possible vers la cre´ation, espace interme´diaire se situant entre cre´ativite´ et cre´ation. L’atelier, de par son cadre contenant, permet la projection de cet espace interme´diaire te´moin de l’horreur ve´cue, prote´geant ainsi l’e´crivant d’une menace de mort psychique, pouvant ainsi expliquer l’incapacite´ ou plutoˆt le de´sir d’E´velyne de ne pas e´crire hors de l’atelier, par protection. Les re´cits de vie, ainsi dans la litte´rature et chez les patients en atelier d’e´criture, semblent te´moigner d’une mise en sens de la confrontation a` l’adversite´ qui passe par la figurabilite´ ou la mise en mots et ` ce stade nous donc en e´criture du contexte traumatique. A sommes encore a` celui de l’e´laboration traumatique sans avoir encore acce´de´ a` celui de cre´ativite´. Passage obligatoire. . . Chez E´velyne, a` ce stade de l’atelier, nous sommes dans ce que nous pouvons appeler un aspect cathartique de ce passage ou parcours ne´cessaire de l’e´crit. Passage qui a dure´ trois anne´es. Certaines the´ories proˆnent la transmission comme passage a` l’e´criture venue reme´dier a` l’impossibilite´ de transmettre autrement. Je conside`re que la transmission tout comme le processus cre´atif ne sont pas au premier plan : avant de vouloir transmettre aux autres par e´crit ce qu’on n’arrive pas a` transmettre verbalement, avant de pouvoir eˆtre dans la cre´ation, il faut se transmettre a` soi-meˆme ce qu’on n’a pas encore inte´gre´, se construire une forteresse avec les mots, s’isoler dans un donjon de mots qui relatent les maux, pour ensuite les faire voler dans un e´clat de cre´ation et dans un deuxie`me temps de transmission. C’est parce que la premie`re narration de son histoire de vie ne pre´tend nullement a` la re´alite´ objective, mais a` sa re´alite´ subjective que le patient met en travail, tisse et retisse a` travers les mots tout comme a` travers les se´ances d’analyse. Pre´cise´ment, comme nous le voyons aussi en se´ance de psychothe´rapie individuelle lors de la consultation de psychotrauma, la the´rapie comme l’e´criture de l’histoire de vie favorise un travail de me´moire et d’e´laboration de la souffrance. Tout comme beaucoup d’œuvres litte´raires de la sorte, la forme de l’e´crit d’E´velyne te´moigne des modifications du lent travail de symbolisation et d’e´loignement progressif de son trauma. Depuis quelques se´ances, E´velyne e´crit des textes avec une certaine distanciation, des descriptions sans lien direct avec son traumatisme. On retrouve toujours des connotations plus dans la forme que dans le fond. Son e´criture est toujours d’une tre`s grande fluidite´, saccade´e lorsqu’il s’agit de son agression, avec des mots cible´s esthe´tiquement et intellectuellement. C’est ainsi que le texte portant sur la femme a` l’e´paule de´nude´e a pu voir le jour, en une demi-heure, sans correction et que je vous livre ici, tel quel. Bien que s’e´tant de´valorise´e avant la lecture (rituel assez conjuratoire chez beaucoup de participants), E´velyne a lu l’admiration dans les yeux des autres et entendu leurs fe´licitations une fois la lecture termine´e. C’est ainsi qu’elle a pu, pour la premie`re fois, reconnaıˆtre que son texte lui plaisait. 2.3. Texte de la femme a` l’e´paule de´nude´e « D’un hochement de la teˆte, elle accompagne le tissu qui de´voile son e´paule.
