Comment devient-on médecin et psychiatre en Russie ? Quelles sont les modalités de formation à la médecine et à la psychiatrie ? Quelles sont les références théoriques utilisées pour l’enseignement de la psychiatrie ? La neurologie et la psychiatrie sont deux spécialités distinctes dans la formation médicale. Il y a un enseignement de la neurologie au cours des études de médecine qui est identique quelle que soit la spécialité choisie ensuite, par exemple, la psychiatrie. L’enseignement de la psychiatrie s’appuie sur la classification internationale des maladies DSM comme sur les théories plus classiques. Certains médecins généralistes sont formés à la psychiatrie pendant 6 mois et peuvent ensuite exercer en tant que psychiatre sans en avoir le titre. La formation en psychiatrie est une spécialisation qui se fait en 4 ans. Quelle est l’organisation des soins dans les régions faiblement peuplées ? L’accès aux soins dans les régions à faible densité de population comme la Sibérie est difficile. Certains hôpitaux disposent de médecins psychiatres mais sou-
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Le Professeur SMULEVITCH est membre de l’Académie des Sciences de Moscou : il est le psychiatre qui occupe le poste le plus honorifique dans son pays. Il dirige un service de psychiatrie situé dans un hôpital général, qui ressemble fort à un service de psychiatrie ordinaire en France. Ce service est certainement une vitrine de la psychiatrie à Moscou. Il accueille des étudiants destinés à devenir médecins et aussi des futurs psychiatres. Le Professeur SMULEVITCH a accepté de nous donner quelques informations sur l’état de la psychiatrie en Russie.
vent le psychiatre doit se déplacer au domicile du patient. Quelle place ont les psychologues au sein de la psychiatrie : contribuent-ils à la formation ou aux soins ? Les psychologues et les psychothérapeutes travaillent en collaboration avec les psychiatres dans les unités de soins. Comment s’organise la prise en charge de l’enfant et du sujet âgé en Russie ? Quels sont les liens entre psychiatrie de l’adulte, pédopsychiatrie et gérontopsychiatrie ? Il existe des services spécialisés en pédopsychiatrie et en géron-
topsychiatrie dans les grands centres hospitaliers. Certaines unités sont spécifiques au traitement des pathologies du développement ou des adolescents. Les médecins y travaillant reçoivent une formation spécialisée. En pratique, les liens entre les psychiatire adulte et pédopsychiatrie ou gérontopsychiatrie sont faibles. En Russie, comment se met en place une hospitalisation sous contrainte et comment est-elle suivie ? Si le sujet présente un danger pour autrui, une hospitalisation sous contrainte peut se faire avec l’aide de la famille. Dans les 24 heures suivant
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Entretien avec le Professeur Smulevitch
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l’admission, une commission formée de trois psychiatres et d’un représentant de l’administration hospitalière décide la poursuite ou non des soins pendant une durée de trois jours. Pour une durée plus longue. il faut la décision du tribunal pour la poursuite de l’hospitalisation. Comment traitez-vous les pathologies dépressives ? Quelles stratégies thérapeutiques utilisez-vous ? Le traitement de la dépression en première intention est la prescription d’antidépresseurs. Pour les dépressions graves, dites psychotiques ou mélancoliques, le choix se porte sur les antidépresseurs tricycliques par voie intraveineuse. Un traitement antipsychotique par neuroleptiques classiques est associé en cas de présence de symptômes psychotiques. Lors de l’amélioration symptomatique du patient, un relais par inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline est initié. En cas de dépression résistante, après un mois de traitement inhibiteur de recapture de la sérotonine par antidépresseurs tricycliques, l’électroconvulsivothérapie est indiquée. Environ 10% des patients bénéficient de ce type de traitement. En Angleterre, les antidépresseurs tricycliques sont largement utilisés pour des raisons économiques. En France, les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline sont les molécules antidépressives
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les plus utilisées. Qu’en est-il en Russie ? Les antidépresseurs tricycliques sont plus fréquemment utilisés. Le critère de choix de l’antidépresseur est l’intensité de l’épisode. Pouvez-vous nous parler d’un programme de recherche se tenant dans votre département ? Plusieurs projets de recherche concernent l’hypochondrie, le syndrome neurotique et les troubles psychosomatiques. Pour notre équipe, ces troubles comprennent les troubles ischémiques cardiaques par exemple. Ces maladies ont une part génétique et psychologique. Ainsi nous évaluons l’efficacité des médicaments psychotropes dans les pathologies psychosomatiques. 25% des patients hospitalisés en hôpital général présentent des pathologies psychosomatiques ou psychiatriques. Si une pathologie psychiatrique est dépistée lors de l’hospitalisation en hôpital général, une aide psychiatrique est souvent dispensée par le médecin de l’unité et parfois par un psychiatre intervenant de manière ponctuelle dans le service. Les cénesthopathies sont ici considérées comme un symptôme fréquent de la schizophrénie. Leur traitement est donc basé sur les antipsychotiques atypiques. Quelle stratégie thérapeutique adoptez-vous pour la prise en charge des troubles bipolaires ? En cas de trouble à cycles rapides, les sels de lithium et les anticonvulsivants tels que la carbama-
zépine sont utilisés. L’association avec les antipsychotiques est fréquente. L’utilisation des sels de lithium n’est pas commune en cas d’épisode thymique isolé. La toxicomanie est de plus en plus répandue en France. Son rôle dans la transition psychotique est de plus en plus avancé en particulier le cannabis. 40% des sujets souffrant de schizophrénie consomment ou ont consommé du cannabis. Qu’en est-il en Russie ? Le lien entre toxicomanie et troubles psychiatriques sont forts. La consommation de cannabis n’est pas répandue en Russie. La prévalence des troubles du comportement alimentaire est-elle aussi importante qu’en France ? Quelle est la part de diagnostic de personnalité borderline au sein de cette population ? D’après mon expérience, il me semble que la boulimie est plus répandue que l’anorexie. Les troubles du comportement alimentaire peuvent aussi être un mode d’entrée dans la maladie schizophrénique.