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Invitation ou excuse ? Tout, en elle, penche d’un coˆte´. L’humilite´ du visage, a` demi-cache´, le sein qui descend un peu pour demeurer couvert a` demi. L’ombre gourmande enveloppe la peau douce. Je dis oui, je dis non au de´sert des sens, je froˆle, j’efface, le temps ne dure qu’un instant, j’exhibe, je m’enivre, je dis oui, je dis non, a` la source, au retrait du plaisir, aux langueurs d’un e´te´ a` l’automne semblable, je dis non a` la pluie, au ciel gris, quel ennui ! Le soleil n’est plus du matin, a-t-il rendez-vous avec la lune ? Je regarde une nouvelle fois. Calme, calme italienne ; c’est la fin du jour, l’enfant s’est endormi. Il a plu dans le soleil couchant, l’arc-en-ciel s’est de´ploye´ au-dessus de l’Arno, pont sur pont, petit patapon. . . Le pave´ luit, gras et crotte´, dans la ruelle ou` c¸a sent l’huile d’olive et le poivron grille´. La place est de´serte, les arcades re´sonnent, le chien aboie. Les vieilles affiches se noient et tombent d’elles-meˆmes en lambeaux : « brocante au fil de l’eau », « concert », « concours d’e´checs ». . . Le vent et la pluie font ici leur œuvre, comme jadis le doigt du grand-pe`re de´tachait jour apre`s jour une page de l’e´phe´me´ride. La friture couvre une partie des infos diffuse´es par la radio, les conversations montent d’un ton, en meˆme temps que les odeurs. Dans le grand escalier aux marches de marbre, la rampe est vieille et rouille´e, il faudrait la changer, mais qui va payer ? Les voisines s’interpellent : celle du troisie`me a oublie´ de prendre du citron pour les poissons ; celle du second le lui montera, avec son petit Claudio, qui a la varicelle, il povero bambino. » 3. Louise ou l’e´criture du traumatisme Louise, quant a` elle, a choisi la carte repre´sentant « la vierge cousant ». Louise a toujours e´crit, depuis son plus jeune aˆge. Ses traumatismes, polymorphes, de´butent a` l’enfance, contaminent son adolescence et perdurent a` l’aˆge adulte. L’e´criture aussi. Ne´ologismes, jeux de mots, associations auditives, ide´iques. . . sont des panaches caracte´risant les e´crits de Louise qui manie les mots d’une manie`re extraordinaire. Ses diffe´rents styles, d’une richesse et d’une varie´te´ extreˆmes, ne sauraient eˆtre compare´s a` un seul auteur de renomme´e litte´raire, mais a` plusieurs (notamment Kafka, Jabe`s, Artaud). Louise aime les mots, bien que, les mots l’ayant tellement accompagne´e dans sa vie, il lui arrive parfois d’en avoir peur. ` aucun moment dans sa vie, Louise n’a eu une inhibition A d’e´criture ; il lui est arrive´, en atelier, d’eˆtre dans une difficulte´ d’e´crire, mais il s’agissait de moments ou` sa vie elle-meˆme l’e´tait et e´prouvait donc le besoin d’eˆtre relance´e. Louise a un rapport a` l’e´criture diffe´rent de celui d’E´velyne : elle manifeste une certaine confiance en elle et arrive a` montrer de la satisfaction par rapport a` ses e´crits en atelier. Peut-eˆtre du
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fait d’avoir de´ja` e´te´ publie´, mais je pense plus parce que l’e´criture a e´te´ son garant, non plus du traumatisme comme ` l’inverse de ceux qui pour E´velyne, mais de sa survie. A e´crivent pour raconter (tels les re´cits de vie, les te´moignages), Louise e´crit pour ne pas raconter. L’histoire de la maladie de Louise est tellement longue et complexe que l’on retrouve, selon les maintes hospitalisations dans diffe´rents e´tablissements, une grande varie´te´ de diagnostics qui personnellement ne me conviennent pas, a` propos de la Louise de l’atelier. Mais ce n’est pas ici notre souci premier ; ce qui nous inte´resse, c’est face a` cette mosaı¨que de diagnostics et de traitements, la constance meˆme de l’e´criture. Consistance de son eˆtre. Louise inte`gre l’atelier en fe´vrier 2001, pour douleur psychique intense, avec une particularite´ pre´ce´demment e´voque´e qui est la fascination et la crainte de ses productions picturales et scripturales alors que les deux sont un recours pour exprimer sa souffrance. La fre´quentation de l’atelier pouvant l’aider a` mieux appre´hender et supporter la confrontation avec ses propres activite´s artistiques et ainsi peut-eˆtre apaiser ce paradoxe. Ses e´crits, nous l’avons de´ja` souligne´, sont d’une qualite´ rare. Aucune consigne d’e´criture, tant au niveau du fond que de la forme, ne lui est re´fractaire. On retrouve vraiment cet amour des mots qui lui permet de manier a` la fois le ge´nie, le verbe, la culture litte´raire et l’humour. 3.1. Exemples de consignes en atelier 3.1.1. Consigne : « haı¨ku sur les haı¨kus » « Haı¨ku assassin Je me tue en de´pliant Cinq doigts de la main » 3.1.2. Consigne : « savoir ou ne pas savoir » forme libre « Elle sait. Elle se tait. Le bol de the´ bruˆlant ferme´. Elle sait. Elle se tait. Elle est face a` la ve´ri-the´. Elle sait. Elle se tait. La the´ie`re est encore pleine de secrets. Elle sait. Elle se the´. Elle se terre. Elle se tait. Elle s’enterre dans le creux d’un bec ` votre sans-the´ ! » verseur de larmes. A 3.2. Contrainte et contenant comme bouclier abre´actif ? L’humour, me´canisme de de´fense qui d’ailleurs caracte´rise e´norme´ment ses e´crits, lui permet a` la fois de dire qu’une consigne ne lui plaıˆt pas (ex : haı¨ku assassin) et d’aborder une the´matique morbide de manie`re plus soutenable, d’abord pour elle, ensuite pour les autres. Cette forme d’e´criture ou` Louise joue avec les mots, telle une magicienne, montre une contrainte inte´rieure, une angoisse qui se manifeste par cette forme d’e´criture qualifie´e d’effractive, faite a` la fois d’humour et d’incision, e´criture qui, tant par sa forme que par son fond (les the`mes aborde´s), e´voque le traumatisme. Trauma parfois e´nonce´, camoufle´ derrie`re l’humour, derrie`re les mots qui montrent bien la souffrance psychique et
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permettent ainsi de dire de temps en temps et non pas de manie`re quasi re´pe´titive comme E´velyne, l’horreur ve´cue. Louise re´pond toujours a` la contrainte demande´e, mais avec un ajout de contrainte, multipliant les difficulte´s, la forme devenant ainsi un « bouclier abre´actif » qui la prote`ge de l’affect insoutenable. Tout se passe comme si le travail d’e´criture chez Louise permettait de donner une consistance psychique au re´el traumatique, de construire le trauma sans encore parler de symbolisation a` proprement parler. L’e´criture est pour elle un « bouclier de mots » face a` ses diffe´rents traumatismes. L’e´criture est son mode d’expression privile´gie´, la seule arme qu’elle ait eu enfant. Arme qu’elle retourne parfois contre elle. Pendant ces anne´es d’atelier, il est arrive´ que Louise se pre´sente avec les mains bande´es suite a` une automutilation, pre´cisant qu’elle allait essayer d’e´crire, qu’elle souhaitait e´crire, et elle arrivait toujours a` e´crire, laissant parfois une e´criture, il est aise´ de comprendre, difficile a` lire. Sa vie est ainsi entrecoupe´e de passages a` l’acte autoagressifs : tentatives de suicide, automutilations ainsi que destruction de ses e´crits et/ou de ses œuvres picturales. Mis a` part la continuite´ des mots, la continuite´ du lien lui e´tait tre`s difficile, comme si a` tout moment une effraction devait arriver. Ainsi, au de´but des se´ances, elle a essaye´ a` plusieurs reprises de ne pas e´crire, de rater deux ou trois se´ances, me disant que je ne pouvais plus la garder. Comme je lui ai dit qu’elle pouvait ` pre´sent, continuer a` venir, cet incident n’a plus eu lieu. A lorsqu’elle s’absente, elle pre´vient toujours. Revenons aux e´crits. La violence, terriblement contenue, est exprime´e dans des re´cits ou` les mots « tuent », la « tuent ». Elle dit d’ailleurs lors des moments de discussion qu’elle ne peut, dans la vie courante, ressentir et par conse´quent exprimer de la cole`re. Ce sont, et nous pouvons l’entendre, les jeux de mots, d’une finesse absolue qui s’en chargent. Les mots, sa seule arme, sa meilleure carapace. Ce n’est que dans le courant de l’anne´e 2003 a` 2004, au bout de trois ans, que certains textes ont pu trouver un agresseur pre´cis, un acte ou des actes commis, toujours avec une maıˆtrise des mots qui contiennent une e´motion explosive. ` l’inverse d’E´velyne ou` le contenu fait e´clater le contenant, A chez Louise le contenant est toujours maıˆtre, permettant ainsi de temps en temps, apre`s un long moment de mise en confiance du cadre de l’atelier, d’exprimer un contenu plus explicite, plus personnel. Tout se passe chez Louise comme pour les e´crivains dont parle McDougall 1996 [1], « pour un e´crivain, les mots, impre´gne´s des excitations pulsionnelles de tout genre, peuvent devenir facilement des objets aussi dangereux qu’envouˆtants pour la psyche´ ». Pour Louise, a` l’inverse d’E´velyne, l’e´criture est d’abord de l’ordre du jeu, de la cre´ation, de l’e´laboration avant de pouvoir « dire ». Par conse´quent, on est dans le mouvement premier d’e´crire, ensuite de lire pour enfin dire. Voici le texte e´crit en 30 minutes qui pour la premie`re fois avait un contenu ou` le liant e´tait au rendez-vous, lien et historisation rendant la symbolisation temporelle enfin possible.
3.3. Texte de la vierge cousant « Toute sa vie fut faite de de´chirures, de se´parations, de deuils, d’abandons. Adrienne e´tait seule de´sormais, seule pour lire et relire sans cesse le livre de sa vie, seule pour de´rouler le fil de son histoire. Au printemps de l’anne´e 1944, elle venait de mettre au monde son deuxie`me enfant. Il s’appelait Pierre-Antoine, des pre´noms de ses deux grands-pe`res morts au front. PierreAntoine e´tait diffe´rent de son fre`re. De`s sa naissance, il e´tait malingre, il avait le teint paˆle, mais on remarquait surtout ses deux grands yeux e´carquille´s qui nous regardaient fixement. Quelques anne´es plus tard, Pierre-Antoine n’avait pas encore prononce´ un mot. Il e´tait toujours silencieux, ne poussait meˆme pas un petit cri. Il restait assis pendant de longues heures, son doudou coince´ entre les dents. Son doudou qu’Adrienne de´signait par le doux pre´nom de Lucie. Il repre´sentait une abeille, dote´e de deux grosses ailes toutes mordille´es par les petites dents ace´re´es de Pierre-Antoine. Anne´e 2000 : Pierre-Antoine a 56 ans. Son long corps maigre et noueux repose sur le sable. Adrienne le regarde avec tendresse. Il dort, comme tous les jours. Aujourd’hui, Lucien, le fils aıˆne´ d’Adrienne, a fait rouler le fauteuil de Pierre-Antoine jusqu’au bord de la plage, pour qu’il prenne des couleurs. Anne´e 2004 : Adrienne est seule, seule avec ses pense´es, ses souvenirs un peu confus. Lucien et Pierre-Antoine lui manquent, son mari Gaston aussi. Le docteur Wizmann lui a longtemps parle´ hier. Adrienne l’a e´coute´, silencieuse comme a` chaque se´ance. « Madame Le Garrec, cessez de fuir, je sais que reˆver est utile dans la vie, mais il faut rester au contact de la re´alite´. Pourquoi cette histoire ? Pourquoi ces deux fils, Lucien et Pierre-Antoine, pourquoi cet enfant handicape´ ? Vous avez toujours ve´cu seule, Madame Le Garrec. Vous avez e´te´ marie´e, mais, vous n’avez jamais eu d’enfant. Essayez d’accepter cette re´alite´. Il en est encore temps. » E´te´ 2004 : Adrienne est penche´e en avant, un livre repose sur ses genoux. Elle dit que son histoire y est e´crite. Et elle coud, elle reprise son histoire toute cousue de fil blanc. Elle est la seule a` ne pas savoir que ce qu’elle raconte n’a jamais existe´. Elle y croit a` son mari et a` ses enfants, elle s’accroche a` ce souvenir, a` ces images qui n’ont jamais existe´, sauf dans la re´alite´ de sa folie qui lui a permis de ne pas rompre de´finitivement le fil de la vie. » Ce texte montre bien qu’il ne s’agit pas simplement de dire ou d’e´crire son traumatisme. Tout un chacun a son rythme, a` lui d’e´crire son trauma dans son propre temps psychique et re´el. Pour que cela soit possible, il faut bien e´videmment un cadre suffisamment contenant pour mettre l’expression de sa souffrance en temps voulu, que cela puisse eˆtre repris, toujours par rapport a` la me´diation, et pouvoir ainsi passer a` une projection temporelle possible.
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4. Conclusion Lorsqu’on se trouve face au trauma, hormis la rencontre avec la mort, la perte de confiance en soi et en l’autre, la culpabilite´, nous sommes continuellement confronte´s a` une rupture temporelle. D’abord spatiotemporelle, mais perdure la ce´sure du temps qui ne se ressoude pas, rendant ainsi toute projection dans l’avenir impossible, la re´pe´tition inhibant toute avance´e, les craintes e´tant finalement toujours pre´sentes, meˆme si le danger a re´ellement disparu. D’un point de vue phe´nome´nologique, comment retisser cette fracture temporelle ? La catharsis verbale et/ou e´crite seule ne suffit pas, elle permet certes de comprendre, de « revenir » parmi les vivants, mais il ne suffit pas d’eˆtre survivant. Les mots vont permettre d’e´crire et re´e´crire le ou les chapitres du ou des traumatismes, pour ainsi constituer un livre, me´taphore que j’utilise pour parler de la vie, un livre donc de sa vie. ` l’inte´rieur de ce livre, on trouvera ces chapitres de A l’horreur et de l’innommable, on pourra les lire et les relire, ils seront toujours la`, mais faisant enfin partie d’un tout.
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Retrouvant ainsi l’unification d’un soi effracte´. Ce qui nous fait penser a` Woolf 1933 [2], qui e´crivait : « Rien ne forme un tout tant que je n’e´cris pas ». L’impact des traumatismes est tre`s ine´gal selon l’histoire des personnes et de leur environnement. Il faut savoir qu’un traumatisme est re´parable, mais non re´versible. Il est ne´cessaire de ne pas re´duire la personne a` son trauma ni de l’enfermer dans une position de victime : il en est de meˆme en e´criture ; a` un moment donne´ il faut pouvoir passer a` une autre e´criture que l’e´criture cathartique et ainsi se trouver dans la cre´ativite´ afin d’acce´der a` la symbolisation. L’e´criture permet la mise a` distance du trauma, la maıˆtrise de l’e´motion, pour ainsi pouvoir acce´der a` l’e´criture de projets, de reˆves, et sortir ainsi de cet enfermement du passe´ ou` l’avenir semble impossible.
Re´fe´rences [1] McDougall J. E´ros aux mille et un visages. Paris: Gallimard; 1996. p.124. [2] Woolf V. Flush: A Biography. Hogarth Press; 1933. p. 161.
Discussion Dr P. Houillon – Sur plusieurs aspects, ces deux observations sont se´duisantes. Elles posent, cependant, de nombreux proble`mes. Peut-on se fier a` l’e´criture pour eˆtre e´claire´ sur le traumatisme ? La distance entre ce qui est e´crit et le re´fe´rentiel est souvent tre`s marque´e, voire illimite´e. L’aptitude a` e´crire est en rapport avec un ressenti, mais pas ne´cessairement avec les faits ni avec ce que ces derniers ont d’ordinaire l’habitude de ge´ne´rer. L’aisance de l’e´criture de « Louise » peut meˆme te´moigner de l’e´cart qui se´pare d’un e´ve´nement initial. Peut-on, en outre, e´liminer la re´activation d’une e´motion ancienne provoque´e par l’image propose´e, e´quivalence d’un syndrome de re´activation traumatique ? Il y a de l’indicible, de l’intraduisible dans les traumatismes majeurs et dans ces cas ce sont les silences qui sont les plus e´loquents. L’e´criture me´rite souvent d’eˆtre conside´re´e comme un travestissement, un subterfuge, une compensation, et l’analyse du contenu risque de nous e´garer. ` propos de votre tre`s inte´ressante Pr M. Laxenaire – A communication, je voudrais dire deux choses. Si Primo Levi et Georges Semprun ont e´crit tardivement sur leur expe´rience des camps, c’est parce que cette expe´rience e´tait indicible. Par ailleurs, le texte de votre deuxie`me patiente e´voque la litte´rature « sous contraintes » et l’Oulipo (ouvroir de litte´rature potentielle). Enfin, pourquoi vous interdire d’interpre´ter le fond ? Dr J. Fousset – Je voulais vous remercier pour la qualite´ litte´raire des textes que vous avez pre´sente´s qui atteste sans aucun doute du travail de l’atelier que vous animez. Et mettre l’accent sur les ruptures discursives e´videntes comme constituant dans chacun des deux textes un point
commun constitutif de l’architecture narrative, de l’architecture du re´cit, surtout dans le second texte ou` ce sont les dernie`res lignes qui assurent qu’il s’agissait bien d’une histoire en « apre`s-coup ». Dr J. Bie´der – Pour moi, il n’y a pas d’indicible, mais il y a de l’inaudible. Rares sont les gens qui e´crivent pour euxmeˆmes ou, comme Stendhal, pour dans un sie`cle ; on e´crit pour ses contemporains. Or, Primo Levi a e´crit tout de suite, mais on n’a pas voulu de son manuscrit. C’est en fonction de ce que j’appelle le « syndrome de culpabilite´ du te´moin inactif ». La ne´cessite´ d’e´crire se manifeste aussi par le fait que Levi n’e´tait pas un e´crivain, mais un chimiste. D’autres ont e´crit rapidement. David Rousset a publie´ L’univers concentrationnaire vers 1946, et Les jours de notre mort peu de temps apre`s. Dr A.-M. Dubois – La question que je souhaitais poser a trait a` la forme et a` la pre´valence de la forme sur le fond, en termes d’e´criture. L’analyse de la forme est plus pertinente que l’interpre´tation du contenu. Cela ne rejoint-il pas l’importance de la contrainte, comme possibilite´ de faciliter la liberte´ d’expression ? Re´ponse du Rapporteur au Professeur Houillon – J’aimerai re´pondre que l’e´criture peut e´clairer le traumatise´ peut eˆtre plus qu’elle n’e´claire sur le traumatisme, qu’il puisse ainsi avec les diffe´rentes formes utilise´es en atelier the´rapeutique de´passer la catharsis, e´laborer dans un deuxie`me temps et cre´er dans un troisie`me. C’est pour cette raison que je ne me suis pas interdite d’interpre´ter le contenu mais que je me suis plus attache´e a` les
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faire travailler les formes pour pouvoir acce´der a` ses trois temps (en re´ponse au Professeur M. Laxenaire). Par ailleurs la question du Docteur A.M. Dubois vient dans la ligne´e de cette pense´e, a` savoir la contrainte tre`s utilise´e en atelier permet non
seulement de faciliter la liberte´ d’expression mais de surcroıˆt permet de favoriser ce travail de formes d’e´critures. Je vous remercie de l’inte´reˆt que vous avez tous porte´ quant a` la qualite´ litte´raire des textes des patientes.
DOI of original article: 10.1016/j.amp.2008.03.003
0003-4487/$ – see front matter # 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits re´serve´s. doi:10.1016/j.amp.2008.03.004